Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
24 juin 2019 – La semaine dernière a vu une évolution importante, peut-être bien décisive pourquoi pas, dans l’affrontement entre les USA et l’Iran. Il s’agit, selon un jugement porté après des réflexions contradictoires, d’une séquence complète, que j’estime donc achevée, – d’où les enseignements pouvant en être tirés. Mon constat théorique est qu’il y a eu suffisamment d’“actions”, de commentaires, de communication, de réactions et d’absence de réactions, de ce qu’on nomme un “événement”, pour qu’on puisse considérer qu’il y a là une “séquence” complète et achevée. Un jugement est donc possible, effectivement par “autopsie” puisque le “cadavre” est encore chaud.
Bien entendu, cette séquence achevée n’achève absolument rien de la crise elle-même ; au contraire, elle lui fait franchir un palier supplémentaire. Elle débouche sur l’inconnu, y compris et surtout l’inconnu des intrigues et complots divers et extrêmement nombreux du côté américaniste : la crise est beaucoup plus à Washington qu’entre Washington et Téhéran. Enfin, pour ceux qui suivent ces événements de préférence aux réflexions de leur smartphone, cette séquence fixe la crise iranienne dans sa véritable dimension tragique.
L’épisode de la destruction du Global Hawk a mis en évidence, “en circonstances réelles” comme on dit “en temps réel”, les situations des uns et des autres dans une séquence d’une si extrême intensité qu’elle se rapproche de ce que serait le “climat” de la communication en cas d’ouverture des hostilités. Une remarque préliminaire porte, si l’on considère comme c’est très probable que l’on a frôlé la possibilité d’une attaque US, sur l’extraordinaire différence de l’atmosphère, de l’état d’esprit, du comportement, de l’organisation, bref de l’ordre et du rangement du côté US, entre la confrontation avec l’Irak de mars 2003 dont j’ai le plus vif souvenir et l’épisode dont nous avons tous eu le spectacle la semaine dernière. (Iran-Irak, les deux cas sont souvent rapprochés.) En mars 2003, tout était aligné, rangé, ordonné du côté US et derrière les USA, aux ordres ; en juin 2019, tout le contraire.
(Suite)
21 juin 2019 – Alors que nous discutions des chiffres du chômage, de la popularité du président Macron et des quotas arc-en-ciel à la télévision, il semble que nous ayons frôlé la guerre comme si nous voulions fêter dignement le solstice … « Y a des oranges amères / Ça sent drôlement la guerre/ Passez-moi mon tambour » chantait en 1984 Didier Barbelivien, – je m’en rappelle encore de cette année “de tous les dangers”, qui était en plus celle de George Orwell.
Ou bien, est-ce 1914 ? Walrus, qui écrit chez le colonel Lang, a son intuition et tient l’information du New York Times pour vraie. Il s’agit de cette attaque de riposte autorisée par Trump suite à la destruction d’un drone géant de plus de $200 millions, un Global Hawk version Navy paraît-il, abattu par les Iraniens, – et attaque décommandée par Trump au dernier instant, comme si le président-bouffe voulait se retenir lui-même au bord de l’abysse de la Troisième Guerre mondiale :
« La véracité du NYT est sujette à caution, mais ce rapport est conforme à ma propre intuition pour l’appréciation de la chose, et il ressemble à une répétition de la séquence des remords de dernière minute éprouvés par le Kaiser Wilhems, mais trop tard, après avoir irréversiblement ordonné les opérations débutant la guerre de 1914. En 2019, grâce aux communications modernes, le président Trump a pu retenir à temps sa machine de guerre. »
Les “officiels” du Pentagone sont blême de fureur et de crainte de ce fait que les Iraniens aient réussi à exploser leur bijou qui pouvait bien voler à 65 000 pieds et semblait impossible à abattre. Qu’ont donc employé les Iraniens ?Leur propre version avancée du Buk 9K37 russe, voire une version très-très-avancée du Standard américain qui équipait déjà les corvettes livrées par les USA à la marine du Shah ? Ou bien des éléments de S-400 que Moscou leur aurait secrètement livrés, – je parle bien d’“éléments de S-400”, pas de S-400 au grand complet parce que ce serait bien trop simple n’est-ce pas.
Ce serait pourtant bien le Pentagone, qui est sans chef ou bien avec des chefs (Shanahan et Esper) qui se croisent dans les couloirs en laissant inoccupé le fauteuil de secrétaire à la défense, qui aurait insisté pour qu’on ne riposte pas, contre l’avis de la côterie des super-faucons (il est désormais de bon ton d’ajouter la tortureuse-en-cheffe qui dirige la CIA à la doublette Bolton-Pompeo). Trump a-t-il jamais vraiment eu l’intention de riposter, lui qui propose aux Iraniens de parler entre deux provocations et deux courants de rumeurs d’attaque, et qui le leur aurait encore proposé quelques minutes avant de décommander l’attaque ? Mais qui peut être sûr de quoi et de comment… Ses propos ont été une suite de confirmations implicites et de démentis, ou plutôt de démentis et de confirmations implicites, de même que les rumeurs sur l’information passée aux Iraniens par Oman selon laquelle les USA se préparaient à attaquer…
Reçus par le président et briefés par lui sur la situation, les dirigeants démocrates du Congrès ont plaidé vivement pour une désescalade en rappelant fermement que tout conflit devrait être autorisé par le Congrès. La Speaker de la Chambre, Dame Palosi, tout en renchérissant sur ces positions démocrates qui satisfont la gauche du parti, n’en a pour autant pas discuté une seconde le caractère intrinsèquement mauvais du régime des mollahs.
Le site The Daily Beast, lui, estime que Trump a de facto un nouveau conseiller à la sécurité nationale, le fameux et talentueux Tucker Carlson, incontestable et virtuose n°1 de l’information télévisée aux Etats-Unis : « “Alors que les tensions avec l'Iran s'intensifient et que ses conseillers réclament à grands cris une approche belliciste, le président a suivi et suit les conseils en politique étrangère d’un présentateur de l’information de Fox News”. » Et Nebojsa Malic de préciser, sur RT.com : « Alors que Trump s'apprêtait à donner le coup d'envoi de sa campagne de réélection en Floride mardi, Carlson recevait dans son émission sur Fox News le colonel Douglas MacGregor, retraité de l’US Army, qui estima qu’une guerre contre l’Iran serait, entre autres calamités, une certitude d’échec pour les présidentielles de 2020. »
Tucker Carlson serait alors celui qui aurait convaincu Trump de ne pas se laisser convaincre par son trio de fous-bellicistes qui le tiennent enfermé dans la Maison-Blanche ? Il est vrai que l’hypothèse d’un remplacement de Bolton par Carlson est sérieusement évoquée par certains commentateurs. Il y a même un Frederic Gray, qui en sait peut-être plus qu’il n’en dit (notez le “au cours des dernières semaines”), pour proposer rien de moins que le Prix Nobel de la Paix pour Carlson : « Le rédacteur en chef du site Spectator USA [site US du fameux magazine UK The Spectator], Freddy Gray, a même lancé l'idée de donner à Carlson un prix Nobel de la paix pour sa réplique contre les faucons anti-iraniens. “Au cours des dernières semaines, il a peut-être fait plus pour faire avancer la cause de la paix que n'importe quel autre être humain sur la planète” » (Malic).
