• La série des “Carnets” abrite, dans dedefensa.org, les écrits de commentaires personnels d’invités du site. • Sur ce qu'on nomme “les réseaux” ou “la toile”, il s'agit  de ce qu'on désignerait en général comme un blog. • Les “Carnets”, ce sont donc les blogs des invités de dedefensa.org dont nous jugeons, en plein accord avec eux et à l'avantage et à la satisfaction de chacune des parties, qu'ils peuvent devenir des collaborateurs réguliers du site. • Il n'y a pas de limites aux sujets abordés et pas de sujets précisément assignés à ces collaborateurs : les seules exigences concernent la forme et la décence du propos, la responsabilité dans le développement du propos. • Sur le point très important du fond des textes, nous disons que dedefensa.org donne comme règle de ces “Carnets” une orientation générale des domaines abordés trouvant ses aises dans celle dont le site fait à la fois l'usage et la promotion. • Pour autant, il y a une règle impérative qui domine toutes les autres. • Il n’est pas assuré que tous les propos des invités soient dans le sens de ce qu’écrit et pense dedefensa.org, et il ne peut en aucun cas y avoir assimilation, de ce qu’écrivent nos invités avec la signature du site : l’invité est seul responsable intellectuellement de ses propos. • Il s'ensuit, cela va de soi et selon la formule consacrée, que les propos dont nous parlons n’engagent en rien et en aucune façon dedefensa.org, essentiellement bien sûr dans ce domaine intellectuel et de l'opinion. • Ces éventuelles différences et divergences ne seraient pas nécessairement signalées mais elles le seraient en cas de publicité dans ce sens ou de toute autre nécessité, avec conséquences ou pas c'est selon. • Le site décide, espérons-le en bon accord avec ses invités, des conditions diverses et de l’application des règles énoncées ci-dessus de publication de leurs écrits. (Précision technique enfin valant pour toutes nos collaborations extérieures, qui est un classique de la collaboration extérieure à un média : titres et intertitres sont de la seule responsabilité de la rédaction. Les auteurs proposent titres et inter-titres et la rédaction se réserve de les modifier dans leur formulation, bien entendu sans en déformer le sens.) 

• Les Carnets de Nicolas Bonnal sont tenus par l'écrivain, essayiste et commentateur dont on peut trouver une présentation dans le Journal-dde.crisis de Philippe Grasset, le 2 octobre 2016. • Les livres de Nicolas Bonnal sont disponibles sur sa page Kindle/Amazon à l'adresse URL suivante:

 https://www.amazon.fr/Nicolas-Bonnal/e/B001K7A4X0

D’Ulysse à Jésus : une lecture évangélique de la fin de l’Odyssée

  samedi 07 avril 2018

On connaît l’usage chrétien, prophétique fait de la quatrième églogue de Virgile. Magnus ab integro saeclorum nascitur ordo…Des milliers de gloses furent écrites à ce sujet.

Mais je vais ici dévier sur Homère qui, comme dit Péguy, est le « patron ». Car le vraifranchisseurdes portes d’ivoire et de corne, c’est lui. Et je vais parler de l’Odyssée.

Semaine des pâques orthodoxes. Millième lecture nocturne de l’Odyssée au cours d’une énième insomnie. Le hasard du livre électronique me mène à la fin, lorsque l’on découvre le traître chevrier Mélanthios. Ce misérable sera ligoté puis atrocement châtié après la grande liquidation des prétendants dont nous allons reparler.

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Comment Tocqueville éclaire les grands westerns américains

  mercredi 04 avril 2018

J’ai évoqué déjà dans Dedefensa.org la vision poétique qu’a Tocqueville des peaux-rouges, magnifiquement célébrés par Frithjof Schuon. Et je compte publier un livre sur la dimension initiatique et traditionnelle du western classique, y compris dans leur fonction eschatologique.

Voici ce que Tocqueville écrit sur le Nord et le Sud trente ans avant la Grande Guerre :

« L'homme du Nord n'a pas seulement de l'expérience, mais du savoir; cependant il ne prise point la science comme un plaisir, il l'estime comme un moyen, et il n'en saisit avec avidité que les applications utiles.

L'Américain du Sud est plus spontané, plus spirituel, plus ouvert, plus généreux, plus intellectuel et plus brillant.

