Forum

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

Géopolitique de comptoir

Article lié : Voyage au bout de notre-bruit

Ni Ando

  22/01/2017

C'est une écume de bruit qui revèle le flou des orientations encore à venir de M. Trump, et donc celui du comportement un peu perdu de l'Etat fédéral étasunien, mais il y a fort à parier que cela ne durera pas. L'impression de confusion vient également de ce que la mondialisation a transposé depuis 20 ans au sein des sociétés les lignes de fracture qui existaient autrefois entre nations riches et nations pauvres. Le même phénomène s'est aussi produit, en Europe comme aux EU, au sein des classes instruites qui ont vu, si on prend le cas de la candidature de Trump, une fracture apparaître entre la partie instruite moyenne de cette catégorie, qui a voté Trump, et celle, instruite supérieure qui a voté contre. Mais les facteurs fondamentaux restent toujours les mêmes, ils sont économiques et donc géopolitiques.  Ce facteur va structurer qu'il le veuille ou non l'action de Trump.



Sur la scéne géopolitique mondiale, il est désormais clair que Chine et Russie ont des marges importantes de progression, et la Russie sans doute davantage que la Chine. Les déséquilibres chinois sont énormes, les gains passés de la Chine restent menacés tant qu'elle n'aura pas stabilisé son économie. Il n'empêche, son inertie liée à sa taille gigantesque, le dynamisme de sa jeunesse, son absence de complexes, sa capacité à se remettre en question, lui donnent de vrais atouts pour continuer à s'imposer de plus en plus face aux Etats-Unis. Du côté russe, la situation s'éclaircit. Le pari de 2014 (réorientation vers l'Asie), s'il est loin d'être achevé, a cependant donné à la Russie une plus grande indépendance économique et financière, forcée mais réelle, par rapport au bloc des économies occidentales qui ont vu leurs exportations depuis 2014 quasiment divisées par deux  en Russie.  La Banque Mondiale prédit une croissance de 1,5% en 2017, 2% selon le gouvernement russe. C'est une économie fondamentalement saine même si son talon d'achille, la structuration du secteur bancaire afin de le rendre apte à financer l'économie, n'est pas achevée.  Les Russes ont confiance dans leur avenir, toutes les études le montrent, confiance que rien ne semble avoir ébranlé depuis le début des années 2000, alors même que les revenus moyens ont fortement chuté depuis 2014 (-12%). Le taux de fécondité en Russie est désormais supérieur à celui de la moyenne de l'UE.  Dans les salles de concert il arrive que l'orchestre joue "Dieu sauve le Tsar", l'hymne empesé de l'empire russe de 1833 à 1917. On y voit maintenant des gens se lèver en signe d'hommage alors même que cet hymne n'a plus aucune valeur officielle. L'Etat russe se projete dans l'avenir et conçoit avec ses partenaires, chinois au premier chef, des projets colossaux qui ne viendront à maturité que dans 5, 10 ou 15 ans et dont l'impact géopolitque, si l'on ne prend en exemple que le projet de "route de la soie", en cours de réalisation, sera considérable.  La Russie semble capable de porter des projets ambitieux dans la durée, des politiques industrielles auxquelles on a renoncé en Europe. L'état du pays est tel aujourd'hui que les projets économiques qui ont du sens ont des leviers qu'on ne connait plus ici à l'ouest. Exemple, en 2016 la Russie, même amputée de l'Ukraine, est redevenue depuis 1914 premier exportateur mondial de blé et de céréales alors que les rendements de ses exploitations ne sont encore que de 40% de ceux de l'UE (merci les sanctions). On commence à sentir en Allemagne, dans les milieux économiques, une sourde animosité à l'égard d'une Russie qui semble se structurer pour aller mieux.



L'histoire balbutie et on croit retrouver en Europe l'ambiance des années du début du XX ième siécle.  L'UE ressemble de plus en plus à une zone mark. Les contradictions nées de la monnaie unique achèvent d'encalaminer les pays du sud et la France elle-même. Le projet UE semble a bout de souffle. Nous avons donc: une Europe institutionnelle en voie de fragmentation, une Allemagne de facto devenue le pivot économique de ce côté ci de l'Europe (le retour de l"arrogance allemande" est en cours), une Russie qui recommence à se développer et sur des bases assainies, des Etats-Unis qui pataugent dans le rétrecissement de leur puissance. On comprend que ce soit compliqué.

