« La marche des Anges »

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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« La marche des Anges »

30 août 2025 (16H40) – Il ne m’a pas semblé inintéressant, dans un cadre pourtant assez peu habitué à cette sorte de vaticinations sur l’existence et l’activité hors du cadre strictement humain (strictement homo sapiens) de certaines créatures qui furent longtemps l’objet de la moquerie et de la dérision. Il est vrai que je ne crois pas me tromper, – mais je l’ai déjà écrit à plus d’une reprise, – en observant que nous sommes dans une époque si complètement extra-ordinaire qu’il est à la fois compréhensible et peut-être nécessaire d’aller chercher ailleurs que dans notre seul milieux des explications qui seront nécessairement, elles aussi, extra-ordinaires.

D’ailleurs on le sait bien et je ne m’en cache pas, lorsque j’évoque des “forces supra-humaines” et toutes cette sorte de choses. Et Satan donc, que je cite si souvent, sous le magistère et le contrôle de Guénon ! Nous sommes dans cette sorte d’époque où l’aventure n’est plus sur les mers et sur les terres, mais dans les âmes et dans les psychologies, et plus encore dans les caractères qui recèlent toutes les audaces nécessaires pour policer et utiliser au meilleur escient qui soit les libertés qui nous sont accordées, – et qui en usent ou pas selon ce qu’ils valent, – et qui parfois, et de plus en plus souvent, s’abandonnent dans d’immondes simulacres.

Mon cher Talleyrand, si confit en bondieuseries selon ses évolutions tactiques, – mais disant le vrai selon lui et tel que je l’entends, dans ce cas :

« Il y a trois choses nécessaires pour former un grand homme, d’abord la position sociale, une haute position ; ensuite la capacité et les qualités ; mais surtout et avant tout le caractère. C’est le caractère qui fait l’homme..  Si un des pieds de ce trépied qui doit se maintenir par l’équilibre doit être plus faible que les deux autres, que ce ne soit pas le caractère… que ce ne soit pas le caractère ! »

Bien, nous parlons souvent de Satan, ces derniers temps, et il faut avoir le caractère d’oser le faire Il est donc permis de parler du reste, de Dieu, des Anges, toutes ces choses qui prêtaient tant à faire rire les esprits forts. Je crois qu’il est bienvenu aujourd’hui d’en apprendre un peu plus sur elles, sans nécessairement, – absolument pas, je l’affirme, – sacrifier à une religion ou à une croyance homologuée. Même si, dans le texte qui suit, il est question de la nécessité de passer par la religion chrétienne, comme l’affirme Douguine, ce n’est pas pour autant que je m’incline ; d’ailleurs, nul ne me le demande, alors passons outre.

Je peux visiter une contrée qui n’est pas la mienne, que je trouve fort belle par instants et surtout nécessaire à certains aspects de notre vie, sans pour autant changer mon identité ni remodeler mon âme en abandonnant les fidélités de mon passé. Cette question des rapports personnels, ce sont des aspects très secondaires, à laisser pour plus tard, par rapport à l’importance de la tâche qui me sollicite. On se trouve dans ces pages pour en apprendre le plus possible, selon un regard qui échappe aux maîtres-censeurs, aux petits délateurs de notre presse si libre qu’elle en perd une raison qu’elle avait d’ailleurs dénaturée.

Le texte ci-dessous poursuit, en quelque sorte, un texte précédent sur Douguine & Carlson nous entretenant d’un Satan commun qui ravage notre temps et nous conduit dans un tourbillon crisique où nous sommes destinés à nous dissoudre dans le Néant. Alors, Douguine lui-même s’est mis en tête de nous expliquer l’organisation des êtres dans un univers où l’on accepterait l’existence des âmes & autres dont nous entretiennent les religions, le tout étant surmonté de l’« être suprême et absolu » (Dieu, qui est le seul être incréé).

Encore une fois, cela ne fait pas de moi un chrétien zélé, comme Douguine lui-même mais permet d’avoir une idée de ce que pensaient et croyaient nos ancêtres en-deça des 500 dernières années... Alors que, pour ce qui concerne cet en-deça de 500 dernières années, nous sommes bien obligés de reconnaître que ces gens-là, qui n’étaient pas des ignares imbéciles, comme on le constate en lisant le ‘Divine Comédie’ par exemple, n’ont pas “réussi” à susciter quelque événement approchant même de très loin le tiers du quart d’une catastrophe de la même dimension de malédiction cataclysmique que nous avons enfantée et sommes en train de vivre... Je dirais bien qu’il y a comme une sorte de leçon non négligeable dans cette remarque.

Ainsi m’a-t-il semblé qu’il y avait quelque chose à la fois d’ironique et d’énigmatique de lire un des grands philosophes de notre temps, sortant d’une discussion avec l’un des plus grands journalistes sans aucun doute de formation américaniste mais qui a réussi à s’en échapper (Tucker Carlson), nous expliquer ce que sont les Anges, cette catégorie d’êtres enfantés par Dieu et qui sont purs esprits, et nous expliquer comment cette catégorie s’est séparé en deux factions, – l’une bonne et juste, l’autre très mauvaise et vicieuse arec comme seul but l’accomplissement de sa vilenie de votre transmutation en un Rien projeté dans le Vide sans fin d’un Néant impossible à penser.

