• La série des “Carnets” abrite, dans dedefensa.org, les écrits de commentaires personnels d’invités du site. • Sur ce qu'on nomme “les réseaux” ou “la toile”, il s'agit  de ce qu'on désignerait en général comme un blog. • Les “Carnets”, ce sont donc les blogs des invités de dedefensa.org dont nous jugeons, en plein accord avec eux et à l'avantage et à la satisfaction de chacune des parties, qu'ils peuvent devenir des collaborateurs réguliers du site. • Il n'y a pas de limites aux sujets abordés et pas de sujets précisément assignés à ces collaborateurs : les seules exigences concernent la forme et la décence du propos, la responsabilité dans le développement du propos. • Sur le point très important du fond des textes, nous disons que dedefensa.org donne comme règle de ces “Carnets” une orientation générale des domaines abordés trouvant ses aises dans celle dont le site fait à la fois l'usage et la promotion. • Pour autant, il y a une règle impérative qui domine toutes les autres. • Il n’est pas assuré que tous les propos des invités soient dans le sens de ce qu’écrit et pense dedefensa.org, et il ne peut en aucun cas y avoir assimilation, de ce qu’écrivent nos invités avec la signature du site : l’invité est seul responsable intellectuellement de ses propos. • Il s'ensuit, cela va de soi et selon la formule consacrée, que les propos dont nous parlons n’engagent en rien et en aucune façon dedefensa.org, essentiellement bien sûr dans ce domaine intellectuel et de l'opinion. • Ces éventuelles différences et divergences ne seraient pas nécessairement signalées mais elles le seraient en cas de publicité dans ce sens ou de toute autre nécessité, avec conséquences ou pas c'est selon. • Le site décide, espérons-le en bon accord avec ses invités, des conditions diverses et de l’application des règles énoncées ci-dessus de publication de leurs écrits. (Précision technique enfin valant pour toutes nos collaborations extérieures, qui est un classique de la collaboration extérieure à un média : titres et intertitres sont de la seule responsabilité de la rédaction. Les auteurs proposent titres et inter-titres et la rédaction se réserve de les modifier dans leur formulation, bien entendu sans en déformer le sens.) 

• Les Carnets de Nicolas Bonnal sont tenus par l'écrivain, essayiste et commentateur dont on peut trouver une présentation dans le Journal-dde.crisis de Philippe Grasset, le 2 octobre 2016. • Les livres de Nicolas Bonnal sont disponibles sur sa page Kindle/Amazon à l'adresse URL suivante:

 https://www.amazon.fr/Nicolas-Bonnal/e/B001K7A4X0

Les Tintins de la Fin des Temps

  mardi 23 avril 2024

On était en 1976. J’avais quinze ans et plus trop d’illusions en politique (Chirac ? Cochin ? La liste Weil ! Le PS ! Les Européennes !). On avait beaucoup attendu l’album, après l’étrange et drolatique Vol 714 pour Sydney qui recyclait le Matin des magiciens de Pauwels et Bergier : et l’on fut servi.
Les picaros furent insultés ou incompris. C’était un album ingrat et exigeant, l’équivalent du cinéma d’auteur…

On voyait bien qu’Hergé avait renoncé à sa mythologie jugée réac par l’Ennemi ; comme si l’on pouvait encore pratiquer le voyage absolu dans les années 70 marquées par le tourisme de masse, les vols charter, les tropiques à l’encan et l’abominable Guide du routard. Le vacancier occidental, bien reproduit depuis en Asie, fut le yéti, l’abominable homme des plages. Revoyez-les, ces Bronzés, ce qu’ils ont fait à l’Afrique et à la montagne. En revoyant l’Eternel retour avec Madeleine Sologne et Jean Marais, je la trouve sublime, cette montagne enneigée : elle ne l’est plus. Elle a été déniaisée et, comme dit Pagnol, l’honneur ça ne sert qu’une fois. Stations de ski… Et vous avez vu dans Rt.com à quoi ressemble l’Everest ? A un WC géant.  

C’est qu’avec la société de consommation (la mort, en vieux latin) la télé était passée par là avec le couillon tout-terrain Séraphin Lampion : bagnole, télé, Pastis, rigolade. Sans oublier la profanation du voyage que l’on nomme tourisme. 1.5 milliard de touristes maintenant… Pauvre Tintin, pauvre voyage initiatique. On pense à Céline (toujours) :

« Je voudrais voir un peu Louis XIV face à un "assuré social"... Il verrait si l'Etat c'est lui ! »

Le touriste a remplacé Ulysse comme l’assuré social vacciné son Roi-Soleil. C’est la vie.

(Suite)

Dostoïevski contre la Babylone occidentale…

  vendredi 19 avril 2024

Un voyage méconnu du maître russe se nomme Notes d’hiver sur des impressions d’été. Il évoque l’apogée de la civilisation bourgeoise et industrielle (vers 1860 donc) dans ses deux capitales, Londres et Paris.

