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5689• Nous allons rapprocher deux tendances au sein des forces armées des États-Unis, qui contribuent à confronter ces forces à un risque total de désintégration, notamment culturel et psychologique, mettant en péril l’existence de la “US War Machine” en tant que telle. • La première est celle des vilaines prévisions : cette fois, c’est l’USAF qui révèle que ses simulations de guerre avec la Chine, essentiellement en cas d’invasion de Taïwan par cette puissance, conduisent à une défaite des forces armées US. • Cette posture très instable et inquiétante est générale et se retrouve le plus souvent, même dans des cas moins importants comme celui de l’Iran. • Un autre aspect important est l’évolution interne des forces armées, qui est venue au premier plan des préoccupations à la suite d’une vive altercation entre Tucker Carlson et le Pentagone. • Plutôt que dire que les forces armées US “se féminisent”, nous dirions qu’elles “se wokenisent”, c’est-à-dire qu’elles font de plus en plus passer des préoccupations sociétales devant des préoccupations opérationnelles. • Charmant cocktail, disons explosif...
14 mars 2021 – On s’arrête d’abord à une nouvelle nous indiquant une fois de plus, de source militaire US, une perspective d’extrême faiblesse des forces. Il y a eu l’intervention du général McKenzie de reconnaissance de la puissance iranienne et la longue analyse montrant l’émergence de la puissance navale chinoise qui a dépassé l’U.S. Navy. Dans le cas qui nous occupe, il s’agit de la révélation par l’USAF d’une série de simulations de guerre (faite par l’USAF) des USA contre la Chine depuis quelques années (2015-2016).
Il faut dès l’abord mettre en évidence un enseignement fondamental. Les deux dernières occurrences sont extrêmement significatives, puisqu’elles prévoient indirectement ou directement la défaite des forces armées des USA alors qu’elles représentent les deux grandes armes de projection de force : l’US Navy et l’USAF. Il s’agit d’un engagement très significatif par rapport à la politique extérieure des USA, ce que nous nommons “politiqueSystème”.
Dans le cas envisagé, les simulations de l’USAF sont sans le moindre ambage : en cas de guerre contre la Chine, selon les paroles même d’un intervenant rapportant un jugement général issu de ces simulations, l’Amérique « perdrait vite, [elle] perdrait très vite ». Cela fait partie des confidences qu’a recueillies Yahoo.News à ce propos, auprès de sources au Pentagone et des inévitables experts encombrant les salons et les plateaux-TV de Washington. On s’y arrête pour quelques lignes/paragraphes, de ce texte du 10 mars 2021.
« L’automne dernier, l’USAF a simulé [selon la technique des war-games] un conflit pour quelque part, immédiatement après 2030. Tout avait commencé par une attaque chinoise à l’arme biologique contre des bases et des navires de l’US Navy dans la région indo-pacifique. Parallèlement, un exercice militaire chinois majeur servait de couverture au déploiement d’une force d’invasion massive. La simulation s’est achevée par une pluie de missiles chinois sur les bases et les navires de l’US Navy dans la région, et par un assaut aérien et amphibie éclair sur l'île de Taïwan.
» Cette simulation hautement confidentielle, qui n’avait jamais été rendu public auparavant, a eu lieu moins d’un an après que le coronavirus, qui proviendrait d’un marché chinois de Wuhan, se soit propagé à l’équipage du porte-avions USS Theodore Roosevelt, mettant hors service l’une des ressources les plus importantes de la marine américaine... »
Plus loin, on nous résume la situation qui est désormais, si le Pentagone ne réagit pas, une constante de la situation militaire dans une hypothèse de conflit qui domine tous les autres modèles : l’invasion de Taïwan par la Chine continentale. C’est d’ailleurs un point remarquable, qui montre que les experts militaires US suivent ce qu’on perçoit de la soi-disant poussée expansionniste chinoise. Cette poussée est régionale, et passe d’abord par la restauration complète de ce que les Chinois continentaux jugent être leur espace national ; d’une certaine façon, on pourrait avancer que Taïwan est, pour la Chine, ce que la Crimée a été pour la Russie. Pour autant, l’hostilité latente entre la Chine et les USA, du point de vue militaire, ne montre pas la modicité de ces objectifs ; au contraire, elle est extrêmement vive, et les Chinois eux-mêmes en jugent ainsi.
