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83516 mai 2025 (14H15) – Je dois reconnaître avec empressement et sans barguigner que l’on se trouve dans un de ces moments-bouffe dont cette époque foisonne, tous plus “historiques” les uns que les autres, – un de ces moments où, à moins d’en faire un “moment métahistorique”, l’on n’y comprend, avec une sorte de délice, plus rien du tout. Tout le monde est là, sauf Poutine et Trump qui tournent ici et là, – sauf “les pieds-nickelés poudrés de Kiev” (seulement les 4 du trio), et cela ne nous fait pas perdre grand’chose. Macron, Merz, Starmer, Tusk, – passons outre, ô les « qu’un peu de sable efface »... Par contre, Zelenski, qui était le seul à clamer depuis des mois qu’il ne négocierait jamais, ne pourrait jamais rencontrer un Russe sans tomber malade, ne jamais se déplacez pour une telle infamie, – Mister Z. était là et il s’est précipité pour rencontrer Erdogan à Ankara. Peut-être cette rencontre s’imposait-elle pour le bien de l’Ukraine et qu’on y introduirait Erdogan en “vedette américaine” ?
Je n’ai bien entendu jamais entendu ni vu les deux compères Christoforou-Mercouris commenter un événement sur un ton d’une si extrême dérision, ni entendu Mercouris commencer son programme (du 15 mai) par cette évaluation, sans prendre la peine de nous saluer :
« Bonne journée à tous aujourd'hui ! Nous sommes le jeudi 15 mai 2025 et nous vivons un moment extraordinaire dans le conflit ukrainien ! Je pense pouvoir résumer la situation très simplement en disant que les professionnels vaquent calmement à leurs occupations tandis qu'autour d'eux les amateurs semblent devenir collectivement fous, – je dis cela parce que c'est la seule façon de décrire, à mon sens, les événements de ces deux derniers jours.
» Je ne porte aucun jugement de valeur morale ici, je parle simplement de la manière dont les deux parties se préparent et mènent leurs affaires, l'une méthodiquement et systématiquement vers un objectif clairement défini, l'autre improvisant évidemment au fur et à mesure, avec toutes sortes de propositions bizarres, prenant des décisions, faisant des représentations théâtrales, faisant des déclarations démonstratives, tout cela collectivement. »
Tout cela signifie que les opinions les plus diverses, venant de gens de qualité, dont je loue les jugements et les engagements, se croisent et se contredisent sans pour autant susciter l’affrontement, simplement parce qu’il en est ainsi, et qu’il faut subir les conséquences du chaos conduit par des fous devenus hyper-fous et vous saluant en ôtant élégamment et poliment son entonnoir de couvre-chef... Tout de même, trouvons-leur quelque ordre et tendances générales !... En général, donc, on est plutôt attentistes-pessimistes, et même pessimistes tout court comme le duo Mercouris-Christoforou.
Pour eux, Zelenski est coincé dans sa position ultraradicale et Trump n’est absolument sûr de rien, et très vulnérable aux charmes explosifs de son aile neocon-light (Kellogg, Rubio). Je dirais, pour Trump, qu’il reste, en sens contraire, l’attrait d’un accord qui serait accepté avec satisfaction par les Russes, donc héroïque à réaliser et si dur très dur à avaler pour Mister Z. qu’il s’en étoufferait. Mais qu’importe ! Le sage et philosophe POTUS courant en ressortirait comme le “faiseur de paix” qu’il rêve d’être (“ The Art of the Peace ”, disons modestement, et nous construirions une Marc-Aurele Tower dans le centre des ruines de Kiev).
On s’arrête là puisque, – à cette heure enfin, puisque rien n’a vraiment commencé et que tout semble comme si tout était fini avant de retourner chez soi. Pourtant les faits concordent : les deux délégations, russe et ukrainienne, après l’arrivée ce matin ou un peu plus tard de cette dernière composée hier soir par un Mister Z. en catastrophe, se sont enfin installées dans la même pièce (celle où ils s’étaient vus, mis d’accord et quittés en avril 2022) et ont solennellement ouvert les négociations d’Istanboul, dite “Istanboul 2.0”. La cœur de chacun se serre, et aussi l’étrange impression de ne pas savoir s’il n’est pas préférable d’en rire à en mourir que d’en pleurer sans espoir d’en mourir. Ainsi commencent les négociations-bouffe qui, parfois, débauchent sur une issue inespérée et désespérée., – et, dans tous les cas, toujours bouffe elle aussi.
Peut-être, puisqu’il faut terminer ce texte sans signification par une conclusion tout aussi signifiante ; peut-être, peut-être peut-on choisir ces jugements de Lavrov qui sonneraient plutôt comme une introduction. La maison des fous vous est offerte portes ouvertes à vous tous, bons citoyens en mal de quelques soins attentifs et d’oreilles compatissantes... Vous entrez et vous dites : “Voilà, je voudrais négocier et sauver le monde”.
Lavrov, en attendant, nous livre une description dostoïevskienne du paysage ambiant :
« Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a qualifié Vladimir Zelenski de “personne pathétique”, affirmant que même ses soutiens étrangers lui demandaient de cesser d'agir “aussi follement”.
» Lavrov a critiqué les exigences du dirigeant ukrainien pour que le président russe Vladimir Poutine assiste personnellement aux prochaines négociations à Istanbul, en Turquie, affirmant que la question était “comprise et réglée par tous, sauf lui et par ses marionnettistes”.
» “Une personne pathétique”, a répété Lavrov, précisant que les “camarades qui dirigent Zelenski lui ont pourtant longuement expliqué qu'il ne devait pas agir aussi stupidement et que des négociations étaient nécessaires”. »
... Ce qui est une excellente façon de débuter une négociation, une sorte de main tendue par-dessus la table, comme un signe d’affectueuse sympathie – même si Mister Z. n’est pas là, ce qui ne change pas grand’chose.