Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
12 octobre 2024 (18H20) – Il semble raisonnable d’observer que le chaudron bouillonnant du Moyen-Orient, autour d’Israël, – “du fait d’Israël”, commence-t-on à dire, – soit en train de nous ménager des changements considérables sur fond de possibilités apocalyptiques diverses. Jusqu’ici, l’état d’esprit était aussi clair que la chose était incroyablement cruelle et complexe dans les manœuvres de guerre. Israël agissait comme on le voit faire sans que personne dans la majorité silencieuse et prudente de la communauté internationale n’osât une démarche fondamentale dans l’attitude habituelle. Seuls agissaient les acteurs principaux (Israël, les groupes palestiniens et proches d’eux, l’Iran, les USA et la Russie avec la discrétion qui lui est naturelle). Chacun allait, observait-on, au camp où on a l’habitude de les voir.
Les méthodes israéliennes étaient à peine contestées alors qu’elles étaient ce qu’on voit qu’elles sont, avec toute leur brutalité et leur cruauté. Tout le monde doit comprendre cela, ou refuser de voir, et je ne pense pas perdre mon temps à gémir sur l’évidence des actes terribles dont étaient victimes les Palestiniens. Il est vrai qu’Israël a toujours disposé d’un capital d’intouchabilité à cause de la victimisation dont jouit ce pays du fait de l’Holocauste, qui est devenu pour l’Occident une sorte de « religion d’État ». Le mot est de Diana Johnstone dans une lettre ouverte du 13 juin 2010 à son ami Noam Chomsky à partir de quoi l’on comprendra que la “sacralité” évoquée par Johnstone accompagne tout ce qui touche à Israël, – l’antisémitisme, le terrorisme, la question palestinienne, etc., et bien entendu les guerres que fait Israël et qui sont regardées avec attendrissement, – d’autant qu’on les perçoit comme nécessairement victorieuses :
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Morts pour la France”, vous qui illuminez les voutes des cathédrales, vous qui furent les compagnons de Jeanne, vous qui reposez dans la boue renaissante de Verdun, oyez ce pays d’antan : c’est pour lui que vous mourûtes, disent les pédants, pour une fois justifiés dans leur langage.
N’empêche, le geste était beau et le reste, les souvenirs aussi, malgré les efforts des larves & termites qui ont suivis. “La France est morte” dit l’Espagnol Jesús Laínz, mais rassurez-vous la France pour laquelle vous êtes morts n’est pas celle-là. Ce que vous voyez mourir, c’est l’ombre puante d’un simulacre infâme, reductio ad nauseam à force de puanteur et d’infamie. Votre souvenir aura bien la force de réveiller une morte, l’autre France qu’ils ont humiliée et réduite en une souveraineté d’entropie.
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7 octobre 2024 (14H40) – Il est très difficile, aujourd’hui, de “pronostiquer” quand aura lieu une possible/probable guerre Israël-Iran ; et plus encore, en un sens, qui des deux, si guerre il y a, l’emportera.
Prenons un exemple venu de RT.com, qui est mon média interdit pour le meilleur et pour le pire. Voici l’article de Farhad Ibragimov, expert et enseignant à la Faculté des économies de l’université RUDN, correspondant associé à l’Académie des Sciences Sociales de l’Académie Présidentielle Russe d’Économie Nationale et d’Administration Publique. La question qu’il se pose, – en titre, – est exactement celle que nous nous posons :
« Y aura-t-il une grande guerre entre Israël et l’Iran ? »
C’est une analyse fort complète qui fait que plus on analyse plus on comprend l’inutilité d’analyser. La fin est assez piteuse et montre que même chez les Russes, où l’on a l’habitude parler sans mâcher les mots, – justement, dans ce cas on en mâche jusqu’à ne plus savoir qu’en faire :
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4 octobre 2024 (13H30) – Le réseau que tout bon esprit se doit plutôt trois fois qu’une de considérer comme fort suspect, ‘SputnikNews’, avait réuni, dans son émission ‘Fault Lines’ de mercredi, plusieurs journalistes et experts, – y compris des non-Russes, c’est dire, – avec, comme sujet, la riposte iranienne de la nuit précédente. La signification même de cette attaque a été fixée par le journaliste Esteban Carrillo, basé à Beyrouth. Pour lui, c’est la fin d’un mythe, celui de l’invincibilité du système ‘Iron Dome’ (‘Dome de Fer’) assurant une protection quasi-totale, – certains parlaient de 132%, – du ciel israélien.