« ...Un important groupe de réflexion chinois a récemment décrit les tensions dans les relations entre les États-Unis et la Chine comme étant les pires depuis le massacre de la place Tiananmen en 1989, et il a conseillé aux dirigeants du Parti Communiste Chinois de se préparer à une guerre avec les États-Unis.
» Ce que beaucoup d’Américains ne réalisent pas, c’est que des années de simulation secrètes du Pentagone suggèrent fortement que l'armée américaine perdrait cette guerre.
» “Il y a plus de dix ans, nos jeux de guerre indiquaient que les Chinois faisaient du bon travail en investissant dans des capacités militaires qui rendraient de plus en plus difficile notre modèle préféré de guerre expéditionnaire, où nous poussons les forces vers l’avant et opérons à partir de bases et de sanctuaires relativement sûrs”, a déclaré le lieutenant-général de l'armée de l'air S. Clinton Hinote, chef d’état-major adjoint pour la stratégie, l'intégration et les capacités, à Yahoo News dans une interview exclusive. “En 2018, l'Armée populaire de libération avait déployé un grand nombre de ces forces, pour inclure des arsenaux massifs de missiles surface-air et surface-surface guidés avec précision, une constellation spatiale de satellites de navigation et de ciblage et la plus grande marine du monde.
» “À ce moment-là, la tendance dans nos simulations est devenue que non seulement nous perdions, mais que nous perdrions très rapidement”, observe Hinote. “Après la simulation de 2018, je me souviens très bien qu’un de experts en simulation de conflit s’est planté devant le secrétaire à la défense et le chef d'état-major de l'armée de l'air et leur a dit qu’il n’était plus désormais nécessaire de simuler ce scénario de guerre [d’une attaque chinoise sur Taïwan], car nous savions ce qui allait se passer. La réponse définitive, si l'armée américaine ne change pas de cap, est que nous allons perdre rapidement. Dans ce cas, un président américain serait probablement mis devant un fait accompli ou presque.” »
L’USAF est attentive au constat que les Chinois ont organisé leur espace aérien à l’image des théories russes qui ont développé un maillage défensif de l’espace aérien à protéger extrêmement sophistiqué et quasi impénétrable, sous le sigle A2/AD (“Anti-Access/Area-Denial”), notamment avec des systèmes de défense aérienne S-400 à longue portée et d’autres systèmes destinés à d’autres portions de l’espace aérien, une couverture électronique extrêmement dense et fortement intégrée, des contre-mesures électroniques, des escadres d’avions de défense aérienne, etc. Cet aspect est un facteur déterminant dans le parti que semble prendre l’USAF vis-à-vis de la Chine d’abandonner l’idée d’une offensive aérienne massive dont elle a l’habitude et qu’elle goûte en général avec délice.