Ici il ne s’agit pas comme dans Crocodile d’un conte fantastique et comique (voyez mon livre, que les roumains m’ont fait l’honneur de traduire et publier), mais d’un ensemble de réflexions face à la grande modernité. Les cibles de ce voyage sont donc surtout Londres et Paris, les deux capitales les plus avancées alors de cet occident modèle qui fonctionne en mode turbo maintenant, contre le monde (toujours…) et contre sa population toujours plus hébétée et « hallucinée » (Guénon).

Ce qui est clair c’est que la civilisation (l’anticivilisation de Guénon) est là : marchande, technique, mondialiste, fascinante, effrayante, babylonienne, apocalyptique. Et elle veut déjà refaire son homme à zéro façon Schwab :

« Mais, en revanche, quelle assurance avons-nous dans notre Vocation civilisatrice, de quelle façon hautaine résolvons-nous les questions, et quelles questions : Le sol n’existe pas, le peuple non plus, la nationalité est un certain système de contributions, I’âme, – tabula rasa, c’est une cire que l’on peut modeler pour en faire I’homme véritable, l’homme universel en général, I’homonculus ; il suffit de se servir des produits de la civilisation européenne et de lire deux ou trois livres. »

Le ton est sarcastique mais résume ce que nous vivons depuis deux siècles : le refus de l’homme, des peuples et des nationalités qui survivent tant bien que mal. Rappelons cette observation de Debord :

« Non seulement on fait croire aux assujettis qu’ils sont encore, pour l’essentiel, dans un monde que l’on a fait disparaître, mais les gouvernants eux-mêmes souffrent parfois de l’inconséquence de s’y croire encore par quelques côtés. Il leur arrive de penser à une part de ce qu’ils ont supprimé, comme si c’était demeuré une réalité, et qui devrait rester présente dans leurs calculs. Ce retard ne se prolongera pas beaucoup. Qui a pu en faire tant sans peine ira forcément plus loin… »

Donnons la note des éditeurs pour les moins érudits de nos lecteurs (s’il en reste) :

(Suite)

De Gambetta à Zelenski 

  lundi 15 avril 2024

L’actualité belliqueuse rendrait anarchiste, ou libertarien. Zelenski fait liquider les ukrainiens pour les raisons que l’on connaît et que je ne vais pas discuter ici – on ne les connaît tous que trop ; mais il me semble opportun de rappeler que nous avons eu un héros national qui fit la même chose, qui n’était pas français et qui a envoyé les Français se faire liquider pour rien par des soldats mieux préparés et armés après une défaite impériale bien méritée (une « correction », disait Marx dans son Dix-Huit Brumaire, outré par les méfaits de l’armée française au milieu du siècle – colonisation génocidaire, répression politique et sociale, participation au putsch bonapartiste et à la dictature, pillages en Chine, invasion du Mexique, etc.) : il s’agit de Gambetta. On va laisser parler Drumont, redécouvert surtout grâce à Bernanos, au sujet de Gambetta, dont le nom orne des millions de rues en France comme celui d’autres tueurs-équarisseurs (comme disait Boris Vian) de peuples coloriés et de classes populaires françaises (Thiers, Ferry, Clemenceau, Freycinet, Poincaré, etc.).

Drumont fait le point après Sedan. On pouvait s’arrêter là – comme Zelenski, pas vrai ? Mais non Zelenski entre deux achats de châteaux veut l’Otan, la guerre nucléaire, l’extermination messianique. Entouré de nazis encore plus humiliés par les russes que la première fois (l’histoire se répète toujours comiquement donc), notre aventurier-messie-milliardaire-non-réélu veut finir comme Hitler : dans un bunker après avoir tout fait cramé, Paris compris.

Sans jouer à Duby, Drumont rappelle une évidence : la fréquence des raclées sans conséquence dans notre histoire.

« La situation était très simple, la France a passé son existence de nation à gagner des victoires éclatantes et à subir d’affreuses défaites, elle a eu tour à tour Tolbiac, Bouvines, Marignan, Rocroy, Denain, Fontenoy, Austerlitz, Iéna, Solferino et Crécy, Azincourt, Poitiers, Pavie, Rosbach, Waterloo, elle n’avait qu’à faire ce qu’elle avait toujours fait dans des circonstances analogues, à signer la paix, à soigner ses blessures, à dire : « Je serai plus heureuse une autre fois. »

(A suivre)

Stefan Zweig contre l’américanisation du monde

  vendredi 12 avril 2024

L’antiaméricanisme français a disparu depuis longtemps, voué aux poubelles historiques. Mais le triomphe US dans les esprits (la démocratie s’attaque aux esprits, pas aux corps, répète Tocqueville) est universel. 1,5 milliard de dollars pour le navet LGBTQ Barbie, un milliard pour le Top Gun. La surpuissance de la machine américaine sur le monde est totale – et immatérielle. Rappelons que les productions Marvel dépassent dix milliards de dollars (monnaie en perdition comme on sait) de recettes. Sega c'est plus fort que toi, comme disait la pub. Pendant ce temps Kirghizistan et Kazakhstan renoncent aux cartes de paiement russe (Rt.com)...

