Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

De l’insoutenable légèreté du Français

  lundi 08 mai 2017

Regardant hier soir quelques secondes, pas plus, cet océan en carton-pâte d’enthousiasme et de drapeaux français, je crois que c’était sur l’esplanade du Louvre, – que Dieu me pardonne mais la seule image qui me vint fut celle de Daladier, le grincheux et taciturne Taureau du Vaucluse, rentrant de Munich-38 et s’attendant à être conspué pour l’affreux accord qu’on sait, et devant cet océan semblable d’enthousiasme, qui marmonna : « Ah les cons ! » Eh oui, ils sont légers et, par conséquent, ils peuvent aisément être ce que Daladier a vu en eux, – sauf que, et là j’insiste en poursuivant l’analogie mais en l’inversant décisivement, comme font les déconstructeurs (Deleuze avec Platon), – sauf que Macron, face à cet océan d’enthousiasme n’a en aucune façon pensé du Daladier façon Munich-38, mais plutôt dans le genre “Ah, les braves mecs !”, comme l’on dit devant une téléréalité réussie. (Décidément, Macron a beaucoup du The-Donald en lui. Leurs rencontres vaudront leur pesant de peanuts et de barbe-à-papa.)

Oui, le Français est léger, et ce fut une de ses vertus, lorsque la légèreté était celle de ses superbes arrangements architecturaux ou celle de la rectitude sublime de se grands Jardins, mais il avait pour faire l’équilibre qui est harmonie, – il avait aussi le sens du tragique, comme il y a dans la franche gaieté de la camaraderie des Mousquetaires de Dumas toujours ce coin sombre prêt à distinguer et à affronter la tragédie du monde. Le Français d’aujourd’hui est léger comme une bulle, et il n’est que cela derrière son charabia postmoderne, et cela me déchire l’âme de penser un instant qu’on ne peut émettre d’autre jugement que ceci qu’il a le président qu’il mérite.

On me dira : voyez les candidats, quel choix leur était offert ! Je n’en disconviens pas, mais il est vrai que l’on a les candidats qu’on mérite, avec lesquels on s’accorde et d’ailleurs ils ont été aussitôt au pire d’entre eux ; mais encore, il est vrai que le Français léger s’il avait eu sa part de tragique, il n’aurait pas eu ce besoin morbide de souligner un tel choix qui est absolument catastrophique, de cet enthousiasme de carton-pâte comme un décor théâtral. Sinon, pourquoi ai-je également pensé hier, en plus de Daladier et Munich-38, à la Fête de l’Être Suprême de la Grande Révolution Française dans ses ablutions initiales ? Fête célébrée et sanctifiée par le ci-devant évêque d’Autun, Talleyrand certes, qui fit son office riant sous cape, avec une légère et énigmatique grimace de mépris et de dérision devant une telle polissonnade...

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MicMac déconstructeur ou le Rien nécessaire

  samedi 06 mai 2017

L’affaire “MicMac”/“MicMacron”/McMacron ayant été par ailleurs éclaircie, il convient d’observer que l’expression de “MicMac“, qui rejoint un mot d’emploi courant, introduit d’une certaine façon le fond du sujet extrêmement grave que je veux traiter, qui concerne on s’en doute la profonde signification du candidat-promis-à-être-président, ce que sa survenue probable signifie en fait de nécessité pour notre compte. Pris familièrement, Micmac signifie aussi bien « Intrigue, manigance, pratique secrète dont le but est blâmable ou semble tel » que « Confusion inextricable » ; ces deux sens étant illustré par deux citations de la même définition donnée par le Wikipédia :

• « Un micmac à n’y rien comprendre ! reprit-il. (…) Maintenant, ils me tiennent à droite, à gauche, derrière. — (Émile ZolaAu Bonheur des Dames, 1883) »

• « D’où un micmac de paperasses à défier un cochon d’y retrouver ses petits et l’immobilisation définitive d’une affaire devenue insoluble. — (Georges CourtelineMessieurs les ronds-de-cuir, 1893) »

Ces diverses considérations et citations illustrant l’abrégé à propos de l’identité de la chose auquel nous sommes arrivés pour ces textes de fin de campagne, – “MicMac” pour “Micron-Macron”, ou mieux, à l’américanisme, “McMacron”, – sembleraient bien futiles ou fort oiseuses. Tout cela n’est futile ou oiseux qu’en apparence pour un événement qu’on pourrait justement juger l’être, oiseux et futile ; quoi qu’il en soit et dit peut-être plus sérieusement, il s’agit d’une illustration un peu leste du caractère fondamental de la chose : après tout, MicMac avec son capharnaüm de politique “à défier les cochons d’y retrouver leurs ordures à bouffer”, cela vous a de l’allure et va au-delà des apparence, non ? Ah, ce Courteline...

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BHO adoube un MicMac(ron) chef de guerre civile

  vendredi 05 mai 2017

Observons en préliminaire qu’en employant cette expression apparemment confuse de “MicMac”, abrégé de “MicMacron”, voire de Micron-Macron comme on dit Dupont-Dupond, j’amorce dans cette page du Journal le retour à la normalité grammaticale et postmoderne. Le “a” de mon clavier a finalement capitulé et a engagé le processus de reprendre sa place, c’est-à-dire l’abandon de l’identification de “Micron” pour le retour à l’étrange normalité de ce candidat sous sa réelle identité de “Macron”.  (Cela se fera par étapes.) Je n’ai rien à dévoiler là-dessus : s’il gagne dimanche, ce qui est la certitude du sens commun ennemi du sens comme le cultivent tous les déconstructeurs, il faudra bien, et fort loyalement, lui rendre son identité de Macron. (S’il perd, ce qui improbable sinon impensable selon ce sens commun “ennemi du sens”, il rentrera dans la normalité des avatars de la vue politique et perdra cette exceptionnalité du “rien” qui lui valut dans ces colonnes l’hostilité du “a”, et il lui sera restitué également sa véritable identité de Macron. Le lecteur n’aura donc plus à subir très longtemps ce caprice du clavier qui avait marqué les récents textes à son sujet.)

