Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

  Septembre 2019 (11 articles)

Entre amis

  samedi 28 septembre 2019

28 septembre 2019 – On a beaucoup discouru et publié, certes, à propos de la conversation Trump-Zelenski, dont un Memorandum a été publié le 24 septembre, et bien sûr à propos de ce qui concerne dans cet entretien l’argument démocrate pour une destitution. Un passage, sur un tout autre sujet, doit retenir l’attention, à mon sens et parce qu’il est lourd de sens. Il concerne les relations des Européens, et particulièrement Merkel avec l’Ukraine.

Je vous donne le passage, – une réplique Trump-Zelenski, – traduit à mes risques et périls... 

Ainsi, la conversation se poursuit après que Zelenski ait lancé un de ses multiples bouquets de fleurs qu’il garde en réserve, par simple amabilité rien de plus, pour le président des États-Unis lorsqu’il l’a au bout du fil. 

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Faux vrai-gaulliste ou vrai faux-gaulliste

  vendredi 27 septembre 2019

27 septembre 2019 – Il est vrai que j’ai terminé il y a quelques semaines un “vieux bouquin” (dito, venu d’un bouquiniste) assez récent puisque de 2006, L’après de Gaulle (*), de Jean Mauriac, fils de François. L’auteur, de la grande maison des Mauriac (François à mon sens l’homme le plus influent des milieux politico-littéraires de l’après-guerre, plus que Sartre ou Malraux), héritant de ce prestige mais moins en vue que le père, moins conscient de la puissance du nom de Mauriac et parfois un peu indifférent à cette position, mais plus indépendant que le père, enfin intime des gaullistes et du gaullisme, très proche des gardiens du temple, absolument sourcilleux sur ce sujet, mais tout de même esprit indépendant me semble-t-il, vraiment je le répète avec force. En plus de cela, avec notamment une carrière de grand journaliste de terrain, essentiellement à l’AFP de 1944 à 1988, jusqu’à un des postes de direction avec comme fonction le poste prestigieux d’accrédité de l’Agence à l’Élysée sous de Gaulle, Pompidou et Giscard.

Maintenant, une précision absolument indispensable : le livre, qui fait un peu daté (il couvre la période 1969-1989), l’est à cause des citations et jugements qui sont rapportés. Jean Mauriac a voulu prendre un peu de temps pour laisser se décanter certaines situations et livrer la teneur d’un nombre impressionnant d’entretiens confidentiels mais conduits avec ses interlocuteurs dans un but agréé de publication à terme. Quoi qu’il en soit, en tête du livre figure cet avertissement sans absolument la moindre concession :

« Jean Mauriac assume la pleine responsabilité de la transcription qu’il a effectuée, aussitôt après les avoir recueillis, des propos de ses différents interlocuteurs… »

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Le poutinisme en question

  mercredi 25 septembre 2019

25 septembre 2019 – J’ai trouvé d’un particulier intérêt l’émission de rentrée de RussEuropeExpress de Jacques Sapir, sur Spoutnik-français le 18 septembre 2019, « Contestation en Russie : le poutinisme au pied du mur ? ».

Quelques détails de présentation :

« Politiques ou sociaux, les mouvements de contestation se multiplient en Russie depuis plusieurs mois, dans un contexte de morosité économique et d’incertitude sur l’après-Poutine. Que révèlent ces tensions sur la situation du pays? Comment expliquer l’attitude du gouvernement?
» Jacques Sapir et Clément Ollivier reçoivent Karine Clément, sociologue spécialiste des luttes sociales en Russie et collaboratrice régulière du Monde diplomatique, et Jean-Robert Raviot, professeur de civilisation russe à l’université Paris-Nanterre. »

On connaît Sapir, homme à qui l’on peut faire crédit d’une réelle indépendance d’esprit et d’une grande capacité professionnelle. D’une façon générale, il est complètement à l’écart de la cohorte-PC qui ne peut dire un mot de Poutine sans avoir un haut-le-cœur droitdel’hommesque et brandir le drapeau de la démocratie bafouée. Les interlocuteurs de Sapir m’ont semblé être un peu de la même veine, je veux dire sans s’attacher trop aux considérations affectivistes affreusement idéologisées jusqu’au spasme pavlovisé qui constituent l’essentiel des parlottes des salons parisiens sur le sujet. La description de la situation se démarque des habituels clivages idéologiques utiles à ceux qui les affectionnent pour d’autres causes sinon la leur (le pseudo-autoritarisme de Poutine, la diaphane opposition libérale-occidentaliste). Nous sommes donc plutôt en terrain déblayé, où il n’est pas inutile d’avoir l’oreiller attentive.

