Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

Les quatre minutes de vérité du sénateur Graham

  vendredi 28 septembre 2018

28 septembre 2018 – On se rappelle, l’on sait même avec la plus grande certitude, que je n’ai jamais porté le sénateur républicain US Lindsey Graham dans mon cœur. Grand ami et complice de McCain, Graham a été de toutes les incitations, exclamations, manipulations & autres sales coups pour lancer ou entretenir des agressions et des conflits américanistes extérieurs, en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, en Ukraine, etc.

Graham est toujours le même à cet égard. Il a exprimé ses encouragements à Trump lorsque, à deux reprises avril 2017 et avril 2018), celui-ci a fait tirer des missiles contre la Syrie, regrettant néanmoins les doses homéopathiques employées au lieu d’un vrai carpet-bombing du type Shock & Awe pour en finir avec Assad. Graham montrait par là que le retrait de McCain, en phase terminale de son cancer en avril 2018, ne le privait en rien de son zèle guerrier.

C’est dire, plus encore que je n’ai dit en introduction, combien je tiens Graham comme un homme très dangereux à cet égard, comme un véritable “messager du Mal” dans cette époque toute entière maléfique. Pourtant, je vais vous en dire du bien.

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Deux crises et autres...

  jeudi 27 septembre 2018

27 septembre 2018 – ... Le “et autres...” signifiant qu’on ne peut s’en tenir, pour donner une idée générale des événements du monde, à seulement deux crises ; quand on a fabriqué le concept de “tourbillon crisique”, c’est le moins qu’on puisse en penser ; mais “les autres...” veux-je dire avec ce titre, de moindre importance dans mon raisonnement.

Il s’agit de la crise syrienne et de la crise washingtonienne. Elles se trouvent ensemble dans une phase paroxystique, le nième certes mais vraiment au même moment, et ces paroxysmes sans le moindre lien entre eux deux. Le paroxysme syrien n’a rien à voir avec le paroxysme washingtonien, absolument rien ; impossible de manipuler l’un pour avantager l’autre, – voilà ce que les Israéliens, soi-disant maîtres ès-manipulation, n’avaient pas compris ni prévu.

(Mais il faut leur pardonner, les Israéliens : nous comprenons, nous, qu’ils soient dépassés par le rythme des crises et qu’ils n’y comprennent rien, comme tout le monde...)

En temps “normal” (?), les choses auraient dû se passer ainsi, à propos de l’incident ayant abouti à la destruction de l’Il-20 russe : un concert de suspicion et d’accusations accompagnant les affirmations russes sur la responsabilité israélienne ; des rumeurs “bien renseignées” de montage des Russes et des Syriens pour impliquer les Israéliens après les avoir conduit dans un piège ; des mises en cause sur la présence “massive” des Russes en Syrie (Russiagate) ; la nécessité de de la culpabilité d’Assad, d’une façon ou l’autre (“Assad must go” + regime change)... Or, rien de tout cela.

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Bossuet En marche...

  jeudi 27 septembre 2018

27 septembre 2018 – C’est un simple petit détail, mais je trouve que les détails, après tout, – “Le bon Dieu est dans les détails” préfèrent dire des Français, tandis qu’Allemands et Anglais choisissent de façon si significative par rapport à l’éclairage de l’Histoire, « Der Teufel steckt im Detail » et “The Devil is in the details”...Mais je finis d’ergoter pour en venir à mon sujet, qui est un point de détail que je ne trouve pas sans signification cachée, du genre “à l’insu de son plein gré”, – on verra pourquoi...

Cela se passe à la tribune de l’ONU, mardi, lorsque notre-président vient parler avec fougue et chaleur, jusque presque à s’emporter, à transpirer, à taper de ses poings rageurs sur le pupitre, à-la-Krouchtchev mais en plus gracieux et léger tout de même. Par ailleurs, Krouchtchev nous promettait l’anéantissement par la Bombe, ce qui fut compris comme pure rhétorique marxiste, tandis que Macron cloue au pilori ceux qui refusent le bonheur universel de la globalisation.

Il se trouve qu’on trouve dans l’envolée la plus caractéristique de son discours, où manifestement notre-Président semble s’éloigner du strict verbatim de la chose sauf peut-être sur ce passage, au passage 00’28” de cette courte vidéo où il dénonce ceux qui lancèrent la globalisation et en dénoncent aujourd’hui les effets, ce membre de phrase : « ... que dénoncer les conséquences dont on a chéri les causes peut créer des succès d’estrade... ». J’ignore si quelqu’un dans le monde de la pensée et de l’inventaire l’a remarqué mais je suis prêt à jurer, d’intuition dirais-je, que cette belle tournure est imitée de la formule fameuse de Jacques-Bégnigne Bossuet ; laquelle est d’ailleurs soumise à des versions bien différentesoù la seule constante est bien que “Dieu se rit...”,  et la formule disons comme ceci : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » Après tout, Jupiter, puisqu’ainsi Macron se définit-il, peut se permettre cette audace de “se rire” lui-même, à l’image de Dieu.

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Maturation du désordre 

  lundi 24 septembre 2018

24 septembre 2018 – J’ai sur internet quelques références ou “sources” qui, par l’orientation qu’elles suivent, la forme de leurs commentaires, etc., me servent à maintenir une appréciation générale de l’état des affaires. Le colonel Pat Lang est l'une de ces références ; je le tiens pour un homme expérimenté comme ancien officier de la DIA, maître de soi, critique du Système et de “D.C.-la-folle” mais tout de même très patriote et donc proaméricaniste... Un antiSystème de circonstance, qui n’aura jamais mes positions fondamentales mais qui constitue une source honnête avec nombre de connexions dans les forces armées, très expérimenté et hors d’atteinte de l’affectivisme (notamment des antiSystème, qui pétrolent dur). Par conséquent, une source précieuse si l’on tient compte des réserves nécessaires.

Aussi peut-on aisément comprendre que je sois si fortement impressionné par le très court commentaire qu’il fait, après avoir cité un article de Wikipédia sur les émeutes de gangs des bas-fonds à prétention idéologique qui eurent lieu dans la partie byzantine et sauvegardée des restes agonisants de l’Empire du monde, à Constantinople en 585, – les “émeutes de Nika”, qui furent maîtrisées par les hommes (Belisarius, Marses et Mundus) de l’empereur Justinien Ier. Après avoir cité un extrait de l’article, Lang commente, – et ce commentaire de Lang se nourrissant, à mon sens, des contacts qu’il continue d’avoir dans les forces armées :

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L’affectivisme des hyper-antiSystème

  vendredi 21 septembre 2018

21 septembre 2018 – J’avais déjà observé dans le dernier “Tourbillon crisique” (“TC-59”) que Poutine allait s’attirer nombre de critique de ceux qui ont l’habitude d’être dans le même camp que lui (disons “antiSystème” pour faire court, même si cela conduit à écarter bien des nuances importantes) ; bien entendu, il s’agit de sa réaction après la destruction de l’Iliouchine Il-20 de surveillance électronique (ELINT) au cours d’un épisode confus impliquant des F-16 israéliens et un tir de missile sol-air S-200 syrien.

