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19 juin 2025 (19H15) – Il y a bien entendu plusieurs façons de suivre le conflit de le “subcrise” Israël-Iran, dont une, mêlant Iran et Ukraine et confrontant USA et Russie, se trouve dans la dimension psychologique des protagonistes. Cela est faisable dans la mesure de l’extrême concentration des pouvoirs vers quelques-uns et des immenses dégâts qui peuvent être causés par des décisions également très concentrées sur des moyens en nombre restreint mais à l’effet extrêmement important.
Il se trouver que le principal et nouvel acteur de ce qui est donc bien la GrandeCrise nous propose une psychologie tout à fait singulière et remarquable. Il s’agit du président des USA, Donald Trump, qui est de plus un exceptionnel virtuose de la communication, cela constituant un agitateur et un utilisateur majeur de sa psychologie.
Nous parlions déjà hier dans le sens d’une observation faute à partir du cabinet du psychiatre, des agitations, voire des convulsions de Trump, dans cette phase depuis à peu près le mois d’avril. Le départ assez ordonné et efficace de son mandat, notamment par rapport à la ligne politique qu’il a lancée d’un nouveau ‘America First’, s’est brutalement embourbé dans des problèmes complexes où il s’agit de faire cesser des guerres perdues par l’Amérique ou constituant une charge inacceptable pour elle, en donnant l’impression d’une Amérique extrêmement victorieuse, et désormais totalement ‘America First’.
Nous rappelons ce que nous disions hier du comportement de Trump, déjà en formule incontrôlée en partie dans le cas ukrainien, puis totalement incontrôlée dans le cas israélo-iranien. Après avoir précisé que nous choisissions l’option d’écarter toutes les thèses complotistes et manipulatrices pour faire de Trump un acteur autonome à part entière (un peu comme Zelenski l’est devenu en Ukraine, et bien entendu, Netanyahou depuis des années, avec des tonnes de casseroles au cul)... Alors, nous écrivions ceci :
« ...Trump se révèle, à notre sens de psychiatre improvisé, comme un psychopathe-narcissique qui suit la courbe classique de la maniaco-dépression, lorsqu’elle se réfugie dans sa phase maniaque pour ne pas connaître les affres de la dépression.
» Note de PhGBis : « Moi qui connais assez bien PhG, qui a mis ce texte sous les augures de son ‘Journal-dde.crisis’ qui signifie “Journal fou d’un évadé de l’Asile’, je crois pouvoir dire qu’il sait parfaitement ce dont il parle en citant le cas de la maniaco-dépression se réfugiant “dans sa phase maniaque pour ne pas connaître les affres de la dépression”... »
Aujourd’hui, nous allons un peu plus loin, avec une citation somme toute assez ironique. Il s’agit d’une précision donnée par Chas Freeman, dans une interview sur la chaîne indépendante ‘Glenn Diesen français’. On trouve ces remarques de Freeman (84 ans), effectivement très ironiques puisque venues d’un homme placé en maison, un de ces asiles de vieillards propice aux développement des démences séniles avec les troubles cognitifs dans lke rôle de “l’accompagnant”. Au passage 36’53” de cette vidéo du 18 juin 2025 , Freeman précise :
« Alors quelle sera la position de monsieur Trump, – et là je dois dire que le comportement de monsieur Trump n'est pas rassurant. Il semble être à la fois un narcissique malveillant et malfaisant à bien des égard mais il semble aussi perdre de ses facultés mentales. Si vous regardez ces discours et ses réponses aux questions il ressemble à ce que je vis dans une résidence pour personnes âgées.
» Vous savez beaucoup de personnes ici rencontrent les mêmes problèmes monsieur. Trump a 3 ans de moins que moi [84 ans] mais je le vois peut-être souffrir de plus en plus de démence... Nous venons de voir un président atteint de démence Joe Biden donc ce n'est pas impossible... »
Freeman n’est pas gâteux. Il est certes âgé mais il a toujours constitué une de ces têtes solides parmi les diplomates de la Guerre froide. Il fut notamment adjoint au ministre de la défense chargé des questions politiques et diplomatiques. La façon dont il observe Trump est donc privilégiée ; une sorte de “un pied dedans, un pied dehors”, sachant parfaitement, précisément, aux moindres détails près quel comportement l’on a lorsqu’on glisse vers la démence sénile ; presque comme s’il en était mais n’en étant pas du tout, puisque vieillard de la sorte qui garde toute sa tête, son expérience et sa perception, même si le corps subit « des ans l’irréparable outrage »
Cela ne nous conduit pas à un diagnostic mais nous invite plutôt à évoluer vers un jugement politique. Trump est une sorte de Biden-II, mais produisant des opportunités et des manipulations complètement différentes. Biden-I n’avait rien à mettre en place ni à contrôler : déjà gâteux lors de l’élection, il était complètement acquis au plan général d’attaque de l’Ukraine, jusqu’à Moscou s’il le faut. On ne contrôlait pas Biden-I, Biden-I faisait partie de la bande, petit porte-flingue de circonstance. Biden-II est complètement différent. Il a été élu dans des conditions complètement différentes, qu’il entendait conduire victorieusement. Nous le répétons : ce qui a avorté, c’est la partie initiale à partir du moment où il lui fallut se débarrasser du legs de Biden-I. On a vu comment il a réagi devant cette question, selon nous ; le maniaco-dépressif en phase de pré-démence sénile (apport de Freeman) a décidé de prendre toute la situation en main et d’imposer sa marque victorieuse avec fracas.
