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RapSit-USA2025, le 26 juin 2025 (.....) – Quelques épisodes qu’on enchaîne, pour développer notre récit, notre fable pour enfants sages, notre narrative pour téléspectateurs satisfaits de l’abrutissement en cours, – pour nourrir notre description d’un président hors du commun et complètement ‘out of control’.
Au lendemain de l’attaque contre les sites iraniens, Trump était rayonnant, emphatique, exceptionnellement entraînant, comme s’il se trouvait au sommet de l’Olympe sans le moindre sherpa. Après avoir composé sa narrative en sélectionnant des indications et des avis que ses subordonnés étaient autorisés à lui donner selon un sens strictement défini, et en y ajoutant ses propres rêveries, il tenait sa « guerre parfaite » (selon Michael Wolf). La narrative disait donc qu’il s’agissait d’une formidable performance opérationnelle sinon esthétique, – disons pour les habitués du style hollywoodien et des grands espaces des cow-boys, – de ses B-2 et des hyper-bombes, terminé de façon magnifique par l’anéantissement du “programme nucléaire iranien”.
• Dans un tel environnement aussi favorable aux conceptions américanistes, on pouvait donc couronner le tout d’un somptueux cessez-le-feu en forme de feu d’artifice, une sorte d’’Apothéose’ habituels aux plus grands des empereurs romains.
• ... Lorsque soudain parut, horreur, une longue analyse-résumée d’un rapport fuité. L’intervention-sacrilège, dans les colonnes libres de tweeterX, était de la cheffe correspondante de la sécurité nationale à FoxNews, Jennifer Atkins. Le rapport en question était celui d’une enquête préliminaire de la DIA sur le bombardement.
« Même si le rapport n’est que d’une “faible fiabilité” en raison du nombre de sources, il laisse présager, par rapport aux ambitions et aux conclusions de Trump, un échec particulièrement sévère... »
• Les suites de cette révélation, qui est reprise partout, provoquent chez Trump une fureur certainement mémorable autant que gigantesque, qui s’exerce de deux façons : une très grande brutalité vis-à-vis des journalistes aux questions desquels il répond par sa narrative totalement contraire aux divagations des espions de la DIA, à laquelle personne ne doit rien avoir à redire. Vis à vis de ses ministres, surtout ceux qui sont concernés par ce domaine (Hegseth, Gabbard), il se montre impitoyable.
• L’écrivain et biographe critique de Trump, Michael Wolff, nous entretient de longues et passionnantes critiques sur le réseau ‘The Daily Beast’, concernant les aventures de Trump par rapport à sa psychologie. C’est souvent fascinant, comme celle du 25 juin où il commente cet épisode du “tourbillon crisique personnel” de Trump.
« Michael Wolff rejoint Joanna Coles pour décortiquer le dernier rebondissement de la débâcle iranienne de Trump : une véritable bombe à retardement lâchée par les services de renseignement américains. Wolff, biographe de Trump et auteur de “Tout ou rien”, explique comment Trump, obsédé par le show-biz et le besoin irrépressible de se mettre en avant et au-dessus, très au-dessus, droit de se vanter, a orchestré une “guerre parfaite” pour la télévision, qui se déroule désormais en temps réel. Les informations divulguées contredisent la déclaration de Trump concernant une mission triomphale, montrant que les capacités nucléaires de l'Iran restent largement intactes, plongeant l'aile ouest dans une spirale de reproches et de récriminations. Susie Wiles [sa directrice de cabinet] lance une chasse aux fuites effrénée. Tulsi Gabbard est jetée aux oubliettes. Pete Hegseth se démène pour éviter la colère de Trump, que Wolff décrit comme “effrayante” et comparable à une “traitement de chien”. Wolff dévoile les sautes d’une humeur incontrôlable de Trump à l’encontre de son gouvernement, au gré de ses caprices : “Une présidence en téléréalité avec des enjeux nucléaires”. Coles et Wolff réfléchissent à la manière dont les États-Unis sont passés d’un système d’institutions à un spectacle de l’ego d’un seul homme, alimenté par des bonbons à croquer devant la télévision, la rage et une peur désespérée de perdre la narrative. »
• Contre-attaque le lendemain, dont nul n’osera dire stupidement qu’elle est téléguidée, ordonnée et strictement conduite par des autorités politiques supérieures qui viennent ainsi instruire la CIA de ce qu’on attend d’entendre d’elle... Car il s’agit de la CIA, qui vient nous dire le quasi-contraire de la DIA :
« Le directeur de la CIA, John Ratcliffe, a déclaré qu'il faudrait des années à l'Iran pour reconstruire son programme nucléaire après les frappes américaines sur des sites d'enrichissement d'uranium. Ses déclarations interviennent après plusieurs jours d'incertitude quant à l'étendue des dégâts causés aux installations de Natanz, Fordow et Ispahan, visées par des bombes anti-bunker américaines le 22 juin.
» “La CIA peut confirmer qu'un ensemble de renseignements crédibles indique que le programme nucléaire iranien a été gravement endommagé par les récentes frappes ciblées”, a déclaré Ratcliffe dans un communiqué mercredi.
