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5636Le vénérable sage des paléoconservateurs qui a acquis une influence considérable de “conscience du conservatisme”, Patrick Buchanan, donnait le titre suivant à son commentaire du 23 juillet : « Une nation du “Nous contre Eux” »...
« L'Amérique, disent-ils, sera si inaltérablement changée dans quelques années que votre espèce n’exercera plus jamais le pouvoir politique, et votre Amérique disparaîtra dans une Amérique différente où ‘The-Squad’ et les gauchistes de même opinion établiront le programme.
» Les ‘Deplorables’, qui se comptent par dizaines de millions, accepteront-ils un avenir où eux, leurs enfants et les enfants de leurs enfants seront soumis à la domination permanente de personnes qui les détestent visiblement et les considèrent comme racistes, sexistes et fascistes ?
» L'Amérique de la classe moyenne de l’origine s’enfoncera-t-elle doucement dans cette profonde nuit ? »
Le pays-continent baptisé “Nouveau-Monde” qui nous a donné l’hypercapitalisme globalisé, lequel nous a donnés l’expansion infinie des bénéfices par l’ouverture sans fin et sans bornes des frontières des nations aux migrations à très bas-salaires, est entré dans la phase ultime de la polarisation qui est l’insurrection notamment à cause de ce qui est perçu, symboliquement encore plus qu’opérationnellement, comme l’immigration sans contrôle porteuse de quelque chose qui ressemblerait à une sorte de ‘Grand Remplacement’-Made-In-USA. (Je parle de ‘Grand remplacement’ au sens symbolique et à l’effet symbolique de l’expression, pas au sens statistique qui est la seule voie de la perception des technocrates.) Cette “étrange époque” accouche un monde devenu fou où l’épicentre de l’explosion par concentration du potentiel explosif de cette folie se trouve exactement où apparurent, comme autant de plantes vénéneuses parées du charme des nouveautés exotiques, les germes de cette folie.
Il n’y a pas de classement moral, – le Mal contre le Bien, – à faire de ce phénomène de volonté de changement radical “de l’espèce” dans cette querelle née d’un calcul électoraliste pitoyable de bassesse et d’une pensée réduite aux acquêts d’une philosophie de comptoir disponible sous la forme de science-fiction de gare de triage où les trains ne s’arrêtent plus. Les dérisoires monstruosités du Système (électoralisme et clientélisme) prétendent engendrer une formidable révolution “de l’espèce” ; les piètres petits-génies aux colossales fortunes de hasard faites de montagnes de poussières y ajoutent la touche divine d’un Dieu-zombie en méditant de mettre tout cela au pas robotisé du transhumanisme. C’est une perspective festive qui ferait pleurer de rire un Philippe Murray.
Buchanan, lui, ne pleure pas de rire. Il est vrai qu’il n’a rien de Philippe Murray et qu’il croit toujours au mythe fabriqué des Pères Fondateurs de l’Amérique originelle. Là aussi il n'y a pas de clasemement moral à faire mais plutôit une impasse à consyater, pour ce qui est du passé, de la “tradition” à laquelle croient certains citoyens de l’Amérique originelle qui ne reviennent pas du mouvement qui s’étend devant eux comme un incendie pris de folie, et poussée par le vent des tempêtes de la crise climatique, – qu’elle soit fabriquée ou non, fausse ou véridique-scientifiquement, etc.
Le temps des complots et des enquêteurs du complotisme partagés entre accusateurs publics et chercheurs opiniâtres, ce temps-là est fini. Nous sommes désormais, nous en approchons à une vitesse sidérante et exponentielle, des points de rupture des derniers boulons pourris et rouillés de cette infiniment immense usine à gaz qu’est devenue la contre-civilisation occidentale, bombastiquement appuyée sur le Système brillant comme un immense soleil-mort.