Cette considération qui nous a paru assez considérable pour en faire le thème central de notre texte nous a conduit à oser le terrible néologisme de “vincibilité”, – je veux dire : l’horrible néologisme pour désigner le contraire d’“invincibilité”. Carrillo, lui, a gardé des expressions classiques :
« Un “nouveau jour” [traduction plus catholique : un “jour historique” ?] pour le monde alors que le mythe de l’invincibilité israélienne est brisé.
» Bien que les dégâts causés par son attaque aient été relativement minimes, l’Iran a porté un coup psychologique important en pénétrant facilement le système de défense israélien ‘Iron Dome’, selon [le journaliste Esteban Carrillo, de Beyrouth...]
» Les responsables n’ont fait état d’aucun décès israélien après la frappe de représailles de l’Iran contre le pays mardi, mais l’ancienne projection de puissance et de dissuasion de l’allié des États-Unis dans la région pourrait s’avérer être la victime la plus importante des événements de la journée, [dit encore Carrillo]. »
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1er octobre 2024 (15H25) – Dans ce vent de folie belliciste triomphante qui a suivi la mort de Nasrallah, – Je me serais cru revenu dans ce bon temps d’avril 2003, de la chute de la statue de Saddam au discours de Bush sur le USS ‘Lincoln’, avec la belle banderole ‘Mission Accomplished’ derrière lui, et devant nous quelques belles années américanistes de campagne victorieuse et vertueuse en Irak, – dans ce vent-là, dis-je, j’ai trouvé matière à un certain malaise. Brutalement, Poutine était devenu une merde sans attrait, comme les Russes qui ne savent pas se battre, et j’ai compris que, par bonheur, tous nos ennemis et même, et surtout, tous nos amis ne sont en rien antisémites, et grands admirateurs des technologies américanistes qui tuent plus vite que leur ombre. Ah oui, j’oubliais, ils sont aussi grands admirateurs de la Bible, ce grand livre de guerre écrit par Clausewitz en collaboration avec Netanyahou.
J’ai trouvé un peu de baume au cœur avec mon dernier refuge, mon ami Mercouris qui, comme à son habitude, s’empresse de réagir en bridant toutes ses émotions et ses emportements quasi-hystériques qui balaient toute la sphère américaniste-occidentaliste, y compris nombre de ‘dissidents’ en papier-maché.
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27 septembre 2024 (16H15) – Pris au piège ! Hier, pour nos petites et minutieuses activités, nous avons connu la mésaventure qui guette tout commentateur qui s’appuie sur l’actualité. Il faut dire que cette actualité est si rapide et si riche à la fois qu’elle nous donne de quoi mastiquer plusieurs fois, comme fait la vache avec son double estomac, de façon à découvrir ce qui se cache éventuellement sinon assurément derrière cette substance insaisissable, et qui peut enrichir nos réflexions. C’est le phénomène que j’ai somptueusement décrit, – je ne sais si je l’ai écrit pour autant, – comme “la métaphysique dans la rue”, sans y mettre la moindre nuance d’abaissement ni de mépris ; c’était notamment à l’occasion d’une remarque de Finkielkraut, qui depuis n’a pas suivi son adage, je trouve, de façon satisfaisante :
« Nous ne disposons plus aujourd’hui d’une philosophie de l’histoire pour accueilli les événements, les ranger et les ordonner. Le temps de l’hégéliano-marxisme est derrière nous. Il est donc nécessaire, inévitable de mettre la pensée à l’épreuve de l’événement et la tâche que je m’assigne, ce n’est plus la grande tâche métaphysique de répondre à la question “Qu’est-ce que ?” mais de répondre à la question “Qu’est-ce qu’il se passe ?”... »
Hier donc, dans ‘dedefensa.org’, il s’agissait de plusieurs éléments rassemblés dans le texte sur la situation chaotique et révolutionnaire aux USA à l’heure de la visite de Mister Z, avec notamment l’élément important du refus par Trump d’une rencontre pourtant programmée avec Zelenski. Cela entrait indirectement dans le cadre d’une analyse sur la position générale, – évoluant vers le néo-isolationnisme, – des républicains.