Or, il se trouve, pour revenir aux affaires courantes, que nous devons dire un mot de BHO, qui ne s’est jamais trompé sur l’orthographe du nom ; autrement dit Obama dont on doit se demander s’il est bien “ancien-président” ou s’il n’est pas le véritable président placé au-dessus de l’actuel qui baguenaude en prime time, comme une étoile noire puisque sans lumière nécessaire, pour le simulacre et l’habile dissimulation, restée en tant qu’étoile inspiratrice de la destinée des choses au moins américanistes, et peut-être même de la contre-civilisation et de ses globalistes. En effet, il se trouve qu’Obama a rallié et soutenu de façon officielle et solennelle la candidature MicMac, comme un vulgaire Mayrou, ou comme la doublette des champs dévastés, Fillon et Hamon, si prompts à se soumettre. (Je ne parle pas du reste de la horde, on connaît.) ... Bref, comme si Obama était un vulgaire homme politique français, ce qu’il n’est pas.

Par son aspect formel, officiel, etc., cette démarche est assez remarquable, sinon inédite, pour être notée comme importante et solliciter une interprétation. Obama avait téléphoné au candidat de son cœur un peu avant le premier tour, et il s’agissait d’une démarche informelle qu’on pouvait juger comme d’une signification politique réelle mais pas essentielle. Il ne devait pas faire plus, avait-on laissé entendre ; il a fait plus, beaucoup plus...

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Rien à écrire...

  jeudi 04 mai 2017

Cela m’arrive rarement, très rarement, et pourrait-on ajouter, encore plus rarement sinon jamais peut-être après un événement de cette importance... Sauf qu’il pourrait peut-être me sembler, si j’avais l’esprit au sarcasme, qu’il n’eut guère d’importance, cet “événement de cette importance”, de même que je me méfie en général des “événements de cette importance” jusqu’à m’interdire d’en écrire là-dessus aussi rapidement qu’on le voudrait... Mais là, c’est tout différent : je me suis retrouvé plume sèche et esprit vide, sans vraiment de reproche à faire à quiconque, – sinon à moi, peut-être et encore vaguement, moi qui ai toujours une phrase à écrire... Tu quoque fili, le vertige de la phrase blanche ?

D’abord, je le confesse : je n’ai pas vu grand’chose de ce débat ; les quinze-vingt premières minutes, puis assez édifié sur le climat, le ton, l’agressivité voire la sauvagerie. J’ai décidé alors de mener à bien mon projet qui était de respecter mes horaires syndicaux malgré l’événement et d’aller me coucher. Le lendemain, aujourd’hui donc, quelques commentaires de-ci de-là, des impressions entendues au vol, enfin rien qui puise modifier la pente suivie par mon jugement, et toujours cette absence d’inspiration, un certain dégoût, ou disons un désintérêt pour faire moins dramatique, d’écrire quoi que ce soit. Notez que cette attitude, comme influencée par le climat que j’ai évoqué, s’est étendue au reste des affaires du monde dans lesquelles je n’ai trouvé aucun intérêt également, rien pour éveiller le goût du commentaire, la flamme de la reconnaissance de quelque chose qui vaille un effort de l’esprit et un éveil de l’intuition superbe. Pourtant, je ne cesse de l’écrire, nous sommes au cœur d’une crise générale, la fameuse Grande Crise Générale d’effondrement du Système... Eh bien, tout se passa durant ces quelques heures, comme si rien ne se passait.

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Mélenchon, alias Lucius Cassius, rêvons un peu...

  vendredi 28 avril 2017

(Avertissement : finalement, je complète et je l’édite ou mets en ligne, ce texte que j’ai ébauché il y a trois jours et mis sous le coude dans l’attente d’un dénouement clair qui ferait une chute bien dans les bornes de la raison. Je n’attends pas le verdict ou ne leconnais pas parce qu'il m'a échappé, parce que le dossier est assez épais ; donc l’on ne me voudra pas si notre héros finalement se décidait clairement, – d’ailleurs l’essentiel est dit et fait pour moi. Je lui donne mon blanc-seing à ce texte, comme on se donne carte blanche-comme-neige et comme l’on clame “Un homme à la mer !” après l’avoir discrètement poussé.)

Je l’ai dit, je n’ai pas beaucoup suivi les news depuis l’insupportable fiesta de La Rotonde. (Quelle hargne m’habite donc contre cette gentille sortie, style bizutage, de notre éternelle jeunesse-pipole ! Sans doute parce que, quelque persifleur d’esprit mauvais vous le dirait alors je le dis, – et cette hargne, c’est peut-être parce que je n’ai pas été invité, moi le pipole, – grave faute de communication.)

Cette brève entrée en matière pour vous dire combien ce texte est à prendre au sérieux avec le moins de sérieux possible à l’esprit ; ce serait plutôt un exercice de divination, de transmission de pensées indociles, ou insoumises après tout, rien que de l’hypothétique pur sucre, avec ma boule de cristal un peu enfumée et qui roule, qui roule, like a rolling stone, comme sur une piste de bowling pleine d’ornières et de virages serrés. Bref, je ne suis sûr de rien mais je n’hésite pas à parler comme si j’étais sûr de cela (de n’être sûr de rien)... Eh bien alors venons-en au fait qui est que mon propos ainsi prudemment balisé concerne le comportement de Mélenchon depuis les résultats du premier tour, – qui ont été une épouvantable déception pour lui ces résultats, puis qui ont dû le faire réfléchir, notamment devant le spectacle du Micron déchaîné dans son slalom des impairs et des maladresses considérables. (A agir aussi sottement qu’il fait ici et là, d’une façon où même si son acte n’est pas tout à fait sot il le paraît tout à fait, on croirait, ma foi, qu’il est d’ores et déjà, notre-Micron, véritablement notre-Président ; alors, c’est que La Rotonde était plus que justifiée, remake absolument légitime du célinesque “agité du Fouquet’s”...)