L'Américain du Nord est plus actif, plus raisonnable, plus éclairé et plus habile.

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Hitchcock et le message populiste de la femme traditionnelle

  samedi 31 mars 2018

Philippe Grasset a récemment évoqué le tournant populiste de l’électorat européen. Je ne me fais aucune une illusion sur les débouchés politiques ultérieurs de ce tournant, mais je me suis complu à évoquer, dans mon livre sur Hitchcock, un discret message populiste distillé par petites pincées par le maître, et en général bien sournoisement ignoré par les critiques.

Parlons de fenêtre sur cour, et oublions la vision triviale de la femme vamp ou fatale. Ici la vraie femme est celle qui travaille et raisonne bien, pas celle qui se pomponne pour séduire ; mais qui peut s’amender. Car tout ce fascinant film en effet évoque le tournant de Grace Kelly qui passe du grade de modèle à celui de grande héroïne hitchcockienne…

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Alfred Hitchcock et la mère aux trousses

  dimanche 25 mars 2018

Hamlet est-il hitchcockien ? Toujours est-il quand le Hamlet de Laurence Olivier, acteur hitchcockien, s’explique avec sa mère Gertrude, il lui demande d’arrêter de coucher avec son beau-père Claudius. Mother, you have my father much offended… Or dans Psychose Norman tue sa mère parce qu’elle a un amant.

 Dans d’autres grands films hitchcockiens la mère empêche le fils de devenir un homme. Dans les enchaînés, la mère fait empoisonner tuer sa belle-fille soupçonnée d’espionnage. Dans les oiseaux la mère ne cesse de vouloir mettre Mélanie à la porte. Les moineaux passent par la cheminée au moment où elle déclare et surtout répète que la possible belle-fille ou rivale devrait rentrer précipitamment à San Francisco ! La question demeure : les oiseaux expriment-ils une rage psychologique, les oiseaux sont-ils une malédiction et une punition lancée par une peureuse belle-mère contre une belle-fille probable ?

Et si on reparle de psychose, ce chef-d’œuvre inépuisable qu’on redécouvre à chaque vision comme Vertigo et les oiseaux,  on ajoutera que le fils Norman déclare que le fils un piètre amant… pour une mère !

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Hitchcock et la fabrication de la femme idéale

  mardi 20 mars 2018

On oublie May, Merkel, et on parle des vraies femmes inventées par les génies du cinéma.

Extrait de mon livre sur Hitchcock et la condition féminine (Amazon.fr).

Vertigo se raconte simplement. Un homme tombe amoureux d’une femme qu’on lui demande de suivre à distance. Cette femme disparaît et il en voit une autre qui lui ressemble. Il en fait une copie de celle qu’il a connue avant de se rendre compte que cette copie a déjà servi. Il a aimé deux fois le corps de la copie de la même femme, jamais son original. Cette dimension très religieuse donne à ce film sur la mimésis son incomparable aura. Borges parle d’un dieu vers qui l’on remonte et que l’on connait indirectement (Almotasin), saint Paul de ce miroir à travers lequel nous percevons le mystère du monde. La recherche du mystère d’une âme devient la quête suprême dans ce film sans égal. Après on bascule dans la recherche du sosie et la fabrication de la copie. Tout le délabrement du monde moderne industriel (rappelons qu’un chevalier d’industrie est d’abord un homme malhonnête, un aventurier, un monteur de coups). L’industrie chez Pline c’est quand l’homme ne prend plus son temps.

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Le Candide de Voltaire et la résistance à la matrice

  vendredi 16 mars 2018

Un lecteur sympathique me demande bien gentiment comment résister à la matrice. Ma réponse est simple : couper sa télé, retirer l’argent de la banque, cultiver son jardin comme sa famille, faire des enfants, leur éviter l’école, bref se réconcilier avec la réalité de terrain, car elle existera toujours, sauf pour les Baudrillard qui regardent trop la télé.  Le système ne doit pas être combattu ; il est assez grand pour ça, rappelle Philippe Grasset, il bouillonne dans son autodissolution imbécile. Il faut aussi maîtriser son accès au web et ne pas se laisser démoraliser par certains sites antisystèmes qui deviennent pires que le système. Pour le système la manipulation du catastrophisme (achetez de l’or, creusez un trou, et surtout préparez-vous à la guerre…) est excellente et décourage les braves gens ! Dans mes livres sur Tolkien j’ai souvent insisté sur le père de Sam le jardinier qui ignore le grand combat que lui explique mal son fils et cherche à protéger ses patates et ses salades. Car l’important est là.

