Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

Cry For You, United States

  mercredi 05 juillet 2017

Nous ferions bien et bien mieux d’envisager cette question, dont la réponse est loin d’être simple et proche d’être apocalyptique : “Que ferons-nous sans l’Amérique, c’est-à-dire sans l’American Dream, nous qui semblons ne plus avoir le courage d’exister par nous-mêmes ?” J'ai employé à dessein le futur (“que ferons-nous ?”) et nullement le conditionnel (“que ferions-nous ?”) comme il aurait été de bon ton de faire dans le monde des prévisionnistes rationnels.

En effet, c’est bien le cas ....  Lire le même jour, – et quel jour, le 4 juillet, la Fête Nationale des États-Unis d’Amérique, qui est le jour où l’on a coutume de célébrer la Grande République, – deux textes écrits par deux grands esprits de la politique aux USA, deux vieux sages, peut-être les deux seules voix de vieux sages existant encore dans la Grande République... Le premier s’intitule, et c’est une question dont on serait si tenté de répondre “poser la question, c’est...” : « Is America Still a Nation ? » ; et le deuxième s’intitule, et c’est évidemment la réponse à la question : « We Must Declare Independence ». La question était de Patrick Buchanan, la réponse de Ron Paul. Les deux hommes, c’est visible, c’est lisible, c’est sensible, cela n’a nul besoin de traduction, les deux hommes ne supportent plus ce qu’est devenu leur pays et qui, par conséquent, n’est plus leur pays. Ils représentent la tradition qui condamne irrémédiablement ce cloaque infâme en quoi la modernité a transformé leur pays.

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Un nouveau PoDemPope est appelé à régner... “Araignée” ?

  lundi 03 juillet 2017

Même WhatDoesItMean (*) en a fait de gorges chaudes, ou plutôt un scoop de plus. Il n’est plus nécessaire de faire appel aux soucoupes volantes, à E.T. et toute cette sorte de choses pour ce site fameux pour son ésotérisme plein pot peut-être mâtiné de manœuvres cachées et complotistes qui me font sourire mais sans les juger absolument dérisoires ; enfin, veux-je dire, plus besoin des “petits hommes verts” du temps de l’adolescence de ceux qui furent mes enfants, d’ailleurs la chose est réservée désormais et plus drôlement aux hommes de Poutine se saisissant de la Crimée et foutant une trouille extra-atmosphérique à l’OTAN...

Aujourd’hui la Fantasy-fiction c’est la réalité, ou disons la narrative du simulacre de la réalité, si vous voulez, enfin quelque chose d’approchant puisque tout cela revient au même, mais une narrative si audacieuse qu’elle donne au simulacre des allures de conseil d’administration. En plus, WhatDoesItMean cite ses sources, comme vous et moi, nous qui sommes si sérieux, ce qui montre bien la solidité du sérieux du simulacre et de sa Fantasy-fiction...

Cela donne, pour ce qui nous occupe, ceci qu’avec le passage des deux milliards d’abonnés, le Papoderne, Sa Post-Sainteté Mark-The-First Zuckerberg vient d’annoncer que Facebook c’est comme une religion ; et je dirais, c’est moi qui précise, que c’est même mieux qu’une religion, que c’est une super-religion qui devrait être considéré comme une hyper-religion, qui devrait devenir religion à la place des religions, et en plus et parce que religion pacificatrice puisque remplaçant les machins monothéistes qui nous gonflent un peu avec leurs prétentions à l’exclusivité de la marque, droits d’auteur, droit de regard,  décapitations et ainsi de suite.

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Pleurs & tremblements extasiés

  jeudi 29 juin 2017

Rompant avec mes habitudes de vieil ours chauve perdu dans les bois hors-postmodernité, je regardai mardi en fin d’après-midi l’émission machin-truc de l’inimitable Calvi Gérard sur le segment royal de 18H00-20H00 sur LCI, et je suis sûr qu’ailleurs à la même heure ce devait être pareil car ainsi fonctionne notre univers de la communication-Système. (Aligné, plié, pas un pli pour dépasser, ne veux voir qu’une tête, n’entendre qu’un soupir, et ce sera ce soir-là celui de l’extasié bonheur.) On nous avait montré auparavant, vers 15H00-17H00 – j’ai beaucoup lambiné devant la TV avant-hier après-midi, parce que le temps était à l’orage et que ma chienne Klara en a grand’peur, en conséquence de quoi je reste près d’elle, – nous eûmes donc un spectacle considérable de la tradition même, haut en couleur et de grand intérêt ethnologique, les us & coutumes, et le vote dans toute sa chorégraphie solennelle, pour l’élection du Président de la nouvelle Assemblée Nationale de la République & du Peuple. C’est de cela qu’on parlait, chez Calvi Gérard.

Non, plutôt, on parlait de ceci, soudain la chose m’étant apparue à moi qui suis toujours en retard sur mon siècle, – de ceci que cette Assemblée-là comprend autour de 40% de femmes, presque la parité ! Mille sabords, quelle aventure... J’en fus sitôt retourné ! Qu’on me comprenne bien, aussitôt, et qu’on n’aille point me faire quelque méchant procès en LGTBQ-déficient, j’en serais affreusement marrie. Je n’ai rien contre les femmes, contre les homos, les trans, les lesbs, les multi, les couleurs brun, black, jaune, orange, bleue et même blanc, et en plus j’adore les animaux à un point que vous ne pouvez imaginer.

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Êtes-vous bordel-compatible et Poutine-compatible ?

  jeudi 22 juin 2017

... La réponse enthousiaste à la première partie de la question-titre est “oui, oui, oui, mille fois oui”. Les aventures de Macron & Bayrou se poursuivent, comme sur un circuit de rallye tourmenté, avec le départ-surprise du second suivant celui de ses archers du Modem. Cela venait après un fabuleux score de non-participation et l’annonce d’une hyper-majorité de quasi-450 sièges le 12 juin, pour se trouver avec un score ultra-fabuleux de non-participation (effectivement, 63% comme l’observe un juste-lecteur) et une majorité absolue effondrée à à peine plus de 300 sièges.

