La diagonale du fou

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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La diagonale du fou

10 juin 2025 (18H30) – Rien ne me paraît plus important, pour la compréhension de l’évolution et de la vitesse de l’évolution de la GrandeCrise, que le lien puissant à établir entre la guerre en Ukraine entrée dans sa phase finale et l’administration Trump également entré dans sa phase finale de pleine activité de son pouvoir et de son autorité. Cette concordance des destins ne dit rien des effets, de même qu’il ne doit nous tromper en aucun cas. Je parle des deux “subcrises” si proches et si différentes, soudain en marche explosive, à 10 000 kilomètres l’une de l’autre, – la diagonale du fou,– et pourtant chacune comme partie essentielle de la GrandeCrise.

Je ne cesse de m’insurger sur cette absence de corrélation entre l’Ukraine et Los Angeles. Peut-être certains s’en doutent-ils mais aucun, pour ma part d’après tout ce que j’ai vu et lu, ne proclame que l’une sans l’autre n’est rien et que les deux ensemble forment le plus terrifiant, le plus apocalyptique ensemble crisique que l’on puisse concevoir. C’est comme si notre civilisation aux abois était prise entre les deux pinces d’une tenaille monstrueuse, et qu’une main venue d’on ne sait où, aux dimensions inimaginables, dotée d’une force à mesure, serre, serre jusqu’à nous faire rendre gorge.

Vous comprenez bien à ce point, que peu m’importe, d’une part qui l’emporte en Ukraine, bien qu’on sache qui l’emportera avec les infects débris qui dirigent cette catastrophique démarche du côté de l’Empire de la Liberté ; d’autre part, ce qu’il adviendra du fracas épouvantable de Los Angeles, bien qu’on sache bien qu’il comporte tous les possibles de la dislocation de l’Amérique qui est cette énorme puissance qui nous tient sous son joug depuis tant et tant d’années et de décennies.

... A ce propos et pour nous offrir quelques instants de détente studieuse, voici ce qu’en dit mon ami Jonathan Turley, par fragments de phrases et de jugements...

« La plupart des critiques contestent le déploiement [de la Garde Nationale californienne ordonné par Trump] pour des raisons politiques, arguant qu'il s'agit d'une escalade inutile. Cependant, même des critiques comme le doyen de la faculté de droit de Berkeley, M. Erwin, ont admis que “malheureusement, le président Trump a probablement l'autorité légale pour agir ainsi”... ».

« Les tribunaux seront invités à suspendre l'ordre, car il n'a techniquement pas été transmis par [le gouverneur] Newsom pour appeler officiellement la Garde nationale.

» L'article 12406 confère à Trump le pouvoir d'appeler la Garde et impose aux gouverneurs de “donner” l'ordre du président. Dans la note, Trump a également demandé aux responsables fédéraux de “coordonner leurs actions avec les gouverneurs des États et le Bureau de la Garde nationale”... »

» Newsom refuse clairement de donner les ordres ou de coordonner le déploiement.

» Même si ces contestations aboutissent, Trump peut clairement imposer l'autorité fédérale à la zone. En effet, cette obstruction pourrait aggraver la situation, incitant Trump à envisager de recourir à la loi sur l'insurrection [Insurrection Act], qui permettrait aux troupes des forces armées institutionnelles de participer directement au maintien de l'ordre civil... »

« Les autorités de Los Angeles maintiennent donc le statut de sanctuaire de la ville, interdisant toute coopération avec la police locale et appelant les citoyens à intensifier leur résistance après un week-end d'attaques violentes. D'autres ont affiché l'emplacement des installations de l'ICE afin de permettre un meilleur suivi des opérations, tandis que des villes comme Glendale ferment des installations fédérales.

» À Washington, Jeffries [leader de la minorité démocrate à la Chambre des Représentants] s'est engagé à révéler l'identité des agents de l'ICE qui se sont masqués le visage pour se protéger, eux et leurs familles, des menaces croissantes.

» Si les démocrates n'ont pas réussi à présenter des arguments politiques convaincants pour s'opposer au contrôle de l'immigration, ils pourraient bien plaider avec plus de succès pour condamner les déploiements fédéraux dans les villes démocrates de plus en plus hostiles. »

... Et cela, complété par cet avis russe et bien russe :

« L'establishment démocrate a réussi à piéger Trump en Californie.

» L’émeute des migrants dans la deuxième plus grande ville des États-Unis, soutenue à la fois par le gouverneur et le maire (Karen Bass est également du côté des manifestants), représente un défi de taille pour l'administration Trump, qui n'a pas vraiment le choix pour l'instant. On peut menacer et laisser la situation suivre son cours. Mais cela signifierait une défaite politique et porterait un terrible préjudice à l'image personnelle de Trump. Parallèlement, rien ne garantit que les Démocrates ne “mettront pas le feu” à quelques villes supplémentaires après Los Angeles.