Le monde change sans changer, et Voltaire nous avait tout dit dans son immortel et scolaire Candide, à l’issue d’un voyage mondialiste bien terrifiant (ceux qui se plaignent feraient bien de relire le conte et le récit de la vieille par exemple).

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Flaubert et notre abrutissement climatique

  mardi 13 mars 2018

Je ne les ouvre jamais mais depuis deux semaines les journaux en Espagne parlent très intelligemment de trois choses : la tyrannie de Poutine, qui n’en finira jamais (pauvre occident, que va-t-il faire, heureusement la bombe, heureusement l’OTAN, etc.) ; le changement climatique (il y a du vent et de la pluie, on est en mars…) et la grève féministe, qui permet de combattre enfin le nazisme masculin – on demande des budgets au gouvernement néocon local en ce sens.

Dans toutes ces histoires il ne s’agit que de racket.

On a évoqué le féminisme avec Nietzsche. On le relit :

« Il y a aujourd’hui, presque partout en Europe, une sensibilité et une irritabilité maladives pour la douleur et aussi une intempérance fâcheuse à se plaindre, une efféminisation qui voudrait se parer de religion et de fatras philosophique, pour se donner plus d’éclat — il y a un véritable culte de la douleur. »

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Tocqueville et les « invasions européennes » en Amérique

  vendredi 09 mars 2018

Il est facile de dénoncer aujourd’hui l’immigration est-européenne, musulmane, chinoise ou africaine. De toute manière tout le monde émigre et les marocains ne cessent de se plaindre de cet afflux de Français et d’européens à gros billets, à Marrakech ou ailleurs.

C’est pourquoi je reviens sur le principal sujet étudié dans mon étude sur Trump : l’ancienneté de la question anti-migratoire en Amérique. Les experts Madison Grant, Stoddard, Ed Ross critiquent l’immigration européenne dans les années 1920. On y mettra fin en deux temps sous les présidences Harding et Coolidge après la guerre. Dans Mein Kampf Hitler applaudit les décisions, qui sont bonnes, racistes et responsables pour lui, qui déteste les juifs, slaves et balkaniques – les cibles de ces lois.

Or les Européens n’étaient pas considérés comme un cadeau migratoire en Amérique, même au début du dix-neuvième siècle. Lisez un certain de Tocqueville, cité par Peter Brimelow dans son rageur Alien Nation (1996).

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Tocqueville et la destruction des âmes et des nations

  mardi 06 mars 2018

écemment Ugo Bardi regrettait la violence des policiers en Espagne, réducteurs de bonnes dames catalanes (lesakerfrancophone.fr).

Nous sommes de plus en plus écrasés par les Etats et les gouvernements : invasions (je le dis non comme je le pense mais comme on le voit), guerres, menaces, taxations, massacres de masse ici ou là se terminant par toujours plus de contrôles et de confiscations, plus rien ne nous est épargné. Je vois que comme en Grèce où tout un peuple a été affamé tout le monde s’incline devant la toute-puissance étatique. C’est que nous sommes des hommes sans honneur, pas très susceptibles…

Chrétien de Troyes :

« La douleur passe, la honte dure dans le cœur d'un homme énergique et droit, tandis que chez l'homme médiocre la honte meurt et se refroidit vite (Perceval, v. 2905-2908). »

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Henri Lefebvre et le procès marxiste de la vie quotidienne

  mardi 27 février 2018

Tout le monde a oublié Henri Lefebvre et je pensais que finalement il vaut mieux être diabolisé, dans ce pays de Javert, de flics de la pensée, qu’oublié. Tous les bons penseurs, de gauche ou marxistes, sont oubliés quand les réactionnaires, fascistes, antisémites, nazis sont constamment rappelés à notre bonne vindicte. Se rappeler comment on parle de Céline, Barrès, Maurras ces jours-ci… même quand ils disent la même chose qu’Henri Lefebvre ou Karl Marx (oui je sais, cent millions de morts communistes, ce n’est pas comme le capitalisme, les démocraties ou les Américains qui n’ont jamais tué personne, Dresde et Hiroshima étant transmuées en couveuses par la doxa historique).

