Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

  Février 2023 (11 articles)

Une catastrophe cognitive

  vendredi 24 février 2023

24 février 2023 (17H45) – Je ne me risquerais certainement pas à parler de guerre, de tactique et d’“art opératoire”, d’atrocités, de responsabilités, de perspectives victorieuses et toutes ces sortes de choses dont on parle à propos d’une guerre. Pas non plus de perspectives ni de prospectives, ni d’effrayantes appréciations en cas de montée au nucléaire, ces choses dont on peut sinon doit parler lorsqu’il s’agit de cette situation terrible de l’esquisse ou de la possibilité d’une guerre totale opposant indirectement ou pas les deux superpuissances nucléaires.

Car, un an après, pour moi, il ne s’agit pas d’une guerre. Cette façon qui m’est si étrangère de sacrifier à un commentaire commémoratif, j’y sacrifie justement pour souligner que le rassemblement de mes jugements et de mon expérience de ces douze mois d’observateur de la guerre à laquelle je prétendais dès le début échapper en tant que telle, me conduit à dire qu’“il ne s’agit pas d’une guerre” dont il faut s’inquiéter un an après, mais de quelque chose de complètement différent, de bien plus large, de bien plus complexe, et sans aucun doute de bien plus terrible et de bien plus différent

La guerre nucléaire façon-Pieds Nickelés

Il y a la perspective nucléaire dont il faut bien parler, parce que ce n’est pas rien. J’y ai songé aussitôt, et pour ce qui concerne cette crise de l’Ukraine devenue depuis ‘Ukrisis’, j’y songe dans ces colonnes depuis le 3 mars 2014. Mais aujourd’hui, nous sommes vraiment dans ces parages terrifiants avec la perspective d’une possibilité d’affrontement direct USA-Russie.

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Apocalypse sur canapé

  jeudi 23 février 2023

23 février 2023 (18H00) – Nous n’avons jamais vraiment douté, et aujourd’hui moins que jamais, – et moi qui juge naïvement pas davantage, – que la Chine et la Russie sont nécessairement entraînées vers une “alliance” de fait, puis de sympathie et de coopération, puis une véritable et formelle alliance. Cette dynamique s’est fondamentalement accélérée avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine, et elle est devenue inéluctable dans le “paysage américaniste” actuel. C’est en effet l’action des neocon au pouvoir, avec leur président préféré, Biden et son obsession ukrainienne, qui rend par effet contraire cette dynamique inéluctable. Il faut entendre le duo Christoforou-Mercouris décortiquer les effets de la politique neocon-Biden sur les relations entre la Chine et la Russie.

« C’est réellement incroyable, avec cette obsession de détruire la Russie avec leur proxy ukrainien, avec quelle rapidité ils ont favorisé le rapprochement entre la Chine et la Russie... Avec leur politique, ils ont provoqué en un an un rapprochement [Chine-Russie] qui aurait dû prendre au moins 5 ans ! » (Christoforou)

C’est bien entendu la visite à Moscou du Chinois Wang Yi, qui est chargé de la politique étrangère et de sécurité nationale dans la direction chinoise, qui provoque tout ce remue-ménage. Wang Yi a vu Lavrov et Poutine, pour préparer la visite prochaine de Xi à Moscou. Et chacun de croiser les doigts : ne vont-ils pas, ces deux-là, signer, pour marquer cette visite, un traité d’alliance qui aura nécessairement du militaire ? Ce cauchemar a pris naissance autour de rumeurs, d’ailleurs répandues par les canards “collectivement-occidentaux” de la presseSystème, sur d’éventuelles et hypothétiques livraisons d’armes chinoises à la Russie, – un canard des canards pour se faire réellement très peur à soi-même, – car l’alliance militaire Chine-Russie est le canard du siècle qui terrorise tous nos fins esprits et nos lucides commentateurs.

Ainsi peut-on entendre des remarques pressantes lancés aux Chinois, en forme à la fois d’avertissement, de menace, de prière et de supplication...

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Avec le bonjour de Poutine

  mardi 21 février 2023

21 février 2023 (18H00) – Drôle de visite, drôle d’escapade... Après avoir apprécié l’aspect intérieur de sa signification du point de vue des forces en action au sein du gouvernement US et de la position de Biden (ce pourquoi il s’agissait d’un texte de la sérieRapSit-USA2023’), on voit l’aspect dans les relations et les postures des acteurs de la crise ‘Ukrisis’ de la visite de Biden à Kiev.

Aussitôt un élément saute aux yeux, rejetant le reste dans un insipide brouillard de gestes et de paroles extraordinairement conformistes : l’annonce par Sullivan que le déplacement de Biden avait été annoncé aux Russes quelques heures avant ! (En réalité, les Russes savaient déjà, mais l’on parle d’annonces publiques, certes.)