La marche mondiale à l’homogénéisation-américanisation via la technologie et les médias est devenue un galop. Tout le monde y court, même les opposants, rappelait Baudrillard égrillard à Guillaume Faye. L’Amérique fascine ceux qui la détestent.

Relisons alors Stefan Zweig qui finit au Brésil avant de se suicider aux barbituriques à Petrópolis (bel endroit traditionnel, où je vécus un temps, hors du moule brésilien postmoderne). Il écrit vingt ans auparavant son extraordinaire opuscule sur l’uniformisation du monde, traduit aux éditions Allia.
Il note cette surpuissance US dont le monde antisystème se targue d’assister à la fin. Trois dures palabres la résument : colonisation, esclavage et mécanisation.

«D’où provient cette terrible vague qui menace d’emporter tout ce qui est particulier dans nos vies? Quiconque y est allé le sait: d’Amérique. Sur la page qui suit la Grande Guerre, les historiens du futur inscriront notre époque, qui marque le début de la conquête de l’Europe par l’Amérique. Ou pis encore, cette conquête bat déjà son plein, et on ne le remarque même pas. Chaque pays, avec tous ses journaux et ses hommes d’Etat, jubile lorsqu’il obtient un prêt en dollars américains. Nous nous berçons encore d’illusions quant aux objectifs philanthropiques et économiques de l’Amérique: en réalité, nous devenons les colonies de sa vie, de son mode de vie, les esclaves d’une idée qui nous est, à nous Européens, profondément étrangère: la mécanisation de l’existence. Mais cet asservissement économique me semble encore peu de chose en comparaison du danger qu’encourt l’esprit.»

Voici comment commence le texte, comme un diagnostic triste : on est dans les années vingt et triomphe déjà cette sous-culture mondiale qui désole Céline, Bernanos, Chesterton, Duhamel et  même Hermann Hesse (le Loup des steppes est un pamphlet antiaméricain) :

(Suite)

La destruction de la France au cinéma 

  lundi 08 avril 2024

Mon livre commente la destruction – ou la disparition de la France – de 1945 aux années 70. Je considère que si la France est devenue ce que l’on sait depuis, elle était déjà foutue alors – dans les années 70. Je l’ai perçue ainsi enfant déjà quand j’y venais, sorti de ma tranquille Tunisie. Je suis arrivé à Brest en famille en 1972, ville entièrement détruite et reconstruite, artificielle au possible. Cela ne parlait que football et télé à l’école et j’avais déjà le caractère des trois vieux emmerdeurs des Vieux de la Vieille. Mon seul réconfort visuel : les classiques US à la télé encore bien doublés et Chapeau melon et bottes de cuir – Emma Peel et Tara King. Le reste c’était les ZUP et les supermarchés. Et la foule « non encore remplacée » s’y engouffrait gaiment, comme si elle n’avait jamais connu – et aimé – que cela. Le litre d’essence à un franc dix-sept…

Ce qui restait de la France c’était des bribes : le petit village, la petite campagne vite captée le tourisme industriel avant de servir d’investissement immobilier au bourgeois enraciné. Le reste était promis à plus d’industrialisation, plus de destruction, plus de remplacement. On avait une émission affolante qui s’appelait : la France défigurée (Péricard et Bériot) le samedi je crois, après manger (IE vite triturer ce qu’il y a dans le frigo).

Le remplacement aussi m’est apparu dès cette époque : on se foutait de l’histoire, de la littérature ; on aimait la baise, le tourisme, la gesticulation motorisée ; on aimait la destination exotique, la bouffe nouvelle, et la spéculation. Et on est passé de mille balles du mètre à dix mille euros en cinquante ans, et à peu près partout. On s’adapte, comme dit Céline.

Le cinéma a bien filmé tout cela : il est la vérité vingt-quatre fois par seconde quand la télé est le mensonge vingt-quatre fois par seconde – conditionnement pour accepter tout ça et pour la fermer. J’ai vu par le cinéma la France remplacée dans Play Time de Tati, j’ai vu la France cybernétique et totalitaire dans Alphaville, et j’ai vu les Valseuses. J’ai vu la fin des ânes dans le Balthazar de Bresson (tué par le trafic et le vélomoteur).

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Quand Zinoviev prévoyait la fin de notre démocratie…

  jeudi 04 avril 2024

La démocratie a mué en occident depuis la fin de la bonne vieille guerre froide : tyrannie anglo-américaine, autoritaire construction européenne sur fond de surpuissance boursière et de grande invasion informatique, l’outil tyrannique par excellence comme a dit Harari. Avec sa féroce tradition jacobine, son messianisme humanitaire et sa conversion au mondialisme étasunien, la France est aux avant-postes de ce virage.

Alexandre Zinoviev devint un dissident de la société mondiale et mondialiste après avoir été un dissident soviétique. À l’époque il y avait des dissidents, maintenant, comme dit Paul Virilio, il n’y a que des dissuadés dirigés par des enthousiastes.

