• La série des “Carnets” abrite, dans dedefensa.org, les écrits de commentaires personnels d’invités du site. • Sur ce qu'on nomme “les réseaux” ou “la toile”, il s'agit  de ce qu'on désignerait en général comme un blog. • Les “Carnets”, ce sont donc les blogs des invités de dedefensa.org dont nous jugeons, en plein accord avec eux et à l'avantage et à la satisfaction de chacune des parties, qu'ils peuvent devenir des collaborateurs réguliers du site. • Il n'y a pas de limites aux sujets abordés et pas de sujets précisément assignés à ces collaborateurs : les seules exigences concernent la forme et la décence du propos, la responsabilité dans le développement du propos. • Sur le point très important du fond des textes, nous disons que dedefensa.org donne comme règle de ces “Carnets” une orientation générale des domaines abordés trouvant ses aises dans celle dont le site fait à la fois l'usage et la promotion. • Pour autant, il y a une règle impérative qui domine toutes les autres. • Il n’est pas assuré que tous les propos des invités soient dans le sens de ce qu’écrit et pense dedefensa.org, et il ne peut en aucun cas y avoir assimilation, de ce qu’écrivent nos invités avec la signature du site : l’invité est seul responsable intellectuellement de ses propos. • Il s'ensuit, cela va de soi et selon la formule consacrée, que les propos dont nous parlons n’engagent en rien et en aucune façon dedefensa.org, essentiellement bien sûr dans ce domaine intellectuel et de l'opinion. • Ces éventuelles différences et divergences ne seraient pas nécessairement signalées mais elles le seraient en cas de publicité dans ce sens ou de toute autre nécessité, avec conséquences ou pas c'est selon. • Le site décide, espérons-le en bon accord avec ses invités, des conditions diverses et de l’application des règles énoncées ci-dessus de publication de leurs écrits. (Précision technique enfin valant pour toutes nos collaborations extérieures, qui est un classique de la collaboration extérieure à un média : titres et intertitres sont de la seule responsabilité de la rédaction. Les auteurs proposent titres et inter-titres et la rédaction se réserve de les modifier dans leur formulation, bien entendu sans en déformer le sens.) 

• Les Carnets de Nicolas Bonnal sont tenus par l'écrivain, essayiste et commentateur dont on peut trouver une présentation dans le Journal-dde.crisis de Philippe Grasset, le 2 octobre 2016. • Les livres de Nicolas Bonnal sont disponibles sur sa page Kindle/Amazon à l'adresse URL suivante:

 https://www.amazon.fr/Nicolas-Bonnal/e/B001K7A4X0

Novalis (1772-1801) et notre innocence perdue

  mardi 26 février 2019

Cet immense esprit est contemporain des grands génies allemands, dont j’ai récemment rappelé quelques éclairs. Fasciné par le moyen âge, Novalis rêvait de temps originaux. Son Henri d’Ofterdingen est le plus beau roman initiatique du monde – et enfantin, car il règne chez lui une lumineuse sensibilité enfantine… je l’ai rapproché de Tolkien dans un chapitre de mon livre sur le maître anglais – d’origine saxonne. Ce qui m’a étonné c’est qu’en téléchargeant ses fragments pour els redécouvrir, je me suis rendu compte que le livre avait été emprunté dix fois en un demi-siècle, dans une librairie canadienne. Mais où va-t-on ?

On écoute cet enfant sur les hommes primitifs :

« L'homme primitif est le premier voyant spirituel, tout lui paraît esprit. Que sont les enfants, si ce n'est des hommes primitifs ? Le frais regard de l'enfant est plus illimité que le pressentiment du voyant le plus pur. »

Novalis parle du déclin de notre sensibilité moderne :

