Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

Backpédaler en zig-zag dans les virages en pente

  jeudi 12 avril 2018

12 avril 2018 – Ayant l’esprit plein des bruits d’attaque contre la Syrie, je consultai hier matin mes quelques sites coutumiers. Parmi ceux-ci, il y a, comme chacun le sait bien à la lumière de mes fermes convictions, le site WSWS.org. Je connais, par habitude journalistique, les classements de l’importance des nouvelles selon la mise en page. Grande fut ma surprise de voir les nouvelles sur la Syrie rétrogradées en seconde catégorie, à peine visible dans le lot général... La vedette revenant à Zuckerberg, – avec photo et cravate inhabituelle, il est en train de s’agenouiller devant le Congrès et de s’ériger lui-même, en se battant la coulpe, en impitoyable censeur qu’il aurait dû être dès l’origine. Quand on a la fibre démocratique, messieurs les sénateurs, rien n’y fait.

A côté de cette “manchette”très postmoderne-grinçante (WSWS.org ne peut pas sentir les jeunots de GAFA & Cie), il y avait l’article d’analyse de fond quotidien. Je crus y voir la Syrie, titre et premiers mots pouvaient faire illusion (titre « The noose tightens around Trump », premiers mots « The extraordinary events of Monday... »), – pour m’apercevoir aussitôt que non, pas du tout, qu’il s’agit du raid du FBI dans l’appartement de l’avocat de Trump, Michael Cohen, qui met le président dans une situation extraordinairement dangereuse, pour différentes raisons, différents documents, différentes magouilles, peu importe ; au bout du compten, le constat d'une perquisition brutale qui en dit long (je laisse en anglais, c’est plus savoureux : « The use of tactics against a sitting president normally reserved for mafia dons or alleged terrorists... »). L’édito du NYTest lugubre : « The Law Is Coming, Mr. Trump » ; même pas du “Mr. President”, la haine exsude de ce titre si poliment glacial. Au milieu du texte de WSWS.org, ceci, cette ligne :

« Ils tiennent Trump à la gorge, et Trump le sait... »

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Leur “devoir de mémoire”

  lundi 09 avril 2018

9 avril 2018 – Le 22 mars 2018, le pathétique Sarko venait sur TF1 clamer son indignation et brandir son honneur bafoué sur TF1, interrogé par Gilles Bouleau. Lorsqu’il fut question de l’intervention française en Libye, qui entraîna le reste (l’OTAN, les USA, la très-honorable “communauté internationale”), Sarko utilisa divers arguments à la fois impératifs et pleins d’honorabilité diverses comme on met de la confiture sur ses tartines, dont la nécessité de défendre Benghazi contre la terrible menace de Kadhafi d’y faire couler “des fleuves” de sang. C’est là effectivement qu’il fut pathétique, Sarko : “Vous vous rendez comptes, monsieur Bouleau, des fleuves de sang ! Des fleuves de sang !”. Cette répétition de l’expression “fleuve de sang” dite en roulant des yeux terribles me sembla être l’expression de ce qui devait être le sommet de la pensée stratégique et de la vision géopolitique, voire métahistorique de cet ex-président-là, qui eut tout de même la retenue et le sens du devoir dus à sa fonction de ne pas identifier le fleuve. (Le Nil ? L’Amazone ? Le Gange ? Comme on sait, ce “détail” à la-Le-Pen est toujours classé “Secret-Défense” ; on est ex-président et on sait se tenir, mes chers concitoyens.)

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La bataille du rail

  samedi 07 avril 2018

7 avril 2018 – Je vous l’avoue, grands-amis lecteurs, la grande bataille en cours en France ne me passionne guère. (Ou dois-je écrire cela au passé ? On verra plus loin.) Peut-être ai-je tort et d’ailleurs je ne prétends aucunement avoir raison. Simplement, je cède à la honte d’être Français et citoyen de ce pays qui n’a cessé de se mettre toujours au plus bas ces dernières années, jusqu’aux abysses de la médiocrité, au Mordor furieux du non-Être qui se permet de souffler comme une forge, comme s’il n'“était” autre chose que du rien...

Mais bon, peut-être me trompe-je, – pour ce qui concerne “la bataille du rail” en cours notamment, dont je me disais qu’il y en avait eu de plus glorieuses, – mais là aussi, brusquement, incertitude à propos de ce jugement, hésitation soudain...

Les dernières 24 heures m’ont donc fait m’interroger. (Inutile de vous dire, si me venait l’idée d’en parler comme je l’écris présentement, de quel côté je me trouve, je dirais objectivement, avec une certaine distance mais sans hésitation, par l’évidente force des choses.) Hier, je me baladai, dix minutes par-ci un quart d’heure par là sur les réseaux TV-info, pour m’arrêter plus longuement au “Débat” de LCI, de la vénérable Arlette Chabot, avec Soarig Quéméner, jeune femme charmante qui dirige la politique à Marianne, et Jean-Sébastien Ferjou, directeur d’Atlantico. J’avais déjà vu ces deux-là à l’une ou l’autre occasion, notamment durant la campagne présidentielle, et les avait mis un peu en-dehors de l’insupportable classe des bobardiers-Système qui pullulent en France où la presseSystème montre un zèle souvent à la mesure de la Grande Nation, – un “zèle d’exception”... Dans le cas présent, le “débat” dont je parle c’était plutôt un chœur à l’unisson.