En 1998 le maître répond à une interview et explique que tout allait bien à l’ouest quand nous étions sous la menace soviétique (le capital faisait gaffe) :

« Pendant la guerre froide, la démocratie était une arme dirigée contre le communisme, mais elle avait l’avantage d’exister. On voit d’ailleurs aujourd’hui que l’époque de la guerre froide a été un point culminant de l’histoire de l’Occident. Un bien être sans pareil, un extraordinaire progrès social, d’énormes découverts scientifiques et techniques, tout y était »

La fin du communisme fut le crépuscule de nos droits sociaux et politiques (Joseph Stieglitz serait d’accord...) :

« Mais la fin du communisme a aussi marqué la fin de la démocratie, notre époque aujourd’hui n’est pas que post communiste, elle est aussi post démocratique. Nous assistons aujourd’hui à l’instauration du totalitarisme démocratique, ou si vous préférez à l’instauration de la démocratie totalitaire. »

Zinoviev décrit très bien le redoutable mondialisme qui naît du défunt et redouté communisme :

(Suite)

Drieu La Rochelle et la démission de la France

  lundi 01 avril 2024

«Tous s’en remettent sur les étrangers pour les décharger de leurs devoirs et de la fatigue de penser, d’imaginer, de vouloir (Journal, Gallimard).»

La désolation de notre vie politique et la disparition de toute volonté nationale tourmente en France une petite minorité de nostalgiques et de souverainistes. Mais cette catastrophe est ancienne : on va le voir avec un vieux maître lui-même maudit.

Le journal de Drieu publié par Gallimard avait fait scandale il y a trente ans, lors de sa parution. C’est Jean Parvulesco qui me l’avait alors recommandé. Il m’avait enchanté. Je l’ai relu récemment avec un intense intérêt tant les préoccupations de Drieu recoupent les nôtres : sensation de décadence terminale, désespoir historique, incapacité de trouver des sauveurs, enfin sinistre impression causée par cette permanente torpeur française – la même que ressent alors Bernanos, un des rares écrivains qu’estime alors Drieu.

En pleine guerre, Drieu observe cette torpeur (si vous voulez de la ferveur, revoyez le Casablanca de Curtiz et ce groupe de figurants chanter la Marseillaise – la fille publique incluse) :

« Cette torpeur qui règne à Paris, qui s’est manifestée à l’occasion du bombardement n° 1. J’avais raison de dire il y a quelques années que les Français étaient devenus un peuple triste, qui n’aimait plus la vie. Ils aiment la pêche à la ligne, l’auto en famille, la cuisine, ce n’est pas la vie. Ils ne sont pas lâches, mais pires; ils sont ternes, mornes, indifférents. Ils souhaitent obscurément d’en finir, mais ne feront rien pour que ça aille plus vite. Cette 9e armée qui s’en va les mains dans les poches, sans fusils, sans officiers. »

Une génération avant Debord, Drieu observe :

«Où aimerais-je aller? Nulle part! Le monde entier est en décadence. Le « Moderne» est une catastrophe planétaire.»

(Suite)

Détruire la Russie, clef de l’Histoire universelle

  vendredi 29 mars 2024

C’est le sujet du jour : comment anéantir la Russie et exterminer les russes pour la troisième fois en deux siècles.

L’expression (“la destruction de la Russie comme clé de l’histoire…”) est de Georges Nivat, traducteur de Soljenitsyne, et date de 2016. Elle résume notre histoire : Charles X de Suède puis Napoléon puis Hitler puis les autres (le complexe Biden-BHL-Leyen) tentent d’abattre le croquemitaine. Elle résume l’atmosphère du jour : la Russie seule contre tout le monde ou soi-disant, avec l’empire américain et ses colonies, l’Europe motivée et le reste du monde plus ou moins entraîné dans cette croisade antirusse, qui succède à la croisade antiallemande des anglo-saxonnes guerres mondiales.

Car pour l’occident Poutine est moins Staline qu’Hitler. Simplement c’est un Hitler qui n’a pas à se coltiner l’Armée rouge, qui dispose d’une terre riche et immense, d’une économie autarcique, d’inépuisables gisements de gaz et de pétrole et d’une armée aguerrie. Snyder a rappelé que seuls 14% des soldats américains (oublions le F35, les Stinger de M. Cadbury et tout le reste) s’estiment opérationnels (et encore ? Contre les russes ou contre les irakiens ?).

Evidemment c’est l’occident (démocratique et humanitaire) qui comme Hitler veut anéantir la Russie et lui sauter à la gorge.

La lutte contre l’empire russe sourd à travers toute notre histoire depuis le dix-neuvième siècle : voyez le livre de Lesur qui en 1812 dénonce la montée de la puissance russe au moment où les troupes napoléoniennes dévastent la Russie. La Russie y est diabolisée à toutes les époques, empire du mal qui n’a pas fini d’exciter les haines de toutes les puissances occidentales : Henri Troyat remarque que la Grande Catherine se plaint déjà de cette préférence donnée à la Turquie. On pense à la haine du tsarisme, à la Guerre de Crimée du démentiel Badinguet aux ordres de Palmerston, au Grand Jeu britannique (voyez le Kim de Kipling qui lui ajoute une aura ésotérique soulignée par Guénon) ; puis on passe à l’homme au couteau entre les dents, au stalinisme et à la situation actuelle.

