Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

Poutine super-super-Superman

  jeudi 02 janvier 2020

2 janvier 2020 – Au cours de mes lectures, je tombe sur une référence qui m’envoie à un article du journaliste anglais Owen Matthews, qui fut notamment correspondant de  Newsweek  à Moscou de 1997 à 2016, et auteur du récent bestseller  Black Sun. C’est un journaliste expérimenté, bien dans la norme anglo-saxonne, avec ce qu’il juge être une grande connaissance de la Russie et par conséquent une extrême antipathie pour Poutine et une dénonciation empressée du danger russe... Donc, le voici auteur de cet article du  6 décembre 2019 dans le Times Litterature Supplement  [TLS] (le Times, quotidien londonien sans doute le plus antipoutinien et antirusse avec le Guardian).

Le titre attire aussitôt mon attention : « Le politicien judoka », avec ce sous-titre « Enquête sur le phénomène du succès continuel de Poutine ». Imaginez : un journaliste de cette trempe parlant du “succès continuel” de Poutine ! Je me mets à la lecture de la chose ; en fait une recension de plusieurs livres sur Poutine, d’auteurs respectables et remarquablement objectifs, admirablement vertueux, – bref, antirusses anti-Poutine. Je laisse ici l’argumentation pour vous livrer d’abord les premières lignes de l’article (un peu plus d’un paragraphe). Tout y est dit du sens du jugement de Matthews, qui paraît si révolutionnaire par rapport à ce qu’est cet auteur.

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Furieux comme Dieu en France

  vendredi 27 décembre 2019

27 décembre 2019 –  L’autre jour (tiens, ce devait être le 23 décembre), je regardais mon réseau favori, – LCI et ses audacieux aventuriers, meilleur des réseaux pour ressentir ce qu’il en est de l’état d’esprit de nos élites, de nos zombieSystème ; donc, suivant LCI, il y était une fois de plus question de la question de la retraite et des retraites. Il y avait Serge Rafi, de L’Obs, le socialiste-PS Kalfon, Anne-Elizabeth Moutet, du Daily Telegraph, absolument parisiannisée, l’impayable Bernard Guetta devenu député européen du Macron’s Band. Ils étaient tous là, discutant retraite, humeurs françaises, feuille de route et éléments de langage, avec Guetta dans ses petits souliers, très inhabituel chez lui, parce que représentant le Macron’s Band dont tout le monde à la fois se gaussait et disait pis que pendre quant à sa maladresse pleine de fausses notes vis-à-vis du bon peuple.

Mais surtout, vous me croirez ou pas (croyez-moi, c’est plus simple et plus court), il y avait une masse pesante, un poids considérable qui les écrasait tous. Tous plus ou moins, une fois crié “Haro” sur le macroniste de service (l’indicible Guetta), tous avaient en commun un air catastrophé, une expression d’impuissance, confusion et anxiété mêlées, justement peinant sous cette masse qui les écrasait… En même temps s’égrenaient les signes de l’incompréhensible soutien dont bénéficiaient les grévistes qui, en faisant grève, rendaient si pénible la vue des quidams ; et pourtant non, cagnottes, sondages, etc., tout dans le public tendait à leur être plutôt favorable, et cela aussi était un grand motif d’angoisse et d’incompréhension des débatteurs autour de la table.

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Propos d’un(e) non-collapsologue

  lundi 23 décembre 2019

23 décembre 2019 – Depuis deux ou trois années, Caitline Johnstone est devenue une escale obligée de tout navigateur antiSystème qui se respecte. Elle est particulièrement douée dans les attaques contre la presseSystème et les simulacres qui vont avec. C’est aussi une poétesse et sa forme d’esprit est donc plutôt celle d’une artiste, où la raison n’est pas l’outil dominant, et même dominateur de la pensée. Je ne suis pas loin de cette forme d’intellect, moi qui ai développé le concept d’“âme poétique” (voir La Grâce de l’HistoireTome-III/1) et qui ne crains rien de plus qu’une raison “dominatrice et sûre d’elle”, surtout dans notre époque de raison-subvertie. D’où mon attention à la suivre dans ce propos-là...

Je m’arrête en effet à un texte qu’elle a publié le 21 décembre, sous le titre complet de « La sauvegarde de l’humanité sera nécessairement un pas dans l’inconnu ». Ainsi ai-je tendance à la considérer comme une “non-collapsologue” bien qu’elle fasse en un sens de la collapsologie puisqu’elle nous dit sa conviction que rien (de ce que je nomme “Système”) ne peut plus tenir comme vont les choses, que nous allons vers un effondrement.

Mais la collapsologie, qui se voudrait scientifique en un sens, si elle renvoie au principe de l’effondrement, entend proposer de quelle façon se fera l’effondrement, comment les choses se passeront, éventuellement ce qui pourra surgir, se mettre en place, etc. Caitline Johnstone, elle, dit : “cela va se passer” ; puis elle poursuit : “je n’en sais pas plus car ce qui va venir ensuite sera nécessairement inconnu de ce que nous connaissons”. Cette seconde affirmation est justifiée par le fait que tout ce que nous connaissons est marqué par le Système et ne peut donc, ayant dans sa nature des tares indélébiles, servir à bâtir quelque chose qui serait exempt de ses tares.

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Courage et solitude de Tulsi

  jeudi 19 décembre 2019

19 décembre 2019 – Tout le monde a remarqué lors du vote évidemment positif (puisque majorité démocrate) de de la Chambre des Représentants pour la mise en accusation en vue d’une destitution du président Trump, la position de Tulsi Gabbard, la démocrate désormais bien connue malgré ce qui est apprécié par la presseSystème comme sa position “ridicule” dans les sondages parmi les candidats à la nomination démocrate pour les présidentielles USA-2020. Gabbard n’a pas explicitement voté, elle s’est déclarée “présente” lors du vote, et par conséquent refusant de voter “oui” ou “non”.

Les parlementaires US ont trois possibilité lors d’un vote : “oui”, “non” ou “présent”. La troisième option est un mélange d’abstention et du bulletin blanc de nos consultations électorales. (*) Gabbard a d’ailleurs expliqué son vote par son opposition au processus même de mise en accusation dans le cas présent. Elle s’en explique dans un communiqué dont diverses sources ont rendu compte :

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Les deux morts

  dimanche 15 décembre 2019

15 décembre 2019 – Dans le débat français sur les retraites, totalement surréaliste pour mon compte entre d’une part l’importance de la crise civilisationnelle qu’il illustre et d’autre part la micro-technicité tatillonne des “points” et des “régimes spéciaux” sur laquelle il se fait, une chose a retenu mon attention, peut-être comme par inadvertance ou par désœuvrement dans cette marée de parlottes pour s’y retrouver. C’est l’argument selon lequel, “comme fait tout le monde” selon la doctrine triomphante du panurgisme, notamment en Europe et avec quel succès, il faut travailler plus parce que “l’espérance de vie” s’est notablement allongée. C’est l’expression “espérance de vie” qui m’arrête, et la question qui me vient aussitôt à l’esprit : mais de quelle “vie” parle-t-il donc ?