La politique établit tous les records possibles, y compris celui de la vitesse et de la maestria de l’émergence-surprise d’un nouveau jeune homme d’État et la déstructuration éclair et massive de la réputation de l’infrastructure sur laquelle il installe sa nouvelle gloire. Le nouveau président préside à toutes les nouveautés possibles, y compris, dès le début, comme on vous donnerait la cerise avant le gâteau, celle de faire de son début de quinquennat une forme nouvelle de grande politique, dite “bordel-compatible”.

J’entends quelques commentateurs qui continuent à pérorer sans s’étonner, imperturbablement, à propos de l’habileté de se président qui a réussi à provoquer une fracture chez les LR entre “bordel-compatibles” et les autres, jusqu’à ce bruit-sornette qui a couru pendant quelques heures, qui m’a absolument stupéfié et tétanisé, qu’on pourrait reprendre cette vieille moule pourrie de Raffarin pour lui fourguer un maroquin (type particulier de Maghrébin) ; heureusement, ce n’était qu’un maroquin-sornette... Mais aussi, très remarquablement, j’en entends l’un ou l’autre, pourtant franchement presseSystème (LCI), se demander si l’on n’a pas inventé le tourbillon politique de la folie qui ne s’arrête jamais.

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En attente

  lundi 19 juin 2017

Il y a un certain temps déjà que je me préoccupe de mon absence de jugement, et pour tout dire d’absence de sentiment vis-à-vis de ce nouveau président. J’ai fait une entorse à cette attitude psychologique lors de la visite de Poutine à Versailles, mais je crois que c’était plus à cause de Poutine qu’à cause de Macron, et que c’était conjoncturel plus que structurel.

Hors cela, le phénomène subsiste ; je veux dire qu’il subsiste, après son installation au pouvoir et malgré les législatives ; ou bien est-ce à cause des législatives avec ces résultats en dents de scie, d’une énorme majorité promise de “Chambre introuvable” au premier tour devenue majorité beaucoup plus équilibrée entre les deux tours ; ou bien est-ce à cause du poids écrasant de l’abstention qui n’a cessé de grandir, qui laisse à chacun la liberté embarrassante de lui trouver une explication comme lorsqu’on se trouve devant l’énigme du Sphinx : l’irrésistible attrait de la pêche du dimanche ou le silence de la révolte qui se prépare ?

Comment exprimer cela ? Il n’y a aucune antipathie, mais pas non plus de la sympathie, non rien d’arrêté dans mon chef vis-à-vis de lui. Il m’est extrêmement difficile de dire “président Macron”, ou “président de la République” et “président de France” à son propos, non par sentiment de rancœur, d’insurrection, d’illégitimité, mais par difficulté de perception, parce qu’il m’est difficile de sortir des clichés qui m’ont envahi l’esprit, du “jeune homme“ au “gamin”, et qui effectivement dénotent cette absence de sentiment, donc de jugement. Chaque fois que je le vois, c’est comme si c’était la première fois que je le voyais, et j’ai de ces exclamations dont je ne peux me déprendre malgré qu’elles soient déraisonnables et qu’elles pourraient laisser croire que mon jugement s’est retranché dans le sarcasme ou la caricature : “Tiens, qu’est-ce qu’il fait là, ce gamin ?”, ou bien “Quel jeune homme de belle allure, bien conventionnel, tout à fait propre sur lui, on en ferait mille comme lui et pourtant c’est lui qui se trouve là, – mais que fait-il donc là ?”

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« La Californie est un État souverain »

  samedi 17 juin 2017

Du temps où je travaillais encore paisiblement et dans les normes du Système, dans les années 1970, Jerry Brown était une des vedettes type people-politicien de la gauche contestataire, surtout à partir de 1975 lorsqu’il devint gouverneur de Californie. Il était anti-guerre, pas contre la marie-jeanne, environnementaliste, contre les grosses Corporate, en fait très en phase avec la Californie des hippies & Cie et du Hollywood New Age (et, bientôt, de Silicon Valley). Il disparut de notre attention vigilante en 1983 (fin du deuxième mandat de gouverneur) pour revenir au premier plan, type-Come Back Kid, à nouveau gouverneur de Californie à partir de 2011, toujours gauchiste de salon, environnementaliste, ostensiblement original comme marque de fabrique. Cela dit, et pas du tout gratuitement, on sait aujourd’hui que Brown dirige une fronde qui me remplit du plus grand intérêt, sinon d’une joie à peine dissimulée, tant elle est à finalité sécessionniste.

(Pour moi, la sécession, ou toute autre forme de fragmentation des USA, est la seule circonstance pouvant entraîner un choc assez formidable pour frapper le Système au cœur. La fragmentation des USA, c’est la déconstruction du simulacre fondateur de la modernité et opérationnalisant le Système, soit la déconstruction de l’artefact déconstructeur systémique de l’ordre, de l’équilibre et de l’harmonie du monde.)

Depuis fin mai, Brown est la personnalité la plus marquante d'une fronde majeure, la United States of Climate Alliance (USCA), avec au départ trois États (Californie, New York, Washington) qui sont devenus 11 (en plus, Vermont, Massachusetts, Connecticut, Oregon, Colorado, Hawaii, Virginie et Rhode Island). Lorsqu’on a parlé de « dés-union climatique » sur ce site, le 4 juin 2017, je pensais beaucoup plus à une dés-union des USA qu’à la dés-union la plus apparente, celle du bloc-BAO, entre Europe et USA, à propos de l’Accord de Paris. Et puis, passé l’emportement de 2-3 jours qui marque cette sorte d’événement durant sa phase d’apparence considérable, c’est-à-dire passée son apparence on n’en parla plus guère. Comme je dépends d’un flux extraordinaire de nouvelles dans tous les sens, concernant autant de crises folles, j’ai donc perdu de vue le cas du USCA... (Et encore, parlant de “flux extraordinaire” je parle bien entendu de la presse antiSystème, la presseSystème s’agitant dans le cloaque de son simulacre, aucun intérêt sinon celui de taper dedans à l’occasion.)