Moi-même, j’avais exprimé prudemment un avis nuancé, logiquement lorsqu’on ne connaît pas les faits, tout en identifiant les techniques nuancées et les habiles tactiques habituelles du président russe. Mon dernier paragraphe était une mesure de l’extrême difficulté de sa tâche, dans une époque où les fous qui abondent sur ce théâtre de démence qu’est la ronde des événements-en-cours ont vite fait de faire d’une vérité une illusion ou de proclamer qu’une illusion est une vérité, – d’où la parabole du “fil” qui ne met pas en cause Poutine mais souligne les difficultés qu’il doit affronter : « L’“incident” de l’Il-20 fait vibrer fort dangereusement le fil sur laquelle se déplace l’équilibriste Poutine, au-dessus du vide, sans filet, sans rien... Au reste, comment faire autrement lorsque le fil lui-même pourrait n’être qu’illusoire ? »

Entretemps, quelques plumes connues sont venues en défense de Poutine contre ce qui s’est avéré être une marée de vociférations anti-poutinienne, les “haïsseurs” de ce Poutine qui ne serait dans ces moments-là que trahison, couardise, imposture... Parmi ces plumes, et en première ligne, le Saker-US et son ami Andrei Martianov. (Il ne s’agit pourtant pas de “poutinistes” inconditionnels, particulièrement le Saker-US qui, en plus, argue régulièrement qu’il existe à Moscou une 5ème colonne pro-sioniste extrêmement active.) Le premier écrit sur son site, en date du 20/21 septembre 2018 (selon d’où on le lit), et intégrant le texte de Martianov :

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T.C.-59 : Poutine, l’équilibriste sans fil

  mercredi 19 septembre 2018

19 septembre 2018 – J’ignore si c’est une crise mais c’est évidemment une tragédie dont l’effet que nous ressentons sur l’instant est du type crisique. Poutine, lui, a parlé d’une tragédie dans des termes prudentissimes (« un enchaînement tragique de circonstances tragiques accidentelles ») qui apparentaient la chose plus à la fatalité qu’à quelque intention maligne, cela dit d’une façon qui ne suggère pas l’héroïsme : « Quand des gens meurent, spécialement dans des circonstances aussi tragiques, c’est toujours une tragédie, une tragédie pour nous tous, pour le pays entier et pour les familles de nos chers camarades. Dans cette circonstance, j’adresse mes condoléances aux proches de ceux qui ont été tués dans ce crash. »

C’est une tragédie et les sentiments en tous sens sont très forts, mais surtout certains d’entre eux, chez les soutiens habituels du président russe comme chef naturel de la Résistance antiSystème, qui se retournent contre lui avec une extrême violence. Alors, je crois qu’on peut dire que c’est au moins l’amorce d’une crise, mais de type indirect, hors des circonstances elles-mêmes de l’“incident” ; une crise qui concerne une personne et son énorme influence qui est largement mise en cause...

Par exemple, le site Russia Insider, qui emprunte un texte de Sputnik mais le chapeaute de titre et sous-titres de son cru, pleins de rage et de fureur : « Poutine aux puissances qui attaquent la Syrie : s’il vous plaît, vous pouvez tuer mes soldats, je ne ferais rien contre ça... Poutine s’abstient même d’incriminer Israël pour la perte de l’Il-20 russe et des 15 hommes d’équipage dans le cours d’une attaque aérienne israélienne illégale et non-provoquée contre la Syrie souveraine ... Contrairement à ses militaires, le président russe explique l’entièreté de l’incident par “une chaîne de tragiques incidents”. »

Ayant eu la curiosité d’écouter sa conférence de presse où il finit par parler de la chose à l’insistance d’un journaliste (à partir de 18’20” sur la vidéo), j’ai tout de même été frappé par le contraste saisissant entre la modération de son propos, assez piètre et conventionnel jusqu’à paraître obscène aux plus fortes sensibilités, et d’autre part son insistance à citer la réaction officielle du ministre/ministère de la défense, qui accuse avec une extrême fermeté Israël (avec coup de téléphone du ministre russe au ministre israélien), en précisant que cette réaction avait été « validée » par lui-même. Je vois beaucoup plus dans cette pseudo-contradiction une tactique de Poutine qu’une contrainte subie par Poutine ; une façon de dire, habile mais éventuellement pathétique : “Je veux absolument que les choses s’arrangent mais sachez également que la Russie n’acceptera peut-être pas que l’on agisse de cette façon, en faisant mourir ses soldats, et que je m’exécuterais dans ce cas.”

Poutine a une conception multipolaire et apaisée des situations, et il ne perçoit son intervention en Syrie que comme un moyen de rétablir un ordre acceptable par tous après avoir liquidé les terroristes. Lorsque l’“incident” a eu lieu, il venait de remporter ce que lui-même juge être une victoire importante : un accord avec Erdogan sur Iblid, salué par les Iraniens et les Syriens, qui écarte pour l’instant une attaque américaniste avec le dilemme de décider ou non une riposte. La chose lui est d’autant plus précieuse qu’un mouvement se dessine au Congrès pour lier une attaque US en Syrie à une autorisation préalable de ce même Congrès, renouvelant la situation d’août-septembre 2013 qui avait bloqué l’attaque envisagée par Obama. Une crise avec Israël là-dessus pulvériserait cette perspective.

Cela est d’autant plus à considérer que les circonstances de l’“incident” du côté israélien sont loin d’être claires. La première réaction israélienne a été une série de tweet de l’armée israélienne déplorant la perte du Il-20 et rejetant la responsabilité sur la Syrie. Le ministre de la défense lui-même (le juif russe Lieberman) a traité l’affaire plutôt par un appel personnel de son vis-à-vis russe Shoigou, qui n’a pas mâché ses mots. Un autre aspect a été la première réaction du ministère des affaires étrangères devant les sollicitations de la presse, qui a simplement dit qu’il n’avait “rien à voir” avec cette affaire. Enfin, Netanyahou, parlant à Poutine au téléphone hier soir, outre l’expression de la grande tristesse dont il n’est jamais avare dans cette sorte de circonstance, a promis d’envoyer son chef d’état-major de la force aérienne pour une explication technique avec les militaires russes. Tout semble se dérouler un peu comme si la direction politique israélienne passait la patate chauds à ses généraux, et avec elle la responsabilité de l’affaire, peut-être justifiée par une manœuvre interne des militaires. (Comme l’on dirait : “c’est vous qui nous avez mis dans ce foutoir, à vous de nous en sortir”.)