Mon père est mort à 80 ans. Il était en pleine santé comme on peut l’être à cet âge quand le Ciel favorise votre vieillesse, encore vigoureux, plein d’allant  et marchant d’un bon pas. Il vivait sa retraite à lui au Tholonet, au pied de la Sainte-Victoire et près de la “Tour-Cézanne” où le peintre s’installait parfois pour une des multiples peintures qu’il fit de cette montagne sacrée des Anciens. Un jour, sortie d’achats courants dans quelque magasin, mon père traversait la fameuse Nationale 7 à la sortie d’Aix-en-Provence, “dans les clous”, devant deux voitures arrêtées pour le laisser passer, lorsqu’une moto qui avait eu l’idée de doubler à bonne vitesse ces deux voitures à l’arrêt le frappa de plein fouet et l’envoya valdinguer et retomber sur le crane.

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Le sens d’un entêtement

  vendredi 13 décembre 2019

13 décembre 2019 – J’ai certainement déjà rapporté cette observation que me fit  Régis Debray il y a une vingtaine d’années, lorsque nous eûmes quelques rencontres à l’occasion de mes visites à Paris. C’était vers la fin du siècle d’avant, lorsque j’allais encore à Paris, mais de plus en plus épisodiquement. Debray laissa tomber cette remarque étonnée et presque scandalisée : « Mais qu’est-ce que tu fous à Fléron ? » Je crois bien qu’il cita le nom de cette bourgade improbable, d’une effroyable modernité-tardive, laide à faire peur et abîmée comme un vieux crouton de ciment trafiqué, qui s’annonce sur ses panneaux d’entrée, telle quelle, comme Versailles qui vous annonce son château : “Fléron, ses parkings, ses centres commerciaux”, – heureusement, je n’y habite qu’administrativement et me trouve dans une sorte de cul-de-sac terminé par une forêt qui a son charme solitaire, descendant vers la vallée de la Vesdre et Chaudfontaine.

Je veux dire par là qu’en termes flatteurs, l’intellectuel parisien se scandalisait qu’un personnage de ma série, ou plutôt hors de la série, ne fût pas à Paris, là où les choses se passent et les séries se font. Je n’ai plus été à Paris depuis 2008, – Dieu, que j’aimais cette ville, pourtant ! Je me suis définitivement enfermé dans mon poste d’observation, séparé du reste du monde, d’une époque qui m’épouvante et me terrifie, mais dont j’ai le devoir de continuer à l’observer (l’internet de l’effet-Janus) pour tenter de mieux comprendre ce phénomène monstrueux qui endeuille l’histoire du monde ; cette formidable secousse métahistorique que nous subissons, qui a fait pleurer les dieux avant de les mettre dans une colère titanesque dont nous ressentons désormais, et fort bien bienheureusement, les effets si déstabilisants pour nos très-nombreuses certitudes et assurances de nous-mêmes.

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Le risque Assange

  mercredi 11 décembre 2019

11 décembre 2019 – Il m’est arrivé une chose peu banale : j’ai signé un manifeste, une pétition, – non, plutôt une “lettre ouverte” ; moi qui me suis toujours gardé de ces initiatives dites “citoyennes”, ou “démocratiques”, ou que sais-je... Pourquoi cette retenue, voire cette méfiance un peu hostile, dans tous les cas d’une indépendance jalouse ? pourrait m’interroger une voix soupçonneuse et inquisitoriale...  Peu importe car là n’est pas le sujet du jour.

Je reprends et poursuis dans l’ordre de mes pensées et des actes du monde...

Le sort qu’ils (les Orques du Système, ou zombieSystème) font subir à Assange est d’une ignominie qui passe toute mesure. Je veux dire par là que je parle dans l’ordre du symbole, sans volonté de véracité historique ni culturelle, pour observer qu’on ne peut trouver dans le passé une mesure d’un rassemblement pour un cas spécifique et d’une grande notoriété publique mondiale, – d’une telle cruauté, d’un tel fouillis de communication pour la tartufferie du légalisme exercée dans la plus complète inversion du sens moral, d’un tel exhibitionnisme de la part des tourmenteurs, d’un tel cynisme glacial, d’une telle inhumanité à collet monté dans le sens de la prétention, d’un tel empilement de mensonges, et par-dessus tout cela, – et c’est là où je veux en venir au bout du compte, comme port d’attache des Orques en vérité, – d’une telle bêtise, comme l’on dirait “à front de taureau”, quoique je m’en voudrais de mêler ce bel et puissant animal à cette saloperie du zombieSystème... Il suffit ! On comprendra que, pour moi, la messe est dite et que je me suis fait ma religion. J’éprouve un certain dégoût qui est d’une certitude du fond de moi-même d’appartenir à une “civilisation” qui fait cette chose-là, précisément, le martyr d’Assange pris comme un simulacre-de-symbole des Derniers Temps qui prétend encore à l’autorité d’une légitimité pourrie. Cette contre-civilisation pue totalement et totalitairement la charogne.

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Structuration nodale des crises

  lundi 09 décembre 2019

9 décembre 2019 – Comme dirait le Grand Architecte, ou bien encore la Pravda du temps de Brejnev, “tout se déroule selon le plan prévu” ; pour mon cas et dans le cas de cette page, cette remarque  aussi bien pour l’OTAN que pour la situation française de la crise-du-5-décembre. (Le rapprochement en surprendra certains. Cela leur fouettera un peu le sang, c’est bon pour le tonus.)

C’est ceci, dans cette étrange époque, qui est le plus étonnant : la prévisibilité constante de l’échappée qui semblerait imprévisible vers le pire parce que le pire nourrit, jusqu’au vertige, – chez eux, à cause d’eux, – la probabilité de plus en plus assurée de l’autodestruction. Je veux dire par là que les prévisions qu’on fait, sur la gravité des désaccords, sur l’ampleur des désordres, un peu comme on agite un doigt menaçant, – ou une règle vengeresse, ou un fouet pour enfants dissipés, comme in illo tempore, – pour empêcher le galopin (chenapan) de faire la bêtise attendu, eh bien toutes ces prévisions qui devraient être ainsi et aussitôt démenties par la prudence manœuvrière, le souci d’épargner ses forces pour la destruction finale de l’adversaire, – nous, bien entendu, – oui, toutes ces prévisions sont pourtant chaque jour confirmées.

