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Octets risqués...

Article lié : Notes sur l’énigme explosive de Snowden-Greenwald

Jack v.

  15/07/2013

« Snowden has enough information to cause more damage to the US government in a minute alone than anyone else has ever had in the history of the United States »

Voilà qui illustre bien l’idée selon laquelle les technologies numériques peuvent apparaître comme une source de puissance mais qu’elles sont en réalité génératrices de défauts mortels pour les systèmes humains.

On l’avait vu avec la découverte de l’activité du ver Stuxnet. On voit aujourd’hui qu’un seul homme a la possibilité, dans certaines conditions, de mettre à genoux l’hyper-puissance Elle-même.

L’informatique donne la possibilité de concentrer une énorme quantité d’informations dans un petit volume et de transférer ces informations à l’autre bout du monde quasi-instantanément. Avec l’affaire Snowden, on se rend compte que les hommes qui dirigent les services secrets n’ont toujours pas compris ce que cela signifie.

Les espions du vingtième siècle risquaient leur vie pour un microfilm et la récupération de ce dernier justifiait l’envoi dans les eaux ennemies d’un sous-marin. Aujourd’hui tous les secrets d’un état peuvent être concentrés sur un disque dur et passer à l’ennemi en quelques secondes avec un résultat géopolitique catastrophique et irréversible.

La faille réside, bien sûr, dans l’intervention d’opérateurs humains. Les pays qui désirent garder des secrets pour le reste du monde devront donc se pencher sur cette question de la fiabilité de l’opérateur humain. Les US et le Système dans son ensemble ont donc du pain sur la planche. Heureusement pour nous.

Au delà de cela, cette affaire nous éclaire sur une question digne d’un sujet de philo : l’informatique a-t-elle plutôt tendance à asservir ou à libérer l’Homme ?

Si on observe le comportement des états qui, tout en désirant tout contrôler en permanence, généralisent l’usage de l’informatique pour l’archivage des données, spécialement dans les domaines relevant du secret d’état, la réponse est immédiate. En tant qu’individu, je ne perds grand chose à être surveillé par des moyens électroniques alors que si ce que nous dit Greenwald est fondé, les services secrets des US ont pris un risque énorme en confiant leurs secrets à la logique binaire.

La pétition Nobel prend forme...

Article lié : Notes sur l’énigme explosive de Snowden-Greenwald

Jack v.

  15/07/2013

Et hop ! Une banderille dans le derche du Système… Poussons la Bête au summum de sa rage et voyons ce que cela donne !

Inconnaissance

Article lié : Notes sur l’énigme explosive de Snowden-Greenwald

Zolpi

  15/07/2013

Bonjour monsieur Grasset
Désolé mais là je ne vous suis plus ; je vous site : “Plus nous savons, moins nous comprenons. D’autre part, la nécessité de rompre, de refuser certaines connaissances, y compris la connaissance du “réel”, – bref, l’inconnaissance”.

Cordialement et respectueusement

Quoi de plus terrifiant encore?

Article lié : Notes sur l’énigme explosive de Snowden-Greenwald

Jean-Paul Baquiast

  15/07/2013

On peut spéculer sur ce que les révélations d’un hypothétique fonds Snowden pourrait avoir de si terrifiant pour les USA voire pour Poutine lui-même.
Comme si ce que l’on sait déjà de l’emprise de ce qu’il faut désormais appeler l’US intelligence-military complex n’était pas déjà suffisamment terrifiant. 
Savoir par exemple que depuis longtemps Microsoft, entre autres, et les quelques 16 agences de renseignement américaines connaissaient tout de ce qu’écrivait Philippe Grasset et surtout tout des lecteurs de Dedefensa, de leurs réactions, de leurs activités, n’était pas déjà terrifiant…avec la perspective qu’un jour un accident inattendu survienne à telle ou telle de ces personnes si la chose se révélait utile…...
Nous sommes enfermés dans une toile d’araignée dont on ne voit pas clairement comment sortir….Si vous avez des idées, je serais preneur.

