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Duke Cunningham

Article lié : La chute de l'as, abattu par $2,4 millions

jf

  04/12/2005

Bien sûr, Cuningham est loin d’être le seul à avoir la main mise et la main prise dans les caisses noires puis blanchies.  Mais si on commençait à dresser la liste des coupables et irresponsables, on sera toujours en train de taper les noms bien au délà de Pâques. 

Commentaire de Jay Leno :

“As I’m sure you know by now, California Congressman Duke Cunningham resigned from office after admitting he broke the law by taking $2.4 million dollars in bribes. It’s kind of ironic. The only time you can be really sure that a politician is telling the truth is when he’s admitting that he’s a crook.

Don’t you love how our system works? So if you’re poor and you steal a loaf of bread it’s a $200 fine, if you’re a congressman who steals $2.4 million you get to keep a 25% bonus.”

Empire US - Rome

Article lié : Le verdict de Van Cleveld sur cette “foolish war

Thierry Delbosc

  04/12/2005

En complément et amorce d’une recherche sur la concordance des temps.

http://www.lelibraire.org/chronique.asp?cat=5&id=1728
““Il y a une quinzaine d’années, un commentateur américain éduqué au Canada, Charles Krauthammer, publiait un article retentissant. Dans The Unipolar Moment, il affirmait que la chute de l’Union soviétique annonçait l’émergence d’un monde unipolaire, c’est-à-dire une ère où les États-Unis dominent complètement et où la multipolarité n’existe pas. Le temps de l’hégémonie américaine est arrivé, et les Américains doivent apprendre à l’assumer sans pudeur. L’article fut reçu avec scepticisme, mais, au fil des ans, force est de reconnaître son caractère prémonitoire. À la veille de la guerre contre l’Irak en 2003, les États-Unis ont effectivement accédé à un niveau de puissance sans pareil dans l’histoire de l’humanité. Une nouvelle Rome est née. Pourra-t-elle se maintenir ?

Par Jocelyn Coulon 2005/10/24
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De la république à l’empire

Peter Bender, historien allemand et spécialiste de la politique étrangère romaine, s’est livré à un redoutable exercice de comparaison entre la Rome impériale et les États-Unis d’aujourd’hui. Le résultat est un livre magnifique et troublant sur les deux grandes puissances aux trajectoires parallèles et combien similaires. En effet, «il aura fallu des qualités et des circonstances bien extraordinaires pour qu’une petite ville du centre de l’Italie se rende maîtresse de tout le monde antique et que treize colonies britanniques sur la façade orientale du continent nord-américain deviennent la plus grande puissance du monde», écrit-il. Rome naquit république et mourut empire. Au départ, des citoyens égaux et intégrés vivent au sein d’une communauté politique dont le fonctionnement assure à tous une voix au chapitre. Rome n’ambitionne rien, craint les aventures extérieures. La turbulence du monde, le désir de sécurité, la convoitise des ressources changent la donne. Rome passe à l’offensive, chaque fois pour mieux assurer sa défense et, chaque fois, s’empêtrant un peu plus dans les affaires des autres. L’empire apparaît sans pour autant se révéler. Ainsi, les valeurs de la république sont constamment invoquées, le premier empereur assure n’être que le premier des citoyens. Il n’en est rien. À l’intérieur, le fardeau de l’empire transforme le système politique au point où tous les pouvoirs sont finalement concentrés aux mains d’un homme. À l’extérieur, les Romains étouffent dans l’œuf toute menace, fût-elle encore loin à l’horizon. La guerre préventive n’est pas née à Washington.

L’empire romain avait une prétention à l’universalité tout en sachant où son monde s’arrêtait. La frontière fut tracée, et Rome tira les leçons de l’expérience impériale : un déploiement sans limites mène à l’hyperextension. Cela lui a réussi. Rome a exercé un attrait considérable et laissé un important héritage juridique, politique et culturel. L’empire d’Occident a duré sept siècles, celui d’Orient douze.