Le Pen

jc

  22/01/2017

Jusqu'à ce jour j'étais comme l'âne de Buridan. Je ne voyais que deux candidats potentiellement anti-système: Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

J'y vais au flair, comme Rantanplan. JMLP je montre les crocs, c'est comme ça, ça ne se discute pas. JLM, j'accepte. En désespoir de cause (les mots ont un sens) j'ai voté pour lui au premier tour de 2012.

Et MLP? Elle s'est brouillée grave (comme on dit chez les djeuns) avec son père. Brouille privée ou brouille plus fondamentale? J'opte pour la deuxième solution. Au flair JMLP est un logocrate, un homme qui "sait" l'importance de la tradition et est inflexible sur certains points alors que Marine a rompu avec cette inflexibilité, elle a accepté la compromission avec le Système, erreur selon moi fatale pour elle. En résumé je rejette le père parce que c'est un logocrate qui ne sera jamais un Logocrate, et la fille parce qu'elle a accepté la compromission, parce qu'elle n'est pas une logocrate.

Reste Marion. Elle est jeune. Je la trouve belle, intelligente. Pourrait-elle être la candidate de "La France insoumise" à la place de JLM? Pour moi elle ne peut pas symboliser la France insoumise parce que je la sens trop bassement intelligente, pas assez sensible.

En résumé exit (pour moi) la famille Le Pen.

Dans la perspective d'une candidature purement symbolique à laquelle je crois dur comme fer, mon flair me dit que JLM fait tâche, grosse tâche. Exit donc JLM.

A suivre.

 

L'armageddon Soros

Article lié : Cortez et son Rubicon

Nicolas Prenant

  22/01/2017

Puisqu'on parle d'armageddon, je me permettrai simplement ce lien :

http://www.alterinfo.net/George-Soros-jure-de-demolir-le-President-Trump_a128005.html

L'armageddon du système autodestructive par surpuissance pourrait-elle venir par Soros lui-même ?

Bien traduire 'America First'

Article lié : I Solemny Swear, – du bouffe à la tragédie

Giovanno Pascale

  22/01/2017

Je retiens surtout ce passage :

« Nous allons renforcer nos anciennes alliances et en conclure d’autres afin d’unir le monde pour éradiquer le terrorisme de l’islam radical de la face de la Terre. Nos politiques seront fondées sur une allégeance totale aux États-Unis d’Amérique. »

America First, malheureusement, n'est donc pas à interpréter et à traduire dans un sens isolationniste (l'Amérique d'abord), mais dans son sens impérial (l'Amérique première). C'est l'Empire de la matière qui vient toquer à porte de l'islam, et amener les barbares dans le droit chemin de sa contre-civilisation. Et gare à ceux qui s'y acoquinent. La bourgeoisie révolutionnaire ne sera satisfaite que le jour où ils diront comme elle "Matière akhbar", "Humain akhbar", ce qui rendra enfin Trump caduc pour le bonheur de tous.
Le concept de tragédie-bouffe est très bien trouvé, car nous allons bientôt devoir associer ce bonhomme à la tête de comédien aux tapis de bombes, aux coups d'État et, une fois dissipées les équivoques, au manichéisme pur et dur. Tragédie-bouffe. La tragédie fait se rencontrer deux valeurs nobles, fait ressentir la terreur et la pitié ; la comédie rigole de l'ignoble et du vil, et porte le masque. L'administration Trump n'a pas commencé qu'elle brise déjà les codes du théâtre.

Puissance réelle vs puissance symbolique

Article lié : Si les mots ont un sens... “Surpuissance-autodestruction”

jc

  21/01/2017

En Europe on en reste à la puissance, on ne fait pas comme aux USA où l'exceptionalisme fait que tout doit être au superlatif.