Étrange course au suicide, – étrange, cette course au suicide, – dans notre “étrange époque” qui ne s’éclaire jusqu’à se faire constitutive, et nous faire comprendre par conséquent, que cette étrangeté n’est finalement que de circonstance si l’époque est celle des Derniers Temps. (C’est le cas, ajouterais-je comme l’on dit : “cela va sans dire”, – et qu’on le dit.).

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Angoisse & indicible : parution du Tome-III/1

  mercredi 04 décembre 2019

4 décembre 2019 – Chassez de vos esprits tout ce qui a pu vous apparaître de précis et de prévisions structurées dans les quelques textes déjà parus sur le Tome-III de La Grâce de l’Histoire, comme par exemple les deux derniers du  11 novembre 2018  et du  10 février 2019. Aujourd’hui est le jour de ce qu’on nommerait “réalité”, de ce que je préfère désigner comme “vérité-de-situation” du “Tome-III-en-partie”, puisqu’il y a parution. Il s’agit bien de la “première partie du Tome-III”, correspondant au choix fait de publier ce « monstre qu’est ce Tome-III... » partie par partie à mesure qu’il avance, et cela tant qu’il avance, et cela sans savoir où je vais, et cela avec une seule et unique fidélité au monde, – ma plume qui court et me guide, m’angoisse et m’épouvante, m’émeut et me transporte.

Je l’écris (dans l’introduction) et je le crois intensément, avec au cœur et dans l’âme le poids de l’humaine nature et de toute ma misère humaine qui me tient saisi par mes angoisses terrestres, et les horizons de l’indicible radieux qui me délivreraient pour l’envol vers les cieux :

« Je marche dans la nuit, avec une bougie tremblotante à la main, dans un temps de fureurs et de bourrasques qui ridiculisent cette flamme insaisissable ; et je ne peux douter un seul instant que ma mission est d’éclairer la nuit d’une éblouissante lumière... »

Ainsi ce livre, cette œuvre me terrorise littéralement, jamais je n’ai été aussi tenu par l’angoisse, jusqu’à repousser et repousser encore le temps de ce qui n’est qu’un début incertain de l’édition du monstre :

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Swinging London

  mardi 03 décembre 2019

3 décembre 2019 – Jamais je n’aurais pensé utiliser pour une “réunion” de l'OTAN cette expression, si à la mode dans les années 1960 entre Beatles et Rolling Stones, caractérisant le rythme effréné de la capitale anglaise sortie de sa soi-disant torpeur victorienne pour balancer les “Swinging Sixties” à la face de la modernité triomphante du monde. C’est pourtant le cas, me semble-t-il, – “never say never”, – pour la “réunion” dont tout le monde vous dit, les amis, que cela va swinguer diablement.

... En effet, “réunion” et pas “sommet”, comme nous le fait remarquer l’avisé WSWS.org dont j’entends bien utiliser, sans vergogne inutile mais avec le respect qui importe, quelques parties et extraits de son texte de ce  3 décembre 2019 fort bien documenté et plein d’espérance pour la classe ouvrière... Explication :

« L’OTAN a déclassé l’intitulé de la rencontre de deux jours à Londres de “sommet” à “réunion des dirigeants”, pour éviter d’avoir à publier un communiqué officiel que Trump ou d'autres chefs d'État pourraient refuser de signer. L'an dernier, on a assisté à l'effondrement spectaculaire du sommet du G7 à Québec, lorsque Trump a refusé à la dernière minute de signer le communiqué convenu par le Canada, le Japon, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et l'Italie. Entretemps, au cours de l'année écoulée, les tensions internationales au sein de l'OTAN n’ont cessé de s’aggraver... »

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T.C.-83 : Grosse-Fatigue

  lundi 02 décembre 2019

2 décembre 2019 – Le dernier texte en date de Howard James Kunstler m’a arrêté, non pas tant à cause de ses remarques politiques et de ses prévisions, – avec lesquelles je ne suis pas nécessairement d’accord pour cette fois, – que par le climat dont il rend compte dès ses deux premiers paragraphes que je cite ici, – avec une attention particulière aux deux mots que je me suis permis d’orner de caractères gras dans la police employée, – on comprend pourquoi...

« A ma table du Thanksgiving hier où quinze adultes étaient présents, pas un mot ne fut dit sur la destitution, sur la Russie, sur l’Ukraine et, surtout, sur un certain Sa Grandeur le Golem d’Or, dont l'arrivée au cœur de la vie américaine il y a trois ans déclencha une hystérie politique dont on n'a pas été témoin dans ce pays depuis le siège du Fort Sumter par les “cracheurs de feu” sudistes.
» Je me demande si une grosse fatigue de l'esprit ne s’est pas installée chez les gens qui suivent les nouvelles, et en particulier les bouffonneries torturées du rodéo de chèvres conduit tout au long du mois par le Représentant Adam Schiff qui préside la Commission du Renseignement de la Chambre. Je me demande ce que les parlementaires du Congrès entendent dire chez leurs électeurs pendant cette pause des Fêtes. Je soupçonne qu'il s'agit de la même absence sinistre de bavardage que j'ai remarquée, et de ce qu'elle peut laisser présager au sujet de la disposition de la nation envers la réalité. »

Il est vrai que les événements extraordinaires qui se passent à “D.C.-la-folle”, sans interruption depuis quatre ans, malaxés et triturés par un  tourbillon crisique de mensonges plus grotesques les uns que les autres, finissent par lasser même les plus aguerris. Ou bien plutôt s’agit-il d’un de ces moments particuliers où l’histoire devenue folle, ou semblant être devenue folle, semble, et semble seulement suspendre son vol fou du fait de cette fatigue qui saisit pour ce moment-là les spectateurs, – qui se demandent soudain s’ils n’en sont pas les acteurs inconscients ou des resquilleurs qui se sont trompés de spectacle ?

Cela vaut pour “D.C.-la-folle”, ô combien, mais aussi pour le reste, – du moins est-ce là l’impression que je retire du “spectacle du monde”, – spectacle pour spectacle... Et alors, nous mettons en question les événements eux-mêmes : ne nous sommes-nous pas trompés de monde ? Ou bien, ne s’agit-il pas d’un rêve éveillé dont nous sortons un moment, – toujours ce même moment, – pour mesurer la très-grosse fatigue qu’il engendre chez nous tous ?