Un peu de Philippe Muray pour comprendre tout cela – cet oubli ou cette diabolisation de tout le monde :

« Ce magma, pour avoir encore une ombre de définition, ne peut plus compter que sur ses ennemis, mais il est obligé de les inventer, tant la terreur naturelle qu’il répand autour de lui a rapidement anéanti toute opposition comme toute mémoire. »

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Buñuel et le grand néant des sociétés modernes

  samedi 24 février 2018

Je découvre enchanté le livre de sagesse de Luis Buñuel, mi ultimo suspirio. Il résume sa vie aventureuse et formidable, à la pointe de la modernité comme on dit ; mais aussi il décoche çà et là, comme un autre grand de la rébellion d’alors, Orson Welles, des traits remarquables contre notre monde (nos « sociétés ») moderne.

Il commence par me rassurer, Don Luis : le moyen âge a duré plus qu’on ne le croit dans le milieu traditionnel !

« On peut dire que dans la ville où je suis né (22 février 1900) le Moyen Age a duré jusqu'à la Première Guerre mondiale. C'était une société isolée et immobile, dans laquelle les différences de classe étaient bien marquées. Le respect et la subordination des travailleurs aux grands seigneurs, aux propriétaires terriens, profondément enracinés dans les vieilles coutumes, semblaient immuables. La vie se développa, horizontale et monotone, définitivement ordonnée et dirigée par les cloches de l'église d'El Pilar. »

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Comment Internet et l’informatique ont créé notre dystopie

  mardi 20 février 2018

Pendant que nous avons le nez plongé dans nos portables ou nos écrans d’ordinateur, le monde s’endette, s’enlaidit et s’appauvrit. Les huit hommes les plus riches du monde ont autant que les quatre ou cinq milliards les plus pauvres, et cent millions de gamines pas forcément idiotes s’extasient tous les jours de la page Instagram de la fille Jenner. On peut continuer pendant des pages…

Les hommes les plus riches du monde sont souvent jeunes et sortis de la nouvelle économie. Ils hypnotisent ou contrôlent des milliards d’hommes (Alfred Hitchcock parle d’une orgue dont les touches sont l’humanité, et que les malins font résonner à volonté), emploient des milliers ou des millions de personnes en Inde ou ailleurs, et payés au lance-pièces. La globalisation est néo-féodale et divise le monde en deux castes principales : les brainlords, les manipulateurs de symboles, qui ont détruit les classes moyennes en occident par le « progrès technologique » (défense d’exploser de rire) et les techno-serfs. On va tout expliquer.

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Génie de la conscience apocalyptique en Amérique

  samedi 17 février 2018

Plus je vieillis, plus je me rends compte que les américains ont mieux perçu que nous le contenu apocalyptique de notre/leur civilisation. Après tout Schuon est allé mourir là-bas, avec les indiens sioux de Walsh et de John Ford.

Voyez les Tex Avery dans cette perspective (la télé du futur, l’automobile du futur…), et relisez bien sûr Edgar Poe ou Lovecraft. Et là je me mets enfin à lire au bout de quarante ans de cinéphilie le livre qui inspira le meilleur film américain de Welles, la splendeur des Amberson.

Le génie américain face au viol automobile du monde ? On connait Mumford et sa fabuleuse histoire de la cité dans l’histoire qui explique dans sa partie eschatologique que la bagnole a recouvert  « la planète de détritus urbains ». Cette partie est reprise par Debord dans la Société du Spectacle, §174. Nous on a l’anar Mirbeau que sa grosse voiture et sa balade en Europe rendent euphorique. Debord encore : « Le moment présent est déjà celui de l’autodestruction du milieu urbain. »

Et le médium Orson Welles, qui vient de décrire l’entropie médiatique américaine (« le capital devenu image »)  adapte Tarkington, un écrivain ignoré dans nos contrées, mais cité par Mumford et même par Carroll Quigley (p. 1236 de Tragedy and hope).