Il n’empêche, et je crois que c’est l’essentiel : il reste l’impression qu’on a constatée du rôle et de l’attitude de Poutine, dans le chef de ceux qui sont en général ses meilleurs soutiens dans le monde de la communication. Poutine est un équilibriste qui est de plus en plus en équilibre instable dans ses entreprises, à la fois de fermeté face aux pressions innombrables du Système, à la fois de volonté d’arrangement presque à tous prix dans les différentes situations crisiques ; et tout cela, avec des “partenaires” à “D.C.-la-folle” qui combinent une haine inextinguible contre lui et la Russie au comportement d’une démence de chaos profond.

L’“incident” de l’Il-20 fait vibrer fort dangereusement le fil sur laquelle se déplace l’équilibriste Poutine, au-dessus du vide, sans filet, sans rien... Au reste, comment faire autrement lorsque le fil lui-même pourrait n’être qu’illusoire ?

Mattis comme chez soi

  mardi 18 septembre 2018

18 septembre 2018 – Je regardais hier en fin d’après-midi, au hasard d’une heure perdue et d’un zapping sans intention de nuire, l’émission d’information 64’ de TV5-Monde. A la rubrique Grand Angle, où l’on reçoit un invité, l’on vit un monsieur Kevin Limonier, présentant son livre « Rue.net, Géopolitique du cyberespace russophone », aux éditions L’Inventaire. Le thème en est la “cyberpuissance” et je laisse la place au rapide “prière d’insérer” pour donner une idée du contenu et de l’esprit de la rencontre :

« A tort ou à raison, la Russie s'est construit une image de “cyberpuissance” que les accusations américaines, renforcées par les déclarations du président français, ont grandement contribué à façonner. Kevin Limonier pose ici la question de l'instrumentalisation politique, par la Russie comme par ses adversaires, d'un phénomène technique ayant acquis une immense importance stratégique. La lutte pour son contrôle est en effet susceptible de provoquer des guerres, de déstabiliser des régions entières, ou encore de priver les citoyens de certains de leurs droits les plus fondamentaux. Le retour objectif de la Russie sur la scène internationale s'accompagne d'une mise en récit s'appuyant sur un imaginaire issu de la “guerre froide”. C'est à cette “mise en récit” qu’est consacré le quatrième Carnet de l’Observatoire. »

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Anniversaire morose d'un simulacre usé

  mercredi 12 septembre 2018

12 septembre 2018 – Cette fois, j’ai eu du sentiment à propos de la commémoration de l’anniversaire-9/11, comme on dit qu’on a “du grain à moudre”. J’ai trouvé qu’on écrivait beaucoup à ce propos, et qu’on écrivait comme si le “sentiment du doute” était devenu une attitude intellectuelle normale, tandis que les défenseurs de la version officielle se sont dissipés dans la nature comme autant de grain de poussière d’un 9/11 retombé et devenu assez lointain, privé de ses geôliers hystériques hurlant au complotisme comme la vertu dénonce des harcèlements multiples et incessants. Peut-être s’agit-il de la publication d’un livre mystérieux (auteur anonyme) sur la chose, par les amis du Sakerfrancophone, chapitre par chapitre d’ici Noël avec promesse de suspens, – Pentagone ou la théorie d’UN complot. Pour le bouquin, c’est sûr : on suivra, on lira, on verra.

Il y a depuis longtemps une chaleureuse complicité entre le Sakerfrancophoneet dedefensa.org... Dans le texte de présentation de cette audacieuse entreprise, d’ailleurs détaillée comme une enquête mystérieuse et un feuilleton haletant par Hervé, j’ai eu la surprise agréable et tout toute aussi chaleureuse de me voir cité dans des termes élogieux. Pour ne rien vous en cacher, et parce qu’aussi c’est le début de ma réflexion, je cite la citation de PhG et la présentation qu’en fait le compère Hervé.

 « Pour finir par un contre-pied, je citerais un autre auteur, l’une de nos sources d’inspiration au Saker Francophone pour alimenter vos lectures, Philippe Grasset du site dedefensa.org :

« “Je me fiche bien de savoir s’il y a eu complot ou non, et qui, etc., pourvu que beaucoup de gens y croient, car l’important est l’entretien de la suspicion, donc de l’hostilité au gouvernement washingtonien, donc au Système ; et mon avis est qu’il est préférable de ne jamais trouver la vérité d’un complot si c’est le cas parce que l’affaire serait expédiée avec quelques boucs-émissaires et l’Amérique renaîtrait de ses cendres en un ‘Monsieur Propre’ qui est capable de laver son linge sale tout seul [exactement ce qui s’est fait pour le Watergate]...” »

J’ai eu alors cette réaction de mettre en question mon observation, qui date quasiment des alentours de 9/11, et ainsi présentée comme ayant été dite par le susdit PhG, en public, en 2005, et sur laquelle je n’ai jamais varié en quoi que ce soit. Je ne m’étais pas posé la question lorsque j’avais publié la chose avec ces précisions, le 3 juillet dernier, dans ce Journalalors je le fais aujourd’hui sans doute parce que je l’ai lue en lecteur, sans m’être préparé, je veux dire sans avoir retrouvé et inconsciemment protégé dans mon esprit ce même jugement : est-ce que je pense toujours la même chose, 17 ans plus tard ?

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Leur censure, notre bataille

  lundi 10 septembre 2018

10 septembre 2018 – La plus grande démonstration de l’attaque du 11 septembre (un peu en avance, happy birthday America) et de la crise qu’elle a ouverte, c’est la confirmation symbolique et éclatante de l’importance fondamental du système de la communication dans l’équation de la puissance. La chose était déjà amorcée avec la guerre du Kosovo, la première guerre “virtualiste” (voir ceci et cela), mais c’est avec 9/11 qu’elle s’imposa définitivement. J’insiste bien sur ce terme de “définitivement” car en même temps que le système de la communication s’imposait et que 9/11 pénétrait et déchiquetait notre espace-temps, commençait notre Grande Crise, – à propos de laquelle j’ai sans doute agacé quelques lecteurs avec des noms et des acronymes différents, pour me fixer sur GCES, – Grande Crise d’Effondrement du Système, nous voilà, nous y sommes... Ces trois choses sont absolument mariées : le système de la communication, 9/11 et la GCES, – pour mesurer l’enjeu diabolique de cette séquence ultime de notre civilisation devenue contre-civilisation.

