Covid & Wokenisme : comorbidité

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

   Forum

Il y a 2 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 4710

Covid & Wokenisme : comorbidité

28 mars 2021 – Pour mon compte, il y eut aussitôt un lien étroit entre la crise-Covid, qui débuta il y a treize mois, et le phénomène de ce que nous nommons ici-bas, à dedefensa.org, du néologisme de “wokenisme”, qui démarra dans toute sa puissance d’idéologisation et toute sa vérité-de-situation communicationnelle avec la mort le 25 juin 2020 de George Floyd, truand notoire, drogué, transformé en Saint-Victime des “violences policières” dans la catégorie racisme & Cie. Mais je n’arrivai pas à établir l’identification profonde, et pour ainsi dire métahistorique, et bien entendu satanique, de ce lien étroit. C’est dire que ma réflexion, au point où j’en suis arrivé de cette identification,  va évoluer essentiellement dans les domaines métaphysiques et symboliques.

Pour cette raison, et cela essentiellement sinon exclusivement pour le wokenisme, je laisse de côté tous les prodromes de la chose ; effectivement, le wokenisme vient de loin, comme on l’a vu souvent, de la French Theory au Politiquement-Correct, avec l’évolution des copies-conformes traversant l’Atlantique en première classer, comme les indigénistes-décolonialistes en France, et toutes les sarabandes sexuelles, intra- et hors-sexe, menu sur sexe et sexe-du-jour, etc., selon l’approche. Quant à la Covid, on rappellera le “principe de précaution” qui est l’une des bases les plus solides de l’effondrement ultime de cette civilisation sans plus de nécessité, – quel joyeux oxymore paradoxal que “l’une des bases les plus solides” et “effondrement” ! Donc, l’une des bases les plus solides structurant l’approche de la pandémie, la façon dont on s’est engouffré dans ce piège, dans cette prison, dans cette impasse terminée d’un cul-de-sac ; et alors, sans tambour ni trompette à propos de la vraie partition au profit d’un simulacre de symphonie, faisant ainsi de cet accident sanitaire la crise  civilisationnelle qu’il est aujourd’hui

Voilà donc les deux éléments qui m’intéressent fixés dans leur dimension crisique, métaphysique et symbolique. C’est à ce point que je veux rendre compte de leur “comorbidité”, de leurs actions morbides qui s’ajustent parfaitement et se complètent, dans une siorte de grâce coopérative, comme jumeaux en vérité. Le résultat est la constitution du facteur opérationnel essentiel dans la mécanique de la Grande Crise GCES.

Le caractère essentiel du wokenisme, pour mon compte, est sa fonction de néantissement du passé. Il le faut par tous les moyens possibles, ce néantissement terrible ! Que ce soit les statues des généraux de l’armée de la Confédération des Etats-Unis, Gone With the Wind, les textes de Shakespeare, de Molière et de Dante, la colonisation (j’en ai des saladiers à leur dire sur le récit du néantissement officiel de l’Algérie-française, de la culotte macroniste baissée au grand silence de Mélenchon, et la riposte de ma nostalgie métaphysique qui emporte tous leurs simulacres) ; que ce soit les Anciens que ces historiens de l ‘Antiquité haïssent, que ce soit « Cancel’ Platon & Aristote ! », que ce soit..., que ce soit..., ce tumultueux torrent agité de fureurs et de haines aveugles et d’anathèmes lancées au Ciel comme s’ils dominaient le monde et sa Nature, – bref et pour mon compte, réduction à un piètre ‘Requiem pour un con’ plein d’une ignorance minutieuse enrobée dans la bêtise universelle, tout cela répercuté aux quatre coins des réseaux sociaux des petits hommes de toutes les couleurs. Tiens, j’oubliais le racisme, – lequel, mon général ? De toutes les couleurs, bien entendu, y compris l’antiblanc qui lave “plus blanc que blanc”.

Enfin, c’en est assez ! On peut, sans fin, ricaner, ridiculiser et persifler comme ils nous ont appris à faire. Le bilan est effectivement qu’il n’y a plus de passé, qu’il est totalement néantisé. Ainsi en est-il du wokenisme qui envahit à une vitesse fulgurante, la vitesse de la lumière éteinte, les activités de nos grands esprits. Il n’est même plus question de tabula rasa, de crainte que la table soit un peu trop un rappel de notre passé.

A côté de cela, fraternellement lié, le cas de la Covid telle qu’elle est affrontée par nos dirigeants-Système, politique et sanitaire mêlés ; l’impitoyable lutte jusqu’à la capitulation sans conditions menée contre elle agit comme une gigantesque faulx (orthographe du passé) qui tranche, coupe, escarbouille, éradique absolument tout ce qui constitue la vie sociale courante, la psychologie en cours, le comportement commun. Le présent, à l’image du passé balancé à la moulinette du wokenisme, est lui aussi néantisé avec minutie, avec une rage vertueuse, avec une précision de comptable. La chose est sans appel et risque de durer très longtemps comme de plus en plus d’esprits affutés le prévoient, quasiment ‘From Here to Eternity’ comme disait le titre de ce film, curieusement traduit en français (sorte de prémonition ?) par ‘Tant qu’il y aura des hommes’.