Orson Welles adapte, il est fidèle au texte, qui vaut bien son Boorstin. Le moment est magique dans le film : la grande transformation de la ville, liée à l’automobile.

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Paul Craig Roberts  en colère contre la Russie…

  mardi 13 février 2018

Paul Craig Roberts s’en prend souvent à Poutine. Or cette fois il se déchaîne avec citations et arguments…

« Eric Zuesse note que seules la Syrie et la Russie se plaignent de l'occupation illégale du territoire syrien par Washington, une occupation qui n'a pas l'autorisation de l'ONU et constitue une violation totale et totale du droit international et des attaques constantes d'Israël contre la Syrie. Le soutien continu de Washington à la guerre contre le gouvernement légitime de la Syrie et le soutien aux attaques israéliennes et terroristes contre les forces syriennes et russes minent les efforts de la Russie pour ramener la paix dans la région. Zuesse note également que Washington et sa marionnette britannique bloquent toute action de l'ONU contre l'illégalité de Washington.

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Jean-Luc Mélenchon et la tyrannie libérale

  samedi 10 février 2018

« Nous pensons que la liberté c’est son exercice. »

On ne peut que regretter que Jean-Luc Mélenchon n’ait pas été présent au second tour face à Macron, en lieu et place de la nullité Marine conseillée par le clan Philippot. Mais le FN aura jusqu’au bout été l’allié du pouvoir et des socialistes, en parfait idiot utile depuis quarante ans. On se doute qu’il sera décongelé par le pouvoir et ses sbires pour les prochaines élections.

Restons sur Mélenchon. Face à un as pareil, Macron aurait eu du mal à s’en sortir. Au lieu que là il est en train de nous étrangler avec le soutien dictatorial de tous les médias et l’indifférence d’une opinion distraite, hébétée (disait Baudrillard). Je cite des extraits du dernier texte de Mélenchon, bon par sa qualité philosophique, humaine et économique ;  quant au libéralisme, on sait que dans son jusqu’auboutisme il revient toujours à un fascisme en pire ; car au moins le fascisme se réclame du peuple alors que le libéralisme ne se réclame que de son oligarchie aux commandes.

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Néo-totalitarisme : Huxley fait le point en 1957

  mardi 06 février 2018

Nota : ce texte et long et nûment référencé. Il apparaîtra pessimiste à certains.

On est en 1957. Sputnik fait rêver les plus conditionnés, mais Aldous Huxley rappelle :

« En 1931, alors que j'écrivais Le Meilleur des Mondes, j'étais convaincu que le temps ne pressait pas encore. La société intégralement organisée, le système scientifique des castes, l'abolition du libre arbitre par conditionnement méthodique, la servitude rendue tolérable par des doses régulières de bonheur chimiquement provoqué, les dogmes orthodoxes enfoncés dans les cervelles pendant le -sommeil au moyen des cours de nuit, tout cela approchait; se réaliserait bien sûr, mais ni de mon vivant, ni même du vivant de mes petits-enfants. »

Il fait un constat après la guerre, comme Bertrand de Jouvenel :

« Vingt-sept ans plus tard, dans ce troisième quart du vingtième siècle après J-C. et bien longtemps avant la fin du premier siècle après F., je suis beaucoup moins optimiste que je l'étais en écrivant Le Meilleur des Mondes. Les prophéties faites en 1931 se réalisent bien plus tôt que je le pensais. L'intervalle béni entre trop de désordre et trop d'ordre n'a pas commencé et rien n'indique qu'il le fera jamais. En Occident, il est vrai, hommes et femmes jouissent encore dans une appréciable mesure de la liberté individuelle, mais même dans les pays qui ont une longue tradition de gouvernement démocratique cette liberté, voire le désir de la posséder, paraissent en déclin. Dans le reste du monde, elle a déjà disparu, ou elle est sur le point de le faire. Le cauchemar de l'organisation intégrale que j'avais situé dans le septième siècle après F. a surgi de lointains dont l'éloignement rassurait et nous guette maintenant au premier tournant. »

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La sagesse biblique de Montaigne et notre actualité

  jeudi 01 février 2018

Fatigué des nouvelles du jour, je me remets à glaner dans tout Montaigne. Sur nos guerres protestantes, américaines, notre choc des civilisations, j’y trouve ceci :

«… je trouve mauvais ce que je vois en usage aujourd’hui, c’est-à-dire de chercher à affermir et imposer notre religion par la prospérité de nos entreprises.