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25 septembre 2024 (16H00) – La grande cérémonie annuelle de l’ONU, à New York, est en cours. Chacun y vient avec son petit cadeau et tous ses vœux qu’il transmet aux autres du reste du monde. On joue à être civilisés et de bonne civilité. On se dit que tous ces siècles depuis qu’on a découvert le Progrès, n’auront pas été inutiles. Ainsi continue à se construire l’indescriptible édifice de nos irrésistibles vertus globalisées.
C’est assez touchant, cela ressemble à ces pseudo-“traditions” que l’on maintient de force pour retenir le temps qui passe ; et “le temps qui passe”, pour nous, c’est celui de l’avenir, des promesses du Progrès et des joies enfantines des égalitarismes variés ; alors, on espère bien que ces promesses seront tenues, mais “le temps qui passe” sans rien y faire, c’est comme si le temps s’en allait, nous glissait entre les doigts, nous échappait des mains. « Las, le temps s’en va, va... »
C’est une inquiétante sensation alors que nous sommes au bord de l’Âge d’Or de nos promesses non tenues. Le bruit court que notre civilisation patine, dérape, franchit la ligne rouge et court au précipice. Des philosophes travaillent sur la chose en cherchant des voies de transition, en tentant de distinguer ce qui nous attend une fois que ce sera effondré cet édifice dont ils prétendent humer la pourriture ; ces “philosophes”, – des mauvais sujets comme Douguine, comme Maffesoli.
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23 septembre 2024 (17H20) – On commence par des compliments et échanges de bonnes manières. Hier soir, dans son style si caractéristique d’un impeccable anglais, parfois un peu pompeux, Alexander Mercouris tenait absolument à commencer son programme par une note toute personnelle. Je vous la livre intégralement :
« Avant de commencer et avant d'aborder les sujets de ce programme, permettez-moi tout d'abord d'exprimer mes plus sincères remerciements pour les mots extraordinaires et très bienveillants que Robert Kennedy Jr a dit à propos de Duran et d'ailleurs de moi-même dans un programme qu'il a fait avec l’excellent Jim Web l'autre jour. J'ai été vraiment extraordinairement ému par la gentillesse et la générosité des mots utilisés pour décrire le travail que nous faisons et mon travail. Ma femme, qui suit de près la campagne de Robert Kennedy et est une de ses grande admiratrice bien qu'ils ne soient pas d'accord sur tous les sujets, – je dis cela sans autre intention que la précision du propos, – ma femme a été absolument submergée de joie et de gratitude quand elle a entendu ses mots très bienveillants à mon sujet et aussi bien les mots très bienveillants de Jim Web. Laissez-moi vous dire pour ce début de programme qu'ils ont été énormément appréciés et que j’en suis très reconnaissant. »
Avec Mercouris, l’on peut être sûr de la réalité de ce qu’il rapporte, et que toutes les précautions nécessaires ont été prises ; je veux dire qu’il n’aurait jamais pris de lui-même la décision de citer RFK comme il le fait ici, et donc l’on peut être sûr que RFK a insisté pour lui faire savoir ses propos et qu’ainsi lui donnant l’autorisation tacite, sinon impérative, de les citer. Par conséquent, nous nous trouvons devant une occurrence d’importance : un homme politique d’une dimension conjoncturelle essentielle à l’heure des présidentielles, avec une réputation d’une grande famille politique, complimentant avec tant d’éclats un commentateur indépendant, sans liens avec les forces puissantes, – influence, argent, etc., – du monde médiatique de la presseSystème. De plus, complimenter Mercouris c’est complimenter un commentateur des plus “sérieux” lui aussi, attaché aux grandes affaires très “sérieuses” du monde.
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21 septembre 2024 (18H15) – On nous donne une traduction d’un texte d’un ‘Piccole Note’, – sans que je sache s’il s’agit d’une rubrique, d’un patronyme ou d’un nom pur et simple du site italien ‘sinistrainrete.info’, – mais assez remarquablement bienvenu. Le sujet en est l’ineffable Kamala Harris et la grande question : quelle serait donc sa politique étrangère si se produisait l’extraordinaire événement-bouffe de son élection, ? La réponse est aussi brève et nette, et aussi claire que possible, – et vraiment pas bouffe du tout : « les guerres sans fin ».
