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19 décembre 2025 – Il y eut une remarque qui fit son chemin sans que je puisse en trouver l’auteur. Peut-être même y eut-il plusieurs esprits caustiques à avoir, d’un élan similaire, la même pensée ; peut-être même, enfin, l’ai-je eu moi-même, dans tous les cas comme voie d’accès à une ligne essentielle pour moi. En la citant ici, avec les guillemets d’usage, répétant ici, j’ai le sentiment d’exprimer une pensée qui vient de moi-même.
« Il n’y a aucune chance d’abattre un tel monstre en l’attaquant de l’extérieur ; mais peu importe puisqu’en réalité, c’est de l’intérieur à lui-même que se fera, – que se déroule d’ores et déjà cette attaque... »
Je reviendrai sur cette phrase plus loin, et m’en expliquerai. D’ici là, il est préférable de situer le qui et le quoi de l’événement qui la justifie, même si tout le monde devine déjà de quoi il s’agit.
...Bien sûr, c’est à propos de la réunion tout au sommet de l’UE des jours courants et du résultat principal qui fait qu’on écarta l’idée d’utiliser directement les fonds russes gelés pour venir en aide à Zelenski (penser à ses fonds de corruption si nécessaire en ces temps guerriers).
...Mieux d’ailleurs, je précise le dernière phrase du paragraphe précédent... On écarta même l’idée d’un vote, de crainte de montrer une si profonde désunion, voire de ne pas atteindre la majorité qualifiée. En effet, les choses ont tourné à l’aigre et quasiment au brutal dans les échanges de la première réunion, celle de jeudi, durant 16 heures de temps.
D’abord, un compte-rendu sec et sans passion de l’événement.
« Après environ seize heures de négociations, marquées par l'exacerbation des profondes divisions au sein de l'Union européenne, alimentées par les excès législatifs de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et de son compatriote, le chancelier allemand Friedrich Merz, les discussions du Conseil européen se sont conclues sans accord sur la proposition controversée d'utiliser les avoirs russes gelés pour financer un prêt de 90 milliards d'euros (105 milliards de dollars) destiné à permettre à Kiev de poursuivre sa campagne militaire.
» Les États membres ont donc convenu de contracter une dette commune – un emprunt sur les marchés financiers – pour financer Kiev à court terme, le temps que “les aspects techniques du prêt pour les réparations soient réglés”, selon le président du Conseil européen, António Costa. »
Puis, quelques détails sur l’atmosphère, ce qui fait que l’on compara cette croisière à un coup de tabac sévère conduisant à une houle rageuse (rien d’une véritable houle car l’UE a la magie pure dans son fonctionnement), saluée d’un mal de mer conséquent sous la surveillance également rageuse d’une Ursula au regard perçant. Même battue, elle garde ses habitudes de gardienne de colonie de vacances.
« Les dirigeants de l'UE ont entamé des négociations qui se sont prolongées tard dans la nuit, après que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ait exigé que personne ne quitte la salle tant que le financement de l'Ukraine ne serait pas garanti. [...]
» Les désaccords sont si profonds que le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, déclarait mercredi que la question des avoirs russes “ne sera absolument pas abordée” lors de la réunion des dirigeants [jeudi]. L'ordre du jour officiel ne mentionne d'ailleurs pas explicitement les avoirs russes, se contentant d'indiquer que les dirigeants européens “discuteront des derniers développements en Ukraine et des questions nécessitant une action urgente de l'UE”.
» “Ce matin, la présidente de la commission a annoncé que la commission avait cédé et que la question des avoirs russes ne serait même pas abordée ”, a déclaré Orbán lors d'un entretien avec Dániel Deák, analyste principal à l'Institut du XXIe siècle, rapporté hier par ‘Magyar Nemzet’.
» “Les négociations et les tensions qui ont eu lieu hier soir ont abouti, et si j'ai bien compris les propos de la présidente de la commission aujourd'hui, les avoirs russes ne seront pas à l'ordre du jour. Ce matin, la présidente de la commission a annoncé que la commission avait cédé”, a-t-il ajouté.
Il y a donc eu un recul indiscutable de la Commission et de sa cheffe Ursula, – avec la cerise sur le gâteau de la voir (Ursula) céder sur le traité Mercosur dont la ratification est renvoyée en janvier en attendant des ajouts pour la protection des agriculteurs européens. Il fallait bien, de toute urgence et ce même jour de décembre, se protéger des agriculteurs en colère venus dévaster les rues bien policées de Bruxelles-UE.
Concernant les fonds russes, le ‘Guardian’ nous rassure sur le cas de la résistance belge. Des “sources” des habiles services britanniques ont appris au quotidien que ce sont des menaces russes contre les dirigeants d’Euroclear et du gouvernement belge qui ont amené l’une et l’autre à leur position hostile à la proposition de la Commission. L’explication est limpide et provoque le réflexe connu comme le syndrome de l’aveuglement prorusse enfin guéri : “Mais c’est bien sûr !”. Quant au quotidien de référence ‘Financial Times’ (FT), il nous avertit que les milliards russes restaient toujours gelés et qu’ils pourraient être utilisés à d’autres occasions, comme celle des réparations en Ukraine si la Russie ne s’exécute pas en prenant évidemment la charge de ces réparations puisqu’elle sera vaincue.
