RapSit-USA2023 : Du bon usage de Joe

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RapSit-USA2023 : Du bon usage de Joe

Finalement, le président Joe Biden s’est rendu dans son État de l’Union favori, le Zelenskistan, aujourd’hui à Kiev et par très beau temps. Ce fut une surprise. Biden avait plusieurs fois écarté une telle visite et celle-ci fut décidée en grand secret, pour obtenir un effet maximum. Les Russes ont eu, semble-t-il, l’élégance faussement bonhomme de ne pas monter d’attaque sur la capitale, mais les sirènes ont néanmoins bien fonctionné.

L’atmosphère de la visite s’est aussitôt imposée, nécessairement dirait-on, comme martiale. On y ressent, sur photos et vidéos, une détermination plus affirmée encore d’armer et de soutenir l’Ukraine.

« Le président américain Joe Biden est arrivé en Ukraine lundi, effectuant sa première visite depuis que Moscou a lancé son opération militaire dans l'État voisin il y a près d'un an.

» Biden a rencontré le président ukrainien Vladimir Zelenski dans la cathédrale Mikhailovski de Kiev. Les médias ukrainiens ont publié des photos et des vidéos montrant Biden et Zelenski marchant vers l'église, encadrés par des agents de sécurité armés.

» Biden a déclaré qu'il rencontrait Zelenski pour “réaffirmer notre engagement inébranlable et indéfectible envers la démocratie, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine”, selon le communiqué publié par la Maison Blanche.

» Le président américain a ajouté qu'il annoncerait une nouvelle livraison d’“équipements critiques” pour l'armée ukrainienne, notamment des munitions d'artillerie, des systèmes antichars et des radars. “Plus tard dans la semaine, nous annoncerons des sanctions supplémentaires contre les élites et les entreprises qui tentent de se soustraire à la machine de guerre russe ou de la soutenir”, a déclaré M. Biden

» Selon Reuters, des sirènes de raid aérien ont été entendues à Kiev pendant le voyage de M. Biden, mais aucune frappe russe n'a été signalée. »

On a plus d’une fois envisagé une visite de Biden à Kiev, notamment lorsqu’il s’était rendu à Varsovie, fin mars 2022. Cette fois encore, c’est à partir d’une visite à Varsovie qu’il fait une escapade en Ukraine. Sa visite est manifestement organisée pour endiguer la vague de scepticisme quant à ma suite des événements, que l’on sent monter inéluctablement.

Notre perception est qu’elle n’a pas été “suggérée” et presqu’“imposée” au président par son aile extrémiste mais qu’elle  se fait en complet accord avec lui-même, sinon sur sa propre suggestion. Quoi qu’il en soit, bien entendu, c’est un point important pour l’entourage neocon de Biden, – mais peut-on parler d’“entourage” comme s’il était “sous influence”, alors que Biden se conduit et conduit sa horde en véritable neocon lui-même, – ce qui est une des “surprises du siècle” pour cet homme opportuniste, corrompu et sans véritable pensée idéologique.

Transfiguration de Biden

Lorsque Biden s’installa à la Maison-Blanche, nul ne doutait une seconde 1) que ce président n’était pas en état d’assurer sa fonction ; 2) qu’il devrait démissionner dans le cours de son mandat. Très vite, d’ailleurs, il apparut que le seul problème de la présidence Biden serait qu’avec son départ inéluctable, ce serait la nullissime Kamala Harris qui deviendrait présidente...

Le sentiment a complètement changé. Deux choses sont apparues, qui s’inscrivent comme une sorte de parodie des deux problèmes identifiés plus haut.

La  santé du président

Il est évident que le président Biden a un énorme problème de santé dû à son âge et qu’il n’est pas dans la capacité d’assurer sa fonction. C’est là le point de vue de l’évidence, qui est clairement exposé par un ancien médecin des présidents Bush et Obama fustigeant un rapport médical de la Maison-Blanche faisant de Biden un homme âgé mais en possession de tous ses moyens. Il s’agit du député républicain Ronny Jackson, qui parle d’un “cover up (un complot de dissimulation) du véritable état de santé du président.

« Jeudi, la Maison Blanche a publié un résumé de l'état de santé de Joe Biden, basé sur un examen des antécédents médicaux et un “examen physique détaillé”. Il en ressort que le président “reste un homme de 80 ans en bonne santé et vigoureux” et qu'il est parfaitement apte à exercer ses fonctions.

» Jackson, qui a été médecin à la Maison Blanche sous les anciens présidents Donald Trump et Barack Obama, a émis vendredi une critique cinglante de l'examen de M. Biden, affirmant que le public américain n'en avait "rien appris".