L’idée de départ est assez bonne, je veux dire assez significative : le soutien expressément apporté par l’ancien vice-président de G.W. Bush, l’immanquable Dick Cheney (bonne description du bonhomme dans le film ‘Vice’), à Kamala Harris. Le soi-disant républicain porte ainsi sur le Grand Pavois du triomphe ce pur produit de l’élitisme hyper-démocratique et extrêmement besogneux dans la corruption du parti démocrate ? Alors, nous dit ‘Piccole Note’, c’est que la messe est dite.
Il est vrai que le vieux Dick s’est beaucoup abstenu d’intervenir dans la vie politique depuis son départ du pouvoir, se contentant d’encourager et de soutenir sa fille Liz qui joue au sein du parti républicain le rôle assumé d’un sous-marin des neocon naviguant en surface, bannière au vent. Elle a les coutumes des trahisons républicaines coutumières à l’intention de Trump, dans toutes les occasions possibles, collaborant ouvertement avec les démocrates. Elle participa à l’enquête anti-Trump du Congrès sur l’émeute du 6 janvier 2021 et aux deux procédures de mises en accusation, et chaque fois comme une remarquable procureure, républicaine vivement appréciée des démocrates guillotineurs.
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17 septembre 2024 (08H55) – Même si pour les très-bons soldats américanistes de la presse européenne, le dossier de la seconde tentative d’assassinat contre Trump est clos après n’avoir jamais été ouvert, tel n’est pas le cas aux USA, en Floride, où cette affaire apparaît avoir de possibles ramifications assez étranges et intéressantes. C’est ce que pensent la police locale du comté de Martin, et même le FBI qui enquête à ses côtés.
C’est le sheriff Snyder du comté qui a soulevé le lièvre dans une conférence de presse où il était accompagné de représentants du FBI et du Secret Service qui ont semblé approuvé sa démarche. Cette démarche se résume à cet extrait de ‘ZeroHedge.com’, retranscrivant une partie de l’intervention de Snyder où il évoque sans se cacher derrière son petit doigt l’hypothèse d’une “conspiration” (ditto, un ‘complot’), et par conséquent des dangers pour la suite si la conspiration continue son travail de tenter d’avoir la peau de Trump :
« “À ma connaissance, a-t-il [Routh, l’homme à l’AK-47] des liens avec le comté de Martin ? La réponse est non… Je pense que ce que nous découvrons, c’est qu’il n’est pas de cette région, ce qui soulève bien sûr la question plus importante : comment un gars qui n’est pas d’ici peut-il se rendre jusqu’à Trump International, se rendre compte que l’ancien président des États-Unis joue au golf et est capable de se procurer une arme de guerre dans les environs ? ”, a commenté le sheriff Snyder.
« “Ce type fait-il partie d’une conspiration ? Est-ce un tireur solitaire ? S’il est un tireur solitaire, le président Trump est d’autant plus en sécurité que nous l’avons. Mais s’il fait partie d’une conspiration, alors toute cette affaire prend vraiment un ton très inquiétant”, a ajouté le shérif. »
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16 septembre 2024 (16H30) – On va aussitôt m’en faire procès, avec juste raison : mais pourquoi ce “bis” dans « on a tiré (bis) sur Trump » ? J’avoue ma faute, succombant au démon du sensationnalisme et du parti-pris. C’est vrai, il semble bien qu’on n’ait pas tiré sur Trump, qu’on ait “failli” mais empêché de passer à l’acte ; c’est vrai qu’il était si tentant de faire ce titre où la tentative d’assassinat serait reprise dans les “Faits-divers”, dans une sorte de rubrique consacrée aux tentatives d’assassinat de l’ex- et peut-être futur président Trump. C’est vrai, c’est à peu près tout ce que cela méritait dans l’esprit du temps et de son alignement ; une rubrique page 36, dans les faits divers, quelques lignes, et hop ! Passons à autre chose.
Je dois l’avouer, avec mon esprit tordu et mon oreille tendancieuse, c’est ainsi que j’ai interprété la nouvelle ce matin dans les journaux européens. Mais peut-être est-ce que je m’avance trop imprudemment et vont-ils éclater en nombre d’analyses éclairantes et impeccablement objectives. Dans tous les cas, mon titre reste en place pour ce jour, et il marque bien, au moins symboliquement, l’espèce d’indifférence affectée et d’agacement de la presseSystème pour ce qui constitue une chance bien imméritée pour ce candidat du diable de gagner un peu plus de commisération et donc de popularité par innocence et victimisation comme on aime tant à se parer aujourd’hui.