La fragilité des États-Unis

Rome ne voulait pas de l’empire, les États-Unis rechignent à en devenir un. Du moins, c’est ce que l’on dit à la Maison-Blanche. Ghassan Salamé, ancien ministre libanais et conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU, maintenant professeur de relations internationales à Paris, n’en est pas si certain. L’auteur retrace l’histoire des États-Unis depuis la déclaration d’indépendance et analyse l’imposante littérature américaine de la dernière décennie, pour conclure à la volonté de l’Amérique d’épouser plus ouvertement un projet néo-impérial qui la taraude depuis un moment. Salamé n’a rien d’un anti-américain. Son argumentaire est subtil et d’une exceptionnelle richesse. D’où son intérêt et sa résonance. Dès leur fondation, les États-Unis n’ont jamais aspiré à étendre leur domination, sinon sur les terres à l’ouest des treize colonies. Ils se sont révoltés contre le système colonial britannique comme les Romains avaient secoué le joug du roi étrusque Tarquin. Ils ont refusé toute alliance, tant avec l’Angleterre qu’avec les grandes nations d’Europe continentale ou d’Asie. Pourtant, l’idéologie même qui fonde la nation américaine appelle à entrer sur la scène du monde. L’Amérique construit une société dont la nature doit être un exemple. Woodrow Wilson en 1917 la projette sur la scène internationale et parle de bâtir un monde plus sûr pour la démocratie. Il faudra attendre quelques années pour voir les États-Unis acquérir une énorme influence, d’abord comme superpuissance en 1945 puis, comme hyperpuissance en 1991.

Le projet néo-impérial a pris consistance à ce moment-là. Puisque l’Amérique a contribué à démocratiser l’Europe de l’Ouest, puis à vaincre l’empire soviétique et à l’entraîner dans son camp, la porte est ouverte à la propagation de la démocratie et de la liberté dans le reste du monde. La «guerre au terrorisme» va accélérer cette croisade, soutient Salamé. À la surface, cela n’a rien de répugnant, mais les véritables objectifs restent cachés. L’Amérique veut établir son hégémonie économique, politique et militaire, ce qui ne veut pas dire conquérir des territoires, administrer des populations, assimiler des élites, extraire des revenus pour financer la domination, toutes caractéristiques d’un empire. «Dans cette acception, décrit Salamé, l’Amérique n’est pas un empire, mais émet de nombreux signes indiquant qu’elle pourrait en devenir un.» Les centaines de bases à l’étranger, l’invasion de l’Irak, la manipulation des alliances, la soumission du Sénat et la concentration des pouvoirs à la Maison-Blanche semblent montrer la voie à une logique d’empire. Salamé demeure cependant prudent quant au succès du projet néo-impérial. Cinq raisons expliquent son scepticisme : les limites de la puissance militaire ; les moyens matériels et financiers disponibles ; la prédisposition des Américains à voir leur pays assumer un tel projet ; l’impossibilité de refaçonner le monde à eux seuls ; enfin, un projet moins bien pensé que son ambition ne l’exigerait et, du coup, fragile dès sa naissance.

Selon l’historien français Jean-Baptiste Duroselle, tout empire périra. Reste à voir si les États-Unis sont un empire et si cet empire sombrera. Il est encore trop tôt pour le dire, écrit Bender. «En tant que puissance mondiale unique, les États-Unis n’existent que depuis une quinzaine d’années. L’Amérique a encore son histoire devant elle. Elle n’en est qu’au début d’un chemin dont nul ne connaît les détours ou le terme, ne sachant même s’il continuera sur une courbe ascendante ou s’il entrera lentement en déclin», souligne l’auteur. Le moment unipolaire va-t-il s’éterniser ?
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Bibliographie :
L’Amérique nouvelle Rome. L’Engrenage de la puissance, Peter Bender, Buchet-Chastel, 379 p., 44,95 $
Quand l’Amérique refait le monde, Ghassan Salamé, Fayard, 568 p., 44,95 $ “”

banlieues et nouvelle société

Article lié :

yodalf

  03/12/2005

Sous cette adresse, on peut observer une photo du quartier des Tarterets, et son collège.
http://www.ac-versailles.fr/etabliss/Tarterets_corbeil/Vfr/prescoll/quartier.JPG

On remarquera qu’il est bordé par une autoroute et une zone industrielle, un zone de chemins de fer, suivie d’une colline boisée, et limitée à droite par des espaces en friche (peut être des barres d’immeubles déjà démolies). N’importe qui peut regarder la photo et dire :C’est une île.

