Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

Voyage au bout de notre-bruit

  dimanche 22 janvier 2017

La beauté de la situation d’aujourd’hui, avec l’ère-Trump, c’est que l’on ne sait plus qui est avec qui et qui est contre qui, qui fait quoi et avec qui, et contre qui, et ainsi de suite. Qu’on le  veuille ou pas, qu’on l’accepte ou non, Trump a tout changé dans notre perception ; marqué au fer rouge de l’antiSystème, quoi qu’il fasse, malgré les myriades de soupçons qui s’attachent à lui, – essentiellement de la part des antiSystème bien sûr, parce que les zombies-Système, eux, savent depuis longtemps que c’est un agent du KGB. (Donat Ivanovich Trolstoyevski, gros-agent dormant, qui squatte désormais le Bureau Ovale.)

Avec Trump à l’Élysée (lapsus irréfragable, bien dans la tendance-coquilles de dedefensa.org, qui ne sera donc pas rectifié), peut-on encore charger les USA de tous les maux, comme nous en étions accoutumés ? Difficile, malgré les doutes qui s’accumulent et les enquêtes en cours. (DJT ou “Dés Jetés” [appellation désormais contrôlée, en acronyme courant ou camouflé de “Donald John Trump”] serait-il le représentant d’une partie de l’“État profond” contre l’autre ? Le représentant de l’“État profond” contre les “Masters of the Universe” ? Un maître de la maçonnerie secrètement allié à Obama contre les Bush-Clinton, les Maîtres du Crime globaliste ? Un agent-double-dormant et difficile à réveiller du Système déguisé en antiSystème ?)

... Malgré tout cela, disais-je, tout se passe comme si, selon le langage Scientifiquement Correct, l’on était contraint par le sentiment écrasant qu’il y a du nouveau, comme s’il y avait quelque chose de brisé dans les us & coutumes du Système, et par conséquent dans le rangement de nos références. Comment est-il possible, par exemple, que le patron de la CIA sorte de l’ombre protectrice où le met sa fonction pour venir à la télévision menacer en direct le président-élu à quelques jours de son serment. (Cela, voilà qui a marqué dde.org.) Si l’épais Brennan se permet cela, à quelques jours de ses grandes vacances, cela signifie-t-il que la CIA exècre Trump et le montre, et le clame ? Si c’est cela, comment s’y retrouver dans nos anathèmes habituels contre le pouvoir américaniste, si le pouvoir américaniste nous file entre les doigts pour ne plus justifier notre juste courroux ? (Ou bien, est-ce une mascarade, un coup monté ? Qui nous le dira ? Trump lui-même, dont la première sortie hors les murs du Bureau Ovale est pour aller saluer la CIA elle-même à Langley ?)

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I Solemny Swear, – du bouffe à la tragédie

  vendredi 20 janvier 2017

A l’heure où j’écris ces lignes, comme disaient les reporteurs de l’ancien temps qui passaient directement leurs dépêches écrites durant le combat qu’ils étaient censés décrire du bar le mieux achalandé du coin jusqu’à leur rédaction lointaine, à des milliers de kilomètres, à l’heure où j’écris ces lignes rien n’est encore fini de la solennelle journée d’investiture et de prestation de serment du président The-Donald, 45ème du titre, c’est-à-dire 45ème POTUS. A quelques centaines de kilomètres de là, à New York, sans doute à un autre moment de la journée (tout se brouille dans ces deux jours où plus de cent manifestations différentes étaient prévues) avait eu lieu ou avait lieu un grand rassemblement de l’opposition “progressiste-sociétale-(chic)”, avec quelques vedettes de Hollywood, – Alec Baldwin, De Niro à nouveau passé dans l’opposition, – l’un ou l’autre réfugiés, une affiche bien avec les quotas bien soignés, repassés-pliés (blancs-honteux, black & brown et fiers de l’être, beige-clair, LGTBQ, etc.), sous la présidence considérablement plantureuse de Michael Moore. C’était un mélange de “concert des enfoirés” et de We Are The Word, une autre facette de ce Mai-68 cosmique en-hiver...

Maintenant, plongez-vous dans le tourbillon des multiples scènes, manifestations, cris, mains sur le cœur, promesses infinies, une cascade de vidéos (voyez Breitbart.News et de multiples autres) ; ce mélange de solennité bombastique, de strict observance des règles et d’escadrilles de véhicule noirs aux vitres teintées noires ahanant sous leur poids de blindage, entourées de nuées d’escort-bodyguards tous reconnaissables à un kilomètre (costume noir, cravate noire, chemise blanche, lunettes noires, cranes semi-rasés et rasés, oreilles chargées d’oreillettes, têtes en mouvement perpétuel, etc.) ; et puis en cent lieux épars des foules avec pancartes diverses, multicolores, hurlant ou se moquant, dressant le poing ou applaudissant...

Le spectacle est à la fois extraordinairement conforme si le regard seul s’en inquiète, et extraordinairement surréaliste si l’esprit s’y met pour tenter de donner un sens à tel ou tel sentiment... Celui-là, qui est le mien, avec Michael Snyder de Economic Collapse, sur cet étrange sentiment bouffe qu’on n’arrive pas tout à fait à écarter, – nous aussi retenus encore au Système même si c’est d’un seul cheveu, – cet étrange sentiment que Trump c’est The-Donald, et qu’il “ne fait vraiment pas sérieux”, – sentiment pourtant avec une réserve : « It still doesn’t seem quite real to me that Donald Trump will soon be residing in the White House.  Perhaps after I watch him being inaugurated on Friday I will feel differently.  And I certainly am not expecting any miracles under Trump, but it sure will be nice to have a new face in the Oval Office... »

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N’ayez pas peur du train

  jeudi 19 janvier 2017

Lisant ou relisant, je ne sais plus, Histoire égoïste (Folio, Paris 1973), c’est-à-dire les mémoires d’une forme assez particulière de Jacques Laurent, un des “hussards” des années 1950, je suis arrêté par cette remarque venu de sa toute prime enfance, immédiatement après la Grande Guerre. Elle m’a frappé de deux façons : d’abord, et je passe rapidement là-dessus car je compte y revenir, par le constat qui y est fait de la présence de chevaux encore assez nombreux dans les rues de Paris, ensuite parce qu’il y est question des trains et de “la peur des trains” qu’il y avait encore à cette époque, comme, plus tard et plus proche vers notre époque, il y eut une “peur des avions” pour les déplacements des masses laborieuses et vacancières.