Trump, pour son compte, reste impeccable dans le rôle du héros de série télévisée : toujours ce cri d’héroïsme entêtée et cinématographique (son message churchillien au peuple américain : « Rien ne me ralentira ! Je NE ME RENDRAI JAMAIS ! »). Ils ont bien grand tort de lui laisser, par maladresse volontaire ou pas d’exécutants extrêmement amateurs, l’occasion d’ainsi montrer à bon compte ses réelles qualités d’intrépidité, – une sorte de “narcissisme héroïque”, si l’on veut.
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14 septembre 2024 (18H20) – Il s’est passé beaucoup de choses ces deux derniers jours, entre les bruits de plus en plus précis d’autorisation de tir en Russie de missiles à longue portée UK et USA ; l’avertissement de Poutine hier, accompagné d’une symphonie venue des responsables russes ; avec l’aide du décalage horaire, un rétropédalage discret et bien significatif du bloc américaniste-occidentaliste en plein sauvetage de face et de fesse. Les deux compères Christoforou-Mercouris et Mercouris seul vous expliquent en hyper-détails non censurés par Kamala le déroulé des opérations.
Bien. Pour résumer, j’emprunte un paragraphe du dernier texte de Larry Johnson :
« Eh bien, cela n’a pas pris longtemps. Il y a deux jours, des fuites dans les médias britanniques ont indiqué que le Royaume-Uni allait approuver la demande de l’Ukraine de lancer des missiles Storm Shadow plus loin en Russie. Le député McCaul a également fait savoir que l’administration Biden allait embarquer et approuver l’utilisation de missiles ATACMS et JASSM à l’intérieur du territoire russe. C’était un autre temps. Aujourd’hui, après l’avertissement de Poutine hier selon lequel de telles frappes seraient considérées comme une attaque contre la Russie par l’OTAN et entraîneraient des représailles, la presse a été informée que les États-Unis et les Britanniques n’allaient pas donner à Zelenski ce qu’il veut. Il semble qu’un peu de bon sens soit revenu parmi les décideurs de l’OTAN. »
Bref : tout s’est passé comme à Koursk, mais en hyper-accéléré. Mercouris le note et j’aurais tendance à appuyer avec force et en hyper-hyper-accéléré : à Washington, où personne ne commande, le Pentagone est sorti de ses gonds en avertissant le duo Sullivan-Blinken (et les compères britanniques qui mènent la danse de Saint-Guy, les petits malins qui profitent de la grille de l’asile laissée grande ouverte) : “Mais vous êtes fous ou quoi ?!”.
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Querelle sur le pont en forte gite du ‘Titanic’
11 septembre 2024 (17H45) – ... Tant il est vrai qu’il faut, pour conclure à propos d’un débat qui n’eut jamais vraiment lieu puisque à trois (Kamala + les deux modérateurs d’ABC) contre un, en venir à cette métaphore de Maria Zakharova, hier matin et superbement dédaigneuse autant que superbe elle-même : “Qui s’intéresse à une querelle sur l’emplacement des chaise-longues un quart d’heure avant la rencontre avec l’iceberg ?”
Voici dans le texte :
« S’exprimant sur Radio Sputnik mercredi, elle [Zakharova] a déclaré qu’elle ne considérait pas cet événement comme de très grande importance. Cela importait autant que l’issue d’une hypothétique querelle à bord du Titanic au cours de sa traversée de l’océan Atlantique, a-t-elle affirmé.
» “Qui a gagné, selon vous ? Pourquoi cela aurait-il de l’importance ? L’iceberg est à 15 minutes”, a-t-elle déclaré.
» Poursuivant la métaphore, elle a déclaré que ni Trump ni Harris n’avaient l’intention ou la capacité de prendre la barre à roue pour changer la trajectoire du navire. L’Amérique est en marche vers un “désastre total et mondial” et le reste du monde essaie de s’y préparer, a-t-elle suggéré. »
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7 septembre 2024 (15H55) – Je me rappelle mes premiers contacts avec Nietzsche à partir de cette photo en gros plan de lui malade, la très forte impression que m’avaient laissé ce visage, ces yeux rentrés surmontés de sourcils broussailleux, cette moustache absolument terrible. C’est ainsi que j’ai abordé sa philosophie, par une image et sans croire une seconde avoir affaire à un philosophe comme on les conçoit. Je n’ai jamais pu comprendre Nietzsche d’une façon rationnelle, ordonnée, voire idéologique. Je n’ai évolué avec lui que sous l’empire de l’intuition, mais toujours tenant dur comme fer que je tenais là un initié. Je ne parle nullement d’un initié à des secrets extraordinaires, ce serait plutôt un initié de la méthode impérative de la pensée, – le “philosophe au marteau” comme il se désignait lui-même.