Que voulez-vous conclure pour l’instant de ces informations folles et fragmentaires sur ces journées incroyables où plus personne ne semble savoir ce qu’est le pouvoir et où est le pouvoir, où le président semble planer, impérial, en se contredisant régulièrement et souriant de ses petits tours de passe-passe ? Le désordre du pouvoir washingtonien, certes, mais ce n’est pas nouveau … La résolution des Iraniens, également, mais ce n’est pas une surprise même si le système de la communication a permis de mesurer toutes les dimensions dramatiques de la confirmation de la chose.
Si, tout de même, une chose nouvelle dans ce chaos de fureur et de communication : le parti de la guerre, le War Party, qui triomphe à Washington depuis 9/11, n’est peut-être plus tout à fait à l’aise aujourd’hui. Tout se passe comme si, dans ce champ de ruines de communication et d’imprécation qu’est “D.C.-la-folle”, apparaissait une sorte de “parti de la paix”, improbable et fait de bric et de broc, pour s’opposer aux entreprises des fous en position de pouvoir… Cela n’est pas dire que la paix est sur la voie de s’installer ; cela est plutôt dire, une fois de plus et un pas de plus en avant, combien le désordre en même temps que le chaos vont s’intensifier à Washington ; cette intrusion, si elle se confirme, ne fera qu’attiser l’incendie grondant des affrontements internes, – la guerre civile du pouvoir de l’américanisme embrasant le DeepState…
19 juin 2019 – On se rappelle que nous citions François Roddier le 11 mai 2019, dans une certaine concordance avec Orlov. Notre intérêt concernait l’identification des signes et des perspectives visibles de l’effondrement du Système. L’intérêt de la chose était qu’une date apparaissait : 2023 pour Roddier, 2022 pour Orlov, c’est-à-dire quasiment identique. Nous citions des cas spécifiques (France et USA), mais il va de soi que la dynamique décrite, – globalisation oblige, – concerne tout le monde...
« Il faut noter que les avis convergent également dans le détail des localisations culturelles politico-géographiques. Roddier parle implicitement du cas français comme exemple en évoquant les élections présidentielles de 2023 et Orlov parle très précisément de la situation américaniste (avec la possibilité, déjà évoquée, qu’un coup de force de type-téléréalité de Trump reportant l’élection de deux ans dans la même époque, autour de 2022). Dans ces deux exemples, les situations évoquées conduisent à des hypothèses, dans tous les cas dans notre chef, de “guerre civile culturelle” tant les fractures de cet ordre culturel, notamment dans les deux exemples évoqués, sont grandes, beaucoup plus grandes même que les fractures économiques (inégalités de revenus). Pour nous, effectivement, les affrontements culturels, même s’ils sont moins quantifiables et moins “porteurs” d’apparence que les fractures économiques, sont beaucoup plus explosifs alors qu’ils ont acquis une vélocité extraordinaire.
» C’est aussi cette vélocité nouvelle qui nous arrête, qui est entièrement due au système de la communication. C’est le point principal où nous voulons en venir. La puissance du système de la communication est telle qu’il ne véhicule plus l’évolution culturelle, il l’impose et même il la crée au-delà même des points que voudraient atteindre de ceux qui veulent cette évolution, introduisant chez eux des déséquilibres psychologiques graves de type schizophrénique et paranoïaque. Autre élément d’une importance absolument considérable, cette puissance et cette vélocité du système de la communication renforcent avec une même force ceux qui s’opposent, le plus souvent en tant qu’antiSystème, à cette poussée incontrôlable. »
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17 juin 2019 –On trouve, esquissée dans l’introduction au texte des Archives-dd&esur la “culture-Armageddon”, une idée qui a retenu mon attention au point de concevoir de lui consacrer petit développement : l’idée selon laquelle « ...la gauche (ex-“dissidence” pseudo-antiSystème en 2004) a développé sa propre version de la “culture-Armageddon”, qui est la folie progressiste-sociétale ». Cette “version” de la “culture-Armageddon” serait ainsi le pendant de gauche de la signification fondamentale de la doctrine MAD poussée à l’extrême de son accomplissement par les extrémistes religieux qu’on aime situer à droite, qu’ils soient islamistes, chrétiens ou juifs, tous enfants d’un monothéisme sourcilleux ; lui-même, le Politiquement-Correct de gauche (PC en vertueuses initiales), étant à sa façon un extrémisme religieux, qu’il soit laïque, athée, transhumaniste ou néandertalien.
(Mais bon, il faut prendre ces “gauche-droite” dans leur positionnement les plus extrêmes, c’est-à-dire les produits paroxystiques et pathologiques du Système opérationnalisant dans les piètres agitations humaines le “déchaînement de la Matière”. Nous sommes bien au-delà des habituelles supputations de salon concernant ce rangement politique, avec les arguments des Vychinski de talkshows.)
(Suite)
14 juin 2019 – Je n’en ferai pas, nous n’en ferons pas une habitude : les textes des Archives-dd&e dont le premier a été mis en ligne hier ne seront pas l’objet d’une chronique nécessaire pour le commenter en détails (plus que le texte rapide de présentation). Mais l’on s’en doute : ce premier texte, je l’ai choisi parce que, à mon sens, il a une résonnance extraordinaire avec la situation présente, résonnance de contraste et de contrepied qui porte des explications fondamentales sur la situation que nous connaissons aujourd’hui... Par conséquent, ce premier texte est une publication d’archives, du passé, mais il a l’immense vertu d’être également d’une très-brûlante actualité.
Il a ravivé en moi des souvenirs “d’époque”. Ce que présente in fine ce texte derrière l’affirmation de la dès-idéologisation, c’est l’implication de facto d’une union des “dissidences”, de droite et de gauche, de tous les horizons. Ce souvenir-là me vient souvent à l’esprit, très vif, cette époque du début 2003 où des foules de millions de personnes dans les rues des capitales du monde entier, écoutaient Villepin à l’ONU et applaudissaient Chirac et la France (et un peu l’Allemagne) pour leur opposition à cette guerre infâme et relaps. (Je parle de l’Irak, of course.)