Les élections présidentielles approchent. Au doigt mouillé tous les candidats sont dans le réel et le virtuel (virtualisme), parce que le symbolique et l'imaginaire ont disparu depuis longtemps dans le bloc BAO. Mais ce ne sont pas encore des barbares purs comme Trump parce qu'il y a encore (pour combien de temps encore?) le virtuel…

Je voudrais  montrer maintenant qu'il y a possibilité d'une candidature d'opposition frontale à la barbarie, d'une candidature purement symbolique, avec, selon moi, des chances réelles (pas symboliques!) de l'emporter.

1: Nous avons un hymne national dramatiquement barbare. Il faut le changer, le remplacer par un hymne (au sens attribué à ce mot dans l'antiquité) qui émeuve le citoyen au plus profond de lui-même (frissons de moêlle épinière, sanglots, etc.), autrement dit qui parle à son haut-cerveau.

2: Puisqu'il s'agit d'une candidature purement symbolique, il faut abandonner le drapeau national, barbare au moins au tiers (le rouge sang qui abreuve nos sillons), et le remplacer par le drapeau blanc. Non pas le drapeau blanc de la reddition pure et simple face à la barbarie, mais le drapeau blanc agrémenté d'un roseau, au corps infiniment flexible mais à l'âme inflexible, en référence au roseau de Pascal.

3: La devise coule de source (c'est le cas de le dire!): "Fluctuat nec mergitur".

4. Les slogans ne manquent pas. Du genre "En France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées".

5. La Loire est le dernier fleuve sauvage d'Europe, indompté, insoumis. Symbolique de l'écologie.

6. Paris est le coeur et le poumon économique de la France, mais c'est la Loire qui est sa moëlle épinière, et son coeur symbolique, son choeur, se trouve quelque part le long de la Loire, à l'abbaye de Thélème.

7. "Fais ce que voudras" doit entraîner chez la plupart de nos concitoyens une réaction épidermique, voire des sanglots*, et réveiller en chacun d'eux que Français vient de Franc, ce qui signifie libre.

8. Et puis Pantagruel ça évoque la bonne bouffe, les bons vins, etc., du vrai, du réel.

 Voilà du symbole, rien que du symbole, à opposer au réel barbare, au "struggle for life".

Jean-Luc Mélenchon a, depuis longtemps, promis une assemblée constituante s'il était élu. Et son slogan de campagne est "La France insoumise". Je lui propose comme promesse de candidat de faire tout pour mettre en oeuvre la constitution suivante, constitution "urbi et orbi":

Article I: Aime-toi toi-même.

Une fois impérativement respecté l'article I:

Article II:  Fais ce que voudras**

Ce sera dur, très dur pour JLM, d'autant plus dur qu'il lui faudra renoncer publiquement à tout ce à quoi il a sans doute cru jusqu'à présent.

* J'ai expérimenté en écrivant ce texte que j'avais bien un haut-cerveau!

** On notera que c'est intelligible (ça a du sens).

A suivre (comme dans Tintin)




 

paroles, parole, Parole

Article lié : DIALOGUES-30 : De l’autre côté

jc

  21/01/2017

Les politiciens sont des hommes de paroles. Il faut nécessairement savoir harenguer* les foules pour réussir en politique. C'est un talent qu'on a ou qu'on n'a pas, je ne pense pas que cela s'apprenne, il faut être un Obélix de la parlotte pour exister en politique (Lamartine, je crois, disait que les hommes étaient comme les lapins, ils s'attrapaient par les oreilles). Je suis persuadé que la majeure partie des politiciens actuels sont des hommes (ou femmes) de paroles qui, une fois élus, ne tiennent pas parole. Trump, le dernier en date.

Les politiciens de parole, qui tiennent parole, c'est beaucoup plus rare. Il me semble que seuls les véritables chefs puissent tenir parole. Il faut alors peut-être aller chercher dans les "grands" de l'histoire. Churchill ("je n'ai rien d'autre à vous offrir que du sang et des larmes")? Staline? Hitler? Je ne sais pas, je suis complètement ignare en histoire.