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C’est le plus-vite corrompu qui s’y met !

  dimanche 22 septembre 2019

22 septembre 2019 – Alors que le président met toute son énergie dans sa folie narcissique qui lui fait interroger constamment son miroir (“Suis-je sûrement The Art of the Deal, oui sûrement hein ?”) après avoir liquidé son nième conseiller à la sécurité nationale, les démocrates qui l’affrontent y mettent toute la leur (d’énergie) dans une haine extraordinaire, sans précédent ni bornes, à l’encontre de ce président-là. Ce cocktail qu’on qualifierait de “nucléaire” constitue le formidable carburant de ce désordre également “sans précédent ni bornes” et d’une intensité proche de la “folie narcissique”, qui caractérise la capitale de la postmodernité et qui fait de “Washington D.C.”, – “D.C.-la-folle”.

Mais le dernier épisode de cette étrange saga qui nous vaut d’assister au naufrage d’une puissance qui prétendait à l’empire du monde, passe tout en matière de grotesque et de bouffe. Il s’agit d’une attaque contre Trump pour corruption qui ne pouvait que recueillir le consensus de la bienpensance, suivie aussitôt d’une contre-attaque de Trump contre le principal candidat démocrate à la présidence, le scintillant et toujours-jeune Joseph Robinette “Joe” Biden, 77 ans et la langue bien-pendu, et gaffeur de première.

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Prends garde, Iran, les Patriot arrivent !

  samedi 21 septembre 2019

21 septembre 2019 – Normalement cette nouvelle devrait aller dans une des rubriques générales du site, du fait que toute l’affaire de l’attaque contre Aramco a été prise en charge de cette façon. Mais le dérisoire commande, et l’humour involontaire règne. Je veux parler de la “riposte” américaniste à l’attaque, décidée dans le cours de la consultation de Leurs Majestés golfiques et saoudiennes diverses par le diplomate hors-pair qu’est Mike Pompeo.

« Le 19 septembre, le WSJ a rapporté que le Pentagone, et en particulier le Général Kenneth Mackenzie, Commandant en chef du CENTCOM, avait demandé le déploiement de trois autres batteries Patriot en Arabie Saoudite, en plus des avions de combat F-22 Raptor supplémentaires [déjà annoncés avant l’attaque].
» Parce que les batteries de missiles Patriot actuelles font un merveilleux ‘job’.
» Le déploiement comprend également d'éventuelles capacités de surveillance supplémentaires dans la région.
» Pour sa part, Fox News a largement rapporté les mêmes nouvelles, citant en outre une source anonyme qui affirmait que si plus de personnel était déployé, ce ne serait que “quelques centaines”, puisque le Moyen-Orient accueille déjà environ 70 000 soldats américains, de toutes les façons. »

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T.C.-80 : Bye bye FDR

  mardi 17 septembre 2019

17 septembre 2019 – Trump marche sur des œufs et piétine l’Histoire... “Marcher sur des œufs”, c’est le moins qu’on puisse dire à propos de l’affaire de la très méchante et efficace attaque des installations de l’Aramco, comme un coup au cœur de l’Arabie dont le même Trump ne semble guère vouloir trop se préoccuper, et sans s’en dissimuler. Après que le chef de cabinet du vice-président, Marc Short, eût expliqué par ailleurs, en d’autre lieu et sur un ton apaisant que le tweet “locked and loaded” (“prêts et chargés”) de dimanche soir n’était nullement une menace de type militaire mais une image concernant la situation énergétique des USA face à des possibles remous de fournitures de pétrole après l’attaque, on a vu et entendu cette humeur apaisée hier lors d’une aimable rencontre du président avec la presse

Même si tout cela (l’attaque, etcetera) ressemble à l’Iran, gazouille le président, il est bien acquis que « Je ne veux pas faire la guerre à qui que ce soit» ; et il n’est pas question de représailles tant qu’il n’y a pas de « preuve définitive » (vaste programme) d’une éventuelle culpabilité de l’Iran, et alors on verra.