(A cette époque, les illusions furent grandes concernant la France qui fut bien plus grande qu’elle-même n’osait plus imaginer être puisqu’elle se contentait des combats contre la “bête immonde” dans des scrutins gagnés d’avance, – pauvre France, – mais France, à cet instant de l’Histoire, qui avait osé défier les USA sans s’en rendre compte, propulsé en étendard de la révolte. Les/nos dirigeants, Chirac en premier, effrayés, terrorisés de leur audace involontaire de ce défi lancé à l’American Dream de l’Empire, ces dirigeants français qui déjà songeaient à baisser pavillon à Très-Grande-Vitesse tandis que “Sarko l’Américain” pointait le bout de son nez. Le script était écrit.)
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12 juin 2019 –Une nouveauté, donc, le fondement même de nos conceptions n’est-ce pas, — faire du neuf avec du vieux, faire le présent qui est déjà l'avenir avec le passé ! ... Voici “Archives-dd&e”.
“Archives-dd&e” se propose de reprendre et de mettre en ligne sur le site dedefensa.org, d’une façon systématique divers textes qui parurent dans la Lettre d’Analyse dedefensa & eurostratégie (dd&e), qui dura dec1985 à 2010 avant de se terminer en dde-crisis qui donna son nom à ce Journal. Il nous est déjà arrivé à diverses reprises de faire de tels emprunts, mais jamais dans des conditions aussi systémiques, au point d’en faire une rubrique, – une “rubrique” entre-guillemetée à cause de son caractère particulier et spécifique au couple illicite, sorte de LGTBQRSTUV “comme Victoire” avant l’heure, ou à la parentèle si l’on veut que formèrent la Lettre d’Analyse (papier) et le site..
Il s’agit d’une initiative pour diverses raisons et dans des buts différents, les uns et les autres tout de suite réalisés ou bien qui apparaissent et apparaîtront à mesure ; on réalise cet aspect de l’initiative une fois qu’on a décidé de la prendre. Ici, dans ce très court texte de présentation et d’introduction, on parlera surtout des aspects les plus évidents, et l’on peut être sûrs que l’on en trouvera d’autres à mesure du développement de la “rubrique”.
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12 juin 2019 – RT.com, qui a pourtant appris à ménager Trump selon la “tradition” établie par Russiagate et interprétée à front renversé, observe dès son titre que “la diplomatie US”, c’est-à-dire nommément le président lui-même et nullement l’un de ses adjoints-“fou”, Bolton ou Pompeo, a « franchi la ligne de l’absurdité ». Dans le texte, elle donne la parole à un expert chinois Sourabh Gupta, spécialiste principal des politiques à l'Institute for China America Studies, parlant de la péremptoire consigne de Trump à Xi (interview à NSBC) de se trouver au G20 en personne pour une rencontre en marge et en tête-à-tête, entre hommes, sans quoi un nouveau train ($300 milliards) de tarifs douaniers sur les importations chinoises sera automatiquement et instantanément mis en place par les USA :
« Il s’agit d’un nouvel abysse dans la diplomatie américaine... Qu'un président américain proclame qu’il imposera des tarifs douaniers à un pays homologue si le président de ce pays ne se conforme pas à son injonction de se trouver à une rencontre bilatérale en marge d'un sommet multilatéral est absurde, au point d'en être presque comique. »
On dira, avec presque un zeste d’indulgence comme l’on a pour un enfant turbulent, suivi d’une appréciation presqu’admirative (démarche classique d’un journalisteSystème français à qui on ne la fait pas, mais qui a basculé pro-Trump au fond de lui parce que l’Amérique c’est l’Amérique, tout en continuant à le dénoncer selon les consignes de la bienpensance mais avec une indulgence ironique propre à l’intelligence française qui n’est pas exempte d’une tendresse postmoderne) : “Encore un coup de ce Trump, il est incorrigible ! Il faut reconnaître tout de même, cela donne des fruits... »
Si l’on a la papille gustative indépendante par inadvertance du Système, il faut goûter que le fruit est amer, et il est amer pour tout le monde, y compris pour Trump au bout du compte s’il avait des papilles gustatives, mais pas le temps pour ça ; et il n’est pas “un coup”, il est un fruit parmi d’autres, – tous les autres, – d’un arbre qui se nomme “méthodologie d’un homérique-bouffe”, car désormais tous les actes de Trump sont à cette aune. “The Art of the Deal” est devenu la doctrine de l’administration Trump, et elle consiste à bondir, serrer la gorge de son “partenaire”, serrer, serrer, jusqu’à ce que l’étouffé n’ait plus qu’une alternative : signer en bas à droite l’accord rédigé par le ministre qui va bien selon les instructions de Trump ou mourir étouffé.
Il arrive même que le document à signer “en bas à droite” sous peine d’étouffer soit vierge, comme peut-être bien le “Deal of the Century” sur le Moyen-Orient (Israël-Palestine) du 25-26 du mois est inconnu au bataillon. « Si quelqu'un a vu le plan américain, merci de nous en informer ! », proclame le ministre Le Drian en conférence de presse. C’est-à-dire que la “méthode”, ou “doctrine-Trump”, est désormais universelle, et portant sur tous les domaines, tous les sujets, tous les concepts, toutes les lubies, toutes les néantisations, toutes les narrative. Le résultat, vous vous en doutez, est un désordre de type métahistorique qui enflamme régulièrement les coins & recoins non encore consumés des us & coutumes des relations internationales, et ré-enflammant le reste.
C’est dire que tout cela ne répond pas aux règles, n’importe quelles règles, y compris celles du simulacre Make America Great Again ; c’est dire que tout cela détruit tout ce qui s’apparente à une règle, – à un ordre, à une harmonie, à un équilibre. L’Amérique de Trump qui triomphe s’abîme, comme les autres et bien plus vite que les autres, dans une sorte de chaos d’une sorte de quartmondisme postmoderne. (Amis-économistesSystème, laissez vos calculettes au vestiaire, et avec elles l’espoir de nous dire que tout va mieux et que tout va bien ; vous savez bien que tous les chiffres du triomphe MAGA sont faussés-faussaires, travaillés, mâchonnés, simulacrés, trumpisés à 250%.)
Et voyez-vous, – non, plutôt écoutez bien ! Ce gigantesque phénomène qu’on croirait constituer un événement colossal plein de bruits de fracas et de fureurs de destruction comme autant de terribles spasmes telluriques, se fait selon les seuls moyens et la seule grâce de la communication, sans s’occuper d’aucune vérité-de-situation, dans une multitude de narrative échevelées, tweeteuses, glapissantes, impératives, joyeux bordel d’une agitation réduites à la simple et bonnasse extension d’une formidable dimension cosmique du verbe, des milliards de fois répercutés par les petites mains du type-Zuckerberg qui continuent à s’y croire type-“maître-du-monde”.