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Simulacre-USA, à l’origine

  mercredi 14 juin 2017

Il est entendu que John “Black Jack” Pershing débarquant du bateau et posant le pied sur le sol français, et proclamant “Lafayette, We Are Here” (ce qu’il n’ jamais dit, la chose ayant été dite avant lui par Charles E. Stanton et réattribuée, mythe déjà en formation, à Pershing par un officier des RP) ; les Sammies défilant par milliers dans les villes françaises en 1917, les journaux français chantant la gloire de la bannière étoilée illustrent l’événement du début de l’hégémonie de communication des USA sur la France (sur l’Europe), qui s’illustre par l’acte décisif qui permit la victoire de 1918. Je ne discuterais pas la première proposition, mais en remplaçant le mot “hégémonie” par l’expression “simulacre d’hégémonie” ; quant à la seconde, elle est outrageusement fausse, un mythe, une idole de la nouvelle religion transatlantique à laquelle la France en premier fit acte de “servitude volontaire”.

Il est important de déconstruire cette architecture subversive de déconstruction de la vérité historique (“déconstruire une déconstruction”). Il est essentiel de  savoir que les USA jouèrent un rôle opérationnel très mineur, – à peine supérieur à celui des valeureux Belges, qui sont tout de même dans une autre échelle de puissance, –  dans la victoire de 1918. Au contraire, cette victoire fut assurée pour l’essentiel par une armée française irrésistible, absolument transformée, reconstituée, renée en une puissance opérationnelle, humaine et industrielle, comme la première armée du monde après la terrible année 1917 (Le Chemin des Dames suivi des mutineries) ; et l’armée française secondée dans l’irrésistible victoire stupidement sacrifiée sur l’autel d’une diplomatie où la trahison s’exprima de tous les côtés chez les Alliés, par la participation étonnante de puissance et de courage de l’armée italienne contre l’Autriche-Hongrie.

Un petit bouquin qui ne paye pas de mine vous règle tout cela, allant dans le sens que j’ai toujours eu intuitivement à partir de certains faits militaires avérés. L’intérêt du Mythe du Sauveur AméricainEssai sur une imposture historique de Dominique Lormier (*) est dans ceci qu’il nous donne une synthèse rapide du phénomène (l'imposture), charpentée sur une multitude de détails essentiels et de citations venues des archives, sur les effectifs, les matériels, la répartition des forces, les opérations et les chefs qui les dirigèrent, durant cette période décisive entre la fin du printemps 1918 (avril-mai) et l’armistice du 11 novembre. Une place essentielle est faite sur la posture des forces américaines, leurs effectifs, leurs opérations, leur comportement.

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Une insurrection postmoderne

  lundi 12 juin 2017

On aura bien entendu que ce texte d’hier soir dans ce même Journal-dde.crisis, ce “billet” était de la sorte qu’on dit “d’humeur” mais il n’en contenait pas moins l’observation de faits, non plutôt d’une vérité-de-situation qui a des aspects novateurs sensationnels. Il méritait, me suis-je dit, un enchaînement plus démonstratif.

C’est pour cette raison que je choisis d’enchaîner, dès potron minet ou presque, sur une extension du domaine de la réflexion. Ce qui m’a frappé au premier instant comme un symbole écrasant, et qui subsiste, c’est le chiffre... Pour dire combien j’y étais peu préparé, lisant 51% j’avais cru lire le taux de participation et cela me paraissant sensationnel ; puisque qu’il s’avère que c’est le taux d’abstention, alors le chiffre devient un symbole formidable puisque la limite de la majorité absolue est dépassée. C’est historique pour une élection de cette importance : l’abstention est élue au premier tour avec entre 51% et 52% des voix (dites “voix-muettes”).

Dans la perspective historique, selon ce que l’on sait des us & coutumes de cette République depuis sa création où les participations aux grands scrutins ont toujours été importantes (avec tassement en 2012, comme une réplique du séisme à venir), nous devons avancer une interprétation radicale : que les gens doués d’abstention l’aient ou non conçu ainsi, il s’agit du modèle qui restera de la première insurrection postmoderne adaptée à son objectif. Son premier effet, incommensurable, insaisissable mais pesant de tout son poids, c’est la délégitimation du président à peine élu, dont l’énorme majorité de plus de 400 j’imagine attachera à ses basques, comme un boulet qui représente le symbole de l’ensemble, une Chambre non seulement “introuvable” mais plus encore, “indicible”, une Chambre-simulacre qui résume toute l’opération. Je n’écris pas cela par hostilité ni critique contre Macron pour ce cas, mais bien comme le constat d’une vérité-de-situation qui concerne le Système en général. Cette illégitimité va peser sur la direction-Système comme une malédiction des dieux.

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Le peuple a décidé son autodissolution

  dimanche 11 juin 2017

Les plus jeunes d’entre nous connaissent l’exclamation de Berthold Brecht au lendemain des émeutes du peuple de Berlin-Est de juin 1953, lorsque les chars soviétiques avaient dû intervenir avec la tendresse qu’on leur connaît : « Le Parti a décidé la dissolution du peuple. » C’est à peu près ce qui s’est passé dans la Douce France chantée par le Grand Charles, – à part que c’est le contraire : le peuple, appelé aux urnes, s’est fait la malle, il a proclamé lui-même sa propre dissolution... 49% de participation pour un premier tour des législatives en France, c’est un véritable résultat stalinien, – d’accord, “à part que c’est le contraire”...