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Micron aurait dû inviter Fillon à La Rotonde

  mardi 25 avril 2017

Fidèle à mes habitudes qui tournent dans les moments extrêmes à l’obsession et à la répulsion, je n’ai quasiment pas consulté à ce propos la TV-News et la presseSystème depuis l’élection, – oups, pardon, la qualification, – de Micron. (Oups ! Ce “a” qui continue à sauter de mon clavier [*].) Tout de même, j’ai trempé le bout du doigt de pied dans l’eau hurlante, notamment et principalement par le biais de la consultation des ordures-traîtres de la presse russe, RT et Sputnik les deux cornes du diable, ainsi que l’un ou l’autre site français antiSystème. (Il est important que je passe par les Russes en cette occurrence, pour que l’on puisse établir la passionnante narrative des lignes brisées des complicités, car l’antirussisme a besoin de ces circonstances obscures pour se justifier d’exister et il faut veiller à son entretien.)

Bref, je n’ai vu que très peu de choses sur les événements depuis le premier tour mais figurez-vous que cela me suffit pour me faire l’une ou l’autre idée qui me satisfait dans la compréhension de l’essentiel de cette affaire de si grande importance. Je vais même jusqu’à me permettre d’offrir, ci-dessous et entre autres, des extraits d’un texte français, qui m’est parvenu par le biais de RT-français, qui est de Pierre Lévy, du site de gauche antieuropéen Rupture sur lequel on retrouve le texte.

Là-dessus et avant d’enchaîner, je vous dirais que, concernant Fillon, j’ai eu vent par Radio-Moscou de son adhésion hyper-rapide à Micron, suivi de son annonce de son entrée en modestie comme on entre au couvent (il ne sera pas candidat aux législatives, il deviendra un « modeste militant »). Pauvre vieux-jeune homme, liquidé comme un linge sale qui pue, ou disons plus-tendance : comme “un fromage-qui-pue”. Je n’en reviens pas d’avoir écrit ce que j’ai écrit sur Fillon in illo tempore et, en même temps, je vous l’assure, je suis moi-même assuré de ne pas avoir été trompé une seule seconde par la main qui guide ma plume sur la réflexion de ce moment-là. Pour quelques jours, pour quelques heures, Fillon a connu la grâce authentique ; ensuite, inconscient de la charge qui lui était échue, pfutt, dissolution du personnage qui ne sut même pas montrer quelque habileté lorsque Hollande fit en sorte que la presse absolument-libre, bien huilée et coordonnée, mît à nu ses petites cochonneries. (Comme les choses vont vite, et les occasions, aussi rapides que fondamentales, et ratées jusqu’à l’effondrement si on ne les saisit pas, comme la grâce elle-même qui est une chose essentielle jusqu’à l’illumination mais aussi fugace qu’une plume dans le vent.)

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Un instant de honte et de dégoût

  lundi 24 avril 2017

J’ai laissé s’écouler quelques heures avant d’y revenir, pour m’assurer de mon sentiment dans cet instant-là... Un instant, juste un instant, cela ne dure pas longtemps. Qu’il soit d’ailleurs bien compris que cela ne présuppose rien, ni des prévisions de ma part, ni de la supposition d’une probabilité concernant la personne qu’on trouvera à l’Elysée dans un peu moins d’un mois, ni même d’une certitude quelconque sur tel ou tel personnage, ni enfin, encore moins, de mes goûts et choix en la matière qui sont d’ailleurs proches d’être inexistants pour ce qui tient à l’essentiel de mes préoccupations.

(Après tout, Micron [*], puisqu’on va très vite comprendre que c’est de lui principalement qu’il s’agit, pourrait se révéler comme ce tigre caché tout au fond de son moteur de la globalisation et prêt à se brandir lui-même hors des sentiers battus et dans le vent de la vitesse, et nous serions alors tous à nous exclamer, considérant le funambulesque personnage qui se serait dissimulé derrière la non-essence du moteur en question : “E miracoloso sporgersi”.)

J’ai connu cet instant exactement lorsque j’ai fait une incursion sur l’une ou l’autre chaîne TV de type-News aux alentours des 20H00 fatidiques, pour avoir une rapide idée des résultats, avec Micron en tête, puis j’ai changé de chaîne pour retomber je ne sais comment sur un téléfilm enregistré par une main citoyenne et situé à Verdun, où il y avait, hors d’une intrigue sans joie ni grandeur d’aucune sorte, au moins des images qui sont faites pour m’émouvoir, celle du grand champ de bataille sous la lune dont j’ai souvent parlé. La cohue citoyenne des commentateurs à propos des résultats, l’hystérie à peine contenue des commentaires-Système à propos de la position de leur champion, leur certitude absolue dissimulée derrière leur exultation contenue qu’il serait président, tout cela qui faisait brouhaha démentiel autour des résultats entrevus un instant était un peu trop pour ma fragile constitution psychologique. “Un instant de honte” ai-je d’abord pensé à écrire comme titre sans rien savoir de mon texte, puis passant à “un instant de dégoût”, puis après tout additionnant les deux ; la honte était celle d’être un Français alors qu’il y avait ce spectacle en-France [je ne dirais pas “de la France”], le dégoût concerne ce spectacle lui-même, France ou pas France.

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Humeur de crise-35

  samedi 22 avril 2017

La France vaut-elle une crise, c’est-à-dire pour ce Journal-dde.crisis une “humeur de crise” ? Le seul fait de poser une telle question montre justement dans quel état de dévastation, et donc état crisique bien entendu, se trouve la France : qu’il soit concevable qu’une réflexion s’impose pour déterminer si la France est en elle-même assez importante pour encore prétendre que sa crise évidente puisse prétendre elle-même être reflet, miroir et symbole à la fois de la crise du monde... Car, évidemment, s’interroger pour savoir si “la France vaut bien une crise”, c’est s’interroger pour savoir si la France est encore assez signifiante pour que la crise où elle se trouve évidemment, – réponse de forme à la question, – ait une dimension d’universalité dans la lutte du Système contre l’antiSystème.