Ceci enfin, qui est historique n’est-ce pas, par rapport à ce qu’on sait et dit du “Pacte du Quincy” et de FDR-1945, ce président mourant qui vint sceller son legs ultime qui fit Empire de la Grande République, – et que Trump, ce va-nu-pieds, piétine de la sorte : « En outre, lorsqu'on lui a demandé s'il avait promis de protéger les Saoudiens, le président a répondu “Non, je n’ai pas promis cela aux Saoudiens.... Nous devons nous asseoir avec les Saoudiens et trouver une solution.” »

Non seulement ils ne peuvent plus, mais ils ne veulent plus (à moins qu’ils ne veuillent plus parce qu’ils ne peuvent plus ?)... Bref, et comme disait l’avisé Macron : « Nous sommes sans doute en train de vivre la fin de l'hégémonie occidentale sur le monde. » (Le temps de traduire ce texte du discours macronien, d’une forme infâme cachant les pépites reposant sur le fond, nos amis anglophones de la communication antiSystème commencent à réaliser le caractère historique de la chose : iciiciici, etc.)

Tout cela se fait en douceur, avec grâce et comme sans y toucher, cette façon que l’Empire a de recevoir des directs en pleine poire (le drone abattu par les Iraniens, l’attaque contre l’Aramco) et de passer outre en sifflotant. Les Saoudiens, MbS en tête, ne s’y trompent pas une seconde, pour le cas il s’agit de noyer le poisson en douceur. L’officieux de la famille royale, Arab News, nous fait savoir qu’il y aura enquête sur l’attaque et sur les responsables, et comment, et encore avec experts venus de tous les horizons Inch Allah, et y compris de l’ONU mazette, et que, mon Dieu, l’on sera fixé alors, disons « dans des semaines, sinon des mois ». D’ici là, les poules auront des implants...

...Pendant ce temps, bien en verve et sur un ton assez léger ma foi, en pleine conférence de presse commune suivant un sommet d’importance sur la Syrie avec les présidents iranien et turc, Poutine a suggéré à l’Arabie, à l’aide d’une sidérante citation du Coran, d’acheter des S-300 ou des S-400 pour protéger ses biens si précieux, le sang noir de son or noir, – de cette façon on pourra exposer les Patriot de l’Empire ainsi démobilisés pour Alzheimer précoce au musée des technologies revues et incorrigibles...

« En ce qui concerne l’aide à l’Arabie saoudite, il convient de rappeler que le Coran sacré évoque l’inadmissibilité de toute sorte de violence autre que pour protéger les siens. Donc pour [qu’ils puissent] défendre les leurs et leur pays, nous sommes prêts à octroyer l’aide appropriée à l’Arabie saoudite. Il suffit que les autorités politiques saoudiennes adoptent une décision étatique sage comme celle prise par le passé par les dirigeants iraniens qui avaient acquis à l’époque des S-300 ou comme le Président Erdogan qui a acheté à la Russie les systèmes ultramodernes S-400. Ils protégeront solidement toute infrastructure saoudienne. »

Et le président iranien Rouhani, présent également, de se tourner vers Poutine pour lui demander lequel des deux systèmes il conseille aux Saoudiens de choisir pour mieux abattre les drones que lui-même, Rouhani, n’a certainement pas lancés contre l’Aramco ; et Poutine, diplomate-équilibriste comme toujours : « Qu’ils choisissent. » Et c’est sur ce ton léger, un peu tragédie-bouffe tout de même et certainement simulacre surréaliste, que s’achève le “tourbillon crisique” du jour (T.C.-bouffe)...

Good Bye Lenin, disait le film ; bye bye FDR, dis-je pour mon compte. Ainsi s’ouvre, entre Offenbach et Wagner, le dernier chapitre de l’ultime phase de la partie finale de la Grande Crise d’Effondrement du Système.