C’est vrai ça, les Français sont formidables, dis-je sur un ton à la fois badin et presque indifférent, je dirais même “presqu’absent”. Personne ne s’intéressait plus à ce troisième tour, et moi le premier sans nul doute, après s’être un peu excité dessus à l’origine, tant la marée de la communication prévoyait un triomphe macronien. Eh bien non, ils ont quand même réussi à nous surprendre, à attirer notre attention... C’est Dupont-Aignan qui doit regretter de n’avoir pas été élu. Dans son programme, il prévoyait qu’une élection où il y aurait plus de 50% de bulletins blancs serait à refaire, avec élimination des candidats à remplacer par d’autres, façon-“dégagisme”. (Car moi, au milieu de ce tourbillon crisique absolument fou, je prends sur moi de proclamer que les 51% d’abstention d’hier sont dorénavant et désormais considérés comme des bulletins blancs de protestation par non-intérêt offensif.)

Il y a de la perplexité dans ma plume devant ces étranges événements, où des dynamiques collectives inconnues et inattendues peuvent se permettre d’intervenir de la sorte, d’inventer des coups pendables de ce poids-là. On croyait avoir tout vu lors de cette sublime et surnaturelle campagne de France-2017, et qu’ainsi l’on avait mérité un repos bien gagné, et il s’avère que non, qu’il y a ce tour de passe-passe... Qui a eu cette idée folle ? comme dit la chanson, quel grain de sable diabolique s’est donc glissé dans la mécanique de l’enthousiasme du Grand Renouvellement qui nous était promis ? L’époque de la Fin des Temps n’en rate pas une seule.

Je souhaite donc bonne chance et bon vol aux représentants du peuple, parce que, quand on représente un tel poids, on est libre comme l’air et léger comme une plume et vos promesses, finalement, comptent pour du beurre et ne sont en aucun cas du moindre embarras. Voici donc la nouvelle République Française, l’En-Marche, débarrassée de l’encombrant fardeau, ce peuple qui était vraiment à chier ; c’est-à-dire, sans avoir à s’encombrer de ce truc pénible, incontrôlable et qui fait l’important, ce qu’on appelle la légitimité dont elle est ainsi absolument dépouillée. Elle va pouvoir enfin consacrer son simulacre suprême, se construire une Grande Roue comme celle de la Vienne du Troisième homme et proclamer qu’ainsi, tout en haut du simulacre suprême et loin du monde agaçant, le monde lui appartient.

“Les Français sont formidables” disait à l’aide de son sourire béat le brave Jean Nohain, que les plus jeunes d’entre vous connaissent bien ; c’était pour clore, façon “que du bonheur”, chacune de ses émissions dites-“Trente-six chandelles”. Elle est en train d’en voir au moins autant, la démocratie-à-la-française, type-mondialisée, celle qui swingue...

Voilà, vous savez, inutile de vous alarmer. C’était comme on dit aujourd’hui “une brève de comptoir”, avant d’aller au dodo “Bonne nuit les  petits”, une réflexion pour faire de beaux rêves. 

“Comme un torrent”, prestissimo & fortissimo

  mercredi 07 juin 2017

“L’expression m’est venue à l’esprit” me suis-je dit et, très vite, je me suis corrigé de cette façon : “m’est une fois de plus venue à l’esprit”. Comme toujours, elle vient du titre de ce même film, mais ce que je voulais me dire avec ce “une fois de plus”, c’est que je l’avais déjà employé en titre. Vérification faite, c’est le cas, et telle quelle : une première fois en 2011 (le 17 octobre 2011), une seconde fois il y a un peu plus d’un an délibérément d’un texte à l’autre dont un texte des deux également sous ce titre exactement (le 6 mars 2016) dans ce Journal-dde.crisis, où je rappelais l’analogie du film (adaptation française du Some Came Running de 1958, tiré du roman éponyme de James Jones de 1957). L’expression désignant le même phénomène du déferlement diluvien des crises, cette expression “comme un torrent”, qui revient sous ma plume me fascine par sa puissance et sa magie à la fois symboliques et sans doute incantatoires, et peut-être même divinatoires...

(En 2011, son emploi réminiscent avait pour but de saluer la conjonction du “printemps arabe” et des mouvements type-Occupy aux USA ; en 2016, il s’agissait des élections aux USA bien entendu, qui prenaient toute leur ampleur révolutionnaire. Vous noterez que de tout cela et de toutes ces crises, directement ou indirectement, rien n’est clos et achevé, et qu’au contraire tout a empiré.)

Qu’on y songe ou qu’on comptabilise revient au même, car ici la représentation rencontre une vérité-de-situation d’une force remarquable... De la visite de Trump à Ryad, puis les sommets successifs de l’OTAN et du G7, suivis des déclarations de Merkel, le lendemain de la rencontre Macron-Poutine, puis le retrait des USA de l’Accord de Paris, l’attentat de Londres qui est de la sorte qui provoque toujours les mêmes effets de panique conformiste et de moralisme exacerbé, puis, deux jours plus tard, cette crise soudaine entre l’Arabie avec quelques compères et le Qatar, qui renvoie au sommet du Ryad pour le ridiculiser ou le dramatiser (ou le ridiculiser et le dramatiser en même temps).

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Le climat, PhG & dde.org

  samedi 03 juin 2017

Puisque nous sommes en pleine querelle sur la question du climat avec la décision de retrait des USA de l’accord de Paris et des suites, je m’avise comme cela arrive régulièrement qu’il est rarement question, sur ce site, du fond de la question de ce qu’on nomme “crise climatique”, entre disons “climatistes” et “climatosceptiques”. Je préfère désigner cette crise, et c’est déjà une indication, de l’expression beaucoup plus large et volontairement plus imprécise de “crise environnementale”. La différence est évidente : la “crise environnementale“ ne peut être déniée, quel que soit le responsable, et elle est directement incluse dans ce qu’il m’arrive de désigner comme “la crise du monde”, bien au-delà d’une “crise de régime”, au-delà d’une “crise de civilisation”. L’expression fait entrer l’événement dans la globalité de la Grande Crise Générale, et c’est ce qui m’importe.