Or, il se trouve que, dans l’éditorial désormais mensuel de première page, – un des exercices les plus fastidieux que je me sois imposé lorsqu’il était hebdomadaire, pour finalement lui trouver un sens et un intérêt certain avec le rythme mensuel, – j’ai, au nom du site dedefensa.org, déterminé comme thème des événements du mois l’établissement de la censure par les “titans high tech” contre le système de la communication dans sa dimension antiSystème :

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Trahison bouffe

  dimanche 09 septembre 2018

09 septembre 2018 – Il est vrai qu’à certains moments, par instants pressants parce que nous sommes à “D.C.-la-folle”, j’ai été enclin à juger l’article de Mr/Mme Anonymous avec l’idée du bouffe à l’esprit. (Dernier exemple, en lisant l’article si joliment sarcastique de Diana Johnstone, qui prend le New York Times dans son viseur et le couvre de dérision pour l’hypocrisie qu’il ne cesse de montrer, – coup au but !) De cette façon, je veux dire d’une façon involontaire parce qu’entraîné par un de mes sentiments généraux, je ne lui ai pas encore accordé l’importance politique sérieuse qu’il mérite également.

C’est une tendance générale, depuis 2015, depuis l’entrée de Trump dans la campagne des présidentielles. Le personnage est tellement archétypique, tonitruant avec les déclarations qui vont avec, emportées, furieuses, excessives, complètement de son époque folle et extrême dans les deux sens, avec la puissance de la communication ; son aspect physique, son peu de considération pour le sérieux de la raison et l’hypocrisie de l’establishment, sa piètre considération pour le conformisme et ses tendances maniaco-narcissique débridées, avec son cortège d’excès et d’exclamations exotiques, sans compter les inventions diverses, mensongères et sans nombre... Il est tellement “télé-réalité”, tellement de son temps et en même temps formidable et si puissant critique de son temps par le simple fait d’en être la caricature !

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T.C.-58 : Chaos-D.C., chaos-Trump

  jeudi 06 septembre 2018

06 septembre 2018 – Il devrait être difficile pour ceux qui ont à cœur de mettre à jour les innombrables complots “en marche” de n’en pas voir un dans la publication des extraits du livre-massue de Bob Woodward (Fear, – Trump in the White House) ; 

Cela, précédé par l’impressionnante cortège de cérémonie des « funérailles impériales » de Saint-John McCain ;

Cela suivi du fait du jour le plus remarquable, de cet article extraordinaire (page Op/Ed) paru dans le New York Times, signé anonymement par un “officiel de haut niveau” dans l’administration Trump, sous le titre de « I Am Part of the Resistance Inside the Trump Administration » (“Résistance contre Trump”, cela va sans dire). 

De ce dernier épisode (l’article anonyme du NYT), un des commentateurs de Bloomberg.News, Timothy L. O’Brien, qui n’est pas un défenseur ou un partisan de Trump mais se contente d’apprécier la situation ainsi créée, estime que l’article signifie que les États-Unis vivent dans un état d’insurrection et de forfaiture. Il observe que “l’action de résistance de l’équipe Trump contre Trump” que décrit l’auteur anonyme, est présentée comme “étant destinée à éviter une crise. Mais cette action en elle-même est une crise...”

« Ce qui me semble plus évident, c’est que le chroniqueur dit que son équipe cherche à éviter une crise constitutionnelle. Réfléchissez à ceci : les responsables de la Maison Blanche étaient tellement préoccupés par le manque de capacités à gouverner du président Trump qu’ils ont envisagé des mesures radicales [notamment, l’application du 25èmeamendement menant à une destitution], mais qu’ils les ont ensuite écartées pour éviter une crise constitutionnelle. Cela signifie donc que ces mêmes fonctionnaires non élus et inconnus, tous nommés par un président qu'ils jugent inapte à assumer ses fonctions, dirigent maintenant le pays sans surveillance ni légitimité ? Si cette situation-là n’est pas une crise, qu’est-ce que c’est qu’une crise ? »

L’article publié par le NYT, comme on l’a vu, n’est pas survenu comme un éclair dans un ciel bleu ; c’est au contraire le dernier en date dans un ciel extrêmement sombre qui ne cesse de dispenser des éclairs entraînant des bruits de tonnerre roulant sans cesse. Les réactions sont diverses et ajoutent encore au tintamarre et au chaos qui a fait gravir un degré de désordre plus à “D.C.-la-folle” et au sein de l’administration Trump.

• Trump hurle et tempête à la suite de l’article anonyme du NYT. Pour lui, ou bien l’article est complètement un faux (c’est l’avis de certains de ses partisans, comme Dinesh D’Souza, qui tweete : « Il suffit de lire l’Op/Ed anonyme du @nytimes pour comprendre qu’il s’agit d’un article-maison nullement écrit par un officiel de l’administration mais par un journaliste professionnel du journal lui-même. C’est la parfaite définition d’une #FakeNews ») ; ou bien le NYT doit révéler au gouvernement, pour motif de sécurité nationale, le nom de la personne qui a écrit ce texte.

• Chris Cilliza, de CNN, nous donne une liste exhaustive de 13 personnes (12 personnes + un couple) qui seraient susceptibles d'être selon lui l’auteur anonyme. On y trouve, pourrait-on dire, des “usual suspects” (notamment le directeur de cabinet Kelly, le vice-président Pence, les ministres Sessions et Mattis, l’ambassadrice Haley, – mais tiens, je ne trouve pas mon Bolton favori) ; mais aussi, pour fixer le degré de chaos, des hypothèses plus exotiques : “Javanka” (prénom très new age, mélange des prénoms Jared et Ivanka, le gendre et la fille de Trump), – et jusqu’à Melania Trump elle-même... (« Pour être clair, je ne crois pas que la Première Dame ait fait cela. Mais sa volonté de faire passer des messages quand elle est mécontente de son mari ou de l’administration est indéniable.[“I really don't care. Do U?”] Et si vous êtes de ceux qui croient que cette administration et Trump sont gouvernés par les règles du reality-show, alors l’idée que Melania ait écrit cet Op/Ed est le plus grand événement de TV-réalité jamais réalisé»)

Alors, pour mon compte, plutôt que parler de “complot-en marche”, je serais enclin à penser et à écrire qu’il s’agit de la pente naturelle, “D.C.-la-folle-en marche” si vous voulez. Il n’est nul besoin de complot pour réaliser cet enchaînement, la machine (le Système) roule dans ce sens, irrésistiblement, inexorablement, de plus en plus rapidement. Tout cela doit être perçu dans la perspective des élections de novembre, c’est-à-dire qu’on devrait avoir, d’ici novembre, une montée continue de la tension, des révélations, des affrontements. La fureur anti-Trump est plus forte que jamais, ce qui a pour effet en raison du caractère de l’intéressé d’accroître la volonté de Trump de résister à ses adversaires par tous les moyens. Les élections constitueront un point de paroxysme de plus, exacerbant encore les tensions et les oppositions pour préparer la suite dans le genre catastrophique.