restons prudents

Article lié : Notes sur l’une ou l’autre convergence Poutine-Snowden

marc gébelin

  14/07/2013

Le problème c’est que Poutine n’est pas « les Russes ». Serait-ce une erreur de ma part de penser que Poutine, lui aussi dans son dernier mandat, éprouve quelque répugnance à se mettre sur le dos le jeune Snowden ? D’une part il sait que l’animal US blessé est plus dangereux, d’autre part, comme le sont généralement les Russes plus portés au compromis qu’à l’agression (tout le contraire de ce qu’on a voulu nous faire croire pendant la Guerre Froide qui nous les présenta comme des va-t-en-guerre au couteau entre les dents), il soupèse les avantages et les inconvénients. Demander à ce que Snowden ne fasse plus rien qui nuise aux Us, c’est du langage diplomatique parfaitement justifié dont personne n’est dupe, Poutine en premier, mais ce qu’il adviendra demain nul ne peut le dire.

Tout ceci pour tempérer l’enthousiasme un peu trop appuyé à mon avis de JP Basquiat qui nous dit que la Russie (si elle tient tête) « restera longtemps dans les esprits comme la patrie des droits de l’homme. Une patrie sympathique et chaleureuse ». C’est mal connaître je crois la profondeur du sentiment anti-russe qui règne dans le conscient et le subconscient de beaucoup de gens et notamment ceux qui font l’opinion. Quand on pense que la France accueille les Femen (ces débiles sataniques qu’elle glorifiait lorsqu’elles insultaient la religion orthodoxe chère au cœur des Russes dans l’église du Sang Versé  à Moscou et qui viennent désormais conchier nos cathédrales) et qu’elle voulait interdire le passage de Morales dans le ciel français et que cela n’a déclenché que très peu de réactions outrées, je préfère rester prudent sur l’avenir des sentiments des Européens envers les Russes.

Les Européens ne connaissent pas les Russes et n’ont pas beaucoup envie de les connaître. Ceux qui y vont en vacances c’est à cause des bateliers de la Volga de leurs grands-pères ou du général Dourakine. Il faut être un anti-Système convaincu ou un amoureux du peuple russe pour aller chez lui non faire des croisières à 3000 euros sur ses beaux fleuves et lacs, mais y aller pour essayer de le connaître ce peuple valeureux, et ensuite le comprendre. Même Marek Halter dit du mal des Russes, c’est dire.

par crainte du pire

Article lié : Notes sur l’une ou l’autre convergence Poutine-Snowden

olivier taurisson

  13/07/2013

Aurais-je l’esprit trop” conspirationniste” si j’avançais l’idée que le clan US système , acculé à son auto-destruction, ne réitère un de leurs coups tordus à la 11 septembre pour livrer leur dernière bataille sans perdre totalement la face ? Je crains qu’il n-y ait pas d’autre issue pour eux…

Poutine joue gagnant

Article lié : Notes sur l’une ou l’autre convergence Poutine-Snowden

Jean-Paul Baquiast

  13/07/2013

Il me parait évident que si Poutine persiste dans la décision d’accorder l’asile politique à Snowden, il gagnera sur tous les tableaux.
*Il se donnera un profil humain aux yeux de tous ceux s’indignant de la persécution subie par ce jeune héros. Ceci en Russie, en Europe et même aux Etats-Unis.
* Il se grandira par rapport à un Obama enfermé dans une rage impuissante et des chefs d’Etat européens courbés dans leur servilité.
*Il se montrera plus courageux que le président Chinois qui avait semblé avoir peur de l’Amérique.
Quoique fasse ultérieurement la Russie en matière de droits de l’homme, elle restera longtemps dans les esprits comme la patrie des droits de l’homme, précisément. Une patrie sympathique et chaleureuse, qui plus est.

Bras de fer ?

Article lié : Notes sur l’une ou l’autre convergence Poutine-Snowden

Jack v.

  13/07/2013

S’il se montrent assez hardis, et habiles, les Russes peuvent profiter du désordre régnant à Washington pour nouer des liens avec les pays d’Amérique du sud.

Le cas Snowden est un test comme l’affaire des missiles de Cuba en avait été pour évaluer la capacité des Russes d’aller jusqu’au bout, comme le gouvernement US est capable de le faire, pour imposer sa vision de ce que sont leurs prérogatives et leurs droits en tant que pays souverain et comme puissance globale.

Si les Russes réussissent ce test, c’est à dire envoient les US balader, ils gagneront les cœurs de beaucoup de gens dans le monde.