(De ce point de vue, mon intérêt pour la “crise de l’environnement” est évident, sinon fondamental, ne serait-ce que par l’importance que j’attache au phénomène de l’anthropocène qui est la borne nouvellement créée pour marquer ce qui constitue pour moi l’une des trois révolutions qui ont déterminé le “déchaînement de la Matière” et celle qui a évidemment présidé à la destruction du monde, alias “crise environnementale”. [Le début de l’ère de l’anthropocène a été fixé à 1784, comme date symbolique de l’“invention” du moteur à vapeur en Angleterre, qui est un des moments de l’“opérationnalisation” de ce que je nomme, d’après le titre du livre d’Alain Gras, le Choix du Feu. Si l’on accepte cette date plutôt que 1825 comme je l’ai fait d’une façon plus littéraire et tout aussi symbolique, – lorsque Stendhal apprend avec horreur que, pour les libéraux, « les Lumières c’est l’industrie », – les trois révolutions du “déchaînement de la Matière” sont 1776, 1784 et 1789.] On trouve partout, sur ce site, des références à cette position par rapport à la question de l’anthropocène, qui est la question de l’action du Système sur l’environnement de notre monde ; le texte du 1er décembre 2013, avec des extraits de La Grâce de l’Histoire, ferait aussi bien l’affaire, me semble-t-il.)

Dans ce contexte, il me semble utile, à l’heure où quelques noms d’oiseau sont échangés au-dessus de l’Atlantique et de chaque côté du grand océan, de salon à salon et de chapelle à chapelle, à propos de cet Accord de Paris sur le climat et de la décision de retrait des USA, de ressortir une nouvelle fois un texte où j’exposais la position générale du site sur cette question polémique de l’aspect proprement climatique de la “crise environnementale”. On doit avoir à l’esprit, en lisant ce texte (écrit à la première personne, soit PhG), qu’il se situe dans une analyse générale (du 10 août 2011) où il est question de l’inconnaissance, qui est une vertu que j’honore de mon zèle dans nombre de cas et qui a fait l’objet d’un sujet du Glossaire.dde., mais aussi des déconstructeurs Deleuze et Derrida, et d’un de leurs critiques qu’on retrouvera sans surprise puisqu’il en a été souvent question dans ce Journal, Jean-François Mattei.

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Avec les marionnettes, on ne s’ennuie pas

  jeudi 01 juin 2017

Dans ces colonnes, on a pris coutume de les désigner, sans originalité excessive je le reconnais, comme des “marionnettes”. Il y en a eu un certain nombre qui ne se dissimulent plus, depuis 9/11, à commencer par l’Afghan Karzaï, qui réserva bien des surprises. Depuis deux ans, on l’a vu, on est passé au régime supérieur, avec les marionnettes entrées dans la plus haute catégorie des membres importants du bloc-BAO qui, comme on le sait, dirige le monde dans une discipline et selon une vertu impressionnantes.

Les deux marionnettes les plus fameuses de ces deux années, on les connaît puisqu’il s’agir de Trump et de Macron, comme il est précisé selon divers arrangements et raisons de notre jugement dans le texte référencé. Le moins que l’on doive reconnaitre, et je le fais pour nous tous à cet égard, c’est qu’elles ne déçoivent pas, mais alors pas du tout. C’est à croire, – et ceci n’est pas une idée en l’air, – que ces temps du Dernier Temps ont, pour donner leur pleine mesure, besoin de marionnettes plus que de ces gens sérieux, lourds de vertus et de connaissances, au faîte du pouvoir pour que le pouvoir serve encore et enfin à quelque chose.

Trump, c’est déjà connu : après quatre mois de pouvoir, plus personne n’est capable de dire s’il tient ou s’il trahit ses promesses de campagnes, s’il est prisonnier ou manipulé par le Deep State, ou s’il emprisonne ou manipule le Deep State, s’il va être destitué, assassiné, “zombitisé”, ou s’il rigole de tout ça en faisant ses petites affaires et en bouleversant l’état des USA. Il est haï, maudit, roulé dans la boue, méprisé au-delà de tout par l’establishment globaliste, et en même temps il parvient à ce point que le Financial Times [FT] lui-même, cette citadelle du mépris de l’establishment globalisé, respecté comme une véritable institution et sur abonnement pas-donné, prenne sa défense (et celle de UK-Brexit) contre Angela Merkel, pourtant favorite de ces messieurs-dames de la globalisation.

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A l’ombre du Roi-Soleil

  mardi 30 mai 2017

Le garnement s’est-il bien conduit ? La France retenait son souffle, parce que rencontrer Poutine c’est, selon le point de vue qu’on adopte, rencontrer Dieu-le-Père déguisé en Janus, ou bien rencontrer l’Ogre qui va manger les petits enfants qui sont d’un genre indéfini. Poutine, aujourd’hui, c’est la référence absolue des contines de nos contrées dévastées par la postmodernité : référence de la haine absolument déchaînée, référence de l’envie à peine réprimée et dissimulée, référence de ce que nous ne sommes plus par bonheur et de ce que nous n’arrivons plus à être par malheur, etc.

Par conséquent, Macron recevant Poutine à Versailles, là où le Roi-Soleil n’accueillit jamais, de justesse, le tsar Pierre, Pierre Ier Le Grand, c’était un événement considérable. Tout le monde l’attendait au tournant de la Galerie des Glaces et les Grands Ancêtres de la Grande Histoire pesaient de tout leur poids. Cela peut donner une ombre où l’on se perd parce qu’on n’imagine pas ce que c’est que la lumière ou bien une ombre qui vous donne envie de trouver la lumière parce qu’on a deviné de quoi il s’agit.