Mais bien, je crois que dans cette immense désordre-chaos, en Amérique exactement, “sous le soleil-mort exactement” comme aurait pu dire Anna Karina dans sa chanson de “Pierrot-le-fou”, ce film-là qui nous contait une histoire qui pourrait être d’aujourd’hui, ce qui compte encore bien plus que le symbole de l’immigration illégale, c’est la folie qui s’est emparée de ce lieu où, exactement, “apparurent, comme autant de plantes vénéneuses parées du charme des nouveautés exotiques, les germes de cette folie”. Dans Leur immense sagesse aux multiples effets, – effets de manche et effets telluriques, à nous de nous y reconnaître, – il faut reconnaître aux Dieux (majusculés pour l’occasion) celle d’installer une logique que je qualifierais avec empressement de “divine” pour nous exposer la genèse, la raison d’être, et la prolifération de ce désordre-chaos : là où est la source, on trouve la plantation, puis la floraison, puis la rupture enfin.
Par conséquent, – sur la folie américaniste et américaine à la fois... Je trouve que ce texte de Boyd D. Cathey, plutôt séditieux et dissident (publié sur UNZ Reviewle 27 juillet), plutôt libertarien (repris par LewRockwell.comle 29 juillet), je trouve que ce texte vient à point nommé et avec une certaine verve non exempte de fureur, pour nous décrire comment l’Amérique, “sous le soleil-mort exactement”, en arrive au point de rupture, – sous le titre plein d’entrain et de dynamisme de « Est-il temps pour l’Amérique de se disloquer ? » J’ai tenté de vous proposer une traduction acceptable d’un texte qui décrit assez bien, me semble-t-il, ce que, comme vous le savez, je tiens pour le plus grand événement possible dans la catharsis finale de l’effondrement du Système. (Tout cela, sachant que le “modèle américain”, – tout comme l’American Dream, – a de fortes chances de proliférer vers d’autres horizons dont le nôtre, à nous vaillants Européens de l’UE, n’est pas le moindre.)
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Une question très inquiétante s’impose de plus en plus dans nos conversations... Lors de brefs échanges au bureau, à la maison avec la famille, après l'église le dimanche, dans nos messages électroniques aux amis et associés. A regarder avec plus ou moins d’attention les nouvelles télévisées du jour, d’une chaîne à l'autre, disons de CNN à FoxNews, à écouter leurs interprétations de n'importe quel événement ou problème, quoi qu’il arrive, vient à l’esprit cette terrible question qui s’impose, lancinante, furieuse comme une bête sauvage déchaînée :
“Qu'est-il arrivé, – qu’est-il en train d’arriver à l'entité géographique que nous appelons les États-Unis, à son peuple, à sa culture ? Ne semble-t-il pas que le pays est en train de s’effriter, de s’écrouler, de s’effondrer dans à peu près tous les domaines essentiels, de sa base morale autrefois bien fixée dans un cadre chrétien plus ou moins historique à sa vision même de la réalité, de ce qui est réel et de ce qui ne l'est pas ?”
Des millions de progressistes de la justice sociale “éveillés” contrôlent maintenant le Parti démocrate et la plupart de nos médias ; ils dominent nos industries du divertissement et du sport ; ils font pression pour l'ouverture des frontières et ce qui équivaut à un “Grand Remplacement” des autochtones par des étrangers illégaux ; et ils ont un emprise sur la quasi-totalité de notre système éducatif, des classes de primaire à nos universités.
Chaque année, ces institutions produisent des millions d'automates fraîchement usinés , – des zombies intellectuels, – qui pensent comme leurs enseignants et professeurs désorientés les ont formés, qui prennent ensuite des positions de responsabilité dans notre société, qui soutiennent et votent de plus en plus pour une orientation véritablement démente, qui déchirent ce pays comme ferait une force centrifuge inarrêtable, qui créent des divisions infranchissables qu’aucun plaidoyer mal fagoté ou nul compromis d’apparence ne pourrait jamais réduire.
