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3 novembre 2025 (01H00) – Une des plus grandes qualités du philosophe russe Alexandre Douguine que nous citons si souvent par les temps qui courent, est bien d’être aussi peu philosophe que possible dans ses écrits à propos de ces temps-là. Les ‘Considérations inactuelles’ de Nietzsche sont devenues, avec Douguine, des considérations qui grondent d’une actualité brûlante. Ainsi prend-il à son compte ce constat surprenant de la part du porte-parole de Poutine, je veux parler du discret et mesuré Dimitri Pechkov qui pèse chacun de ses mots et m’a tant surpris par son exclamation de l’autre jour :
« Ce que nous n’avons jamais vu auparavant, c’est que les décisions sur des questions fondamentale changent en trois ou quatre jours, parfois même en un seul jour. Comment construire des relations pour le futur ? Comment signer certains documents ? »
Le philosophe Alexandre Douguine a donc compris ce qui fait de ces “temps qui courent” un phénomène insaisissable pour les commentateurs de profession qui s’acharnent jusqu’à l’essoufflement mortel de nous dessiner une vision relationnelle et mesurée de notre avenir. Il a découvert leur particularité essentielle par le biais de ses “considérations très-actuelles” sur le moins philosophe d’entre tous, – Donald Trump, bien entendu. Cette découverte n’est pas pour ajouter un laurier de plus sur le cuir chevelu de l’empereur mais bien pour nous indiquer que “l’empereur” est une illustration parfaite de son époque devenue folle et de l’impossibilité de la dompter av ec des caractères aussi faibles, – se crût-il même réellement “empereur”.
« De notre point de vue, son essence est insaisissable — il est à la fois une chose et une autre, son contraire. Cela est devenu sa norme, sa façon de faire... [...]
L’imprévisibilité de Trump va dans deux directions: il peut aller plus loin dans l’escalade ou plus loin dans la réconciliation. Son impulsivité, sa frivolité — qui, parfois, ressemblent à de la démence — sont évidentes. Celles de Biden étaient silencieuses; celles de Trump sont tapageuses. Mais il y a néanmoins une logique. [...] Son mouvement entre les pôles [MAGA de la droite-‘tradi’ et neocon de la gauche nihilisto-déconstructrice] n’est pas une simple spontanéité mais un algorithme. »
De quel algorithme parle Douguine ? Il a trouvé le secret de son Graal et la clef ouvrant l’explication et la compréhension de notre époque. Il a fait le lien entre la folie des événements courants dont Trump est une parfaite application et les plus fantastiques avancées de la science de l’éternité, de la physique devenue cosmologie pour nous indiquer, au travers de son développement de la mécanique et de la théorie quantiques, qu’il ne nous reste plus qu’à nous en remettre totalement et sans condition aucune à l’inspirateur de Dante Alighieri :
« L’impulsivité de Trump possède sa propre logique, comme celle de Prigogine dans la physique du chaos: le chaos est un ordre complexe. Poutine a parlé à Valdaï de la “philosophie de la complexité” d’Edgar Morin. Dans le monde quantique, Trump navigue bien — même si ce n’est pas la mécanique classique de Newton, mais un système non linéaire. Ses conditions aux limites sont plus larges que celles de Biden. Il est prêt à l’escalade tant que cela évite la guerre nucléaire. Biden, par russophobie, pouvait faire empirer la situation, tandis que Trump fait peut-être semblant d’être prêt à l’apocalypse. C’est un épicurien, un bon vivant, ni suicidaire ni fanatique, prêt à sacrifier les principes libéraux pour en tirer des avantages. »
Quelle étrange démarche pousse le philosophe des grandes envolées lyriques autour de la Sainte Russie, sitôt découvert le secret de cette époque de la démence quantique, de nous confronter à son principal utilisateur de cette façon si inattendue... En faisant du citoyen Donald Trump un citoyen somme toute ordinaire, et si en-dessous de tout soupçon, l’étant simplement pour des raisons aussi conventionnelles, d’un dévergondage et d’un libertinage si courants dans la bourgeoisie courante de notre chute et la pensée qui va avec – tout simplement, n’est-ce pas, parce qu’il est « épicurien, bon vivant, ni suicidaire ni fanatique ».
