Cette Nation dont le Prince n'est qu'illusion

Cette Nation dont le Prince n'est qu'illusion

7 octobre 2025 (20H30) – Cela fait bien longtemps que je ne trouve plus grand intérêt à discourir de la  France, c’est-à-dire de mon pays. La “Grande Nation” a perdu à mes yeux attristés toute dignité et abdiqué son rang sans coup férir. Elle se perd et se trahit elle-même, silencieuse et honteuse derrière les incessants bavardages de ses parasites et de ses imposteurs si prompts à encenser le Prince. Elle est cette Nation dont le Prince n'est qu'illusion.

Je ne l’ai pas aimé dès la première heure, me suis forcé une fois ou l’autre à le respecter, et vite découragé par cet effort surhumain. L’illusion n’était qu’un nuage diaphane d’une fumée hâbleuse et médicastre, bagatelle inconsistante et insignifiante. On commence à mesurer aujourd’hui la profondeur de l’esboufre et de la perfidie. Il y a même d’anciens larbins soumis qui y voient une psychopathie de type narcissique et réclament un internement rapide. Cela avait déjà été dit et rien ne l’en a fait dévier. La vertu des esprits impérieux et des pathologies de la psychologie et de l’esprit est plus forte que toutes nos exigences.  

C’est dire s’il y a bien peu à dire dans mon chef, sinon que notre Prince a réussi cet exploit de fomenter, – par inadvertance ou pas, qui sait, – une situation de crise qui n’a pas de précédent dans l’histoire moderne de la Grande Nation devenue République très moyenne, et une crise qui est d’ailleurs d’une grande originalité. Il faut lui reconnaitre ça, au Prince, qu’une illusion accouchant d’un tel simulacre représente une circonstance qui sort de la banalité. Il faut également noter que, pendant ce temps-là, il en oublie son attaque de la Russie, – et l’on entend d’ici le soupir de soulagement de Poutine.

Il n’empêche : cette circonstance constitue une importante leçon. Il croyait pouvoir enfin exister, hors de ce chaudron infernal qu’est devenue la France pour lui, avec ses millions de Français irascibles et de si mauvaise fréquentation. Son plan était bien qu’avec ses complices, l’Anglais et le Germain notamment, il échapperait à la fatale attraction de la médiocrité du Français moyen. Mieux encore : sa magnifique performance hors les murs imposerait le silence, forcerait l’admiration, rassemblerait le troupeau derrière lui pour qu’il les menât là où ils doivent être et aller, – sur ses traces, sans rechigner, sans nécessité d’y comprendre quoi que ce soit ! Vous imaginez sa déception, avec le mépris condescendant où il doit les tenir, eux qui ont interrompu sa marche triomphale sans y rien comprendre ; mépris chargé d’une amertume immense, vous comprenez ?

Finalement, et contrairement à ce que je supposais au début de ce court intermède où je jette un coup d’œil sur la France, l’homme mérite un peu d’attention. C’est que l’on n’est pas mauvais, aussi catastrophiquement mauvais, aussi vertigineusement et effroyablement mauvais, comme dans un tourbillon crisique de médiocrité tournant si rapidement, sans solliciter chez vous quelque attention. C’est un peu comme la visite d’un zoo, où, soudain, au détour d’une cage sur l’autre, vous découvrez un monstre encagé en toute placidiuté, venu d’une ère jusqu’ici close et oubliée, bien avant le primaire, monstre venu d’un autre monde.

Ainsi, malgré tout et malgré moi, m’a-t-il forcé à montrer quelque intérêt pour le phénomène. C’est une sorte de victoire, cela, une sorte de rugissement napoléonien, – même si dans l’inversion ; un Austerlitz à l’envers, et comme l’envers vaut l’avers, – passez muscade, et salut à l’Empereur. Ainsi le simulacre a-t-il eu raison de l’illusion qui l’a créé, mais en nous faisant croire qu’elle était une des gloires qui ont fait la grandeur de la France.

Il est le Rien mais dans ce Chaos, le Rien est une sorte de Tout, et là aussi l’envers vaut l’avers.

Post-Scriptum

... Mais pour clore dans un genre un peu plus plaisantin, on me permettra de citer Mercouris s’adressant à Christoforou, ces deux qui parlent si rarement, chose très rarissime, de la France sinon dans le peloton de tête des pieds-nickelés (Macron-Merz-Steamer tombant dans les bras multiples du micron-calamar Zelenski)...

« ... Oui, vous avez raison, ce sont de très graves événements... Mais vous savez, je dirais que pour quelqu'un qui vit en Europe occidentale, l’événement le plus marquant pour moi est l’effondrement politique d’Emmanuel Macron en France.

» Il subit désormais une énorme pression pour qu'il démissionne. Ses alliés politiques, Lonu [Ils n’arrivent pas à prononcer “Lecornu”], Edouard Philippe, Gabriel Atal, semblent tous l'abandonner et lui demandent de démissionner. C'est un événement extrêmement important pour la politique française moderne, et peut-être même pour l'histoire. Cela pourrait être un événement important en Europe. Bien sûr, tout cela est lié à tous ces autres sujets dont vous parliez.

» Mais vous savez, c’est peut-être ce qui a retenu mon attention ces dernières 24 heures, d’autant plus que j'ai encore des contacts en France. J’ai travaillé avec eux et j’essaie de savoir ce qu'ils pensent de la situation telle qu'elle évolue actuellement. »