Il est vrai qu’en face ça résiste...

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Cipolla et les cinq lois de la stupidité

  mardi 26 mars 2024

On va donc refaire la guerre.

«Il ne manque pas un bouton de guêtre», disait l’auguste maréchal Le Bœuf en 1870, six mois avant de rendre glorieusement le fort de Metz avec l’illustre Bazaine, un autre maréchal de France…

Flaubert écrit alors dans sa correspondance : « Ce peuple mérite peut-être d’être châtié, et j’ai peur qu’il le soit. »

Nous sommes arrivés à un tel point dans la catastrophe française et sommes dirigés par de tels idiots que nous ne savons pas si cette nation-machin ruinée et surendettée survivra dans trois ans. Il est vrai qu’une partie des idiots aux affaires veut aussi nous faire disparaître pour obéir au conclave ploutocrate de Davos. Et comme une grande partie de la population est d’accord (télé-addiction, antiracisme, féminisme rousseauiste-sic, humanitarisme BHL, grand reset, russophobie, écologie, bellicisme ultra, chasse au pauvre et au carbone ou maintenant aux arbres, demandez le motif), pourquoi se gêneraient-ils ?

Depuis deux ans l’ennemi réduit sans y toucher l’OTAN à de la bouillie de chat ; il l’a fait avec 6% du budget militaire US (60 milliards contre 1100) et avec un sixième de ses propres troupes, les mêmes qui doivent se faire exterminer par deux ou vingt mille (qui sait alors ?) zouaves français ; en même temps l’Europe avance vers le grand reset involontaire (enfin, presque) à coups de pénurie et de passe énergétique, voire de confiscation des comptes bancaires. L’Ukraine entêtée (découvrez le livre de ma femme sur le patriotisme ukrainien qui a toujours été virulent et sous-estimé, surtout par les russes) va continuer ses opérations. Biden et Blinken seront contents sauf qu’ils peuvent aussi sauter électoralement, ayant fait doubler ou tripler le prix de l’essence dans le premier pays motorisé du monde automobile. On ne parlera pas de l’immobilier et des loyers (3000 dollars mensuels comme prix de base à Miami, 1200 dollars pour un 5m2 à New York, voyez le Daily Mail...).

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Maxime du Camp et le déclin français en 1870

  vendredi 22 mars 2024

On a du mal à percevoir l’absence de mouvement sous le mouvement.

1870, la fête impériale, l’art de bien rigoler…

On laisse écrire Maxime du Camp.

Sur Bismarck :

« Bismarck fut habile, il agit envers nous comme en 1866 il avait agi à l'égard de l'Autriche. Quand il eut machiné son plan et préparé ses pièges, il se fit déclarer la guerre et prit l'attitude d'un pauvre homme réduit à la défensive; il mit les torts d'apparence de notre côté. Comme un pêcheur consommé, il conduisit le poisson dans la nasse sans que celui-ci s'en aperçût. »

Après une belle phrase sur notre esprit de décision :

« Il avait pris pour une démonstration de notre force ce qui n'était qu'une preuve de l'inconséquence de notre caractère. »

Maxime du Camp passe par l’Allemagne et il découvre que cette nation est scientifique, organisée et disciplinée, mais pas seulement : elle est inspirée spirituellement et elle chante bien :

« J'entendis de loin une mélopée lente et grandiose, qui montait dans les airs comme la voix d'un chœur invisible. Des enfants couraient dans la direction du bruit; le chant se rapprochait, s'accentuait, vibrait avec un accent religieux et profond dont je me sentis remué. Je reconnus le Choral de Luther, que psalmodiait un régiment en venant prendre garnison dans la citadelle que ce pauvre général Mack nous a jadis si facilement abandonnée. Je fus très ému, je l'avoue, et je me demandai quel caractère allait revêtir cette guerre pour laquelle les hommes marchaient en chantant des psaumes. »

Après on va faire la comparaison avec Paris et sa salade impériale :

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Serge Halimi et la catastrophe de la presse française

  mercredi 20 mars 2024

La presse française est une catastrophe. Elle pousse à la guerre (pardon, à la fermeté) nucléaire contre la Russie, au Reset, à l’aberration écologique, à la censure et à la fin des libertés, comme elle poussait au si oublié virus, au si oublié vaccin et à la chasse aux vaccinés. Serge Halimi, dont je vais reparler, a dénoncé récemment le rôle honteux et toxique de cette usine à torchons subventionnée dans les massacres de Gaza, rôle qui va déboucher sur la venue au pouvoir de Le Pen dont on verra si elle est aussi bien tenue en laisse que Meloni en Italie (l’extrême-droite aura fait tous les trottoirs depuis vingt ans).

Mais on aurait tort de croire que cela vient du seul Macron et des milliardaires possesseurs de journaux. Son mal vient de plus loin à cette presse, dirait Jean Racine – auquel on adjoindra Augustin Cochin qui parle de « Terreur sèche » intellectuelle au siècle des Lumières. 