Trump ne mérite pas de définir et de réduire à lui seul son époque, tout comme cette époque ne mérite pas d’être ramenée et abaissée à Trump. Mais nous ne pouvons douter une seule seconde que Douguine ne se doute pas de cela ; au contraire, il le sait bien, mais lorsqu’il parle de lui (Trump) dans le cadre chaotique de l’époque quantique, c’est qu’il a quitté le cadre de la bienaimée Sainte-Russie pour tenter d’embrasser, dans le cours de tous les jours qui succèdent aux jours, l’amplitude foudroyante du désordre du monde ; d’ailleurs, et pour trancher le cours de ces interrogations sacrilèges, il lui suffit de faire appel à Poutine comme vis-à-vis de Trump :
« Le monde sombre dans le chaos, qui exige une pensée rapide. L’inconstance de Trump n’est pas une folie, mais une logique d’un autre ordre. La psychanalyse révèle des scripts dans le chaos. Pour une action efficace, il faut une diplomatie quantique — comme Poutine l’a dit à Valdaï — qui prend en compte les boucles rétroactives d’Edgar Morin. La résolution d’un problème en crée un autre — économique, idéologique ou religieux. Poutine gère ce chaos avec brio, suivant un algorithme complexe orienté vers la consolidation de la puissance, de la souveraineté et vers un monde multipolaire. Ses mouvements semblent non linéaires, mais ont du sens pour ceux qui les perçoivent. Trump est un chaos plus sauvage, mais lié à un algorithme... »
Mais encore : Poutine et Trump célèbrent-ils un mariage quantique fait pour tenter d’orienter le chaos quantique dans un sens que l’un et l’autre comprendraient ? N’est-ce pas plutôt, Poutine avec son sourire ironique et flegmatique et Trump sa pétulante et inculte vulgarité, la reconnaissance loyale d’une marée qui emporte tout et devant laquelle ils s’influencent l’un l’autre, chuchotant humblement au Créateur avec une irrésistible admiration : “Chapeau, l’artiste”.
Ils savent bien que la précipitation dans l’épisode quantique n’est rien d’autre que la marque grandiose de l’échec de l’espèce humaine de type américaniste-occidentaliste, sa déroute, sa débandade, la piteuse reconnaissance de son impuissance cosmique.
Pour une fois, les deux acteurs ‘Oxford Languages’ et Intelligence Artificielle sont d’accord sur le terme de ‘trolling’, comme activité intellectuelle principale, et subversive sinon invertie bien entendu puisque d’essence faussaire et diabolique, de l’époque en cours de sa folie tourbillonnante .
« Le trolling consiste à publier en ligne un message délibérément offensant ou provocateur dans le but de contrarier quelqu'un ou de susciter sa colère. “Si des gens font clairement du troll, je supprimerai leurs messages et ferai de mon mieux pour les bannir”. » (Oxford).
« Le trolling est l'acte de provoquer intentionnellement une réaction en ligne en publiant du contenu incendiaire, offensant ou perturbateur. Le but est de déclencher une dispute, de causer de la détresse ou d'obtenir une réaction, et cela peut aller d'une simple provocation à des attaques malveillantes. Les trolls utilisent souvent de faux noms pour éviter d'être tenus responsables de leurs actes.. » (IA)
Douguine emploie effectivement ce terme pour définir les conditions générales actuelles du monde où nous vivons. Il émet ainsi une hypothèse audacieuse, et pourtant fortement corroborée par de nombreux témoignages
« D’un certain point de vue, c’est du trolling — mais dans notre époque, presque tout est du trolling. Nous vivons dans un monde rapide, superficiel, où la vérification des faits a disparu. Les globalistes libéraux se sont approprié ce terme : leurs intérêts sont des «faits», tout le reste est «fake» ou relève d'une «théorie du complot». La vérification des faits elle-même est devenue un faux. Les gens sont déconcertés; exposer les flux d’informations n’a plus d’importance. Le projet Alaska–Sibérie, lancé par Trump et repris par Poutine, commence à vivre sa propre vie. Qu’il soit réel ou non, cela importe peu. Il dissout le système globaliste pour lequel un tel projet serait impensable
Les mêmes cycles courts se répètent. Trump a arrêté la guerre, est arrivé à la Knesset, a reçu des applaudissements, est reparti — et tout a été oublié. La guerre continue, les gens meurent comme si de rien n’était. Personne ne le remarque; ils tournent la page et passent au sujet suivant — disons, à Budapest. Dans ce monde, il n’y a pas de stabilité — ni paix, ni guerre, ni victoire, ni défaite. C’est un monde de cycles courts, de fragments, de clichés, de titres de journaux réarrangés dans un ordre aléatoire. Baudrillard a appelé cela la posthistoire — où le passé et l’avenir échangent leur place à travers des flux informationnels. Netanyahou déclenche de nouvelles frappes sur Gaza comme si c’étaient des anciennes — d’avant le cessez-le-feu — et tout le monde acquiesce. Nous vivons dans un monde de discours. La vérification des faits devient absurde — cela prend trop de temps ; les gens oublient. Il faut, comme faire du surf, chevaucher les vagues des campagnes d’information vers son propre objectif, sans se laisser distraire. »
... Dans cet extrait d’une réponse de Douguine à une interview, faut-il bien lire “chevaucher les vagues... vers son propre objectif” ? N’est-ce pas plutôt “chevaucher les vagues... vers leur propre objectif”, supposant et sous-entendant ainsi que ces “vagues des campagnes d’information” répondent à un événement supérieur (à elles-mêmes et aux êtres humains, notamment ceux qui dispensent ces informations) ? (“Chevaucher les vagues”, n’est-ce pas similaire au ‘Chevaucher le tigre’ de Julius Evola ?) Le philosophe descendu dans la rue des événements courant comme des fous échappés de leurs asiles ne doit-il par répondre à l’observation et à l’objurgation de Finkielkraut, et ainsi s’exécuter (Douguine s’y emploie) :
« Il est donc nécessaire, inévitable de mettre la pensée à l’épreuve de l’événement et la tâche que je m’assigne, ce n’est plus la grande tâche métaphysique de répondre à la question “Qu’est-ce que ?” mais de répondre à la question “Qu’est-ce qu’il se passe ?”... » ?
