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347224 Août 2021 – J’aurais pu choisir comme titre, après tout : “les déchirures béantes du simulacre”. (Une habitude, ça, de parfois confier au lecteur, derrière le titre choisi, l’autre titre qui aurait pu être choisi : signe de la diversité et de la profondeur extrêmes des sujets traités... Et c’est moins la question du choix [de l’auteur] que la pression extrême de l’immense tourbillon crisique qui pare tous les sujets traités de ces caractères.) Disons alors que “la caverne” est aussi un “simulacre”, et je crois que nous ne sommes pas loin du vrai.
Ci-dessous, je me permets de me référer à un texte d’Arnaud Benedetti (*) qui décrit ce qu’il juge être l’action de ce que je nomme les “élitesSystème“ face à la révolte “anti-passe” considérée dans une continuité montante et résonante de révoltes populaires dont l’une des grandes étapes fut bien entendu les “Gilets-Jaunes” (GJ). Benedetti fait remarquer, et c’est parfaitement mon avis et mon propos, que « Les mobilisations anti-passe sanitaire disent bien plus des élites que des manifestants » ; et ce qu’elles nous en disent est caractérisé par un paragraphe de la fin du texte :
« ...[U]ne pensée élitaire qui, prise aux pièges de ses contradictions et de son impuissance, n’hésite plus à recourir à des procédés massifs de persuasion pour faire valoir le bien-fondé de sa politique et démonétiser sans autre forme de procès les segments qui s’inquiètent des conséquences de l’action publique. Le mépris et la propagande sont le sceau de pouvoirs affaiblis qui se durcissent sous le poids d’événements qu’ils ne maîtrisent pas ou peu. »
Cela me permet d’en venir à l’instrument principal de ce texte, qui est une interprétation adaptée aux événements de la très-fameuse intervention de Platon. On connaît quasi-universellement “l’allégorie de la caverne” (voir le traitement du Wiki, ou sous une autre forme, excellente, cette interprétation du site ‘LePrécepteur’), et ce que je veux en faire ici est d’en user pour décrire le déroulement de l’actuelle situation crisique ; et bien sûr, le procédé, qui vaut pour la crise-Covid parvenu à son épisode de révolte des anti-passe en France (avec des répliques similaires dans nombre d’autres pays), vaut aussi bien pour d’autres épisodes crisiques qui s’agglomèrent dans le tourbillon de la Grande Crise, et notamment celle de l’Afghanistan, avec son récit épique de l’hyper-désordre de l’aéroport de Kaboul... Car il s’agit du surgissement de la lumière que Platon situe logiquement en-dehors de la caverne, là où le soleil nous inonde de sa vérité.
En fait, il s’agit d’offrir une variation sur “l’allégorie de la caserne”, une sorte d’actualisation si l’on veut, par rapport aux conditions dans lesquelles nous vivons, à nos capacités, etc. C’est du Platon de la modernité-tardive, et du Platon appauvri pour les besoins de la cause, sans toute la symbolique fondamentale du philosophe de la Grèce classique, mais qui peut-être, par un chemin tortueux, rejoindrait tout de même une voie vers une certaine forme de la signification fondamentale qu’il a voulu y mettre.
J’imagine alors les spectateurs enchaînés de la caverne, obligés de ne regarder que le théâtre d’ombres que les manipulateurs, c’est-à-dire nos élitesSystème, projettent sur la paroi intérieure de la caverne. Les spectateurs ne peuvent ni se libérer, ni être libérés, tant sont puissantes les chaînes qui les tiennent. Mais il ne s’agit pas vraiment de chaînes : cette force qui les tient attachés à la place où ils se trouvent est, aujourd’hui, figurée par la puissance fascinatrice du système de la communication manipulée à leur avantage par nos élitesSystème. Cette puissance fascinatrice est manipulée sans la moindre vergogne du fait du mépris écrasant que les manipulateurs et élitesSystème manifestent pour les prisonniers enchaînés et obligés de se contenter du théâtre d’ombres comme seule représentation possible du monde.