Une solution est alors de complètement renverser les habitudes US ; d’organiser les forces US dans la région dans une posture défensive autour de Taïwan, d’éloigner les grandes unités comme les porte-avions sur l’arrière en position de soutien, pour éviter les frappes chinoises, et ainsi de suite. Mais, reconnaît Hinote, ce n’est pas chose aisée, pour une multitude de raison où la psychologie exceptionnaliste a évidemment sa place :
« Une partie du problème est que la Chine a mis en place sa stratégie [de l’interdiction de l’espace aérien dite] A2/AD alors que le Pentagone était largement distrait par les guerres de contre-terrorisme et de contre-insurrection en Irak et en Afghanistan pendant deux décennies. Pékin se concentre également sur Taïwan et l’hégémonie régionale, tandis que l’armée américaine doit projeter sa puissance et se préparer à des scénarios de conflits potentiels dans le monde entier, ce qui donne au Pentagone ce qu’Ochmanek appelle une “dispersion de l’attention”. Enfin [et surtout ?], il y a la complaisance de la certitude de la supériorité et de la victoire [dans la psychologie de l’américanisme] qui fait qu’il est difficile pour les officiers supérieurs de l’armée américaine de croire qu’une autre nation oserait les affronter. »
Ce dernier point est essentiel, bien, entendu, pour la conception que nous avons de la psychologie de l’américanisme et pour les tréfonds de la politique expansionniste et militariste des USA qui en est l’expression opérationnelle. Nous en parlions à propos de l’intervention du général McKenzie, déjà référencée, et de l’attitude insolite de ce qu’elle signifie vis-à-vis de l’Iran dans le cadre d’une tentative de reprise éventuelle (et bien improbable) du traité JCPOA avec les USA à bord:
« Selon nous, il s’agit là d’un produit de la magie désormais faussaire de la certitude de l’exceptionnalisme de l’américanisme dans la psychologie américaniste caractérisée par ce que nous présentons notamment comme “le duo psychologique ‘inculpabilité-indéfectibilité’ comme caractère extraordinaire de la psychologie de l’américanisme, en vérité réalisée pleinement en une psychologie-Système, ou encore l’‘indéfectibilité’, etc... ” Mais le facteur essentiel, qui nous fait parler de “magie désormais faussaire”, est que cet exceptionnalisme a dépassé son “principe de Peter”, un peu à la manière du JSF vis-à-vis des technologies, pour entrer dans une sorte d’ordre de la bêtise caractérisant les agissements actuels du Système. »
Bien entendu, l’“inculpabilité” (certitude d’être juste, d’être le “bon” face au “méchant” dans toutes les circonstances) et l’“indéfectibilité” (certitude de vaincre, impossibilité de s’imaginer battu) jouent à plein dans les réserves qu’avance le général Hinote (« certitude de la supériorité et de la victoire », empêchant d’imaginer que la Chine puisse l’emporter). Dans ce cadre psychologique, il est difficilement concevable qu’on puisse aisément convaincre les généraux et la bureaucratie de planification d’organiser une stratégie défensive impliquant qu’on puisse envisager la victoire de l’autre, qu’on reconnaisse la supériorité de l’autre, – cela malgré tourtes les démonstrations rationnelles de la supériorité chinoise, que ces mêmes généraux développent régulièrement. D’où cette note plutôt pessimiste de Hinote, où il est dit que l’on sait tout cela mais que les tendances de la psychologie sont les plus fortes pour construire une stratégie opérationnelle contraire...
« Nous commençons à comprendre quel type de force militaire américaine il faudrait [essentiellement défensive dans ce cas] pour atteindre les objectifs de la stratégie de défense nationale. Mais ce n’est pas la force que nous planifions et construisons aujourd'hui. »
... Mais justement se posa alors cette question, en paraphrase : “Mais quelle est la force que vous construisez aujourd’hui ?” (sans modification de planification). La réponse vient de Fox.News, de l’irrésistible et incommensurablement populaire Tucker Carlson ; lequel a saisi la balle tentatrice au bond, lundi soir, au sortir de cette intervention extraterrestre de Biden :
« “Je tiens à remercier l’ancien général. Je continue à l’appeler général, mais heu... Enfin, le type qui dirige cette équipe là-bas”, a déclaré Biden, faisant référence au ministre [secrétaire à la défense] Austin et au Pentagone... [...] [L]e fameux et puissant Pentagone, s’activant dans la tâche fondamentale de trouver une tenue de vol adéquate, pour les pilotesses de l’USAF, prenant en compte l’avancement de la période de grossesse... »
Là-dessus, Tucker Carlson :
« “Comment réagissons-nous à cela ?”, a demandé Carlson. “A la Maison Blanche hier, Joe Biden a abordé la question de manière efficace. Quelle est la réponse américaine ? Voici ce qu’a dit Joe Biden : ‘Il s’agit en partie d’un travail relativement simple où nous faisons de bons progrès en concevant des gilets pare-balles qui conviennent aux femmes, en adaptant les uniformes de combat aux femmes, en créant des combinaisons de vol de maternité, en mettant à jour les exigences en matière de coiffure. Et certains de ces travaux vont nécessiter une... Vous savez, une intensité d’objectif et d’initiative pour vraiment changer la culture et les habitudes qui poussent les femmes à quitter l’armée’.
