Ni Ando
31/05/2017
L’inconnaissance est cet état de « ni être – ni non être » déjà évoqué ici dans lequel les pensées suivent leur cours mais dans lequel, différence essentielle avec l’état mental habituel, l’être ne s’identifie plus à celles-ci. Ainsi libéré d’un fatras intellectuel (ce n’est pas forcément péjoratif) d’une nature essentiellement répétitive, l’être retrouve un espace intérieur qui permet au neuf d’apparaître. Ce neuf recouvre des sensations venues de l’inconscient (qui est en fait en grande partie un inconscient collectif) et de ses propres perceptions, la recréation d’une sensation d’unité où les éléments du monde se ré-harmonisent les uns par rapport aux autres pour former un tout cohérent lié à la seule chose qui soit vraiment c’est-à-dire ce qui se passe maintenant. Cet état permet une pensée plus libre, plus créative, car bien moins soumise aux automatismes de l’intellect. Il y a quelque chose qui « sait » déjà en nous, avant même le déroulé de la pensée qui « raisonne ».
Pour en revenir au Macron, ses déclarations concernant RT et Sputnik (des médias à la fois malins et intelligents) démontrent à la fois l’étonnante médiocrité intellectuelle de l’individu (on songe aux commentateurs de Fox News, de CNN, de la BBC, du Monde..) mais surtout la boursouflure de son ego : sa frustration semble surtout la conséquence de ce que, selon lui, sa modeste personne aurait été injustement mise en cause par les médias russes. Avec de telles dispositions de départ on peut d'ailleurs s'inquiéter de ce que le Macron sera devenu dans un ou deux an. La macronite de commande qui a submergé le système médiatique français ne l’avait pas habitué à un tel manque de déférence.
jc
31/05/2017
Je trouve que le simulacre sied bien à notre contre-civilisation, voire la caractérise.
Macron simule-t-il ou dissimule-t-il?
https://www.streetpress.com/sujet/1486723160-macron-le-monde
Jeannot
31/05/2017
L'Allemagne, autrefois national-socialiste, est devenue, croit-elle, place forte du global-capitalisme, comme on le lui avait demandé. C'est à ce titre qu'elle estime pouvoir se démarquer des Anglo-Américains. Son Quatrième Reich, l'UE, est entièrement soumise à la banque centrale de Francfort, et au principe du multikulti. N'est-elle pas obéissante, l'Allemagne ? N'applique-t-elle pas, mieux que ses occupants, les dogmes apportés si généreusement par Bomber Harris ?
C'est une approche très allemande : s'ordonner à partir d'une règle, que celle-ci vienne d'ailleurs ou de soi-même. Et si la règle, c'est la loi de la jungle, alors on s'adapte, on s'ordonne.
En l'absence de règle venant d'Amérique, l'Allemagne version Francfort, cherchera donc à imposer la sienne.
Comme j'ai bien lu Nicolas Bonnal et Philippe Grasset (pas encore en livre), je sais que le discours des lumières est engendré par la promesse de l'industrie. Que la haute-finance y a pris son parti, et que celle-ci s'est étendue en répandant, dans ses propres médias, devenus nouveau clergé, un persiflage démocratiste (contre ses ennemis de l'ancien monde). En 3 siècles on a pan par pan supprimé les lois divines des peuples pour celles du marché unique, le nouveau tout-puissant. Soit par des révolutions de couleur, soit par des guerres, ou quelque chose qui mêle les deux, comme les élections 'libres' à l'américaine.
L'Amérique est une industrie de la promesse de l'industrie. Mais, pour parachever le système relativiste, à base de cryptomonnaie globale, de démocratie liquide, il faut mettre fin à toute politique, même américaine.