Il est possible que cette situation washingtonienne soit un facteur important dans ce qui apparaîtrait à certains comme une retraite du bloc-BAO/des USA dans l’offensive syrienne soutenue par les Russes contre Iblid. Le commentateur britannique Finian Cunningham estime qu'ils ont abandonné l’idée extrêmement classique désormais d’une attaque chimique type-“faux-drapeau” pouvant servir de prétexte pour une intervention dans la bataille... Bref, la Troisième Guerre mondiale serait remise à plus tard, il y a des choses plus importantes en cours.

Le spectacle est intéressant, la rentrée ne déçoit pas.

Ma “foi du charbonnier”

  jeudi 06 septembre 2018

06 septembre 2018 – Un lecteur qui se présente sous le pseudonyme de DontActe, interroge l’auteur de ce journal en commentaire d’un texte du site du 30 août 2018, et sa question présentée par un titre fait d’un mot en forme de question : « Exopolitique ? » ; et le très court texte étant lui-même un rapide constat suivi d’une question : « Vous évoquez (invoquez ?) ces “forces suprahumaines” de plus en plus fréquemment. Pourriez-vous être plus précis ? »

La réponse à la question elle-même, je veux dire précisément à la demande de savoir si je puis être “plus précis”, est très courte et aussi nette : « Non ». En conséquence, cela ne désigne pas les sortes de choses suggérées par le titre (*), à propos desquelles je fais vœu d’inconnaissance, sans jugement ni avis mais simplement dans le sens d’une tactique générale (valant pour toutes les hypothèses) de ne pas embarrasser ma pensée de questions rationnelles ne pouvant trouver de réponses rationnelles, ni de toute autre forme de culture accessoire pour mon propos et ma pensée. 

Pubagandastaffel

  lundi 03 septembre 2018

03 septembre 2018 – Ma carrière et mon destin ont toujours été d’écrire mais avant de trouver la filière (avec des hauts et des bas) qui m’assurait de ces choses, je fus touché par le climat parisien et ses “modes” impitoyables. (Paris fut mon port d’attache entre 1961 et 1967.) Mon beau-frère d’alors travaillait dans la publicité, et je fus tenté par ce métier qui commençait, au début des années 1960, à s’imposer comme l’un des plus “modernes”, l’un des plus “avancés”, etc., l’un des plus propices aux manigances du futur que nous attendions tous. Brièvement dit, je fis deux stations, l’une dans la petite agence qu’avait lancé ce beau-frère, l’autre à l’agence Interplans, le n°4 parisien après Havas, Publicis et Synergie.

Le métier était alors ce qu’on imagine évidemment : il s’agissait de lancer ou de soutenir un produit, avec des arguments plus ou moins sophistiqués, l’aide des psys avec leur vocabulaire abscons et poseurs, des bonimenteurs des relations publiques avec leurs arguments à l’emporte-pièce, des photographes et autres “artistes”. (A Interplans, il y avait même un ancien de la bande des Surréalistes qui remâchait ses souvenirs, que le patron d’Interplans, Maury je crois, avait recasé dans ses bureaux par amitié, pour assurer sa survie ; on avait le cœur sur la main.) Tout bien considéré, c’était un monde encore assez sage bien qu’arborant l’habituelle hypermodernité parisienne, avec la superficialité qu’on imagine, l’absence de conviction, mais tout cela dans une mesure supportable sinon “raisonnable”. On commentait la nouvelle formule de L’Express que JJSS était allé pomper aux States, on lisait Planète ; on ne se sentait pas encore “dans le ventre de la Bête”.

(Suite)

Les funérailles de la haine satanique

  dimanche 02 septembre 2018

2 septembre 2018 – ... Entendons-nous bien : je ne veux pas dire que c’est la haine que l’on a enterrée mais tout au contraire, que c’est la haine, et peut-être plus encore, qui a présidé à l’enterrement de John McCain, – lequel l’avait voulu ainsi, donnant ses instructions pour son enterrement et incitant ainsi à en faire la poursuite de sa bataille soi-disant “politique”,– et que je qualifierais plutôt de “satanique”. On pourrait dire sombrement, et pour mélanger les genres comme les manipulateurs de l’enterrement l’ont fait suivant les consignes du mort, que “c’est la haine satanique qui menait le bal de l’enterrement”. Outre d’être “le dernier degré de la corruption” de la psychologie, c’est aussi et d’abord un détournement satanique.

En ce qui concerne la corruption et pour s’en expliquer, – voici le tweet de la commentatrice politique conservatrice et (pour rassurer les bonnes âmes) afro-américaine Candace Owens, qui assimile justement ce que ce comportement a de terrestre à une corruption extrême de la psychologie : « Cette nouvelle attitude d’utiliser des funérailles et des éloges funèbres pour faire passer des messages politiques est vraiment tout à fait répugnante. L’utilisation de l'empathie que suscite la mort comme moyen d’influencer l’opinion publique est le nouveau degré de la corruption. Tous les gens impliqués devraient avoir honte d’eux-mêmes. »

Je n’étais pas à l’enterrement mais c’est comme si j’y étais tant je ressens intensément la chose, et de cela j’en frissonne encore. ZeroHedge.com nous informe suffisamment là-dessus. Quant à celui qu’on enterrait et puisqu’“ils” l’ont évidemment pris dans ce sens de l’exaltation du patriotisme, on imagine ce que j’en pensais. Pour ce qui est de ses actions dont nous avons été si abondamment informés, un seul jugement convient : criminel contre l’humanité pour l’esprit de la chose. (Démonstration tout à fait inutile.) Le “héros de guerre”, lui, m’a toujours laissé de marbre sinon pire.