Cela est écrit pour expliquer que j’ai la plus vague idée du monde pour expliquer ce qu’est pour moi la “pensée de Nietzsche”, et s’il y a seulement une pensée qui me soit destinée. Hormis cela, il est mon compagnon qui ne m’a jamais, ni trahi, ni abandonné. J’en ai même fait un personnage d’un roman ignoré des foules et des grandes villes, que je préfère situer sur les plus hautes cimes où l’on rencontre fort peu de monde. Cela sauve les apparences et permet à l’auteur de converser avec son héros sans être dérangé.
Aussi me suis-je arrêté, d’abord avec curiosité puis avec l’assurance d’une certitude presque complète, à un texte de ce Constantin von Hoffmeister dont l’on parle beaucoupen ce moment, dans ces colonnes. Ce texte d’une admirable brièveté résume dans un espace incroyablement court, deux simples paragraphes, qui est Nietzsche pour Hoffmeister. Il se trouve que son analyse extrêmement rapide me restitue l’essentiel de ce que je ressens intuitivement pour et par Nietzsche comme héros intempestif perdu dans l’univers kafkaïen de “Joseph K”.
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6 septembre 2024 (18H35) – L’effondrement de notre civilisation, et en plus des plus grands de tous dans le bidule que sont les États-Unis d’Amérique, ne cesse de me surprendre par son espèce d’aspect glissant, fluide et insaisissable. Tout le contraire du tonnerre ou du Mystère des grands ancêtres, des Égyptiens aux Romains, aux Aztèques... Nous sommes pourtant équipés pour le bruit, de l’arme nucléaire aux missiles hypersoniques, nous imaginons de fantastiques complots, nous avons même les bataillons de flics-espions pour les nouer. Pourtant, rien de ce côté de décisif et plutôt tout à trouver dans les mille nuances d’un sourire à peine esquissé et le joyeux tintamarre d’un rire aux éclats. Ce n’est pas drôle, c’est étrange. (“It’s not funny, it’s phoney”.)
Je reviens sur un aspect déjà mentionné dans ce texte d’hier sur Russiagate-2.0, sur la réaction de Poutine à une question lors d’une conférence de presse : “Qui soutenez-vous pour l’élection de novembre prochain aux USA ?”. Cette question était inconvenante pour un président russe qui fait profession d’éviter toute immixtion dans le processus électoral d’un pays étranger. Là, cette fois, pas question de ces timidités-là ! Poutine a voracement sauté sur la question (“narquoisement”, nous fait comprendre RT.com) :
« “Je vous l'ai dit, notre favori, si je puis dire, était le président actuel, M. Biden”, a déclaré Poutine, avec un sourire narquois. “Il a été écarté de la course, mais il a conseillé à tous ses partisans de soutenir Mme Harris. Nous le ferons donc aussi, nous la soutiendrons”, a-t-il poursuivi.
» Poutine a déclaré que Harris “rit de manière si contagieuse et expressive, cela montre qu'elle se porte bien”. »
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3 septembre 2024 – Sorti de nulle part et formé à partir du 1er janvier 2024, le parti BSW de Sarah Wagenknecht a accompli une extraordinaire performance en frisant les 12% et 16% de voix aux votes des landen de Saxe et de Thuringe, au cœur de la République Fédérale confortablement installée depuis des décennies entre les oreillers nommés CDU-CSU et SPD. On connaît les autres résultats, les 33% de l’AfD, premier à 10% de la CDU avant le BSW qui se classe ainsi troisième parti allemand. Le “reste”, c’est-à-dire la coalition au pouvoir dépasse à trois (SPD + ‘Grünen’ + FDP) tout juste les 12%. Ci-dessous, notre amie Rachel Marsden donne son point de vue sur l’ensemble des scrutins en traçant un parallèle entre les deux amis fidèles, – Allemagne et France :
« L’establishment allemand s’accroche désespérément au pouvoir au mépris de la démocratie – Comme en France, il existe un effort grossier et même pas dissimulé pour refuser aux électeurs leur choix démocratique. »
... Car ce qui m’intéresse, c’est bien la personnalité et le travail politique, en même temps qu’une popularité montante, de Sarah Wagenknecht. Cela ne devrait pas étonner que je développe ici ma tentation de la comparer à l’Indo-Américaine (je ne suis pas sûr de cette domination et j’ignore s’il y en a une autre, – “Samoa-Américaine”, par exemple ?), – Tulsi Gabbard, bien sûr.