Regardez autour de vous, même si justement vous êtres très fatigués à force de le faire : les coups d’État qu’on machine comme on met une lettre à la poste, ces massacres divers et sans cause ni fin, ces violations de tous les principes, ces élucubrations, ces jugements insensés, ces révoltes populaires partout, spontanées ou pas, pour tant de motifs dont certains sont à finalités opposées, ou sans finalité du tout d’ailleurs. Regardez la France qui vit au rythme des dates fatales qui ressemblent à des rendez-vous tragiques avec l’histoire, au long d’un quinquennat qui semble reposer sur un seul programme : la certitude d’une nouvelle crise après la crise en cours, qui suit la crise précédente, et tout cela avec la perspective d’une nouvelle crise après la crise à suivre, – comme une sorte de crise de nerfs sans fin, que l’on interrompt un moment justement, pour mesurer la fatigue qu’elle cause...

Que dites-vous, sinon d’un soupir de fatigue sans fin, comme l’infini de la sottise portée haute et souriante comme le diable lui-même, que dites-vous enfin de ce tweet du (de la) pasteur(e) Helena Myrstener : « Ce dimanche est historique. Le premier retable LGTBde Suède (d’Élisabeth Ohlsson Wallin) a été mis en place à l’église Saint-Paul de Malmö. Il est accroché dans le chœur à côté du “vieux” retable. Nous sommes si heureux et si fiers. » Ils sont si heureux et si fiers, quel bonheur : la peinture est dite homo-érotique, représentant deux couples d’homosexuels et de lesbiennes, nus-complètement, semble-t-il en action ou sur le point de, peaux mélangées de couleurs de type-diversitaire, noirs-marrons-blancs. Au milieu du concert d’extases notamment religieuses des commentateurs de l’Église de Suède, il y a la suggestion révolutionnaire d’un jeune prêtre qui présente l’idée audacieuse et si élégante selon laquelle, si j’ai bien lu et compris, le Serpent du Jardin de l’Eden serait aux dernières nouvelles une femmes transsexuelle. Cela s’appelle « une vue positive de la sexualité » et « un symbole phallique ». Les statisticiens continuent leur boulot et vous disent que 56% des Suédois font partie de l’Église de Suède en 2018, alors qu’ils étaient 95% en 1972. On n’arrête pas le progrès même si parfois il vous fatigue, vraiment très-très-grave...

Grosse fatigue, fatigue de voir comme on subit une fatalité d’un poids à ne pas croire, cet effondrement vertigineux, sous le poids à ne pas croire de l’incohérence, de la sottise et des mensonges. « Les capacités intellectuelles de la population sont en chute libre, y compris dans les plus hautes sphères ésotériques du pouvoir, qui n’est pas une oligarchie mais une idiocratie, composée de crétins incapables de comprendre que leur gouvernance par le chaos (Ordo Ab Chao) est mauvaise aussi pour eux. Le pouvoir passe son temps à fragmenter la société, mais lui-même perd son unité et se décompose. », dit Lucien Cerise. Tiens, justement, le poids des mensonges, ce poids écrasants qui semble toucher tout le monde, les menteurs comme ceux à qui l’on ment et ceux qui se mentent à eux-mêmes. Ces mots du président Jefferson dans une lettre au jeune John Norvell, futur éditeur, journaliste, aventurier, sénateur, le 14 juin 1807, pourraient s’adresser à chacun d’entre nous aujourd’hui, et ce constat jeffersonien multiplié par cent, par mille, par cent fois mille et désormais universel et transmis à la vitesse de l’éclair (le progrès et toute cette sorte de choses) jusqu’à la chute finale dont les canards se feront un devoir de ne pas vous informer :

« C'est une vérité bien mélancolique qu’une suppression de la presse ne priverait pas plus complètement la nation de ses vertus que ne le fait son actuelle prostitution au bénéfice du mensonge. Rien ne peut être cru de ce qu’on peut lire dans les journaux. La vérité elle-même devient suspecte, dès lors qu’elle se trouve dans ce type de véhicule pollué. La véritable dimension de cet état de mésinformation est connue seulement de ceux qui sont en situation de confronter les faits qui sont de leur connaissance propre et directe avec les mensonges du jour. »

Dois-je continuer ? Non, j’arrête, la fatigue vous comprenez... Mais juste un mot, pour justifier la remarque que je faisais sur Kunstler, que j’aime vraiment beaucoup et avec lequel je suis si souvent d’accord, – sauf cette fois (“ses prévisions, – avec lesquelles je ne suis pas nécessairement d’accord pour cette fois, –”). Kunstler pense que cette fatigue qu’il distingue, du fait de ce chaos et de ce tourbillon crisique de la folie, va aller dans le sens de faire au moins s’atténuer, sinon cesser toutes ces choses, pour permettre ce qui pourrait être considéré comme une sorte de “retour à la raison” :

« But then, with the Thanksgiving shut-down, something began to turn... »

Pour cette fois, je ne partage pas son analyse ; la fatigue, certes, sans aucun doute, pour lui, pour nous, pour eux, pour tout le monde en un sens, comme en un moment de lucidité que la folie du monde, ou ce qui nous semble être la folie du monde, nous accorde. Selon mon sentiment, ce n’est qu’un moment, un moment de répit certes, de notre si grosse-fatigue devant la folie du monde ; mais je ne crois pas que cette folie soit de notre fait, ou plutôt que cette folie soit vraiment une folie. Tout cela nous semble la “folie du monde”, parce que nous avons fabriqué dans nos esprits un monde enfanté par la modernité, énorme simulacre faussaire, incroyable emmêlements de nœuds gordiens dans tous les sens. Ce que nous croyons être “la folie du monde”, c’est-à-dire une “folie du monde” dont nous serions les auteurs, me paraît être d’une façon très différente le produit de l’énorme puissance du monde qui rompt et brise les liens dont notre folie (la vraie) de fatuité et d’hybris l’avaient couverts, – et cette “folie du monde” n’étant en fait rien de moins que “la fureur du monde” ayant décidé que cela suffisait comme ça.

Ce sont des événements qui ne sont plus à notre portée, ni en notre pouvoir. Notre-fatigue ressemble à ce moment-dépressif du maniaco-dépressif qui préfère bien entendu son univers maniaque ; passée cette fatigue dépressive qui n’est rien de moins qu’un moment de lucidité qui nous est donné pour voir le monde tel qu’il est par notre propre faute et combien “sa” folie va heureusement le détruire, le maniaco-dépressif va s’empresser de retrouver son univers de maniaque et continuer sa folie de destruction. Il s’agit de cette folie d’autodestruction que le monde, dans sa juste fureur, a décidé d’activer au cœur de l’espèce des sapiens-zombies pour que cette espèce conduise elle-même la destruction de l’horreur qu’elle a édifiée elle-même ; mesure pour mesure, comme disait l’autre.