Il se trouve que la réponse tend à être positive. On le voit, on le sent, à l’intérêt peu ordinaire qui est porté à la France pour ce premier tour, y compris et surtout dans la presse anglo-saxonne, et particulièrement la presse antiSystème anglophone, des USA et des sites anglophones “internationalistes”, de cette sorte d’“élite” antiSystème qui a fleuri ces quatre-cinq dernières années. (TheDuran.com, Russia Insider, ZeroHedge.com, jusqu’aux plus exotiques comme Infowars.com). Les élections françaises et les événements français y sont suivis avec un réel intérêt, et la sensation qu’ils comptent sans le moindre doute pour l’évolution de l’antiSystème. De ce point de vue, il semble que la France puisse envisager d’à nouveau “tenir son rang”.

Je ne dirais pas une seconde quels sont mes sentiments ni même mes préférences sur le résultat du scrutin, ni sur l’évolution après le scrutin selon son issue. Je n’en ai aucun de véritablement structuré, fidèle à mon habitude de ne rien prétendre prévoir de formel dans les événements qui ont désormais l’habitude d’agir d’eux-mêmes, et encore moins dans les conséquences des tendances et des dynamiques. Tout juste ai-je un espoir : c’est que la France, qui fut admirable dans l’Histoire pour sa capacité ontologique et souveraine à subir et à repousser toutes les tensions sans connaître de crise structurelle à cet égard, donc en évitant le désordre pour sa propre structure, que la France, enfin, entre dans le désordre régénérateur, celui-là qui ne peut être que régénérateur pour elle. J’aimerais qu’elle cesse de s’abriter derrière une direction prodigieusement inculte, grossière et imposteuse, qui elle-même se donnait à bon compte une espèce de vertu à l’ombre salvatrice de ses “institutions” ; que la pute subventionnée qui lui servait de direction ne puisse plus se maquiller en marquise pour nous faire croire que l’Elysée est devenu autre chose que le bordel de ses inconséquences et de ses incohérences.

Bien entendu, on l’a compris, ce désordre ne signifie pas nécessairement insurrection, élection folle, trouble des foules et des rues, – bien que cela puisse aider, je le reconnais. Le désordre-en-France, d’abord, c’est la continuation de l’espèce de vertige piqué de panique, d’incertitude et d’angoisse de ceux qui ont l’habitude de susciter panique, incertitude et angoisse chez leurs administrés. Cette psychologie radicale est apparue durant la campagne, et il faut que cela se poursuive : une France en désordre aujourd’hui, c’est une France qui découvre enfin l’antiSystème... Que le désordre soit.

En quoi le président Hollande a manqué à ses devoirs

  vendredi 21 avril 2017

Les événements qui sont annoncés représentent une très grande défaite pour la démocratie et, pour mon compte, une immense déception par rapport à ce que j’attendais de cet indiscutable homme de non-État qu’est le président Hollande. S’il avait été un véritable homme de devoir, un irréfragable homo democraticus, c’est-à-dire effectivement homme de non-État dans ce cas, il aurait, en supprimant cette élection présidentielle (et la suite), décrété non pas l’état d’urgence mais l’état de dispense qui eût été une forme subtilement cachée mais destinée à devenir éclatante au-delà des siècles de la proclamation de l’immobilité éternelle.

Cela n’aurait nullement été un “coup d’État” mais bien une proclamation démocratique, d’une sorte de fixation dite “en l’état”, autrement dit un “coup de non-État”. Il aurait ainsi signifié que la situation que nous connaissons qui est perçue comme celle du déséquilibre catastrophique est en réalité celle de l’équilibre-parfait-dans-le-déséquilibre-catastrophique constituant l’achèvement décisif et figé dans l’éternité du projet postmoderne. Au lieu de quoi, nous avons cet événement stupide en soi, d’une stupidité marquée par la confusion, le désarroi et la fureur que nous observons, qui vient contrecarrer cette grandiose ambition. C’est ce que Hollande n’a pas accompli, il a manqué à ses devoirs... Effectivement et vertueusement homme “normal“ et “dernier homme” nietzschéen à la fois, il porte la lourde responsabilité de n’avoir pas distingué cette vertu qui était sienne, combien il avait lui-même porté l’état de médiocrité à un sommet tel qu’il n’y en a pas de plus haut, et qui méritait donc d’être démocratiquement protégé et conservé. La démocratie en eût été fortifié à jamais.

J’avais attendu, sinon espéré, que sa décision de ne pas se représenter était l’amorce de cette proclamation de “l’état de dispense”, avec la suppression de l’élection présidentielle qui aurait suivi après quelques semaines laissés aux “Insupportables” pour se gavrocher dans leurs simulacres de “primaires” et autres agitations. Ensuite, il aurait lui-même abandonné sa charge à l’heure prévue, et peut-être même ordonné la suppression du gouvernement, libérant du coup Jean-Marc Ayrault de ses devoirs pour lui permettre d’écrire ses mémoires sous le titre de “Comment j’ai fait oublier Vergennes”. J’éprouve devant tout ce gâchis des occasions perdues une profonde déception et une grande peine. Le “dernier homme” n’a pas osé assumer cette vertueuse fonction d’être effectivement le dernier en toutes choses, y compris les choses historiques qui devaient se clore après lui. L’Histoire lui en demandera raison.

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Désarroi & confusion, sauf pour l’antiSystème

  dimanche 16 avril 2017

L’extraordinaire et épatante transmutation de Trump 1.0 en Trump 2.0, telle que nous l’explique dedefensa.org dans ses aspects les plus étonnants (avec d’autres qui commencent à développer cette analyse, comme nous le signale le 15 avril 2017 notre lecteur Vieux Rebelle en citant Adam Gurrie de TheDuran.com), ne cesse de semer un immense désarroi et une considérable confusion dans les deux camps qui s’opposent. Ainsi faudrait-il expliquer aux étudiants de Berkeley que, désormais, Trump n’est plus cette sordide ordure-facho-qui-pue qu’il eut coutume d’être pendant un an et demi, mais au contraire un brillant président-commandant-en-chef qui en a bien plus qu’Obama là où il faut puisqu’il ordonne de taper contre Assad et couvre le président syrien d’un nombre respectable d’insultes... Trump est devenu une référence également respectable sinon impérative pour les journalistes de la presseSystème, comme on le voit et l’entend avec cette question infiniment subtile et immensément délicate de Margaret Brennan, de NBC, à l’intention du ministre russe Lavrov, à Moscou, lors de la conférence de presse Lavrov-Tillerson :