« Le chemin de fer inspirait encore de la peur, écrit Laurent. On n’était pas si loin de la grande peur du XIXème que le guide Chaix combattait avec des arguments sublimes, non pas en essayant de rassurer le voyageur comme on aurait fait au XXème mais en jouant sur son goût du risque et sur son mépris de la mort. Ce vieux guide qui figurait dans les arrière-fonds de la bibliothèque de mon père proclamait : “C’est une grande erreur de chercher un préservatif contre la crainte de la mort dans l ‘éloignement de l’idée d’une catastrophe dont rien ne peut nous préserver. C’est un préjugé de croire que l’on souffre beaucoup en mourant. Les convulsions, les angoisses, les gémissements de quelques personnes mourantes ne doivent pas nous en imposer. Ces signes, ces accidents ne font souffrir que e spectateur et non le mourant, qui ne ressent rien. Pensons souvent à ceux qui nous ont précédés, à ces êtres si chers à notre cœur qui semblent nous inviter à aller les rejoindre dans des régions que la faiblesse de notre vue ne nous permet pas d’apercevoir. Si vous êtes profondément pénétrés de ces préceptes sages, moraux et vrais, vous pouvez entrer dans un wagon sans éprouver la crainte d’une de ces rares catastrophes dont les chemins de fer ont été le théâtre. »  

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Humeur de crise-30

  dimanche 15 janvier 2017

La semaine sera longue, d’ici le 20 janvier... Une fois de plus USA-2016 devenu USA-2017 nous fait vivre au rythme de sa folie, de son angoisse, de son “Something Got to Give”, – “il faut que quelque chose se passe”, – comme si rien ne s’était passé jusqu’ici, comme si ce qui s’était passé jusqu’ici n’était pas suffisant. Je ne cesse d’aller d’un texte à l’autre, chacun détaillant à sa façon le “Silent Coup” si assourdissant, les “fuites” anti-Trump, l’insurrection inévitable samedi prochain, la “panique de l’establishment”, les agitations quasi-hystériques des “services”, les plans d’élimination, “légale” ou physique, de Trump... ZeroHedge.com vous donne des conseils sur ce qu'il importe de faire pour résister sans se faire prendre si quelque chose d'extraordinaire arrive le 20 janvier, à Washington D.C. Même le très sérieux ConsortiumNews de Parry (indiscutable “dissident” antiSystème, mais d’un professionnalisme impeccable, ennemi du sensationnalisme) publie en tête de son site un article de Daniel Lazare sur “Le plan pour faire tomber Trump”, l’auteur avertissant de son propre chef qu’une telle hypothèse n’est plus du tout l’exclusivité des paranoïaques et autres “complotistes”. (« Un “Coup” militaire est-il en préparation ? Ou bien les agences de renseignement US sont-elles en train de mettre en place l’environnement politique pour forcer Trump à abandonner la présidence parce qu’elles ne peuvent supporter l’abandon de la politique de nouvelle guerre froide contre la Russie ? »).

Incrédulité sans fin du chroniqueur devant cette série de spasmes du même événement qui ne cesse de cogner, de revenir à la charge, avec l’entêtement d’une tempête sans fin, et qui poursuivra jusqu’à ce qu’enfin l’essentiel de ce que nous attendons et espérons, et craignons tous confusément, avec plus ou moins de lucidité, d’angoisse et du sens de la métahistoire, – jusqu’à ce qu’enfin l’essentiel, qui est la Grande Crise d’effondrement du Système, se produise... Je pourrais aujourd’hui reprendre mot pour mot ce paragraphe du début de mon Humeur de crise-28, il y a un mois, neuf jours avant le vote du Collège Electoral, sans trahir en rien ni mon sentiment, ni le climat des choses, ni les événements, ni la véracité du récit métahistorique :

« L’Amérique est grosse d’une guerre civile ; et la nature n’attend pas : à un moment ou à un autre, il faut mettre bas, il faut accoucher du monstre... A chaque occasion où la tension monte au travers de diverses nouvelles éparses, – car aucun courant de communication de poids n’ose ou bien ne peut offrir la synthèse évidemment catastrophique de cette tension qui serait la vérité-de-situation exposée, – à chaque fois revient en moi la phrase sempiternelle : ”Jamais, jamais la tension n’a été si forte, jamais, jamais l’enfantement n’a semblé si irrésistible...” ; et chaque fois ressort dans mon souvenir, également sempiternelle, cette remarque de Lénine au soir du coup d’Octobre, selon Trotski : “Es Schwindle...” (“J’ai le vertige”)... »

... Je pourrais certes reprendre cela mot-pour-mot, mais je dois aller plus loin encore, car tout se jouera le 20 janvier, sinon tout se jouera plus tard, quelques semaines, quelques mois, mais dans la même séquence, dans la même dynamique. Nous sommes au terme du chapitre essentiel du grand récit métahistorique, et nous vivons cela jour après jour, heure après heure, sous nos yeux : “La colère des forces infinies m’effraie”, aurait pensé Pascal ; pourtant, il n’a jamais reculé devant les effets de son “pari pascalien”. 

Dans la fosse aux lions, CNN-le-Maudit

  jeudi 12 janvier 2017

L’esprit bien loin de Trump, j’étais hier dans une de ces tournées rarissimes, mes seules sorties hors de mon domaine, à Bruxelles pour une après-midi et un début de soirée, pour vérifier quelques attaches familiales et goûter quelques manifestions de l’amitié. Une longue rencontre avec ma fille aînée, une visite d’une tristesse sans fin à ma sœur aînée qui perd ses facultés mentales à cause de la vieillesse, éloignèrent effectivement mon esprit de ses habituelles préoccupations. Je les retrouverais pour mon dernier rendez-vous, avant le train, dans ce charmant petit bistro-restaurant bruxellois, le Mokafé de la galerie de la Reine, où l’on retrouve, entre les cohortes incertaines de touristes, quelques vieux habitués, quelques bohèmes sur le tard, l’une ou l’autre vieille dame pleine d’ardeur et dévorant les gâteaux qui y sont excellents, un solitaire qui vient y lire son journal et un étudiant attardé qui peaufine sa thèse ; et puis nous trois, deux chers amis et moi-même, eux et moi travaillant dans le même champ de préoccupation qui est celui de dedefensa.org.

...Ainsi les vis-je arriver, l’un après l’autre, – car je suis toujours le premier arrivé, bien entendu, – chacun le nez collé sur son machin, – i-phone ? smart-phone ? Je ne sais pas, bref un portable qui donne l’internet et donc l’information en direct... Et tous deux de s’exclamer sur le spectacle en cours à Washington D.C., Trump face à la presse-Système ; de s’exclamer, eux qui connaissent ce domaine de la communication en politique extérieure, sur la maîtrise, l’habileté de Trump. Rentré à mon port d’attache hier soir, je vérifiai rapidement la chose : quelques passages, l’atmosphère, l’ambiance, effectivement le calme et la maîtrise de soi, y compris dans l’accrochage avec Acosta de CNN à la question duquel Trump oppose le refuse formel de répondre. (Contrairement à la remarque du New York Magazine notée par ailleurs [« ...except when he refused to call on CNN reporter Jim Acosta, yelling “You are fake news!” »], je trouve que même dans cette séquence Trump ne s’est nullement départi de son calme.) Les échos recueillis depuis, chez l’une ou l’autre “source sure” comme l’on dit, confirment cette impression générale.

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Le POTUS qui ne voulait pas ne plus être POTUS

  mardi 10 janvier 2017

Puisque nous vivons des temps exceptionnels, comme les USA eux-mêmes obviously, qu’ils soient donc vraiment exceptionnels et ainsi soient-ils ! Ainsi, semble-t-il, en a décidé le POTUS-44 (*), qui restera quasiment en fonction après la prestation de serment du POTUS-45 dans une occurrence, – une de plus mes amis, – jamais vue, sans précédent ni équivalent, – bref, exceptionnelle elle aussi. Une petite précision dans une dépêche du très-informé DEBKAFiles, ami du Mossad, nous confie qu’Obama a bien l’intention d’installer une sorte de contre-gouvernement pour surveiller la politique russe de Trump. Il veut préserver “his legacy” ; c’est drôle, – exactement comme l’on dirait : “je veux préserver le désordre-bordel que j’ai déclenché, entretenu, quasiment structuré, car c’est mon legs le plus précieux en vérité...”