Ainsi puis-je parler de comorbidité. Les deux compères, wokenisme et Covid, s’entendent parfaitement pour effectuer une sorte de verrou crisique qui interdit toute vision d’un quelconque futur (« No Future », tu parles), puisque sont néantisées toutes les bases d’action dans ce sens. Un chroniqueur pas très optimiste disait , citant les immortels Beatles comme chacun sait, qu’ainsi est créé le ‘Nowhere Man’ (ce chien machiste et féminophobe n’a pas été jusqu’à dire, jeu de mots si suspect qu’il vaudrait illico presto le bûcher des Sorcières de Salem, – ‘Nowhere Woman’).

C’est une expérience terrible et, décrite comme je l’ai fait, elle a le pouvoir terrible de nous priver de sens, de nous conduire au bord du gouffre du néant, et de faire naître en nous la terrioble folie. Mais je dirais aussitôt “quoique”, – car mes sens à moi veillent au grain et savent bien que

« ...tout au bout du désespoir il y a une blanche clairière où l’on est presque heureux ».

J’entend signifier par là que ce qu’ils néantisent, c’est le point de vue du Système ; ils néantisent toutes les structures du Système puisque le Système règne en maître et que toute structure autorisée sous son empire est colorée de sa conception comme par un poison ; et l’on sait qu’il n’y eut aucune chose ni personne de plus habile que lui (le Système) pour ramener à son avantage, dans un but de dé-civilisation pour achever sa contre-civilisation, ce qui faisait objectivement et fait toujours la richesse d’une civilisation.

C’est-à-dire qu’ils ne néantisent pas le passé et le présent considérés objectivement, mais ce que le Système a perçu et utilisé du passé et du présent à son avantage. Ils néantisent le passé et le présent manipulés par le Système, comme par exemple lorsqu’on se réfère à l’ancienne et mythique Grèce pour faire la promotion, comme on promeut une poudre à lessiver, de la “démocratie” qui berce nos discours destinés à soulever les passions enthousiastes des foules. Ce à quoi nous assistons, c’est la besogne finale de la transmutation de la surpuissance en autodestruction. Ce n’est pas notre passé ni notre présent qu’ils détruisent, c’est leur surpuissance employée à détruire ce qu’ils ont eux-mêmes édifié en passé et présent.

J’avais déjà une bonne part de cette idée, que je complète et opérationnalise aujourd’hui en mariant intimement wokenisme et Covid, – c’était lorsque j’écrivais, à propos de “No Future”, alors limité à la Covid, et donc privé de la perspective du passé néantisé ; tandis qu’avec le wokenisme, tout se met en place, et je n’ai plus rien à voir avec ces déchets d’humanité, allant du wokenisme à la Covid telle qu’ils la traitent. Ainsi donc était-il écrit, dans cet auguste Journal-dde.crisis, le 3 mai 2020 :

« “Le temps d’avant” ? Sans doute, mais sans la signification de sens de la chronologie, – effectivement, ‘Back to the Future’, dans ce temps où le “futur” n’a plus aucun lien avec l’avenir et trace une route terrifiante vers le simulacre prédateur qui n’est rien de moins que la destruction du monde. C’était leur “programme”, selon le sens que Fabrice Hadjadj donne à la différence qu’il faut entre avenir et futur : “En un mot, le futur est relatif à ce qui va, l’avenir à ce qui vient, et il faut que ce qui va soit ouvert à ce qui vient, sous peine d’une vie qui meurt en se fixant dans un programme. Cette subordination du futur à l’avenir marque aussi la supériorité et plus encore la surprise de l’avenir par rapport au futur.”
» Est-il possible que nous ayons déployé, avec l’irruption cosmique de Codiv19, une situation de l’alternative dont l’un des termes, contrairement à celui de la poursuite chaotique du modèle-Système, serait d’abandonner un “futur” qui se perdrait dans un “programme” de mort, pour tenter de retrouver l’“avenir” ? »

Ami, cela est bien possible...

« ...[L]e futur est relatif à ce qui va » (rien ne peut venir de ce qui est devenu Rien, c’est-à-dire notre passé et notre présent tels que nous les avons écrabouillés) ;  « l’avenir [est relatif] à ce qui vient » (tout peut venir de “ce qui vient”, nécessairement d’en-dehors de nous-dans-le-Système). C’est la drôle de « surprise de l’avenir par rapport au futur ».