Il ne faut pas y voir beaucoup d’analyse politique là où c’est surtout mon intuition que j’ai suivie, une espèce de perception d’une similitude d’attitudes, de caractères politiques et de comportements. Il s’agit donc d’un jugement subjectif, qui comporte sa possibilité d’erreur, mais qui est assez audacieux pour rencontrer la sagesse de l’esprit qui, dans ces temps chaotiques et douloureux, s’accorde nécessairement à l’audace du jugement.
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1er septembre 2024 (14H50) – L’entrée de Tulsi Gabbard dans l’équipe de transition de Trump est bien plus qu’une opération classique de reclassement à l’occasion d’une élection présidentielle. Gabbard a un rôle très particulier à jouer auprès de Trump (qu’elle avait commencé à jouer avant l’annonce de ce ralliement) : comment battre, voire écraser Harris dans les débats publics de l’élection, et notamment le ou les face-à-face télévisés.
Pourquoi elle ? Parce que, le 4 novembre 2019, elle écrasa littéralement Kamala dans le débat pour les primaires démocrates et la conduisit à abandonner la course à la présidence. Sa médiocrité complète (celle de Kamala) lui valut d’être repérée par le DNC (direction du parti) et choisie comme colistière vice-présidente de Biden : le ‘dream team’ des pieds-nickelés était au complet.
Il y a donc, dans l’affrontement avec Harris, un compte personnel à régler indirectement entre Tulsi et Kamala, par Trump interposé. Gabbard n’a pas oublié ni vraiment accepté son élimination forcée qui intervint quatre mois après son affrontement avec Harris : le DNC, qui connaissait la valeur de Gabbard et ce qui l’intéressait, son potentiel médiatique (elle avait été sa vice-présidente jusqu’en 2016), pensait fort logiquement qu’il fallait se débarrasser d’elle pour que Biden continue, solitaire et splendide, sa route vers la nomination de 2020-2021.
(Suite)
30 août 2024 (16H30) –Après celui de Robert Kennedy Junior, le fils de Robert Kennedy, Trump a enregistré, avec presque autant de pompe que le premier, le ralliement de Tulsi Gabbard le 26 août. Le même jour, Trump annonçait que les deux sont incorporés dans son “équipe de transition”, ce qui leur donne un rôle potentiel d’importance à la fois sur la campagne de Trump, à la fois et surtout sur la constitution de son administration si Trump est élu. Dans le second cas, il est tout à fait concevable que les deux auront une place dans l’administration Trump-2.0.
Outre ce que lui apportent ces deux personnalités en termes d’électorat, je jugerais peut-être plus important ce que ces choix dénotent de changement chez Trump par rapport à sa campagne 2016. Pour l’électorat et les élections, on peut faire des évaluations et des calculs savants sans rien apporter de décisif ; de toutes les façons, tout est oublié dès sonnée l’heure de l’élection. Plus intéressant, beaucoup plus, est ce que ces choix et ces déplacements de choix signifient de ce candidat complètement hors des normes, – et qui le reste, – qu’est Donald Trump.
En 2016, Trump était arrivé au pouvoir en plein désordre, avec une équipe disparate, comme s’il n’avait rien prévu, et encore moins sa propre victoire, – ce qui était le cas. Pour lui, en 2016, seul comptait le fait de l’élection qu’il appréciait comme un événement sensationnel qui semblait suffire amplement à l’homme de spectacle qu’il était pour une bonne part. Après, on verrait.