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Tourbillon crisique-46

  jeudi 05 avril 2018

5 avril 2018 – L’hégémonie des États-Unis d’Amérique est à la fois totale et incontestable, totalitaire et au-dessus de tout argument. Eux seuls agissent avec un zèle exceptionnel dans le cadre de la seule mission qu’il soit désormais possible d’exécuter officiellement, la seule qui ait l’aval méprisant du Système dont ces mêmes États-Unis d’Amérique sont l’esclave obligé, totalement sous sa dépendance. Cette mission, certes, c’est la recherche zélée, fiévreuse, pressante, im-monde et sublime, de l’entropisation du monde. Leurs moyens en sont la mesure : énormes, anarchiques, incroyablement corrupteurs et formidablement gaspillés ; leur politique en est l’illustration : confuse, absurde, sans aucun sens et dans tous les sens pourvu qu’elle brise ; leur communication en est le véhicule : simulacre sur simulacre, et même simulacre de simulacre, où les mensonges finissent par ne plus signifier que le vide d’un cercle vicieux débarrassé de son contenu, et par conséquent se dissolvant par absence de contenu. (Leur simulacre-mensonge comme banc d’essai de l’entropisation du monde.) 

Mais il reste et il y a la direction politique, humaine-trop-humaine, absolument corrompue et déstructurée qui, brusquement, dans une inversion d’elle-même inattendue même pour elle-même, met en cause jusqu’à la délégitimer et à la mettre en pièces une si superbe dynamique. Elle s’est choisie un président si fantasque et si inculte, si changeant et si narcissique, si vide de tout projet et de tout concept, si pétulant et avide de propositions-surprises lancées à la vitesse d’un échange Borg-McEnroe de Wimbledon-1980, que ce nommé-Trump est enfin parvenu à s’établir au cœur du tourbillon crisique comme le maître de l’inversion et du paradoxe cosmique.

Même s’il l’ignore, il a trouvé, Trump, sa formule stratégique : il entropise la dynamique d’entropisation. Ainsi la surpuissance se trouve-t-elle entraînée de plus en plus vite au rythme d’une valse folle avec son partenaire désormais impératif-dominant et qui mène le bal, qui a nom “autodestruction”.

Cela, c’est le cadre général, dans une période d'une bonne grosse semaine, de bonne cuvée sans nul doute, entre le championnat des sanctions antirusses qui se poursuit et le manège scintillant des variations de la politique syrienne de “D.C.-la-folle” où les changements d’orientation vont à la vitesse du même échange Borg-McEnroe dont je parlai plus haut, lorsque le tennis avait encore figure humaine ; et enfin, ceci que j’allais oublier, comme autre facteur d’excitation des esprits enfiévrés, les bruits d’effondrement financier qui continuent à nous interpréter l’Ouverture de Tannhäuser.

Le reste se divise en deux castes. La première, qui ne la reconnaîtrait, se trouve dans les tenants de la servitude volontaire peinturlurée aux diverses tendances du jour, qui goûtent les délices de l’asservissement postmoderne comme on fait relâche à Capoue, en attendant que le ciel leur tombe sur la tête. Je parle de ce que l’on avait coutume de nommer “civilisation européenne” ...

La civilisation européenne se termine en funèbre et folle farce dansante, comme les rats qui suivent le joueur de flûte de Hamelin, imbue d’elle-même, insupportable à cause de son bâfrement à la moraline nietzschéenne, presque émouvante à force de cette intelligence bêtifiée jusqu’à l’infantilisation, la civilisation européenne terminale dans une sorte d’Alzheimer réduite aux acquêts des enfants trouvés et abandonnés. Pauvre Europe dirais-je plein de compassion, en souvenir de la grandeur qu’elle fut, comme Bigeard écrivant à ses hommes sur un bout de papier héroïque et froissé l’ordre de capitulation de son 6meBataillon de Parachutistes Coloniaux à Dien Bien-Phu : “Pauvre para, pauvre Six”. 

Les autres font de la résistance sans illusion ni forfanterie parce qu’à avoir de si médiocres adversaires on se trouve soit mêmes un peu éprouvé ; mais avec un succès grandissant, transformant la technique “faire aïkido” en percées à-la-Patton où “D.C.-la-folle”, totalement accro au Système qui l’aveugle, n’y voit que du feu. On a vu et bien vu, par contre, Erdogan-Rouhani-Poutine agir hier de la sorte, jouant avec la Syrie comme s’ils en étaient les ordonnateurs et les organisateurs, – et ils le sont en vérité. Là-dessus, je manquerais à mon devoir d’oublier le formidable Xi avec son pétroyuan, veillant derrière ce beau monde, dans la position de ce verrou cosmique du jeu qu’est l’arrière.

(Je parle en termes de rugby : en rugby, l’arrière est l’homme-clef qui peut briser, en dernier rideau, les plus terribles offensives et pourtant marquer un déluge de points qui font la victoire ; et ma nostalgie de rappeler à votre mémoire le titanesque Don Clarke, 1,88 mètre et 110 kilos, avec son “un coup de pied phénoménal” et des placages de légende, qui marqua 781 points lors de ses 89 matches avec les All Blacks dans les années 1950-1960.)

Soufflez un peu et appréciez un très court instant, quelques heures ou quelques minutes de brise légère entre deux ouragans crisiques, juste le temps de conclure pour le temps présent... L’esprit est là, qui vous suggère la profonde et irréfragable vérité : non seulement le tourbillon crisique règne, mais il mérite désormais, lorsque l’occasion le désigne, le surnom de “tourbillon cosmique”. Les Temps Exceptionnels approchent.