Voici ce que nous dit l’ami DEBKAFiles : « Obama, qui a décidé de conserver une équipe avec mission de surveiller la politique de Trump, s’est plongé dans une bataille furieuse contre la décision de son successeur de relancer les liens entre la Russie et les USA. Se battant ainsi pour sauvegarder une part importante de son héritage politique en établissant un précédent exceptionnel et unique pour un président sortant, Obama est déterminé à projeter une grande ombre critique sur les actes et les politiques de son successeur. Durant les quatre prochaines années, Obama ne cessera de rappeler l’affaire du “hacking” russe dans l’élection présidentielle, pour garder haute la flamme de la bataille contre le “penchant russe ” de Trump... »

Rien, en vérité rien ne saurait me faire plus plaisir. Le président des États-Unis, et le premier président Africain-Américain des États-Unis, – retenez vos larmes, mes frères, – le voilà qui prend le maquis et se transforme en contre-pouvoir de guérilla dans le but d’être une “grande ombre” éclairant de sa “haute flamme” l’infamie de son successeur qui voudrait effectuer quelques exercices de rangement dans le susdit désordre-bordel... Diable ! Le Diable a de bien étranges idées, mais il faut bien s’abstenir de le contrarier. L’homme aux dix-huit trous quasi-parfaits sait évidemment ce qu’il fait : la satisfaction de lui-même du 44ème POTUS est en train de franchir des sommets qu’on jugeait inaccessibles, et qui le sont d’ailleurs à l’extrême commun des mortels courants.

Il installe donc ses quartiers dans une maison austère, en vrai guérillero, dont je ne vous dirais rien de l’adresse précise sinon qu’elle se situe à Washington D.C. Le symbole est imparable, exceptionnel certes : il ne retourne pas à Chicago mais reste en alerte, vigilant, organisateur de la révolte, là où toutes les choses du pouvoir se passent...

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Les incontinences de l’Auteur

  samedi 07 janvier 2017

Les “fêtes” étaient donc passées et qui avaient été pour moi par tel ou tel côté une rude épreuve tant cette période me rappelle combien les divers milieux familiaux dont je suis issus sont éclatés, pulvérisés, sinon réduits en cendres par les avatars humains et encore plus par les diktat de l’Histoire. C’est une histoire assez triste mais également d'une belle nostalgie, dont je vous entretiendrai un jour, lorsque je trouverai l’inspiration de donner à tel récit un intérêt au-delà de l’anecdotique affectiviste, qui n’est pas de mon parti. Revenu à la vie qui est évidemment quotidienne, je me retrouve en auteur déchiré entre ma réticence terrible de faire-promotion de ses propres œuvres, – sentiment écrasant pour mon compte de bassesse et d’humiliation que soi-même on s’inflige à soi-même, – et la nécessité que m’impose impitoyablement l’œuvre de faire quelque chose pour elle... Elle me parle, cette œuvre, La Grâce bien sûr et notamment son Tome-II, sur un ton rude, sans le moindre ménagement : “Tu prétends m’avoir écrit, espèce de sapiens-sapiens, et libre à toi et à tes illusions ; en attendant, sois logique au moins avec ces illusions, et fais ce qu’il faut pour qu’on me lise !”.

(Sa rudesse, son manque de ménagement, pour tout dire son indifférence à mes états de susceptibilité, c’est à ne pas croire. Ces œuvres que vous prétendez avoir faites sont impitoyables, – je dirais “quelle ingratitude”, mais elle en rirait un peu trop en me disant : “Et tu t’imagines encore que tout cela est de toi !”, et elle en rirait à juste titre car combien de fois n’ai-je dit ma conviction des convictions des logocrates... Je suis par conséquent écartelé.)

Je m’y suis donc remis, vous entretenant à nouveau de cette contradiction entre d’une part la crainte et le mépris de la vanité d’être un auteur (lire que la vanité d’être un auteur, c’est en vain prétendre l’être) ; et la nécessité du respect que l’on se doit d’avoir pour l’œuvre réalisée, – par qui ? Mystère, – et pour le serment qu’on s’est fait de tout faire pour qu’elle soit “communiquée” à d’autres, qu’elle soit lue, que d’autres y trouvent quelques lumières nouvelles pour susciter leurs propres pensées créatrices.

Tout cela détaillé, et dans cet état écartelé où l’on me voit, et considérant que le livre lui-même semble se considérer comme un être à part entière et singulièrement autonome, je lui laisse la parole, non sans signaler que la dernière chronique (*) faisant la promotion de La Grâce avait été suivie pendant plusieurs jours d’un nombre non négligeable de commandes (jusqu’à la quarantaine, a-t-on décompté), pour aboutir aux derniers “plusieurs jours suivants”, autour et après le passage de l’An nouveau, d’un désert quasi-complet et préoccupant. C’est cela qu’à nouveau, nous, La Grâce et moi, désirons rompre.

La Grâce a donc remarqué ce message, curieusement sur le Forum du texte « Entre tweet et Silent Coup », du 4 janvier :

« ...Et il me semble comme ça que De Defensa se sous estime, ça reste humble, chrétien ça demande la charité. Ca pourrait être, peut-être, alors notre boulot il est bon ! Si vous voulez continuez à en profiter , faut donner plus. Mais il  vrai que nous ne sommes plus païen , toutefois, le système là, il change quelque peu, non ? »

“Chrétien, nous, moi ?”, s’exclame La Grâce. “Encore faudrait-il me lire, et l’on serait édifié quant à mon christianisme ! Mais pour cela, il faut acheter le livre que je suis, et l’on saura pourquoi ce jugement se discute, pour le moins, et en détails qui ne sont pas inintéressants... Ce pourquoi je prends ceci à mon compte : ‘Alors, mon boulot il est bon !’”

Par conséquent, suivez son conseil, à La Grâce, soyez son lecteur...

(L'Auteur-3)

 

Note de l’Auteur

(*) Ainsi avez-vous également remarqué que ces textes qui portent comme marque de la série “l’Auteur” dans le titre et discourent de La Grâce dans le texte, sont numérotés à partir de ce mot. (Ce texte, voyez ci-dessus, est “Auteur-3”, le troisième de la série.)

Humeur de crise-29

  vendredi 06 janvier 2017

Il s’agit d’une simple vidéo sur MSNBC, quelques dizaines de secondes d’un échange entre Rachel Maddow et le sénateur démocrate Schumer. Maddow lui présente un document où un anonyme de la CIA proteste à propos du rendez-vous de la CIA avec Trump. Schumer, vieille ordure de Wall Street, prend l’air finaud et diabolique qui convient pour dire qu’à continuer comme ça, il va lui arriver des problèmes, à Trump (« Let me tell you: You take on the intelligence community — they have six ways from Sunday at getting back at you »). Et Rachel, lesbienne, progressiste-sociétale, autrefois pourfendeuse talentueuse de GW Bush et de ses guerres épouvantables où la CIA tint son rang, qui boit ça comme du petit lait, l’annonce par la vieille ordure que la CIA pourrait régler son compte au président des États-Unis... Quel bonheur et quel honneur d’être progressiste !

Voyant cela, je ne peux m’empêcher de penser que le Diable est passé par là. Aucune autre explication n’est possible ; car la raison recule, impuissante, devant la tâche d’expliquer rationnellement et par ses seuls moyens de telles attitudes, et devant l’aveuglement que tant de sapiens oppose à cette mise en évidence. Nous sommes dans une saison diabolique, où les âmes faibles et les psychologies vulnérables succombent si aisément à la terrible influence du Diable qui sème l’incohérence.