Les progressistes vantent haut et fort leur soutien à “l'égalité” et à ce qu'ils appellent “la libération des contraintes arbitraires”. Ils nous disent qu'ils travaillent contre le “racisme et le sexisme” historiques. En réalité, leur programme est une inversion de la liberté réelle, elle subvertit la rationalité et asservit des millions de personnes dans des passions et des désirs non partagés, non liés et déraisonnables, les enveloppant dans une sorte de cocon d’une pseudo-réalité. Il s’agit, pour paraphraser le grand essayiste et poète anglais G. K. Chesterton, de la définition de la vraie folie.
Dans son volume The Poet and the Lunatics(1929), le personnage de Chesterton, Gale, pose la question : « Qu'est-ce que la liberté ? » Il répond, en partie [passage en gras rajouté par l’auteur] :
« D'abord et avant tout, c'est sûrement le pouvoir d'une chose d'être elle-même. D'une certaine façon, le canari est libre dans la cage... Nous sommes limités par notre cerveau et notre corps ; et si nous nous en échappons, nous cessons d'être nous-mêmes et, peut-être, d'être quoi que ce soit.
» Le fou est celui qui perd son chemin et ne peut pas revenir en arrière... L'homme qui a ouvert la cage à oiseaux aimait la liberté ; peut-être l’aimait-il trop... Mais l’homme qui a cassé le bocal simplement parce qu’il pense que c’était une prison pour les poissons, alors que c’était leur seule lieu de vie possible, cet homme était déjà hors du monde de la raison, plongé dans la colère avec un désir d’être hors de tout. »
Les fanatiques de justice sociale qui manifestent dans la rue, qui apparaissent tous les soirs sur nos chaînes d'information diffusant le virus idéologique qu'ils appellent les nouvelles, qui défilent devant les commissions de la Chambre ou du Sénat (ou y siègent !), qui endoctrinent les étudiants naïfs et intellectuellement abusés dans les centres supposés d'enseignement supérieur, sont, pour reprendre l'expression de Chesterton, des fous. Ils sont “déjà hors du monde de la raison”, et leur rage effrénée à détruire n’a d’égale que leur profonde incapacité à créer quelque chose de valeur réelle et durable.
Ils participent à un post-marxisme culturel virulent qui, malgré les slogans de “vaincre le racisme, le sexisme, l'homophobie et la suprématie blanche” et d’établir l’égalité, est finalement impossible à atteindre. Les avocats de ces mouvements, mesurés à l’aune de la réalité historique de deux millénaires de civilisation chrétienne et des lois de la nature, sont littéralement des fous.
Ils font des slogans sur “les fruits de la démocratie” et “l’égalité des droits”, là où dans une utopie future “racisme” et “sexisme” seront finalement bannis... mais où, en fait, le contraire existera, où la démocratie sera devenue une dystopie totalitaire mille fois pire et mille fois plus oppressante que ce que George Orwell avait envisagé dans son roman fantasmagorique 1984.
Cet élément, cette force dans notre pays, qui compte maintenant plusieurs millions d'électeurs, travaille fébrilement et inlassablement pour atteindre ses objectifs. Et, comme nous l'avons vu, surtout depuis l'élection présidentielle de 2016, ils feront n'importe quoi, utiliseront n'importe quelle tactique, y compris la diffamation, le procès, la censure, même la violence pour atteindre leurs fins, pour faire reculer ce qu’ils perçoivent même de la façon la plus imprécise possible comme étant “contre-révolutionnaire”.
La question se résume à ceci : La fragile expérience américaine de républicanisme commencée à Philadelphie en 1787, qui exigeait une compréhension commune et un partage des principes de base, est-elle maintenant terminée ou, à tout le moins, est-elle en train d'entrer dans sa phase d’agonie ?
On peut certainement retracer une trajectoire progressivement destructrice dans l'histoire américaine depuis le renversement du système constitutionnel américain en 1865 [la victoire du Nord sur le Sud dans la Guerre de Sécession]. Et les résultats de cette distorsion dans notre histoire atteignent désormais n point de rupture presque inimaginable.