Il y a enfin les hommes ou femmes de Parole. Ce sont ceux qui donnent l'impression à leurs auditeurs que la parole qu'ils délivrent ne vient pas d'eux, qu'elle les transcende. Ces hommes et femmes de Parole s'adressent directement au haut-cerveau des auditeurs, ils délivrent la Parole en toute humilité, et les auditeurs le ressentent au tréfonds d'eux-mêmes. Ces gens-là ne sont pas des Obélix de la parlotte; ils sont tout autre chose, ils délivrent un discours qui a un sens bien que ce sens soit imperceptible par le bas-cerveau.

Je suis absolument convaincu que Philippe Grasset est un homme de Parole.  Mais, bien que je ne le connaisse en aucune manière autre que ce qu'il nous dévoile à travers ses écrits, je suis convaincu que ce n'est pas un politicien.

PhG a ses citations "culte", Steiner, Plotin, etc. J'ai les miennes, Thom bien entendu pour ceux qui me lisent (par dizaines!) et quelques autres dont celle-ci due au lacanien Charles Melman ("L'homme sans qualité"): "La barbarie consiste en une relation sociale organisée par un pouvoir non plus symbolique mais réel".

Selon moi le pouvoir de Trump est un pouvoir réel, uniquement réel. Les masque sont tombés, plus aucune symbolique (depuis longtemps dans le bloc BAO), plus d'imaginaire ni même de virtualisme; rien, nada, nothing; du réel, seulement du réel, de la barbarie à l'état pur.

La question à un euro: y aura-t-il un (ou plusieurs) candidats à la présidence française à s'opposer à la barbarie, un candidat du symbolique**?

Selon moi, il y en a au moins un qui n'en fera pas partie, un qui émerge nettement du lot, une sorte d'Obélix de la barbarie en quelque sorte, passible du jugement "culte" de Lino Ventura dans "Les tontons fligueurs".

* Il n'y a pas de faute d'orthographe

** Voir "Révolutions, catastrophes sociales?", Apologie du logos, René Thom

Surpuissance/autodestruction : Le roi est nu !

Article lié : Cortez et son Rubicon

David Cayla

  21/01/2017

M'est avis que l'essence de cette équation surpuissance/autodestruction réside dans cette manie que le Système a toujours eue, et qui a pris une tournure toujours plus obsessionnelle, quiconque pouvait à l'occasion pointer du doigt telle ou telle de ses faiblesses, telle ou telle des erreurs qu'il s'apprêtait à commettre. Toujours plus hostile à ce qu'il considérait non pas comme une opportunité  de s'améliorer ou de ne pas gaspiller ses forces, le Système a systématiquement écarté ceux qu'ils percevait ainsi comme des menaces, leur préférant ces si faibles serviteurs, ces zombies-Système vidés de toute substance tant ils ont appris à craindre des fureurs du Système, ses manifestations de toute-puissance toujours plus ombrageuses.

Mais le temps passant, le Système a tracé la voie de son propre anéantissement, n'apprenant plus rien de ses erreurs, ne consolidant plus la moindre de ses fondations vermoulues, rongées par ces innombrables termites dont Il refuse de reconnaître l'existence, persuadé qu'Il est de sa capacité à annihiler toute forme de résistance à sa Surpuissance, son Omniscience, son Omnipotence. Et il s'est terriblement épuisé ces derniers temps à exiger férocement de ses zombies-Système qu'ils éliminent promptement toute forme d'opposition à sa Toute-puissance. Y est-il parvenu le moins du monde en Syrie, dans le Donbass, lors de la campagne présidentielle, ou encore durant la période précédant l'investiture de Trump ? En aucune manière.

Insensiblement, le Système s'est affaibli au point où tout ce qu'il lui restait de puissance -  ce qui fait qu'un roi n'est pas seulement craint parce qu'il détient le sceptre royal, le sceptre n'étant là que pour permettre à ses sujets de l'identifier comme étant le roi, dépositaire de l'autorité royale, et capable au besoin de punir promptement quiconque la mettrait en doute (le crime de lèse-majesté) - s'est dissipée (l'entropisation-dissolution chère à Dedefensa) lors des derniers affrontements avec l'alors candidat Trump ou encore la Russie, et la Chine, et le Brexit, et toutes ces crises dont ses serviteurs zombies ne cessent de lui assurer que tout est en ordre ou le redeviendra très vite, eh bien, pour en revenir au début de la phrase, tout ce qu'il lui restait de puissance, c'était son sceptre royal. Et pour une égrégore aussi insaisissable que le Système, son sceptre, ce n'était rien moins que le président des Etats-Unis.