Je trouve bien rassurant que des esprits habitués à exercer leur indépendance dans le seul champ de la raison en viennent, pour s’expliquer ces choses extraordinaires qui se déroulent, à se tourner vers de telles explications extrahumaines et au-delà de la seule raison. Contrairement aux jugements courants inspirées par le Système (par le Diable) et qui s’effilochent en lambeaux, il s’agit d’une véritable illumination rationnelle de l’esprit par l’intuition. Il faut savoir, pour lutter, qui est notre adversaire.

Ainsi de cette humeur de crise : de reconnaître que notre Grande Crise est d’abord une crise de la psychologie humaine, et qu’elle se trouve activée par des forces extrahumaines et supérieures par leur seule surpuissance (et nullement supérieures par la pensée, certes). La Grande Crise du monde est d’abord notre immense crise intérieure, en nous-mêmes, et l’accès que cette circonstance donne au Diable d’entrer en nous-mêmes

Obama ou l’élégance du Diable

  lundi 02 janvier 2017

Ce qui me décide à écrire cette chronique, finalement, c’est la déclaration que je retrouve de trois jours d’un commentateur célèbre aux USA, dont il a été parfois question, qui est d’une tendance neocon très affirmée sans être complètement enrégimenté dans le groupe de base de cette tendance (laquelle est aujourd’hui en plein désordre de dissolution en tant que structure). Il s’agit de Charles Krauthammer, parlant à Fox.News, à propos de la décision du président Obama de prendre des sanctions antirusses spectaculaire. La déclaration de Krauthammer ne concerne pas le fond de l’affaire (la validité de la mesure décidée) mais le comportement du président-sortant à cette occasion (et après d’autres, ajouterais-je) :

« This is about as anti-democratic as you can get. You were in office for eight years — you got your mandates — and on all of these issues… he is doing all these things that have been explicitly rejected by his own party. Then he doesn’t have the courage of his own convictions, getting them done to lock in his successor.

 » It’s very anti-democratic.”

» I don’t know about the merits of the case. I would imagine that allowing mixed use and some exploration would be a good thing for the country, but Obama sees himself as God hovering over the country dispensing goodies to the extent that he’s got control.

» He figures, “I’ve got control here. No one can stop me, and it may be somewhat irreversible.” »

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De Sherman à Wounded Knee

  samedi 31 décembre 2016

Puisqu’il a été question, de façon tout à fait marginale, du général nordiste William Tucumseh Sherman, j’y reviens, mais cela en m’attachant directement au personnage. Il est vrai que j’ai toujours été fasciné par cette photo universellement fameuse et reprise par Infowars.com en y collant le visage d’Obama... Sherman y paraît hargneux et renfrogné, avec une dureté terrible et une intransigeance du puritain, paraissant manquer de cette beauté de l’âme qui nourrit l’élégance du caractère et la fraîcheur de l’esprit, semblant étranger à lui-même tant l’impureté des actes qu’il fut amené à commettre semble habiter ses traits, « avec sa chevelure à la diable, nettement hérissé et le général-massacreur des armées du Nord comme tombé du lit pour massacrer du Sudiste ; avec cette chevelure un peu comme la mode postmoderne du cheveu hérissé, – ou “look hérissé”, ou “spiky hair” ». Sur cette photo et avec le comportement qu’on sait, Sherman m’a toujours paru méchant comme une teigne, dominé par un caractère acariâtre et étroit... On a compris que je suis de parti-pris.

(Je le suis d’autant plus qu’en lisant l’abondante biographie de Wikipédia sur Sherman,– dont le second prénom [Tecumseh] venait très paradoxalement par rapport à ce qui est écrit plus loin, de l’admiration de son père pour un chef indien de la tribu des Pawnees, – on est aussi bien conduit à un jugement beaucoup plus nuancé. Ce détail-là me suffit : cet homme qui fut un des combattants les plus rudes et impitoyables pour imposer l’ordre yankee et américaniste avec tout ce que cela suppose, avait été pendant un temps hors du service et dans “les affaires” de la Grande République capitaliste, avant la Guerre de Sécession, et il avait failli sombrer dans la mortelle dépression, celle qu’entraîne le système qu’il imposa au Sud : « Plus tard, se remémorant l’époque de la folle spéculation foncière à San Francisco, Sherman écrit : “je peux gérer cent mille hommes dans une bataille, et prendre La Cité du Soleil, mais je suis effrayé d'avoir à m’occuper d’un lopin de terre dans le marais de San Francisco.” » Donc, une fois de plus et constat chaque fois relevé, diversité du sapiens-Système, beaucoup plus prisonnier du Système que son adorateur, comme souvent il se force à être avec des formules humanistes pour se dissimuler cette condition d’asservissement où il se trouve.)

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Fake-réflexions...

  mercredi 28 décembre 2016

Je ne me suis pas trop intéressé aux nouvelles type-Facebook, à la grande affaires des “News-bidon” (pour Fake-News) dont la grande presse-Système a fait grand cas comme d’une manœuvre historique et vertueuse dans le but de nous purger des nouvelles auxquelles il n’est pas bon de s’attarder, ni pour le moral, ni pour la political correctness, ou “politiquement correct”. Il est de fait que, dans mon chef, je ne crois pas à la possibilité de la censure dans le système de la communication tel qu’il est organisé, parce que le Système a trop besoin d’une “libre-circulation” de ses principaux attributs, dont l’argent, les échanges à l’intérieur du Coporate Power, les fausses nouvelles type-Fake-News (les siennes), sa lutte épuisante contre la force des vérités-de-situation, etc. ; bref, il a trop besoin du globalisme pour se priver de l’outil principal de l’expansion de la globalisation. Le problème insoluble que rencontre le Système et qui le tuera par autodestruction, c’est que le principal instrument de l’expansion de la globalisation et du globalisme est aussi le principal instrument de l’expansion de l’anti-globalisation et de l’anti-globalisme ; c’est le terrible caractère-Janus du système de la communication, d’être à la fois Système et antiSystème ; d’où l’impossibilité de la censure complète, efficace, et de la possibilité pressante et inarrêtable que sa pseudo-censure ne cesse de se retourner contre lui, comme boomerangs en mode-turbo...

Cela fait bien près de vingt ans, dès les premières manifestations politiques et antiSystème de l’internet, durant la guerre du Kosovo, que l’insoluble dilemme qu’affronte le Système est apparu. Cela fait près de vingt ans qu’on nous annonce, chaque année, que nous sommes sur la voie de la dictature de la communication réduite à la censure, avec purge générale des antiSystème. Voyez où nous en sommes aujourd’hui, où la presse-antiSystème fait élire un président des USA... Les seuls résultats significatifs de ces contorsions sans fin des maîtres-censeurs pour tenter de parvenir au verrouillage ont été d’abord de nous montrer le vrai visage de certains groupes qui se disaient antiSystème ; ensuite de rendre le processus de la circulation des informations dans le système de la communication, absolument, totalement incontrôlable ; enfin et surtout, comme on l’a vu souvent sur ce site, – il y a peu de temps encore, – de nous priver tous de la seule référence qui permettrait à une censure de s’établir, c’est-à-dire l’existence d’une réalité, fût-ce une réalité faussaire bien entendu, mais enfin quelque chose dont on puisse dire : “Voilà la réalité qui dit le vrai, moi le censeur je l’affirme, et au nom de cette garantie de vérité qu’est cette réalité je vous mets à l’index”.