Car la France est depuis toujours un pays conditionné. On le voit bien en relisant sans les œillères scolaires Molière ou La Bruyère. Le bourgeois, le dévot, le malade imaginaire, la femme savante, le sot savant, l’escroc médecin, le pédant-expert, l’hypocrite, la précieuse, sont des mines pour qui sait voir ; et la crise du Covid marquée par la dictature et la tartuferie sanitaire, revêt un caractère très français. Taine ou Tocqueville avaient tout dit. Centralisation, pouvoir royal, révolution, empire, radical-socialisme ont pavé la voie de la soumission jacobine de la masse (voyez mes textes sur le sujet) et l’esprit libre souvent ne comprend pas sa solitude.

La presse française, qui appartient à quelques oligarques (dont Bernard LVMH, qui pèse aujourd’hui MILLE milliards…de francs) et est subventionnée à hauteur de 500 millions d’euros tant elle dégoûte les Français, aura été crasse et ignoble depuis le début de l’histoire vaccinale : affolement, confinements, masques, vaccins, meurtres de masse, passes sanitaires, chantage et menaces, elle nous aura tout imposé.

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Tocqueville et Gobineau : entretiens sur notre décadence

  dimanche 17 mars 2024

J’ai beaucoup écrit et publié sur la Fin de l’Histoire. La notion est aristocratique : Chateaubriand, Tocqueville et Poe qui abominait la démocratie (voyez ses Entretiens avec une momie). J’ai enfin trouvé la correspondance de Tocqueville et Gobineau, qui évoquent tous les deux ce point expliqué au même moment par le mathématicien et historien Cournot. Le Second Empire c’est la prostration de notre histoire : étatisme, malthusianisme, chauvinisme et consumérisme. Rappelons que pour Francis Fukuyama la Fin de l’Histoire c’est stricto  sensu la fabrication du bourgeois.

Arthur de Gobineau a travaillé jeune sous les ordres de Tocqueville. Ce dernier abomine ses théories mais le rejoint dans une certaine dimension, comme on verra tout à l’heure. Il écrit le 11 octobre 1853 :

« Je ne vous ai jamais caché, du reste, que j’avais un grand préjugé contre ce qui me paraît votre idée mère, laquelle me semble, je l’avoue, appartenir à la famille des théories matérialistes et en être même un des plus dangereux membres, puisque c’est la fatalité de la constitution appliquée non plus à l’individu seulement, mais à ces collections d’individus qu’on nomme des races et qui vivent toujours. »

Sur le racisme il dénonce un risque matérialiste et note le  17 novembre 1853 :

« Ainsi, vous parlez sans cesse de races qui se régénèrent ou se détériorent, qui prennent ou quittent des capacités sociales qu’elles n’avaient pas par une infusion de sang différent, je crois que ce sont vos propres expressions. Cette prédestination-là me paraît, je vous l’avouerai, cousine du pur matérialisme… »

En bon visionnaire humaniste, il pressent une doctrine horrible et dangereuse :

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George Orwell et le féminisme autoritaire

  mardi 12 mars 2024

« Il détestait presque toutes les femmes, surtout celles qui étaient jeunes et jolies. C’étaient toujours les femmes, et spécialement les jeunes, qui étaient les bigotes du Parti : avaleuses de slogans, espionnes amateurs, dépisteuses d’hérésies. » 

Ursula (ou Cruella) Van der Leyen devrait être maintenue dans son rôle de mère-poule eurocrate et dictatrice : on aura la guerre éternelle contre les machos russes, l’euro numérique avec la Lagarde qui contrôlera puis bloquera nos dépenses, la surveillance policière numérique, le chauffage au vent, les insectes au menu et la censure des réseaux pourtant anesthésiants.

Certains pourront voir une petite prescience de cela dans Harry Potter : quand Dolores Umbridge envoyée du ministère (la méphitique JK Rowling depuis pourchassée par les dementors du wokistan a dû être une prof de lettres de sensibilité libérale-conservatrice) veut mettre de l’ordre nouveau à Hogwarts. C’est dans le plus intéressant épisode de la série, celui sur l’ordre du phénix.

(Suite)

Jouvenel : du totalitarisme en démocratie

  samedi 09 mars 2024

Le grand chapitre de Du pouvoir est celui sur la démocratie totalitaire. Comment se fait-il qu’en termes de tyrannie, règles, lois, guerres et conquêtes (coloniales ou autres), la démocratie puisse tout se permettre ?

Réponse : le droit de vote. Bitru supporte tout depuis qu’on lui a donné le droit de vote – à commencer par la conscription et la guerre ad mortem contre les « tyrans ». Jouvenel cite Taine (voyez mes textes sur cet auteur extraordinaire) :

« Sous les menaces et les souffrances de l’invasion, observe Taine, le peuple a consenti à la conscription: Il la croyait accidentelle et temporaire. Après la victoire et la paix, son gouvernement continue à la réclamer: elle devient permanente et définitive; après les traités de Lunéville et d’Amiens, Napoléon la maintient en France; après les traités de Paris et de Vienne, le gouvernement prussien la maintient en Prusse. »

La gangrène française a gagné le monde :