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Michael Snyder et la dystopie californienne

  samedi 23 février 2019

Les films de dystopie (Blade runner, Rollerball, Soleil vert) nous promettaient un futur abominable et surréaliste, et en vérité nous avons un futur nul qui confirme l’observation de Léon Bloy faite en 1906, à savoir que nous sommes déjà morts. On est dans un monde bête, laid, matérialiste, certes surpeuplé, mais qui ne va pas trop mal, qui fonctionne globalement. Ce n’est pas grave, on continue dans les fictions de nous promettre un futur abominable au lieu de nous montrer notre présent cher et dégoûtant… Il semble que ce pessimisme extra soit de mise dans nos sociétés pour établir la dictature ou cet imprécis ordre mondial dont rêve une partie des élites humanitaires. On nous promet le pire pour nous donner des ordres. Mais c’est un autre sujet… je maintiens que le seul film de dystopie réaliste reste Alphaville puisqu’il montrait notre décor, notre apparence de réalité, mais truffé de contrôle mental et cybernétique. C’est bien là que nous sommes, et pas dans les espaces infinis.

Je lis Michael Snyder et son blog apocalyptique depuis des années et je fais donc attention chaque fois qu’à la télévision on montre des images de la vie quotidienne en Amérique. Or de petits films sur mes espagnols à travers le monde démontrent qu’effectivement les conditions de vie aux USA sont devenues sinistres et hors de prix, sans qu’on puisse évoquer la poétique de Blade runner…Plusieurs amis fortunés qui font aussi des allers et retours et m’ont confirmé que le vieil oncle Sam coûte bien cher, comme Paris, Londres et des milliers d’endroits (même se loger en Bolivie devient un exploit, vive Morales-Bolivar-Chavez…), pour ce qu’il offre ; d’autres amis moins fortunés, universitaires, survivent durement. Car il y a en plus les persécutions politiques qui gagent nos si bienveillantes démocraties…

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Le féminisme US par-delà le rien et le mâle

  lundi 18 février 2019

Les médias expliquent qu’on demande, qu’on exige une présidente féministe en Amérique… Ah, ces élues du congrès en blanc, comme elles les auront émus, ces médias…

Je n’étonnerai personne en écrivant que 90% des antisystèmes sont des hommes, et que lorsqu’on trouve des femmes dans les rangs antisystèmes, c’est essentiellement par islamophobie. Ceci concédé, notre monde aux affaires repose sur les valeurs féminines : « pleurnicherie humanitaire » (Muray), hystérie belliciste, autoritarisme tortueux (Merkel, Clinton…). Sans oublier la haine du sexe et de la reproduction, qui sont devenues des valeurs féministes. Dans l’Espagne féministe-socialiste de Sanchez, le sexe doit se faire avec notaire.

Le Deep State et l’empire nous préparent un après-Trump (je laisse de côté le gros poisson décevant) qui sera pire que la candidate hilarante. On pense à la Cortez-machin et à ses clones ; on aura alors un bolchévisme écologiste et belliciste à la sauce féministe et antiraciste aux affaires. L’Amérique pourra-t-elle le supporter ? On espère que non et qu’elle s’écroulera avec son gnosticisme politique – sauf si elle nous emporte dans sa chute. Toujours est-il que cette montée planétaire et quelque peu comique du féminisme aboutira de toute manière à l’extinction de l’occident et sans doute du monde. On s’en moque d’ailleurs car on ne regrettera pas ce qui est devenu si méprisable. La multiplication des hommes-enfants politiques de type Macron, Sanchez, Obama, Rivera et autres (des « macroncitos » comme on dit en Espagne) montrent ce triomphe de la cause féministe qui repose sur une alliance avec les lobbies ultras des minorités sexuelles.

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Attali et sa surclasse contre les Français

  jeudi 14 février 2019

La brutalité des méthodes de la surclasse en France commence à étonner le monde. Par hasard je suis tombé sur un article très commenté de Zerohedge.com et sur un reportage de la chaîne Cuatro en Espagne. Mais même si les médias étrangers réagissent, je pense qu’en France on ira jusqu’au bout : coup d’Etat et massacres. J’en mets ma main à couper ou plutôt à arracher. Avec la bénédiction de Bruxelles, du Figaro et des soixante-huitards bourgeoisement et pieusement réunis pour fêter le triomphe de leur champion face à un peuple réveillé trop tard.

