Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
... Inculture comme l’on dit “rupture” et il se comprend bien que c’est avec le passé, donc avec tout ce qui a existé, comme l’on suggère “absence de racines” puisque refus de la culture, au propre et au figuré, mais surtout au propre comme une plante qui refuse ses propres racines ; “inculture” comme l’on dirait d’une terre morte qu’elle est inculte... L’inculture de ceux qui se prétendent nos élites par leurs fonctions, leurs notoriétés sociales, leurs vies publiques, cette inculture-là m’épouvante, me glace, fait naître en moi autant de fureur que de mépris, et parfois, si je ne me prenais par le collet pour me raisonner, une complète désespérance amère. Je ne dis pas cela pour pérorer dans le désert, à moins de considérer, ce qui n’est pas insensé, que ces gens-là sont complètement des créatures de type désertique. Leur inculture est une infécondité mortelle, l’indice de la Fin des Temps ; j’ajoute, soudain plein d’espérance, que c’est sans aucun doute la fin de leur temps car on ne peut survivre longtemps dans un tel état de dénuement intellectuel, une telle glaciation de la perception, une telle absence complète de caractère...
Mais venons-en au fait puisqu’il importe de se justifier. Je prendrais deux exemples récents, car l’affaire des migrants-réfugiés est, elle, au contraire, féconde quoique ce soit de ces manifestations d’inculture, comme le ventre mort de la bête qui crache ses rejetons mort-nés. Considérant ces deux exemples, on pensera que j’exagère dans mon propos, et l’on n’aura pas raison car ces deux exemples sont parfaitement ce que dit le mot : une manifestation (ou deux) d’une situation générale de la totale perdition intellectuelle sinon spirituelle d’une civilisation dont il y a tant d’autres manifestations par ailleurs... Les deux exemples prétendent être des parangons de moralisme, et c’est d’ailleurs ce qu’ils sont, – la morale érigée en idéologie, c’est-à-dire la morale torturée dans tous les sens pour la faire correspondre à l’idéologie qui vous dévore de l’intérieur, comme une bête impitoyable.
Le premier exemple vient du premier nominalement d’entre nous, c’est-à-dire de notre président-poire. Il y a quelque jour, Hollande tenait conférence de presse, sur le ton ferme et décidé qui est le sien. Il a consacré un passage aux “quatre de Visegrad”, d’après ce que j’ai compris, puisque s’adressant aux pays de l’Est du continent qui rechignent à recevoir des réfugiés. Il a dit ceci (voir notamment sur RT-français du 7 septembre 2015 le film du passage en question) :
« Il y a des pays qui voudraient faire des critères ethniques, qui voudraient accueillir certains réfugiés et pas d'autres au nom de religion, qui voudraient bâtir des murs et ne pas prendre un réfugié, mais qu'est-ce que ces pays auraient pensé si nous avions agi ainsi il y a 30 ans, si, au moment de la chute du mur de Berlin, nous avions dit, non pas tout de suite, pas comme ça, prenez votre temps, restez là où vous êtes ? »
D’abord, me dis-je, pourquoi “il y a 30 ans”? S’il voulait faire approximatif, ce Président-là, il aurait pu dire, d’ailleurs de façon fort majestueuse, “il y a un quart de siècle” (de 1989 à 2015, calculez...). Les communicants qui écrivent pour lui ont-ils confondu “chute du Mur“ (il y a vingt-cinq ans) avec “arrivée de Gorbatchev au pouvoir” (il y a trente ans) ? Difficile à croire puisqu’il ignorent qui c’est, ce Gorbatchev ... Enfin, passons, non sans observer qu’ils ne sont pas d’une rigueur impitoyable dans la connaissance, dans ce troupeau-là.