« De guerre en guerre, l’institution s’est aggravée: comme une contagion elle s’est propagée d’État en État; à présent elle a gagné toute l’Europe continentale, et elle y règne avec le compagnon naturel qui toujours la précède ou la suit, avec son frère jumeau, avec le suffrage universel, chacun des deux plus ou moins produit au jour et tirant après soi l’autre, plus ou moins incomplet ou déguisé, tous les deux conducteurs ou régulateurs aveugles et formidables de l’histoire future, l’un mettant dans les mains de chaque adulte un bulletin de vote, l’autre mettant sur le dos de chaque adulte un sac de soldat… »

(Suite)

Mattelart, les JO et la destruction de Paris sur ordre US

  mercredi 06 mars 2024

On vient de découvrir l’image illustrant l’ectoplasme Paris pour les JO : un énorme conglomérat hôtelier au bord de l’eau : toute référence historique ou culturelle ou spirituelle a été effacée, comme dans un film de science-fiction inspiré par Dick. Il ne reste plus rien de la France.

Cela mérite quelques éclaircissements. Debord, Mattelard, Louis Chevalier, Audiard l’avaient vu venir cette liquidation.

Lisez de Mattelart l’admirable et inépuisable Histoire de l’utopie planétaire qui est surtout l’histoire de la folie anglo-américaine. 

Une des cibles était la capitale parisienne. Comme disait Guy Debord de Paris (Panégyrique, I) : 

«Toujours brièvement dans ma jeunesse, lorsqu’il m’a fallu risquer quelques courtes incursions à l’étranger, pour porter plus loin la perturbation ; mais ensuite beaucoup plus longuement, quand la ville a été saccagée, et détruit intégralement le genre de vie qu’on y avait mené. Ce qui arriva à partir de 1970. Je crois que cette ville a été ravagée un peu avant toutes les autres parce que ses révolutions toujours recommencées n’avaient que trop inquiété et choqué le monde ; et parce qu’elles avaient malheureusement toujours échoué…Qui voit les rives de la Seine voit nos peines : on n’y trouve plus que les colonnes précipitées d’une fourmilière d’esclaves motorisés.»

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Debré et le Général face au Kali-Yuga français

  dimanche 03 mars 2024

Philippe Grasset nous avait fait découvrir ce livre incroyable : entretiens avec le général (Albin Michel).

Résumons la chute de la France sous la présidence de de Gaulle : pour un Québec libre d’ailleurs peu suivi d’effet, il a fallu se payer l’industrialisation, «la France défigurée», l’immigration, mai 68, le noyautage culturel marxiste (cf. les réflexions de Zemmour sur le rôle sinistre de Malraux), le pays de Cocagne de Pierre Etaix et le Play-Time de Tati, sans oublier l’Alphaville de Godard. On y créa le  consommateur er vacancier hébété, qui a rompu avec tous les modèles antérieurs et était prêt pour la goberge télé et bagnole. J’ai écrit et publié un livre sur ce thème : la disparition de la France au cinéma. Car de Farrebique ou de Jean Devaivre (découvrez par exemple l’admirable Alerte au Sud sur notre chevalerie coloniale, notre épopée saharienne) aux Valseuses ou à Mortelle randonnée, on s’était bien effondré – et bien avant Macron ou Mitterrand.

Rien ne résume mieux la situation que Jean Gabin ne retrouvant ni sa maison ni sa rue à Sarcelles, au début de Mélodie en sous-sol.

Le vénérable et pathétique Michel Debré (1% à la présidentielle de 1981…) est lui-même encore plus traumatisé par ce que va devenir la France : marxisation culturelle via Malraux (voir son livre p. 145), inflation et taux d’intérêt… à 15% (livre p. 151), déclin moral et spirituel (et même militaire : car on n’a plus d’empire comme me le rappela mon ami historien de Sparte Nicolas Richer), effondrement du christianisme, Debré et de Gaulle sont conscients de tout. L’Histoire de France est EN FAIT terminée. On vivote dans une Europe mondialisée...

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Histoire de notre soumission au parti démocrate US

  jeudi 29 février 2024

L’excellent Joe Biden, si gâteux et impopulaire qu’il soit at home, peut exiger ce qu’il veut de ses sujets européens ; même Obama n’osait pas – n’osa pas – aller si loin ; il est vrai que cette soumission est suicidaire et risque d’être génocidaire, et qu’elle est donc limitée dans le temps et dans l’espace : mais par haine rabique de la Russie et soumission social-démocrate aux intérêts US en Europe, on peut benoîtement demander à un continent de crever. Toute la classe politique obtempère et finalement aussi son électorat ; car possible n’est pas européen, par les temps qui courent.

Il y a quelques années j’avais publié sur fr.sputniknews.com un texte de rappel repris par Médiapart : Trotsky soulignait la soumission des socialistes Européens aux yankees.