« Les États-Unis ont informé Moscou à l'avance que le président Joe Biden prévoyait de se rendre à Kiev, a déclaré lundi le conseiller à la sécurité nationale Jack Sullivan. Le dirigeant américain avait auparavant déclaré qu'il se rendrait en Pologne, mais pas en Ukraine.

» “Nous avons informé les Russes que le président Biden se rendrait à Kiev”, a déclaré Sullivan, ajoutant que le message a été envoyé “quelques heures avant” le départ de Biden de Washington et a été fourni “à des fins de déconfliction”. M. Sullivan n'a pas indiqué comment les responsables russes ont été contactés, ni comment ils ont réagi à cette information.

» L'ancien président russe Dmitri Medvedev, qui est vice-président du Conseil de sécurité, a confirmé via son canal Telegram que Biden avait reçu des “garanties de sécurité” de Moscou pour sa visite. Dans le même message, M. Medvedev a qualifié l'aide apportée par Washington à Kiev de moyen pour “les industries militaires des pays de l'OTAN d'en tirer profit” et a qualifié le président américain de “vieil homme de l'autre côté de l'océan”. »

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Réflexions sur “Une étrange défaite ?

  dimanche 19 février 2023

19 février 20233 (14H50) – Deux ou trois semaines après que l’“Opération Militaire Spéciale’ (OMS), comme la nomment les Russes, ait été lancée, le sentiment général était que les USA seraient le grand vainqueur de cet énorme événement. Aujourd’hui, un homme aussi sage et expérimenté qu’Alastair Crooke peut sans crainte proposer ce titre d’un commentaire (voir ce jour) sur cette crise, qui dit exactement le contraire :

« An unexpected insight (for the élite): The US may be the biggest loser in the war on Russia. »

Il peut le faire, ce long titre et l’esprit qui y préside, – de même que nous-mêmes, je le dis en écartant toute fausse humilité, nous pouvons assumer cette affirmation pour notre propre compte. On notera le parallèle voulu entre ces deux textes, y compris leurs formes et leur agencement (le texte de Crooke et nos réflexions à partir du texte de Crooke), avec le même ensemble publié il y a un an, le 20 mars 2022 : « Ukrisis, catastrophe potentielle » (le texte de Crooke) et « Réflexions sur “Ukrisis, catastrophe potentielle” » (réflexions à partir du texte de Crooke). De même, on le comprend, que c’est volontairement, et non sans une certaine ironie je vous le concède, qu’est repris, comme un clin d’œil, le titre du livre de Marc Bloch sur la défaite de la France de mai-juin 1940.

Il y a donc presque un an, après un mois de combat en Ukraine, qu’on pouvait commenter selon une conception concernant les USA présente dans nos colonnes depuis deux ou trois décennies, ces réflexions à partir d’un texte de Crooke qui annonçait et se prolonge dans celui d’aujourd’hui, comme ces réflexions d’il y a onze mois le font pour notre chef.

Déconstruction de Seymour Hersh

  samedi 18 février 2023

18 février 2023 (09H10) – Qu’est-ce qu’a voulu faire Seymour avec son long reportage sur le sabotage de NordStream 2 ? Un de ses amis a répondu, observant pour lui, qu’il s’était employé, lui Hersh, à « déconstruire l’évidence », c’est-à-dire qu’il faut d’abord entendre « ce que le président a dit », quelques mois avant de passer à l’acte, pour comprendre de quelle évidence l’on parle en vérité ... C’est ce que Seymour Hersh nous confie, à nous, dans son interview à ‘DemocracyNow !du 15 février :

« Eh bien, tout d'abord, je pense que le reportage peut vraiment être décrit comme l'a fait un de mes amis : Ce que j'ai fait, c'est vraiment déconstruire l'évidence. Je veux dire, vous devez entendre ce que le président a dit. Mais, bien sûr, il y avait des plans secrets, sur lesquels je suis en train d'écrire, et ils incluent, – il y avait un comité mis en place. Jack Sullivan était directement impliqué. Il était le conseiller à la sécurité nationale, il l'est toujours. Ils ont mis en place une équipe chargée d'examiner les options permettant de faire pression sur le gouvernement russe pour qu'il fasse marche arrière. »

Effectivement, la séquence du 7 février 2022 opportunément reprise dans son entièreté par ‘TheDuran.com, montrant Biden et Scholz côte-à-côte, est mémorable, document quasiment historique correspondant à son « vous devez entendre ce que le président a dit. ». Nous l’avons tous écouté mais nous ne l’avions pas vraiment entendu...