On ne peut pas dire que le mentor du macaron ne nous avait pas prévenus. Il se nomme Attali, avait très mal conseillé Mitterrand en 1981, et, passé depuis à la déification du golem de marché, il écrivait voici vingt ans ce texte sur la surclasse dont Gille Chatelet s’est trop moqué – car il est plus inquiétant que drôle. Nous sommes le 7 mars 1999 et voici à quelle sauce le Français et l’Américains vont se faire manger :

« Un capitalisme entraîné par des forces nouvelles où émergera une élite nouvelle et où se prolétarisera l’ensemble des classes traditionnelles. »

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Chatelet et le devenir-gibier de la jeunesse en France

  lundi 11 février 2019

Dans les années soixante, rappelle Thomas Frank, on a imposé le slogan Think Young, pour célébrer la marchandise et la non-culture nouvelles à base de pub et de communication, une « culture d’usurpateur », disait Guy Debord, qui veut faire oublier comment elle est arrivée au pouvoir. On chassa les anciens et la tradition pour imposer le jeunisme consumériste à base de gilet James Dean, de rébellion creuse, de chewing-gum Hollywood et de coca-cola ; cela marcha comme sur des roulettes.

Cinquante plus tard, on a une jeunesse de dystopie, à 90% ruinée par l’immobilier, par les études, promue à des petits boulots disqualifiés, à des exils ingrats, à un nomadisme cheap et à un abrutissement technologique festif. 

Malgré cela les jeunes valent mieux que leurs aînés et votent, rappellent Todd ou Guilluy, contre le système, en France comme en Angleterre.  Mais la jeunesse est remplacée et divisée. En outre elle n’a plus aucun outil culturel pour affronter le système. Depuis la fin des années 70, on ne lit plus – ou mal…

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La présidence Macron et la génération Descoings

  samedi 09 février 2019

La présidence Macron est caractérisée par une brutalité festive et un besoin d’adoration déçu qui fait redoubler le régime en férocité. Tout cela se passe bien sûr avec l’assentiment des bourgeois qui reconnaissent en cet enfant terribleun des leurs.

Mais la présidence Macron est en fait une métastase de la révolution Descoings, l’illustre énergumène qui à sciences-po imposa les minorités sans examen d’entrée, les études à douze/vingt mille euros par an, les salaires à un demi-million et une américanisation à outrance, le tout couronné par un culte de la personnalité à nul autre pareil. 

Il est important de revenir sur ce personnage à l’heure où, entouré de ministres et députés trentenaires tous diplômés d’un sciences-po très payant et très seyant, le résident de l’Elysée néglige la vieille ENA et surtout nous enfonce dans ce néofascisme festif caractéristique de cet occident de la fin, de ce côté obscur de la farce.C’est Pétrone à la une, et sur tous les fronts encore. Je recommande encore et toujours les opus de Sophie Coignard sur cette épineuse observation : notre oligarchie est bien incapable…mais culottée. 

Le livre de mon ancienne condisciple Raphaëlle Bacqué (nous étions à sciences-po au milieu des années 80, qui étaient les années du syndicat étudiant déjanté des aristocrates libertaires) dévoile une partie de la fesse cachée de ce fantastique iceberg qui a fini par fondre/déteindre sur la France tout entière. De Sarkozy à Macron on voit la même dérive maligne, autoritaire et libérale, la même volonté de s’en mettre plein les poches, la même gestion démente du pays et le même je-m’en-foutisme provocateur et malappris. L’euro, l’OTAN et la mondialisation auront déchaîné des élites jusque-là ankylosées par la tartuferie bourgeoise.

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Michel Houellebecq contre le système

  lundi 04 février 2019

Il a récemment soutenu Donald Trump et c’était très bien de le faire. Il avait attaqué la religion de paix et d’amour de Riyad et c’était très bien de le faire. Il remet en cause les acquis de la révolution sexuelle et  libertaire, et c’était encore mieux de le faire. Il a régulièrement insulté ses ennemis et c’est bon de le faire.  Il ne vit pas en France, et il a raison de le faire. Comme dit Bonald, dans son essai sur l’émigration :

« Le sol n'est pas la patrie de l'homme civilisé ; il n'est pas même celle du sauvage, qui se croit toujours dans sa patrie lorsqu'il emporte avec lui les ossements de ses pères. Le sol n'est la patrie que de l'animal ; et, pour les renards et les ours, la patrie est leur tanière. Pour l'homme en société publique, le sol qu'il cultive n'est pas plus la patrie, que pour l'homme domestique la maison qu'il habite n'est la famille.L'homme civilisé ne voit la patrie que dans les lois qui régissent la société, dans l'ordre qui y règne, dans les pouvoirs qui la gouvernent, dans la religion qu'on y professe, et pour lui son pays peut n'être pas toujours sa patrie. »

De toute manière il a aussi dit que le monde est devenu un hôtel.