« At minute 48:14 Brennan said: “President Trump has called Bashar al-Assad an animal.  This is the leader your government continues to back. Can you tell us how long Russia will be willing to risk the lives of its soldiers and spend its money to protect him?” »

Je ne vais pas trop m’attarder au parti-Système, à lui de se débrouiller avec son problème d’ajustement et d’adaptation ; entre ceux qui s’alignent automatiquement sur la nouvelle ligne parce qu’ils ont la colonne vertébrale du type-éclair au chocolat (comme le président Theodore Roosevelt disait fameusement de son président McKinley) et ceux qui ont quelques difficultés à effectuer le “demi-tour droite !” réclamé par les derniers événements. Je m’intéresse surtout aux américanistes et anglo-saxons en général parce qu’ils sont les mieux informés et les plus concernés, donc les intéressants en l’occurrence. Les autres, notamment les Français, ont exprimé sur le moment des réactions directes et parfois abruptes, d’ailleurs révélatrices, avant de revenir à leurs préoccupations nationales et considérables (électorales essentiellement).

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Mélenchon, métahistoriquement parlant...

  mercredi 12 avril 2017

En toute et belle franchise, je ne croyais pas que cette campagne présidentielle française, outre l’importance métahistorique qu’elle a nécessairement par elle-même et qu’elle ne cesse d’affirmer de plus en plus tragiquement au rythme et à mesure des événements extérieurs qui l’accompagnent (l’attaque US en Syrie, la trahison de Trump), m’apporterait quelque surprise que ce soit au niveau de ses participants. Je me déprends peu à peu de cette croyance, pour reconnaître qu’une personnalité, un caractère émergent et ne cessent de s’affirmer. Je ne parle pas des sondages, même s’ils vont dans le même sens, ni même des commentaires, des affirmations et des exclamations, même s’ils ne me contrarient pas ; je ne parle pas des “programmes” détaillés, notamment pour la situation intérieure de la France que rien ne peut régler qui ne dépende de ce qui se passe au-dehors... Je parle du sentiment qui oriente mon jugement à partir de certaines grandes affirmations qu’on entend, d’attitudes, de caractères révélés ou conformés, je parle de tout cela qui éveille mon jugement dans ce cas, qui l’oblige à se hausser, à investiguer et à se prononcer. Tout cela, parce que nous sommes dans des temps de toute urgence, depuis quelques jours à peine.

Justement, j’ai déjà parlé de mon sujet présent il y a six jours, donc il n’y a aucune surprise dans mon propos, peut-être même y trouvera-t-on de la redite. Ces derniers jours, tiens justement ces six derniers jours, j’ai prêté un peu plus d’attention à ce Mélenchon-là, cru-2017. Contrairement à ce qu’on en dit généralement, dans tous les cas au premier abord, je ne le trouvais pas si différent qu’en 2012 (article du 12 avril 2012, lorsqu’on en parla pour la première fois dans ce contexte, essentiellement pour ses positions de politique extérieure) ; et puis, le premier abord tiré, comme l’on dirait d’une équipée maritime, oui effectivement il y a de la différence, et les bruissements divers à cet égard ne sont donc pas déplacés. Il y a la maturation d’une ambition qui a su se justifier à ses propres yeux. Mélenchon ne va pas au hasard, comme on va à la pèche, il entre dans son circuit et dans sa quête avec une conscience aiguë de l’enjeu de la crise du monde, – l’un des seuls, sinon le seul, –  et une certaine humilité dans une pièce qui est entièrement une tragédie où il pense pouvoir trouver sa place au nom de la France ; pièce qui est tragédie pure, où il se doit de croire ardemment qu’il a sa place au nom de la France, qu’il doit faire en sorte dans cette terrible adversité qui pèse sur nous depuis “la trahison de Trump” (la chose est répétée à dessein pour bien affirmer sa signification profonde), de la faire figurer, la France, à un poste de combat où elle tenterait de retrouver le poids que l’Histoire lui a assignée. (« Chaque nation, comme chaque individu, a reçu une mission qu’elle doit remplir. La France exerce sur l’Europe une véritable magistrature, qu’il serait inutile de contester... » : même aujourd’hui, le jugement de Joseph de Maistre [*] subsiste parce qu’il y a des vérités immuables malgré le travail de cochonnerie exceptionnel d’efficacité des bouffons-pantins-poires qui se sont succédés dernièrement.)

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De la téléréalité à la trahison et retour

  mercredi 12 avril 2017

C’est sans doute un événement politique unique qu’a accompli Donald Trump, le président inattendu et qui ne cesse de prendre notre attente à contrepied, avec sa décision d’intervention contre la Syrie. Il faut lire le très long article, extrêmement fouillé, du Saker US, ce 11 avril 2017. Pour lui, Trump a trahi ceux qui l’avaient porté à la présidence, et dans un acte absurde puisqu’il n’écarte nullement la haine profonde de ses adversaires pendant de nombreux mois qui brusquement l’applaudissent pour la séquence sans céder en rien sur leur sentiment profond, tout en perdant brutalement la confiance de sa base populiste et anti-interventionniste. « Le pire de son soudain revirement est qu’en trahissant les gens à droite et à gauche, Trump a montré que vous ne pouvez plus lui faire confiance et qu’il vous laissera tomber sans hésitation quelles que soient les circonstances [s’il le juge intéressant et avantageux]... »

A aucun moment, le Saker ne met en cause sa sincérité durant la campagne présidentielle. Simplement, observe-t-il, quand il jugea, Trump, que la pression exercée sur lui par son “opposition” (neocons & Deep State, les usual suspects), avec tous les effets induits, devenait un prix trop élevé pour lui, il changea brusquement d’orientation... Voilà “la trahison de Trump”. Peut-on dire pour autant qu’il a changé de camp ? Justement non, et c’est bien là que sont le fait le plus remarquable et, pour certains dont je serais tenté d'être, le danger le plus grave, – car en fait, ce que nous apprend principalement l’épisode, c’est que Trump n’a pas de “camp”, pas d’engagement, pas d’orientation. (Le Saker dit, selon une autre approche plus crue et abrupte, qu’il est « totalement sans caractère,... avec l’éthique et la morale d’une prostituée de parking pour poids lourd »)