Exactement, c’est un ghetto.
Un territoire enclavé qui concentre des problèmes de chômage, des jeunesse sans intégration, et où les structuration sociales ont disparu. Et où il se produit ce qui arrive dans les ghetthos comme à Los Angeles: violence de pauvres contre les pauvres, agression dans les bus, le RER, viols, incendies divers (écoles). la police française n’y a pas commis de bavures exentiellement parce qu’elle n’y est pas entrée, elle a laissé brûler, et travailler les pompiers.
Là, on a tiré à la grenaille sur la police en novembre.

Posons quatre questions:

1 - Comment a-t-on pu laisser se concentrer ces populations, non-françaises et sans doute peu républicaines, des familles en décomposition loin de leur tissu social d’origine, dans des territoires, où bientôt la police ne va pas entrer, et où les professeurs ne veulent pas
être nommés? N’enseigne-t-on pas dans les Grandes Ecoles que donner un territoire, c’est
constituer une alternative de souveraineté? Qui sont donc ces élites qui observent, comptent les statistiques et attendent ... l’explosion?

2- Sur ces territoires de non-droit, les bandes de petits dealers ont grandi en réseaux de quartiers qui structurent les bandes de jeunes, recrutent les mineurs (pénalement protégés)
pour faire le transport, achètent des armes acheminées d’ex Yougoslavie. C’était une
évidence, je l’ai moi même entendu de la bouche d’un commissaire dans une réunion institutionnelle en 1992, soit il y a 13 ans! Par quelle perversion de la mentalité de nos
élites est-on resté passif, se contentant à limiter la violence (à combien de voitures par
nuit?)durant si longtemps? La base de l’existence d’un Etat est de garantir la liberté, l’intégrité physique, les propriétés.  De droite comme de gauche, nos dirigeants ont bien abandonné ces devoirs, dans des territoires réservés aux pauvres, où l’on attendait peut
ètre que le développement de comportements sauvages justifie, par la réprobation morale
qu’ils entraînent, l’assomption tranquilisante d’une forme de darwinisme social.

3 - Une politique d’urbanisme se développe sur 20 ou 30 ans. Que va-t-on faire maintenant?
Mème si la légalité reconquérait matériellement ces espaces, il n’en reste pas moins que ces
populations forment encore une concentration qui génère une de ces sous-cultures de ghetto,
fondée sur les signes de la force physique, la valorisation de la “vraie vie” qui est celle
des bandes et de leurs territoire de souveraineté, les stratégies de survie et les petits trafics.

4 - Ne faut-il pas considérer plutôt que le mal est fait, va durer, et que les “murs” qui
isolent les pays du Nord des immigrants du Sud va se prolonger désormais à l’intérieur même
de nos villes? Nos sociétés sont en train de se cogner la tête dans le mur, en effet !
Et, dans ce cas, essayons de voir si nos civilisatons occidentales n’auraient pas perdu
leurs paris! Est-ce que l’on occuperait pas mieux son temps à analyser ce constat d’échec, et à chercher d’autres valeurs…?

comment paraître

Article lié :

yodalf

  02/12/2005

dans le forum. faut-il être membre et payer quelque chose?
?? ou bien suis-je censuré - mais je ne fais que complèter le texte du 10/11 de Manu Rodek.. Mystère…

A noter que...

Article lié : Seymour Hersh et le “CIA’s Gulag” en Europe

Fred

  01/12/2005

...le Monde Diplomatique en fait son Edito dans le n° de Décembre.