Il, c’est Michel Houellebecq.

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La férocité de la nouvelle révolution bourgeoise

  jeudi 31 janvier 2019

Notre président devient de plus en plus brutal, et il a bien raison. Il a devant lui un mouvement d’autodidactes, un peuple de distraits ou de résignés, et encore quatre ans de pouvoir. Si dans quatre ans il est battu, ce sera par Pécresse ou une autre bécasse aux ordres de la « surclasse » en pleine forme.

Voyons pourquoi.

La France devient une dictature de riches (le GN est plus précis que la banale ploutocratie) ; tout est référencé dans le très bon livre de Sophie Coignard publié par Albin Michel. Seulement ces riches (une simple alliance d’affairistes et de hauts fonctionnaires) ne se contentent pas de voler le trésor public, de se servir les premiers, de privatiser et de faire s’effondrer le niveau de vie des moyens et des pauvres. Ils veulent, ces riches, faire des leurs et révolutionner le monde, se priver des vieilles règles type travail-famille-patrie (réécoutez la chanson de Fugain gentils/méchants qui était écrite en ce sens) et tout modifier en fonction d’impératifs du type écologie-migrants –genre-végétarisme, tous destinés d’ailleurs à faire disparaitre la population de leur pays respectif. Les aveux de Cochet en ce sens (supprimer les naissances européennes pour laisser pulluler les migrants) étaient excellents.

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Bergson et les blasphèmes de la société ouverte

  lundi 28 janvier 2019

Ce sujet effrayant mériterait un livre détaillé. La société ouverte de Soros veut imposer le chaos partout : comme le chaos n’est pas naturel (relisez Gilles Chatelet) il faut l’imposer par la force, un peu comme le néolibéralisme s’impose par les thérapies de choc. Mais d’où vient cette société ouverte qui veut nous clouer le bec ?

On commence par le médiocre Karl Popper. On sait que Popper utilise cette expression pour s’en prendre aux ennemis que seraient les géants Platon, Hegel et Marx. Bref les plus grands génies de la pensée occidentale deviennent les ennemis de cette société moderne et ouverte. Ah, ce passé.... Vague prof d’université qui se prit pour le petit juge de la philosophie occidentale, Popper, libéral autrichien exilé en Nouvelle-Zélande, faisait partie de ces vrais penseurs de notre temps dont parla un jour Guy Sorman, et qui n’avaient de penseur que le nom. Ils étaient là pour imposer la société libérale chaotique, inégalitaire et fascisante dans laquelle nous sommes maintenant plongés à plein-temps. Dans Vivre et penser comme des porcs, livre qui me fut recommandé par Chevènement (nous avions le même éditeur), Gilles Chatelet décrivait l’origine britannique de cette pensée postmoderne : Hobbes et Bentham bien sûr, l’ineffable Malthus (voyez ce qu’on fait de nos jeunes), Mill, Hayek, Gary Becker, etc. On en reparlera.

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Benjamin Griveaux et le problème mondial du logement 

  vendredi 25 janvier 2019

Cet obscur porte-parole du pouvoir (on n’ose dire du gouvernement) qui avait déjà fait rire pour des démêlés portiers avec les gilets jaunes, vient de rendre publics ses problèmes de logement parisien. J’ai récemment abordé ce problème bien mondial de l’ogre immobilier, mais l’exemple vaut son pesant d’or.