La volupté dans la servilité.

Article lié : La servilité des satellites

Théo TER-ABGARIAN

  13/07/2013

Cette quasi volupté dans la servilité comme la volupté dans le crime de Barbey d’Aurevilly est troublante.
C’est un beau sujet de réflexion, tout se passe comme si la servilité était une nouvelle forme de diplomatie des puissances déchues. C’est flagrant pour la France, la diplomatie du quai d’Orsay pratique la soumission à tour de bras, toute honte bue, manifestement d’abord pour rassurer ses partenaires. Après tout, le sens de l’honneur est une fiction, qu’on se réfère à l’esprit de soumission de la noblesse seconde sous Richelieu. Pour survivre, il faut en rajouter dans la servilité au suzerain, on est passé maintenant à la caricature.

L'incendie de l'Hôtel Lambert comme métaphore.

Article lié : Notes sur notre Smutnoye Vremya

Théo TER-ABGARIAN

  12/07/2013

Temps amers… L’Hôtel Lambert a été quasiment détruit par un incendie cette semaine. Et ça n’a pas vraiment fait un drame.

C’est qu’on vend tout à qui veut acheter, car tout ce que nous pouvons vendre aura toujours moins de valeur que le trou, le vide à remplir : l’impasse budgétaire, le déficit commercial, la sous-production, la surconsommation morbide…
Et puis, on n’a pas, on n’a plus la «fibre». Sarko et les siens, Hollande et les siens, eux et l’esthétique d’un cadre de vie, c’est tout un poème. Et tous leurs ministres écolos qui pendant trente ans ont accompagné le bétonnage, voir les entrées de villes, immondes, avec leurs ronds points et leurs ZACs. «Patrimoine ! Patrimoine !» : j’ai entendu les bœufs beugler sur le site Rue89, leur site officiel. 
Sic transit Gloria Mundi. C’est le caddie ® qui fait la relance pas la Princesse de Clèves.
L’incendie de l’Hôtel Lambert, c’est encore une porte fermée, une de plus,  sur 3 siècle de civilisation, trois siècles de talents (Le Vau, Le Sueur, Le Brun), de savoir-faire, de connaissance, de panache non «merchandisable», de grandeur tout court, balayés en 3 minutes par l’impéritie des uns et des autres, la médiocrité ambiante, mais arrogante, triomphante.
Se souvenir du président Louis-Philippard Hollande les 22 et 23 juin au Qatar prêt à vendre la peau de Le Brun pour un déficit de lentilles et pourtant faisant la mijaurée : on accepte votre argent mais pas n’importe quel prix ! Le syndrome de Bélise. C’était quoi ce sursaut de fierté pour un laquais qui a tout perdu comme honneur (l’affaire du président Bolivien Morales, pour ne pas faire de la peine au maître), les vrais droits de l’homme, comme ce complexe esprit des Lumières, «Patrimoine ! Patrimoine !» aboient-ils comme pour l’Hôtel Lambert.

La Quai d’Anjou, j’ai connu l’hôtel d’à côté, c’était chez Yeda Godard, archéologue et diplomate de la France Libre. Ne leur parlez pas de ça.
L’Hôtel Lambert à Hollande, aux émirs du Qatar, à Delanoe, aux gens de Rue89, c’était un trouble-fête architectural. De «ça» faisons table rase.

Les Qataris, en achetant, un hôtel particulier, ont peut-être cru, de bonne fois, acheter un hôtel genre Negresco. Tout le monde peut se méprendre comme Michel Drucker qui plante sa piscine à côté d’une chapelle romane. L’émir pourra enfin dans les ruines fumantes de l’Hôtel Lambert bâtir ce qu’il voudra.

http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs.be

Article lié : La parabole d’Achab

catherine lieutenant

  11/07/2013

Au risque de radoter (mes excuses, c’est l’âge), on peut dire que Hedges fait (enfin !) la même analyse que Robespierre, lequel n’avait – of course - pas lu Melville, mais sérieusement potassé le texte fondateur s’il en fut qu’est la Constitution US de 1787.

C’est pour empêcher les Girondins de l’infliger à la République nouveau-née, qu’il a pondu ses « droits et devoirs » d’avril 1793, devenus ensuite, après bien des tripotages montagnards, le texte fondateur de la Première République. Pas le Pérou, certes, mais moindre mal, et même pas mal du tout.