Sans pour autant insister sur les geôles européennes.

Mais alors...

Article lié : Tenet s’est-il payé Cheney?

Fred

  29/11/2005

...c’est tout de la faute à Tenet la guerre en Irak ?

Fallait le dire tout d’suite que Cheney et les autres en fait avaient tous été manipulés dès le début par la CIA…

Finalement, que de mauvais procès alors !

(ironie)

The Real Reasons Why Iran is the Next Target: The Emerging Euro-denominated International Oil Marker

Article lié :

RG

  27/11/2005

Je viens de tomber sur un article du site Bellaciao :

BELLACIAO - La fièvre du poulet chinois et le vraisemblable - Badia Benjelloun - Collectif Bellaciao
http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=20980

qui annonce en particulier :

Le véritable dispositif explosif en gestation actuellement en Iran consiste en la préparation d’un marché pétrolier en Euros, l’Iranian Oil Bourse qui va être fonctionnel dès mars 2006 et concurrencer l’International Petroleum Exchange et le New York Mercantile Exchange .

info recoupée là :

The Real Reasons Why Iran is the Next Target: The Emerging Euro-denominated International Oil Marker | EnergyBulletin.net | Energy and Peak Oil News
http://www.energybulletin.net/2913.html

Donations

Article lié : Journal de bord de dedefensa.org — 051125, Premier bilan d’une campagne contrastée

DULAUROY Patrick

  25/11/2005

Je viens de lire votre constat sur le nombre relativement faible de donateurs. Sachez que j’ai commencé à vous faire une donation via Paypal jusqu’à ce que je m’aperçoive que ce site vous demande d’accepter votre inscription dans un fichier localisé aux Etats Unis !
Comme j’essaye d’éviter que mon nom apparaisse dans une quelconque base de données américaine,
J’ai renoncé à ce mode de paiement et j’enverrai une donation par chéque ce qui est nécessairement un peu plus long.

Sinon toutes mes félicitations pour le nouveau site que je consulte très régulièrement.

Humour

Article lié : La guerre civile dans le programme JSF

Jean-Pierre

  24/11/2005

Désolé pour ce commentaire très léger, mais venant de lire cette définition qui m’a fait beaucoup rire juste avant votre article, je tiens à la partager avec vous :

Un missile sol-sol est un missile pour militaires terre à terre (Marc Escayrol)

Une lettre à ceux qui nous gouvernent (en France) - Nazir HAMAD

Article lié :

manu kodeck

  24/11/2005

    J’ai toujours présent à l’esprit une formule qui a eu son succès auprès de beaucoup de Français : « Le Pen dit haut ce que beaucoup pensent tout bas. » Une autre formule non moins pertinente, court dans le milieu qui secoue la France par les agissements du moment. Cette formule s’écrit de la manière suivante : « La « racaille » agit et fait entendre haut ce que beaucoup de Français issus de l’immigration pensent tout bas. »

    Si ces deux formules se rejoignent, elles le font sur une base commune, qui est la fracture sociale. Beaucoup de Français d’origine étrangère se sentent abandonnés, accusés de tous les maux, et discriminés de plus en plus ouvertement. Quand on a des oreilles, on peut entendre cela dans les banlieues pauvres mais aussi au sein de l’élite issue de l’immigration. Cette élite, les bons élèves de la République, se trouve interdite d’accéder à de nombreux postes réservés aux « bons Français. » Faut-il les recenser tous ? On peut évoquer sans être exclusif, la télévision, la radio, le Parlement, le Sénat, les hautes fonctions administratives, le corps diplomatique et j’en passe. L’article que le Monde a publié sur le racisme ouvert contre les soldats français de religion musulmane dans l’armée illustre parfaitement cette terrible réalité qui risque malheureusement de s’aggraver si rien ne se fait pour y remédier.