Pour cette raison de l’organisation systématique du chaos par la seule communication, par une personnalité si puissante dans l’art d’engendrer la déstructuration-dissolution du monde, nous gardons au président Trump, et moi-même en premier, toute notre confiance et notre considération la plus haute. Qu’il en soit assuré, et nous rassurés. Pour lui et par lui, le monde qu’il précipite dans le cours de son action déstructuration-dissolution, c’est le Système. Cet homme est donc l’instrument du Très-Haut, le bouffon métaphysique, l’ordonnateur qui a fait lever sur impérative consigne un kamikaze sans précédent de puissance tempétueuse, – car l’on sait bien que le mot signifie en japonais, non pas “avion-suicide” mais bien « vent-divin ».
Je sais bien, moi, qu’il existe dix, cent, mille situations crisiques dans ce chaudron de tourbillon crisique et du Trou Noir qu’est notre Grande Crise Générale. Mais celle qu’entretient ce bouffon effectivement métaphysique à force de médiocrité bombastique et dynamique les supplante toutes. Elle fait lever dix, cent, mille “vents-divins” autour et au cœur du monde.
11 juin 2016 – Je suis sûr qu’Orlov me pardonnera. Ce n’est pas vraiment l’habitude de prendre à parti un chroniqueur, d’en faire ma “tête de Turc” pour une chronique ; encore l’expression “prendre à parti” est très exagéré, ainsi que celle de “tête de Turc”, pour un Russe de si belle eau. Disons que je me sers d’une critique tactiquement justifiée (d’Orlov) et une critique d’humeur sur le ton sarcastique qui le caractérise (Orlov), pour répondre à tout un courant de critique et surtout de désappointement qui a suivi les élections européennes, et qu’il (Orlov) exprime effectivement et avec talent.
Étant Français (on dit que cela se soigne, mais avec grande difficultés), j’ai été particulièrement sensible à cette réaction d’un certain désappointement de ceux qui attendaient un “raz-de-marée” populiste et qui n’ont eu que la grande marée annoncée. C’est particulièrement sensible en France où un histrion minable et absolument quelconque, qui annonce que s’il est battu ce sera une catastrophe, arrive à faire gober à toute sa troupe servile de lèche-bottes qui font profession de commenter les événements du monde en léchant les bottes du nabot déguisé en géant, que cette défaite crainte et dénoncée comme une catastrophe est après tout une victoire extraordinaire qui assure sa réélection pour 2022. Il n’y a pas à s’étonner d’une telle indignité du jugement, d’une telle distorsion du commentaire : ce n’est pas la faute des “foules endoctrinées” que dénoncent si souvent les extrémistes de la critique nihiliste de la crise, mais le travail de la cohorte de commentateurs-zombies qui s’agitent sous les caméras de télévision.
(Suite)
9 juin 2019 – Je prends ce moyen du Journal-dde.crisis pour une suite, qui n’est pas sans importance ni conséquences du point de vue du commentaire, à l’article sur “les amours contrariées ” du USS Gerald R. Ford et du F-35C . On notera à cette occasion qu’il y a une évolution un peu chaotique mais fructueuse dans la recherche des sources, qui fait que certaines sources nouvelles citées ici auraient pu l’être dans ce même article d’avant-hier, mais qu’il vaut mieux les avoir ratées pour les citer aujourd’hui dans un contexte différent et plus important.
Les sources sont essentiellement au nombre de trois :
• The Drive du 4 juin 2019, qui est “la source à la source” des informations venues de la sous-commission de la Chambre des Représentants, annonçant qu’elle a introduit dans la proposition de loi budgétaire pour FY2020 un élément de langage comme on dit, « une clause d’interdiction de livraison à l’US Navy de la prochaine unité (le CVN-79) de la classe USS Gerald R. Ford tant que cette unité n’aura pas la capacité de déployer des chasseurs embarqués F-35C »... (A noter que cette restriction n’est pas adoptée définitivement : le texte de la loi doit subir plusieurs obstacles avant d’arriver à un accord Chambre-Sénat pour la loi finale FY2020.)
• The National Interest du 6 juin 2019, qui met en exergue, en citant des sources dont The Drive (ci-dessus) que ce n’est pas avant 2027 que les classe Gerald R. Ford pourront déployer opérationnellement des F-35C, ce qui n’est plus seulement anecdotique (occasion de moquer une fois de plus le F-35/JSF), ce qui est vraiment fondamental du point de vue stratégique en raison du délai. (Ce délai est “au mieux”, ne prenant pas en compte divers avatars et autres événements retardateurs nous conduisant au-delà de 2027, qu’on doit planifier dans la rubrique “hautement probables”.)
• Un article du 7 juin 2019 du site WhatDoesItMeans (disons WDIM, pour faire court et simple)... La source, que vaut la source ? La première fois que nous avons cité WhatDoesItMeans et Sœur Sorcha Faal, le 27 février 2012, nous nous sommes expliqués de ce que nous savions et pensions de ce site, et pour mon compte et en toute franchise, – et connaissance et inconnaissance de cause. A cette lumière, je pense que certains éléments de l’analyse générale, et de tendance dite-“complotiste” (sans y voir à mal nécessairement) comme tout ce que publie ce site, valent largement d’être considérés et utilisés, mais, pour mon compte, pour une tout autre spéculation que celle qui y est développée. On tiendra compte de ces “faits divers” d’évaluation, qui seront mieux éclairés plus loin, concernant l’article lui-même par rapport à mes propres supputations.
(Suite)
7 juin 2019 – Je l’avoue, j’ai été surpris, non stupéfait par la couverture hallucinante de nos grands réseaux des fantastiques événements du 5 et 6 juin 2019. Tel(le) journaliste ouvrant un débat où les débatteurs soi-disant de bords adverses vont déverser des tonnes de guimauve synthétique mélangée à du sirop McDonald sur le “souvenir de nos grands alliés venus délivrer la France du joug nazi et à eux seuls remporter la deuxième Guerre Mondiale”, par cette proposition (je cite de mémoire bienpensante, c’est-à-dire transformée comme il convient) : “Alors, messieurs, croyez-vous que la célébration de ce grand et glorieux événement va rappeler aux alliés [de l’Occident américaniste un-et-indivisible] combien leur alliance est nécessaire à la civilisation, à la paix et aux droits de l’homme”... “Oui, oui, bien sûr”, furent leur unanime réponse.