« Pourtant, même parmi les anges, il existait une division. C'est aussi un enseignement du christianisme et d'autres religions traditionnelles. Au tout début du monde, un schisme s'est produit parmi les anges. Certains sont restés fidèles à l'Esprit Divin Incréé le plus élevé ; ce sont ceux que nous appelons aujourd'hui les anges. D'autres ont chuté, s'opposant à cet Esprit Incréé. Ces anges déchus sont aussi des intellects.

» Il existe des esprits qui se sont soulevés contre Dieu – des esprits déchus – ce sont des démons (ou besy dans la tradition russe).

» La situation est ainsi devenue plus complexe : il existe des intellects angéliques créés, orientés vers Dieu – les anges. Il existe des intellects déchus qui se sont soulevés contre Dieu – des démons (ou besy dans la tradition russe). Et il existe des intellects humains, enfermés dans la combinaison spatiale de la chair, qui les détourne de la philosophie et de la métaphysique en exigeant des sensations nouvelles et supplémentaires. »

Expliquez cela à un président, à un premier ministre, à un présentateur-vedette de la téléSystème de la sphère américaniste-occidentaliste de notre temps hypersonique et il vous regardera, les yeux soudain pleins de larmes et d’une terreur hagarde :  “Mais ce sont les Russes ! Vous travaillez pour les Russes ! Pour le KGB !”... Vous aurez beau lui dire que le KGB c’est fini, qu’on dit FSB et SVR désormais, la terreur continuera à exercer son empire.

Alors, vous laisserez aller, ceux-là sont pris dans leurs filets...

Au dernier moment, tout de même, l’un d’eux, visage dissimulé, détaché un instant du groupe, me chuchote à l’oreille cette étrange question qui semble l’angoisser :”Vous qui avait l’air de savoir beaucoup de choses sur ces choses, savez-vous si le président Trump est cet ‘être suprême incréé’ dont vous parlez ?”

Je n’ai su quoi lui répondre, et je crois que même Douguine aurait séché ; alors, j’ai dit, un peu au hasard : “Vous n’allez pas me faire croire que vous croyez à ce genre de choses sur ces choses !”.

Ainsi est-on mûr pour lire ce texte de Douguine, repris du site de Constantin von Hoffmeister.

PhG – Semper Phi

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Ils sont possédés par des démons

Alexandre Dougine soutient que la civilisation occidentale moderne est guidée par l'intellect hostile d'anges déchus, qui se manifeste par une idéologie ultralibérale et une décadence morale, une réalité pleinement compréhensible uniquement à travers la vision chrétienne du monde.

Récemment, Tucker Carlson a déclaré que l'Occident est gouverné par des entités surnaturelles venues de l'enfer. Beaucoup se sont demandés : comment interpréter cela ?

Tout d'abord, il est très important de rappeler que l'enseignement chrétien – auquel l'Occident a officiellement et durement renoncé il y a environ 500 ans – avait une conception totalement différente de ce qui constitue un « être rationnel ». Ainsi, depuis l'école (et nos écoles furent d'abord communistes, puis libérales — dans les deux cas idéologiques), nous avons été habitués à penser qu'il n'existe qu'un seul porteur de raison : l'être humain.

On nous a appris à croire que seule l'espèce humaine est porteuse de raison, tandis que tout le reste relève des contes de fées et des fables. Que seuls les humains possèdent une conscience rationnelle. Autrefois, les humains descendaient du singe et, depuis, ils ont pris leur destin en main, progressant, c'est-à-dire s'avançant toujours plus vers l'affirmation de cette rationalité comme fondement de l'existence historique collective.

C'est ainsi que nous avons grandi, c'est ainsi que nous avons été éduqués, et il nous semble que c'est la vérité absolue. Quelque chose de « pris pour acquis », comme disent les Anglais – une vérité évidente. Pourtant, cette soi-disant évidence était en réalité une idée novatrice apparue il y a seulement environ 500 ans. De ses débuts comme opinion privée d'éléments plutôt marginaux, elle a progressivement conquis un espace social croissant. Aujourd'hui, la majorité d'entre nous l'accepte comme un fait.

Le christianisme, cependant, enseigne le contraire. L'islam enseigne le contraire. Le judaïsme aussi. Toutes les religions enseignent le contraire. Elles affirment qu'il existe au moins trois types d'êtres rationnels. L'être suprême et absolu est Dieu. Il est rationnel ; il possède l'intellect. C'est pourquoi Dieu est parfois appelé Esprit ou Lumière Intelligente. Par exemple, dans les écrits de saint Maxime le Confesseur, Dieu le Père est appelé Esprit.