Si l’Incorruptible a pu prédire (il l’a fait) ce que deviendraient forcément les USA affublés d’une Constitution qui éblouissait alors toutes les nations (au moins d’Europe), on ne peut que ruminer mélancoliquement sur les dévoiements de l’histoire, les occasions perdues, deux siècles d’énergie gaspillée, l’aveuglement élevé au rang des beaux–arts, etc.

Ce n’est pas moins désolant de voir que la très grande supériorité de notre texte fondateur à nous ne nous empêche nullement de nous retrouver comme tout le mondi, à bord du Pequod (et aux soutes ou aux cuisines, pas à la barre!).
Un “Decline of the West” organiquement inévitable ? Spengler avait-il raison ? ou serait-ce que nous sommes encore bien trop infantiles pour réussir à sortir des ornières de la répétition sempiternelle ?

Cela dit, le texte de Hedges, indépendamment de son désespoir, est superbe et inspiré. Il mériterait d’être (bien) traduit in extenso.

Le bloger "descartes" et le rêve de protagonistes lucides.

Article lié : Qui dit qu’il y a pas d’Europe ? Et celle de l’infamie ?

GEO

  11/07/2013

http://descartes.over-blog.fr/le-bal-des-na%C3%AFfs

Le bal des naïfs

On a eu tendance, ces dernières décennies, à peindre notre monde politique comme un concentré de cynisme. Nous avons la preuve maintenant que ce n’est pas le cas. C’est en fait tout le contraire qui est vrai. Et pour s’en convaincre, il suffit de faire une petite revue des réactions de nos politiques de tout bord après qu’on ait découvert que nos « amis américains » espionnaient systématiquement les conversations et les échanges des dirigeants et des fonctionnaires de leurs alliés européens et des institutions communautaires. Il paraît que même le conseil européen était truffé de micros. Si c’est le cas, on ne peut que compatir au sort des pauvres agents de la CIA obligés d’écouter pendant des heures et sans interruption les bavardages jargonneux et sans le moindre intérêt des membres du Conseil… ils auraient mieux fait de « sonoriser » la cafétéria, il s’y disent des choses bien plus intéressantes.

Quelles ont été les réactions de nos dirigeants à cette annonce ? Celle de Viviane Reding, vice-présidente de la Commission Européenne et commissaire à la Justice, excusez du peu, est emblématique de toutes les autres : « entre amis, on ne s’espionne pas ». Laurent Fabius, ancien Premier ministre et ministre des Affaires Etrangères déclare, quant à lui, que « ces faits, s’ils se confirmaient, seraient tout à fait inacceptables ». Quant aux journalistes, ils ne sont pas en reste : « L’Oncle Sam se comporte très, très mal » était le titre de l’éditorial du Monde, le « journal de référence » de nos élites.

Tout ça a de quoi surprendre un observateur moyennement informé de la vie politique. Après tout, cette découverte ne surprend que ceux qui ont envie d’être surpris. Les Etats-Unis et la plupart des états européens sont parties à une alliance militaire de défense mutuelle. Mais que ce soit dans le domaine politique ou économique, personne ne fait des cadeaux à personne. Serait-on surpris d’apprendre que les américains ont utilisé leur puissance politique pour évincer les entreprises françaises, anglaises ou allemandes d’un marché donné, par exemple ? Croyez-vous vraiment que les pays qui préfèrent le F16 à notre « Rafale » le font simplement pour des questions techniques ? Imaginez-vous vraiment que les hommes qui négocient ces contrats aux montants à neuf chiffres minimum partent la fleur au fusil pour des négociations « entre gentlemen » sans chercher à connaître à l’avance les informations et les positions de leurs adversaires ? Allons, soyons sérieux…