Les événements nous conduisent, et ils viennent de loin et de haut. Nous n’y pouvons rien en vérité, et c’est un grand honneur autant qu’un grand bonheur de participer à une telle œuvre d’autodestruction.

Et puis parfois, c’est vrai, un moment, un instant de fatigue, vraiment très-très-grosse...

L’expertise germanopratine

  samedi 30 novembre 2019

30 novembre 2019 – Il fut un temps dans la période d'après-guerre où les journalistes français avaient une connaissance solide, et même parfois brillante, des affaires internationales, notamment des relations avec les USA et de la situation US, de l’OTAN, etc. Cela vaut surtout pour le temps de la Guerre froide, essentiellement pour les années1950 et 1960 sans aucun doute.

(Mon explication pour cette période est qu’alors il n’était pas encore envisagée de boucler le savoir de toute chose en matière de relations extérieures et tout ce qui y affère en transférant la patate chaude au concept et aux instances remarquablement informées de “l’Europe”, éventuellement avec l’OTAN en mode de réhabilitation après les éclats gaullistes. Cette attitude aparut dès l’époque qui suivit [courant des années 1970], lorsque l’Europe devint un sujet inévitable dans tout ce qui concernait l’extérieur de soi, et effectivement le chroniqueur perdit toute souveraineté de jugement pour s’en remettre à une entité qui ne peut en avoir [de jugement], puisque privée de souveraineté.)

Aujourd’hui, le niveau d’ignorance, d’inculture, d’aveuglement saupoudrées d’arrogance et de certitude de soi est, chez ces mêmes journalistes français, spécialiste de tout et rudement-grassement payés, stupéfiant au-delà de tout. Cela se situe au sous-sol du Mordor et ça parle autour des talk-shows bavards des grands réseaux d’infos, avec une assurance à ne pas croire, une assurance “qui ose tout” comme disait Audiard.

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Paroles de Pilger

  vendredi 29 novembre 2019

29 novembre 2019 – Commencez par aller lire la fiche Wikipédia de John Pilger (80 ans) et vous saurez à peu près tout ce qu’il faut savoir sur l’extraordinaire et terriblement impudent simulacre, – “Simulacre pour les Nuls”, si vous voulez, – monté contre ce journaliste par le Système, avec une considérable rubrique de Critiques de son travail (509 mots) et une très modeste Biographie (49 mots) et non moins modeste Carrière (151 mots).

(“151 mots” dans Carrière dont 66 consacrés à cet étonnant résumé de la version évidemment faussaire que l’infâme Pilger donne de l’infâme déformation de la vertueuse révolution de Maidan : « En outre, John Pilger possède son propre site web où il communique ses idées et ses craintes. Selon Conspiracy Watch, il est considéré comme controversé, n'hésitant pas à accuser l'administration américaine de financer un coup d'État en Ukraine lors de la crise ukrainienne débutée en 2013 : selon lui, “l'administration Obama a dépensé 5 milliards de dollars pour un coup d'État contre le gouvernement élu” »... Une description à couper le souffle de cette affaire allant de  Nuland à  Friedman pour les détails, – ici, dans ce Wiki-turbo balancé sur Pilger, dénoncés comme autant d’infamies...)

Tout ce qui vient du Système ou approchant à propos de Pilger relève de ce “monde nouveau” qui m’est totalement étranger et représente la fabrication brutale des intoxications de l’esprit à l’aide des outils de la subversion et de l’inversion, dans les fanfares-bouffe de la contre-civilisation. Il me paraît inutile de perdre son temps à répondre point par point à toutes les infamies qui sont dévidées à son propos : leurs propres excès, leur extravagance même font l’affaire, la surpuissance du simulacre assurant très vite son autodestruction. 

(Suite)

Les Pampers de l’OTAN

  jeudi 28 novembre 2019

28 novembre 2019 – L’un des problèmes non négligeables de notre époque d’intense communication, c’est le degré d’ironie dont devrait faire preuve le fameux  “solitaire cognitif”  (*) que nous sommes tous plus ou moins, d’une façon ou l’autre, dans telle ou telle circonstance qu’il faudrait savoir éviter comme on passe entre les gouttes, pour finalement lire précisément ce qu’un texte peut lui dire et vous dire (et non pas nécessairement “veut lui dire et vous dire”, car là souvent commence la tentation de la manipulation). 

L’écrit est aujourd’hui une aventure étonnante, et la lecture de cet écrit pas moins, aventure où vous êtes laissé à vous-mêmes, absolument solitaire, pour bien vous y retrouver. Prenez les mots pour ce qu’ils peuvent dire, pour leur puissance, leur charge personnelle et naturelle, tout ce qui existe en eux avant même qu’ils soient choisis et écrits. Lisez enfin comme si c’était un logocrate qui les avait écrits, un de ces êtres qui emploient les mots de telle façon que, si même il voulait vous tromper il n’y arriverait pas vraiment parce que dans l’incapacité de déformer vraiment la nature des mots.

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Remarques : individualisme & globalisation

  vendredi 22 novembre 2019

22 novembre 2019 – Je crois qu’il est intéressant sinon nécessaire de revenir sur  ce texte d’avant-hier sur « La passion fusionnelle capitalisme-gauchisme », – dont le titre aurait pu aussi bien être “la fusion passionnelle...”, j’ai hésité à ce propos... Je découvre notamment, mais d’un point de vue tout à fait essentiel, qu’il s’agit de compléter ce que j’ai repris du texte de Rectenwald sur ce qui rapproche décisivement et passionnément l’hypercapitalisme (le néo/ultra-libéralisme) et le gauchisme (le progressisme-sociétal, ou “marxisme culturel”) ; et, du coup, là aussi décisivement, renforcer la deuxième partie du texte où sont décrites la réticence critique sinon l’hostilité des courants marxistes traditionnels devant cette résurgence, cette renaissance d’un “marxisme”, qui apparait alors comme du pseudo-“marxisme” mariné à la sauce postmoderne (ce qu’ils nomment également “marxisme culturel”, indiquant par là sans qu’ils le sachent vraiment, plus un mode opératoire [investissement par la culture] qu’une appréciation de fond, – de la tactique-Gramsci sans la pênsée-Gramsci).