» “Donc, nous avons de nouvelles coiffures et de nouvelles combinaisons de vol de maternité, les femmes enceintes vont participer à nos guerres”, a poursuivi Carlson. “C’est faire dérision de l’armée américaine. Alors que l’armée chinoise devient plus masculine en déployant la plus grande marine du monde, notre armée doit devenir plus féminine, quel que soit le sens du mot féminin, car les hommes et les femmes n’existent plus. Le résultat final est que c’est hors de contrôle. Et le Pentagone est d’accord avec ça. C'est faire dérision de l’armée américaine et de sa mission principale qui est de gagner des guerres.” »
Cette intervention a provoqué une polémique extraordinaire, comme l’on n’en vit jamais de mémoire de journaliste, où le porte-parole du Pentagone Kirby prit à partie, devant la presse accréditée, le présentateur de Fox.News pour son intervention, – nous rassurant par ailleurs sur l’excellente santé de « l’exceptionnalisme rancie » et de l’indéfectibilité qui désole tant le général Hinote (où l’on voit que les deux sujets sont bien plus proches qu’ils ne paraissent) :
« Ce que nous ne ferons absolument pas, c’est suivre les conseils en matière de personnel d’un présentateur de TV ou de l’armée chinoise. Peut-être ces gens ont l’impression d’avoir quelque chose à prouver, – c’est leur affaire. Nous savons que nous sommes la meilleure armée du monde aujourd’hui et, y compris pour ce que nous devons encore améliorer, nous savons exactement pourquoi il en est ainsi. »
Plus encore, le site du département de la défense édita une réponse officielle sous la forme d’une vidéo du directeur des relations avec la presse du secrétaire à la défense glorifiant le comportement des femmes dans les armées ; c’est-à-dire qu’aux critiques de Carlson dénonçant la façon dont on fait évoluer les forces armées, pseudo-Austin répondit que Carlson avait fait une diatribe anti-femmes, comme s’il parlait (lui, pseudo-Austin) en militant(e ?) du féminisme, et comme s’il devait (lui, Carlson) avoir fort grande honte d’une telle opinion, absolument digne d’être censurée, sans doute en vertu d’une conséquence invertie du Premier Amendement sur la liberté d’expression.
Parmi les nombreuses réactions saluant cette performance du Pentagone, celle de Nick Amara, de RedState.com, résumée par ce titre où nous soulignons l’argument qui nous intéresse : « Le département de la défense lance une attaque préoccupante et non professionnelle contre Tucker Carlson, prouvant à quel point il [le DoD] s’est politisé. » Quant à Carlson, il ne s’en tint évidemment pas là ; il riposta après la contre-attaque du DoD, pour bien fixer son propos, et surtout pour montrer combien il s’agit d’un propos très sérieux, qui ne concerne en rien les femmes et le féminisme, mais le Pentagone et les forces armées des États-Unis, et leur devoir, – “point final” :
« Carlson a commencé le segment en disant que les changements apportés par Biden à l’armée pourraient être plus profonds que tous les autres changements qu’il pourrait faire en tant que président, en disant : “C’est de loin le plus important. Une armée faible signifie qu’il n’y a plus de pays, point final.”
» Notant la promesse de Biden de changer la culture de l’armée et ses commentaires vantant le développement de gilets pare-balles adaptés aux femmes [et les dispositions pour que ‘la grossesse puisse continuer à “combattre’ jusqu’au sixième mois], Carlson a soutenu que l'administration se concentrait sur les apparences plutôt que sur la substance.
» “Ce qu’il nous reste d’Américain dépend de l’armée américaine pour protéger nos familles et pour protéger le pays lui-même. Biden ne le voit pas de cette façon. Trouver les pilotes militaires ou les officiers d’infanterie ou les commandos SEAL les plus efficaces n'est pas sa priorité, c’est loin d’être sa priorité.”