J’ai été surpris et également écœuré. Rien d’inattendu pourtant, mais tout de même, la veulerie, l’inculture et le conformisme intégral continuent à me stupéfier ; et aussi, à me fasciner, tant la bassesse des esprits continuée à ce point devient un objet d’observation presque magique, tant l’emprise satanique sur les esprits est d’une force inégalée qui doit mobiliser votre attention jusqu’à une sorte de fascination critique (ne pas pouvoir détacher son regard de l’objet observé tout en accumulant les critiques que sa situation, sa complaisance pour lui-même, sa satisfaction d’être justifient mille fois, et vous voilà renforcé à mesure). Cela pour les quelques instants que je consacrai à la chose. Je zappais de l’un à l’autre écœurement avec l’une ou l’autre chaîne, l’une ou l’autre bassesse, avant de passer à des méditations plus saines, notamment l’excellente série TV de Frédéric Mitterrand sur “Les écrivains dans la guerre”, avec notamment un chapitre sur Simone Weil, cette jeune femme si brillante, juive en mal de catholicisme, qui considérait la mort comme le seul instant de la vie digne d’être vécu par les promesses qu’il ouvre, qui vécut et mourut comme une sainte, et qui mourut au nom de tous ceux qui se battaient... Comparez cela avec la commémoration des 5-6 juin 2019.
(Suite)
2 juin 2019 – Bien que la connaissant depuis peu mais l’ayant aussitôt adoptée, je suis décidément un amateur éclairé et très goûteux du travail de Caitline Johnstone, de son entrain, de son enthousiasme, de la façon qu’elle a de nous entraîner et de faire de nos velléités des actes décisifs. Elle est sans guère de doute, dans le temps actuel où les plumes abondent et où les meilleures se révèlent vite à votre regard, une des meilleures chroniqueuses de cette incroyable descente dans la cruauté sanguinaire, la fureur morbide, la brutalité d’une stupidité sans fin, le totalitarisme de l’aveuglement du “salopard” sartrien à qui l’on donnerait en sus une dimension néo-platonicienne et une dimension nietzschéenne, je veux dire pour faire le compte ronbd, c’est-à-dire pour parvenir à identifier ce salopard-postmoderne qu’est le Système dans le traitement qu’il inflige à Assange.
Qu’est-ce qui nous inspire le plus ? La fougue et la vigueur de Johnstone ou l’ignominie du salopard-postmoderne qui tourmente Assange ? Les deux sont complémentaires et l’on s’aidera bien entendu de l’une pour mieux afficher le sentiment évident et accablant pour le destin de l’autre. Johnstone se bat pour Assange dans la séquence actuelle, avec une ardeur rarement égalée. Elle met en évidence dans un de ses plus récents textes une interview du plus grand intérêt (sur Democracy Now !), qui donne une bonne mesure de l’extrême illégalité, de la cruauté, du cynisme du traitement qui est appliqué à Assange, – essentiellement par trois pays, le Royaume-Unis, la Suède et les États-Unis.
La personne interviewée est le Suisse Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les traitements cruels, inhumains ou dégradants notamment pour les faits de torture et de mauvais traitements des prisonniers, cela depuis le 1er novembre 2016. Melzer a finalement accepté d’intervenir dans le cas Assange après des hésitations qu’il ne cache nullement, en décembre 2018. Dans son interview, il parle longuement du cas Assange, qu’il a été visiter dans sa prison britannique au début du mois de mai, accompagné de deux médecins, et qu’il a trouvé dans un état de santé extrêmement alarmant.
(Suite)
1er juin 2019 – Comme promis par d’autres que moi semble-t-il, je reviens sur le texte en Ouverture Libre consacré à la définition du populisme que donne le commentateur radical, excellent saxophoniste de jazz, né Israélien mais ayant abandonné cette nationalité, et résidant au Royaume-Uni, Gilad Atzmon. Je cite deux paragraphes de notre présentation du texte d’Atzmon pour bien remettre en place le contexte où j’aborde ici le problème, la question, le “concept” même de “la nostalgie”.
« [L’explication d’Atzmon] est totalement métaphysique, opposant la linéarité progressiste à la transcendance ‘utopique’ (ou plutôt, peut-être : ‘idéaliste’ ?) … “Dans le contexte de la pensée de gauche, le passé, le présent et l'avenir sont chronologiques et se succèdent dans un ordre consécutif. Dans la philosophie de l'aile droite, les temps changent de position de façon irrégulière.”
» Pour Atzmon, l’‘utopie’ (selon le mot qu’il emploie) offerte par la droite dans sa version du populisme se nomme ‘nostalgie’. Il est évident que ce mot ne peut que faire réagir PhG, dans son ‘Journal-dde.crisis’, ce qui ne saurait tarder... »
Bien entendu, avant même de discuter de la signification du mot devenu-concept dans ce cas, et encore si l’explication est utile ou nécessaire, il y a pour moi cette remarque essentielle que quelque chose nommé “nostalgie” est considérée d’un point de vue opérationnel, pour une signification politique explicite, d’un phénomène absolument d’actualité (le populisme) ; donc un phénomène actif, vivant, évolutif, qui devrait n’avoir aucun rapport direct possible avec ce qu’on entend en général comme étant la “nostalgie”.
(Suite)
28 mai 2019 – Miracle, ô Miracle ! Jusqu’à vendredi 24 mai 24H00, heure officielle de clôture de la campagne Marche-En-France, la perspective d’une “victoire”, si minime fût-elle, de Marine sur Notre-Président apparaissait comme une catastrophe sans retour, une sorte de “marche sur Rome” revue-GJ, un remake de l’incendie du Reichstag transporté sur les rives de la Seine (plus facile tout de même à éteindre).
Et puis les résultats… Et puis, plus du tout, ce résultat-là qui promettait l’apocalypse est devenu rien de moins qu’une “victoire” (une de plus) de Notre-Président. La chose est simple : en agissant comme il a fait, Macron a verrouillé l’élection de 2022 à un duel avec Le Pen au second tout, et comme Le Pen n’a aucune chance car “diabolisation” oblige... C’est plié, emballé, proclamé et confirmé, – à quoi bon voter ?
Bien, j’ai un ton sarcastique qui semblerait indiquer un jugement fort défavorable sur ceux qui sont adeptes de ce scénario, au motif qu’ils seraient de serviles et zélés employés de La-Force en place, et que leur couardise soumise les engage à répandre cette version. Ce n’est en rien le cas. L’idée m’en été suggérée par un duo que j’aime bien (le Débat de 17H00 d'Arlette Chabot, chaque lundi sur LCI) ; le pépé (70 ans) Gérard Miller, psychiatre, réalisateur de documentaires, essayiste et organisateur de médias alternatif, nettement de super-gauche et assez mélanchoniste devenant de plus en plus mélancolique ; et le fiston (31 ans), Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles et de multiples autres activités journalistiques, conservateur avec des tendances souverainistes.