La splendeur de l’Anderson

  samedi 14 septembre 2019

14 septembre 2019 – Jusqu’il y a peu, je restais encore et tout à fait accessoirement pour le peu d’intérêt que je portais au cas, sur un jugement au mieux dérisoire et un peu méprisant pour l’actrice Pamela Anderson. Je connaissais vaguement sa notoriété de mannequin sexy, de playmate pour Playboy (recordwoman des photos de couverture, treize fois entre 1989 et 2011), de vedette de la série Alerte à Malibu, de ses innombrables mariages et liaisons tonitruantes, vidéos dites “porno-érotiques” avec l’un ou l’autre de ses maris, etc., bref l’archétype de celles qu’on catégorise également comme des bimbos.

Entretemps, j’appris, là encore tout à fait accessoirement, qu’elle défendait des causes, notamment celle de la défense des animaux, ce qui n’était pas antipathique. Mais cela restait bien accessoire, et mon jugement restait celui d’une pauvre créature à la fois victime et complice du système de l’entertainment-sexy, qui constitue une des branches actives de déstructuration du Système. Tout cela, jusqu’au jour où j’appris qu’elle était devenue une visiteuse assidue de Assange, coincé dans son ambassade équatorienne de Londres. Cela éveilla mon intérêt pour elle, quoique certains pouvait y voir des missions du type “repos du prisonnier”. On se défait difficilement des jugements accessoires suggérés pour le Système, tant qu’on ne les a pas explorés au plus près pour les pulvériser.

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T.C.-79 : The Art of the Crisis

  mercredi 11 septembre 2019

11 septembre 2019  – Trump a donc sans aucun doute inventé le concept de la présidence en crise permanente, de son propre fait encore plus, et bien sûr aggravé des faits de la haine qu’il suscite et entretient, des attaques de politique intérieure contre lui qui ne cessent pas, d’une non-politique étrangère basée elle aussi sur la crise permanente faite de voltefaces, de brutalité délibérée, d’un mépris des formes structurées, d’une absence de sens par ignorance de ce qu’est le sens des choses. Le monde, et les USA particulièrement, sont certes dans une situation crisique permanente, mais Trump parvient à surenchérir là-dessus et à manufacturer lui-même une présidence crisique permanente ; tout cela, pour fêter le 11-septembre, n’est-il pas vrai ?

Drôle d’anniversaire, indeed.

Plus encore, Bolton écrit de son côté qu’il n’a pas été chassé mais qu’il est parti de sa propre volonté, et qu’il aura « des choses à dire là-dessus ». Comme tweete Susan Glaser, du New York Post, (texte que je saupoudre de mes propres interventions intempestives) : « Je crois que c’est une première pour l’administration Trump [et pour toutes les administrations de l’ère moderne]. Un haut fonctionnaire[de cette importance]ayant fait l'objet d’une mise à pied conteste publiquement la version du Président de cette mise à pied. Bolton deviendra-t-il le premier des conseillers de sécurité nationale que Trump a chassé en l’humiliant publiquement à rompre avec lui [et avec tous les usages du Système] en révélant ce qui s’est vraiment passé dans les coulisses ? »

Trump devrait titrer les Mémoires qu’il écrira plus tard, après ses deux, trois ou quatre mandats successifs de dictateur fasciste (chœur des vierges folles), – The Art of the CrisisAlors que je ne cesse d’écrire que les sapiens sapiens n’ont plus aucune prise sur les événements, certainement je me dois de faire amende honorable permanente pour ce point précis, pour confirmer que Trump constitue la seule exception à la règle, ce qui est en soi un exploit parce que l’exception est de taille : son rythme à cet égard ne faiblit pas... Sorte de sapiens sapiens complètement inhabituel et hors des standards, pour le meilleur et pour le pire, avec préférence pour la seconde option.

Trump est bien le seul à savoir, à pouvoir imposer des crises en somme gratuite de sa propre volonté et autorité, donc des crises dont le premier effet est d’aggraver directement la situation crisique de “D.C.-la-folle” avec conséquences automatiques sur la situation crisique du monde. S’il y réussit aussi bien, c’est parce que ces crises qu’il provoque vont dans le sens vertigineux du désordre, qu’elles alimentent directement le “tourbillon crisique” qui caractérise la situation du monde, comme si elles étaient le fruit d’une sorte de volonté délibérée quoiqu’inconsciente montrant qu’il est gouverné par des forces supérieures que ce personnage sans profondeur et occupé à d’autres tâches plus pressantes ignore évidemment. Nous le notons pour lui.