... Tout cela expliquant l’attention moyenne que j’ai portée à l’opération de censure postmoderniste Fake-News. (Pour des détails aux bonnes sources, voyez  Madsen et Engdahl.) Et puis est venu le texte du New York Times, qu’on trouve en-ligne ce 27 décembre et alors, aussitôt, l’intérêt s’est soudain imposé ! L’opération Fake-News devenue d’un prodigieuse originalité, du genre à vous laisser sans voix, – mais pas sans ma plume active, certainement pas...

(Suite)

A propos de “la guerre industrielle”

  vendredi 23 décembre 2016

Dans un très-récent Forum, accompagnant un texte de l’ami-Bonnal, on a un peu glosé sur ce qui a été prestement baptisé “guerre industrielle”. Un argument a été opposé à la thèse que présentait le texte. Je crois pouvoir le résumer en disant que le passé, celui d’avant-le-canon, n’était pas moins destructeur (dans le sens de tuer de gens) que le présent, et que le canon fut après tout et dans certaines circonstances quelque chose de bénéfique, sinon d’humanitaire ou de vertueux à la limite, et ainsi de suite pourrait-on penser, jusqu’à la guerre moderne qui pourrait être jugée selon ce raisonnement finalement moins meurtrière que celle qui fut menée par les hordes de Gengis Khan.

Pour mieux situer le débat, je cite le principal message présentant l’argument à la thèse ; on notera à mon insistance expresse qu’il n’y a rien de personnel dans mon propos, ni de polémique d’ailleurs. Si on le prend dans ce sens on aura bien tort... La citation n’est là que pour mieux poser les termes du débat, et la question du canon et de la poudre figure comme une hyperbole annonçant l’avenir, pour en venir à la “guerre industrielle”. L’on notera aussitôt, comme il est dit dans le texte à plusieurs reprises, par l’Arioste lui-même, avec approbation du bonhomme-Bonnal, et d’ailleurs dans le titre également (“la Fin des Héros”), qu’il n’est point question de prouver une chose selon le nombre des morts et des blessés mais de nous entretenir des vertus que l’homme parvient à montrer dans cet événement terrible qu’est la guerre selon ce qu’il en est de la guerre : le courage, l’héroïsme, le sens de l’honneur, la noblesse du caractère, etc., et j’y ajouterais la “magnanimité” dans le traitement qu’on peut faire aux vaincus, voire même dans la considération haute qu’on peut avoir de l’ennemi (voir la très belle définition du mot dans Wikipédia).

(Ces vertus sont, à mon sens, le signe indubitable de la hauteur de l’esprit, de la grandeur du caractère, c’est-à-dire de l’esprit de la civilisation qui est le contraire de la barbarie. Je suis un peu marri de devoir le dire d’une façon aussi glacée, mais le constat statistique, éventuellement comparatif d’une époque l’autre de massacres de 10.000 personnes ici, de 100.000 là, etc., avec tel ou tel instrument de guerre, etc., ne résout en rien la question de savoir si courage, héroïsme, honneur, noblesse, magnanimité existent ou n’existent pas. Il y a d’une part la morbidité de la comptabilité lorsqu’on aligne les chiffres des victimes souvent dans des proportions considérables, et également à l’autre bout du spectre des attitudes primaires et infécondes, l’appel à l’affectivisme lorsqu’on emploie des mots tels que “massacre”, “tuerie”, “sang”, etc. ; tout cela ne prouve rien dans un sens ou l’autre sur ce qui nous importe précisément : y a-t-il eu ou n’y a-t-il pas eu courage, héroïsme, honneur, noblesse, magnanimité ?)

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The-Donald en “American Gorbatchev” ?

  mardi 20 décembre 2016

Je ne crois certainement pas que c’est le destin auquel il rêve, le Trump. Il se voit plutôt en Grand Réformateur, « America Great Again », restaurateur des valeurs traditionnelles de l’Amérique, valeurs capitalistes mais protégées par un néo-isolationnisme adapté acrobatiquement à la postmodernité qui a accouché, elle, du globalisme déchaîné jusqu’à la démence tant que je le nommerais bien “hyperglobalisme”. (Rien que dans cette dernière proposition du neo-isolationnisme face à l’hyperglobalisme, il y a une contradiction indépassable, mortelle, voire autodestructrice.) Mais on ne peut faire que ce qu’il vous est permis de faire selon le destin, et non ce que vous ambitionnez de pouvoir faire, et cela aujourd’hui plus qu’en aucune autre époque. Ainsi pourrais-je être porté à croire, selon un certain point de vue armé d’une logique qui n’est pas infondée, que Trump va devoir suivre une politique encore bien plus extrême que celle qu’il a dans l’esprit, – et je dis bien “suivre” bien plus que “conduire”, comme l’on est entraîné irrésistiblement par son destin.

Je voudrais ici poursuivre la proposition contenue dans la fin de la présentation (ce 19 décembre) du texte de Robert Parry, où il est écrit, citant Parry, que Trump viendra à la Maison-Blanche nécessairement affaibli, donc incapable « d’agir d’une façon agressive vers une détente avec la Russie ». Là-dessus vient une affirmation de dedefensa.org en contrepied, proposant le contraire, de cette façon :

« Cette conclusion vient logiquement au terme de l’analyse de Parry et, pourtant, justement parce que nous sommes dans “cette époque sans aucun précédent ni équivalent”, nous ne la partageons pas du tout, – et nous reviendrons bien entendu rapidement là-dessus. Pour nous, ce serait justement parce qu’il serait affaibli, parce qu’il serait contraint sur le plan intérieur par diverses pressions, entraves, traîtrises et ainsi de suite, que Trump devrait se montrer très agressif dans ses entreprises extérieures pour casser la politique extérieure actuelle, justement parce qu’il s’agit d’un domaine où le président a beaucoup de pouvoir dans toutes les circonstances. (Dans d’autres circonstances mais selon une logique similaire, Roosevelt en 1937 et Nixon en 1973, agirent de même, en se tournant vers la politique extérieure à cause du blocage intérieur.) En fait, nous pourrions même être conduit à nous demander si les conditions ne sont pas en train d’être réunies pour “forcer” Trump à devenir l’“American Gorbatchev” que l’on attend depuis près de trois décennies, et cela sans qu'il en soit vraiment informé lui-même... »

Ce texte du Journal-dde.crisis serait donc l’un des éléments, aussitôt mis en place, du “et nous reviendrons bien entendu rapidement là-dessus”. Quel est le principal trait du caractère de Trump ? Manifestement, son avidité de “gagnant” selon les clichés américanistes à la fois rabâchés et détestables pour mon goût se traduisant, dans la pratique de la politique et dans la situation politique où il se trouve, par des penchants qui se révèleraient objectivement comme très originaux, très intéressants et à très forte potentialité révolutionnaire (donc antiSystème) : c’est le refus des entraves qui lui sont opposées, par les us et coutumes de la politique washingtonienne, par ses voies traditionnelles, par l’observation minutieuse de ses règles, – voilà, c’est bien ça : le refus de jouer selon les règles du jeu, qui est “leur jeu” : voilà le caprice de The-Donald, l’exigence de son immense ego comme ils disent en ricanant, – le refus de “leurs règles”. Dans cette époque folle, on peut tirer le meilleur du pire si l’on tombe sur un caractère entêté et assuré de lui-même, même au plus vil des propos.

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Le désert de l’Auteur

  mercredi 14 décembre 2016

Pardonnez-moi d’y revenir, et si vous ne voyez pas de raison de pardonner alors passez outre...