Ce faisant rassurez-vous que diable ! Il ne trahit pas ‘America First’ mais compte bien y revenir, avec dans sa besace des victoires éclatantes. Il n’a nul besoin d’être manipulé par le parti de la guerre, c’est au contraire lui qui en prend la tête et l’emmène, comme s’il le manipulaitn, dans une cavalcade effrénée dont nul ne sait l’aboutissement. Il n’est la marionnette de personne, ni le traître de rien du tout ; il est le déchaînement absolu de l’esprit rendu fou par une réalité qui ne répond pas à ses injonctions : marcher vers ‘America First’ en ramenant une mainmise totale sur le monde. Là-dessus, tout le monde, notamment dans l’antitrumpisme de gauche qui commence à relever la tête après digestion de Biden-I, s’en paye une tranche sur la fuite du G7 de Donald Trump, avec des échappée sur la folie commune Trump-FoxNews, désormais dénoncés par les plus trumpistes d’entre tous (Carlson, Marjorie Taylor-Green, etc.).
Pour poursuivre la description de l’extraordinaire ‘blockbuster’ dont nous suivons le tournage, introduisons un extrait d’un dialogue entre le professeur Glenn Diesen recevant sur sa chaîne (en français) l’ancien officier de la CIA Larry Johnson. Diesen recevait Johnson sur sa chaîne secondaire ‘Glenn Diesen français’, hier matin, où l’on débattait de savoir si Trump est un “faiseur de paix” ou un “faiseur de guerre”, – et où la réponse suggérée par le débat serait bien “fouteur de merde”, et Dieu reconnaîtra les siens à l’odeur, et tout cela .
Ce débat est assez significatif : au milieu de l’échange vient la nouvelle que les USA ont suspendu, sans aucune explication, les négociations en cours pour rétablir des relations diplomatiques et politiques normales ; des négociations perçues comme essentielles pour rétablir des relations structurelles... Eh bien, pas du tout, plus de négociations ! Et les deux débateurs s’entendent aussitôt pour associer cette décision à la situation en Iran et en faire l’amorce (d’ailleurs de plus en plus probable) d’une aide russo-chinoise à l’Iran, – et, au-delà, l’agression israélienne contre l’Iran perçue comme une attaque “de l’Empire” contre les BRICS où l’Iran tient un rôle essentiel du point de vue structurel et opérationnel.
Lisez ce dialogue et notez bien ces remarques de Johnson qui nous font croire qu’après le “tueur en série” Hollywood va sortir une série sur le “régime-changeur en série” :
« Cela me fait mal de dire ça à propos de mon propre pays mais vous savez on est comme un alcoolique ou un drogué en pleine crise. Nous sommes hors de contrôle et nous sommes constamment impliqués dans une sorte de révolution de couleur ou d'aventure à l'étranger On ne peut pas s'en empêcher. »
Donc, replaçons tout cela dons le contexte général du dialogue où il est attentivement expliqué qu’il est vraiment préférable de ne jamais faire la moindre confiance aux USA, – et après tout, dans cette ambiance, Trump se trouve tout à fait à son aise !
Larry Johnson : « ...Donc en fait les États-Unis jettent un peu d'huile sur le feu maintenant. Les Russes sont restés calmes en public mais je suis sûr qu'en coulisse ils se rendent compte que non seulement ces Américains sont fous mais qu'ils pourraient être en train de se préparer à les attaquer. La Russie va devoir prendre cela très au sérieux. Trump est hors de contrôle. »
Glenn Diesen : « Eh bien je me disais lorsque les Américains ou l'administration de Trump viennent d’annuler les discussions avec la Russie récemment il est difficile de ne pas y voir un lien avec ce qui se passe en Iran Mais avons-nous des preuves ? Je pense que ce que vous suggèrez maintenant serait probablement l'hypothèse la plus forte ou la plus probable ici : les Américains snobent les Russes à cause de leur position plus ou moins définies sur l'Iran. Mais sait-on quelque chose de plus à partir des comptes-rendus ? »
Larry Johnson : « Pas encore, pas encore. Je viens de le dire, ça vient juste d'arriver. C'était une alerte info. Maria Zakharova est sortie et elle a annoncé que les discussions[sur la normalisation des relations USA-Russie] prévues cette semaine ont été annulées.