C’est donc, pour le FT défenseur du modèle capitaliste occidental, un acquiescement bienvenu à la mise à sac de ses règles fondamentales rappelées par le russe Fiodor Loukianov, à l’occasion de cette affaire. Ses explications ont l’ampleur et la clarté nécessaires à l’appréciation de l’indifférence des dirigeants de l’Europe-UE pour les principes essentiels qu’ils sont censés défendre, – et une démonstration de plus qu’ils sont psychologiquement totalement sous dépendance.
« La question de l'expropriation des avoirs russes est capitale car elle touche aux fondements mêmes du système économique européen. L'inviolabilité de la propriété est une pierre angulaire du capitalisme depuis des siècles. Si l'histoire est jalonnée de guerres et de confiscations, la rationalité ouest-européenne s'est traditionnellement appuyée sur l'idée que les biens sont protégés par la loi et non soumis à une confiscation politique arbitraire.
» Le modèle de développement de longue date de l'Europe occidentale est tout aussi important. Pendant des siècles, elle a accumulé des richesses en attirant des capitaux étrangers. Autrefois, cela prenait la forme brutale de l'extraction coloniale. Plus tard, ce modèle a évolué vers quelque chose de plus subtil : l'Europe occidentale s'est positionnée comme un havre sûr et prévisible où États, entreprises et particuliers pouvaient mettre leur patrimoine à l'abri sous des garanties juridiques fiables.
» La saisie des avoirs russes saperait tout ce modèle. Elle enverrait un signal clair : la protection de la propriété est conditionnelle et réversible. Une fois ce précédent établi, les conséquences seront impossibles à contenir. »
Voilà donc bouclé un nouvel épisode du psychodrame, de la tragédie-bouffe euro-ukrainienne. Il faut noter aussitôt que, pour la première fois dans la crise de la guerre en Ukraine, il s’achève sur une déroute de la direction de l’Europe-UE, von der La Hyène en tête. Quoi qu’il arrive par ailleurs et quoi qu’on s’acharne à expliquer pour protéger sa vertu, – en arguant que des solutions alternatives sont développées, que l’unité dans la diversité et la mésentente est à nouveau faite – c’est bel et bien une proposition-clef d’Ursula, le symbole même de cet affrontement, qui a été repoussée, dans un désordre qui en dit long sur les pensées secrètes des uns et des autres ; un désordre si inhabituel pour le troupeau des 27 pays qui suivent d’habitude au doigt et à l’œil les consignes de la ‘Fuehrine’.
Cette déroute est un signe inquiétant pour le moteur central du soutien à Zelenski. C’est à ce point qu’il faut rappeler la citation improbable que j’ai proposée en tête du texte :
« Il n’y a aucune chance d’abattre un tel monstre en l’attaquant de l’extérieur ; mais peu importe puisqu’en réalité, c’est de l’intérieur à lui-même que se fera, – que se déroule d’ores et déjà cette attaque... »
Cette appréciation me séduit parce qu’elle répond évidemment à une règle essentielle qui conduit mon appréciation générale de la GrandeCrise et de son évolution. Il s’agit de l’équivalence expliquant comment le phénomène du « déchaînement de la Matière » conduit au développement d’une surpuissance qui engendre parallèlement un phénomène d’autodestruction. On comprend alors aisément pourquoi et comment l’on est conduit à proposer ce sympathique néologisme (‘Eurautodestruction’) qui ne peut en aucun cas cacher sa filiation à ‘autodestruction’. On dirait que le personnel lui-même, les figurants, les outils de la chose et sa présidente comme emblème absolument conforme, sont une production directe du susdit « déchaînement de la Matière ».
Par conséquent, il n’y a aucun soucis à se faire puisque tout marche comme sur des roulettes. La route nous conduit droit vers l’abîme, peut-être même avons-nous basculé et sommes-nous en train de chuter, – cela ne me surprendrait pas en sentant ce souffle puissant qui torture ma superbe chevelure.
Rappelez-vous : en 2015, au temps de la crise grecque, nous appelions l’UE “la Secte” ou “l’‘Orque”. Aujourd’hui, avec cette folie de surpuissance qui l’a prise entre le Covid et le Zelenski, elle est tout simplement et horriblement ‘Matière’ pure et majusculée, impitoyable, fermée à tout sentiment et à toute mesure, aveugle et déchaînée au point de ne plus rien voir que l’emportement sauvage et nihiliste de son destin d’‘eurautodestruction’...
Pour vous en convaincre, voyez, vous avec un regard lucide et droit, le visage placide, glacial et robotisé d’Ursula, – comme une caricature totalement déshumanisée d’une Charlotte Rampling privée de son ironie et de sa vivacité complice. C’est là qu’on trouve l’explication de tout, devant un visage humain si totalement inhumain sous le poids de son indescriptible hubris.