Le silence du poison

  lundi 02 avril 2018

2 avril 2018 – Voici quelques observations intéressantes de l’ambassadeur de la Fédération de Russie à Washington D.C., capitale des États-Unis d’Amérique et “D.C.-la-folle” pour les amis et entre intimes. Anatoly Antonov était interviewé par la chaîne ABC... Voici quelques-unes de ces observations, un peu en vrac et qu’importe, parce qu’au contraire ce qui importe c’est l’atmosphère dont sont imprégnées ces paroles qui importe. (Le texte est repris un peu partout, vous pouvez aller voir ZeroHedge.com comme TheDuran.com.)

« “Il me semble que l'atmosphère à Washington est empoisonnée – c'est une atmosphère toxique... Cela dépend de nous tous de décider si nous sommes en temps guerre froide ou pas, mais ... je ne me souviens pas d’une situation aussi catastrophique de nos relations.”

» “Il existe une incroyable méfiance entre les Etats-Unis et la Russie... On dirait que la Russie est aujourd'hui responsable de tout, même du mauvais temps”. “Il est grand temps que nous arrêtions de nous blâmer les uns les autres, il est grand temps que nous entamions une véritable conversation sur de vrais problèmes.” »

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“Parole contre parole” (suite)

  samedi 31 mars 2018

31 mars 2018 – M’étant engagé sur la voie du compte-rendu du vol hollywoodien et abracadabrantesque de deux JSF (F-35I) israélien en tournée promotionnelle au-dessus de la Syrie, de l’Iran et de quelques autres, je poursuis dans ces colonnes en apportant des précisions, cette fois sur un ton plus sérieux , plus comment dit-on, – “professionnel” ? En commençant par ce jugement qui servira à la fois d’introduction et de conclusion : pure FakeNews, grossier FakeNewsisme.

Il y a eu un écho assez retenu de cette affaire dans la presseSystème, comme si l’on sentait le terrain un peu glissant. Le Times de Londres a recopié sa copie, les journaux et organes juifs hors-Israël et pro-israéliens ont suivi de la même façon. On se demande pourquoi Veterans Today, qui fait profession d’un solide “antiSystémisme”, a repris intégralement le même texte... Deux textes ont publié la nouvelle en l’assortissant d’une critique extrêmement vive, qui renvoie la chose au FakeNewsisme. Le site SouthFront.org du 30 mars 2018 et, surtout, The Avionist du 29 mars 2018. (The Avionist n’est pas à proprement antiSystème dans le sens politique, et notamment il n’est pas spécifiquement/“politiquement” anti-JSF, mais il est très professionnel dans ses jugements sur les technologies de l’armement dans le domaine de l’aéronautique.) De tout cela, j’apporte quelques précisions inédites, venues surtout des antiSystème comme on le comprend, aussi bien que de sources personnelles.

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Parole contre parole

  vendredi 30 mars 2018

30 mars 2018 – Il faut dire, elle tombe bien cette nouvelle selon laquelle deux F-35 (JSF) de l’Armée de l’Air israélienne se sont baladés dans les cieux de Syrie, d’Iran et d’Irak, absolument incognito, même pas effleuré par la moindre onde-radar (surtout pas russe, les amis, parce que les radars russes sont alimentés par une nouvelle source d’énergie, dite “Skripal/Novichok”, dont le renseignement britannique vient fort à propos de mettre à jour la formule pour mieux la neutraliser).

(Pour notre/votre information, voir la nouvelle sur les JSF israéliens, largement développée, sur ZeroHedge.com et sur laquelle je reviendrai plus loin. ZeroHedge.com la prend pour du comptant, montrant en cela une audace considérable qu’on a déjà remarquée, par exemple lorsque ce site prestigieusement sérieux a repris sans le moindre froncement de sourcil la nouvelle concernant la fortune de Poutine, l’homme le plus riche du monde [$200 milliards].)

Il est vrai... Il faut avouer qu’il est fort sympathique de disposer d’une nouvelle arme “invisible”, indétectable, absolument stealthycapable de tout faire sans que vous, pékins ignares, n’en voyiez, entendiez ni sachiez quoi que ce soit. Le journal koweitien qui annonce la nouvelle nous donne d’autres précisions fructueuses et goûteuses : « Les sept F-35 en service actif [israélien]ont déjà effectué un certain nombre de missions en Syrie et sur la frontière entre la Syrie et le Liban. Il est mis en évidence que ces avions de combat peuvent aller d’Israël en Iran deux fois de suite sans ravitaillement... » Il paraîtrait qu’on pourrait même faire des barbecues à bord et effectuer en un seul vol in-dé-tec-ta-ble (ce pourquoi nul ne le sait) une seule attaque qui liquiderait Kim à Pyong-Yang, Khamenei à Teheran et Assad à Damas, – et peut-être même Poutine en Crimée... (Peut-être bien même que ces trois/quatre-là n’existent déjà plus, liquidés sans qu’eux-mêmes le sachent par les furtifs guerriers.)