C'était ce qui les lui asservait. Et maintenant, ce sceptre, c'est Trump qui le détient, Trump qui vient de proclamer que le roi est nu. Désormais, le Système peut bien hurler, tempêter, trépigner, exiger qu'on lui obéisse, ce que tout le monde verra, c'est un vieillard impotent, vindicatif, dépossédé des symboles de sa toute-puissance, et réclamant au fond qu'on les lui rende pour que tous soient de nouveau tenus de lui obéir.

Pourquoi ? Parce que ne lui restait plus que ce défi à sa mesure !

Christiane Debrabant

  21/01/2017

"qu'est-ce-qui a pu pousser ce milliardaire de 70 ans, installé dans une activité importante et une fortune considérable, entouré d’une famille qui semble le combler, adulé et reçu partout, familier des “grands de ce monde” et des loisirs à mesure, avec des terrains de golf valant ceux d’Obama, à se lancer dans cette aventure épuisante, au risque certain de sa vie, du malheur et de la tragédie"

La réponse est tellement évidente que je m'étonne qu'on n'y pense pas.
A 70 ans ? L'âge des bilans avant le grand saut inéluctable… si près. Qu'a-t-il à perdre ? La vie ? Elle est déjà comptée !
La fortune ? Elle est acquise.
Sa famille, sa femme ? Elles sont là, apparemment bien ancrées.
Quand on a bâtit, lutté, étendu et reconstruit (faillite) ?
Quand on s'est coltiné le monde entier (classes sociales comme cultures étrangères) autant par curiosité intellectuelle que par opportunisme ?
The Donald est un Gémeaux/Verseau, un touche-à-tout, franc-tireur, extraverti, communicateur talentueux, pugnace et même philosophe (il saisit intuitivement l'essence des situations et des gens).
Ses atouts : le public, l'étranger, les femmes, une formidable résilience, son gout de la lutte, rebelle dans l’âme, mais aussi fraternel même s’il peut être cassant.
Qu'est-ce qui pouvait bien encore le titiller pour finir en beauté (peu importe le résultat) ?
A votre avis ?

La seule chose qui pourrait l'atteindre est d'éliminer des êtres qui lui sont chers. Et encore, il est capable de se transformer en bombe humaine !

Dès le départ j'ai cru en la candidature de Donald Trump. Idem du Brexit. Pas seulement à cause des "astres", mais parce que le monde anglo-saxon est voué à l'auto-destruction s'il ne change pas de cap.

Le choeur

Article lié : DIALOGUES-22 : De l’angoisse du monde

jc

  21/01/2017

"Le coeur a ses raisons que la raison ignore" (Pascal, Pensées)

Le coeur est une pompe, ce n'est pas là le siège de notre haut-cerveau.

Le siège de notre haut-cerveau c'est le choeur.  C'est ça qu'il faut chercher, j'en suis intimement convaincu, si l'on veut répondre à la question de Socrate, "suicidé" par le Système de son temps: "Connais-toi toi-même".

PhG:  "Il s’agit de reconstruire la pensée exactement comme, in illo tempore, d’autres que nous bâtissaient des cathédrales. "
https://www.youtube.com/watch?v=bH1s8PcDBEM

Dans une bande annonce un présentateur de France Inter dit que la Belgique a la forme d'un cerveau, d'un bas-cerveau, posé sur la France.

La France a-t-elle un choeur, un haut-cerveau? Je flaire que c'est une question absolument fondamentale. Dans la tempête qui se lève, la France a-t-elle une cohésion suffisante pour résister, pour ne pas se désintégrer?


 

Le bon sens

Article lié : DIALOGUES-1: Question(s) de sens

jc

  21/01/2017

Ce qui nous mène c'est le désir. C'est le désir qui donne le bon sens (et l'envie de vivre). La politique de l'offre à tout prix (c'est le cas de le dire!) de notre contre-civilisation marchande, tue le désir. C'est psychologiquement dramatique.