Il y avait ceci pour introduire cette deuxième partie, qui situe les deux thèses en présence :

« Mais il y a un paradoxe à cette évolution assez rapide et qui s’est imposée avec une puissance inimaginable, de l’alliance [la “passion fusionnelle”] entre le gauchisme (gauchisme-sociétal, pour parer cette mouvance des colifichets bling-bling des singularités humaines à caractère sexuel-absolument-libéré [qui lui siéent si parfaitement]) et l’hypercapitalisme néo-libéraliste. Il s’agit de la position de forces marxistes de vieille souche, c’est-à-dire ces vieilles souches soi-disant inspiratrices de nos néo-révolutionnaires alliés au capital, qui restent redevables, à plus ou moins bon escient, et parfois même ridiculement mais qu’importe car seul nous importe le paradoxe, à cette fameuse doctrine. Ces vieilles forces marxistes qui ont gardé du marxisme ce qui leur importait, n’entendent pas une seconde y renoncer, et elles se font implicitement les plus virulents critiques de ces nouvelles forces gauchistes-sociétales, ou “marxistes-cultuelles”...

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T.C.-82 : Panique montant à bord

  samedi 16 novembre 2019

16 novembre 2019 – Commençons par ce qui semblerait le plus “anecdotique” si l’on en croit la narrative-Système du-jour (car il y a toujours, désormais, plusieurs narrative-Système sur le mêtier), c’est-à-dire l’affaire Epstein... Drôle de coïncidence, en effet : après être ressorti du silence éternel le  7 novembre  avec le cas de ABC (Disney) qui a étouffé pendant quatre ans les révélations de sa journaliste Amy Robach sur Epstein, voilà que cette affaire ressort à nouveau, comme on rebondit, par trois voies bien différentes, zombieSystème et antiSystème mêlés...

• Le Palais de Buckingham (la brave et tenace Élisabeth II elle-même) a “autorisé”, c’est-à-dire ordonné au Prince Andrew, duc d’York, de donner une interview sur son implication dans la crise-Epstein. La chose est diffusée ce jour (ce soir) sur la fidèle BBC, et tout le monde en  connaît déjà  le contenu. Même Gala, qui tresse des couronnes à la Reine comme il va de soi, est une source acceptable sur le cas. Entretien d’un intérêt du type “pour les nuls”, en-dessous de nul : Andrew nous dit donc qu’il regrette chaque jour, brave homme, ses relations avec Epstein dont il ignorait la noirceur profonde de son caractère, qu’il se maudit d’avoir si légèrement donné son amitié, qu’il n’a aucun souvenir de photos, sans doute montage malveillant, de lui avec des gamines pubères ou à peine adolescentes sinon déjà bien-faites, que ce n’est certainement pas son genre, etc.

• Indirectement en direct du Congrès des États-Unis, le 13 novembre, le parlementaire républicain de la Chambre Paul Gosar avait tweeté “Epstein didn’t kill himself” (ce qui était déjà une affirmation de Rybach, d’ABC [voir plus haut], une semaine auparavant, en même temps qu’une appréciation universellement répandue quelques jours après la mort d’Epstein, y compris  dans les colonnes du Washington Post). Le tweet a fait le tour du Système et a soulevé une vertueuse colère chez les démocrates de plus en plus danse de St-Guy, réussissant l’exploit d’en faire un  appel au fascisme :

« La [presseSystème] et les politiciens démocrates ont affirmé leur opposition furieuse au message, le qualifiant de “manœuvre de fasciste” pour recruter des [antiSystème] et substantiver une “théorie de la conspiration d'extrême-droite”. “Nous allons avoir besoin de réfléchir à la façon de combattre cette attaque”, a tweeté un démocrate. »

• Enfin, il y a Assad, qui ne cesse désormais de répondre aux demandes d’interview, essentiellement sinon exclusivement russes. Après RT, c’est Sputnik et Rossiya-24 qui ont obtenu une interview commune le 14 novembre. Le président syrien se montre très disert à propos... d’Epstein, et  disant ceci :

« Il y a quelques semaines, le milliardaire américain Jeffrey Epstein a été tué. Et ils ont dit qu’il s’était suicidé en prison. Mais il a été tué parce qu’il connaissait beaucoup de choses secrètes sur des personnalités importantes de certains gouvernements, entre autres britannique et américain, et probablement d’autres pays. »

N’est-ce pas étrange, intrigant et significatif à la fois que le Prince Andrew et le Palais de Buckingham, un parlementaire républicain de la Chambre, enfin le président Assad dit “le boucher de Damas”, nous entretiennent en même temps du cas Epstein ? Mais noter cela, surtout après l’affaire Disney-Epstein du 6-7 novembre, c’est faire du complotisme pour recruter des fascistes, ou bien l’inverse. “Complotisme” encore, bien entendu, lorsque Assad, décidément en verve, développe un propos similaire à celui qu’il donne concernant Epstein, cette fois à propos de la mort, – mystérieuse dit-on, “tombé par la fenêtre” de son appartement, en Turquie, – de James Le Mesurier ; celui-ci, officier du MI6 et fondateur des “Casques blancs”, reconnus comme un outil de qualité pour les falseflag et l’action humanitaire tournée selon le script-Système… Assad, enchaînant là-dessus sur d’autres morts incertaines, Bagdhadi, ben Laden, etc. peut-être…

« Assad a laissé entendre que le décès du délinquant sexuel condamné était analogue à celui du fondateur des Casques blancs, James Le Mesurier, qui aurait sauté par la fenêtre de sa maison en Turquie, plus tôt cette semaine. La police turque considère la mort de Le Mesurier comme un suicide.
» “Ils sont devenus un fardeau une fois qu'ils ont joué leur rôle. Un besoin urgent de les éliminer est apparu après qu'ils aient rempli leur rôle.”
» Assad ne parlait pas seulement d'Epstein et de Le Mesurier, mais aussi d'Oussama ben Laden, chef d'Al-Qaida, – formé à l'origine par la CIA pour combattre l'Union soviétique en Afghanistan, – et Abu Bakr al-Baghdadi, chef de l’État islamique [Daesh], qui a été détenu par les Américains dans les prisons du célèbre camp Bucca et Abu Ghraib en Irak. Tous ces gens “ont été tués principalement parce qu'ils connaissaient des secrets d’une considérable importance”, a affirmé le dirigeant syrien. »

Interrogé sur les appréciations d’Assad concernant la mort de Le Mesurier, la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères Maria Zakharova a simplement remarqué que personne n’était mieux placé que lui, le président syrien ami de la Russie, pour apprécier l’événement, tant la situation de la mort de Le Mesurier est « proche de la situation sur le terrain », en Syrie. Il faut noter encore que la même Zakharova, qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui a une longue expérience des relations avec la presse selon le système de communication tel que le manie le bloc-BAO (elle fut porte-parole de la délégation russe à l’ONU), commentait le 7 novembre, après l’éclat public de l’affaire ABC (Disney)-Epstein, que le milliardaire de la catégorie pédo-milliardaire devait être (lui aussi) au courant de “secrets d’une considérable importance”.