    À y réfléchir avec sérénité, il est aisé de démontrer que le discours de rejet à l’égard des Arabo-musulmans, qui est celui de l’extrême droite depuis une bonne dizaine d’années, semble être repris par la droite libérale dans beaucoup de pays européens ainsi qu’aux Etats-Unis, notamment avec le régime actuel. L’extrême droite a monopolisé le discours sur le phénomène de la délinquance dans les banlieues afin de l’exploiter comme étant à l’origine du malaise social. Elle a mis tout en œuvre pour confondre les agissements des malfrats et l’identité culturelle de leurs groupes respectifs. Le véritable succès de l’idéologie xénophobe est d’avoir introduit un raccourci qui réduit dangereusement la distance entre la culture et les actes individuels. Autrement dit, la formule magique de l’extrême droite est de faire des Arabo-musulmans l’Autre de la différence à donner en exemple comme l’antithèse par excellence de la civilisation occidentale.

Ce discours a d’autant plus d’impact que les hommes politiques n’ont que rarement dépassé leurs divergences pour mieux situer cette question sur le plan national. Pendant ces longues années de prévalence de l’idéologie raciste, nous avons vu des présidents manœuvriers, beaucoup plus soucieux de leur réélection que du danger de la fracture sociale dans leur pays. Des hommes politiques respectables ont pactisé avec les extrémistes, ou ont repris à leur compte des éléments de leur discours, afin de récupérer un électorat perçu comme des brebis égarées.

    Maintenant que les banlieues retrouvent leur calme et les voitures brûlent moins, la question essentielle demeure : Quelle lecture faut-il faire de ces événements, et comment qualifier ceux qui sont à leur origine ?

    Monsieur Sarkozy a lâché le mot qu’il croit juste. Et là-dessus, il n’a pas bougé. D’ailleurs, une bonne partie de l’opinion publique lui donne raison. Il gagne 11 points dans les derniers sondages. Monsieur Sarkozy peut donc se réjouir ; il sera le présidentiable crédible aux yeux de ceux qui n’aiment pas la « racaille ».

Nous ne le disons peut-être pas assez : c’est le raciste qui fait l’extrême droite, autant que celle-ci nourrit le raciste par ses prises de position et par ses écrits. Et c’est justement cet état des choses qui permet au délinquant de justifier ses actes au nom même de ce rejet.

    Beaucoup parmi nous côtoient les banlieues parce que nous travaillons au sein même de cette population. Notre surprise ne vient pas du fait qu’il y ait eu des mouvements chauds dans ces banlieues, mais du fait qu’ils arrivent si tardivement et sans la violence que beaucoup de villes américaines et anglaises ont connues. Les clignotants sont au rouge depuis deux bonnes décennies et rien n’a été tenté pour répondre aux besoins de ces populations de plus en plus miséreuses,  exclues et marginalisées. Nous le savions tous, la police la première, qu’une économie parallèle y prospérait et que des caïds connus notoirement en étaient les premiers bénéficiaires. Des policiers se targuaient de nous dire qu’ils avaient les noms de ces malfrats et qu’ils n’étaient pas si nombreux que ça. D’ailleurs, à la décharge des caïds, des pans entiers de l’économie nationale constituent une économie parallèle. Citons à titre d’exemple les secteurs du bâtiment, de la confection et de l’électronique.

    Et maintenant que Monsieur le Ministre continue à ne voir que des malfrats derrière ce qui s’est passé, on est en droit de se demander si la tolérance dont cette économie a bénéficié n’avait pas pour but de calmer cette population marginalisée et pour la rendre coupable et la criminaliser quand elle se mobilise pour revendiquer un destin autre.

    Monsieur Sarkozy n’a fait qu’utiliser un terme employé par les jeunes eux-mêmes « racaille ». Mais là où le Ministre a pêché c’est quand il n’a pas compris que le fait de se qualifier soi-même de « racaille » signifie à la fois une identification au discours raciste et une auto-dérision à la manière des blagues juives. Elles deviennent anti-sémites quand elles sont racontées par des non-juifs.