Tous ceux qui ont eu des expériences amoureuses le savent d'instinct: laisser s'installer le manque, la demande, laisser monter le désir pour mieux s'embraser.

Après la formidable inversion que représente, selon mon intuition, le remplacement du bas-cerveau par le haut-cerveau voilà, à mon avis, une deuxième inversion tout aussi fondamentale: il nous faut avoir de la retenue en tout, pour laisser monter le désir, pour nous donner à nouveau le désir de vivre. C'est ça, j'en suis intimement convaincu, le bon sens.

Philippe Grasset a vu le "truc" depuis longtemps:
http://www.dedefensa.org/article/glossairedde-lempire-de-la-communication

L'information-Système, la communication-Système, etc. Il faut, à mon avis, absolument visionner ce que dit Thom à Jean-Luc Godard à ce sujet (40' environ), Thom qui, lui aussi, a vu le "truc":    http://www.ina.fr/video/CPC7606652202


J'ose une comparaison que, j'espère, PhG me pardonnera. L'étincelle lui est venue dans la puanteur des charniers de Verdun, l'étincelle d'espoir au fond du pur désespoir.

Dans la puanteur de la presse-Système en pleine décomposition il y aussi des étincelles d'espoir:

"On ne saurait mieux exprimer avec humour le recul des penseurs et la victoire des marchands, qui ont fait de l’homme de Pascal (roseau pensant) un roseau dépensant. " — (Le Figaro, 25 août 2011)

 

Article lié : I Solemny Swear, – du bouffe à la tragédie

Philippe Grau

  21/01/2017

Aujourd'hui sur plusieurs articles "The intercept" de Greenwald est très loin de partager votre enthousiasme en faveur de Trump.
Comme l'expliquait très bien "Moon of Alabama" hier soir Trump est simplement le représentant d'une autre composante des maîtres de l'Amérique. http://www.moonofalabama.org/2017/01/the-not-hillary-president.html#more .
Anti-système peut-être, mais bien malgré lui et pas plus que ne l'aurait probablement été Clinton. Les deux ne sont capables que d'accélérer la crise globale de l'américanisme par leur hubris, différente chez l'un et l'autre en apparence mais pas vraiment sur le fond.

Petite rectification .

Article lié : I Solemny Swear, – du bouffe à la tragédie

Christian Feugnet

  21/01/2017

J'ai dit 'durs Allemands " , ce n'est pas tout à fait vrai . La jeunesse Allemande n'est plus prompte à celà , ils étaient organisés par des Suisses , qu'on prend pour pacifiques , parce que neutres ( mais service militaire quand méme et en permanence et pas figuratif , trés entrainés et motivés les Suisses ) . Interét direct pour eux la proximité de la centrale .

Le Temps sort de ses gonds , oui .

Article lié : I Solemny Swear, – du bouffe à la tragédie

Christian Feugnet

  21/01/2017

L'image des limousines avec des cranes rasés m'en évoque une autre où le Temps sortait de ses gonds , celle de la centrale Superphénix , enjeu stratégique multiple .
J'étais sur place ,( y travaillant en temps ordinaire ) , au moment de la manifestation qui a contraint à abandonner le projet sans en avoir l'air .
A ce moment de la "manifestation" , je me suis balladé autour comme observateur . Le site , la centrale étant au bas  d'un bassin , se présentait en étages comme la Comédie de Dante , le but : l'enfer , le coeur du réacteur à détruire .
En premiére ligne ,mouvante,  des escadrons de durs Allemands , remarquablement organisés et disciplinés qui par endroit reculaient ou avançaient dans un ordre cohérent pour disperser les forces de l'ordre et créer une bréche . Autour en deuxiéme ligne , à portée de Presse , les Français : bravaches et esbrouffe comme à l'habitude .  3e rang les cranes rasés . 4 e diverses couches de badauds . Mais au delà , tout en haut : surprise sur quelques surplombs bien placés , des limousines aussi , mais là des vraies , pas blindées , dont été sortis munis de jumelles , du trés beau linge qui s'égayait au spectacle , dames en robes de soie , hommes en chaussures crocos , personnages de salon , plutot que de lieu de travail ou d'affrontements .