Conversation avec les “forces suprahumaines”

  jeudi 29 mars 2018

29 mars 2018 – Comme souvent sur ce site, lors d’une analyse de fond où nous adoptons le point de vue de la métahistoire, il est, selon “notre point de vue” (formule consacrée), question des limites voire de l’impuissance de l’action humaine dans les évènements en cours. Bien entendu, cela rejoint une conception que je n’ai cessé de cultiver depuis plusieurs années, et de manière structurée depuis ce que je nomme “l’intuition de Verdun”, qui a débouché sur le livre Les Âmes de Verdun où je la présente sous une forme à la fois exploratoire, “opérationnelle” et symbolique, – là où d’autres y verraient tourisme historique, rien de plus...

Avant-hier encore, cette conception était abordée dans l’article sur “notre méthodologie schizophrénique”, notamment dans le chef de ce passage, – assez long, on m’en excusera, mais placé dans le texte en exergue pour attirer l’attention et susciter la réflexion.

« Chaque jour qui passe, chaque nouvelle crise qui s’installe dans le “tourbillon crisique” qui définit la situation du monde, confirme et confirme encore que la cause de cette grandiose et furieuse époque de désintégration du monde est nécessairement de forme et d’essence suprahumaine. L’énigme est à ce niveau, à cette forme de manifestation de puissance hors de portée de l’action et de l’explication de l’esprit humain.

» Nous ne cessons pas d’en revenir sempiternellement à ce constat, sans pour autant apporter quelque élément que ce soit qui puisse ressembler à une explication accessible à la raison, – et pour cause d’ailleurs, puisque nous savons bien que l’énigme est ce qu’elle est à cause de notre incapacité de la percer à jour avec les instruments disponibles dans la réduction au seul esprit tel que nous croyons trop souvent qu’il est. Nous ne cessons pas d’en revenir sempiternellement à ce constat qu’il faut ouvrir notre esprit à l’intuition dans l’attente d’en obtenir quelque lumière ; car cette lumière, nécessairement, éclaire parfois et éclairera encore ce que nous nommons des vérités-de-situation, parcelles d’une Vérité d’au-delà de l’humain qui est seule capable de rendre compte des fondements, des ambitions et des projets d’une telle époque de déchaînement métahistorique, pour enfin ouvrir une porte à ce qui doit suivre, au-delà de la catastrophe. »

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Le crépuscule de l’ombre

  samedi 24 mars 2018

24 mars 2018 – Le fondement de la brève mais essentielle interrogation qui sous-tend cette courte réflexion est que, voyez-vous, je pense et crois de toutes les fibres de mon être qu’Emil Cioran n’a pas tort, et même qu’il décrit une vision fondamentale et fondamentalement véridique lorsqu’il écrit les quelques lignes qui suivent. (Il faut savoir qu’elles sont extraites de son Précis de décomposition publié en 1949, – son premier livre écrit en français ; cité ici à partir du volume de La Pléiade, « Cioran, Œuvres », p. 61.)

« Nous sommes en droit d’imaginer un temps où nous aurons tout dépassé, même la musique, même la poésie, où, détracteurs de nos traditions et de nos flammes, nous atteindrons à un tel désaveu de nous-mêmes, que, las d’une tombe sue, nous traverserons les jours dans un linceul râpé. Quand un sonnet, dont la rigueur élève le monde verbal au-dessus d’un cosmos superbement imaginé, quand un sonnet cessera d’être pour nous une tentation de larmes, et qu’au milieu d’une sonate nos bâillements triompheront de notre émotion, – alors les cimetières ne voudront plus de nous, eux qui ne reçoivent que des cadavres frais, imbus encore d’un soupçon de chaleur et d’un souvenir de vie.

» Avant notre vieillesse, viendra un temps où, rétractant nos ardeurs, et courbés sous les palinodies de la chair, nous marcherons mi-charogne mi-spectre... Nous aurons réprimé – par peur de complicité avec l’illusion, – toute palpitation en nous. Pour n’avoir pas su désincarner notre vie en un sonnet, nous traînerons en lambeaux notre pourriture, et, pour être allés plus loin que la musique ou la mort, nous trébucherons, aveugles, vers une funèbre immortalité... »

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Le F-35 Monad face au USS Leibnitz : l’Unité suprême

  dimanche 18 mars 2018

18 mars 2018 – Ceci ne vous apprendra rien de nouveau mais il est intéressant de mettre en confrontation amicale mais totalement impuissante deux systèmes spécifiquement développés pour opérer l’un avec l’autre, et qui ne marchent ni l’un ni l’autre pour les opérations conjointes envisagées.

Tout le monde devrait bien savoir que le premier porte-avions de la classe USS Gerald Ford (100 000 tonnes, bien plus de $20 milliards l’unité sans qu’on puisse déterminer un prix précis) possède un système d’opérationnalisation des avions embarqués (catapulte et barrières d’arrêt) qui ne fonctionne pas. Tout le monde sait bien que le modèle d’avion embarqué qui doit équiper les porte-avions US désormais est le F-35C (*),version embarquée du JSF/F-35, et qu’il n’est pas dans l’état actuel des choses apte aux opérations embarquées selon les pilotes de l’US Navy. (Pour approcher la vérité-de-situation fiscale, je dirais que le prix actuellement débattu selon les impératifs de communication du temps du F-35C (*), que je fixerais arbitrairement mais presque précisément, se situerait selon ma vieille calculette à autour de 180-220 $millions l’exemplaire.)