Trump enclenche donc chez les Illuminés la mécanique qui permettra la dissolution finale des États-Unis dans l'architecture globale. Être sincèrement anti-impérialiste, quand on est POTUS, c'est fatalement se tirer une balle dans son pied. Or, si cela n'arrange pas l'establishment à première vue, à y voir de plus près, c'est le défi dont il a besoin. L'option très crédible, c'est que Trump prenne le rôle de Buchanan en 1856-1860, ce démocrate (au sens encore jacksonien, donc populiste) qui fut élu pour éviter Frémont (du tout nouveau parti républicain, ultra-libéral et modèle de tous nos partis de révolution bourgeoise). Vers 2020, comme en 1860, l'impérialisme du Nord, cette fois-ci globalisé et globaliste, pourrait l'emporter. Il suffirait d'un petit effort de censure sur le réseau social de Marc Montdesucre. Tout le monde comprendra, comme ce mois-ci avec Macron, de quoi il en retourne, et ce sera enfin la guerre totale, de l'Empire ésotérique contre les derniers îlots de résistance aujourd'hui coalisés.
À moins que d'ici là, les Occidentaux comprennent le monstre qu'ils ont créé, et en viennent à ouvrir une nouvelle ère qui remette en cause le pire de ces 3 siècles. Mais il ne faudra pas attendre quoi que ce soit de la Russie : depuis 3 siècles aussi, c'est l'Ouest qui invente, l'Est qui résiste, et enfin qui cède… à nous donc, de trouver en nous le meilleur…
Marc Gébelin
30/05/2017
Qui s’intéresse aux "apparences" c'est-à-dire à l’essentiel, aura remarqué le ton et le discours de notre président. Une élocution fluide et structurée contraire à celle de l’ex-poire qui, de ses gestes mécaniques et malvenus pour appuyer une idée, était la risée de tous. Il aura remarqué aussi quelque façon pourtant de son mentor, notamment cette main qui essaye d’appuyer un propos mais à contre temps, et surtout un faciès calme, un ton adapté à l’évènement, un regard assuré et des mots formant des phrases structurées qui avaient quand même un sens clair. Donc première impression, la souris n’est pas accouchée de la montagne mais un gros rat se positionne bien au sortir de son terrier fraichement percé dans colline.
Quand on se rappelle le vide sidéral de ses discours de campagne on se pose des questions… Macron a-t-il joué l’idiot ("il n’y a pas de culture française mais une culture en France", ou bien "la colonisation fut un crime contre l’humanité"), ou a-t-il depuis reçu une grâce que son boulgi boulga ante-présidentiel nous interdisait de voir? S’il a joué l’idiot c’est qu’il est plus qu’intelligent, car une idiotie jouée ça se prépare et ça se maitrise, et c’est pas Jacob Attali, cette vieille bique mondialiste qui vend des pantalons à une jambe à Christian, qui maîtrisait ça pour son poulain. Et ces envolées, ces rugissements d’estrade, cette hystérie parfois où certains ont vu de la poudre blanche en arrière plan ?
D’un autre côté c’est aussi un gamin qui s’imagine que le sort de LGBT en Tchétchénie ça touche Poutine, lui qui a mis le paquet il n’y a pas si longtemps pour dératiser cette république « jusque dans les chiottes » et qui l’a payé de plusieurs milliers de morts, Tchétchènes et Russes, et qui maintenant, a un fidèle en la personne de Kadirov qui lui a dévoué une armée prétorienne au cas où il en aurait besoin, sans toutefois violer la constitution russe qui l’interdit. Un gamin aussi qui se croit permis de mettre des "lignes rouges" sur "le chimique" évidemment en provenance d’Assad et en menaçant Vladimirovitch de représailles à 100% françaises au cas où ça se renouvellerait!... Poutine, les traits un peu tirés, vraisemblablement fatigué a dû bien se marrer in petto lui qui foutu en l’air la moitié de missiles de croisières dernier cri des amerlos, que l’autre connard de la maison blanche a cru devoir envoyer quand le président chinois Xii Ping avalait son dessert?
Il était attendu que le jeunot de 39 ans fasse la leçon à l’autocrate de toutes les Russies, sans se rendre compte du ridicule. D’ailleurs personne ne s’est rendu compte du ridicule, même pas Poutine qui l’écoutait blasé!... Il faut bien que jeunesse se passe, n’est-ce pas ?... En toute objectivité, sur le plan Com, Versailles était bien choisi, Pierre le Grand aussi surtout si on se souvient que le roi Soleil était derrière la Lune depuis deux ans déjà et que le petit Louis XV était effectivement petit en 1717!