Il (Biden) confirme l’appréciation d’« évidence » pour qualifier l’intention US d’interrompre par quelque moyen que ce soit le fonctionnement de NordStream2, quasiment aussi bien que nous est confirmée l’information qu’en a reçue (que vient d’en recevoir) le chancelier Scholz au cours de cette même rencontre. Je dirais même que l’attitude, le comportement, la voix sans tremblement, l’aplomb du chancelier sont encore plus impressionnants lorsqu’on réalise à propos de quelle dimension de trahison assumée s’expriment ces caractères physiques et psychologiques, que l’ânonnement robotique du président US dévasté par sa démence sénile et accroché à son idée fixe de la “défense” de l’Ukraine zélenkiste où se trouvent nombre de secrets de la famille Biden.

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« Rage Against the War Machine »

  jeudi 16 février 2023

16 février 2023 (15H30) – Il m’est arrivé de parler de Diana Johnstone, à plusieurs reprises et avec affection. On peut en lire là-dessus, notamment le 29 août 2020. Nettement à gauche mais essentiellement antiguerre, contre cette horrible politiqueSystème qui ravage le monde, elle a toujours cherché à tenter de rassembler les deux tendances “antiguerres”, les deux “antiwars”, celle de la gauche antiSystème et adversaire du parti démocrate, et celle du parti libertarien comme l’était un Justin Raimondo. Cette fois encore, Johnstone, qui n’a cessé de pleurer le mouvement antiguerre du début du siècle (contre la guerre en Irak), s’y remet à nouveau.

C’est désormais une vieille histoire, où la France s’est particulièrement illustrée. C’est l’histoire d’une impuissance et d’une paralysie ; c’est l’incapacité des droites et des gauches prétendument hors-Système, c’est-à-dire échappant en principe au dogmatisme-Système et au conformisme-Système des grands partis de l’establishment, différant sur nombre de problèmes mais qui devraient logiquement se retrouver dans une lutte antiSystème, – leur incapacité, presque névrotique, dégoûté, pathologique jusqu’à en dégueuler, à se retrouver ! Toutes les tentatives en France ont été couronnées ignominieusement d’échecs retentissants, – si même il y eut véritablement “tentative”, ce dont je doute tout aussi véritablement. Le cloisonnement des milieux intellectuels capables d’inspirer de tels rassemblements en renonçant à quelques-uns des privilèges qu’ils ont à l’intérieur du Système est tout simplement prodigieux, d’une parfaite étanchéité. Quelques mots-clefs, – comme “fascisme”, “racisme”, “intolérance”, “démocratie”, “autocratie”, parfois même “communisme”, etc., – suffisent à régler la question, comme autant de réflexes d’autant de Pavlov que nécessaire. Que dire en plus, dans cette période où le conformisme antirusse est du niveau à la fois tribal et inquisitorial, la réflexion d’un Q.I de 0,25, l’audace de la pensée au refus d’exposer son petit doigt de pied au contact d’un filet d’eau bio réchauffé au soleil du changement climatique ?

Tout cela, je m’en explique, était surtout dit pour la France, qui n’a jamais été d’une aussi remarquable bassesse quant à l’esprit critique et la liberté de l’esprit. Le carcan intellectuel que le “pays de la liberté” et “le pays de l’intelligence” à la fois a réussi à s’imposer à lui-même est une œuvre maîtresse, quelque chose qui est proche d’une certaine perfection diabolique. La situation aux USA est un peu différente.

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La Java des extraterrestres de NordStream

  mercredi 15 février 2023

15 février 2023 (18H30) – C’est vrai, on a fort peu suivi sur ce site, – c’est-à-dire pas du tout, – la “guerre des ballons” aux USA ; je ne sais, circonspection ; lassitude, assèchement du sarcasme et de la moquerie devant ce qu’il est trop facile de brocarder ; crainte de déclencher la colère d’un UFO aux yeux bridés... Tout de même, me suis-je repris, on ne peut ainsi laisser de côté la Grande République !

Il faut savoir que, pendant 15 jours, la susdite Grande république vécut sous la menace à la fois des Chinois déguisés en ballons et des OVNI déguisés en ballons chinois. Tous les arguments et hypothèses furent passés au microscope et à la moulinette, l’ensemble conduisant, chez les gens sérieux, à une alarme extrêmement ferme des intentions agressives des Chinois pour contester l’hégémonie des USA sur le reste du monde, et chez les gens très sérieux, à une interrogation sur des êtres venus d’ailleurs pour contester l’hégémonie des USA sur le reste du cosmos.