Nous vivons de plus en plus dans un pays qui est devenu de facto à peine plus qu’une simple entité géographique. Certes, c'est encore formellement une nation, mais une nation où il y a en vérité au moins deux Amériques très distinctes, avec des visions radicalement différentes de ce qui est réel et de ce qui ne l'est pas, des conceptions radicalement différentes de ce qui est moral et de ce qui ne l'est pas, des vues radicalement différentes de ce qu’est la vérité et de ce qu’est le mensonge, des idées radicalement différentes sur les moyens disponibles pour atteindre une fin souhaitée et posée. Malgré tous les discours sur l’égalité et le racisme, le “parti” révolutionnaire cherche en réalité à remplacer une oligarchie, – qu'il appelle “suprémacisme blanc”, – par une autre oligarchie de son cru, en fait une “utopie” brutale, vicieuse et sans âme qui ferait par comparaison de l’État communiste de Joseph Staline un aimable Centre de Retraite aux Bahamas.
A la base de ce mouvement révolutionnaire se trouve l'utilisation critique du langage. Des mots teintés d'idéologie, – des “expressions diaboliques”, – sont désormais utilisés avec une régularité et une fréquence mécanique étonnamment rapide : racisme, privilège blanc, sexisme, masculinité toxique, égalité, démocratie, et ainsi de suite. Ces expressions ont été “militarisés” dans le sens de devenir des armes (weaponized) et sont maintenant employés par ceux de gauche, – mais aussi par de nombreux conservateurs du mouvement élitiste qu’on pourrait désigner “conservatisme inc.”, pour culpabiliser, condamner et diaboliser quiconque voudrait s'opposer efficacement à la subversion sociétale-progressiste de ce qui reste de cette nation.
Ce ne sont pas seulement les bavards frénétiques de CNN et de MSNBC qui sont en cause mais aussi des voix conservatrices dites “respectables” comme Bill Kristol, Hew Hewitt, Jonah Goldberg, Rich Lowry, Ben Shapiro, la rédaction de la National Reviewet diverses autorités du parti républicain, qui se sont unis pour légitimer chaque nouvelle conquête sociétale-progressiste (par exemple, le mariage homosexuel) et attaquer toute opposition réelle à la “longue marche” de l’infection gauchiste de nos institutions. Comme la gauche dure, les conservateurs de l’establishment dissimulent à peine leur mépris pour l’Amérique moyenne et traditionnelle, pour ces gens souvent de la campagne qui travaillent dur, possèdent des armes, vont à l’église, sont sous-payés et essaient encore d'élever une famille moralement avec des moyens en constante diminution. Ils nous voient tous comme de simples péquenots, une classe à asservir qui n'est pas censée avoir une voix, – voilà ce qu’est devenue la “démocratie américaine”, voyez-vous...
Nous n’étions pas censés remettre en question cet arrangement ; nous n’étions pas censés sortir de la “réserve” comportementale où l’on avait décidé de nous parquer. C'est ainsi, voyez-vous, que la “nouvelle oligarchie” allait désormais fonctionner. Mais en 2016, exaspérés, nous avons remis en question tout cela, et nous l'avons fait parce que nous savions instinctivement que la classe dirigeante non élue, – une élite cosmopolite et globaliste, – était beaucoup plus fidèle à sa propre classe et plus soucieuse de conserver son pouvoir et son autorité. Il se fichait de nous, malgré le flot interminable de promesses électorales que nous entendons chaque saison électorale.
Nous avons compris que les chances de succès étaient minimes, et même si nous réussissions, – ce qui était très improbable sur le plan électoral, – les élites de l’establishment et de Washington D.C. auraient instantanément réduit en poussière ou absorbé toute opposition, y compris même Donald Trump.