Dans ce monde où tous les coups sont permis, il faut être d’une grande naïveté pour croire que les américains – mais aussi les français, les anglais, les allemands et les autres – auraient le moindre scrupule à photocopier les papiers qui traînent, à lire les courriers ou, si l’occasion se présente, à écouter les conversations. L’erreur n’est pas de croire que « entre amis on ne s’espionne pas ». L’erreur, c’est de croire que les rapports entre Etats peuvent être formulés en termes « d’amitié ». Les nations n’ont pas de sentiments, elles n’ont que des intérêts. Et l’intérêt commande qu’avant d’aller à une négociation ou d’entreprendre une action politique, on ait le plus possible d’information sur notre adversaire, quelque soit le moyen par lequel l’information a été obtenue. Les espions américains qui ont « sonorisé » les délégations européennes n’ont fait que leur boulot et n’ont commis qu’une seule faute : celle de se faire prendre. Et on peut espérer que nos services à nous font correctement le boulot et alimentent nos ministres et nos négociateurs en informations au moins aussi fines que celles collectés par nos adversaires.

Ce qui pose la question cruciale : lorsque Viviane Reding, Laurent Fabius ou Natalie Nougayrède font part de leurs réactions indignées, sont ils sincères ou jouent-ils au contraire un rôle de composition ? En d’autres termes, sont-ils des ingénus ou des cyniques ? J’aimerais croire que la deuxième explication est la bonne, tant je préfère voir aux commandes de l’Etat un cynique qu’un imbécile. Malheureusement, je pense que l’ingénuité de nos dirigeants et de nos prescripteurs d’opinion n’est pas feinte, qu’elle reflète un véritable croyance dans le fait que le monde « occidental » et l’Europe en particulier sont un véritable royaume enchanté où tout le monde respecte les règles et aide ses « amis ».

Il y a plusieurs choses qui m’amènent à cette conclusion. La première, c’est que dans cette affaire toute cette indignation médiatique n’a eu aucun effet. Dans la bouche de politiciens cyniques – encore une fois, sous ma plume ce terme n’est nullement méprisant – tous ces cris d’orfraie auraient eu un sens s’il y avait eu un objectif politique, par exemple, celui de faire capoter les négociations avec les américains. Or, ce n’est pas du tout le cas, au contraire : ceux qui ont crié le plus fort ont été ceux-là même qui, au sein de la Commission, ont poussé le plus fort pour que la négociation ait lieu et ont refusé l’idée d’un report.

Mais ce qui renforce le plus ma conviction qu’il s’agit d’une véritable naïveté et non de cynisme, c’est qu’on retrouve régulièrement le même type de raisonnement sur beaucoup de sujets. Ainsi, par exemple, on entend continûment dans la bouche des fonctionnaires européens, des politiciens nationaux et des éditorialistes des formules du genre « l’Allemagne tient, à juste titre, à ce que la France/l’Italie/l’Espagne mettent en œuvre les réformes structurelles nécessaires à la compétitivité de leurs économies ». Relisez cette phrase – qui est une citation. Rien ne vous choque ? Ne trouvez-vous pas étonnant que l’Allemagne « tienne » à ce que l’économie de ses principaux concurrent soit plus « compétitive » ? Quelle générosité, n’est ce pas, de tout faire pour que vos concurrents soient plus compétitifs et puissent donc vous ravir plus facilement vos marchés. C’est émouvant, ces politiciens allemands prêts à sacrifier la prospérité de leurs concitoyens pour aider ces pauvres français, italiens ou espagnols…

J’ai plusieurs fois évoqué sur ce blog la mort de l’idée de tragique en politique. En voici ici un nouvel exemple. Que ce soit sur l’espionnage ou sur l’économie, une partie de nos élites semble vivre au royaume des Bisounours. Et lorsque quelqu’un n’obéit pas aux règles de bienséance, ils en concluent qu’il « se comporte très, très mal », mais sans être capable de lui donner la fessée qu’il mérite. Ils ont du mal à concevoir qu’un leader politique est bien plus qu’un gestionnaire, que son rôle est une question de vie ou de mort, et non celui d’un vendeur de chaussures.

Je me souviens d’une conférence organisée par l’ENA pour fêter ses 55 ans. Jean Boissonnat, directeur à l’époque de l’Expansion et ancien membre du jury du concours d’entrée avait été invité à s’exprimer sur son expérience. Il avait expliqué que ce qui l’avait le plus marqué c’est d’avoir interrogé des candidats d’une grande qualité intellectuelle, d’une grande culture, ayant de très bonnes connaissances, très polis et gentils… mais qui – et je cite de mémoire ses mots – « n’avaient pas pris conscience qu’un haut fonctionnaire ça prend des coups, et parfois ça en donne ». Nous avons une génération de politiques et de hauts fonctionnaires qui n’a pas eu de contact intime avec la cruauté d’une guerre, d’un répression violente, d’une situation où il faut prendre des décisions de vie ou de mort (1). Comment donc leur reprocher de confondre la politique avec un jeu de société et de s’indigner lorsqu’ils découvrent que certains jouent avec des cartes marquées ?