Si notre Emmanuel va trainer ses guêtres à Saint Petersburg et visite le Peterhof qui plonge dans la Baltique, il pourra se rengorger encore plus en se disant que ce palais a été construit à l’imitation de Versailles et que là, comme en beaucoup de lieux du monde, domine la « culture française » qui d’après lui n’existe pas.
Théo Ter-Abgarian
30/05/2017
Il est certain que Zbig oblige à nous faire changer de grille de lectures. Ses paramètres n'ont rien à voir avec nos paramètres d'Européens Old School. Ils sont plus que post-modernes, mais en même temps vieux comme le monde voir Hobbes : La Passion et les Intérêts…
Zbig c'est l'intérêt-pétrodollar et la passion-russophobie. Rien de neuf, mais pour un Européen Wetphalien, tout un monde. L'Islam est évidemment absent des radars de Zbig et c'est normal. Je n'ai vu la guerre du Yémen pays peuplé des musulmans les plus pauvres de la Terre condamnée nulle part par les défenseurs de causes qui "méritent" d'être des causes (la galaxie BHL, entre autres, en hibernation au find fond des glaces de ses calculs égoïstes).
Georges Dubuis
30/05/2017
FANTAISIE sociétale,pré dévoreuse, pré occupant de temps, le monde meilleur sans cesse renouvelé style IKEA, liberté uber alles vs servitude à l'Est juste remis d'une vérole du vraisemblabla théorique…le marxisme qui se décompose rapidement ici….avec Mélanchon comme dernier des héros quoi de la REVOLUTION…. dernière religion du délire du mieux qui comme chacun sait est l'ennemi du bien.
GPS: un autre autodidacte, Mr Grasset….à la poursuite de l'étude Damien Viguier…... toute la, sa, vie.
https://www.youtube.com/watch?v=YuN1xydKheY
jc
29/05/2017
Je suis de ceux qui pensent que le monde numérisé que l'on nous propose (et parfois nous impose) n'est, ne peut être, que simulacre.
Typiquement il s'agit métaphoriquement de l'inversion carte-territoire, la numérisation donnant l'illusion que la carte est plus réelle que le territoire. Formidable inversion qui laisse la porte ouverte à toutes les dérives et tous les délires*. Citations:
" (...) où se trouve le monde réel, l'univers concret dans lequel nous vivons? La réponse est simple: le monde concret se trouve immergé dans cet abîme, qui sépare le vrai continu, celui que nous procure l'intuition immédiate du temps, du faux continu pseudo-numérique [la simulation] que nous fabriquent les Logiciens et autres théoriciens des fondations de la Mathématique."
(Je rappelle que "le faux continu pseudo-numérique" ne permet pas de résoudre les paradoxes de Zénon.)
" En ce qui me concerne je préfère croire à un réel - non globalement accessible parce que de structure stratifiée - dont l'herméneutique de la théorie des catastrophes permettant de dévoiler progressivement les "fibres" et les strates. Mais tout progrès dans la détermination d'une telle ontologie stratifiée en "couches" d'être nécessitera: i) l'emploi de mathématiques pures spécifiques - parfois bien difficiles - dans les théories jusqu'ici purement conceptuelles des sciences de la signification; ii) La reprise d'une réflexion philosophique sur la nature de l'être que les divers positivismes et pragmatismes ont depuis longtemps occultée."
* La dette mondiale cumulée (publique et privée) est, paraît-il, de l'ordre de 100.000 milliards de dollars. Cela représente une liasse de billets de 1 dollar (épaisseur 0,13 mm) dont la hauteur est de l'ordre de 10 fois la distance terre-lune (10 fois plus pour un empilement de pièces de 1 dollar). Et au cours actuel cela représente environ 3 millions de tonnes d'or (30.000 tonnes avant guerre, réserve supposée US actuelle de l'ordre de 10.000 tonnes).
eric b.