Il y a eu beaucoup d'espoir dans tout ce processus que les États-Unis et la Russie allaient se rapprocher. Mais vous savez j'ai toujours soutenu que les États-Unis ne sont pas dignes de confiance. Cela me fait mal de dire ça à propos de mon propre pays mais vous savez on est comme un alcoolique ou un drogué en pleine crise. Nous sommes hors de contrôle et nous sommes constamment impliqués dans une sorte de révolution de couleur ou d'aventure à l'étranger On ne peut pas s'en empêcher. Donc il semble dans une certaine mesure que les négociations actuelles avec les Russes soient également un peu trompeuses... Bon peut-être pas au même point que les Iraniens ont été trompés mais oui le but est simplement de s'assurer que les Russes restent à l'écart pendant que les États-Unis et Israël s'occupent de l'Iran et l'éliminent.
... Mais pour les Russes tout comme pour les Chinois, je pense qu'ils considèrent cette attaque contre l'Iran comme une attaque plus large contre le système eurasien multipolaire qu'ils essayent de construire car l'Iran occupe une position très centrale ... »
Glenn Diesen : « Alors oui je suis tout à fait d'accord ! Encore une fois il ne s'agit pas d'empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire Il s'agit de changement de régime et de détruire les BRICS. Les BRICS représentent une menace existentielle pour l'hégémonie des États-Unis et pour le système financier contrôlé par le dollar qui existe actuellement. Et cela doit être arrêté. C'est peut-être un des moyens utilisés par les États-Unis pour essayer de l'arrêter. »
Vous voyez également comme les commentateurs cherchent évidemment, – après tout, c’est complètement leur travail, – à trouver à l’activité trumpiste-frénétique des USA une cause rationnelle et une démarche opérationnelle répondant à une stratégie. Mais y croient-ils vraiment ?
« ...vous savez on est comme un alcoolique ou un drogué en pleine crise. Nous sommes hors de contrôle et nous sommes constamment impliqués dans une sorte de révolution de couleur ou d'aventure à l'étranger. On ne peut pas s'en empêcher. »
... Il est vrai que depuis que les mots sacrés de ‘regime change’ ont été prononcés (par qui ? Trump dans un tweet ?), les journaux ne parlent que de cela, les chefs d’État et de gouvernement victorieux sablent un champagne détaxé, tout le monde réfléchit déjà comme si Teheran avait été rasé pour y construire quelques Trump Towers, etc. Tout cela, en attendant le prochain tweet de Trump et son irrésistible (re)montée dans les sondages.
Peu nous importe l’évolution des choses sur les pays concernés, tout ce qui est cassé, tous ceux qui souffrent et meurent « sans parler », les ruines et les flammes laissées au gré des vents mauvais. On suit les cris de victoire de Netanyahou et le formidable steeple-chase de Trump. Il est temps de laisser tomber les vastes hypothèses sur les complots qui manipulent Trump, sur Trump-marionnette, et toutes ces sortes de chose. Définitivement, il s’agit d’un être humain avec ses multiples intrigues intérieures, c’est Trump qui mène la charge avec tous les neurones de son vaste cerveau en action, et nous suivons ! Le DeepState applaudit à la victoire remportée sur toutes les chaînes d’infos sur les misérables barbares iraniens, mais il déteste plus que jamais et de plus en plus Trump en imaginant qu’il leur prépare un autre coup fourré, de la même eau mais en sens inversé de celui qu’il a porté à ‘America First’. Trump est devenu pour un stage renforcé un véritable neocon ; mais les neocon le haïssent plus que jamais.
Trump, lui, s’en fout bien assez. Il est là, réfugié triomphalement dans son cerveau bouillonnant des fureurs et des embardés des règles des lois de la jungle ; il est triomphant, l’emportant sur tous ses ennemis imaginaires et autres. Nous suivons, fascinés, cette extraordinaire cavalcade où plus personne ne sait plus si quelqu’un a véritablement fait quelque chose de répréhensible et si l’Iran qui vient de capituler sous les bombes les plus morales du monde est bien le même pays dont nous parlons tous, foutu comme une île du Pacifique reprise enfin aux Japonais (quelques petits-fils de soldats croyant que la guerre continue continuent à faire la guerre), – petite île perdue au milieu des sables du désert saharien. Tous, nous nous regardons : non, non, pas nous qui transportons à nos ceinture de cuir tannée par tant d’aventures civilisatrices, démocratie et droit de l’homme, – et ‘regime change’ au bout du compte.
On ne peut pas nous faire ça, nous refuser cette victoire de la morale ! Si, on peut.
Que voulez-vous dire d’autre ? Produire une hypothèse rationnelle, ouvrir un cours à SciencePo sur la rotondité de la Terre pour déclamer du Zarathoustra sur la terre qui vit se développer, il y a trois mille ans, la religion du zoroastrisme ? Trump et le DeepStatesont-ils au courant ? Il faut leur téléphoner après s’être assuré que Poutine ne les écoute pas.