« Mais par-delà ce premier constat, cette minorisation s’accompagne d’une tonalité plus parlante encore en ce sens qu’elle tend à réduire les opposants au passe à un agglomérat obscurantiste d’antivax, de complotistes et autres radicalisés. Cette disqualification socio-politique s’inscrit dans le droit fil du processus de stigmatisation qui avait frappé en son temps les Gilets jaunes. Cette entomologie de classe n’est évidemment pas une science ; elle est l’expression d’une lutte, d’une violence symbolique qui ne se retient plus, dont le but est de dégrader de leur aptitude à la citoyenneté des oppositions populaires à une mesure verticale, présentée comme provisoire certes, mais néanmoins tout autant liberticide qu’inégalitaire.
» Rarement le mépris du “haut” pour le “bas ” se sera exprimé de manière aussi décomplexée que sous le mandat du Président Macron qui prolonge ainsi des décennies de sécession élitaire. Cette émancipation des codes démocratiques les plus élémentaires, à savoir le respect social inconditionnel, est un trait amer de notre temps. L’opposant, dès lors qu’il se saisit de la rue pour formuler sa protestation, est l’objet d’une dégradation implicite de toutes ses “qualités” de citoyen : il ne peut-être que sous-éduqué, mal-pensant, indigne de la démocratie et du progrès, factieux par inculture. La morgue se manifeste sans retenue à proportion que grandissent les questions et les doutes sur la conduite de l’État. »
Mais dans notre variation du type modernité tardive de l’allégorie, ce qui fait toute la puissance plus forte que des chaînes qui va déciller le prisonnier plutôt que le délivrer, c’est l’intervention de “l’effet-Janus” du système de la communication. Ce phénomène est aujourd’hui d’un très grand usage, pour l’habituelle manœuvre de retourner contre le fort du temps-présent sa puissance-usurpée qu’il prétend vous imposer.
Dans ce cas symbolique de l’allégorie, la puissance contraire à celle des manipulateurs du système de la communication est d’ordre tellurique, avec des poussées souterraines furieuses s’attaquant à la structure de la grotte et creusant dans ses parois des fissures qui deviennent bientôt des fractures béantes par lesquelles la lumière du soleil pénètre en rayons puissants. On comprend alors que ces colonnes de lumière font, à leur rythme, pâlir de plus en plus, jusqu’à leur effacement prochain, les ombres de la paroi.
Ainsi, à la différence de l’allégorie initiale, les prisonniers n’ont pas besoin de monter jusqu’en-dehors de la grotte pour découvrir la lumière du soleil ; c’est la lumière elle-même qui, peu à peu puis de plus en plus vite, les décille et donc les délivre en les élevant hors de leur piètre condition.
Contre cela, cette mécanique-là, que peuvent faire les manipulateurs, les élitesSystème, sinon en rajouter et en rajouter encore, dans le même sens infâme qui se transforme en erreur terrible ? « La com’ propagandiste bat son plein, à demi-consciente d’elle-même... »... Sinon se replier sur des enjeux ridicules auxquels ils sont réduits, pour exécuter des tirs formidables et qu’ils espèrent écrasants et fascinatoires de communication, et qui ne cessent de se retourner contre eux ?
« Le vaccin, dont la question de l’efficacité de la couverture dans la durée se pose avec plus d’acuité tous les jours, est ainsi érigé en nouvelle ligne Maginot, sans que le sujet des traitements dans le même temps ne soit abordable, comme s’il s’agissait là d’un quasi-tabou. »
... Et l’on sait bien ce qu’il advint de la Ligne Maginot.