29/05/2017
tout d'abord, chronologiquement, l'affaire de crimée est arrivée aprés le début du foutoir en ukraine ( il faut aussi comprendre poupou, au bout d'un moment, comme disent les douaniers, passées les bornes, y'a plus de limites !).
deuzio, le mépris semble devenu réciproque, du point de vue européen, et c'est tant mieux et j'imagine que le premier monténégrin ne s'en plaindra pas.
ça fait quand même un moment que les chefs UE se font marcher sur la tête en remerciant l'oncle sam ( en france depuis le départ de chirac ).
c'est un peu comme dans un vieux couple où le (la) soumis(e) se décide à enfin riposter et ça peut aller loin ...
point suivant, c'est à dire l'impérium profond : j'ai l'impression tenace que les grands chefs étoilés sont terrorisés par la versatilité et le coté éruptif de leur commander in chief, en particulier actuellement au niveau de la péninsule coréenne, où tout est proche de tout, géographiquement parlant bien sûr, et où la déconne pourrait vite dégénérer, même sans missiles, la bonne vieille artillerie étant largement suffisante.
j'imagine, et ça doit être mon coté méchant, que ce pauvre mattis doit avoir un sommeil bien agité en plus de journées carrément stressantes…
quatro, le pognon : là, il est possible que nos avis divergent légérement.
je vois mal les grands chefs du corporate power, type google, microsoft, etc, avec des chiffres d'affaires de puissance moyennes, et surtout des bénéfices annuels de milliards de dollars, rester sans rien faire si des mesures de rétorsion commerciales devaient s'appliquer à leurs précieux produits.
de plus, pour ces boites mondialisées, le plus important du plus important, c'est l'image qu'elle donne à voir aux foules ébahies et être d'accord avec une administration qui nie, par exemple, la réalité de la catastrophe écologique déja enclenchée, ça peut faire tâche sur un cv (de futur prétendant à la fonction suprème type zuckerberg ?).
sans compter aussi les états progressistes-sociétaux-et-compagnie côtes est et ouest qui peuvent mener, dans certaines limites, leur propre politique.
je n'irai pas jusqu'à imaginer que la planète puisse être sauvée par le capitalisme mais, tactiquement parlant, ces loups pour l'homme peuvent être amenés, si vraiment les circonstances l'exigeaient et en dernières extrémités, à tempérer quelque peu les ardeurs du donald.
sinon, et pour conclure sur une note optimiste, je suis assez d'accord avec vous sur le fait que le président actuel des états unis d'amérique est un personnage flippant.
portez-vous bien
Ni Ando
28/05/2017
Les vassaux qui faisaient semblants d'être des commensaux font mine de vouloir assumer une nouvelle liberté en dehors des liens de vassalité qui les attachent au régime de Washington. Tel n'est pas le souhait de ce dernier qui entend conserver en l'état le lien de subordination mais souhaite désormais lever un impôt, une sorte de quote-part pour frais et charges. Pourquoi pas?. Ce n'est pas la première fois que le suzerain entend faire payer ses vassaux.
Vu du côté du club UE c'est un facteur de désordre. Sans suzerain pour unifier les ressources pas de puissance intégrée, et donc retour à l'Europe des Nations. Perspective abhorrée à Bruxelles. Qui prendrait donc le relais de la puissance chancelante de Washington? L'Allemagne ? L'on voit déja les mines s'allonger en Pologne, en France, en Hongrie, en Grèce et ailleurs. L'"amitiè franco-allemande" c'est une chose (qui n'existe d'ailleurs réellement que du côté français), un lien de subordination de facto c'est tout autre chose. Les déclarations de Mâme Merkel, si elles sont suivies d'une quelconque traduction opérationnelle, vont soulever bien des chamailleries mesquines.
Christian Merlinki
28/05/2017
"de la logique des causes à effets" :
La vitrine en images de l'Amérique des affaires doit troubler le 45ème président puisqu'il en oublie, dans son énumération venimeuse, la célèbre Mercedes qui fut conduite par tous les protagonistes de la série Dallas, véritable fleuron télévisuel de l'american way-of-life oligarchique dont il est un digne héritier spirituel de J.R.