Il semble assez logique d’envisager qu’il y ait eu concertation entre les Russes et Assad pour former une sorte d’offensive de communication profitant de divers événements d’une manière qui n’exclut pas une connaissance de certains programmes ou projets, y compris pour des éliminations type-CIA. Dans tous les cas, voici Assad qui parle à RT.com le 10 novembre comme on a pu l’entendre, pour notamment donner son appréciation sur le comportement erratique sinon entropique des USA dans l’utilisation de leurs forces armées ; puis le voici qui parle à nouveau, toujours pour des réseaux russes, le 14 novembre. Entretemps Le Mesurier s’est “suicidé”, ou bien s’est un peu trop penché à la fenêtre de son appartement comme vous et moi ; et Assad relie aussitôt la mort de Le Mesurier à celle d’Epstein, dont nous avions eu un rappel le 6-7 novembre avec l’affaire ABC-Epstein, et à celles d’autres personnages à l’existences et aux statuts tourmentés, également disparus. 

Il y a donc une succession de morts énigmatiques, avec Epstein, Bagdhadi et Le Mesurier, tandis qu’Assad nous explique que si la mort de Le Mesurier est due à l’action d’un service de renseignement “étranger”, il s’agit évidemment de la CIA puisque tous les soi-disant “services de renseignement étrangers” qui peuvent être impliqués dans cette affaire, comme celui de la Turquie où résidait Le Mesurier notamment, ne sont rien d’autre que des extensions de la CIA. A comptabiliser tout cela, en y ajoutant l’intervention d’Andrew duc d’York sur injonction de Buckingham, et dans une manière proprement ridicule qui sent son improvisation, les réactions hystériques du “parti de la destitution” à “D.C.-la-folle” qui est aussi le parti des Clinton avec leurs “secrets d’une considérable importance” parce qu’un parlementaire républicain a tweeté “Epstein didn’t kill himself”, on a plutôt l’impression qu’une certaine panique est en train de s’emparer du Système dans toutes ses ramifications dont certaines s’affrontent entre elles. On a observe qu’il y a la possibilité de liens entre ces différents événements, comme si l’on faisait le ménage en vitesse ; mais plus que “des liens” d’ailleurs, qui sont évidents et évidemment complotistes, il y a comme une sorte d’état d’esprit collectif commun à tous ces événements, qui fait en sorte qu’on se sent autorisé à parler de cette “certaine panique” comme d’un état de l’esprit qui serait essentiellement un mouvement collectif, répondant à une perception également collective.

On pourrait même, pour couronner le tout ou envelopper le cadeau d’un somptueux emballage, placer l’intervention de Macron avec The Economist à propos de l’OTAN, de la Turquie et de Trump, comme un autre facteur de cette “certaine panique” qui ressortirait alors d’un mouvement de déstabilisation psychologique général, qui commencerait à toucher les divers acteurs du Système dont certains s’affrontent furieusement, dont certains jouent franchement un jeu antiSystème à l’occasion et pour telle ou telle occasion. On trouve trace de de cet état de l’esprit dans l’allure et les mots de Trump et d’Erdogan, les deux retrouvant une espèce de complicité qui ne trompe personne ni eux-mêmes d’ailleurs, pour écarter, – on ne dira même pas “condamner”, – les propos de Macron mettant en cause la Turquie et les USA dans la cause de son “interrogation” générale sur les promenades “mentales” de l’OTAN. Cette allure et ces mots Trump-Erdogan semblaient être de pure circonstance d’une part, d’autre part ils mesuraient l’embarras où se trouvent les uns et les autres devant le jeu inattendu du Français qui semble avoir retenu certaines confidences, sinon certains jugements, de ses rencontres et entretiens récents avec Poutine.

(On manque rarement l’occasion, lorsqu’on parle de ces récentes déclarations de Macron, dans les canaux qui se placent dans l’ambition d’une stratégie européenne de la part de la France, d’ajouter aux propos incendiaires sur l’OTAN ce qu’a dit le président français de la nécessité de meilleures relations avec la Russie. Comme si ceci constituait une éventuelle alternative à cela, – c’est dans tous les cas ce que concluront nécessairement les analystes de la CIA, puisque de toutes les façons ils ont toujours pensé dans ce sens durant un demi-siècle… Ils le concluront en lisant la conclusion de Dominique Trinquand, ancien chef de la représentation militaire française à l’OTAN, dans l’interview qu’il a donnée le 15 novembre à Spoutnik-français : « Je pense aussi qu’à terme, il faut réfléchir à la défense de l’Europe avec des implications stratégiques importantes. Je pense aussi qu’il faut réfléchir, comme ça a été fait il y a 15 ou 20 ans, mais probablement mal, à associer la Russie à la réflexion sur la défense de l’Europe. Ça ne veut pas dire qu’il y aura un commandement intégré, mais qu’il faut développer une vision commune. »)

Ce qui nous frappe, dans ces divers constats, références, extraits de déclarations, etc., c’est l’intégration qui est faite d’événements et de personnages de milieux et de champs d’activités très différents, mais tous à l’intérieur du Système, qui d’habitude semblent n’avoir aucun lien de communication entre eux et qui sont rassemblés pour cette occasion. Lorsqu’Assad parle des morts de Le Mesurier, d’Epstein, de Bagdhadi et de ben Laden, il mêle des milieux aussi différents que la jet set et ses perversités, c’est-à-dire le crime organisé d’une façon ou l’autre, le monde des organisations dites “non-gouvernementales” et bien entendu soutenues en sous-main par tant de gouvernements (“les Casques Blancs” de Le Mesurier), le terrorisme islamiste depuis les origines de la fin des années 1970, les activités diverses qui lui sont liées dont le trafic international de drogue n’est pas la moindre, impliquant là aussi le crime organisé, et ainsi de suite. 