    Nous voyons actuellement des tags ou des affiches qui disent : »Je niquerai la France jusqu’à ce qu’elle m’aime ». Il s’agit d’un slogan et non pas d’une insulte du type « nique ta mère ». Ce slogan ne dit pas : « Nique le Ministre ou nique la France », il dit : « jusqu’à ce qu’Elle m’accepte et m’intègre ». Cela, Monsieur le Ministre, n’est plus le discours d’un malfrat, mais d’un jeune qui se politise.

    Nous ne savons pas quelles leçons les pouvoirs publics vont tirer de ces mouvements chauds, mais une chose est sûre : c’est que ces jeunes ont réussi à faire éclater la vérité sur le racisme en France et que beaucoup commencent à l’admettre. La France n’est pas Le Pen, mais elle ne le récuse plus.

Ecrit par Nazir HAMAD, psychanalyste
Source : http://www3.sympatico.ca/jbeili/Anthropologie/une_lettre.htm

Doctrine nucleaire

Article lié : “Tempête sur Hiroshima”

stephane de las vegas

  24/11/2005

Les USA ont change leur doctrine nucleaire depuis mars 2005 apres s’etre fait vole le document en interne (d’apres ce que l’on m’a dit *conditionnel*). J’ai le document entre les mains (69 pages) mais je n’ai pas eu le temps de m’y consacrer pour faire une synthese. Vous pouvez le trouver sur le site de greenpeace.org

Retard JSF version marine pour la Grande Bretagne

Article lié :

Thierry Delbosc

  23/11/2005

En cas de retards du programme F35, quelques soucis à venir pour la Fleet Air Arm ... qui est obligée de moderniser ses harrier GR9 (motorisatio n et système d’armement, SANS missile Air Air AASRAM) au moment où, sur ses deux porte aéronefs restant, un est en cale pour travaux alors que la marine française est désormais devant elle.

“Royal Navy - Où en sont les futurs porte-avions franco-britanniques?

Ce seront les piliers de la force maritime européenne à l’horizon 2015. Les trois futurs porte-avions de la France et du Royaume Uni seront sans doute construits en coopération. Les industriels espèrent une notification du contrat fin 2006.
07/11/2005

(...) Londres avait prévu de se doter à partir de 2012 d’une soixantaine de Join Combat Aircraft ( appellation britannique du JSF américain) en version décollage/appontage court (F 35 B). L’utilisation de cet appareil entraîne l’une des principales différences des bateaux de la Royal Navy, qui doivent être équipés d’un tremplin et ne dispose ni de catapultes, ni de brins d’arrêt. Seulement voilà, aux Etats-Unis, ce programme prend du retard et son coût s’annonce pharaonique. Dernier évènement en date, l’US Air Force a décidé de moderniser ses F 18 et de les prolonger jusqu’en 2030. Plusieurs pays, qui avaient envisagé d’acquérir des JSF, devraient eux aussi opter pour cette solution et rétrofiter leurs flottes aériennes. Reste à voir si l’US Marine Corps, qui a besoins de la version à appontage vertical, se lancera seul dans le programme. Evidemment, il n’y a rien de moins certains, d’autant que l’US Navy ne se montre pas vraiment des plus pressée. Pour la Grande-Bretagne, engagée dans ce programme au travers de BAE, la position est très inconfortable. Ses Harrier sont hors d’âge et seront très vite retirés du service.