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Le ballon rouge dans un miroir russe

  vendredi 16 mars 2018

16 mars 2018 – L’étonnante et élégante volte-face d’un Macron aussi léger qu’une plume du cul d’un moineau entendant soudain une grosse détonation ressemblant à quoi, – à un pet ou à un rot, qui sait le Quai d’Orsay enquête, –  du président Donald Trump ; passant, Macron, du “Attendons les résultats de l’enquête” pour savoir ce qui s’est passé à “l’attaque dégoûtante“ de la Russie ; cette volte-face, donc, est un élément parmi d’autres d’un feuilleton en folie tournant autour de “l’affaire du poison” (à ne pas confondre avec “l’affaire des poisons” de la Montespan). Cela vaut au Français-jupitérien, version A la Samaritaine, une médaille de bronze en chocolat de la marionnette la plus rapide à valser dans l’actuelle tragédie-bouffe. “Marionnette” de “D.C.-la-folle” ? “Est-ce bien sûr ?”, comme on dirait “L’ai-je bien descendu ?”.

On va trop vite en besogne en disant cela, on se croit encore aux temps ordonnés de l’Empire-majestueux qui suivait sa feuille de route et contrôlait l’alignement du personnel, de la basse-cour et de l’arrière-cuisine. On est bien trop occupé, à “D.C.-la-folle”, à naviguer de “coup d’État” en “purge” dont on ne sait s’il y a seulement un manipulateur-comploteur à la barre.

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Tourbillon crisique-45

  mercredi 14 mars 2018

14 mars 2018 – La vitesse de l’embrasement surprend toujours par son accélération chaque fois plus forte. Cette fois, cette accélération tourbillonnante, au cœur de ce tourbillon crisique dont nul ne sait où il mène sinon dans un Trou Noir au-delà d’où on ne sait rien, passe tout ce qu’on a connu.

Trois situations crisiques permanentes ont brusquement et parallèlement éclaté dans un nouveau paroxysme, en une seule journée. Elles paraîtraient volontiers coordonnées à ceux qui y voient le lien des manigances d’une organisation rationnelle ; elles nous paraissent beaucoup plus simplement mais irrésistiblement jaillir conjointement à partir d’une tension extrême que des forces supérieures font peser depuis si longtemps, et en constant crescendo, sur la situation générale en établissant ainsi un lien d’enchaînement psychologique. « Je ne vois aucun terme normal qui puisse satisfaire à la description de tout cela », observe Lavrov.

Il y a la “crise du poison”/UK (l’espion Skripal), qui voit la montée aux extrêmes ; hystérique et incontrôlable du côté UK avec ultimatum à la Russie, et cette fois avec la Russie proche de ne plus freiner. La Syrie est toujours brandie comme au bord d’un nouveau paroxysme, cette fois avec une possibilité d’attaque US et l’annonce officielle d’une riposte russe proche d’être assurée dans ce cas. La “crise du chaos” courante à Washington, “D.C.-la-folle”, connaît un nouveau paroxysme avec le limogeage de Tillerson puis d’un de ses adjoints du département d’État, et des remous importants dans l’équipe de sécurité nationale du Président ; elle porte la marque d’un Trump toujours insaisissable, toujours imprévisible, et cette fois en phase de turbo-activisme... A Washington même, aujiurd'hui, dans cette séquence, tout peut se passer.

Malgré l’importance provocatrice qu’on accorderait aux agitations démentes de nos directions dont l’existence semble se nourrir voracement à la rhétorique la plus extrême, l’essentielle nouveauté est le durcissement russe. « On n’adresse pas un ultimatum de 24 heures à une puissance nucléaire », a dit hier la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Maria Zakharova. TheDuran.com observe : « Il s’agit seulement d’une spéculation (erronée, espérons-le !!), mais en se référant aux discours de Poutine du 1er mars sur l’état de la nation, avec les tests opérationnels du missile Kinzhal et les révélations faites par le président Poutine sur d’autres systèmes d’arme très avancés, autant qu’à la situation britannique et désormais qu'à la situation syrienne, il apparaît que la Russie, bien qu’elle veuille éviter l’affrontement, semble admettre qu’il devient inévitable. »

La véritable inconnue de cette phase crisique exceptionnelle de paroxysme reste tout de même la situation washingtonienne. Les menaces US contre la Syrie viennent de Haley, à l’ONU, et l’on ne sait à qui elle obéissait (à Tillerson le partant ? A Pompeo qui le remplace ? A Trump lui-même ? Ou bien à personne, agissant de son propre chef ?). Sur la “crise du poison”/UK, la position US est incertaine et varie selon la source consultée, certains allant jusqu’à dire que le renvoi de Tillerson a été brusqué et rendu très brutal à cause de son soutien affirmé à 100% à la thèse et à l’action britanniques.

Cette phase dramatique et tragique est à l’image de Trump, l’homme qui a imposé cette descente dans le chaos et dans les situations de tous les risques, d’affrontement et d’effondrement, – elle est insaisissable et imprévisible. Elle est une répétition ou bien elle est la réalisation de l’acte final de la Grande Crise d’Effondrement du Système. Plus que jamais à l’extrême incandescent de ce processus, nul ne sait s’il s’agit d’une finalité d’une part, nul ne sait la forme que prendra cette finalité si c’est le cas d’autre part.

D’une façon générale et à cause de plusieurs éléments, dont l’extrême médiocrité de nombre des acteurs humains n’est pas le moindre, nous sommes dans une situation bien plus grave que lors de la crise des missiles de Cuba de 1962. Bien peu de gens, dans le vaste public du monde, le réalisent ; peut-être, d’ailleurs, dans ce climat d’inversion totale de la culture, bien peu de gens, dans le vaste public du monde, savent ce que se passa en octobre 1962...