Quelque chose est à réviser dans la formation de nos élites. Exiger la plus haute qualité intellectuelle, c’est bien. Mais il est important aussi d’endurcir leur volonté et leur esprit. Bruxelles n’est pas un club de gentlemen, c’est un champ de bataille. Il est de notre intérêt d’y envoyer de véritables soldats entraînés et bien commandés pour les combats qui ne sont pas moins cruels parce qu’ils se jouent à coups de stylo. Nous avons besoin de politiciens et de hauts fonctionnaires qui, à côté de leur culture et de leurs connaissances, ont la force de caractère pour ne pas se laisser conter, et le cynisme d’utiliser tous les moyens à leur portée – tout est licite dans l’amour et dans la guerre - pour servir leur pays.

Descartes

(1) On peut noter la différence avec les Etats-Unis, pays toujours sur le pied de guerre, et où une partie non négligeable de la classe politique a servi sous les drapeaux.

Pourquoi le système brûlera dans l'inculpabilité.

Article lié : Glossaire.dde : le Système

Yodalfo M.C.

  11/07/2013

Chers amis
Je suis tout à fait d’accord avec vous quant à l’analyse du Système et à votre souci de liberté.
Cependant, il me semble qu’un aspect -interne au système- n’est pas pris en compte.
Professeur d’histoire, j’ai commencé ma carrière à une époque où on terminait le programme ‘les trente glorieuses’ sur ‘la crise du pétrole’. Je suis parti à la retraite avec un chapitre ‘les trente pouilleuses’ auquel succédait ‘le nouveau désordre mondial’.

J’ai donc dû me livrer à quelques réflexions, d’expérience, devant des classes dubitatives: l’une d’elle est qu’il n’y a pas de ‘crise économique’ car elle est un état. Tout comme un névrotique reste dans un ‘état’, de névrose, avec le va et vient des pulsions et des tensions, les épisodes critiques et les moments d’accalmie, ainsi vont le marché et l’économie.

Quant au ‘Système’, il m’apparaît clairement, ou plutôt, parmi tant d’évidences (pour nous autres qui sommes vos lecteurs) il me semble se détacher deux pôles complémentaires, et vous les avez justement placés à la racine de votre analyse. La dette, et l’énergie.  Non seulement la course à la croissance est dévoreuse d’hommes (l’effondrement de l’usine du Bangladesh), non seulement elle est un ogre d’énergies fossiles, certes, mais son taux de rendement doit encore dépasser cela, pour payer les agios et le capital.
Or, comme le disait le vieux Marx, le prix du travail a une limite physique: le coût de renouvellement de la main d’œuvre. Où prendre le reste?
- Dans les énergies fossiles.

Alors, oui, ce système est un système de mort, qui comporte sa propre mort au centre de son activité: la dette, la banqueroute, la faillite, les jeudis noirs, les suicides et les révolutions.
Mais cette faillite est évitée sans cesse par la surexploitation de l’énergie et des autres ressources.

Je conclus que le système n’a pas de fin “en tant que système”. Il est par nature une façon de vivre sa fin.

Il a réussi à reporter sa propre fin sur le monde entier: la planète! Alors, ce qui est en question n’est pas sa propre mort, mais quelque chose qui a été inscrit dès sa fondation dans les lois de la THERMODYNAMIQUE, comme vous l’avez si bien identifié.

Sauf à entendre, -et c’est ce qui je crois, n’est pas assez pris en compte - que c’est tout notre monde qui s’y brûlera. C’est une danse à l’échelle cosmique, au bord du gouffre sans fond, au milieu des gaz, des fumées et des flammes. (Concrètement: le sol qui s’ouvre sous les maisons, le CO² et le méthane, la pollution chinoise et les incendies américains).