Dieu est incréé – l'Esprit incréé. Mais il existe aussi un esprit créé, divisé en deux types d'êtres : les anges et les humains. Autrement dit, outre les humains, il existe un autre type d'êtres rationnels créés par Dieu : les anges, les intellects. Ces anges surpassent les humains précisément parce qu'ils ne sont que de l'intellect. Si les humains sont des intellects placés dans un corps – un corps qui entrave la pensée et distrait constamment –, les anges n'ont rien pour les en empêcher. Ce sont de purs intellects.

Pourtant, même parmi les anges, il existait une division. C'est aussi un enseignement du christianisme et d'autres religions traditionnelles. Au tout début du monde, un schisme s'est produit parmi les anges. Certains sont restés fidèles à l'Esprit Divin Incréé le plus élevé ; ce sont ceux que nous appelons aujourd'hui les anges. D'autres ont chuté, s'opposant à cet Esprit Incréé. Ces anges déchus sont aussi des intellects.

Il existe des esprits qui se sont soulevés contre Dieu – des esprits déchus – ce sont des démons (ou besy dans la tradition russe).

La situation est ainsi devenue plus complexe : il existe des intellects angéliques créés, orientés vers Dieu – les anges. Il existe des intellects déchus qui se sont soulevés contre Dieu – des démons (ou besy dans la tradition russe). Et il existe des intellects humains, enfermés dans la combinaison spatiale de la chair, qui les détourne de la philosophie et de la métaphysique en exigeant des sensations nouvelles et supplémentaires.

Ainsi, l'existence humaine dans l'histoire se situe au cœur de cette structure complexe d'esprits. Il existe des esprits angéliques créés qui aident les humains à avancer dans la bonne direction – dans l'histoire et dans leur destinée personnelle. Il existe des esprits déchus qui entravent le progrès humain, les conduisant vers des impasses et la confusion. Et il y a Dieu, dont l'Esprit est suprême, qui gouverne tous ces processus.

C'est ainsi que la tradition chrétienne le perçoit. Si nous sommes chrétiens, nous devons y croire. Et si nous ne le sommes pas, que faisons-nous alors avec nos bougies ? Que faisons-nous à Pâques ou lorsque nous visitons les cimetières ? Ce dont nous discutons est important si nous sommes chrétiens, car nous devons alors accepter cette image de différents types d'esprits, et qu'au-delà de l'esprit humain, il existe d'autres esprits créés – certains bienveillants envers nous, d'autres hostiles.

Tucker Carlson, que je connais personnellement, est chrétien. Pour lui, l'idée qu'il existe des esprits non humains orientés vers le mal fait donc partie intégrante de sa foi et du dogme chrétien. Pour tout chrétien orthodoxe, cela devrait également être un dogme. Pourtant, nous avons été éduqués dans des écoles soviétiques et libérales, et nous « savons » donc qu'« il n'y a pas de Dieu ». Et même si nous admettons la possibilité de Dieu, nous « savons » que « les anges n'existent certainement pas ». En réalité, les anges existent tout comme Dieu. Si l'homme existe, alors Dieu et les anges existent aussi. L'un confirme l'autre.

Dans ce contexte, Tucker Carlson voulait dire que derrière la civilisation occidentale ultralibérale moderne, outre les décisions, la volonté et les choix humains, se cache un autre facteur : la conscience des anges déchus. Cette conscience se manifeste avec une clarté croissante dans l'histoire. C'est pourquoi, lorsqu'on observe les dirigeants occidentaux d'aujourd'hui, il est difficile de se défaire de l'impression qu'ils sont possédés. Pour formuler une hypothèse sur leur possesseur, nul besoin de reptiliens ou d'extraterrestres. Ils sont possédés par des démons. Un démon est une entité familière, bien connue et bien comprise. La possession par des démons est tout à fait caractéristique.

Si une personne réclame un changement de genre, elle est possédée par un démon. Si une personne est libérale, elle est possédée par un démon. Si une personne croit au progrès et à l'évolution, elle est possédée par un démon. Si une personne est matérialiste, athée et partisane de la vision scientifique moderne du monde, elle est possédée par un démon. Voilà votre réponse : la civilisation occidentale est possédée par un démon. Les dirigeants occidentaux de cette civilisation sont possédés par un démon – en fait, par une légion concrète de démons bien tangibles.

La civilisation occidentale est possédée par un démon. Les dirigeants occidentaux de cette civilisation sont possédés par un démon – par une légion spécifique de démons bien tangibles. Si nous croyons en Dieu, si nous sommes chrétiens, tout cela est au moins très plausible. Et si nous avons des problèmes de foi, alors nous sommes nous-mêmes possédés par des démons. C'est extrêmement simple.

Car, comme le disait Socrate, l'homme est âme, c'est-à-dire qu'il est esprit. Le corps est une sorte de soustraction qui enlève quelque chose à l'esprit, le rendant moins intelligent. Les esprits déchus, qui existent sous le niveau de l'homme, sont sans corps. Tombés du Ciel, ils sont descendus encore plus loin que l'homme, atteignant les confins du monde.

Alexandre Douguine