» “La politique identitaire est la priorité de Joe Biden, c’est tout ce qui compte. Vous voyez cette attitude dans tout le gouvernement américain ainsi que dans le monde de l’entreprise. Des postes clés sont pourvus sur la base de l’apparence physique sans aucune référence aux capacités ou à l’expérience. Vous pouvez vous en sortir si vous êtes la Citibank, qui se préoccupe désormais davantage du wokenisme que de la banque... C’est une démarche catastrophique si votre seul travail consiste à protéger les États-Unis contre des gens qui veulent notre anéantissement. C'est la pire forme de manquement au devoir” a-t-il poursuivi.
» Carlson a également noté que l’armée avait ouvert la porte au financement de la chirurgies de changement de sexe pour les membres transgenres du service.
» “Comment les changements de sexe dans l'armée rendent-ils ce pays plus sûr ?” a-t-il demandé. “Ce n’est pas de la rhétorique polémique, ce n’est pas un autre argument de circonstance dans la guerre culturelle, c’est la question fondamentale de notre survie. Littéralement, la seule question fondamentale”.
» “L’armée américaine existe pour combattre et gagner des guerres. C’est son seul but”, a poursuivi Carlson. “L’armée américaine n’est pas une ONG, ce n’est pas une organisation dont la mission est d’imposer l’égalité, ce n’est pas une expérience sociale, ce n’est certainement pas une agence pour l’emploi. Personne n’a le droit divin de travailler dans l’armée, personne ne l’a, et cela nous inclut tous. Si vous prenez cette émission comme une pleurnicherie parce que la Delta Force ferait de la discrimination à l’encontre d’un présentateur de l’actualité politique de 51 ans, c’est que vous et moi n’y comprenons rien parce qu’il ne s’agit pas de nous, parce qu’il s’agit en vérité du sort de ce pays”.
» Carlson a déclaré que c’était une bonne chose de s’assurer que les gens se sentent inclus et valorisés, mais il a répété que ce n’est pas la mission de l’armée. “Cela ne peut être en aucune façon la mission de l'armée américaine, ou alors cela signifie que nous sommes finis”, a-t-il conclu. »
Nous rapprochons effectivement ces deux nouvelles, représentant deux dynamiques qui se complètent et vont tendre, si ce n’est déjà fait à la vitesse où vont les choses, à se confondre :
• d’une part la faiblesse reconnue et planifiée des forces armées US contre tel et tel ennemi, qu’on prétend néanmoins désigner, défier voire provoquer parce que l’“exceptionnalisme rancie” toujours vivace dans les psychologies fait que “nous tous”, les chefs et sous-chefs divers, et le reste dans les armées, « nous savons que nous sommes la meilleure armée du monde aujourd’hui » (bien que nous enregistrions défaite sur défaite dans nos simulations) ;
• d’autre part un processus extraordinairement rapide de transformation de ces mêmes forces passant des préoccupations opérationnelles aux préoccupations sociétales s’inscrivant dans le grand courant révolutionnaire qui est en train de modifier de fond en comble les États-Unis d’Amérique.
« La politique identitaire est la priorité de Joe Biden, c’est tout ce qui compte », dit justement Carlson ; et il pourrait ajouter, cela est implicite, que la politique de sécurité nationale, et donc la politique des forces armées, est remplacée par cette “politique identitaire” ; et il pourrait nous épargner ce “de Biden” parce que la marionnette de son n’est là que pour épisodiquement poser le sceau tremblotant du POTUS sur telle ou telle affirmation sortie des ateliers de confection de cette “politique identitaire”.