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27 mai 2019– ...Avec ce titre, je veux dire que, pour le première fois sans doute dans son histoire dont elle aime bien nous faire croire qu’il s’agit depuis le Traité de Rome d’un chef d’œuvre de raison et de raisonnable perfection politique, l’Europe a réussi, – on dirait presque paradoxalement “enfin !”, – à susciter la passion jusque dans les urnes de ses élections de type-législatif. On sait depuis longtemps, par expérience renouvelée tous les cins ans, que ces élections étaient clairsemées, mâchonnées, marginalisées et hébétées par un sentiment de mornitude de la grandeur d’un continent. Cette fois tout au contraire, en l’an de Grâce 2019, elles swinguent !
A tout Seigneur, tout honneur ... Le plus important, sans aucun doute, s’est passé dans ce pays qui tente désespérément de quitter l’Europe tout en y restant enchaîné selon le vœu de ceux qui ne sont pas encore parvenu à “dissoudre le peuple” selon Brecht et les exigences du Parti. Au contraire, l’Europe, l’UE et ses élections, unis enfin dans un épisode à finalité d’autodestruction remarquable de brio, concrétisent la plus formidable révolution politique au Royaume-Uni depuis des siècles que cette puissance fonctionne en mode démocratique : l’Europe, pour UK, qu’on la quitte ou qu’on y reste, c’est le détonateur de la révolution ! Ce modèle de stabilité et de continuité qu’est ce pays qui fit l’admiration bien souvent furieuse de ses partenaires et de ses adversaires a volé en éclats hier, de cette façon concrète qu’assènent les chiffres lorsque la tension révolutionnaire est à ce point et lorsque la révolution en arrive à prospérer là, dans les urnes, où l’on pensait l’avoir enprisonnée à demeure : 28 sièges pour le parti du Brexit, 15 aux Libéraux-Démocrates, 10 aux travaillistes, 7 aux Vertes, 3 aux Conservateurs.
Le Guardiande ce matin : « Un Farage triomphant, réélu au Parlement européen pour un siège dans le Sud-Est du pays, a déclaré que son parti avait obtenu un résultat historique. Le parti Brexit a gagné toutes les régions d'Angleterre, à l'exception de Londres et du Pays de Galles, et a obtenu près de 2 millions de voix de plus que ses plus proches rivaux, les Lib Dems.
» “Jamais auparavant, dans la politique britannique, un nouveau parti lancé il y a à peine six semaines s’est trouvé en tête avec une telle avance lors d'une élection nationale”, a déclaré M. Farage.
» “Il y a un message formidable dans ce résultat, un message formidable, – le Parti travailliste et le Parti conservateur pourraient tirer une grande leçon de cette soirée, – mais je pense qu’ils n’en sont pas capables.” »
Aujourd’hui, le Royaume-Uni est un champ de ruines, les ruines de l’ancien système qui ronronnait si bien, qui faisait le bonheur de l’ordre-UE... On peut tout aussi bien étendre l’image à l’Europe entière, avec plus ou moins de ruines selon les pays, mais qu’importe. La promesse de l’Europe était d’ordonner le continent en une unité harmonieuse et équilibrée, une construction civilisatrice censée apaiser toutes les passions. Le constat d’aujourd’hui, c’est que l’Europe, volens nolens, qu’on l’aime à la folie ou qu’on la haïsse littéralement, est cela par quoi et au nom de quoi, désormais, les passions s’attisent, les haines se déchaînent les unes contre les autres ; l’Europe est cela où les pays européens se déchirent et se divisent en des blocs irréconciliables, où les esprits et les psychologies s’enflamment en d’étranges guerres civiles qui diffusent et enflent dans des querelles grandes comme un continent. C’est, on l’avouera j’espère sans trop se forcer, une bien étrange situation si l’on veut bien avoir dans la mémoire, notre “devoir de mémoire” si l’on veut, les belles promesses d’antan, celles qui présidèrent à la naissance du beau bébé déjà sûr de lui, postmoderne et polyglotte.
Les gros bataillons d’europhiles en cure d’amaigrissement, dont nous ne sommes pas vraiment me semble-t-il, ici à dedefensa.org, ne cessent de clamer l’impuissance de leurs adversaires, populistes & Cie ; d’abord parce qu’ils ne peuvent s’unir tant les divergences sont si nombreuses qui les tiennent séparés ; ensuite parce qu’ils seraient bien trop maigres en effectifs s’ils parvenaient à s’unir pour inquiéter la majorité bienpensante ; enfin parce qu’ils seraient évidemment sans programme ni “vision” si, par coup de Magic baguette ils devenaient assez nombreux pour imposer majoritairement leur volonté.
Tout cela n’est que vaine rhétorique qui, comme d’habitude pour la rhétorique-Système, commence par l’inversion : on retourne le problème qui se pose à vous pour expliquer que l’adversaire ne peut pas le résoudre. Pardon, mais il me semble, à moi, et quelles que soient leurs positions et soi-disant propositions, que les populistes ne sont pas là pour jouer le jeu (jouer ”leur” jeu) et entrer dans l’arène des possibilités et des comptabilités parlementaires. Ne le dites pas trop haut mais c’est bien de ceci dont il s’agit dans ces élections européennes et alentour, pour tout ce qui est UE et se réclame de l’UE, laquelle se prétend à elle seule et aucune autre à sa place, être l’Europe : ils sont là pour casser, et il est entendu qu’ils le feront fort démocratiquement, comme c’est l’usage aujourd’hui.
(Je dis cela sans vindicte ni satisfaction, ni même l’impression de faire une prospective un peu audacieuse ou de poser une hypothèse pas vraiment sophistiquée, encore moins dans le but d’impressionner tel ou tel lecteur. Je dis cela parce que c’est pour moi l’évidence, rien d’autre.)
C’est un jeu à somme désintégrée dans l’éclatement de ses règles dont plus personne ne veut. Il n’y a pas de “nouvel ordre” en jeu, puisqu’il n’est plus question de jeu, puisque nous sommes entrés dans l’inévitable phase de déstructuration par quoi il faut passer. Le mouvement qui s’est levé contre le Système, car c’est bien de cela qu’il s’agit, n’a pour but, pour l’instant, que la destruction de ce Système, c’est-à-dire tout ce qui peut accélérer la tendance que le dit-Système a commencé à développer depuis 9/11, cet étrange attelage surpuissance-déstructuration.