» Faire plier les Démocrates et emprisonner le gouverneur de l'État le plus riche du pays, bastion du Parti démocrate américain, c'est provoquer un profond conflit au sein des élites américaines, dont l'administration Trump ignore encore l'issue. La situation est inconfortable et le président américain ne peut plus se contenter de dire que tout va bien et de s'envoler pour une partie de golf dans sa résidence préférée de Floride, Mar-o-Lago. »

A 10 000 kilomètres de là, effectivement, les Russes arrivent sur les rives du Dniepr et, cette fois, pendant que leur grand copain est occupé sur le Rio Grande du coin, ne vont pas se gêner pour lancer une phase nouvelle et décisive de leur guerre. Cela m’étonnerait que cela passionne les citoyens américanistes, y compris les démocrates qui se découvrent des vertus confédérales, voire sécessionnistes, de toutes les façons possibles.

Pour faciliter le lien entre ces deux pôles en fusion, pourquoi ne pas s’arrêter aux très récentes déclarations du nouveau président polonais, avant de signaler que le vote qui avait désigné le nouveau Premier ministre canadien, un hyper-globaliste antiTrump, est complètement remis en question par des problèmes de comptabilité, fragilisant terriblement le grand pays au Nord des USA.

« Le président élu polonais Nawrocki fait l'éloge de la Hongrie, promet de renouveler l'alliance de Visegrád [Pologne, Slovaquie, Hongrie, Tchéquie] et de tenir tête à Bruxelles.

» Karol Nawrocki a déclaré au média hongrois Mandiner qu'il tiendrait tête à Bruxelles, protégerait les traditions polonaises et renouvellerait l'alliance de Visegrád... [...]

» Il s'est positionné comme la voix des Polonais ordinaires qui se sentaient ignorés ou marginalisés sous le gouvernement du Premier ministre Donald Tusk. “La clé de notre succès a été d'avoir donné la parole aux agriculteurs qui rejettent le Pacte vert, aux parents qui refusent les idéologies étrangères dans nos écoles et à tous ceux dont la voix n'était pas entendue dans la Pologne de Tusk”, a-t-il déclaré.

» Nawrocki a souligné qu'il n'était pas opposé à l'Union européenne par principe, mais qu'il rejetait ce qu'il qualifiait de fédéralisme excessif. “Je soutiens l'UE, mais pas en tant que quasi-État”, a-t-il déclaré. La Pologne souhaite rester une nation libre et souveraine au sein d'une union d'États égaux. Notre identité, nos valeurs chrétiennes, notre histoire millénaire sont irrévocables. »

Je vous dis tout cela en pensant que le chaos californien qui fait frétiller d’excitation tous les dirigeants et commentateurs démocrates qui ne peuvent rien imaginer d’autre pour satisfaire leur haine antiTrump et l’abattre, que de haïr et d’abattre leur propre pays. Cette haine qui les pousse à désintégrer leur pays, les rend aveugles à ces films qui montrent des manifestants Latinos avec le drapeau mexicain. Je ne peux ni ne veux le leur reprocher quant aux principes, à ces manifestants, estimant que c’est ainsi tenter de mettre en cause l’infamie américaniste de la guerre de 1847 contre le Mexique, – et un des pas essentiels vers la création de l’Amérique comme matrice du Système venue jusqu’à nous. Si une chose de cette sorte devait se produire, j’espère simplement qu’elle mettrait en même temps KO debout le parti démocrate qui se fait porteur d’eau de ces événements satanistes.

Vous comprenez tout de même que dans l’état de tension et de haine que nous connaissons, cette dernuère est parvenue à une puissance structurelle considérable : « La haine fut érigée en vertu théologique », écrit Claude Bourrinet à propos de la réalité culturelle profonde du christianisme comme religion monothéiste à ambition universaliste, et cela comme nous le retrouvons en marche aux USA aujourd’hui. C’est dire si les événements actuels, émaillés de tentations diverses (les drapeaux mexicains) peuvent conduire à des situation de sécession puisqu’aucune règle impérative de “la Loi” n’est capable d’imposer sa soi-disant mesure aux deux partis qui s’opposent.

... Et là-dessus, comment faire sinon revenir à cette obsession historique, métahistorique et métapolitique qui m’habite, de voir se dessiner à gros traits les contours globalistes de la GrandeCrise de notre civilisation ? Même un Soros, bien sûr, qu’on soupçonne de participer au chaos californien qui est pourtant bien difficile à manier pour le parti globaliste si l’on y trouve encore quelque tête qui ne soit pas tout à fait imbécile. (On finira par croire  que cet homme, Soros, porteun péché venu de loin et absolument capital par conséquent, qu’il veut racheter en créant partout un chaos sans but sinon de faire du Rien avec du Vide : peut-être celui du jeune adolescent juif hongrois, s’engageant dans les milices collaboratrices chargées de confisquer les biens des juifs en partance vers les camps que vous savez, – ces biens dont on ne me privera pas de la tentation bien malpensante de croire qu’ils servirent dans son cas à amorcer son immense fortune de magouilleur boursicoteur.)