François Jéru
26/05/2017
Oh, comme il est migon ce chou [[ tZhou]]
De Montbrial le 23 mai 2017, après avoir cité Pascal
"Mathématicien d’origine, j’ai étudié les modèles théoriques du marché parfait. C’était absolument fascinant, il y avait des théories magnifiques de la perfection des marchés, d’ailleurs récompensées par plusieurs prix Nobel et enseignées dans toutes les grandes universités
jc
25/05/2017
" (...) rappelle Mattei, depuis Platon : « Au troisième niveau de réalité, on constate une rupture : la simulation se substitue à la modélisation et à la représentation. Le simulacre, en tant que résultat de cette opération, possède un pouvoir de déréalisation des précédents niveaux de réalité en raison de son procès de virtualisation. »
PhG: " (...) l’allégorie de la caverne de Platon est le simulacre-type."
En général je me prétends* en symbiose avec ce que je crois comprendre à la fois de René Thom, esprit de géométrie, et à la fois de Philippe Grasset, esprit de finesse. Mais là ("l’allégorie de la caverne de Platon est le simulacre-type") il ne fait guère de doute pour moi que les deux appréciations de RT et de PhG diffèrent fondamentalement.
Voici en effet ce qu'écrit Thom dans la dernière partie de la conclusion de "Esquisse d'une Sémiophysique", intitulée "Démiurgie et herméneutique", après avoir dans un premier temps qualifié l'approche des physiciens modernes de "démiurgique":
"A cela s'oppose une attitude que j'appellerai "herméneutique". Là on se place dans la situation de l'homme assis dans la caverne de Platon, qui voit les ombres projetées par la lumière d'un feu sur le mur de la caverne. Et l'on essaie de reconstruire les êtres réels dont on voit les ombres. Reconstruire un corps tridimensionnel à partir de son contour apparent, telle est la tâche herméneutique par excellence. Elle peut conduire à la manifestation d'entités permanentes, dont on s'efforcera de préciser les contraintes qualitatives ou quantitatives pesant sur leurs interactions. L'observation fait alors place à cette "démiurgie contrôlée" qu'est la modélisation (qualitative ou, dans le meilleur des cas, quantitative). On peut aussi avoir à changer d'ontologie sous-jacente si cela conduit à une modélisation plus compréhensive, plus exacte et plus intelligible. On trouvera dans le tableau ci-contre une classification des grands modes d'explication du réel."
Ainsi, pour Thom, le problème soulevé par Platon relève de la modélisation** et non du simulacre, et renvoie à sa citation héraclitéenne favorite:
"Le Maître, dont l'oracle est à Delphes, ne dit ni ne cache; il signifie". Autrement dit la Nature nous envoie des signes qu'il nous appartient de tenter d'interpréter.
Par contre lorsque les mathématiciens croient modéliser adéquatement le continu unidimensionnel par "la droite réelle", il ne s'agit en fait que d'un simulacre de modélisation, simulacre qui se révèle par l'impossibilité de résoudre les paradoxes de Zénon (cf. Guénon ou Thom). (Et pour moi, l'informatique, la robotique, etc., ne peuvent être que simulacres…)
Pour ceux qui ne s'intéressent pas à la science:
"Finalement le problème de la démarcation entre scientifique et non scientifique n'est plus guère aujourd'hui qu'une relique du passé; on ne le trouve plus guère que chez quelques épistémologues attardés -et quelques scientifiques particulièrement naïfs ou obtus".
* Je suis prétentieux.
** Son "Stabilité structurelle et morphogénèse" est sous-titré: "Essai d'une théorie générale des modèles".
Marianne
25/05/2017
Tkt, PhG, les insoumis sont bien réveillés :))
Hieronymus
24/05/2017
Lorsque l'on visite le parc de la Paix à Hiroshima en prenant son temps et en étant un peu curieux, on remarque dans un endroit assez écarté au bord d'une allée un modeste monument, colonne de section triangulaire de 2 m de haut environ : sur chaque face est gravé un texte, le même en 3 langues (anglais, coréen et japonais), la face la plus visible pour les passants de la colonne étant celle revêtue de la version en anglais, langue que – contrairement à ce qu'on croit souvent – un grand nombre de Japonais ne comprend pas ou mal : cette orientation ne doit rien au hasard.