Le drôle gagne huit mille euros net par mois et il ne peut donc s’acheter d’appartement dans une capitale où le mètre carré dépasse les dix mille euros, soit dix fois le prix du début des années 80, quand les socialistes prirent le pouvoir dans l’hexagone. Depuis que les bobos ont viré la droite dans les arrondissements tendance de la capitale festive, le prix du mètre carré a simplement quadruplé. Nos élites mondialisées vivent bien chichement.

Le porte-parole ne peut donc s’acheter pour un million d’euros ou plus un modeste trois pièces dans le quartier germanopratin, où le maîtres’échange à quinze mille. Il lui faut donc louer mais, même à ce tarif, il ne peut guère espérer mieux qu’un soixante mètres carrés pour lequel il devra banquer entre deux et trois mille euros, suivant la situation.La vérité, c’est que les deux-tiers des parisiens vivent comme des rats, simples locataires, sans voiture et même sans espace.

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Léon Tolstoï et les joyeux débuts du bobo

  mardi 22 janvier 2019

Reparlons du bobo. Si Balzac dessine le bourgeois conditionné parisien (voyez les merveilleuses premières pages de la Fille aux yeux d’or), il meurt trop tôt et ignore le bobo qui se développe à la fin du siècle. Tolstoï va le décrire au début d’Anna Karénine. Son personnage Stéphane est bête (signification de bobo en espagnol), friqué, endetté, modéré, et prêt à toutes les réformes libérales – comme disait Duroselle, un parti ne revient jamais sur une réforme désastreuse ; il se contente de la compléter ! Mais restons-en à Stéphane, personnage éprouvant s’il en est – comme toute cette humanité bourgeoise et branchée, moderne et inconsistante. Stéphane adore aussi être à la mode et il croit tout ce que racontent les journaux…

« Le journal que recevait Stépane Arcadiévitch était libéral, sans être trop avancé, et d'une tendance qui convenait à la majorité du public. Quoique Oblonsky ne s'intéressât guère ni à la science, ni aux arts, ni à la politique, il ne s'en tenait pas moins très fermement aux opinions de son journal sur toutes ces questions, et ne changeait de manière de voir que lorsque la majorité du public en changeait. » 

Tolstoï enfonce le clou dans le cerveau de son petit-bourgeois gominé. L'opinion est un produit, ou pour mieux dire un meuble  qui est là pour décorer le cerveau du bourgeois. On pense aux éditions de 200 pages des journaux « prestigieux »  qui encombrent le dimanche les tables et les cerveaux bourgeois : économie, russophobie, yachting, villégiature, mode, prêt-à-penser, santé, bouffe, interdits, people, météo, tout y est.

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Thomas Frank et la dérive de la gauche milliardaire

  vendredi 18 janvier 2019

Thomas Frank est l’auteur d’essais reconnus en Amérique sur la collusion de la subversion et des milliardaires. Dans The Conquest of cool, il exposa comment la pub et le Big Business recyclèrent la contre-culture et la contestation dans les années 60 (il parle d’un changement de paysen cinq ans). Plus récemment, Frank explique comment, en Amérique comme en France, les riches votent à gauche. Dans cet article publié par Le Monde diplomatique il montre et dénonce la collusion entre les forces milliardaires et la bourse des valeurs morales tenue par une clique d’oligarques branchés. Deux cibles : les Clinton et le duo Weinstein.

Tout ce que dit Thomas Frank est frappé au coin du bon sens : une seule observation, à savoir que la trahison du pauvre - et la célébration du fric - par la gauche entame son troisième siècle. Tout est déjà observé à la fin du dix-neuvième siècle par Roberto Michels, Georges Sorel et bien sûr par un Engels aigri. Serge Halimi l’avait recensé dans son essai Sisyphe est fatigué. Depuis la gauche mondialiste évente son agenda bouffon (climat, migrants, théorie du genre, etc.) en instaurant la dictature messianique de son fric moraliste.