Tout le reste n’est que vaine rhétorique, ou, si vous voulez, les fameuses “viles turpitudes humaines qu'un peu de sable efface”.
26 mai 2019 – c’est l’épatante Caitlin Johnstone qui nous le fait remarquer dans un long article : Rachel Maddow défend Julian Assange ! Rappelez-vous, j’ai parlé des deux récemment, de Maddow le 5 mai, de Assange pas plus tard qu’hier. Lorsque j’ai parlé de la première, on ne pouvait imaginer une seconde qu’elle défendrait le second puisque le second est la victime destinée à être impitoyablement écrasée par les hommes que la première encensait… Sauf que, comme devrait avoir dit Holmes à Watson, nous vivons décidément des temps bien étrange, et Watson répondant : “Vous avez raison, mon cher Holmes”.
Donc, le 5 mai dans ce Journal.dde-crisis, on montrait Maddow s’enthousiasmant pour le duo Bolton-Pompeoparce que les deux pieds-nickelés se montraient plus durs pour partir en guerre et cogner que son patron qu’elle déteste, le très-incertain président Trump. Ainsi devriez-vous comprendre bien la situation : s’il est deux êtres qui veulent l’extradition d’Assange et son enfermement dans les tourments les plus affreux pour 170 ans et même plus, ce sont les deux pieds-nickelés que Maddow encensait. Voilà soudain qu’elle condamne les accusations (17 chefs d’accusation) lancés par le gouvernement US (Bolton-Pompeo en étendard) contre Assange, qui lui vaudraient (qui lui vaudront) au mieux 170 ans de prison ; par conséquent, elle condamne Bolton-Pompeo...
(Suite)
25 mai 2019 –La dernière nouvelle que je veux placer en exergue, qui vient s’ajouter au texte ci-dessous qui était déjà composé, pour donner un donner un exemple tragique de la situation de la liberté d’opinion et d’expression au cœur de notre civilisation, concerne les 17 chefs d’inculpation lancés par le département de la Justice des États-Unis contre Assange. (Voyez ici, et ici, et encore ici, sur RT qui reste l’un des seuls grands réseaux sérieux au niveau de l’information dans nos pays, – profitez-en avant que Big-Master ne le liquide.) John Pilger : « La guerre contre Julian #Assange est maintenant une guerre contre tous. Dix-sept accusations absurdes, dont l'espionnage, envoient un message terrible à chaque journaliste, à chaque éditeur. La cible d'aujourd'hui est #Assange. Demain, ce sera vous au New York Times, vous à la BBC. Le fascisme moderne vient de mettre bas le masque. » Glenn Greenwald : « Tous ceux qui ont passé les deux dernières années et plus à proclamer qu'ils étaient si préoccupés par les atteintes à la liberté de la presse devront maintenant décider s'ils le pensaient vraiment ou si, en raison de leurs sentiments à l'égard d'Assange, ils applaudiront l'attaque frontale de l'administration Trump contre la liberté de la presse... »
Tout cela situe le contexte que je crois utile de décrire pour lire avec profit le texte qui suit, pour bien embrasser cette situation où, potentiellement, tout ce qui est liberté d’opinion, d’expression, de communication, de publication, est directement menacé, et l’est quasiment par tous les dirigeants-Système du bloc-BAO qui sont désormais les meneurs zélés de la dictature postmoderne. La guerre est déclarée, elle est ouverte, elle est impitoyable, elle est directement liée à la Grande Crise d’Effondrement du Système. Personne, personned’entre nous n’y échappe. Vous lecteurs, nous dans notre aventure, nous sommes tous pris dans ce tourbillon, crisique.
Passons au texte initial...
(A suivre)
23 mai 2019 – Depuis quelques jours, je sens comme une sorte de paralysie qui, à certains moments, me saisit. Le T.C.-73 d’avant-hieren était le témoin indirect, dans ce texte où je ne pouvais plus que contempler, stupéfait et sarcastique, leur folie extraordinaire parcourant des espaces de notre civilisation, et ne parler finalement que du “vertige crisique” qui me prenait comme il les avait pris. J’éprouve la même sensation, avec plus de force encore, aujourd’hui, à la perception essoufflée de la rapidité des événements du chaos du monde.
Je me rassure finalement en me disant “Sirius”, comme d’autres avant moi l’ont fait, c’est-à-dire prenant de la hauteur, de la distance, de la bienveillance ironique et stupéfaite à la fois, pour mieux m’éloigner de l’objet du vertige et bien mieux l’embrasser dans son entièreté. L’“objet du vertige” ? Avez-vous connu une telle accumulation d’événements crisiques fous de leur propre crise, s’agiter et tourner comme derviches dans le tourbillon crisique ? Chaque jour me vient cette même question : a-t-on jamais vu un tel chaos tourbillonner de la sorte ? Cette question répétée mille fois, et désormais depuis des années qui nous semblent des siècles, chaque jour trouve une nouvelle résonance, chaque jour se trouve justifiée à nouveau, relancée, reformulée. Chaque jour, Sirius opine…
(Suite)
21 mai 2019 – Le spectacle est extra-terrestre, une sorte de rencontre du deux-millième-type, pour marquer que nous sommes dans le deuxième millénaire. La France est prise de vertige, l’Europe est emportée par le vertige, car désormais l’on peut proclamer que le “Tourbillon Crisique” est entré dans les psychologies pour les transformer en vertige et faire tourner les esprits pour produire des pensées et des tweetwqui éclatent comme autant de phénomènes stratosphériques. Ce sont les derviches-tourneurs de l’Europe en grande-folie et dans tous ses États-Membres.
Cette panique, ce paroxysme qui envahissent nos têtes pensantes, nos élites-devenues-folles, dans cette Europe devenue un immense Titanic chargé de tant de vertus qu’il ne voit pas ce champ d’icebergs noirs conduits par un brise-glace de fabrication russe (ils connaissent cette technique), icebergs noirs-bruns baptisés suspectement “Salvini”, “Le Pen”, “Orban”, “Farage”, “& Cie”. (Le “&Cie” m’inquiète beaucoup, pas vous ?) Mais renseignez-vous donc, informez-vous à la fin !
Lisez la colonne #SalvinivsVerhofstadt, où le champion de Dame-Europe Verhofstadt défie l’extraordinairement diabolique Salvini dans un duel un-contre-un, en hommes mais sans homophobie, à mains nues, à la boxe française, au pistolet à plomb, à fleurets nullement-mouchetés,HashtagvsHashtag ;“Qu’importe l’arme-choisie, monsieur Salvini, où vous voulez et quand vous voulez, je suis votre homme, même votre transgenre pour arrêter votre sale besogne ! Sachez-le, La-Force, qui est du genre-féminin, est avec moi !”. Verhofstadt décompte dans sa rapide et pressante adresse aux peuples européens haletants devant ces révélations les joueurs-vedettes facho-nationalisto-euroscepticos qui sont rétribués par Poutine. On trouve tous les grands transferts de l’année, “You name it”.