Le nouveau monde est “quantiquement” eschatologique, – c’est-à-dire eschatologique d’une manière qui s’accorde à la physique quantique et, par conséquent, à une vision totalement bouleversée et fragmentée des événements qui le parcourent en tous sens, à la manière décrite par le porte-parole Dimitri Pechkov. Le philosophe lui-même s’y laisse prendre et il me semble bien que nous avons affaire à une de ces “visions de Douguine”, percevant brusquement, d’une voix au moins aussi altérée que celle du porte-parole Dimitri Pechkov, un événement qui serait un “Trolling de l’effondrement” en train de se produire à la manière d’un gigantesque tsunami, de la sorte que provoquerait l’explosion nucléaire du missiles sous-marin ‘Poséidon’ à une cinquantaine de kilomètres de la côtes Est des Etats-Unis.
Voici donc la dernière “vision de Douguine”. On peut y croire ou bien en rire puisque nous sommes comme des fous échappés de nos asiles et pris d’une agitation sans le moindre sens, établissant dans le ‘trolling’ de la réalité une sarabande-quantique que le Diable ne détesterait pas... Charles Trenet parlait plus modestement, mais l’esprit est le même sinon simplement encore mal et trop peu accompli, de « La java du Diable », juste au moment où elle cessa ; bref, “trolling” du satanisme poussé à son extrême de l’effondrement :
« Puis un jour tout d’vint tranquille
» On n'entendit plus d’java
» Dans les champs et dans les villes
» Savez-vous pourquoi ?[...]
» Parce que le Diable s’aperçut
» Qu’il n’touchait pas de droits d'auteur
» Tout ça c’était d’l’argent d’foutu
» Puisqu’il n’était même pas éditeur
» Tout ça c’était d’l’argent d’foutu
» Puisqu’il n’était même pas éditeur.[...]
» Allez, remportons notre musique
» Et retournons en enfer. »
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L'IA remplace l’homme alors que l’Occident approche de sa fin. Alexander Douguine avertit que l'humanité fait face à un effondrement imminent alors que l’IA, la guerre génétique et la chute du Sacré marquent la dernière descente de l’Occident.
La fin de l'humanité pourrait être plus proche que nous ne le pensons.
Le 27 octobre, d’un simple clic, Elon Musk a remplacé l'encyclopédie en ligne Wikipedia libérale-globaliste (qui a mis 25 ans à se construire) par la Grokipedia neutre, tandis que Jeff Bezos a remplacé 300.000 employés d’Amazon par l’intelligence artificielle. De plus, Musk a préparé une armée de robots, dont l’apparition sur les champs de bataille est attendue pour le printemps prochain. Les cyborgs et les animaux modifiés artificiellement sont déjà en développement. Demain, ce seront les humains eux-mêmes qui seront modifiés.
Guerre et paix évoluent à une vitesse fulgurante.
La recherche génétique a fait de la société une cible facile pour un génocide massif — possiblement avec une composante ethnique. Des armes ethniques ont été créées et pourraient être utilisées à tout moment.
Le contrôle mental a atteint des sommets sans précédent, et la virtualité remplace la réalité.
Je crois que la convergence de ces menaces pourrait conduire à un effondrement total — non pas sur plusieurs décennies, mais dans les années à venir.
Selon les prévisions statistiques, un effondrement est beaucoup plus probable que la poursuite des tendances actuelles sous quelque forme que ce soit.
Le libéralisme était la dernière idéologie à préserver le statu quo, mais il s’est avéré totalement nihiliste et destructeur, et il s’est effondré. S’y accrocher est inutile. Il a largement provoqué cette situation lui-même.
Tout a commencé avec la perte du Sacré. L'humanité a annulé Dieu. Au début, au nom de l’homme. La religion a été remplacée par la philosophie et la science. Puis l’homme lui-même est entré dans une crise: la philosophie s’est effacée, et la science est devenue la servante de la technologie. L’homme a commencé à se désintégrer en fragments. Transgenres, transespèces (furries, quadrobers, chimères), transethnies, et enfin, transhumanisme. L’homme est devenu une question de choix.
Il ne faut pas se faire d’illusions: la fin est à portée de main. Pour l’éviter — ou même pour la retarder — nous devons identifier la racine du problème. C’est, en essence, le but de l’Occidentologie. C’est une carte qui permet de saisir la nature de la Modernité occidentale. L’Occident en tant que tel, et surtout la Modernité occidentale, est responsable de tout ce qui arrive à l’humanité.
L’Occident n’est pas seulement un concept géographique mais aussi une limite historique. Hegel a écrit que l’histoire se déplace d’Est en Ouest. Cela signifie du début à la fin. L’Occident est un phénomène eschatologique.