» “Prend-il un quelconque médicament pour traiter son déclin mental ? Cet examen était une plaisanterie. COVER UP !”, a-t-il écrit dans un message sur Twitter.

» Il a également souligné que, contrairement à son prédécesseur, Biden n'avait pas passé de test cognitif. “Trump en a passé un, pourquoi pas lui ? La capacité de Biden à penser et à raisonner a disparu ! Il NE DEVRAIT PAS être président !” a ajouté Jackson...»

Que peuvent dire les démocrates contre cela, eux qui sont de plus en plus critiques du président ? Les critiques, feutrées et parfois cinglantes, ne cessent de se développer concernant sa politique, sa conduite, ses “méthodes”, avec en arrière-plan la question de sa santé. Mais ils sont piégés par l’option Harris, la seule “stratégie de sortie” de l’élimination de Biden, et plutôt une “catastrophe de sortie”... Comme Crooke l’exposait dans son article mis en ligne hier :

« Biden peut-il être destitué ?  Théoriquement oui. Soixante pour cent des jeunes membres du parti démocrate ne veulent pas que Biden se représente. La difficulté réside toutefois dans la profonde impopularité de Kamala Harris comme successeur possible. La dernière preuve de l'affaiblissement de la position de Harris est un article très critique du New York Times, rempli de désapprobations anonymes de démocrates de haut rang, dont beaucoup l'ont autrefois soutenue. Aujourd'hui, ils sont inquiets.

» Leur crainte, écrit Charles Lipson, est qu'il est presque impossible de la faire tomber :

» “Pour gagner, les démocrates ont besoin du soutien enthousiaste des Afro-Américains, qui risquent de se sentir insultés si Harris est écartée. Ce problème pourrait être évité si elle était remplacée par un autre Afro-Américain. Mais il n'y a pas d'alternative évidente. Si Harris est remplacée, ce sera probablement par un candidat blanc ou hispanique”... »

... Moyennant quoi, Biden reste en place et tout le monde, chez les démocrates, même au terme d’une longue diatribe critique, n’ose terminer par l’hypothèse de son départ, de sa destitution. Par conséquent, Biden continue à agir, à affirmer “sa” politique, et il a choisi son camp.

L’‘Ukrisis’ de sa réélection

Même s’il est le seul, Biden s’est convaincu lui-même qu’il doit poursuivre un deuxième mandat, qu’il le peut, que le peuple le veut et lui assurera une superbe victoire, – si possible, contre Trump, humilié une deuxième fois avec les honneurs de la corruption électorale. C’est qu’entretemps, Biden a trouvé “son” combat, qui se marie assez joliment avec les affaires de famille et les pratiques de corruption qu’il assume avec un sourire éclatant. Il a trouvé en Zelenski un représentant en relations publiques indirectes sans concurrent, et mis en place autour de lui une garde rapprochée de neocon qui étaient déjà avec lui, “travaillant” sur l’Ukraine en 2014 (Nuland, Sullivan, Blinken).

Biden n’est pas leur marionnette, il est leur chef, leur étendard, leur idole, celui qui signe aveuglément tout ce que l’un ou l’autre lui présente et vide les stocks du Pentagone en éclatant de rire et en dégustant sa crème glacée. Biden est non seulement sûr qu’il sera réélu, mais qu’il le sera grâce à sa politique ukrainienne et l’inévitable victoire qui se profile. Les neocon ont trouvé leur marionnette, plus folle qu’eux tous réunis, et qui les mènent par le bout du nez. C’est contre l’avis de ses médecins pourtant corrompus qu’il s’est rendu par surprise à Kiev aujourd’hui ; une “surprise” préparée de longue date avec son bras droit favori, le président du Zelenskistan.

Tout le monde tient tout le monde par la barbichette et le fou éclate d’un rire sardonique car nous avons bien à la tête de l’Empire celui que nous méritons, lui aussi éclairé d’un sourire sardonique...

Note de PhG-Bis : « Pour mieux expliciter la chute qui précède et à laquelle PhG tient beaucoup, je rappelle simplement que le qualificatif “sardonique” vient de cette sorte de renoncule nommée ‘apium risus’, mais surtout ‘sardonia herba” en latin ; laquelle a pour propriété de rendre les hommes insensés, favorisant une convulsion et distension des nerfs telle que les lèvres se retirent donnant l’impression que la personne rit, d’où l’expression de rire sardonique. »

 

Mis en ligne le 20 février 2023 à 18H50