Ce qui est plus grave, si c’est possible, c’est tout le sens du propos du président-poire, alternant faux-sens et contresens ; car effectivement, nous leur avons bien dit cela (« non pas tout de suite, pas comme ça, prenez votre temps, restez là où vous êtes »), pendant un ou deux ans, quand nous nous sommes aperçus de ce qui se passait. Quand nous découvrîmes le pot-aux-roses de la désintégration complète de l’Europe de l’Est (il nous en a fallu du temps), nous fûmes terrorisés à l’idée de ce qui était en train de survenir, particulièrement Mitterrand et Thatcher. (D’ailleurs, on peut concevoir que leurs craintes se justifiaient, là n’est pas la question.) En décembre 1989 encore, Mitterrand allait voir la direction communiste moribonde et pulvérisée de la RDA (Allemagne de l’Est), dans un vain effort de retarder l’effondrement de la dite-RDA... Là-dessus, on peut ajouter, pour achever la démonstration de l’extraordinaire contresens sorti de l’incertaine bouche de notre président, qu’il ne fut ni question, “il y a 30 ans” c’est-à-dire 25 ans, de migrants ni de réfugiés, mais de la part de ces gens d’Europe de l’Est d’installer la liberté dans chacun de leurs pays, ce qu’ils firent sans notre aide ni notre permission mais plutôt celles de Gorbatchev, et sans d’ailleurs que nous n’ayons rien eu à dire puisque nous n’y comprenions rien, et sans que l’événement leur donnât la moindre envie de se réfugier chez nous en flots impétueux de migrants. Notre rôle dans cette affaire (celui de l’Europe comme celui des USA, y compris dans les causes originelles qui ne doivent qu’au seul Gorbatchev) fut strictement nul et non avenu et nous n’aidâmes personne, à aucun moment. Qu’une telle autorité de l’État (je parle d’Hollande) fasse une analogie historique si faussaire, si invertie, si sotte et si bouffie d’inculture, nous éclaire sur l’imposture qui lui tient lieu de caractère, et ce simulacre qui lui tient lieu de souveraineté, – et imposture et simulacre comme par inadvertance, par indifférence, comme allant de soi selon l’administration des affaires courantes, comme bassesse médiocre dans sa pratique coutumière.
(suite)
Certes, ces lignes sont écrites alors que dedefensa.org-nouvelle version (New Age, si vous voulez) est toujours en radoub, encore interdit de vision à ses lecteurs. Elles n’en expriment pas moins l’annonce de ce qu’il faut espérer être un élément nouveau important de la pérennité du site : ce Journal dde.crisis dont ce texte sonne le premier jour de son existence, – un 11-septembre, comme cela été proclamé (voir le 19 août 2015), en même temps qu’il salue la nouvelle formule du site. (J’en profite, cela s’impose, pour rendre grâce à Sébastien Beuken pour son travail, pour son inspiration, pour sa capacité à trouver ce qu’il faut de “modernisation” nécessaire en évitant le piège de la modernité complète dont il sait bien l’horreur où dedefensa.org la tient, – je veux dire où dde.org tient la modernité... Bref, il fait du beau travail.)
Ce petit mot du principal protagoniste de la chose est aussi pour préciser les plus importantes modalités de cette nouvelle aventure buissonnière de dedefensa.org. Chaque fin de semaine (à partir du 19 septembre), en page d’accueil, dans le cadre du Journal dde.crisis de Philippe Grasset, on trouvera un texte décrivant les principales tendances de la semaine qui vient de s’écouler, telle que perçue par dde.org, notamment au travers de certains de ses articles mis en ligne pendant la période. Cela constituera un texte à part, qui restera affiché tout au long de la semaine, jusqu’à être remplacé par le suivant de la semaine écoulée, – comme Lapalisse lui-même n’aurait su dire mieux, aussi tranchant je veux dire. Le reste sera fait d’interventions de PhG soi-même, c’est-à-dire moi-même il faut bien le révéler, qui porteront sur autant de choses qu’il y a de sujets intéressants dans le monde, qui constitueront un peu mon “école buissonnière”, car l’on est élève à tout âge, et l’on continue toujours à apprendre, toujours et encore, avec le goût de faire part aux autres de ses étonnements, de ses passions, de ses réflexions, jusqu’au bout, sans désemparer.
(suite...)