Tout cela est plaqué sur les secousses formidables qui brinqueballen actuellement le Système dans son ontologie même : l’état des relations transatlantiques par rapport à l’“option russe” (“option” de la guerre ou de la coopération), et surtout l’extraordinaire partie qui se joue à Washington entre la crise de la destitution et celle des élections présidentielles USA-2020 (puisqu’il est acquis pour nous que cette campagne présidentielle est d’ores et déjà une crise).

L’avertissement d’Assad

  vendredi 15 novembre 2019

15 novembre 2019 – Assad c’est d’abord “le boucher de Damas”, nul ne peut en disconvenir, ni dans nos salons où trônent nos Philaminte, Bélise et autre Armande, ni sur nos plateaux-réseaux où trône le reste de nos jacassiers-morali(n)ateur. Cela est dit et maintenant, passons outre et à autre chose...

Je veux parler ici d’une interview, – il en donne fort peu et s’en explique au début de l’entretien, – qu’Assad a donné à Afshin Rattansi, de RT.com. (Dit entre parenthèses comme s’en aperçoit le lecteur, l’auditeur constatera que Rattansi, c’est-à-dire RT.com, ne ménage pas le président syrien.) L’interview est intéressante parce que Assad, alias “le boucher de Damas”-Rive Gauche, n’est pas inintéressant. Tenir huit ans comme il l’a fait, dans les conditions où il l’a fait, vous donne une expérience qui permet de parler des choses.

 ... Ainsi en est-il de ces quelques phrases (autour de 29’30”-29’45” sur la vidéo), après qu’Assad ait évoqué les USA “en guerre contre le reste du monde”  : « Les USA n’acceptent pas de partenaire[dans leur lutte pour conserver leur hégémonie]. C’est pourquoi ils se battent aujourd’hui [en Syrie]. Ainsi, vous pouvez considérer que la Syrie est comme une sorte de microcosme de la Troisième Guerre Mondiale... »

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Macron après/avec Trump : l’énigme antiSystème

  mardi 12 novembre 2019

2 novembre 2019 – Pour mon compte, un des signes les plus convaincants que nous vivons dans une époque étrange, sans pareille ni précédent, se trouve dans l’extrême difficulté où nous nous nous trouvons, nous, de porter des jugements cohérents et décisifs sur certains des hommes de pouvoir et leur action de communication. Les deux cas les plus remarquables sont Trump et Macron, car je crois que Macron ressemble de plus en plus à Trump de ce point de vue, et bien sûr cette observation va avec le fait qu’ils sont à la tête de deux puissances très significatives et signifiantes à la fois de la Grande Crise qui détruit notre contre-civilisation.

(Peu importent les “puissances” respectives de ces “puissances”, dans tous les domaines significatifs et mesurable de la “puissance” définie selon le Règne de la Quantité. Je parle absolument dans le domaine de la symbolique, qui est d’une importance considérable dans une époque où la communication tient la première place dans la mesure de la “puissance”, ce qui permet dans certains cas d’échapper à l’emprisonnement du Règne de la Quantité.Il reste alors ceci que les USA et la France sont deux références essentielles, chacune dans leur genre dirais-je, pour donner à apprécier l’importance et la profondeur de la Crise Générale qui frappe d’abord et de plein fouet le bloc-BAO qui est à la fois et directement cause et victime de cette Grande Crise.) 

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Piètre anti-anniversaire

  dimanche 10 novembre 2019

10 novembre 2019 – C’est un caprice un peu enfantin mais bien excusable après tout, qui m’a poussé à publier en retard d’un-deux jours l’un et l’autre texte sur le 9 novembre 1989 (anniversaire), qui reprennent d’ailleurs nombre d’éléments de textes publiés en 2014 (25èmeanniversaire de la chute du Mur) parce que la situation-de-vérité de cet événement n’a pas changé, et non plus leur narrative infâme qu’ils ont instituée fermement en 2014, en pleine crise ukrainienne. Certainement, je l’ai déduit sinon compris, cela comme un symbole pour moi, je ne voulais à aucun prix être mêlé à leur commémoration officielle qui était évidemment du genre festif comme les décrivait Murray, avec rock’n roll et célébration du LGTBQ et des avancées sociétales postmodernes, la liberté enfin conquise pour entrer dans notre bonheur postmoderne, saupoudrées d’une haine antirussiste solide et durable, qui sont le legs direct, selon eux, de la chute du Mur. Le couple Merkel-Soesterberg, la chancelière en chute libre et mangée aux mites, et le Secrétaire Général de l’OTAN aussi sexy qu’un hareng saur très-froid, étaient les héros de la fête, les véritables disc-jockeys de tout ce chambard.

(Mais comment peuvent-ils se supporter eux-mêmes ? Quelle peut-être une conversation Merkel-Soesterberg en marge d’une telle fiesta historique ? Question à $64.) 

Il n’en fallait pas plus pour susciter une nausée qui m’a fait remettre au lendemain le travail prévu le jour même, et fêter cet anti-anniversaire avec décalage de mauvaise humeur. Cet événement d’il y a trente ans a été inverti, subverti, mâchouillé par leur simulacre, d’une façon absolument vertigineuse. La narrative officielle de ce qui a mené à la chute du Mur, puis de ce qui a suivi, est une ivresse folle d’infamies, de mensonges débitées en rondelles, de petites lâchetés intellectuelles et de sourires mécaniques entre eux. 

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Le masque et la plume

  vendredi 08 novembre 2019

8 novembre 2019 – Je reviens, “dans la foulée” comme l’on dit, sur l’interview d’hier de Macron, dans The Economist, tel que présenté sur ce site. Ce qui est remarquable et significatif à la fois, c’est que deux réactions de lecteurs ont, elles, manifesté deux réactions inverses, et cela me donne le sujet d’une réflexion, disons sur “l’esprit de la chose” et sur la manière d’en traiter.

Je signale rapidement ces réactions pour en sortir la perception que j’en ai eue, et ce qu’il y a lieu d’en faire, IMO comme dit le colonel Lang.

(Ce “IMO” [In My Opinion] ne cesse de me ravir chez cet ancien officier de la DIA habitué aux acronymes si courants chez les militaires US , cela en toute estime, puisque je trouve que ce colonel-là dit si souvent des choses sensées qu’on ne trouve guère au Pentagone.)

• La première opine quant à l’importance qu’il faut accorder à cette intervention de Macron, mais une importance dont nous n’avons manifestement pas exploré, nous autres à dedefensa.org, toute la profondeur ; puisque, nous est-il asséné sur le ton assuré d’un cours magistral de la Sorbonne ou de l’ENA, « Mieux vaut aller à l’original, plutôt que d'en rester à ce que tel ou tel média ou organe de presse a pu choisir d'en glaner. »

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