« Contrairement à ses disciples archéo-crétins ou néo-cons, Léon Trotsky est souvent irréprochable sur le terrain de l’analyse: voyez ce qu’il dit de Léon Blum dans son journal! Sur l’actuelle soumission de l’Europe, on peut lire ces lignes prononcées en juillet 1924:

« Le capital américain commande maintenant aux diplomates. Il se prépare à commander également aux banques et aux trusts européens, à toute la bourgeoisie européenne. C’est ce à quoi il tend. Il assignera aux financiers et aux industriels européens des secteurs déterminés du marché. Il réglera leur activité. En un mot, il veut réduire l’Europe capitaliste à la portion congrue… »

Trotsky confirmait une balkanisation de l’Europe voulue par les USA :

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L’UE veut sa guerre pour verrouiller sa dictature

  lundi 26 février 2024

Le virage totalitaire de l’UE est ancien, il colle même à son ADN, et De Gaulle l’avait pressenti au moment de la commission Hallstein. Jusque-là elle a été lente cette Europe pantagruélique et elle découvre comme Tocqueville que le meilleur moyen d’établir sa dictature est la guerre ; la Russie comme pour Hitler ou Napoléon fournit l’adversaire idéal (vive la Pologne ou les pays baltes dont parlait déjà avec confiance Rumsfeld il y a vingt ans), et ce au moment où les insectes, les vaccins, les contraintes et l’esclavage numérique font leur apparition dans les cours de récréation sous l’œil bienveillant et malthusien de la cité totalitaire et affairiste de Davos.

Tocqueville a bien traité de l’épineux problème de la guerre en démocratie (elles le sont toujours en guerre, voyez mon texte sur Athènes et la Guerre du Péloponnèse°. Et cela donne – dans ce qui devrait être le livre de chevet de tout le monde (Tome II, 3e partie, ch. XXII) :

« Il n’y a pas de longue guerre qui, dans un pays démocratique, ne mette en grand hasard la liberté. Tous ceux qui cherchent à détruire la liberté dans le sein d’une nation démocratique doivent savoir que le plus sûr et le plus court moyen d’y parvenir est la guerre. »

Ici il est presque rassurant Tocqueville. On ne possède pas encore d’armée européenne (elle viendra cet été au moment des vacances après la réélection de l’Ursula ou de son successeur sinistre) :

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James Fenimore Cooper et le rejet de l’Amérique moderne et démocratique

  samedi 24 février 2024

Grand nostalgique, l’écrivain James Fenimore Cooper encense les indiens et rejette le monde moderne.

Nous avons déjà relié son œuvre à celle de Tolkien, les indiens en voie de disparition y tenant les rôles des elfes, êtres supérieurs en voie d’exil et d’extinction.

Dans son grand livre la Prairie perdue, l’universitaire Jacques Cabau écrivait :

« Là, gentleman-farmer éclairé, véritable squire à l’anglaise, il devient le prototype même de ces princes qui gouvernent alors l’Amérique, de cette nouvelle aristocratie qui s’est révoltée contre le roi d’Angleterre parce qu’elle se sait destinée au gouvernement des masses. Le drapeau frappé de treize étoiles flotte depuis quelques années seulement. On n’a pas encore inventé le dollar. On trace les plans d’une capitale digne de treize Etats fédérés. Aucune frontière ne borne l’ambition de ces trois millions d’Américains, fiers de leur liberté et de leurs sept cent mille esclaves. Mais la fédération des treize Etats si différents n’est pas encore une nation. L’esprit colonial y perpétue les traditions et les préjugés sociaux de la vieille Europe. »

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Coomaraswamy et l’éternel péril occidental

  samedi 01 février 2020

Créature instable et périlleuse, l’occident menace le monde en se menaçant lui-même. Il a tout détruit avec le capital et les bons sentiments qui vont avec. L’impérialisme américain en phase terminale mais hystérique veut exterminer russes, chinois, iraniens et sanctionner ce qui lui résiste. Les européens (petit cap de l’Asie ou de l’Amérique ?) suivent extatiques ou éteints.  En même temps l’occident s’autodétruit rageusement à coups d’oligarchie, d’écologie, de féminisme, d’antiracisme et d’humanitarisme ; il contaminera le reste du monde comme toujours.

Golem dérangé ou marionnette folle, on ne l’arrêtera pas comme cela, cet occident. Sa matrice garde son pouvoir d’attraction étrange en plein Kali-Yuga : rappelons Spengler pour qui le triomphe de l’empire romain était déjà celui du pas grand-chose sur le vide. Ceux qui applaudissent le crépuscule américain oublient que l’on navigue dans la matrice américaine – dans un marécage de signes qui aura tout noyé, traditions, culture, spiritualités.

On sait ce que Guénon pensait de l’occident et de sa mission civilisatrice. On va rappeler le grand hindouiste de Ceylan Coomaraswamy (s’il voyait ce qu’on a fait de son île…) qui écrivait vers 1945 :

« Parmi les forces qui font obstacle à une synthèse culturelle ou, pour mieux dire, à une entente commune indispensable en vue d’une coopération, les plus grandes sont celles de l’ignorance et du parti pris. L’ignorance et le parti pris sont à la base de la naïve présomption d’une «mission civilisatrice». Celle-ci apparaît, aux yeux des peuples «arriérés», contre qui elle est dirigée et dont elle se propose de détruire les cultures, comme une simple impertinence et une preuve du provincialisme de l’Occident moderne. »

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