Le ministre britannique chargé des approvisionnements militaires a indiqué la semaine dernière que « compte tenu de l’importance de la version à décollage vertical pour l’US Marine Corps, l’avion n’était pas en danger. Il n’y a donc pas besoins d’un plan de secours pour la Royal Navy ». Malgré cette annonce rassurante, Lord Drayson reconnaît que : « n’importe quel changement américain sur la fabrication du F 35 pourrait affecter son rôle sur les porte-avions britanniques ». En coulisse, le gouvernement étudie l’éventualité d’abandonner le tremplin prévu sur les CVF pour installer, le cas échéant, des catapultes et des brins d’arrêts. La décision sera prise en janvier, en même temps que celle concernant la coopération avec la France. Selon un ingénieur de l’aéronautique, « les Anglais sont tellement engagés dans le JSF qu’on n’imagine pas qu’ils puissent acheter autre chose. Ceci dit, l’avion, qui doit entrer en service en 2014, va continuer d’accumuler les retards et les surcoûts, ce qui devrait entraîner un repositionnement de la Grande-Bretagne ». Le gros problème, c’est qu’en 2013, date évoquée aujourd’hui pour la mise en service du HMS Queen Elisabeth, la Fleet Air Arm n’aura aucun appareil à y déployer. L’Eurofighter, en raison de sa conception, n’étant pas navalisable, il ne reste donc que deux opportunités en cas d’abandon du F 35 : Acheter des F 18 ou commander des Rafales. Même si chez Dassault, on en rêve peut être, tout comme Alstom se verrait bien construire les trois coques de porte-avions, les industriels français savent que cette option tient plus du songe que de la réalité politique.

Vincent Groizeleau ” http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=772”

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“Royal Navy
La Royal Navy condamnée à prolonger ses Harrier GR9
07/07/2005

Les Harrier GR9 utilisés par la marine anglaise pourraient être prolongés jusqu’en 2018. C’est la conséquence directe du retard pris par le programme JSF (Join Strike Fighter). Un coup dur pour la Royal Navy qui a déjà perdu ses flotilles de chasse embarquée. Après le retrait des antiques Sea Harrier, les Harriers GR9 de la Navy ont en effet été transférés à la Royal Air Force. En attendant l’arrivée des F 35, qui doivent équiper les porte-avions Queen Elisabeth et Prince of Wales, les Harrier seront donc moderniser une nouvelle fois. Leur nouvel équipement comprendra le missile guidé par laser et GPS Paveway IV et le missile anti char Brimstone. En revanche, il ne serait plus question d’équipés ces appareils trentenaires du missile Air Air AASRAM, une opération jugée trop coûteuse.
La Grande-Bretagne prévoit d’acquérir 150 F35 pour la RAF et la RN. Londres a déjà déboursé 1,5 milliard de Livres dans ce projet. “
http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=175

coopération franco britannique marine

Article lié : Journal de bord de dedefensa.org — 051020, nous et notre retard

Thierry Delbosc

  23/11/2005

“Royal Navy
Porte-avions: La Grande-Bretagne construira ses navires chez elle, et en quatre blocs

Londres a confirmé que les futurs Queen Elizabeth et Prince of Wales seraient réalisés en quatre méga-blocs. Trois d’entre eux seront construits par BAE Systems, dans ses chantiers de Glasgow et Barrow in Furness, le quatrième étant à la charge de VT Group (ex Vosper Thornycroft) à Portsmouth. Les blocs seront ensuite assemblés chez Babcock International, à Rosyth, sur les bords de la Fife (Ecosse). Les porte-avions, qui déplaceront près de 70.000 tonnes, seront les plus grands navires de guerre jamais construits au Royaume-Uni. Les travaux sur le premier navire devraient débuter en 2008, au lieu de 2007, pour une livraison en 2013. Selon le Daily Telegraph, ce programme permettra « de créer ou maintenir 10.000 emplois ».
Le coût des deux navires, qui a déjà sérieusement dérapé, se situerait aujourd’hui dans une fourchette de 3,5 à 5 milliards de Livres (5,3 à 7,6 milliards d’euros). Tony Blair compte profiter de ce programme colossal pour restructurer la construction navale britannique. Selon le Financial Times, le secrétaire d’Etat à la Défense, Lord Paul Drayson, a l’intention de publier dans la semaine précédant Noël un rapport sur les industries de défense du pays. On devrait alors en savoir un peu plus sur le découpage industriel. Le journal estime que BAE Systems devrait se tailler « la part du lion », au détriment de Thales, dont le design a pourtant été retenu par le gouvernement britannique. Au sein de l’Alliance, structure qui gère le projet et dans laquelle les deux groupes sont présents, le rôle du troisième acteur majeur, l’américain KBR, aurait été « sévèrement réduit ». Le ministry of Defense, interrogé par le Financial Times, affirme toutefois que Thales et KBR sont « satisfaits du rôle qu’on leur réserve ».