Que dit en effet ce texte ? Que, parmi les victimes de la bombe, 10% étaient des Coréens souvent brutalement déportés et devant travailler dans des conditions atroces, etc. Le positionnement de ce monument révèle le minutieux souci des autorités japonaises d'occulter le terrible passé criminel de ce pays et fait partie de cette pénible mentalité « négationniste » contre laquelle une petite et très courageuse minorité se rebelle. Mais, exploitant cyniquement la mauvaise conscience des « Occidentaux » (cf. Le sanglot de l'Homme blanc, livre essentiel de Pascal Bruckner sur les dérives du tiers-mondisme), le Japon entretient cette vision unilatérale de l'Histoire et, avec la complicité objective des bonnes âmes « occidentales », maintient l’oubli sur les atroces souffrances et morts de millions de victimes des crimes nippons dont la mémoire est peu défendue par des gouvernements souvent dictatoriaux, cyniques ou dépendant économiquement du Japon.
Évoquer un fait historique en dehors de son contexte constitue presque toujours une erreur : le cas de Hiroshima et Nagasaki en constitue une illustration exemplaire. Car il s'agit d'un cas de conscience particulièrement douloureux et complexe. Quelques éléments vont le faire comprendre.
N’ayant plus aucune chance de gagner la guerre dès la mi-1942, le Japon l’a totalement perdue en juillet 1945. Toutefois, la dictature militaire au pouvoir continue de vouloir combattre malgré des souffrances croissantes (le bombardement le plus meurtrier de la seconde guerre mondiale fut celui de Tokyo le 10 mars 1945 : largement plus de 100'000 morts le jour même). Et des dizaines de millions de personnes continuent de subir une occupation japonaise de plus en plus féroce en Chine agressée au moins depuis 1931 (cf. les épouvantables massacres de Nankin en 1937, les expériences médicales de l'Unité 231 en Mandchourie, etc.), en Corée (50 ans d'occupation marquées par l'esclavage, la prostitution forcée massive, la volonté de détruire la civilisation et la langue coréennes), en Indochine (famine au Vietnam due à la conversion de nombreuses rizières en plantations textiles, abominable massacre des Français depuis mars 1945, ...), aux Philippines, en Indonésie et bien ailleurs. Chaque jour de guerre supplémentaire signifiait la mort de dizaines de milliers de gens.
Alors que faire ? En gros, voici quelles étaient les options envisageables pour les États-Unis :
Option 1 - Poursuivre leur avance, c'est-à-dire, après la conquête de l'île d'Okinawa, débarquer au Japon : en extrapolant les pertes subies à Okinawa (12'500 tués étasuniens, 110'000 soldats japonais tués, entre 50'000 et 150'000 civils tués), on arrivait à une estimation d'au moins 250'000 morts du côté étasunien (alors que la guerre était déjà gagnée) ... et de pertes civiles et militaires 50 à 100 fois supérieures du côté japonais.
Option 2 : « assiéger » le Japon pour limiter les pertes étasuniennes en évitant des combats terrestres massifs comme à Okinawa ; en clair, soumettre le Japon à un blocus et à des bombardements massifs, aériens (il n'y a jamais eu de DCA redoutable au Japon : en 1945 les bombardiers pouvaient voler à moins de 1'000 mètres alors qu'ils restaient presque toujours à 5'000 m au-dessus de l'Allemagne à cause de la terrible « Flak ») et navals (depuis juillet 1945 les cuirassés étasuniens bombardaient impunément toutes les villes côtières lesquelles regroupaient la majorité de la population). Un vrai massacre : là aussi, il faut parler de dizaines de millions de morts.
Option 3 : signer une paix de compromis, en imaginant que cela ait été possible à des conditions acceptables (notamment l'évacuation immédiate de tous les territoires occupés, Corée et Mandchourie comprises) ; qui peut croire que le régime militariste du Japon l'aurait accepté ? Et combien de temps les négociations auraient-elles duré... pendant lesquelles le martyre des pays occupés aurait continué ?