On lit Thomas Frank :

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Marx, la république et son règne des banquiers

  lundi 14 janvier 2019

Oh, ce présent permanent : alors que l’élite mondialisée écrase en France le peuple sous son talon de fer au nom de la république, du libéralisme et des banquiers – surtout des banquiers -, j’invite à relire le bel essai de Marx sur la Lutte des classes en France, qui réconciliera un peu plus populistes de droite et de gauche. La scène se passe dans les années 1840 puis sous la seconde république. On commence : 

« Après la révolution de Juillet, lorsque le banquier libéral Laffitte conduisit en triomphe son compère le duc d'Orléans à l'Hôtel de ville, il laissa échapper ces mots : « Maintenant, le règne des banquiers va commencer. » Laffitte venait de trahir le secret de la révolution. »

Et c’était en 1830… Après, c’est le règne prototypique de Louis-Philippe… Marx :

« Ce n'est pas la bourgeoisie française qui régnait sous Louis-Philippe, mais une fraction de celle-ci : banquiers, rois de la Bourse, rois des chemins de fer, propriétaires de mines de charbon et de fer, propriétaires de forêts et la partie de la propriété foncière ralliée à eux, ce que l'on appelle l'aristocratie financière. Installée sur le trône, elle dictait les lois aux Chambres, distribuait les charges publiques, depuis les ministères jusqu'aux bureaux de tabac. »

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Christophe Guilluy et le mystère bobo

  jeudi 10 janvier 2019

« Le grégarisme social est un des fondamentaux de la bourgeoisie. À cet égard, les bobos ne font pas exception. »

Les livres de Guilluy sont riches et instructifs, et plutôt que d’en faire une présentation globale, je traiterai une question essentielle – celle du bobo qui semble devenir une entité eschatologique dans le monde déclinant et menaçant –mais aussi délirant - où nous vivons. Bio, parfois homo, puéril, homogénéisé, aseptisé, unisexe (même avec des gosses), xénophile, francophobe, multiculturel, solidement abruti par ses médias subventionnés, avec son cadre de vie surprotégé et par le bonisme dont parlait le grand historien US Stanley Payne, le bobo est effrayant. Et il devient méchant, car il justifiera, après la guerre en Syrie et l’opération des migrants, toutes les brutalités d’un président honni pour préserver, sinon son cadre de vie, du moins son cadre mental qu’il nous a imposé depuis trente ans de réaction bourgeoise socialiste. Rien de neuf sur le fond : lisez Taine (le bourgeois est un être de formation récente…) et comprenez que le bobo est un jeune bourgeois moliéresque relooké. Soyons précis : le bobo n’est surtout pas bohême, il a été fabriqué par la société postindustrielle et par le surdéveloppement étatique, il est puritain, orwellien, aseptisé, il veut tout censurer. Sa festivité est d’appellation contrôlée, et il pratique le tri sélectif dans tout ce qu’il fait. Le bobo obéit, alors que le peuple réagit.

Mais essayons de ne pas trop polémiquer et d’étudier cette entité qui vote Macron et socialo, recueille le migrant (regardez l’article de Télérama qui est à mourir de rire) mais hait son prochain (voyez Cochet qui nous demande de disparaître pour laisser la place au migrant).

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René Guénon sur notre société festive

  samedi 05 janvier 2019

Comme prévu la société festive est de plus en plus sinistre, et comme prévu elle est de plus en plus autoritaire et orwellienne, avec un arrière-fond imbibé de satanisme. Voyez Vigilantcitizen.com qui recense le bal illuminé de l’UNICEF. Ici, on passe de la fête de la musique à l’arrestation de Drouet et à l’épuration du web parce qu’on est cool, ludique État-de-droit dans ses bottes....

Philippe Muray a brillamment « tonné contre » la société festive. On l’a rappelé ici-même. Mais on va remonter plus haut et examiner le corps du délit avec notre René Guénon. Qu’était une fête dans le monde traditionnel ? Une subversion momentanée de l’ordre. Guénon, dans ses admirables Symboles de la science sacrée :