Il se trouve que les armées US sont prêtes pour cela. En vingt ans, elles se sont complètement perverties, elles ont perdu les rares caractéristiques (plutôt que “qualités”) réellement militaires dont elles disposaient encore ; un sens de l’expansion hégémonique contrôlée, une tendance à mesurer les risques de cette expansion en gardant le contrôle opérationnel de ses actes, enfin un reste de patriotisme et une capacité d’en mesurer la nécessité de le protéger. Il est loin, le temps (fin des années 1950) où les amiraux de la Flotte du Pacifique pouvaient convaincre quelque visiteur diplomatique faisant un bon interlocuteur de leur sagesse pragmatique :
« Il y a vraiment quelque chose à part chez ces amiraux de l’US Navy, qui tient de la culture, de la tradition, et aussi d’une grande connaissance de la politique la plus haute. Ils sont très conscients que leur immense puissance a au moins un but intérieur aussi important que le but extérieur de la sécurité nationale. Ils croient que l’Amérique est intérieurement très fragile et qu’elle a besoin de structures institutionnelles très fortes. Ils pensent que des armées puissantes, et particulièrement la Flotte, avec sa force symbolique et traditionnelle, constituent un ciment qui n’est pas inutile à cet égard. D’une façon générale, ils ne sont pas très optimistes, certes non, pas du tout optimistes sur le sort futur de l’Amérique, particulièrement sa cohésion, son unité… »
Paroles prophétiques s’il en est... L’on peut même dater le temps de la chute et de la désintégration des derniers, tout derniers restes d’influence de ce sens de la mesure politique au nom des risques d’un conflit inutile ; ce temps où les présidents du comité des chefs d’état-major (JCS), c’est-à-dire les chefs d’état-major généraux, pouvaient servir de frein ultime aux folles entreprises de leurs dirigeants civils perdus dans le simulacre de leur exceptionnalisme. Les derniers chefs (présidents du JCS) à faire cet office furent l’amiral Mueller (jusqu’en 2009) et le général Dempsey (jusqu’en 2013) ; depuis, plus rien, sinon un alignement complet et sans broncher sur les phantasmes et les incuries du marigot politicien et hystérique qu’est ‘D.C.-la-folle’.
Cela ne signifie pas que les chefs et autres au sein des forces armées sont désormais des créatures corrompues (psychologiquement) et diaboliques, dispensant la bêtise générale qui règle la marche de Washington D.C. Comme les autres, tant d’autres, ils sont soumis, complètement noyés dans cette bêtise qui règne, et devenus ainsi nécessairement diaboliques et corrompus (psychologiquement) sans qu’ils soient producteurs de cette bassesse. Toutes les forces armées suivent cette ligne, amarrées en plus à la folie du système du technologisme et au fric dément qui va avec. Aussi sont-elles toutes complètement alignées sur les consignes du Système, comme ils le sont tous.
Autre réflexion du texte de PhG référencé, qui s’adapte parfaitement, et aux simulations de l’USAF face à la Chine, et aux constats de Carlson, et aux tenues de vol coupées pour abriter une grossesse jusqu’à six mois de la gestation (délai réglementaire, car on garde le sens de la discipline, morbleu !) :
« Même indépendant, même autonome, c’est donc qu’il est bien infecté le Pentagone, plus qu’il ne fut jamais ; comme dit un peu lestement un officier de rang inférieur qui a préféré garder l’anonymat, “Le Pentagone a le virus dans le cul, et sacrément profond ma foi”. (Il parle du ‘virus’ du ‘Politiquement-Correct’, me semble-t-il, plus que spécifiquement du Covid.) »
Certes, nous ne parlons pas de l’influence des tenues de vol recoupées pour la grossesse sur le comportement des forces armées US en cas d’attaque chinoise de Taïwan. Il n’y a pas d’effets directs, mais il y a le même état de l’esprit. On a pu mesurer le degré de conformisme, de prudence-PC (Politiquement-Correct) lors des divers événements autour de la campagne des présidentielles puis après l’élection. L’attitude du président du JCS, le Général Milley, sans aucune contradiction d’un de ses chefs, a été la plus grande prudence et le non-interventionnisme vis-à-vis des événements, et une adoption de plus en plus marquée des comportements et des engagements wokenistes, du dé-baptême des bases ayant les noms de personnages historiques “wokenisés” (notamment les généraux confédérés) jusqu’à l’introduction de tous les mœurs LGTBQ. Il ne s’agit pas d’événements accessoires, mais bien, là aussi, du remplacement de la politique de sécurité nationale par la politique de la diversité et de l’identitarisme.