L’espion et le XXIème siècle

  mardi 13 mars 2018

13 mars 2018 – Ils ont donc une nouvelle affaire d’agression russe par des matières toxiques, ce qui semble être la méthode favorite (des Russes) pour correspondre parfaitement au scénario prévu, avec indignation et déclaration de guerre comprises, sans supplément et hors-taxe en plus. L’attaque individuelle au poison, ou au gaz, ou à un truc de ce genre, vaut assez bien dans la galerie des simulacres par son rapprochement avec les attaques chimiques montées par les divers gredins qu’on connaît pour avoir l’argument d’une attaque contre Assad, par son rapprochement aussi avec les armes de destruction massive (chimique également) de Saddam qui, après-coup, furent découvertes en quantité astronomique et justifièrent totalement l’attaque comme chacun devrait le savoir au creux de son cœur puisque ni “D.C.-la-folle” ni le bloc-BAO jamais ne mentent ni ne se trompent.

Juste une série de simulacres qu’il faut avoir à l’esprit lorsqu’une affaire comme celle qui nous occupe passagèrement, d’un piètre intérêt pour mon goût et que je ne fais que signaler en passant, celle de l’espion-agent double dit-Skripal se présente, qui doit prendre sa place dans le Grand-Simulacre, et cette série, voyez-vous, comme un chapelet de pets de lapin sur une toile cirée si vous voulez, aussi fuyant, aussi insaisissable, et par conséquent saluée à grands bruits et à grands frais par les moralistes du XXIème siècle (voir plus loin). Quand même, cet entêtement à faire des montages avec des trucs au gaz, au chimique, au poison, tout cela finit par révéler chez le patient qui en fait si grand cas jusqu’à lancer des ultimatums (les SR-BAO, leurs innombrables petites mains et l’une ou l’autre Première Ministre de Sa Très-Gracieuse Majesté), comme le produit d’une sacrée frustration qui intriguerait le docteur Freud.

(Suite)

Les Âmes de retour

  lundi 12 mars 2018

12 mars 2018 – L’idée m’en est venue sans préméditation, sans planification, sans machinations, l’esprit simple si l’on veut : rééditer le texte des Âmes de Verdun, qui avait paru une première fois en 2008 dans l’écrin d’un superbe appareil de photos. C’est chose faite, par la filière Amazon-Kindle, depuis ce jour.

Je ne sais pas comment se présente exactement dont je parle ici dans sa forme ; je ne l’ai pas encore eu en mains et je sais désormais par expérience qu’il y a toujours des anicroches, des bavures ici ou là ; peut-être n’y en aura-t-il pas cette fois, – ainsi va la publication dans ces temps étranges... Quoi qu’il en soit, je tenais à vous annoncer cette parution, amis lecteurs, parce que ce livre me tient tant à cœur et qu’il m’était d’une grande souffrance que nous en soyons restés à un certain échec de la vente de l’album qui avait tant de mérites. Désormais, il y a cette deuxième édition. Je ne me fais guère d’illusions sur son destin, mais je ne suis pas là pour vous parler d’illusions ; qu’importe son destin, leurs destins, – je parle de ces divers livres qui démarrent à partir du site, – tant que je le pourrais je continuerais sur cette voie.

De la “psychologie fatiguée” de Justin

  mercredi 07 mars 2018

7 mars 2018 – Pour ne pas faire mentir mes compagnons d’infortune, je m’exécute ; je veux dire, à propos de la présentation conjoint de textes de Raimondo et de Kunstler en réaction au discours de Poutine su 1er mars, où il est écrit ceci :

« Nous ne cacherons certainement pas que la réaction de Kunstler a notre préférence, tandis que le cas de Raimondo, que nous suivions depuis près de vingt ans, doit retenir toute notre attention du point de vue de la “fatigue de la psychologie”, – et c’est dire que, peut-être, sans doute, son cas précis intéressera-t-il PhG dans une futur page de son ‘Journal-dde.crisis’. »

... Je parle donc du texte de Justin Raimondo, nullement de celui de Kunstler dont il est vrai que je n’aurais rien à redire, que ses réactions avec son style propre, se retrouveraient dans les miennes, avec mon style propre. Au contraire, ce qui est remarquable chez Raimondo, et qui m’est complètement étranger, que je trouve inhabituel chez lui, c’est une sorte de dichotomie, ou bien une schizophrénie de la pensée si vous voulez. Chacune des deux démarches chez Raimondo a une logique interne mais ces logiques sont également un piège qui se referme lorsqu’on atteint la nécessité du jugement général, qui est le seul qui importe et qui, lui, n’a que faire de la Logique puisque sa seule référence est la Vérité, – en ce cas, la “vérité-de-situation”.

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Tourbillon crisique-44

  samedi 03 mars 2018

03 mars 2018 – Deux grands évènements dominent, écrasent, ébranlent cette fin de semaine... Il est intéressant de les comparer, autant dans leur sens que dans leurs effets profonds. Les deux évènements sembleraient de pure remise en ordre, comme s’ils affirmaient brutalement ce qu’on pourrait considérer comme des “vérités” que les simulacres tendent à obscurcir ; certes, mais quels peuvent être leurs véritables effets ?