Ce furent donc quelques jours de folies pendant lesquels plusieurs trains déraillaient, dont l’un, en Ohio, déclenchant un gigantesque incendie et une intoxication chimique d’une zone entière qui laissa le ministre de la sécurité intérieure indifférent pendant deux semaines. Il faut dire que les catastrophes infrastructurelles et polluantes au milieu d’une lutte farouche et infrastructurelle contre la pollution, on connaît, aux USA. Pendant la même période, on eut également les quelques glous-glous médiatiques déclenchés par la presseSystème de surveillance pour étouffer l’enquête de Seymour Hersh sur le sabotage de NordStream ; la “guerre des ballons” y apporta sa contribution, jusqu’à créer un ensemble de dénégations qui finit par donner du crédit à l’article de Hersh qu’on voulait faire disparaître dans un trou noir.

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RapSit-USA2023 : Trump, faiseur de paix ?

  samedi 11 février 2023

11 février 202 (17H20) – Il y a encore un peu plus d’un an, nul ne doutait de la candidature de Trump pour 2024, ni de sa popularité au sein du parti républicain. Peu à peu dans les mois depuis cette certitude, cette image simple et forte s’est brouillée (l’“usure des certitudes” est à notre époque un redoutable danger, au rythme où vont les simulacres). Le résultat des élections midterm, où nombre de candidats qu’il soutenait ont été battus, lui a porté un rude coup.

Pas si vite ! Il s’avère qu’il n’a pas dit son dernier mot, selon une ligne tactique nouvelle qui a commencé à apparaître le 15 novembre, lors de l’annonce de sa candidature. A chaque sortie, il le répète : il est le seul président à ne pas avoir provoqué de guerre depuis au moins la fin de la Guerre Froide. Et l’on sait bien qu’il s’agit d’un argument qui est très bien accueilli par les républicains. Un article du Ron Paul Institute for Peace’ présente et commente un article paru lundi dans ‘Politico’, qui fait de Trump “le candidat de la paix” parmi les républicains qui pensent aux présidentielles

« Les personnes proches des opérations de la campagne de Trump disent qu'il prévoit d'essayer de se dépeindre comme une colombe anti-guerre parmi les faucons. Ils pensent que cela trouvera un écho auprès des électeurs du GOP qui sont divisés sur le soutien à apporter à l'Ukraine dans sa guerre avec la Russie, mais qui se méfient de plus en plus de ce soutien. »

L’article du Ron Paul Institute for Peace, où l’on cultive une position contrastée et changeante vis-à-vis de Trump (selon les évolutions du redoutable animal), reconnaît qu’effectivement Trump a commencé à développer une sorte de “pré-campagne” fortement marquée par sa position anti-guerre vis-à-vis de la crise ‘Ukrisis’ et du conflit ukrainien.

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Le couple infernal Pologne-neocon

  jeudi 09 février 2023

9 février 2023 (17H50) – Une conférence a donc eu lieu en Pologne les 6 et 7 février, bien entendu en faveur de l’Ukraine, sous la désignation [en anglais dans le texte polonais] de ‘Standing Working Conference for Support of Ukraine’. Nous vîmes, – ils virent, car je n’y étais pas, – défiler quelques grandes voix de la grande cause zélenko-ukrainienne. Le Premier ministre polonais Morawiecki, cette sombre figure impassible du temps d’une Inquisition de notre temps, toute de noir vêtue, le regard marmoréen et inébranlable derrière ses lunettes implacables, intervint bien entendu, dans le sens qu’on devine. Il tweeta notamment, extrait des bonnes phrases de son discours :

« La guerre en Ukraine n’est pas la preuve de la force de la Russie. La guerre est un test pour la force de l’Ouest. Ce sera la victoire se la Russie et la défaite de l’Ouest, ou la renaissance de la civilisation occidentale... [...]

» Aujourd’hui n’est pas le temps du cessez-le-feu. Aujourd’hui, l’Ukraine a besoin de notre soutien et d’espoir. Cet espoir est né en Pologne. »

Les deux compères, les deux Alex de ‘TheDuran.com’, Alex Christoforou et Alexander Mercouris, consacrèrent une chronique commune à l’événement et aux déclarations de Morawiecki, le 6 février (à partir de 22’00”-23’00”). Christoforou rapporta une déclaration non confirmée de Morawiecki, puis reprise sur tweeter, et dont je ne sais exactement le sort (confirmée ? Non confirmée ?). Les deux n’en ont plus reparlé bien que Mercouris ait précisé que si elle était confirmée cette déclaration serait une “grosse nouvelle” ; mais je le sais bien, nous sommes dans un temps où l’information vous glisse dans la mémoire comme un savon mouillé ou un filet de sable, qu’une formidable affirmation dite il y a une minute n’est plus qu’un souvenir perdu dix minutes après. De toutes les façons, « si non è vero, è ben trovato » parce qu’est ainsi exprimée la tactique polonaise vis-à-vis d’‘Ukrisis’ est parfaitement décrite.