Le 13 novembre, dans ce même journal, j’ai publié un texte dit-Auteur en quête de lecteurs. Je renouvelle dans le même registre, poursuivant la formule, et il n’est pas assuré que je n’en use pas, à d’autres reprises, dans l’avenir, d’abord dans le but explicité et non dissimulé de relancer ou de susciter l’intérêt des lecteurs pour La Grâce-II et La Grâce de l’Histoire tout court.

Je fais cette démarche pour une cause très simple : parce que ce livre ne dispose que d’un très faible sinon d’un inexistant appareil de présentation publique, de commentaires de divers organes de communication ; parce que l’auteur est inconnu des canaux de la communication standard du domaine, qu’il ne dispose d’aucune notoriété qui pourrait aider à la diffusion du livre ; donc qu’il ne lui reste (à l’auteur) que la tentative de réaliser l’acte simple de porter l’existence du livre à la connaissance du public par le seul canal dont il dispose, qui lui est à la fois proche et familier par nature.

J’ai choisi essentiellement ce canal de dedefensa.org pour la manifestation de son existence parce que je n’en ai aucun autre à ma disposition et donc le terme de choisir est une facilité du style. Pour autant, cette démarche (ce“choix”) est faite sans la moindre amertume ni le moindre désappointement à cet égard parce que je trouve cette combinaison (dde.org-La Grâce) particulièrement logique et justifiée d’un point de vue qualificatif. D’un point de vue quantitatif c’est autre chose, et bien que ce point de vue ne me séduit guère l’époque où nous vivons m’oblige à en tenir compte, notamment par les canaux de la communication qu’elle nous impose... Enfin, j’avoue qu’il y a dans la démarche d’un auteur le vœu secret d’être lu par le plus grand nombre, pour des raisons diverses, certaines avouables et d’autres un peu plus dérisoires , – mais essentiellement, pour mon cas, parce que ce qui a été écrit avec tant de travail et parfois de souffrance mérite qu’on lui fasse la faveur d’une reconnaissance par la lecture.

Je ne cherche rien dans le domaine du commun de l’économie et de la notoriété avec cette démarche, mais plutôt du domaine de l’évidence. Ce livre (les deux avec Grâce-I et Grâce-II, selon les formules offertes) n’est pas le produit de quelque vanité que ce soit, y compris de la vanité d’auteur, nullement l’outil de la recherche d’une gloire, toutes choses qui seraient dans mon cas sans espoir, à la fois stupides et dérisoires, et enfin essentiellement parce qu’elles n’ont rien de commun avec moi. Cela vaut d’autant plus que je considère que ce livre, en un sens, n’a rien à voir avec moi, et même que je le considère comme un objet complétement extérieur à moi-même (je m’en explique dans le précédent Auteur en quête de lecteurs). Je ne peux situer sa valeur, son importance, sa place dans la hiérarchie (mais je déteste ces classements, dont je nie l’intérêt, sinon la vérité même) ; simplement, j’ai  la simple et très ferme conviction qu’il mérite d’être lu et que c’est lui rendre l’honneur qu’on lui doit que de le lire. D’autre part et pour montrer qu’il existe un aspect “opérationnel” comme on affectionne de dire dans dedefensa.org, un peu plus trivial mais qui a sa justification et sa vertu, il existe la possibilité que La Grâce apporte au lecteur des appréciations nouvelles et convaincantes de choses qu’il croyait réglées, qu’il suscite chez lui ses propres réflexions, bref qu’il lui soit à la fois utile et précieux.

Je vais m’arrêter ici pour ce qu’on croirait être une plaidoirie ou un argument de promotion, sauf qu’il faut savoir que je ne me suis forcé en rien pour l’écriture de ce qui a précédé, que cela m’est venu du fait de ma nature même et que cela dit le vrai de moi-même. Pour autant, et pour démentir en toute petite partie la façon dont je repousse cette sorte de démarche (promotion, etc.), mais parce que c’est une bonne nouvelle qui devrait contribuer à la satisfaction de ceux qui suivent cette aventure avec intérêt sinon ferveur pour certains, – et je partage moi-même cette ferveur, – je préciserais que le précédent texte déjà référencé a beaucoup contribué pendant quelques jours à susciter l’intérêt pour le livre dont autour d’une cinquantaine d’exemplaires en tout ont été commandés (comprise la formule Tome-I + Tome-II, ce qui implique qu’il y a dans cette cinquantaine un certain nombre de Tome-I). Bien entendu, avec le temps, pourtant très court dans ce cas, le rythme s’est affaibli jusqu’à être très bas sinon inexistant, – une seule commande dans les cinq derniers jours, – et c’est la cause de ce nouveau texte.

Selon mon jugement, habitué aux batailles de résistance sans beaucoup d’aide des puissances en place, – quel euphémisme gracieux, – je dirais que c’est presque un succès selon ma mesure d’auteur plutôt de la sorte qui se contente d’une sorte de guérilla, ou par conséquent d’une amorce de succès, mais ce “succès”-là n’a duré que quelques jours et, depuis, l’habituelle période de vaches maigres s’est installée et je ne vois rien qui puisse l’interrompre sinon cette sorte de texte que vous en êtes en train de lire, – enfin, peut-être, juste une espérance car je ne suis sûr de rien... Eh bien, faites en sorte que cette sorte de succès de résistance et de guérilla soit relancé et que soit interrompue au moins un instant cette sorte de “désert des Tartares” qui menace et entoure les auteurs de mon genre, si vous croyez que cela en vaut la peine ; par exemple, si vous croyez qu’il en vaut la peine, faites-en un cadeau pour des proches ou des amis de votre esprit, puisque c’est, comme ils disent si étrangement, la “période des fêtes”.

Et si vous croyez au contraire que cela n’en vaut pas la peine, alors passez outre...

(L'Auteur-2)

Le “côté sombre” du président-élu

  dimanche 11 décembre 2016

Souvent, quand le site dedefensa.org comme nous le connaissons est circonspect, indécis, méfiant et sans doute secrètement déçu sur l’instant, il s’abstient de réagir de crainte de céder à une réaction trop précipitée et laisse “un peu de temps au temps” pour permettre à une sorte de second regard sur les choses de se manifester ; c’est alors que le Journal-dde.crisis, s’il l’estime nécessaire et pertinent, prend le relais pour exprimer, lui, cette “réaction trop précipitée” qui, dans le cadre de la formule où la subjectivité a la plus grande place, ne craint pas de se précipiter trop parce qu’il est couvert par la licence qui lui est ainsi laissée. Ce n’est pas systématique, sans aucun doute, mais le procédé a sa place dans la marche générale du site ; ainsi, dans ces instants, je me détache du “site dedefensa.org comme nous le connaissons” pour suppléer à cet instant de prudence j'espère avisée et d’abstention consacrée à la réflexion.

C’est le cas aujourd’hui avec Trump, notamment avec ses dernières nomination que l’on jugeait symboliquement si importantes, essentiellement celles, pour l’instant non encore officielles, de son secrétaire d’État flanqué de son adjoint : l’ancien CEO de Mobil-Exxon Rex Tillerson et l’infernal John Bolton. Pour mettre un peu de baume sur la plaie, on dira que la nomination de Bolton désigne l’heureux récipiendaire comme l’« adjoint du secrétaire d’État pour la gestion quotidienne du département », ce qui semblerait l’écarter des orientations politiques et de l’opérationnalisation de ces orientations. Quant à Tillerson, il fait l’objet d’une analyse assez “sombre” de la part de Breitbart.News, principal soutien médiatique de Trump pendant toute sa campagne, sinon architecte de cette campagne ; par contre, il est acclamé par ZeroHedge.com, – à mon avis sans enthousiasme excessif, comme on acte un fait, – comme une personnalité très proche de Poutine (mais s’agit-il du meilleur côté de Poutine, car chacun a son “côté sombre” ?), et tout cela en détails instructifs puisque c’est effectivement le cas :

« However it is not his Boy Scout exploits that will be the key talking point for pundits in the coming days, but rather his close relationship with Russian president Vladimir Putin. According to the WSJ, few U.S. citizens are closer to Mr. Putin than Mr. Tillerson,  a recipient of Russia's Order of Friendship, bestowed by the president, who has known Putin since he represented Exxon’s interests in Russia during the regime of Boris Yeltsin. “He has had more interactive time with Vladimir Putin than probably any other American with the exception of Henry Kissinger,” said John Hamre, a former deputy defense secretary during the Clinton administration and president of the Center for Strategic and International Studies, a Washington think tank where Mr. Tillerson is a board member.