Je rengaine ici mon sarcasme, y compris celui que j’avais laissé traîner ici et là par anticipation. Malgré mes nombreux préjugés, apriorismes, parti-pris, mauvaises fois et autres, je me devais donc d’admettre qu’il n’a pas fait trop mal, c’est-à-dire par aussi mal qu’on pouvait craindre, le Macron. Rencontre sérieuse, un peu de fermeté par là, l’une ou l’autre ouverture par ici, etc. “Nulle affaire sérieuse dans le monde ne peut être traitée sans consulter la Russie” (autant pour “la Russie, puissance régionale”, de l’inimitable Obama). On se voit, on conclut de se revoir et de poursuivre, on essaiera de faire de mieux en mieux la prochaine fois. Macron paraissait encore assez vide, Poutine un peu circonspect dans le genre “est-ce que c’est du lard ou du cochon”. Le premier se tenait bien droit, style-bon élève ; il n’est pas assuré que le second se soit beaucoup amusé, mais au moins il n’avait pas à subir l’humeur lugubre et la face terriblement blette de l’ex-président-poire, le “président normal”.

(Suite)

Possibilité d’une vérité-de-situation

  samedi 27 mai 2017

Ce n’est pas si loin et pourtant cela paraît d’une autre époque, tant le temps se contracte et file à quelle vitesse, et l’Histoire avec ses avatars qui nous file entre les doigts comme du sable emporté par une affreuse et horrible tempête. C’est simple, cela date du 2 février 2017 et, alors, cela fut dit mais personne n’y crut vraiment et chacun au fond de soi était persuadé que cela ne serait qu’un emportement de passage.

...Enfin, je dis aussitôt de quoi il s’agit pour faire cesser ce suspens insupportable, qui est une déclaration d’un nommé Donald Tusk, dont j’espère ne rien vous apprendre en vous révélant qu’il est le président du Conseil Européen. Voici une citation du texte référencé où cet improbable personnage pourtant mis à une fonction prestigieuse semblait s’être laissé aller, dans un instant d’exaltation, à une déclaration absolument folle, – affirmer clairement et sans aucune réserve que les USA, au même titre que la Russie ou Daesh, ou la Chine si vous voulez, représente une “menace” pour l’Union européenne...

« Enfin une voix s’éleva, ou plutôt une plume, celle du président non-élu de l’Union Européenne (UE), le Polonais Donald Tusk. (“Non-élu”, par conséquent le plus complètement légitime pour parler en tant que créature du Système, Euro-Zombies, etc.) Tusk envoie une lettre à tous ses compères, dirigeants au plus haut niveau des 27 pays-membres de l’UE, avant leur réunion commune à Malte. Tusk écrit enfin les mots-sacrilèges, ceux qu’il était impensable de voir briller sous une plume européenne de bonne réputation-Système : la mise en évidence que les USA sont quasiment autant une “menace” pour l’UE que la Russie, la Chine et ISIS (Daesh pour les Français, le texte-Tusk n’étant qu’en anglais). »

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“Mon” simulacre, à l’origine

  jeudi 25 mai 2017

J’ai déjà dit, d’une façon ou l’autre, combien j’ai avancé dans ma vie comme un autodidacte, entrant dans des domaines que je n’avais jamais précisément envisagés pour moi-même. Ainsi en est-il principalement des matières proches de la philosophie, de la métaphysique, etc., autour desquelles il m’arrive de plus en plus souvent de m’agiter, qui m’étaient inconnues à l’origine de ma carrière. J’ai fait cela, je l’avoue, sans autorisation de l’Université. J’y suis venu de manière naturelle, empirique, parce qu’en progressant j’ai découvert combien cette progression nécessitait de faire appel à ces domaines.

Ainsi en est-il des mots et des concepts dans ces matières, qui permettent d’appuyer et de structurer une pensée, de la guider, de lui donner à la fois des outils et des références, de la faire progresser, parfois à pas de géant, parfois de la révolutionner. (On trouve de ces mots, ou concepts, bien sûr dans le Glossaire.dde.) Ainsi en est-il du mot “simulacre”, dont on voit qu’il est d’emploi répété ces derniers temps sur le site : voilà le point central justifiant ce texte aujourd’hui, puisqu’effectivement “simulacre” est apparu de nombreuses fois ces derniers jours.

Certes, je ne découvre pas le mot, qui est d’un emploi courant et ancien (le latin simulacrum pour “simulacre” et simulatio pour “feinte”, ”faux-semblant”, et “simulation” évidemment), ni même sa signification, ni même sa place (approximative pour moi, jusqu’alors) dans la philosophie depuis si longtemps, au moins depuis Platon. Ce que je découvre peu à peu, puis brusquement en vérité, c’est son poids considérable pour moi-même et pour le travail que j’effectue, sa puissance phénoménale et la complexité de sa signification depuis que je l’ai adopté pour le considérer d’un point de vue plus personnel, pour lui donner une place dans mon rangement dialectique (ou, disons, mon arsenal dialectique). C’est dire, effectivement, que je me le suis approprié à ma façon, selon mes conceptions, comme chaque esprit doit pouvoir faire en toute loyauté et en toute liberté, c’est-à-dire en signalant, en expliquant et en définissant cet emprunt. On comprend aisément, par ailleurs, en lisant certaines pages récentes de ce Journal-dde.crisis et du site lui-même, combien le livre de Mattei, L’homme dévoyé, m’y a aidé.

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Humeur de crise-36

  mercredi 24 mai 2017

Il est vrai que je m’étonne moi-même d’avoir si peu à écrire selon mon sentiment, et encore moins à penser de la situation française, dans ce temps nouveau du macronisme. Le “bruit de fond” autour de cette élection du jeune et brillant président-Macron m’a épuisé en vérité. J’ai montré un peu de passion, et même une grande passion pour la compétition, pendant quelques semaines ; désormais, je me découvre indifférent. Pour l’instant, le seul élément sérieux qui m’intrigue, je l’avoue, est cette rencontre avec Poutine, et à Versailles en plus (?), lundi prochain.