En France, madame Loiseau, avec son talent éblouissantet sa séduisante finesse, nous a effectivement entretenus du “club Poutine”, – justement, les transferts, on s’y retrouve hein ! – mais elle a comme d’habitude quelques points de sondage de retard. Entretemps, en effet, on entendit sortant d’un grand déjeuner offert par le commandant du LFEM Titanic relâchant à sa base navale de l’Élysée pour prendre les choses en main, le matelot-voltigeur BHL nous dire tenir du commandant lui-même que le danger vient des USA et non de Russie, ou bien les deux ensemble, avec le Bannon-de-Trump beaucoup plus pervers encore que “le locataire du Kremlin”. Il paraît, dit le matelot-BHL qui en a vu des tempêtes, que nous traversons les temps les plus terribles que l’Europe ait jamais connus.
Pour les Anglais, comme notre ami John Laughland nous a fait visiterla chose ce matin le tour de l’asile est vite fait, grâce aussi à la connivence de notre amie Alice. On saura dans quelques heures où et comment, dans quel Pays des Merveilles la bombe thermonucléaire préliminaire nommée Brexitnous a projetés.
La folle farandole devient difficilement tenable. Il faut être un maître des pistes nocturnes du Paris de la nuit, comme le quartier-maître Castaner, pour tenir le rythme sans être emporté par le vertige. On chuchote qu’une mutinerie a failli éclater lorsqu’on s’est aperçu, lors du fameux déjeuner de gala-intellectuel du LFEM Titanicque la préfecture de police de Paris, chargée de la sécurité, avait prévu des gilets de sauvetage de couleur, – allez, je vous le donne en mille, – ce sont des gilets-drones modèle-canari, camouflé selon les directives du volatile, couleur et tout, – allez, je vous le donne en dix-mille ! La confusion fut extrême et BHL en fut, autant le dire, jaune de fureur.
Étrange et remarquable spectacle, ce n’est plus une crise, c’est une secousse tellurique d’une dimension crisique-cosmique, un éclair furieux et universel descendant d’un Olympe où trône un Jupiter crisique absolument furieux, – je ne vous dis que ça. Le tourbillon crisique, je vous le déclare tout net, a désormais de la peine à suivre le vertige crisique qu’il a pourtant lui-même déclenché et enfanté. Les icebergs noirs-bruns, eux, font pâlir le Trou Noir du tourbillon crisique. C’est-à-dire que les folies psychologiques nées du tourbillon crisique qu’on jugeait irrésistible et seul maître de l’univers en feu, ont décidément investi la scène du monde. L’Europe-en-folie va voter comme tournent les derviches-tourneurs, en chassant les mauvais esprits à grands coups de bulletins de vote.
Cette époque est exemplaire, c’est-à-dire qu’elle est sans exemple. Elle swingue, comme le rappeur Nick Conrad, celui qui nique, qui « baise la France, baise la France, jusqu’à l’agonie. » C’est vrai, enfin, cette Europe-là, il ne faut pas la rater, la laisser filer par des votes-inadvertants, – des comme-ça des Europes,on n’en fera plus, avant longtemps je vous dis, – autre confidence du commandant du LFEM Titanic.
“Scoute, toujours prête”, nous a confié madame Canarie Loiseau.
19 mai 2019 – Comme il l’a montré dans plusieurs textes, comme moi-même je l’avoue, Tom Luongo est un admirateur de Tulsi Gabbard. (Il est également un déçu-écoeuré de Trump, ce qui me ressemble un peu, certes, sans me causer trop de soucis comme on le comprend bien, puisqu’attendant plus les effets de l’élection de Trump que d’une hypothétique “gouvernance” de Trump.) Dans une chronique du 15 mai 2019, développée sur le thème qu’il nomme lui-même le “Grand Réalignement”, Luongo fait un rapprochement audacieux et transatlantique, et audacieux parce que transatlantique limité aux pays généralement identifiés comme anglo-saxons : Farage & Gabbard réunis comme un axe, qui serait un des axes de la poussée populiste qui secoue la civilisation occidentale, dite “bloc-BAO”.
(Effectivement… Non seulement rapprochement “transatlantique” mais également rapprochement statutairement “Anglo-Saxon”, malgré les origines samoanes de Gabbard qui importent peu ici. L’intérêt du point de vue de Luongo est strictement politique dans sa signification symbolique et institutionnelle pour les deux personnes concernées, et il définit des conceptions couvrant des zones que l’on identifierait comme idéologico-géographiques ; “dans le temps”, comme l’on disait, on aurait parlé de l’“Anglosphère”. Le populisme, – car il n’est question que de cela ici, et nous laissons les débats de définition du mot aux chers crétins salonards, nous intéressant exclusivement à la dynamique antisystème qu’il incarne pour la séquence, – ou plutôt le fait du populisme envahissant également le cœur de l’Anglosphère signale son importance absolument eschatologique.)
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17 mai 2019 – J’avoue ma persistante et durable stupéfaction pour ce qui concerne l’inculture extraordinaire dont fait preuve l’immense et écrasante majorité, du type-stalinien, de nos dirigeants, experts, commentateurs, généraux étoilés et ainsi de suite, ici en Europe et encore plus ici en France, lorsqu’il s’agit de comprendre exactement ce qu’est le Pentagone, et plus largement dit le Complexe Militaro-Industriel (CMI) des États-Unis d’Amérique. La bouche pleine du vertige crisique et tourbillonnant de la valse des $milliards, aucun de ces arrogants crétins et naïfs imbéciles, j’en jurerais, n’a eu l’audace de lire les quelques paragraphes du début du plus fameux discours du XXIème siècle sur la sécurité nationale ; discours daté du 10 septembre 2001, – non, non, surtout pas le 11, – et il est du secrétaire à la défense Rumsfeld, un dur de dur qui s’y connaissait.
« Notre sujet aujourd’hui est un adversaire qui constitue une menace, une sérieuse menace, contre la sécurité des États-Unis d’Amérique. Cet adversaire est un des derniers bastions de la planification centralisée. Il gouverne en édictant des plans quinquennaux. D’une seule capitale où il se trouve, il tente d’imposer ses exigences au travers des fuseaux horaires, des continents, des océans et au-delà. Avec une brutale constance, il bâillonne la pensée libre et détruit les idées nouvelles. Il désorganise la défense des États-Unis et met en danger les vies des hommes et des femmes en uniforme.
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