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De la quête à l’enquête sur l’effondrement

  vendredi 31 août 2018

31 août 2018 – Dix ans après la crise financière, nous en avons fini avec la surveillance et l’analyse des chiffres parcellaires dont on nous saoulait pour nous balader hors de nos préoccupations sacrilèges, nous maintenir dans la seule sphère de l’économisme au sens large (le financier compris) et ainsi emprisonner notre psychologie dans leur façon de voir le monde. Wall Street et sa bulle qui n’en finit pas de gonfler comme si elle se trouvait dans le vide sidéral, les débats et les rodomontades sur la romance de la croissance, tout cela nous semble faire partie d’un autre monde. La seule stabilité du jugement concerne la situation des États-Unis d’Amérique, qui reste le centre à prétention impériale de ce vieux monde qui se défait en lambeaux... Tout cela nous paraît si pathétique dans leur prétention à songer une seule seconde encore à maîtriser la Grande Crise, que nous avons qualifiée depuis plusieurs années déjà, ici à dedefensa.org, de Grande Crise d’Effondrement du Système.

(Je n’insiste pas trop, du moins pour cet instant, et pour satisfaire un ami cher qui me disait que cette manie des acronymes lui rappelait fâcheusement l’OTAN, le Pentagone et Cie. Néanmoins, il s’agit bien de la GCES et je suis sûr que cet ami finira par accepter cette pratique selon l’idée qu’il faut savoir, – selon la fameuse technique du “faire aïkido, – retourner ses armes, y compris dialectiques, contre l’adversaire... Le jour où l’OTAN adoptera pour en débattre l’acronyme GCES, ou GCSC en anglais [dernier “C” pour Collapse], je considérerai cela comme l’ultime signe de leur capitulation psychologique et sans condition, pour solde de tous comptes.)

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T.C.-57 : l’étrange démission

  mardi 28 août 2018

28 août 2018 – Je ne vais certainement pas mettre la France du président-en-cours au milieu de la folie tourbillonnante de notre étrange époque, d’ailleurs aucune entité cohérente ne mériterait un tel honneur qui est aussi un fardeau insupportable. D’ailleurs, la France n’est pas une “entité cohérente”... Alors, son ministre de “la transition écologique” (l’écologie “en marche” si vous voulez) annonce tout de même sa démission sans avertir personne, sinon le peuple de France à l’écoute de France-Inter, à 08H32 je crois. 

Tout cela est un théâtre direz-vous, ou mieux sinon pire, du très-mauvais théâtre ; la démission, les conditions de la démission, les réactions à la démission, du convenu, du déjà-vu. D’une certaine façon, vous n’avez pas tort, car dans ce Système de tels jugements ne peuvent être faux. Cela dit, d’une certaine autre façon vous n’avez pas tout à fait raison, car il y bien autre chose que du théâtre.

Pourquoi n’a-t-il pas averti le président et le premier ministre ? Hulot explique qu’il n’a averti personne, même pas sa femme. Ah si : lui, il était au courant (“Ce fut une décision de moi avec moi”, dit-il à peu près). Il semble que ce soit une réunion, hier en fin d’après-midi, qui l’ait décidé, comme le buveur qui atteint la lie du calice et en goûte l’âpreté catastrophique : il rencontrait le président, et voilà qu’il se retrouve avec un monsieur participant à la rencontre, un lobbyiste des chasseurs, un nommé Thierry Coste. Alors, il demande au président, en aparté suppose-t-on, pourquoi monsieur Coste est là, et il aurait obtenu l’étrange réponse suivante de ce même président : « Je ne comprends pas comment il est entré ». S’il est parti, c’est qu’il ne supporte plus « la présence des lobbies dans les cercles du pouvoir ».

« C'est symptomatique de la présence des lobbies dans les cercles du pouvoir, dit encore Hulot. Il faut à un moment ou un autre poser ce problème sur la table parce que c'est un problème de démocratie : qui a le pouvoir, qui gouverne ? » C’est une intéressante question, bien qu’un esprit candide pourrait la juger étrange, venue d’un homme qui se trouvait à un poste de pouvoir. (Mais Hulot fait la remarque, peut-être étrange, qu’à la place de pouvoir qu’il occupait il n’avait aucun pouvoir.)

Hulot quitte ce gouvernement dans de si étranges conditions, parlant avec une grande émotion tandis que tout le monde vacille sous la surprise, et en précisant étrangement qu’il n’a rien à reprocher ni au premier ministre, ni au président, parce que le responsable c’est “le gouvernement” : « Le Premier ministre, le président de la République, ont été pendant ces 14 mois à mon égard d'une affection, d'une loyauté et d'une fidélité à toute épreuve. Mais malgré cela, le gouvernement n'a pas su donner la priorité aux enjeux environnementaux. »

Une ou deux heures après ce départ, finalement plus étrange que surprenant, “l’Élysée” fait savoir que Nicolas Hulot peut être « fier de son bilan », et qu’en 14 mois (le temps passé par Hulot à la tête de “l’écologie en marche”), « le bilan de ce gouvernement [donc de Hulot] en matière d’environnement est le meilleur depuis de nombreuses années ». Le premier ministre a dit qu’il remerciait Hulot pour son travail, qu’il avait été « important au sein de ce gouvernement » et que lui-même, Philippe comme il s’appelle, avait « aimé travailler avec lui [Hulot] »

Je fais un coq à l’âne... Hier soir, sans m’aviser du dilemme terrible quoiqu’étrange que Hulot tranchait avec lui-même à ce même moment, je regardais une émission documentaire de 2013 sur les conditions dans lesquelles on avait décidé, à Washington, l’attaque contre l’Irak après l’attaque du 11-septembre attribuée aux islamistes d’Al Qaïda. Un monsieur Robert Clarke, qui dirigeait alors la lutte contre-terroriste, assistait à la réunion secrète qui décida de l’attaque, avec tout le cabinet et le président. Il était stupéfait de cette idée parce que Saddam était l’archi-ennemi des islamistes, et il remarqua au milieu d’un étrange silence : attaquer l’Irak pour riposter au 11-septembre, « c’est comme si vous attaquiez le Mexique après Pearl Harbor ». L’étrange silence se poursuivit parce que personne ne releva cette remarque. Dix ans plus tard, pour le documentaire en question, monsieur Robert Clarke fait ce commentaire : « J’ai alors senti que je me trouvais dans le ventre de la Bête. »