Trump est un instrument du Ciel sans que son plein gré en soit informé, Trump est un bon petit soldat du désordre du monde nécessaire à la Grande Crise de l’Effondrement du Système. Médaille d’or assurée.

Pour ce cas du commentaire immédiat de cet évènement sensationnel, je ne m’attarde nullement à regretter ni à me réjouir du départ de Bolton, bien qu’il s’agisse du fauteur de guerre le plus patenté qu’on puisse imaginer. On verra plus tard, seul l’essentiel de la violence de l’événement compte pour l’instant.

Ce qui compte pour l’instant de cette heure-là (04H00) du 11-septembre (2019), c’est bien les conditions de ce départ, comme ce départ lui-même qui démontrent l’extraordinaire instabilité du pouvoir exécutif de la plus arrogante, la plus insolente, la plus présomptueuse, la plus cruelle et la plus catastrophiquement décadente puissance du monde ; cette instabilité-là qui ne peut désormais et plus que jamais que durer en s’amplifiant toujours et encore. On reconnaîtra son rôle important, non plutôt rôle primordial, lorsque l’effondrement sera acté. 

Du Règne de la Quantité

  vendredi 06 septembre 2019

6 septembre 2019 – Un mien ami me faisait remarquer ce qui lui paraît être un manquement dans dedefensa.org, par rapport notamment à ce qui se fit dans ce site dans certaines périodes du passé. Il parlait du Règne de la Quantité, que je mets en italique par référence à l’ouvrage-clef de René Guénon certes, parce qu'il me sert dans ce texte de référence unique. J’ignore si j’ai bien perçu le sens de sa remarque, – et nullement une critique, je crois, – mais je reconnais y avoir été sensible, exactement comme ce texte le démontre évidemment.

Pour moi, le Règne de la Quantité se manifeste essentiellement, je dirais presque exclusivement tant est grande sa puissance dans ce domaine au niveau du système de la communication, et notamment bien entendu de l’information qui est le produit essentiel de ce “règne”. On sait que tous les outils, tous les engagements, toutes les folies et les résistance qui marquent cette “étrange époque” comme s’il s’agissait d’actes et d’événements accomplis, se manifestent “essentiellement, je dirais presque exclusivement” dans ce champ de la communication. C’est la véritable puissance qui règle les événements du temps de notre “étrange époque”. Le système de la communication  exerce un empire sur notre perception et sur notre esprit, et, pour ceux qui identifient cette vérité-de-situation et se battent avec acharnement et courage pour n’y pas céder d'une façon fautive, sur notre capacité à exercer un jugement sélectif face à son déferlement continuel et convulsif, et donc à combattre avec une éventuelle très grande efficacité ce qui est en lui de la perversité absolue du Règne de la quantité. Observer cela, c’est définir l’action permanente que tout honnête homme doit mener, et que je tente de mener personnellement, “honnête homme” ou pas...

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T.C-78 : Vertigo

  mercredi 04 septembre 2019

4 septembre 2019 – Si vous lisez l’ami Orlov du jour à propos du “stalinisme 2.0” à installer aux USA pour redresser l’économie selon les vœux de Trump (Make America Great Again), vous vous dites :“Il ironise”, car c’est l’esprit et le style de notre auteur. Si vous lisez WhatDoesItMeans de Sorcha Faal à propos de la “révolution culturelle” (“2.0” ?) à-la-Mao qui a d’ores et déjà démarré aux USA, vous vous dites : “Il complotiste” parce que c’est la tendance et l’irrépressibilité de ce site étrange de plus en plus adapté à notre “étrange époque”. (Vous noterez d’ailleurs que, pour arriver au “stalinisme 2.0”, Orlov identifie l’étape intermédiaire d’une “révolution culturelle” de même facture.)