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Mieux qu’Hillary, bien mieux que BHO

  vendredi 07 avril 2017

Il y a une rapidité peu ordinaire et sans précédent ni équivalent concevable dans cette situation qui ne cesse de se faire succéder les renversements radicaux des positions. C’est dire si, à cette heure de ce matin (09H00), quelques heures après l’intervention militaire US avec le tir de 60 missiles de croisière contre, semble-t-il, une base aérienne syrienne, mon intervention à moi sera basée sur une très faible quantité d’informations, et s’en tenant au fait brut : rapidité de la décision, exécution immédiate... Cela conduit à quelques constats mesurés à l’évidence des événements, à quelques questions également évidentes mais nullement précipitées parce que répétées depuis au moins quatre années à la lumière des menaces d’intervention US. Mais l’observateur bien plus que le commentateur que je suis en a bien conscience : rien d’assuré dans toutes les remarques qui suivent, rien qui ne puisse changer et être complètement démenti en quelques heures au gré de cette situation absolument incontrôlable... Comme il était écrit hier dans ce même Journal-dde.crisis qui a l’avantage, par sa personnalisation subjective de ne pas prétendre à la moindre objectivité sans réplique et aux prévisions assurées, « Les événements courent et n’attendent pas ; ils prennent au vol ce qui leur convient, sans nous demander notre avis... »  (*)

L’attaque de cette nuit s’est faite dans des conditions bien pires que celle qui était prévue en août 2013 et qui n’eut pas lieu : aucune certitude sur la responsabilité de l’attaque et quelques signes évidents de l’habituel false flag, l’absence complète d’intérêt tactique jusqu’à l’absurde de la Syrie de réaliser une telle attaque au moment où les USA venaient de modifier leur position vis-à-vis d’Assad, la situation vérifiée (par l’ONU, la Russie et les USA) du désarmement chimique de la Russie depuis 2013, une information biaisée par des filières connues depuis longtemps comme très-douteuses, aucune vérification d’aucun élément dans les circonstances, aucune légalité internationale, quasiment aucune consultation réelle mais quelques notifications préventives ici et là, un climat absolument plongé, noyé dans l’hystérie et l’affectivisme, etc. (On y ajoutera des considérations objectives : la présence des Russes, l’aide indirecte apportée à Daesh et les autres bandes que Trump prétend détruire, et un encouragement direct à poursuivre plus que jamais, le déchaînement belliciste des acteurs qui ont été peu ou prou disciplinés par les Russes : Israël, la Turquie, l’Arabie, etc., et chacun bien entendu avec des buts différents qui vont rallumer ou aggraver les affrontements, etc.)

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De Watergate-2.0 à Mélenchon

  jeudi 06 avril 2017

Puisque les événements vont très vite, beaucoup plus vite que nul ne peut imaginer, tentons de les suivre non pas pour les expliquer, ce qui supposerait d’en être en partie les instigateurs, mais de les comprendre comme un observateur extérieur qui ne peut rien pour les modifier. Il y a longtemps que je ne peux me départir du sentiment que “les événements”, – expression passe-partout pour figurer la dynamique de la Grande Crise Générale de l’effondrement du Système, – sont totalement détachés de nous, hors de notre contrôle, qu’ils ont leur propre logique et j’irais même jusqu’à dire comme pour les personnaliser en un être leur propre essence. Je ne peux donc être que cet “observateur extérieur qui ne peut rien pour les modifier”.

... Et cet “observateur détaché”-là en tient, je l’avoue, pour la parallèle USA-2016-France-2017 dont on a beaucoup parlé sur ce site et qui me semble si féconde pour “comprendre les événements”. (Voir notamment dans ce Journal-dde.crisis le 2 mars puis le 11 mars, sur le site le 25 mars.) Les deux événements (USA-2016 et France-2017), qui marquent le destin des deux pays aux relations étroites et tumultueuses, sont éventuellement faits pour se rencontrer si quelques signes clairement apparus s’insèrent dans la dynamique ; et se rencontrer éventuellement avec une brutalité extrême et diverse, c’est-à-dire selon mon point de vue avec la plus grande fécondité possible.

Aux USA, que se passe-t-il ? Avec ce qui semble être la disgrâce de Stephen Bannon qui date d’hier, la présidence Trump poursuit sa descente dans le désordre. Pour nombre de commentateurs, et cela d’une façon justifiée, l’orientation de la politique de sécurité nationale US est en train de se changer en une complète absence de changement, contrairement aux attentes de la campagne, avec confirmation du verrouillage par le Système. C’est ce que disent par exemple Robert Parry et le Saker US. Tous deux ont écrit leur texte (les 3 et 5 avril) juste avant l’annonce de la disgrâce de Bannon, mais le Saker en a tenu compte in extremis pour renforcer sa thèse (« P.S. : I just learned that, just as I had predicted, Bannon has been removed from the US National Security Council...[...] Now the coup against Trump is fully completed.  And Bloomberg celebrates “Intelligence director, Joint Chiefs chairman elevated”.  Yeah, no kidding!  It’s over folks, the Neocons have totally crushed Trump. And he did not even given them a halfway decent fight…», etc.). Il faut admettre que les très-récentes prises de positions et les déclarations variées de divers ministres et autres, et jusqu’à Trump lui-même, sur la Russie et sur la Syrie avec la dernière attaque chimique notamment, sont complètement “dans la ligne” de la politiqueSystème plus ou moins suivie avec zèle et décontraction par Obama.

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Nouvelles de l’Auteur et autres nouvelles

  dimanche 02 avril 2017

Lui qui se promettait d’intervenir régulièrement, nous ne l’avons guère entendu ces derniers temps … Depuis le 6 février, alors qu’il marmonnait, presque deux mois déjà. J’ai été me renseigner auprès de lui, avec quelques nouvelles d’ailleurs, et lui-même me les confirmant. On verra cela plus loin, ou plus tard, et l’on réalisera que c’est peut-être le plus important de ce texte.