Je ne cesse de trouver d’ailleurs, au gré de leurs mémoires courtes, des rapprochements baroques et bouffes, décrivant les contradictions éprouvantes où se trouvent plongés les manipulateurs des élitesSystème. Ces ardents paladins du Graal de la modernité-tardive qu’est le vaccin brillant de tous ses feux, ainsi honoré par ses preux chevaliers, – les Sires Pfitzer, Moderna, AstraZeneca, les Sires-jumeaux Johnson, – ont effectivement la mémoire fort courte pour ne se plus rappeler des causes dont les effets les entraînent dans la contradiction perverse ; car se rappellent-ils que l’instigateur et le moteur-turbo de la production accélérée de ce Graal-tardif qu’est le vaccin fut ce monstre indicible et insupportable qu’ils abominèrent, lui-même conduisant avec le panache fabriqué d’une émission de télé-réalité les foules de ceux qu’ils méprisent tant aujourd’hui :
« ...l’on se rappelle qu’il y eut une réunion le 2 mars 2020 (je répète : ‘2020’), à la Maison-Blanche, entre Trump & son équipe d’une part, les grands patrons-friqués de Big Pharma d’autre part. Le 2 avril 2020, il y eut le lancement par la Maison-Blanche du programme ‘Operation Warp Speed’, Trump annonçant que par ce processus pouvoir fédéral/secteur privé accéléré, il y aurait des vaccins à la fin de l’année (2020). »
Ainsi, le sommet de drôlerie dans cette caverne qui prend avec grande joie les rayons de la lumière comme leur bateau pourri prend eau, c’est bien cet écho qui nous est venu d’Alabama, où l’ex-président et futur-candidat qui terrorise toutes nos élitesSystème “sophisticated-vaccinated” tenait meeting, avec grand succès et beau rassemblement de foule, et qui oublia dans quel sens tournait, aujourd’hui, les aiguilles d’une montre, s’emportant jusqu’à exhorter ses partisans à se faire vacciner comme au bon vieux temps des débuts du Covid ; et alors, devant les réactions de la foule entretemps décillée, semblant un instant presque ressembler à Joe Biden slalomant au milieu des nouvelles de l’aéroport de Kaboul :
« “Et vous savez quoi ? Je crois totalement en vos libertés. J’y crois. Vous devez faire ce que vous avez à faire, mais enfin je vous recommande ceci : Faites-vous vacciner. Je l’ai fait. C’est bon. Faites-vous vacciner”, a déclaré le président Trump, puis cette déclarations provoquant aussitôt de très fortes huées de la part de la foule. “Vous avez... non, c’est bon, c’est bon. Vous avez vos libertés, mais il se trouve que j’ai pris le vaccin. S’il ne fonctionne pas, vous serez les premiers à le savoir, [je vous le dirais]. D’accord ? J’appellerai l’Alabama et je dirai : ‘Hé, vous savez quoi ?’ Mais pour l’instant ça marche. Mais euh, bon, vous avez vos libertés. Vous devez les protéger, vous devez les maintenir. Vous devez maintenir vos libertés et vous devez ramener vos enfants à l’école. » (Le coup des “enfants à l’école”, c’est beaucoup plus assuré que l’encouragement au vaccin, on se rattrape comme un peu.)
Ce petit aparté pour vous dire que, décidément, cette caverne est bien mal tenue, dans le plus grand désordre encombré d’immondices, et que les manipulateurs font vraiment un travail de cochons, se baladant de contradictions en contradictions. Comme comploteurs globalisants et goulagisants, on a fait mieux ! D’une Ligne Maginot l’autre, ils vont se retrouver foutus hors de la caverne avec tous leurs prisonniers déjà habitués à la lumière qui les entraînent irrésistiblement, sans violence inutile, les laissant faire comme ils sont ; et eux, ainsi précipités, eux les élitesSystème, progressant en aveugles, se cognant partout, au gré de leurs mensonges dont ils recousent fiévreusement leur simulacre qui ne cesse de se déchirer.
Ainsi La Boétie rit-il joyeusement dans son Au-Delà, nous rappelant ceci : « Or, ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattra, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner... »
Et Benedetti, quant à lui, promptement fait le procès de ce comportement infâme poussé à la surpuissance mais qui ne cesse de les dévorer (surpuissance-autodestruction), conclut-il sobrement et décisivement, – sur l’image de leur dictature dérisoire réduite à une option qu’un peu de sable efface, misérable petit tas de mensonges :
« Dans la panique des circonstances, on en vient enfin à malmener les libertés premières avec une insolence telle que toute manifestation d’inquiétude quant à ce sacrifice, ne serait-il que provisoire aux yeux de la loi, est estimé hors-de-propos, voire superfétatoire. C’est comme si tout ce qui fonde nos régimes ne relevait dans le fond que d’un décorum, comme si également ce produit pluriséculaire de luttes pouvait être suspendu sans que l’on ne puisse mettre en question cette suspension et l’engrenage qu’elle pourrait susciter. Les élites nous font ainsi savoir que la démocratie dans laquelle nous avons été socialisés n’est plus peut-être qu’une option. »