That is the question

Article lié : Glossaire.dde-crisis: Terrorisation de la psychologie

jc

  20/01/2017

Je distingue symbolique de diabolique. Le symbole (sumbolon) c'est le beau vase brisé et "recollé" parfaitement, sinon c'est le diabole (diabolon). La perfection n'étant pas de ce monde, un vase infiniment beau, infiniment harmonieux mais brisé ne sera jamais parfaitement "recollé", il sera toujours un peu diabolique.

Nous ne sommes pas parfaits. Si l'on suit Platon la photocopieuse fait toujours des petites erreurs en recopiant, disons, le code génétique et la glaise dont nous sommes faits n'est pas parfaite, elle contient toujours de petites impuretés. Nous ne sommes donc pas symboliques comme le modèle platonicien mais toujours un peu diaboliques.

Pour moi "The question" est de savoir si nous sommes des bons petits diables ou des mauvais petits diables, autrement dit si nous sommes des animaux sociaux, foncièrement bons, ou si l'homme est un loup pour l'homme, foncièrement mauvais.

Aristote et Plotin (et sans doute bien d'autres) ont répondu que nous étions des bons petits diables et Hobbes (et sans doute quelques autres) que l'homme était un loup pour l'homme (struggle for life, point-barre). Je suis intimement convaincu que ce sont Aristote et Plotin* qui ont raison: nous sommes de bons petits diables et ma conviction ne vient pas seulement de la lecture de l'oeuvre de la comtesse de Ségur.

Selon moi, tout le problème de notre civilisation qui se transmue en contre-civilisation vient de là, l' "élite" ayant pris le parti de Hobbes, pour la guerre, donnant ainsi le pouvoir "profond" au lobby militaire. C'est, sans hésitation aucune, un crime contre l'humanité qui a généré (et génère encore) des guerres épouvantables et des tortures psychologiques atroces (portées à leur paroxysme par le TINA de Margaret Thatcher, y a pas d'alternative, mon gars, débrouille-toi avec ça) .


*: La citation suivante revient en leitmotiv dans les textes de PhG: "Mais les autres, ceux qui participeraient de lui et s’y assimileraient, deviennent mauvais, n’étant pas mauvais en soi".

Hommage à Philippe Grasset

Article lié : DIALOGUES-10 : La crise de la raison humaine

jc

  20/01/2017

Non. Je ne ferai pas d'hommage à Philippe Grasset. Le terme d'hommage a un sens précis, ce serait indélicat d'attenter à sa santé, des chevilles qui enflent par exemple.

Lire PhG me rappelle ma jeunesse, quand j'allais à la messe. Il y a dans chacun de ses nombreux, très nombreux textes, le moment de la consécration, de l'élévation, de la majusculation, c'est-à-dire de la portée au concept. Et il y a la conclusion, qui n'est pas une chute, qui intègre le texte dans le cadre de sa vision du monde, acquise grâce(!) à son intuition haute. Et cette conclusion me rappelle le premier évangile de Saint Jean, lu à la fin de chaque messe (années 1950/1960), que j'avais fini par connaître par coeur. Il m'a fallu attendre plus d'un demi-siècle et l'effondrement de notre contre-civilisation pour m'apercevoir que, comme on dit maintenant, c'est du lourd, du très lourd.

Philippe Grasset prend bien soin de dire qu'il ne faut pas, surtout pas, le lire avec des arrière-pensées religieuses (et je suis en parfait accord avec lui). Pour lui Dieu est un symbole absolument nécessaire à la cohésion de la pensée et je ne crois pas dénaturer sa pensée en disant que Dieu est pour lui synonyme d'Inconnaissable et que son intuition haute est que le désir de vivre est indissociable de la soif de connaître, de s'approcher au plus près de l'Inconnaissable.

C'est à cet homme majusculé, à l'Homme qui se cache derrière Philippe Grasset que je rends un hommage majusculé, que je rends Hommage.