Mais l'improbable s'est produit, et les élites, – les médias, l’industrie du divertissement, la quasi-totalité du monde universitaire, la gauche sociétale-progressiste démocrate, et aussi les supposés défenseurs de nos intérêts, ceux de “conservatism inc.”, – ont répondu avec une colère, un mépris et une condescendance débridés et sans retenue. Ces élites se sentent menacées par les “indigènes”, menacés par ceux d'entre nous qui occupent les plantation géante située entre les hôtels particuliers à plusieurs millions de dollars entourés de murs dans la Silicon Valley et les salles de conférence de Wall Street, où les globalistes internationaux se réunissent pour planifier l’avenir du monde.
Peu importe que Donald Trump ait rempli une grande partie de son administration de bureaucrates et d’experts du gouvernement fédéral (surtout en politique étrangère) qui font partie de l’establishment. Le fait seul de son élection avait signalé que l’omniprésence de l’État administratif, son autorité même, avaient été sérieusement contestés. Ce qui a suivi a été ce que l'on ne peut décrire que comme un torrent de mensonges, de narrative fabriquées, d’attaques contre notre façon d’être, de tentatives de suppressions de nos droits à la parole et à l'expression garantis par la Constitution, de volonté de nous humilier et d'efforts pour détruire nos moyens de subsistance ou nous faire licencier de nos emplois ou renvoyer de nos écoles.
Et, bien sûr, il y a eu l’énorme simulacre du Russiagate, impliquant la campagne d'Hilary Clinton, le Comité national démocrate, la Commission Mueller, les médias dociles, le FBI et d'autres services de renseignement, et les allégations totalement fausses selon lesquelles les Russes s'étaient “ingérés” dans nos élections. En fait, le simulacre Russiagate était complètement politique ; les Russes n'étaient pas impliqués, à l'exception de quelques agents doubles qui travaillaient en fait pour les intérêts des Américains et des FBI. Il s'agissait d'un effort massif et sans précédent non seulement pour faire tomber le président, mais surtout pour discréditer toute opposition au contrôle de l'establishment du Deep State.
Il y a donc, d’une façon physique et psychologique palpable, deux Amériques. Elles utilisent toujours le même langage, mais elles sont de plus en plus incapables de communiquer entre elles. Des mots et des termes presque hebdomadaires sont redéfinis au-delà de toute compréhension, et ces “expressions diaboliques” sont devenues des équivalents modernes de bombes à hydrogène linguistiques déployées par les progressistes. Ils illustrent ce que le théoricien politique Paul Gottfried a appelé une praxis “post-marxiste” qui a dépassé les assauts du marxisme culturel pour devenir un modèle nouveau qui doit être imposé.
Aucune dissidence de ce modèle n'est permise dans notre société. S'il exige que vous identifiez les Blancs comme des Noirs, alors vous devez vous y conformer, ou vous en subirez les conséquences. Si vos yeux vous disent une chose, mais que les médias collectifs et les élites vous en disent une autre, “qui allez-vous donc croire, eux ou vos yeux qui mentent” ?!
Pour “conservatism inc.” cet état de choses pose des problèmes critiques : le “mouvement” (conservateur) est plus ou moins moribond, comme un eunuque persan à la cour, peu dangereux pour le harem et d’une utilité douteuse par ailleurs. Ses idées dépassées ne sont pas attrayantes pour la génération des “Millennials” et n'offrent aucune solution pratique aux défis qui se présentent. Dans la plupart des cas, les “conservateurs” de l'establishment et leurs cohortes républicaines au Congrès ne servent qu’à légaliser et normaliser chaque victoire progressiste. Les idées créatives de droite ne viennent aujourd'hui que de ce que l'on appelle “la droite diabolisée”, de la droite nationaliste (surtout en Europe), et de la droite populiste et paléoconservatrice (ici aux États-Unis).