Option 4 : sommer le Japon de cesser le combat en le menaçant d'utiliser l'arme nucléaire, quitte à procéder à une « démonstration » (bombardement d'un site inhabité avec ou sans annonce préalable sur le type d'arme employé). Tout d'abord, les États-Unis pouvaient détruire le Japon sans cette arme (cf. supra), cela aurait simplement pris plus de temps : or cette perspective ne faisait pas fléchir le régime japonais. Ensuite, presque personne ne savait ce qu'était une bombe nucléaire ni sa puissance : croit-on que les dirigeants japonais auraient cessé le combat sur menace d'une arme quasi-inconnue ? Enfin, on oublie presque tout le temps que les 2 bombes lancées en 1945 (et il n'y avait plus assez d'uranium ni de plutonium pour en refaire avant plusieurs semaines ou mois) étaient des engins expérimentaux (1 seul essai – réussi – le 16 juillet 1945 pour le type employé à Nagasaki) : pas moyen de procéder à une « démonstration » quelconque et encore moins d'annoncer à l'avance l'emploi de ces armes (imagine-t-on l'effet si l'une, voire les deux, n'avait pas fonctionné ?).
Option 5 : utiliser l'arme nucléaire sans avertissement et plus d'une fois pour faire croire que ce n'était que le début d'une longue série (ce que les dirigeants japonais crurent logiquement) et n'annoncer la nature nouvelle de cette arme qu'après et seulement en cas de succès, bien entendu. Ce fut l'option retenue par Truman. La seule objection me paraissant valable est que les États-Unis auraient pu lâcher ces bombes sur un site « purement » militaire comme les ports militaires de Kouré ou de Yokosuka plutôt que sur des villes : je ne dispose pas de tous les éléments expliquant ce choix (il y en a un essentiel : les conditions climatiques, notamment la nécessité d'un ciel dégagé) mais il me semble bien que ce point a été débattu ; la – mauvaise – raison est peut-être la croyance dans l’effet de terreur des bombardements, opinion qui s’est avérée fausse (en particulier, le Blitz de 1940 n’a pas abattu la combativité des Britanniques et les bombardements massifs sur l’Allemagne n’ont pas découragé le peuple allemand) mais tenace, comme le bombardement – militairement inutile – de Dresde les 13 et 14 février 1945 l’a montré…
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Même si ce qui précède est un peu long (quoique fort sommaire), on comprendra aisément que le choix était difficile pour les dirigeants étasuniens. Truman a fait le « pari de la bombe » pour essayer de mettre fin rapidement à la guerre : quel dirigeant n'en aurait pas fait autant ? Bien sûr, l'avancée rapide en Asie du nord-est de Staline (qui avait scrupuleusement respecté jusqu'en juillet 1945 le traité soviéto-nippon de non-agression signé en 1940 : il n'eut pas ce genre de délicatesse avec d'autres, demandez aux Polonais par exemple) déplaisait terriblement aux États-Unis espérant qu’une capitulation très rapide du Japon limiterait l'expansion soviétique (espoir en grande partie déçu après la victoire de Mao en 1949).
Si on fait abstraction de la Realpolitik et que l'on se place sur le terrain de la morale, laquelle des options précitées fallait-il choisir, sachant que l'inaction condamnait à mort des millions de personnes opprimées par les Japonais ? Ce n’est pas parce qu’on ne connaît pas le nom des camps japonais ou que peu de gens sont capables de surmonter les obstacles culturels et linguistiques à la connaissance de ce que fut la seconde guerre en Asie qu’il faut faire comme si tous ces crimes à très grande échelle n’avaient pas eu lieu.