Il y a d’une part le discours de Poutine, avant-hier, essentiellement son volet portant sur les armements. On en a dit quelques mots hier, d’une façon substantielle il me semble. Je suggérerais d’y ajouter ces observations de Gilbert Doctorow (son article du 2 mars 2018) qui nous dit assez bien, me semble-t-il, la signification profonde de la chose, compte tenu de tout ce que nous savons de la portée opérationnelle révolutionnaire de ce qu’a annoncé Poutine... (Une signification qui prend assez justement le contrepied des lectures conventionnelles de ce discours : « En réaction aux menaces des États-Unis, le président de la Russie déclare une course à l'armement nucléaire », selon WSWS.org, – que je contesterais complètement pour cette fois et pour l’occasion.) :

« À sa manière, écrit Doctorow, ce discours était aussi important, peut-être plus important que le discours de Poutine à la conférence de Munich sur la sécurité en février 2007, dans lequel il exposait longuement les griefs de la Russie à l’encontre de l'hégémonie mondiale des Etats-Unis établie dans les années1990 aux dépens des intérêts nationaux russes. Ce discours (de 2007) avait marqué un tournant dans les relations américano-russes, nous conduisant à la confrontation extrême d'aujourd'hui. Le discours de jeudi ne suggère pas le début d'une nouvelle course aux armements, mais sa conclusion avec la victoire russe et la défaite américaine. »

Il y a d’autre part, le même jour, la décision de Trump d’imposer des droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium, cela posant ainsi un acte de protectionnisme particulièrement marquant de son slogan de communication America First. Trump a choisi les mesures les plus dures parmi celles qui lui étaient proposées, dans la confusion générale (personne à la Maison-Blanche n’était averti de sa décision) et contre l’avis de nombre des membres de son cabinet. (Jusqu’au général Mattis, le chef du Pentagone et l’homme qu’on voit comme “la main de l’ombre” [DeepState] qui manipule la marionnette, qui avait dit son opposition à une mesure pourtant sans rapport direct avec la chose militaire ; au fait, Mattis qui ne manipule pas si bien...).

La décision du président Trump, dit ZeroHedge.com, « a provoqué un tollé dans le monde entier, signe d'une guerre commerciale imminente et de la fin du monde tel que nous le connaissons... [...]

» Le comité de rédaction du Wall Street Journal, [habituellement partisan de la politique économique de Trump] estime que Donald Trump a fait la plus grande erreur politique de sa présidence jeudi en annonçant que la semaine prochaine, il imposera des droits de 25% sur l'acier importé et de 10% sur l'aluminium. Cette augmentation fiscale punira les travailleurs américains, invitera à des représailles qui nuiront aux exportations américaines, divisera la coalition qui lui sert de base, rendra furieux les alliés des USA et sapera ses réformes fiscales et réglementaires. »

Lorsque je dis que deux “vérités” s’affirment, c’est d’une façon subjective, à-la-hussarde, au sens de véritables évènements engendrant une communication qui perce le filet opaque du simulacre que le Système a construit. Cela ne signifie pas que ces deux évènements établissent à eux seuls une nouvelle situation, qu’on nommerait alors “vérité-de-situation”, qui serait directement dans leur logique.

Dans ce cas, Poutine et Trump, tantôt ennemis, tantôt “alliés objectifs”, de caractères opposés et de conceptions qui ne le sont pas moins, se retrouvent avec leurs deux actes en ennemis de la globalisation puisqu’ils affirment à leur façon deux entités nationales. La curiosité est qu’ils devraient être, chacun de leur côté, opposés à l’acte de l’autre selon ce que sont ces deux actes. Cette logique-là, humaine trop humaine, est déplacée là comme ailleurs. Pour ce cas, ce sont deux semeurs de trouble antiSystème qui agissent involontairement de concert. C’est une “main invisible”, “divine” si vous voulez, qui les a fait agir en même temps, le même jour.

Je crois au contraire de la façon dont on serait tenté de les présenter que ces deux évènements incontestablement puissants accélèrent d’une façon radicale le désordre-chaos, encore lui, en semant des oppositions nouvelles, des antagonismes internes autodestructeurs, etc. Combien, dans les divers camps concernés, vont se trouver et se trouvent déjà à la fois pris à contrepied, stupéfaits, furieux de ces deux “vérités”, et bientôt encore plus actifs dans leur travail de simulacre qui œuvre dans ce cas dans le sens de la déstabilisation. Ce n’est pas la “vérité” qui triomphe, c’est la déstructuration de l’architecture-Système. Cette dynamique de déstructuration, voilà la véritable “vérité-de-situation” de la séquence.

Nietzsche et la bataille du Nutella

  mercredi 28 février 2018

28 février 2018 – Pardonnez-moi de paraître un instant après d’autres à court de sujet alors que le monde s’écroule autour de nous, – mais qu’importe, je reviens, – ou plutôt j’en viens puisque je n’ai rien dit là-dessus, à une affaire déjà vieille d’un petit peu plus d’un mois, du 25 janvier 2018 , – une éternité, par les temps qui courent, – et dont il ne fut d’ailleurs pas fait état sur ce site.

Cela se passe de la sorte : « Une véritable “catastrophe“, affirment les employés de différents supermarchés Intermarché de la Loire. L’enseigne proposait ce matin des pots de Nutella de 950 grammes à 1,41 euro seulement, soit près de 70 % de réduction. Une baisse de prix qui a créé l’émeute, comme le rapporte Le Progrès.