Carlson a raison : « La politique identitaire est la priorité de Joe Biden, c’est tout ce qui compte », et pour l’armée également. Ces chefs pervertis sont pris entre la folie du conformisme-wokeniste et une trouille colossale de se trouver en défaut dans ce domaine, simplement parce que c’est cette politique qui mène le pouvoir et leurs positions, leurs progressions dans leurs carrières et leurs réputations dans le DeepState en dépendant. Il y a longtemps qu’on a pu constater la complète “politisation” des chefs militaires, dans le sens de la politique politicienne, complètement soumise aux mœurs et coutumes du monde politique. Ils s’aligneront donc sur “la politique identitaire” et les priorités du wokenisme.
Notre analyse est alors que cet état de l’esprit ne va cesser d’affaiblir la résolution des militaires face aux menaces stratégiques dont ils font eux-mêmes la planification, avec une paralysie entre ces cris d’alarme qui resteront de pure communication en s’appuyant sur une absurde politique de provocation communicationnelle conduisant à renforcer la perception de ces menaces stratégiques, et l’impossibilité de prendre les mesures opérationnelles nécessaires, sans cesse supplantées par l’urgence de suivre “la politique identitaire” qui évidemment se fiche des priorités stratégiques. L’effet est une armée déjà en bien piteux état, qui se trouve d’ores et déjà minée de l’intérieur, menacée d’une véritable désintégration interne par la priorité donnée aux mesures sociétales aux dépens des mesures opérationnelles, notamment dans le choix des chefs, la proéminence des “commissaires politiques” du wokenisme (on voit bien cette évolution avec l’installation d’un conseiller au plus haut niveau à la Maison-Blanche chargé de la diversité, qui aura autorité sur l’évolution des forces armées).
Ce que nous mettons en avant, c’est la désintégration de la volonté opérationnelle (éventuellement ce qu’on nommerait avec indulgence “volonté de puissance”), avec une concurrence de plus en plus grande exercée contre les processus opérationnels, y compris celui qui mènerait à l’emploi du nucléaire. Ce dernier point n’est pas indifférent, impliquant la volonté ou pas de l’emploi du nucléaire malgré toutes les simulations (notre propos est psychologique, pas buyreaucratique)... On ne doit pas être sans remarquer que, dans les simulations dévoilées par l’USA autour des possibilités de conquête de Taiwan, une conclusion apportée au scénario de la conquête chinoise de Taïwan dans la simulation, c’est simplement « Dans ce cas, un président américain serait probablement mis devant un fait accompli ou presque » : aucune suggestion de passer au nucléaire pour ne pas perdre la bataille...
On continuera certes à fabriquer de l’armement, puisqu’il ne s’agit là que de fric et de lobby, mais pour quel usage, d’autant que l’on fabrique des machines complètement perverties elles-mêmes (F-35) ? Seul comptera le fait de savoir si Lockheed Martin, constructeur du F-35, respecter les normes wokenistes dans sa hiérarchie, et si les pilotes du F-35-qui-ne-vole-pas sont bien répartis selon les normes de la diversité. Le temps des généraux fauteurs de guerre jusqu’à la folie nucléaire, type-Le May, semble bien être désormais passé, remplacé par le temps des généraux conformes à la diversité.
Par ailleurs et comme l’on s’en doute évidemment, on aurait bien tort de s’en plaindre puisque c’est la mise à l’encan de la formidable “US War Machine”, – laquelle, remarquons-le, a l’habitude de cette sorte de destin... Qu’on veuille bien se rappeler, pour ceux qui en sont instruits, du constat « Ce n’est pas une démobilisation, c’est une désintégration » du général Marshall en décembre 1945 devant l’effondrement total de la puissance militaire US entre mai-août 1945 et décembre 1945, aussi bien que de la désintégration de l’armée US [le phénomène de la “Hollow Army”], qui suivit la guerre du Vietnam, comme un double militaire de la crise du Watergate...
Bien entendu et pour aujourd’hui où nous sommes dans une phase finale, une telle évolution doit être appréciée dans le cadre de la poursuite et de l’accroissement continuels de la crise intérieure d’effondrement du système de l’américanisme. C’est dire si elle trouvera de quoi accélérer et s’inscrire dans la grande équation de la Grande Crise GCES.
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