– Je sais, me dit-il, vous n’avez plus entendu parler de moi. Notre entretien du 6 février, que vous avez bien voulu mettre en ligne, a eu un certain effet sur le moment… Mais, bien sûr, un peu des allures de feu de paille, vous savez. Il y a eu des réactions de lecteurs, très chaleureuses, très touchantes, très encourageantes, ce sont des lecteurs de qualité. Mais, – c’est toujours le même “mais”, n’est-ce pas… La dernière fois que nous en avons parlé, on comptait quoi, 150-160 exemplaires vendus, des deux tomes, et l’on doit être autour de 180-190… Mais (encore un “mais”) c’est désormais une commande par semaine, rarement deux, parfois et même plus d’une fois aucune commande durant une semaine… Voilà le sort de La Grâce.

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L’Iran m’épuise

  vendredi 31 mars 2017

Parfois, souvent même, se pose la question : mais enfin, sont-ils sérieux ? Je me la suis posée à nouveau à propos de la “crise iranienne” documentée hier, qui me passe devant les yeux comme un vieux film qui passe au ralenti, pour ne pas rayer la pellicule, ou bien ne pas interférer sur l’impulsion électrique d’un DVD plein de puces-espionnes Google, ou bien ne pas laisser traîner une peau de banane dans la marche du robot futuriste de service, ceui qui nous remplacera, que sais-je moi, – avec la crise iranienne et l’attaque possible contre l’Iran, tout, même le futur de la post-postmodernité me paraît vieillot… On se disait la même chose “mais enfin, sont-ils sérieux”, déjà en 2005-2006-2007-2008, après que GW nous eût affirmé puis répété à toutes les occasions possibles que “all the options are on the table. On aurait pu se le dire en 1979-1980, pour la crise des otages et le pauvre Carter.

L’Iran, c’est une crise qui dure depuis largement plus d’un tiers de siècle, et qui est caractérisée depuis plus de quinze ans par l’intention furieuse de la Grande République, avec son Congrès émoustillé par les horions qui ne lui font pas peur parce qu’il n’en est pas le destinataire, de finir enfin par parveir à en finir au plus vite ; la crise du “toutes les options sont sur la table”, ou dit autrement, “ne me retenez pas sinon je fais un malheur” ; la crise du strike-blitzkrieg qui fait du sur-place… Même quand “elle est finie-nie-nie ça recommen-en-ce”, comme dit la chanson et comme aujourd’hui après l’épisode de la signature du traité, accouché après une super-césarienne, – seul acte héroïque, reconnaissons-le-lui, du président Obama.

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Le commentateur dans tous ses états

  mercredi 29 mars 2017

Je vais revenir, avec ma voix solitaire et ma plume exigeante, sur un aspect essentiel du commentaire de ce 28 mars, dans Ouverture Libre, et ce qu’il expose de la méthodologie que les événements nous conduisent, et même nous forcent à adopter. Il y a cette entre-parenthèse dans le propos, que je cite ici (je fais sauter les parenthèses, justement, pour la facilité de lecture) :

« Il doit être compris d’une façon impérative que le but n’est pas de mettre en évidence une “trouvaille” [d’un personnage], – sans aucun doute par ailleurs connu, notamment de nombre de nos lecteurs, – encore moins de le glorifier ou toute autre chose de ce genre, mais bien de saisir l’occasion d’un exemple pour détailler une méthodologie de notre travail d’identification des références et des perceptions, et de leurs variations à très grande vitesse au rythme extraordinaire des événements que nous connaissons. Nous détaillons plus loin diverses observations qui mettent en évidence la nécessité d’une telle méthode. »

On comprend que je veux explorer encore plus l’idée, qu’elle m’apparaît d’une importance primordiale. Elle suppose une extrême agilité de l’analyse, avec de l’expérience, de l’imagination et je l’espère de l’intuition, avec une capacité de changer de jugement dans tel ou tel cas singulier avec paradoxalement la sensation et même la certitude de ne pas se déjuger sur l’essentiel en faisant cela.

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L’enfumeur enfumé

  vendredi 24 mars 2017

 Ici ou là, souvent en commentaires, il m’arrive de lire des appréciations qui me font craindre que l’on comprend mal la démarche de dedefensa.org ou bien que l’on (à dde.org) ne s’en explique pas assez clairement. Il s’agit de bien comprendre ce que l’on tient pour l’essentiel, et à côté ce qui nous paraît accessoire, parce que parfois il apparaît que l’on s’arrête trop à l’accessoire. Je veux bien croire, parce que la chose est toujours de la responsabilité de celui qui écrit, qu’il s’agit d’être encore plus clair, toujours plus clair à cet égard. Bref, il s’agit de bien écrire pour notre cas ce que nous voulons dire, et pour le lecteur de de bien nous lire pour ce que nous écrivons.

Je prends un premier exemple avec cette remarque de lecteur à propos d’une Le Pen avec son programme, laquelle Le Pen n’était dans l’esprit du commentaire l’héroïne de la nouvelle que par accident collatéral et, dans ce cas, le programme et son application n’important guère. Je crois qu’il existe une réticence naturelle, presque de réflexe, à prendre en compte le fait même de la communication, ce qui est à mon avis une faiblesse mortelle dans cette époque où la communication écrase tout le reste. Il y a notamment cette idée absolument centrale selon mon appréciation, à travers la circulation forcenée de certains épisodes, confidences, chuchotements et le reste, en général d’ailleurs avec leur prestige rehaussé par la chasse aux FakeNews des incroyables flics, les impayables “Dupont & Dupond” de la presseSystème, latrines de censeur en main, il y a cette idée selon laquelle, “les effets d’un événement [en arrivent à précéder] l’événement lui-même” et, par conséquent, modifient d’une façon extraordinaire ce que cet événement attendu sera en vérité.