» Dans le magasin de L’Horme, tout est parti en un quart d’heure. “On essayait de se mettre entre les clients, mais ils nous poussaient”, se plaint une employée qui assure qu’un client a eu un œil au beurre noir dans la cohue. Même chose pour celui Saint-Chamond. “Ça se battait. On a vendu ce qu’on vend en trois mois. Sur les tapis des caisses, il n’y avait que du Nutella”, témoigne une salariée, qui assure n’avoir jamais connu ça en seize ans.

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Kiev, quatre ans plus tard

  dimanche 25 février 2018

25 février 2018 – Cela fait donc quatre années à peine passées que nous sommes entrés dans ce que l’on peut et doit décrire comme une “ère nouvelle”, où la réalité achève d’être pulvérisée jusqu’à la néantisation à cause de l’allure et du contenu (informations) du système de la communication. Ces quatre années nous séparent du “coup de Kiev“ (21-22 février 2014), à partir duquel s’est déchaîné le déferlement de la communication issue du Système pour tenter d’imposer une narrative conforme à la représentation initiale (au sens théâtral) de l’événement. Les conditions même du “coup de Kiev” ont été totalement obscurcies et déformées, malgré des “fuites” de vérités-de-situation à cet égard, – la principale, c’est bien connu, étant celle de George Friedman, alors président du groupe Stratfor et depuis débarrassé de cette lourde charge, – sans doute, justement, pour en avoir un peu trop dit...

Ce changement fondamental dans la communication, avec le triomphe du côté du Système de la méthode de la narrative construite et développée hors de toute nécessité de se référer à quelque vérité ou réalité que ce soit, – comme si la réalité objective était devenue définitivement contingente et jetable par conséquent, – ce changement a engendré logiquement différentes attitudes et habitudes psychologiques ; ou plutôt, dirais-je, a “imposé décisivement” ces attitudes et ces habitudes. Le phénomène dominant à cet égard est celui pour lequel j’ai proposé l’expression de déterminisme-narrativiste. Il s’agit de ce phénomène d’abord psychologique puis infectant la pensée, qui emprisonne la pensée de celui qui est tombé sous l’empire de la narrative et ne lui donne aucune autre possibilité que de suivre à marche forcée la logique de cette narrative jusqu’à son terme s’il y a un terme, dans la plus complète fantasy-fiction, en refusant absolument tout signe de la réalité, en anesthésiant sa perception avec un certain ravissement puisque ce serait comme sous l’effet d’une drogue que dispenserait la narrative.

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Full circle

  samedi 24 février 2018

24 février 2018 – Full Circle, dit dans ce cas de l’expression anglaise, est ce moment où l’on a complètement accompli sa “révolution”, complètement revenu à son point de départ à partir duquel l’on avait lancé toute cette entreprise dont on constate le vice et l'échec, mais peut-être méditant un nouvel envol à partir de ce même point de départ ; on pourrait y voir le “cercle vicieux”, ou “comment j’ai découvert le mouvement perpétuel de l’échec”. (Mais en vérité, dans cette définition, le mot “perpétuel” me paraît inopportun comme l’on verra plus loin...) Exemple de l’emploi du terme full circle, d’ailleurs dans le domaine que j’aborde ici, extrait d’un texte de Justin Raimondo qui tient bien la barre malgré son cancer, courageusement, et continue par conséquent sa tâche de commentateur sur l’internet, d’un des plus anciens sites politiques, l’Antiwar.com apparu en 1995 :

« In the beginning [...], I wrote a daily column, “Wartime Diary,” that chronicled the folly of the Kosovo war [1999] and exposed the media’s partnership with the Pentagon. Looking back on that time, what strikes me is that Bill Clinton’s Balkan adventure was cheered on by the same liberal-neocon alliance demanding what could turn out to be a military confrontation with Vladimir Putin’s Russia. So here we are, come full circle. »

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Le sourire de Woolsey

  lundi 19 février 2018

19 février 2018 – Présentant la vidéo de James Woolsey qu’on a reprise hier, où l’ancien directeur de la CIA ne cache pas une seconde que les USA (la CIA) continuent à intervenir dans les élections d’autres pays, comme ils reprochent hystériquement aux Russes de faire depuis deux ans, Alex Christoforou commente avec une sévérité indignée : « Leur hybris est stupéfiant », « Leur hypocrisie est si grossière que lorsque Laura Ingraham demande à Woolsey si les USA n’ont jamais interféré dans des élections [d’autres pays], la réponse (et les rires de tous) en dit énormément... »

Je trouve bonne ici l’occasion de m’attarder à une question fondamentale, que j’hésite fortement à expédier, ou mieux encore à court-circuiter par des mots définitifs tels que “hybris” et “hypocrisie”. Sans nul doute, l’hybris et l’hypocrisie ont évidemment leurs places dans un caractère américaniste, surtout d’êtres occupant les fonctions que nos deux héros occupent. (J’ai tendance à mettre Ingraham, la présentatrice, dans le même sac que Woolsey.) Sans nul doute également, d’autres caractères que l’américaniste, et d’une façon générale le caractère humain, et donc le mien également, ont tous quelque chose de l’hybris et de l’hypocrisie en eux ; c’est un peu du même domaine de la standardisation que nous présentait le philosophe-Johnny, et encore plus puisqu’il s’agit de l’American Dream de son cru assez bas, lorsqu’il chantonnait : « On a tous quelque chose en nous de Tennessee ».

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