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Humeur de crise-28

  samedi 10 décembre 2016

L’Amérique est grosse d’une guerre civile ; et la nature n’attend pas : à un moment ou à un autre, il faut mettre bas, il faut accoucher du monstre... A chaque occasion où la tension monte au travers de diverses nouvelles éparses, – car aucun courant de communication de poids n’ose ou bien ne peut offrir la synthèse évidemment catastrophique de cette tension qui serait la vérité-de-situation exposée, – à chaque fois revient en moi la phrase sempiternelle : ”Jamais, jamais la tension n’a été si forte, jamais, jamais l’enfantement n’a semblé si irrésistible...” ; et chaque fois ressort dans mon souvenir, également sempiternelle, cette remarque de Lénine au soir du coup d’Octobre, selon Trotski : “Es Schwindle...” (“J’ai le vertige”).

Dans un tel tourbillon crisique, comment s’en étonner ? Le mouvement fermé comme un cercle de feu des nouvelles affolante ne cesse d’accélérer avec de rares moments de répit lui permettant d’encore raffermir son élan. Ici un Grand électeur républicain qui a décidé de voter contre Trump avertit qu’il en connaît d’autres dans son cas ; on est instruit en détails de l’homme qui, pour le compte de Clinton et de Soros bien entendu, dirige cette opération de débauchage. Michael Moore annonce que d’ici le 20 janvier (prestation de serment), « Something Crazy Could Happen To Stop Trump Becoming President » ; mais quoi ? Un examen rapide conduit à une insurrection organisée le 20 janvier pour empêcher la prestation de serment, ou bien plus décisivement à l’hypothèse de l’assassinat. Trump a lancé une grande campagne de “remerciements” pour son élection qui rassemble des foules comme une mobilisation qui ne dit pas son nom, à la façon que l’on a vue durant la campagne. Partout la censure et les fausses nouvelles sont dénoncées. La haine et la fureur entre les deux partis qui s’opposent semblent atteindre à chaque instant un nouveau paroxysme, désormais bien au-delà de celui de l’avant-8 novembre.

Et cette lancinante question qui ne me quitte pas : comment l’Amérique en est-elle arrivée là ? J’ai en tête la dernière scène du film de Joe Dante, La Seconde Guerre de Sécession. Après un enchaînement d’événement inattendus, baroques et futiles, et partant d’une cause incertaine, un État de l’Union s’opposant au président, tout cela suivi en direct par une presse-Système non encore totalement enrégimentée dans la haine et la fureur du déterminisme-narrativiste (on est en 1997), on voit le studio d’un grand réseau qui nous a servi de fil rouge, qui a suivi en “live” les événements heure par heure, conduit en cet instant à commenter les images du premier engagement  entre l’armée fédérale (US Army) et la Garde Nationale ; et l’un des protagonistes, quittant un instant le feu des dernières nouvelles pour s’interroger, incrédule et soudain désespéré : Comment, comment a-t-on pu en arriver là ? Mais ces questions n’en sont pas ou plutôt n’en sont plus car je parle là d’une fatalité...

En cet instant, je crois et je crains que l’engrenage est désormais irrésistible ; et je le tiens pour cette fatalité que nous avons tout fait pour susciter, ou ressusciter, et qui, désormais, nous dépasse car elle va jouer son rôle inévitable sinon nécessaire... Car c’est bien là-bas que se trouve le cœur nucléaire proche de son point de fusion de la déflagration déjà en cours, qui marque l’irréversibilité que tant et tant jugeaient impensable.

Le président-élu tweete, Boeing s’enrhume

  mardi 06 décembre 2016

... J’exagérais peut-être, mais à peine ... Bon, je me suis dit, pour le titre : “ne parlons pas d’effondrement mais certainement une poussée d’un bon rhume d’une trouille galopante, si vous voulez une rhinite allergique, comme on dirait ‘allergique au Tweet-Trump’ comme d’autres disent qu’ils sont allergiques au pollen”... Les valeurs de Boeing Aerospace ont donc brusquement chuté à la réouverture de Wall Street, selon la nouvelle donnée par ZeroHedge.com le 6 décembre à 09.06 PM, après que Trump ait tweeté, le 6 décembre à 02.52 PM :

« Boeing est en train de fabriquer un nouveau 747 Air Force One pour les futurs présidents , mais les coûts sont hors de contrôle, plus de 4 $milliards... Qu’on annule la commande ! » (« Boeing is building a brand new 747 Air Force One for future presidents, but costs are out of control, more than $4 billion. Cancel order! »)

Cette auguste publication (dedefensa.org) avait déjà signalé, avec le cas Farage/ambassade UK à Washington D.C., quels effets & conséquences pouvaient avoir les tweets du président-élu, annonçant, ou souhaitant, ou menaçant, ou évoquant telle ou telle décision, – qui le sait, justement ?, – et là justement se trouve l’enjeu très particulier de cette pratique inédite dans l’expression du président-élu. Parce que, enfin, nul ne sait s’il s’agit d’une annonce, d’un souhait, d’une menace ou d’une simple évocation ; et Boeing, lui, le malheureux, ne sait pas s’il ne doit pas s’attendre, après le 20 janvier 2017, à l’annulation de la commande prestigieuse et infiniment coûteuse du nouvel avion si nécessaire au POTUS pour maintenir la présence hégémonique et exceptionnaliste des USA... Qui irait si bien au teint du président Trump, mais vraiment infiniment coûteuse.

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Entre deux mondes furieux & ébranlés

  samedi 03 décembre 2016

La situation aux USA est extrêmement fascinante dans ceci qu’elle fait évoluer deux mondes parallèles, aussi révolutionnaires l’un que l’autre, chacun avec ses péripéties internes, sans pourtant que l’un ait semblé avoir, jusqu’ici, quelque influence décisive sinon marquante que ce soit sur l’autre, et vice-versa bien entendu. Le premier monde est celui de la préparation et de la construction de l’administration Trump, avec tous les remous, les commentaires en tous sens, y compris des partisans de Trump craignant d’être trahis, et les changements d’humeur évoluant autour du personnage du President-elect et de ses décisions. Le deuxième monde est celui des remous civils et politiques anti-Trump dans le pays, des manifestations, des incidents, des démarches diverses jusqu’aux plus subversives pour renverser le résultat des élections, jusqu’aux plus audacieuses comme celles des mouvements sécessionnistes.