Mais que voulez-vous, c’est comme cela les nouvelles aux USA depuis des mois et des mois, voire des années, en augmentation exponentielle, comme un tsunami, – depuis USA-2016, me semble-t-il. Même Wall Street panique à la pensée d’une sorte de coup d’État bolchévique qui se profile si l’un des deux démocrates parmi les favoris, – Warren ou Sanders, – finissait par l’emporter en 2020, comme Lénine en Octobre 17.

L’endurance de l’évolution comme une révolution, la capacité de transmutation en un monstre toujours plus monstrueux de la crise intérieure, voilà la situation des USA, entre “stalinisme 2.0” et “‘révolution culturelle” à-la-Mao. Tout cela est un spectacle si stupéfiant que ni un Homère, ni un Dante ni un Shakespeare, gens de grande sagesse derrière leur grande connaissance de la folie humaine, n’aurait pu le concevoir. Peut-être, tout juste, l’énigmatique Général Robert E. Lee qu’on a récemment privé de statues pensait-il comme s’il le devinait, songeur et impénétrable, à ce destin affreux de la Grande République qui l’avait vaincu, à ce moment infiniment triste où il  remettait les outils de sa capitulation à son ancien subordonné, confondu de gêne et d’une si profonde estime contrarié, le Général Ulysse S. Grant, à Appomattox, un jour d’avril 1865.

Voyez-vous comme je bascule, d’un jour sur l’autre, – d’une terrible menace de la crise nucléaire post-FNI machinée par des fous de guerre, se déroulant selon un processus stratégique conduisant à l’impensabilité du conflit catastrophique ; à une folle menace complètement machinée par des idéologues emportés par un affectivisme débridé contre un monde devenu insupportable, et déroulée selon un processus psychologique conduisant à l’incontrôlabilité du désordre sans limites.

Quelle est la plus grave menace américaniste, la menace extérieure ou la menace intérieure ?

Quelle est la plus grave menace produite par ce monde devenu fou ? celle qui est rationnellement stratégique dans son déroulement, celle qui est rationnellement idéologique dans ses ambitions, et toutes deux aussi irrationnelles que le “déchaînement de la Matière” ? Quel est l’incendie le plus grave, la menace du feu nucléaire ou l’embrasement de la psychologie ? Je veux dire si l’on veut dire autrement, ne s’agit-il pas du même “feu dans les esprits”, comme disait GW Bush en se référant à Dostoïevski sans savoir de qui il s’agissait ?  (*)

Dostoïevski est bienvenu dans ce débat, naturellement ; lui qui, selon Mircea Marghescu (**), a dans son œuvre romanesque qui dépasse en la transcendant la littérature, révélé « le débat occulté entre l’homme traditionnel et l’homme moderne, entre les défenseurs de la tradition et les pionniers du progrès ». Depuis Les Possédés, le “déchaînement de la Matière” a fait son chemin et l’incendie a embrasé tous les esprits qui prétendent aujourd’hui conduire l’action de l’homme sur le monde et même contre le monde, tous ces “pionniers du progrès” emportés par l’incendie qui gronde dans leurs esprits.

Car si je mets en balance ces deux menaces, – celles que je nomme successivement menace extérieure et menace intérieure de l’américanisme, – si j’égrène les catégories de l’incendie, c’est pour le confort de la dialectique et la sûreté de l’argument. Car l’on sait bien  qu’au bout du compte c’est le même feu qui brûle dans tous ces esprits, que ce soit celui d’un Bolton ou celui d’une Elizabeth Warren ; c’est le feu du progrès, le feu de la liberté, le feu de la modernité, le feu qui rend fou... Les américanistes sont, à cet égard, les incendiaires patentés et assermentés de la modernité qui a embrasé le monde bien au-delà de ce que peut nous apporter le dérèglement climatique en fait de malédiction, – sinon à tenir, fort justement, le dérèglement climatique comme une production de la modernité et un enfantement de l’incendie de l’esprit, – au choix, complotiste ou contre-complotiste...

Ainsi mets-je tous les espoirs, finalement, dans la vigueur de cet “incendie dans l’esprit”, comme étant, – c’est un principe de la pyrotechnie comme simulacre de la combustion des incendiaires sur commande, – toujours plus grande lorsqu’on est proche du foyer que lorsqu’on s’en éloigne. L’isolationnisme de l’américanisme va dans ce sens, qui ramène tout au foyer, au cœur grondant de son exceptionnalité, et par conséquent je crois qu’on peut avoir l’espoir que l’incendie de l’esprit saura brûler l’esprit irrémédiablement perverti avant que celui-ci ne parvienne à allumer le feu nucléaire, que la menace intérieure dévorera l’américanisme avant la mise à feu de la menace extérieure de l’américanisme.