(Suite)
25-08-2024 (15H30) – L’accueil fait au ralliement de Robert Kennedy à Trump, – qui prend l’allure d’une “alliance”, voire d’une “dream team », – est enthousiaste dans les milieux concernés, les mieux informés en théorie et les plus avertis d’un tel rapprochement en principe. On se convaincra de la ferveur extraordinaire de cet accueil en écoutant le très fameux show de Jimmy Dore qui est toujours d’une haute qualité de commentaire, sur la présentation du ralliement de RFK au public d’un meeting de Trump en Arizona :
« La foule devient dingue pour RFK Jr à ce rallye de Trump !
» C’est un environnementaliste et la foule des républicains l’acclament avec cet enthousiasme... C’est un adversaire du Big Business et la foule des républicains l’acclament avec ce même enthousiasme... Avec lui, Trump se trouve à la gauche de Kamala Harris ! »
Pourtant, je sais comme bien des gens le savent, qu’un tel rapprochement est possible depuis l’entrée en piste du fils du sénateur Robert Kennedy, assassiné en juin 1968. Pour rappel, on en parlait ici même depuis plus d’un an, même avec l’hypothèse d’un “ticket” Trump-Kennedy, avec quelques textes précisément – le 4 mai 2023, le 8 mai 2023, le 14 septembre 2023, le 29 mai 2024, jusqu’au 21 août 2024. Ainsi est-on parfois étonné, – suis-je souvent étonné de voir des gens pourtant qui se classent comme dissident, jugeant cet événement aussi attendu comme « inattendu ».
Mais faut-il vraiment leur jeter la pierre ? Non, après tout. Il s’agit vraiment du choc de la réalité par rapport à la l’irréalité de la prévision : l’idée d’une alliance entre RFK et Trump semblait tellement séduisante à nombre de partisans de l’un et de l’autre qu’elle était également jugée complètement utopique et illusoire :
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20 août 2024 (10H15) – Un événement à la fois hystérique et orwellien se tient à Chicago : la Convention nationale du parti démocrate pour désigner celle qui est déjà instituée comme la candidate du parti dit-démocrate pour les présidentielles de 2024. Il est inutile de détailler les sornettes himalayesques déversées depuis hier, comme Biden sacré comme “l’un des plus grands présidents des États-Unis”, et Kamala Harris comme une femme d’État (noire, – quoique d’apparence nettement indienne) de la dimension de “l’un des plus grands présidents des États-Unis”.
Malgré toute la verve critique et bienvenue de Homard J. Kunstler, force est de constater que les publicistes et les ‘spin doctors’ (faiseurs-magiciens de simulacres et narrateurs de narrative), assistés d’une presseSystème incroyablement alignées, ont fait du super-“bon boulot” pour transformer l’exceptionnelle insignifiance de Kamala en apparence d’une exceptionnelle politicienne chevronnée récitant des slogans comme si elle y croyait, comme s’ils signifiaient quelque chose de réel. Les sondages, qui valent ce qu’ils valent, ont suivi, également en bon ordre. Le ‘Blob’, comme dit Kunstler, est satisfait.
Note de PhGBis : « L’expression ‘blob’ est réapparue récemment alors que le mot désigne initialement, depuis 1958, la politique extérieure des États-Unis, la politiqueSystème. Elle a été reprise dans les années 1990 par un conseiller de Clinton, Ben Rhodes, pour désigner plus vastement le DeepState mais a été très peu employée jusqu’à ces derniers mois. Elle est désormais d’usage courant et cette évolution sémantique met en évidence, à mon sens, le poids considérable de direction des affaires de cette entité fondamentale, largement investie par les donateurs multimilliardaires des candidats, et exécutif impitoyable de la perversité maléfique de l’américanisme. »
Il est aujourd’hui plus que jamais impossible de faire un pronostic rationnel de ces élections. Il est certain que la transformation de Kamala a porté un coup terrible à Trump, qui se trouvait en pleine expansion. Reste à voir, selon des événements évidemment impossibles à prévoir, dans quelle mesure l’habillage des apparences triomphantes de Kamala tiendra sans dommage d’ici le 5 novembre. Pour les démocrates, l’“opération Harris” apporte un élan supplémentaire au radicalisme extrême du parti, faisant penser que sa politique sera celle de Biden multipliée par dix ; là aussi, en cas de son élection, nul ne sait quelle sera la réaction de la fraction trumpiste et populiste de la population. Les démocrates sont définis de deux façons, par une démocrate-du-chaos (Maureen Dowd, du New York ‘Times’) et par un ennemi des démocrates-du-chaos (Kunstler) :
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