Notre foi a suffisamment d’autres fondements pour qu’il ne soit pas nécessaire de fonder son autorité sur les événements. Car il y a danger quand le peuple, habitué à ces arguments plausibles et bien de son goût, voit sa foi ébranlée par des événements qui lui sont contraires et défavorables. Ainsi en est-il des guerres de religion dans lesquelles nous sommes plongés. »

Sur la société d’abondance et de consommation qui produit satiété et dépression, j’y trouve cela :

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Davos et la montée sinistre des manipulateurs de symboles

  samedi 27 janvier 2018

Rappelons que Davos est le lieu où se déroule la Montagne magique de Thomas Mann, qui nous offrait de belles discussions entre dionysiaques et apolliniens - ces derniers ayant bien sûr perdu la joute. Ce livre ouvrait les thèmes de la mondialisation à l’époque où Edmond Husserl évoquait l’Europe et ses sempiternelles crises de la culture.

Le développement forcé et forcené de l’informatique depuis deux générations a abouti à la création d’un Etat postmoderne renforcé, plus totalitaire et espionnant que jamais ; et à l’émergence d’une surclasse de manipulateurs de symboles, un nouveau clergé planétaire dont les riches et les plus puissants se réunissent en Suisse pour voir comment contrôler et soumettre le troupeau de viande - pour parler comme William Gibson - qui inquiète par son nombre et sa consommation, l’élite écolo et friquée de la planète perdue. J’avais marqué la distinction dans mon livre sur internet entre les techno-serfs et les techno-lords que le monde virtuel, le monde de la richesse et de l’apparence recréait sur un fond de mysticisme techno et de féodalisme retrouvé.

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Nietzsche et la crétinisation par la féminine-attitude

  lundi 22 janvier 2018

Disons-le nûment : nous vivons des temps bovaryens caractérisés par la dette, le gaspillage, le consumérisme euphorique, le people, « la pleurnicherie humanitaire » (Philippe Muray), la haine consentie des hommes, en particulier blancs. Ces temps sont féminins post-historiques ou féministes, comme on voudra. Ils sont aussi marqués par l’amertume généralisée et le ressentiment universel, sans oublier une bonne sensation de catastrophe.

Ce texte est une réponse au trop optimiste Brandon Smith et à son texte sur les hommes et les femmes traduit par Hervé pour lesakerfrancophone.fr. Comme nous vivons dans les temps gelés de la démocratie bourgeoise depuis deux siècles, je rappellerai ce qu’en dit Nietzsche dans les pages les plus géniales et les plus actuelles de Par-delà le bien et le mal (wikisource.org). La vision de Nietzsche est guénonienne, elle s’accommode du Kali-Yuga. Ici on ne défend pas un homme bon contre une femme mauvaise, on dit simplement que ce féminisme chevronné qui triomphe avec l’arrogance impériale-humanitaire, c’est la féminité mauvaise.

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Philippe Muray face au désert des barbares

  mercredi 17 janvier 2018

Chaque défaite de cette société est une victoire de la vie.

On va citer Philippe sans trop l’interrompre. On ne s’est pas rencontrés mais correspondus vers l’an 2000…

Nous avions le même éditeur, les Belles Lettres, depuis lors chu dans un désastre obscur. Fidèle à ma méthode, je lui avais envoyé une lettre pour lui rappeler que Flaubert (Bouvard et Pécuchet) comme Musil, qu’il citait, et Broch (l’apocalypse joyeuse) tançaient déjà cette société festive, humanitaire et querelleuse qu’il pourfendait avec une verve perpétuelle, aussi remarquable dans ses livres que dans ses interviews : je me demande ce qu’il aurait dit de l’affaire Trump, Weinstein, Oprah ou Jolie-Otan ! Et il rappelait qu’il aimait faire rire, pas jouer au grincheux pour médias PC.

Mais citons Philippe :

« Le rire est une façon de manifester que l’agnosticisme par rapport au réel moderne est encore possible. »

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