Certains “conservateurs du mouvement” ont reconnu et accepté tout cela. On a récemment parlé du “mouvement conservateur” qui semble vouloir prendre en compte d'une manière ou d'une autre le nationalisme et le populisme nouvellement apparus, – comme on le voir avec les efforts récents du chercheur sioniste Yoram Hazony (The Virtue of Nationalism, 2018) pour intégrer ces tendances dans le courant conservateur. Une conférence nationale sur le “conservatisme nationaliste” s’esttenue à Washington du 14 au 16 juillet. Mais de telles tentatives sont essentiellement des efforts d'une “ droite-bidon” (comme l’appelle Paul Gottfried) pour faire à nouveau dérailler une réelle opposition au projet progressiste et garder le contrôle de ces éléments disparates (et aussi pour détourner la critique d'Israël, toujours un devoir sacré pour les néoconservateurs).
De tels efforts échoueront en fin de compte, tout comme la création d'un nouveau nationalisme américain échouera également. Contrairement à la plupart des nations européennes qui possèdent une histoire organique et un patrimoine commun, les États-Unis sont allés trop loin sur la voie d'une division infranchissable pour qu’un nationalisme fondamental puisse encore exister. Les disparités et les différences extrêmes sont beaucoup trop grandes.
Il est temps de chercher des solutions ailleurs.
L'Amérique en 2019 devra faire face à trois possibilités pour son avenir :
(1) soit il doit y avoir une grande conversion massive d'un côté ou de l'autre (une sorte de “Chemin de Damas” ?), probablement à la suite d'un événement immense et bouleversant, d’une guerre, d’une dépression, d’une catastrophe naturelle de grannde ampoleur ;
ou (2) il doit y avoir une séparation en juridictions indépendantes d'une grande partie de ce qui est actuellement géographiquement les États-Unis, y compris d'éventuels échanges massifs de population, – cette séparation/sécession devant sinon pouvant être pacifique, même si je suis conduit à penser de moins en moins qu’une telle issue soit possible pacifiquement ;
ou enfin et surtout, (3) la transformation du pays se poursuivrait avec une violente guerre civile et une guérilla ouvertes, suivie par une sévère dictature. Le désordre a toujours horreur du vide, et ce vide sera comblé d'une façon ou d'une autre.
Dans l'état actuel du pays, existe-t-il d'autres possibilités réalistes ? Après tout, malgré la pieuse psalmodie des publicistes néoconservateurs affirmant que l'Amérique est la nation “exceptionnelle” du monde, la nouvelle utopie, Dieu ne nous a pas accordé l'éternité nationale ni garanti notre avenir. Et nos dirigeants et bon nombre de nos citoyens ont fait de leur mieux pour défaire et miner tous ces espoirs et toutes ces promesses initiales.
La folie américaine moderne, la folie, – et c'est certainement ce qu'elle est, – augmente de façon exponentielle, semble-t-il, sur une base quotidienne. Il y a tellement d'exemples, c'est tellement répandu dans notre société que notre surprise et notre indignation sont devenues monnaie courante de tous les jours : imaginez quelque chose d’effroyablement et d’incroyablement horrible et dingue... et hop, cela se produit presqu’aussitôt dans notre société devenue folle.
Il n'y a que très peu de choses d'Abraham Lincoln avec lesquelles je suis d'accord, disons quelques observations. L’une d’entre elles, de 1858, dit ceci : « Une maison divisée contre elle-même ne peut tenir debout. »
Le moment est venu pour nous de discuter non seulement de ce qui ne va pas dans ce pays, mais aussi de la façon dont nous pourrions réellement résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Et peut-être bien, et de plus en plus, que la réponse n’est pas un faux nationalisme nouveau et nécessairement contrôlé ou imposé, mais une sorte de séparation nationale, pacifique espérons-le, qui pourrait être la voie la moins désagréable. Les autres options, toutes les autres options apportent la violence, la guerre civile et probablement la dictature. Et c'est quelque chose que nous devons tenter d’éviter.
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