En ce sens, la fin du système proviendra de facteurs extérieurs, ce qui pourrait fonder le sentiment d’INCULPABILITE (ce n’est pas notre faute si la planète est insuffisante).

Et ceci nous cantonne, nous tous ici, au statut d’observateurs, de commentateurs, puisque l’expérience prouve que le système nloin d’être jamais coupable, parvient à récupérer ses propres accusateurs et à les recycler (il a recyclé aussi bien le Jerry Rubin du temps des hippies que la Chine de Mao, les Partis Verts que le tri vertueux des déchets), dans un même grand mouvement de consomption et de consommation. Cette espèce finira donc bien par brûler tout son écosystème, et nous avec!

Nuance: si l’humanité parvenait à domestiquer l’énergie de FUSION nucléaire, alors, tristement, ce système cesserait d’être suicidaire, et engagerait notre humanité dans une nouvelle direction unique, vers l’intérieur: l’autodestruction de son âme, engloutie dans le corps, et la matière. Alors, les postures d’analystes comme celles de Dedefensa se convertiraient en instruments de mesure et de régulation, jusqu’à mesurer la fin de l’esprit critique et du souvenir des Traditions.

guerre mediatique

Article lié : Notes sur notre Smutnoye Vremya

Lotfi Meskini

  10/07/2013

A propos du passage concernant russia today :
Au 2 eme jour de la chute de Morsi,  alors qu’aljazeera Live diffusait des images sensées être en direct, provenant de la place Tahrir,  la montrant pleine à craquer, avec des festivités,…  une téléspectatrice riveraine de cette place appela en direct la chaine et avertit le présentateur que ces images sont enregistrées et qu’actuellement la place est vide. Elle le pressa de vérifier sur place par téléphone avec leur correspondant. Le présentateur gêné, fini par dire qu’ils transmettent les images provenant de la chaine officielle égyptienne car leur bureaux au Caire sont fermés et le matériel saisi.

Donc je pense qu’il faut prendre avec précaution, les infos ici et là, car on est devant une guerre médiatique, car si en occident le mot magique est démocratie, qui fait avaler n’importe quoi , dans le monde arabe c’est accuser son rival de pro américanisme pour faire ou du moins essayer de faire avaler n’importe quoi, en l’occurrence ce coup d’état. Sachant que les Saouds ont mis le paquet, pour le compte des militaires. 

Bien sur ce la ne contredit pas l’affinité du Qatar, voir même la servilité d’ailleurs atypique et insaisissable, vis-à-vis du système.

Une bonne définition du Système

Article lié : La parabole d’Achab

Jean-Paul Baquiast

  09/07/2013

Je suis comme vous savez à la recherche de définitions de ce que nous appelons tous de plus en plus le Système.
Cette description de l’Amérique, que vous citez, qui ne s’applique pas qu’à la seule Amérique, est intéressante:

»We, like Ahab and his crew, rationalize madness. All calls for prudence, for halting the march toward environmental catastrophe, for sane limits on carbon emissions, are ignored or ridiculed. Even with the flashing red lights before us, the increased droughts, rapid melting of glaciers and Arctic ice, monster tornadoes, vast hurricanes, crop failures, floods, raging wildfires and soaring temperatures, we bow slavishly before hedonism and greed and the enticing illusion of limitless power, intelligence and prowess. We believe in the eternal wellspring of material progress. We are our own idols. Nothing will halt our voyage; it seems to us to have been decreed by natural law. “The path to my fixed purpose is laid with iron rails, whereon my soul is grooved to run,” Ahab declares. We have surrendered our lives to corporate forces that ultimately serve systems of death. Microbes will inherit the earth.

»In our decline, hatred becomes our primary lust, our highest form of patriotism and a form of eroticism. We are made supine by hatred and fear. We deploy vast resources to hunt down jihadists and terrorists, real and phantom. We destroy our civil society in the name of a war on terror. We persecute those, from Julian Assange to Bradley Manning to Edward Snowden, who expose the dark machinations of power. We believe, because we have externalized evil, that we can purify the earth. We are blind to the evil within us. Melville’s description of Ahab is a description of the bankers, corporate boards, politicians, television personalities and generals who through the power of propaganda fill our heads with seductive images of glory and lust for wealth and power. We are consumed with self-induced obsessions that spur us toward self-annihilation. [...]