Personnellement, même si je n'oublie pas les victimes de Hiroshima (ni toutes les autres, même si leur mort fut moins « médiatique »), je pense sincèrement que le choix de Truman fut le moins meurtrier… quelles que soient les raisons que l'on veuille en donner. En tous cas, on est vraiment dans un cas terrible où les « Yaka » sont particulièrement mal venus et même irresponsables. J’ai d’ailleurs entendu le témoignage filmé du marquis Kido, Gardien du sceau privé de l’empereur et personnage politique puissant, qui déclarait que les bombardements nucléaires et l’attaque soviétique avaient convaincu la majorité du gouvernement du Japon de cesser les hostilités… encore qu’une puissante faction militaro-nationaliste ait tenté un coup d’État pour poursuivre le combat. De fait, nombre de dirigeants japonais pensaient pouvoir rendre la conquête du Japon tellement coûteuse en vies humaines qu'ils arriveraient à conclure avec les Alliés un armistice à des conditions sensiblement plus avantageuses que celles d’une capitulation sans condition : que cela impliquât la mort de millions de Japonais, essentiellement des civils, ne les retenait pas un seul instant ; si l’on veut parler de crimes et de barbarie, c’est d’abord à ce genre d’attitude que l’on doit appliquer ces qualificatifs.
Pour finir de présenter les grandes lignes de la situation, il faut ajouter que le gouvernement du Japon tenta de négocier une cessation des hostilités en passant principalement par l’URSS qui resta neutre à l’égard du Japon jusqu’au 8 août 1945 : appliquant les directives de Staline, Molotov refusa de s’entretenir pendant des mois avec l’ambassadeur du Japon ; il s’agissait d’éviter que la guerre du Pacifique prenne fin avant que l’URSS soit en mesure de profiter de la défaite du Japon : là encore, on note le silence des grandes âmes et autres donneurs de leçons.
On peut se demander si le Japon aurait accepté de cesser le combat si les États-Unis avaient explicitement et publiquement pris l’engagement de maintenir l’institution impériale, à laquelle l’immense majorité du peuple japonais était attachée et qui constituait un enjeu particulièrement important pour les militaires et autres ultranationalistes. Compte-tenu de l’irréalisme et du fanatisme de maints dirigeants politiques et militaires japonais, on peut fortement douter que cette seule concession leur aurait suffi pour accepter d’évacuer toutes leurs conquêtes depuis 50 ans et capituler sans autre condition…
Bref, il s'agit d'une question douloureuse et complexe et la manie de la repentance ne fait que brouiller la réflexion en donnant une importance excessive à des auto-flagellations souvent peu documentées et parfois indécentes alors que des millions de vicimes sont ignorées depuis des décennies : ne serait-ce que par respect et compassion pour elles, faisons un effort d'analyse historique aussi honnête et sérieux que possible, c'est suffisamment difficile pour ne pas le remplacer par les sanglots de l'homme blanc…
jc
23/05/2017
Je viens de lire un article d'un certain Michel Geoffroy qui résume assez précisément l'idée que je me fais du Système, de ses élites et de ses objectifs:
https://www.polemia.com/wp-content/uploads/2017/05/polemia-lesmanigancesdelasuperclassemondiale-170521023606.pdf
La constitution d'une élite et sa perpétuation est évidemment fondamentale dans la structuration et l'homéostasie de toute société, humaine globalisée dans ce cas-ci. Pour René Thom les dynamiques qui y sont à l'oeuvre sont fondamentalement les mêmes que celles que l'on trouve dans la morphogénèse biologique: il y a insi, selon lui, une analogie entre "élite sociale" et "cellules germinales".
Voici ce qu'il écrit à la fin (p.216) de "Esquisse d'une Sémiophysique" (ES,1988):
"L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut, on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi ("aplanos"). Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être; de même que les cellules sexuées dans nos gonades peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal alpha (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur. Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera très précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer."
Selon moi l'auto-proclamée élite-Système est loin de s'arrêter "à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle". Comme suggéré au début de la citation ("aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience"), je vois au contraire cette pseudo-élite bloquée dans les basses branches, avec un horizon intellectuel limité par le pragmatisme et le positivisme, coupée des gens ordinaires (l'analogue des cellules somatiques), barrière de Weismann oblige*, produisant une idéologie bas de gamme, déstructurante et mortifère, qui se répand et prolifère dans la société par l'éducation et les médias "aux ordres".
* "(...) on ne pourra que s'étonner - dans un futur pas tellement lointain - de l'étonnant dogmatisme avec lequel on a repoussé toute action du soma sur le germen - tout mécanisme "lamarckien"." (ES, p.127)
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