Mais à part ça madame la Marquise, bien entendu tout cela n’est que de la com’.

 

Notes

 (*) Sans doute a-t-on oublié la chose mais je crois que nous en reparlerons... La formule du “feu dans les esprits” a probablement été employée par ailleurs, outre G.W. Bush et Dostoïevski, mais c’est du premier citant sans doute le second que je la tire, à partir d’un excellent commentaire de Justin Raimondo du 21 janvier 2005, présentant le discours d’investiture de GW Bush du 20 janvier 2005 sous le titre : « W et Dostoïevski – George W. Bush est un homme possédé. » Voici quelques extraits du texte de Raimondo, en ayant à l’esprit que tout cela annonce ce qui se passe aujourd’hui, peut-être encore bien plus que le 11-septembre :

« “Parce que nous avons agi dans la grande tradition libératrice de cette nation, des dizaines de millions de personnes ont gagné leur liberté. Et comme l'espoir fait naître l'espoir, des millions d'autres la gagneront à leur tour. Par nos efforts, nous avons ainsi allumé un feu, un feu dans l'esprit des hommes. Il réchauffe ceux qui font confiance à son pouvoir ; il brûle ceux qui combattent le progrès qu’il apporte. Et un jour, cet incendie indompté de la liberté atteindra les coins les plus obscurantistes de notre monde.”
» Un feu, un incendie dans l'esprit, – sûrement, pensai-je, les rédacteurs de discours de Bush ne peuvent pas avoir inséré cette phrase sans en connaître l'origine littéraire. Il est tiré du roman de Dostoïevski ‘Les Possédés’... »
[...]
» C'est probablement le discours le plus inquiétant et même le plus effrayant jamais prononcé par un président américain. [...] Bush ressemblait plus à Trotski s'adressant à l'Armée rouge qu'à un président américain s'adressant à son peuple. Le ton militant, ouvertement idéologique, avait un air absolument bolchévique...
[...]
» ...George W. Bush est un homme possédé – et que Dieu nous vienne en aide si nous n'arrivons pas à le maîtriser. »

(**) Homunculus, Critique dostoïevskienne de l’anthropologie , de Mircea Marghescu, éditions L’Âge d’Homme, 2005.

L’homme de la com’

  mardi 03 septembre 2019

3 septembre 2019 – Il est bien difficile de se déprendre de l’empire exclusif d’un jugement catégorique ; pour ce qui concerne Macron, et pour ma part, il n’en a pas manqué ; et c’est d’ailleurs toujours le cas, je veux dire que ce jugement catégorique ne s’est pas complètement dissipé… Il est alors paradoxal d’examiner ses récentes activités avec un œil si indulgent, et envisager même des perspectives de bouleversements importants et créateurs pour disons “notre parti” sur cette question des relations entre la Russie et la France, celle-ci qui est devenue un sujet important ces deux dernières semaines, un sujet d’argumentation, de proclamation, de polémique, de désaccord c’est selon.

(Je ne parle pas ici des salons, des talk-shows et autres zombiesSystème qui ont fait de l’antirussisme le miel de leur intelligence toute entière saisie et pressée par l’affectivisme… Plus, divers privilèges, positions, renvois d’ascenseur et réputations, jusqu’au PC par terrorisation certes, mais l’affectivisme sans aucun doute et l’affectivisme en premier ; car l’affectivisme, cette curieuse maladie de l’esprit où l’émotion se fait prendre pour l’intelligence, l’affectivisme est bien là, j’en suis persuadé, et c’est leur façon d’être honnêtes avec eux-mêmes ; je crois qu’ils croient aux causes dont ils seront plus tard les premiers à déplorer les effets, cela pour citer par pur artifice analogique de grammaire un grand ancêtre qui fut souvent cité ces dernières années… Bref, ceux-là, aucun intérêt pour nous.)

(Suite)