« Il n’est pas inutile de citer ici quelques exemples précis, et nous mentionnerons tout d’abord, à cet égard, certaines fêtes d’un caractère vraiment étrange qui se célébraient au moyen âge : la « fête de l’âne », où cet animal, dont le symbolisme proprement « satanique » est bien connu dans toutes les traditions, était introduit jusque dans le chœur même de l’église, où il occupait la place d’honneur et recevait les plus extraordinaires marques de vénération ; et la « fête des fous », où le bas clergé se livrait aux pires inconvenances, parodiant à la fois la hiérarchie ecclésiastique et la liturgie elle-même. Comment est-il possible d’expliquer que de pareilles choses, dont le caractère le plus évident est incontestablement un caractère de parodie et même de sacrilège, aient pu, à une époque comme celle-là, être non seulement tolérées, mais même admise en quelque sorte officiellement ? »

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Lasch, Macron et la sécession des élites

  mardi 01 janvier 2019

Un peuple contre son élite américanisée-friquée-bobo. La situation française est exemplaire, caricaturale. Le pays de la monarchie absolue est devenu celui de la dictature branchée absolue. D’où ces révoltes contre les Marie-Antoinette de la création… On se référera pour illustrer ce que je dis à l’incroyable livre de Raphaëlle Bacqué (un de mes anciennes condisciples à sciences-po) sur le Richard Descoings un temps idolâtré. Il explique la rupture entre un peuple et ses élites.

Le célèbre écrivain de SF William Gibson distingue dans son Neuromancien les élites (qui ont accès aux riches banques de données) et la masse des hommes zombis qu’il nomme la viande. Gibson voit son pays développer une dystopie. La viande on le voit sous nos yeux, c’est la race honnie et méprisable des gilets jaunes - et les élites, bobos ou autres, sont cet agglomérat de technocrates, de fils de riches, d’énarques, de féministes et de bureaucrates mondialisés qui défont la France à la vitesse du vent. Et ce sont ces élites françaises qui, comme les Clinton en Amérique se rebellent en mutant, notamment à partir de Paris et des grosses villes moyennes. Elles se croient au-dessus du lot. Dans son admirable étude sur la révolte des élites, Christopher Lasch écrivait :

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Régis Debray et la déchéance de l’élite intello française

  vendredi 28 décembre 2018

L’interview a quelque temps, mais vu ce qui se passe en France en ce moment, elle me paraît totalement d’actualité. Je reproduis ma réaction.

Intellectuel-système mollement opposant, médiocrement inspiré, voire littéraire, Régis Debray est une incarnation du monde médiatique qu’il fait mine d’étudier et de dénoncer.

Récemment interviewé par un journaliste, FETHI BELAID, plus inspiré que lui, Régis Debray a encore défendu sa France en demi-teinte de toujours, la république machiniste façon Chevènement et père Combes. Mais il a surtout fait acte d’abdication : le monde change, il faut changer alors, il faut étudier la technologie… Pourquoi pas, mais en Chine ou en Russie ! Parce que chez les américains, on a basculé dans le grand simulacre façon Tesla-Nasa…

Parfois quelques éclairs de perception :

« Je n’aime pas le mot péjoratif de « décadence », qui fait du tort au moment le plus savoureux, le plus créatif d’une civilisation : celui de son déclin, quand elle touche au « point doré de périr ». Et je ne porte pas de jugement de valeur sur le nouvel état du monde. »

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Nizan et les caractères de notre tyrannie bourgeoise

  mardi 25 décembre 2018

Disons-le enfin nûment. Nous sommes dirigés par des bourgeois, nous le savons grâce aux gilets jaunes maintenant. Même volage libertin, le « bourgeois sauvage », comme j’écrivais jadis, type Valls ou Hollande, sera sans pitié pour les questions de pognon et de mondialisation, et il le sera d’autant plus qu’il est préoccupé de questions de migrations, de climat, de régionalisme ultra ou de pollution. Il est humanitaire, donc plus moral que le peuple qu’il exploite et méprise. Soros, Rothschild, Macron, BHL, Pinault, les larbins surpayés de la télé et tutta quo sont des bourgeois qui estiment valoir plus que nous, en termes matériels, mais aussi moraux. Ils s’arrogent donc le droit de nous remplacer. Et ils ont gardé, avec leur modèle anglo-saxon, comme ennemi de  toujours, la Russie, qui, tzariste (lisez mon texte sur Tocqueville et la russophobie), communiste ou orthodoxe-démocrate, a le pouvoir de les rendre fous.