Je n’ai pas été convaincu de reprendre le collier de ma plume pour examiner et diagnostiquer notre-Président petit-prodige lorsque j’ai entendu l’acteur Vincent Lindon, notre paysan-du-Danube de service, nous expliquer, pour une fois cravaté et d’une voix soudain enfantine, il y a 3-4 jours au JT de LCI, qu’« avec lui [Macron], comment dire, les jeunes se sentent plus vieux et les vieux plus jeunes... » J’ai pensé un instant, d’une façon stupidement cruelle, je l’avoue, façon : “Et les jeunes-cons, se sentent-ils plus vieux-cons avec lui ? Et les vieux-cons, se sentiraient plus jeunes-cons, peut-être ? Tout cela me rajeunit...” Passons-outre si vous voulez bien un tel mauvais esprit.

Je ronchonne, je marmonne ... Voilà à peu près comment plutôt que pourquoi la situation française, et non encore le président lui-même, ne m’intéresse guère pour le séant et l’immédiat. J’ai un peu l’impression que ce “bruit de fond” où l’on trouve un Lindon et tant d’autres voix autorisées de la sorte de cette fameuse “société civile”, ressemble un peu à l’atmosphère de certaines émissions pour les tout-petits, à la TV française, du temps de mes jeunes années ; c’était notamment et essentiellement le “Bonne nuit les petits” de l’excellent Nounours, promettant de beaux rêves à nos chères têtes blondes. (568 épisodes entre 1962 et 1973, plus que deux quinquennats...)

Non pas que le nouveau président soit un endormeur, une sorte de producteur d’hypnose, mais parce que prédomine en moi l’impression que les Français aimeraient bien s’endormir, bercés par Petit-Nounours, pour se réveiller dans leurs rêves devenus une réalité avec l’allure d’une sorte de “Royaume enchanté”. Aucun sentiment à ce propos pour le moment courant, intuition absente, conviction sans ressort, plutôt tout en attente... Cette “humeur de crise” est une drôle d’humeur d’où la crise serait justement de ne pas se percevoir en crise, alors que tout de notre sagesse et de notre perception nous crient le contraire. Enfin, le vrai est que jamais on ne perd rien pour attendre...

Téléréalité pour vomir

  mardi 23 mai 2017

Raimondo a trouvé le mot juste pour qualifier la première grande tournée de Trump à l’étranger : “écœurante” ( « The-Donald d’Arabie : un spectacle écœurant »). Voir Trump se pavaner au milieu de la richissime pourriture du cloaque saoudien, avec ses deux ravissantes (Melania et Ivanka) célébrant la façon dont les femmes sont traités dans le royaume ; la facture du déplacement ($350 milliards de quincaillerie militaire) immédiatement signée, sinon payée ; puis la visite en Israël, avec le gros Donald devant le Mur des Lamentations ; tout cela, enfin, entrecoupé par un discours incroyablement haineux à l’encontre de l’Iran bien dans l’esprit trumpiste (encore des promesses de tension pour un conflit que l’esprit du temps avec sa tumeur maligne en guise d’esprit attend avec tant d’impatience), ce discours assorti de l’exaltation d’une coalition antiterroristes des pays musulmans notoirement soutiens financiers et logistiques  du terrorisme...

(Rien que pour le goût, qui permettra de s’empêcher tout de même de vomir, on reverra avec intérêt et avec les intérêts, la séquence où The-Donald-candidat pulvérisait Hillary pour ses relations avec les Saoudiens et le fric qu’elle y récoltait. La séquence est en tête d’une interview de Ron Paul par John McAdams, où l’on voit l’inimitable Paul souriant d’une sidération presqu’amusée à force de grotesquerie, devant ce spectacle extraordinaire enfanté par ce qui n’est même pas de la démagogie au fond, mais qui est tout juste l’opportunité de dire ce que réclame l’apparence de l’instant présent, sans aucun souvenir de rien, sans aucun avenir de rien du tout, à la fortune du big Now. La téléréalité n’a pas fini de nous divertir jusqu’à en mourir de rire, par dérision, par inutilité d’espoir puisqu’absence d’avenir, par mesure du vide abyssal.)

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CNN-crazy et le sacré de la démence

  mercredi 17 mai 2017

Hier, j’ai passé quelques instants, un quart d’heure ici, un quart d’heure là, et puis ici puis là encore dans la journée, à regarder de temps en temps CNN. (C’est CNN, ç’aurait pu être un autre réseau US, peu importe, c’est la même boutique et le même délire.) C’était pour l’excitation de l’inconscient et l’édification-fun de la pensée, car il n’y a rien de plus édifiant, et finalement de plus salutaire pour l’esprit, que de suivre et de mesurer le délire des élites américanistes. J’y étais en plein, il faut dire.

Bref, je suis tombé en plein dans cette polémique surréaliste, cette polémique-bouffe à partir d’un article du WaPo (Washington Post), où Trump est accusé d’avoir filé des infos super-classified à Lavrov, au cours de leur rencontre diplomatico-conspirationniste du 11 mai à la Maison-Blanche, dans le bureau ovale soi-même. Même le dur de dur McMaster, général-penseur de l’U.S. Army, directeur du NSC et crâne rasé façon garde-du-corps, officier-traitant officiel du Deep State auprès du président, même McMaster qui assistait à l’entretien a fait un briefing rapide pour démentir complètement la chose dans des termes qui la ridiculisaient rudement.