Christoforou nous rapporte donc la déclaration du Polonais, en marquant toute sa réserve, en ne dissimulant pas son importance éventuelle, en la laissant voir comme une opportunité d’éclairer le fond de la pensée polonaise.

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Fureur indienne et hegemon US

  dimanche 05 février 2023

5 mars 2023 (18H45) – Chacun sa fureur, mais toujours le même hegemon, US comme il se doit, qui semble tant affectionner le chemin de sa décomposition (de sa déconstructuration), comme son F-35 préféré... Cette fois, nous parlons d’une “fureur indienne”, à l’occasion des réunions quasi-parallèlement tenues, du G-20 et du QUAD (cette seconde réunion décidée au dernier moment, note Bhadrakumar avec amertume et colère, – voir plus loin). Et cette “fureur indienne”, celle de Nodi, est l’objet d’interprétations diverses, – si même elle existe d’ailleurs...

Je choisis, moi, de penser qu’elle existe, faisant la plus grande confiance dans l’expansion sans fin de la sottise américaniste. Dans ce choix, et bien qu’exprimant une égale estime pour ces deux commentateurs, je suis la voie de Mercouris plutôt que celle de Bhadrakumar. Mercouris a, en effet, une thèse des plus intéressantes, et qui s’accommode parfaitement de l’immense sottise américaniste, – pour la plus grande satisfaction de ma perception esthétique de la situation du monde et de la grandeur considérable de la vulgarité de leur triste et crasseux hegemon.

Notes de PhG-Bis : « D’après ce que je sais de ses confidences, PhG me semble avoir une grande estime pour la puissance impériale romaine, malgré sa brutalité et à cause de son sens de la beauté et de l’harmonie, et aucune pour l’américaniste. Il le pense nettement, je crois. C’est un choix esthétique, rien de moral là-dedans ; les Romains avaient le sens du beau, les américanistes ont celui du laid. »

Il y a d’abord cette rencontre impromptue entre Blinken et Lavrov, à la demande du premier. Dix minutes debout, à papoter, manifestement sans enthousiasme, et chez le Russe avec l’air de se demander “Mais qui c’est ce type ? Qu’est-ce qu’il me veut ?” Le compte-rendu du côté russe n’était pas particulièrement enthousiaste, sinon franchement agacé :

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De l’hybris au Covid-1776

  dimanche 05 février 2023

...Ou l’hybris comme pathologie-bouffe de la modernité

5 février 2023 (17H15) – L’hybris (“ὕβρις” en grec, me souffle-t-on) est un mot aussi vieux que les Anciens et la désignation d’un trait de un caractère qui s’apparente à une malédiction pour l’être humain, à laquelle le conduisent le pouvoir et la jouissance lorsqu’il acquiert l’un et l’autre sans l’esprit de mesure dont l’hybris est l’exact contraire. La question principale qui me vient à l’esprit est alors de savoir si l’hybris est une cause ou une conséquence, s’il existe en gestation sinon en action au départ de la montée de la puissance ou s’il se crée de lui-même à l’issue de cette montée de la puissance. La question reste toujours posée et n’y peut répondre qu’une conviction ou l’autre, – ce qui justifie que je puisse proposer le terme de “malédiction” répondant à une conviction, celle de l’existence d’un

« un état de malheur inéluctable qui semble imposé par une divinité, un sort maléfique, jeté sur un individu ou une communauté, ou le destin. »

Cela est pour dire qu’il règne autour de ce caractère catastrophique de l’hybris une ombre d’en-dehors de la rationalité et des considérables considérations morales de SapiensSystème, quelque chose qui concerne la tragédie du destin pris comme une force hors de notre maîtrise. Le texte ci-dessous, d’origine russe, propose une définition historique, ou métahistorique de l’hybris, sorti des références de l’antiquité grecque et s’appuyant sur les travaux du juriste et spécialiste des relations internationales Hans Morgenthau (à ne pas confondre avec l’autre, – sans lien de parenté, – le Henry Morgenthau du fameux ‘Plan’ qui porte son nom). Ici, le concept d’hybris nous est proposé également pour expliquer le comportement catastrophique de l’Amérique (les USA, me rectifie-t-on), comme il le fut pour expliquer Athènes, Alexandre, Napoléon et d’autres tragédies.

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