Cela étant dit, on en reviendra à Paul Nizan que j’ai enfin découvert en relisant les Nouveaux chiens de garde de Serge Halimi. Halimi a très bien décrit la déviance du journaliste de marché dans son livre bourré de notes, mais il a omis de rendre un hommage au livre de Nizan (voyez wikisource), qui est un chef-d’œuvre. 

Le bourgeois exploite certes, et il aime les hommes, mais à distance. C’est pourquoi il n’aime pas son prochain. Le milliardaire américain conchie les déplorables, le milliardaire européen conchie son gilet jaune et le fait coffrer en lançant une énième chasse au terroriste invisible.

Nizan donc :

« Le bourgeois est un homme solitaire. Son univers est un monde abstrait de machineries, de rapports économiques, juridiques et moraux. Il n’a pas de contact avec les objets réels : pas de relations directes avec les hommes. Sa propriété est abstraite. Il est loin des événements. Il est dans son bureau, dans sa chambre, avec la petite troupe des objets de sa consommation : sa femme, son lit, sa table, ses papiers, ses livres. »

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Zygmunt Bauman et le bon usage du terrorisme

  vendredi 21 décembre 2018

Il est important de contrôler les masses rétives et de les faire plier. L’attentat de Strasbourg n’a pas failli à cet égard. Las, chat échaudé craint l’eau froide. Et le pouvoir aux abois, avec cette arme ridicule de 1892, n’a pas su exploiter le massacre pour interdire à la France de se réveiller. Le Bataclan, lui aussi coordonné dans des circonstances invraisemblables, fut mieux exploité et maintint l’État-PS et le lobby euroatlantiste au pouvoir, mal dans les baskets des déplorables depuis l’élection du Donald. 

On va relire le sociologue israélo-britannique Zygmunt Bauman, auteur de remarquables essais sur notre postmoderne et zombi mondialisation. Il a bien compris que la clé c’est la peur et son exploitation (on est en 2002) :

« Mais l’envoi de troupes en Irak n’a fait qu’aggraver la crainte de l’insécurité, aux États-Unis et ailleurs…. Comme on aurait pu s’y attendre, le sentiment de sécurité ne fut pas la seule victime collatérale de cette guerre. Les libertés personnelles et la démocratie ont vite connu le même sort. Pour citer l’avertissement prophétique d’Alexander Hamilton :

« La destruction violente des vies et des biens que causent la guerre et l’inquiétude permanente qu’entraîne un état de danger permanent obligeront les nations les plus attachées à la liberté à chercher le calme et la sécurité auprès d’institutions qui tendent à détruire leurs droits civils et politiques. Pour être plus protégées, elles finissent par accepter le risque d’être moins libres. »

Bernanos : pourquoi les Français n’ont plus de patrie…

  dimanche 16 décembre 2018

Les gilets jaunes ont marqué une résurrection populaire et patriotique. Cette résurrection s’est faite au détriment d’un État autoritaire, dépensier et déconsidéré, et de ses hauts fonctionnaires, énarques alliés aux banquiers, ceux que Bernanos nommait les grands citoyens.

J’ai déjà évoqué la France contre les robots ou la Grande-peur des bien-pensants, si indispensable pour comprendre la disparition de la chrétienté puis du christianisme en France en particulier (et qu’on ne vienne pas contredire Bloy ou Bernanos…). Mais Bernanos perçoit la disparition de la France en tant que patrie, patrie dévorée par le monstre étatique. L’État moderne, « le plus froid des monstres froids », a tout bouffé en effet, patries, familles, races, peuples, culture, folklore, création, absolument tout, même les sexes. Tolstoï soulignait que l’enseignement de l’art à l’école était le moyen le meilleur d’en venir à bout. L’État crée le processus de dé-civilisation dont a parlé brillamment Hans Hoppe. Et il est inutile de parler d’État profond quand on voit ce qui se passe depuis des années ou même des siècles. De même il n’y a pas d’État-nation. L’État détruit la nation dans chaque pays européen par exemple et puis naturellement comme un monstrueux organisme il s’agrège au monstre totalitaire européen, puis au mondialiste.

(Suite)