Je ne vais rien vous raconter à ce propos qui soit très sérieux, sinon vous donner quelques URL d’accès vers l’une ou l’autre source, si possible suspecte aux yeux de nos commentateurs-Système, d’excellente-mauvaise réputation, où l’on vous explique les divers aspects de cette polémique-bouffe : par exemple celui, très complet, d’Alexander Mercouris, et ZeroHedge.com dans plusieurs articles dont certains repris d’autres sites. Tout juste vous rapporterais-je la réaction de la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères Maria Zakharova, par tweets interposé, parce que Zakharova est absolument charmante et qu’elle ne mâche pas ses mots, sacré bonne femme en vérité : « Dites, les gars, vous lisez encore les journaux américains ? Ce n’est pas la peine. On peut les utiliser de différentes autres façons et ce n’est vraiment pas la peine de les lire... [...] Comment peut-on vivre dans cette atmosphère globale de volatilité de l’information ? »

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Échos d’une Passion en hiver...

  jeudi 11 mai 2017

Commençant à rédiger le texte saluant l’avènement du “président Macron” en constatant «L’insoutenable légèreté du Français», j’éprouvai une tristesse à la fois assez grande et assez lasse, assez grande pour mon pays et assez lasse pour les habitants de mon pays et concitoyens de moi-même qui portèrent ce jeune homme improbable à cette fonction qui fut haute. C’était offrir une stature de géant à une sorte d’adolescent mal fini qui semble se satisfaire de cet état de lui-même et se complaît de résider dans “l’éternel présent” du Big Now. J’avais donc décidé de clore ce texte par une reprise d’un texte ancien qui décrivait le même état de l’esprit, de l’âme et du cœur, cela que j’avais éprouvé quelques mois après la prise de fonction du précédent, du président-poire, lorsque je m’aperçus, comme vous tous je pense, qu’il était bien plus poire, et blette en plus, que président. La différence est dans la rapidité de la réalisation du désastre, qui montre que le désastre s’offre désormais à nous à l’instant qu’il se fait. C’est un gain de temps précieux.

Au fil de la plume, mon sentiment changea. La tristesse, toujours présente, le céda rapidement en importance de ma perception générale, en une sorte de perception envahie à la fois de dérision et d’une gausserie un peu méprisante, s’adressant toujours à ceux-là de mes concitoyens qui avaient décidé de faire subir ce traitement à leur pays et à mon pays. Le texte prit une toute autre allure que celle que j’avais déterminée. Dans ces conditions, la citation que j’envisageai n’avait plus sa place, et je décidai de l’abandonner, ou bien disons d’y surseoir. C’est la deuxième option que j’ai choisie puisque j’y reviens aujourd’hui, tristesse toujours aussi grande et aussi lasse, tandis que dérision et gausserie sont passées au second plan même si elles ne meurent pas.

Voici donc le texte que je reproduis, qui fait partie de la série dite “Chronique du 19 courant...” à propos de laquelle je recommande à mes lecteurs de lire la note (*) en fin de texte, une indication pratique à propos d’un projet qui démarre et qui, lui, me tient à cœur. Le titre se lit « Une Passion en hiver » et la chronique est du 19 janvier 2013. Je crois qu’on peut reprendre ce texte presque mot pour mot pour définir cette tristesse assez grande qui m’a envahi en contemplant le destin de mon pays, peut-être plus grande encore de voir ce destin se confirmer, tandis que la lassitude perdure sinon se renforce, et pourtant jamais ne parvient ni ne parviendra à me priver de la force de continuer à écrire là-dessus. Voici donc...

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De l’insoutenable légèreté du Français

  lundi 08 mai 2017

Regardant hier soir quelques secondes, pas plus, cet océan en carton-pâte d’enthousiasme et de drapeaux français, je crois que c’était sur l’esplanade du Louvre, – que Dieu me pardonne mais la seule image qui me vint fut celle de Daladier, le grincheux et taciturne Taureau du Vaucluse, rentrant de Munich-38 et s’attendant à être conspué pour l’affreux accord qu’on sait, et devant cet océan semblable d’enthousiasme, qui marmonna : « Ah les cons ! » Eh oui, ils sont légers et, par conséquent, ils peuvent aisément être ce que Daladier a vu en eux, – sauf que, et là j’insiste en poursuivant l’analogie mais en l’inversant décisivement, comme font les déconstructeurs (Deleuze avec Platon), – sauf que Macron, face à cet océan d’enthousiasme n’a en aucune façon pensé du Daladier façon Munich-38, mais plutôt dans le genre “Ah, les braves mecs !”, comme l’on dit devant une téléréalité réussie. (Décidément, Macron a beaucoup du The-Donald en lui. Leurs rencontres vaudront leur pesant de peanuts et de barbe-à-papa.)

Oui, le Français est léger, et ce fut une de ses vertus, lorsque la légèreté était celle de ses superbes arrangements architecturaux ou celle de la rectitude sublime de se grands Jardins, mais il avait pour faire l’équilibre qui est harmonie, – il avait aussi le sens du tragique, comme il y a dans la franche gaieté de la camaraderie des Mousquetaires de Dumas toujours ce coin sombre prêt à distinguer et à affronter la tragédie du monde. Le Français d’aujourd’hui est léger comme une bulle, et il n’est que cela derrière son charabia postmoderne, et cela me déchire l’âme de penser un instant qu’on ne peut émettre d’autre jugement que ceci qu’il a le président qu’il mérite.

On me dira : voyez les candidats, quel choix leur était offert ! Je n’en disconviens pas, mais il est vrai que l’on a les candidats qu’on mérite, avec lesquels on s’accorde et d’ailleurs ils ont été aussitôt au pire d’entre eux ; mais encore, il est vrai que le Français léger s’il avait eu sa part de tragique, il n’aurait pas eu ce besoin morbide de souligner un tel choix qui est absolument catastrophique, de cet enthousiasme de carton-pâte comme un décor théâtral. Sinon, pourquoi ai-je également pensé hier, en plus de Daladier et Munich-38, à la Fête de l’Être Suprême de la Grande Révolution Française dans ses ablutions initiales ? Fête célébrée et sanctifiée par le ci-devant évêque d’Autun, Talleyrand certes, qui fit son office riant sous cape, avec une légère et énigmatique grimace de mépris et de dérision devant une telle polissonnade...

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