Bien entendu, je ne fais aucun parallèle, nulle analogie, je m’en tiens au seul domaine du symbole dans cette époque si étrange qui a vraiment commencé avec l’attaque du 11-septembre... L’étrange, finalement, c’est que quelque mot que vous employiez, “le gouvernement”, “le pouvoir”, “la Bête”, c’est toujours la même circonstance que vous désignez. Cet effondrement des capacités humaines dans la direction des affaires, – que ce soit pour l’influence ou le jugement au profit des manigances et de l’impuissance, – relève d’un même phénomène qui nous emporte tous. Nous le savons bien, nous le sentons de toutes nos perceptions malgré la lutte désespéré d’une raison bien subvertie pour rationnaliser tous ces avatars sous forme de trahison, de complots, de découragement, de paralysie. C’est pour cette raison que nous parlons de “tourbillon crisique” et de Grande Crise de l’Effondrement, parce que notre civilisation ne peut plus rien pour elle-même, qu’elle s’est faite contre-civilisation pour mieux en finir, comme Hulot avec sa décision “de moi avec moi”.

L’Américain vu par Sartre

  lundi 27 août 2018

27 août 2018 – Je viens de terminer Croquis de mémoire, de Jean Cau, qui se termine par un éblouissant portrait de Sartre ; éblouissant par la profondeur, la chaleur d’une grande estime attendrie, qui ne dissimule aucun des défauts et travers de Sartre et n’entend nullement épouser ses divers engagements politiques. Secrétaire de Sartre, Cau l’avait quitté dans des conditions que certains avaient dépeintes comme une rupture, sinon une déclaration de guerre, et l’on pouvait attendre un ton critique dépourvu d’aménité et de la moindre chaleur. Au contraire, je ressens le sentiment intuitif au travers de son écriture qu’il peint Sartre comme il était, mais avec une réelle et très profonde affection, presque de l’attendrissement. Je pense que je reviendrai sur ce portrait qui est un beau morceau de littérature ; en attendant, il m’a poussé à lire un des volume de la série Situations de Sartre (le III), que j’avais acheté parce qu’il traitait notamment de son voyage en Amérique de la fin de la guerre, en 1944. Je l’avais laissé de côté, et je m’y suis mis à la suite de la lecture du portrait de Sartre par Cau.

J’ai rarement lu, en quelques pages (en fait, un article dans Le Figaro repris pour le livre, datant de février 1945), une étude de la psychologie et de l’organisation éducative américaine (c’est-à-dire américaniste) tenant plus du dressage very soft que de la pédagogie, aussi précise, juste, voire éblouissante selon mon goût et mon savoir aussi bien documenté qu’intuitif de la chose. Et le résultat nous conduit à la formule d'une “liberté totale” de l’individu dans les bornes absolument inflexibles du conformisme de l’américanisme... Cela éclaire tant de situations et de comportements politiques, jusqu’à notre époque, – surtout dans notre époque, où cette “liberté totale” s’érode à une vitesse stupéfiante, entre l’espionnage universel par les écoutes, la militarisation de la police et l’expansion du domaine pénitencier dans des conditions effroyables, la totalitarisation oppressive de la justice, la domination d’une presseSystème dont les deux caractères sont le lynch de toute pensée non-conforme et la promotion jusqu’à la démence d’une narrative pulvérisant la réalité ; alors que le conformisme (“Politically Correct” et le reste) ne cesse de se renforcer, de contraindre, d’emprisonner, de presser la psychologie pour l’américaniser jusqu’à la démence ; alors qu’en même temps et pour faire mesurer la démence de cet emprisonnement du conformisme, l’Amérique en tant qu’entité superpuissante et matrice de cet américanisme ne cesse d’accélérer son effondrement !

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Élévation de la critique crisique

  mercredi 22 août 2018

22 août 2018 – Certes, quelques textes du site de ces derniers jours sont pour beaucoup dans ces remarques qui suivent, y compris bien entendu celui d’hier, avec Alastair Crooke. Mais il n’y a aucune peine à les trouver, je veux dire à trouver le sujet qui est dans l’actualité ou dans le commentaire de l’actualité, car ils commencent à abonder notablement. Il y a un état d’esprit qui est en train de s’installer, une psychologie collective chez certains commentateurs, analystes, etc., que j’ai l’habitude de fréquenter.

Il y a à la fois de la lassitude pour la bouillie de chat quotidienne et puis, au bout du compte, une sorte d’élévation. Peu à peu les “scories” (ce mot que j’emploie volontiers) des crises innombrables qui constituent l’immense Grande Crise qui nous secouent perdent de leur intérêt et se dispersent, ou plutôt elles ne constituent plus l’essence même de la réflexion et ne sont plus utilisées (commentées) qu'en fonction de ce qu'elles apportent à l'approche de plus en plus renforcée et assumée de cette Grande Crise. Ce qu’on observe, ce que je ressens ces derniers temps, c’est l’élévation de la réflexion critique vers le cœur même de la Grande Crise, l’élargissement du regard, l’acuité renforcée de la perception, l’alimentation de la pensée vers les grandes références que l’expérience a conservées pour ce moment-là.

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La sénatrice sacrilège

  samedi 18 août 2018

18 août 2018 – Dans ce texte, je fais référence aux deux autres textes du même jour, pour établir un lien entre eux deux et constituer ainsi un triangle parfait, complètement isocèle, qui figurera la vérité-de-situation de la Grande Crise d’Effondrement du Système (GCES). Le premierde ces deux textes concerne la sénatrice Warren et sa proposition de loi de “responsabilisation du capitalisme” ; le second est le T.C.-56 sur la “démence cosmique”.

Nous partons sur la sénatrice du Massachusetts...  

Elizabeth Warren est une brillante universitaire, venue de Harvard, qui occupa des postes officiels, notamment pour enquêter sur les conditions du sauvetage de Wall Street après l’effondrement 9/15 de 2008, avant d’être élue sénatrice en 2012 (et vice-présidente de la minorité démocrate au Sénat depuis 2017), et candidate préférée de la base du parti pour les présidentielles de 2020. Son engagement dans la gauche du parti démocrate est clairement affichée et nous trouvons trace d’elle sur notre site le 13 août 2009, alors qu’elle dénonce la façon dont on a couvert Wall Street effondré de $700 milliards d’argent public pour relever les banques. (En fait, il s’agit de beaucoup plus, mais c’est une autre histoire.) Élégante, très compétente, assurée d’elle-même et érudite, Warren est la progressiste-type de la Côte Est (par adoption et par tempérament), dans la tradition rooseveltienne (et plutôt Eleanor que Franklin D.). Petite touche d’exotisme bien dans l’air du temps d’aujourd’hui : elle assure avoir du sang cheyenne dans sa généalogie, ce que Trump conteste avec véhémence. (On aura compris qu’elle déteste Trump.) Comme on peut le voir dans son impeccable biographie Wikipédia, parfaitement alignée et élégamment hagiographique, cette brillante universitaire-sénatrice aux très bons sentiments est un pilier du système de l’américanisme ; “pilier de gauche”, certes, mais le Système a besoin de tenir sur ses deux pattes...