Mon tout est un univers totalement insaisissable où l’affirmation le 25 novembre par un officiel de l’administration Obama au New York Times selon laquelle le président en fonction reconnaît que le President-elect Trump a bien été élu en toute intégrité président le 8 novembre est présentée comme une nouvelle importante ; où vous pouvez fabriquer n’importe quelle histoire selon laquelle vous seriez un individu basané de type hispanique, ou bien non plutôt Indien-Américain, qui aurait été bousculé par un blanc partisan de Trump qui vous aurait insulté et menacé, – pour envoyer l’anecdote à un site (Mic.com) friand de scène vécue de l’anti-trumpisme, pour la voir aussitôt mise en ligne sans aucune vérification, et ensuite avoir quelque répliques embarrassées et aucune rectification en ligne lorsque vous aurez dévoilé la réalité du subterfuge ... « In fact, when a reader challenged the fantastical story’s veracity, Harvard responded by mocking the person’s “logic.” »

Ainsi, par conséquent, oscillent le jugement, l’attention et l’humeur de l’observateur. Il y a eu des phases typiques à cet égard, comme deux journées de suite la semaine dernière, deux jours typiques à cet égard, dans tous les cas pour mon compte, pour ainsi avoir vécu avec une sorte d’étonnement fataliste ce balancement ultra-rapide de mon intérêt et de mon attention d’un monde à l’autre. Le mardi, j’étais tout entier absorbé par les interventions de Trump, les rumeurs sur les nominations, leurs significations, etc., la pression continuelle, la narrative qui n’a pas bougé d’un poil des commentateurs de la presse-Système ; les hypothèses dans tous les sens, les contradictions inquiétantes, notamment avec des nominations allant dans le sens contraire des promesses faites pendant la campagne ; les écarts de The-Donald (il en a encore, et pas mal) changeant d’avis ou inventant une nouvelle diplomatie de pression par le tweet rigolard, continuant à faire des déclarations tonitruantes et contradictoires, complètement hors des normes-Système.

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Quelques points sur les i

  jeudi 01 décembre 2016

De-ci de-là, “nous” (dedefensa.org) recevons des messages qui nous font la leçon. Les choses dites sur Fillon, par exemple, nous valent de ces leçons de bon jugement politique, de clarté du langage, de ceci et de cela, avec en arrière-fond, comme une basso continuo, voire ostinato, le jugement “naïfs-que-vous-êtes”, dit, – j’espère être autorisé à le croire comme on croit au Père Noël, – avec une sorte de condescendance certes très-sévère mais finalement marquée de cette tendresse et de cette compassion que l’on voue aux faibles d’esprit... (Ou bien quoi si ce n’est “naïfs-que-vous-êtes” ? Vaniteux ? Stipendiés ? “Onan le Magnifique” ? [Sur ce dernier point, Monsieur Charme-en-Tout aurait du savoir que j’aurais préféré Grand-Mamamouchi, cela m’aurait mieux été au teint, avec son Grand-Turban de Très-Grand-Super-Vizir que je me crois...].)

Je parle de ces “choses dites sur Fillon” par dedefensa.org, comme j’aurais pu parler des “choses-dites”, à diverses occasions, sur Trump, sur Obama, sur Poutine, sur bien d’autres, voire très récemment sur Jill Stein... Tiens, justement, il y a un passage, dans ce « Jill Stein, l’inopportune » qui vaut citation (ah, cette habitude de PhG-Mamamouchi de se citer lui-même !). Il est bienvenu parce qu’il est le second facteur, après les observations courroucées à l’encontre de dedeensa.org que j’ai citées, qui complétera le fondement de cette réflexion, laquelle est aussi une mise au point, “quelques points sur les i”. (Ce n’est pas la première ni la dernière de cette sorte de “mise au point”/“points sur les i”, toujours la même, mais il faut encore y revenir, et il faudra encore et encore  y revenir, et l’on se chargera de la chose parce que rien n’est jamais fixé et rien n’est jamais désespéré lorsqu’il s’agit de se faire comprendre pour ce que l’on dit et non pas pour ce que quelques autres voudraient que l’on soit.)

Voici donc la citation utile pour la suite et la bonne compréhension de nos pédagogues-un-peu-censeurs et certes vigilants par intermittence :

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Fidel nous éclaire

  dimanche 27 novembre 2016

27 novembre 2016 – J’ai commencé ma “carrière” en haïssant Castro, avec toute la fougue, la certitude, la verve et l’absence complète de connaissance de mon adolescence sur sa fin extrême. Je l’ai peut-être écrit ici ou là, je ne sais, mais il faut savoir que ma jeunesse s’est réfugiée dans ma seule imagination ; mon indifférence à la politique fit que l’“Algérie française”, où j’étais né et que je vis pour la dernière fois en janvier 1962, se perdit sans moi, sans que je m’en préoccupasse vraiment. (Aujourd’hui, j’ai découvert que c’est un des très-grands remords de ma vie, cette indifférence-là, à la disparition de l’“Algérie française”.) Cela fait que je n’ai pas grand’chose à dire pour les années qui suivirent, sinon que j’étais, par indifférence justement, antigaulliste (fidélité indifférente à l’“Algérie française”) et pro-américain mais pas comme les autres, plutôt par le souvenir de ma tendre-jeunesse, avec ma fascination pour les avions américains de la Deuxième Guerre (surtout le P-51D Mustang d'une beauté à couper le souffle, « la Cadillac de l’air ! », selon un personnage de Spielberg). Quand je commençai mon métier de journaliste sur les affaires étrangères immédiatement, en novembre 1967, je devins assez naturellement, Mustang oblige, pro-américain tendance ultra, c’est-à-dire tendance-Pentagone. Par conséquent et selon les normes syndicales, comme je l’ai écrit plus haut je haïssais Castro.

Puis j’évoluai, – on s’en est aperçu, non ?

J’ai parfois, ici ou là, raconté pourquoi et comment “j’évoluai” ; un jour, si Dieu me prête à vie, même à crédit, je raconterai tout cela en bons et fermes détails. En attendant et dans l’entretemps, mon sentiment sur Castro avait changé sans en connaître plus sur la Cause Première et la Fin Dernière de la révolution cubaine. Le personnage, sa pétulance, son verbe intarissable, ses gestes, son éternel battle-dress, sa barbe immuable, son cigare toujours à moitié fumé, tout chez lui me semblait sympathique et chaleureux. Je n’ai jamais été à Cuba mais j’en ai entendu parler ; j’ai eu des échos d’une certaine façon de vivre et d’une certaine façon d’être selon les moyens disponibles (embargo US oblige) dont on pourrait chercher l’équivalent dans les banlieues de Chicago où l’on se tire à vue en rythmant le rap et même dans les cocktails de Hollywood où leur politically correct emprisonne la parole et cadenasse la pensée bien plus que l’on n’a jamais fait dans l’histoire de la contrainte des âmes. Quant aux horreurs de son régime qu’on ne manque pas de dénoncer, dans l’establishment et même chez les antiSystème, – aux USA dont je parle précisément, parce qu’ils sont l’autre partie prenante dans cette partie, les autres (les Européens et les théoriciens) étant de peu d’intérêt dans mon jugement – quant à ces horreurs je m’abstiendrai d’un jugement de fond parce que je n’ai pas le brio d’un comptable humanitaire ni le bagout d’un avocat du barreau des grandes causes ; ce qu’il me semble possible de dire, c’est cette banalité fatale et écrasante que les horreurs, tout le monde, absolument tout le monde en a son lot. (Évidemment, je suis tenu de reconnaître, au nom de la liberté de penser, qu’il y a les horreurs dictatoriales et les horreurs démocratiques qui, paraît-il, vous font plus douce la torture de l’eau, ou waterboarding selon les manuels législatifs de la CIA. Je reconnais, Votre Honneur.)

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