La remarque du texte du 22 mars 2017 consistait à observer d’une façon critique et véhémente ce que serait le programme de Le Pen si elle était élue (sous le titre « On nous enfume » : « L'orientation soi-disant anti-européenne de Le Pen, qui veut seulement renégocier les traités tout en prenant bien garde de ne pas sortir de l'UE… »). J’y ajoute une deuxième intervention, en précisant que, dans les deux cas, et comme je le fais d’habitude en toute loyauté, il n’y a aucune animosité, aucun mauvais esprit, aucune critique dissimulée à l’encontre des lecteurs, notamment dans ces deux cas, et cela d’autant plus qu’il n’y a rien dans leurs commentaires qui puisse être entendu comme accusateur pour mon cas. Il s’agit de cette seconde remarque qui accompagne le texte du 23 mars, qui n’est certainement pas fausse stricto sensu si l’on choisit de s’en tenir au premier sens de la démarche. (« Pardonnez-moi, Philippe Grasset, mais là où vous voyez des “forces de résistance nées de la Tradition et opérationnalisées sous une forme antiSystème” aux USA, je ne vois que des conflits internes au système, la fragmentation que René Guénon appelait “dissolution finale dans la pure multiplicité”. »)

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Humeur de crise-34

  vendredi 24 mars 2017

Malgré les soubresauts syriens, qui se poursuivent comme dans une sorte de fièvre d'autodestruction, malgré l’inaltérable constance corruptrice et diffamatoire des clowns de “Kiev-la-folle” qui continuent à développer leur univers parallèle, l’essentiel de la crise haute reste bouillonnante sur le grand axe transatlantique ; non pas en opposition mais en parallèle… C’est un cas remarquable, comment dirais-je, une sorte d’effet-miroir, une sorte de solidarité du simulacre crisique qui s'invertit, transatlantique justement parce que constaté dans les deux poignes qui tiennent l’axe. On parlera aussi bien d’une sorte de solidarité de simulacre de crise, ou d’inversion de crise pour tenter vainement de transformer la crise en un double qui voudrait contenir la panique et qui au contraire nourrit l’hystérie.

C’est une tentative de plus de repousser une vérité-de-situation crisique qui les contraint. Cet épisode paroxystique sollicite une nouvelle “humeur-de-crise” suscitée par les événements. En Europe, et particulièrement en France, quelle triste aubaine... Pendant deux-trois jours, on ne parle plus que de ces choses affreuses nommées “attentats”, et en plus d’une nouvelle sorte, avec “répliques” comme dans le cas d’un tremblement de terre. L’affaire devient universelle, s’épanche dans le girons des experts sans fin et permet de ne plus parler de cette abominable campagne présidentielle où personne ne comprend plus rien, où même la presseSystème ne croit plus guère à ses propres sondages, où les commentateurs-Système affolés s’interrogent : mais que veut donc ce peuple-ingrat ? Je ne crois pas une seconde que cette question des attentats et le traitement colossal qu’on leur a accordés soient une manœuvre de simulacre, – justement, pas du tout pour ce cas, – mais bien au contraire une incursion bienvenue hors du calvaire de ces élections présidentielles qu’ils devaient contrôler et qui les écrasent.

Aux USA, à Washington D.C., la confusion et le désordre au Congrès sont considérables et apocalyptiques. Les démocrates ont atteint un tel degré de nihilisme-hystérique qu’ils parviennent même à pousser un Lindsay Graham, pourtant adversaire implacable de Trump et dénonciateur tout aussi implacable des Russes aux côtés des démocrates, dans les bras du président. Il s’exclame « Enough is enough » (“Trop c’est trop”). S’ils poursuivent sur cette course, – et ils poursuivront, — les démocrates vont finir par l’absurde de leur cause, qui est la désintégration du pouvoir washingtonien. La haine de Trump est plus forte que la sagesse tactique d’une manœuvre bien tempérée manipulant le président au profit du Système.

Les faussaires ne contrôlent même plus les simulacres qu’ils parviennent à monter et à lancer sans s’aviser qu’ils (les simulacres) échappent aussitôt à leur trajectoire pour leur revenir en pleine face. L’hypercrise est en super-crise.

TINA, plus que jamais mais à l’envers

  dimanche 19 mars 2017

Cela se passait au cours de la première ou de la seconde campagne électorale (je dirais plutôt la première) de Margaret Thatcher, lorsque Thatcher conquit de haute lutte le pouvoir et s’y installa pour durer. Son slogan fit mouche et acquit une notoriété qui ne nous a plus quittés : TINA, pour “There Is No Alternative”, phrase déjà utilisée au XIXème siècle pour ce cas de l’économie mais qu’elle rendit absolument emblématique et symbolique à la fois de la postmodernité et de l’aspect totalitaire de la postmodernité. C’était pour nous dire qu’il fallait s’y résoudre ou plutôt, pour les non-encore-convaincus, capituler avec armes et bagages et si possible joyeusement. Il n’y avait aucune alternative possible au système de la loi du marché, de l’ultra-libéralisme, du libre-échange, – ou encore et en un mot terrible inspiré par le Très-Haut à sa fervente messagère : il n’y a pas d’alternative au Système... C’était à la fin des années 1970. Là-dessus, en 1980-1981, le vif et séduisant intellectuel venu d’Hollywood lui apporta son concours décisif. Thatcher & Reagan étaient faits pour roucouler ensemble.

TINA, tout le monde obtempéra, à commence par nos socialistes dès 1983. Bientôt, les bolchéviques libérés allaient pouvoir y goûter à leur tour, on sait comment et avec quelle violence... A cette époque, nous étions entrés dans la magie, dans la caverne de Platon type-fluo ; l’ultralibéralisme, le commerce et le libre-échange commençaient à se colorer des reflets de la divinité, avec le clown Clinton et son nez rouge et les grand’messes régulières. On swinguait sur l’air du Washington Consensus, qui était une sorte de In The Mood ou de Chattanooga Choo Choo, ou mieux encore d’American Patrol, tout cela d’un Glenn Miller postmoderne et globalisé ; et l’on commençait à aller chaque début d’année à Davos, comme on va à Jerusalem, admirer le petit enfant qui venait de naître ; et chaque année, ô miracle, non seulement il naissait mais encore il renaissait. C’était le temps où TINA nous promettait la plus belle des aubes, ditto la Renaissance (Renaissance 2.0, That is). Effectivement, je vous parle de quelque chose de profondément religieux, qui se nourrit de la foi.

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