» “Ces renseignements incluent de nouveaux renseignements, provenant d'une source/méthode historiquement fiable et précise, selon lesquels plusieurs installations nucléaires iraniennes clés ont été détruites et devraient être reconstruites au fil des ans”, a-t-il ajouté. »
• Tout cela est très complexe, mille fois plus qu’il n’y paraît et nous ne nous attardons pas aux innombrables interventions, révélations, etc., sur les sites indépendants et dans la presseSystème. Le groupe MAGA, avec Marjorie Taylor-Green en tête (le commentateur indépendant de gauche Glenn Greenwald a une énorme estime pour la populiste de droite MTG qu’il juge être « une classique ‘Mr Smith goes to Washington’ »), ne décolère pas et bombarde son ancienne idole-Trump d’invectives furieuses. Ayant tenté de réunir tous ces bruits venus de tous côtés, ‘ZeroHedge.com’, conclut mi-ironiquement, mi-piteuse:
« Mais tout cela soulève à nouveau la question suivante : le programme nucléaire iranien a-t-il vraiment été détruit ? Si tout le monde est d'accord – au moins publiquement pour les besoins de la narrative de Trump –, cela pourrait signifier que l'Iran pourrait simplement poursuivre son enrichissement, mais en secret cette fois. »
Nous en sommes là, cherchant vainement à deviner comment tout cela va évoluer... Le Wall Street ‘Journal’ annonce pour demain une réunion avec des leadeurs du Congrès pour les informer de la situation des informations et du renseignement dans cette affaire iranienne. Bien entendu, le Directrice du Renseignement National (DNI) qui devrait être la personne la mieux informée dans cette sorte d’affaires, Tulsi Gabbard, sera absente, soigneusement mise à l’écart. Cette sorcière, dont on prépare le bûcher, pourrait vivre des jours bien sombres.
Elle n’a pas encore accepté, sinon compris d’ailleurs, ce que Gilbert Doctorow explique à Glenn Diesen. Auparavant, les conceptions mensongères venaient d’une description et d’une interprétation mensongères. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas ; il ne s’agit plus de fabriquer une narrative à partir de faits qu’on déforme, qu’on écarte, qu’on déforme. Aujourd’hui, on dispose d’une narrative qu’on élabore avec empressement et en tout premier lmieu et, à partir de là, on développe des faits, on les arrange, et même et le plus souvent on les invente et on les fabrique pour qu’ils puissent renforcer la narrative. On fabrique une “réalité” à partir d’une narrative qui la précède. Tout cela complique singulièrement la tâche de ceux qui voudraient tenir compte des réalités, ou de ce qu’on nomme, ici, des vérité-de-situation. Il n'est évidemment nullement assuré que Tulsi Gabbard pourra se faire d’une façon convaincante à cette méthode et que, très vite, sa présence pourrait devenir insupportable. Cela promettrait des moments intéressants, peut-être un peu bruyants, qui sait ?
Et nous en sommes seulement à quelques mois d’ancienneté de l’administration Trump ! Pour autant, les démocrates ne sont nullement unis pour profiter de cette situation, puisque ce parti est en plein désarroi, et notamment de plus en plus coupés en deux entre les pro-guerres et les antiguerres, conséquence des diverses affaires moyennes-orientales. Il est difficile d’avoir une vision encourageante, disons apaisée, de la situation politique intérieure des États-Unis. A ces constats sur disons la situation courante, s’ajoutent désormais des rumeurs alarmantes sur l’état mental de Trump, sur son comportement cognitif. On a abordé déjà cette question avec Chas Freeman et, depuis, d’autres commentateurs l’ont repris. Un tel avatar ne serait guère surprenant, si l’on considère l’âge de Trump, son activité intense, mais aussi son caractère qui prédispose sa psychologie à certains affaiblissements dommageables.
On dirait alors : cela nous ferait un second président handicapé, donc on a déjà vu cela ? Ce n’est pas si simple. Biden avait été élu alors qu’il était déjà atteint de sa démence sénile et toutes les dispositions avaient été prises pour que l’essentiel du pouvoir soient éloigné de sa personne et soit exercé par d’autres ; nous ne voyons qu’une seule circonstance où il a décidé, de lui-même, contre l’avis de la plupart de ses conseillers et de l’armée, l’évacuation en catastrophe de l’Afghanistan. Pour le reste, tout fut réalisé sans lui, y compris la composition de soin gouvernement.
Rien de pareil avec Trump. Il a lui-même organisé son pouvoir en l’hypercentralisant, en cherchant à détenir tous les leviers possibles de contrôle. C’est-à-dire que le pouvoir en général est extrêmement sensible aux humeurs et aux fureurs du président Trump, situation bien différente de celle de Biden. Celui-là, Biden, était bien la marionnette de qui vous voudrez (y compris le ‘DeepState’ évidemment) ; Trump, lui, est effectivement de temps en temps la marionnette de ses marionnettistes, mais il est aussi, et peut-être bien aussi souvent, le marionnettistes de ses marionnettistes qui deviennent ainsi ces marionnettes.
Pour l’instant, une seule conclusion, sempiternelle et toujours dans le même sens : les facteurs favorisant une situation de désordre et de déstructuration des USA continuent à s’empiler.