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T.C.-56 : Démence cosmique

  samedi 18 août 2018

18 août 2018 – Un commentateur du groupe VIPS (Veterans Intelligence Professionals for Sanity), qui rassemble un nombre respectable d’anciens officiers et fonctionnaires de divers services armées et de renseignement des USA, observe l’effet obtenu par la dénonciation largement démontrée par ce groupe de la complète démence que représente le Russiagate. Patrick Lawrence commence son texte par ce constat : 

« Un an s'est écoulé depuis que des professionnels du renseignement hautement qualifiés ont produit les preuves tangibles que les allégations d’interférences[dans l’élection 2016] et d’autres crimes imputés à la Russie reposent sur des falsifications et des subterfuges délibérés. La réaction initiale à ces révélations – une frénétique tempête de déni – ressemblait aux symptômes d’une grave pathologie, et le temps écoulé depuis lors a confirmé les pires attentes. Un an plus tard, nous vivons dans une proscription institutionnalisée de la réalité éprouvée. Notre discours consiste en une série d’enfermements de la pensées et de tabous. Quelle que soit notre mesure du phénomène, cela nous conduit à des troubles très graves et très profonds. La durée et la résilience de ce que nous appelons “Russiagate” amène maintenant notre république et ses institutions à un moment de grand péril, le plus grave depuis les années McCarthy et probablement depuis la guerre civile... »

Lawrence parle pour l’Amérique, mais il pourrait tout aussi bien parler pour tout ce qui est nommé sur ce site “bloc-BAO” puisque tout le monde dans ce monde qui continue à se dire élégamment et vertueusement civilisé subit ce que James Edward Kunstler désigne dans son dernier commentaire comme une pathologie qui « propage ses lymphocytes et ses macrophages ».

(J’y pense, le signe de l’universalité-BAO de cette pathologie est bien que la dernière victime de l’épidémie se trouvé chez nous, sous le nom tout aussi élégamment enlevé de DisinfoLab, avec son médecin le docteur Vanderbiest, qui ne cesse de soigner l’affection en utilisant les mêmes “lymphocytes et macrophages” qui sont cause du mal... Même les petites corruptions relèvent de la pathologie qui frappe toute cette confrérie.)

Certes, Russiagate n’est qu’un exemple, un effet, un outil, une conséquence parmi d’autres. Toutes les situations crisiques que notre attention nous pousse à considérer recèle les mêmes symptômes, cette démence entre le déni de toute réalité et l’hallucination du “déni de toute réalité” conçu par les déments comme la véritable réalité. Je me suis déjà reconnu à court de qualificatifs pour caractériser cette situation, qui ressemble à un formidable torrent emportant tout ce qui est raison raisonnable, mesure, intuition, harmonie et équilibre, au profit du formidable et diabolique ricanement du dément libéré de ces contraintes (raison raisonnable, mesure, intuition...) attentatoires à ses libertés les plus élémentaires.

Je m’interroge parfois pour me singer dans mes moments de belle plaisanterie : est-ce un complot d’une vaste entreprise humaine au dessein impénétrable mais inexorable ? Cette question prend aujourd’hui des dimensions de plus en plus comiques, tant sa petitesse et sa courtitude rendent compte de son impuissance à embrasser la dimension cosmique du phénomène. A d’autres moments, la dépression me prend dans ses griffes, comme nombre de commentateurs j’imagine, tant cette mise au point éclaire évidemment ma propre impuissance que je ne cherche nullement à dissimuler, à identifier la cause de cette maladie mortelle ; puis je me rassure en observant que cette dépression est un signe naturel de santé face à cette démence que j’identifie effectivement comme telle ; puis je me requinque en débusquant et en moquant dans le produit de la démence tel ou tel signe du ridicule qui nous rappelle que tous ces zombies-sapiens ne sont en rien grandis par leur démence... Même déments, ils ne cessent d’être toujours plus bas, ridiculisant ainsi les prétentions que cette démence leur suggère.

Au reste, je ne suis pas seul dans cet ouragan, dans ce “tourbillon crisique” qui ne nous laisse plus le moindre doute quant au bouleversement cosmique dont il est le porteur, qui renforce à chaque instant et à chacun de ses tours la perception de nous trouver devant un gigantesque phénomène animé par des forces d’une puissance inouïe, dont nous ne savons rien qui aille au fond des choses... La gloire des hommes, aujourd’hui, c’est de reconnaître l’impuissance où ils se trouvent devant la colère du monde, de s’en arranger, de faire leur devoir, de tenir, de tenir... 

« Je ne sais pas pourquoi les commentateurs écrivent des articles, écrit Fred Gibbon, dans UNZ.com.En partie par ennui je suppose, ou parce qu’ils ne savent pas quoi faire d’autre. En partie par exaspération. Et peut-être malgré tout, en partie dans l’espoir que si suffisamment de personnes prennent collectivement conscience des problèmes, elles pourraient, peut-être, faire quelque chose à leur sujet. Mais je ne peux pas y croire plus longtemps. Les crimes, les impasses et les désintégrations actuels sont trop nombreux, trop rentables et trop indescriptibles. Nous sommes en train de perdre le contrôle de nombre de catastrophes dont la taille n’a pas encore été mesurée... »

Et il termine, après avoir passé en revue toutes ces “catastrophes” devenues “indescriptibles” et incontrôlables : « Nous connaissons ce qui précède, beaucoup d’entre nous. Le point à retenir est qu’aucun de ces éléments ne peut être évité. Nous nous apprêtons à contempler l’effondrement d’une époque qui nous attend. Ralentie ou tout à la fois, ce sera quelque chose d’extraordinaire et de sans précédent. »

 

Note

...Pour en revenir à des considérations plus terre-à-terre, je signale ici que la “rubrique” “Tourbillon crisique” dans ce Journal-dde.crisis sera désormais identifiée sous ses initiales “T.C.” suivies du numéro de série, pour laisser la place à un titre caractérisant le sujet du jour.