Et en France?

Pendant ce temps, en France, DCN et Thales continuent de travailler, au sein de la société MOPA2, au projet de second porte-avions pour la Marine nationale. Ce navire devrait être construit en coopération avec les Britanniques, le design des futurs navires de la Royal Navy étant la solution privilégiée. L’annonce par le gouvernement du choix d’un bâtiment en commun ou d’un navire de conception nationale est attendue très prochainement. Un peu plus de 900 millions d’euros sont prévus dans le budget 2006 pour lancer le programme. Cet été, un rapport avait conclu que le design anglo-saxon était compatible à 85% avec les besoins opérationnels de la marine. De l’autre côté de la Manche, Londres pousse à la coopération, contrairement aux industriels qui, eux, semblent freiner des quatre fers. Dans un article publié récemment par Defense News, un proche du gouvernement affirme qu’ « il y a de la résistance au sein de l’industrie, qui craint un haut degré de complexité (d’un programme en coopération) et souhaite protéger son propre business ». Les chantiers britanniques avaient d’ailleurs été chargés de proposer des pistes de collaboration, en vue de réduire les coûts pour les deux marines. Tony Blair attend toujours les propositions… “

Articles d’intérêt dans la perspective d’Europe de la défense sur le même site, si la GB souhaite sans en afficher la politique avoir une indépendance technologique vis-à-vis des USA.

http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=868
Je vous laisse tirer les conséquences et la mise en contexte.

Amicalement & encouragements

Peretz, le Chavez israelien

Article lié :

willy

  21/11/2005

Peretz est d’origine marocaine et non mexicaine.

Cela n’enlève rien à la justesse de votre analyse sur les conséquences d’un élection de Peretz sur la stratégie américaine.

Petite approche hérétique du feu

Article lié :

C. Perrin

  17/11/2005

Que nous dit cette crise ? De quoi nous parle-t-elle ? Elle nous parle certainement plus de nous mêmes que de ses acteurs apparents. Ceux-là n’ont rien à dire et ils ne donnent à voir que l’expression de leur rage. La dimension première de la geste des jeunes de banlieue est totalement non politique : rage individuelle ne pouvant s’exprimer que dans l’acte de destruction. Comment pourrait-il en être autrement ? Cela fait trente ans que dans toutes les interventions, tous les dispositifs visant à apporter des solutions aux maux des quartiers de relégation, est inscrit à l’encre sympathique l’objectif prioritaire d’empêcher toute expression politique. Les quelques tentatives isolées s’inscrivant dans cette visée ont toutes été laminées par l’action conjointe des municipalités et des services de l’Etat. Les gremlins enragés sont les purs produits de l’action républicaine. Cruelle vérité que peu de commentateurs placent au coeur de leurs analyses. On le comprendra aisément ; dans le délitement globalisé actuel, les esprits français répugnent à ébranler ce qui semble encore maintenir debout l’édifice local. On ne touche pas à la poutre maîtresse républicaine, même lorsque l’on sait que c’est plus le virtualisme des discours que la réalité des pratiques qui la maintiennent en place et la rendent encore présentable.

Et c’est là une évidence pour nous, que l’analyse de la crise est plus révélatrice d’une crise de sens que celle qui se donne à voir dans les quartiers, à tel point que celle-ci dévient seconde. Nous avons certes à apprendre des faits, mais beaucoup plus d’enseignements sont à tirer de l’examen de la perception des faits et des commentaires qui foisonnent.

Pour déblayer le terrain, notons d’abord que l’une des grilles de lecture en vogue a fait long feu. La réthorique de la grande guerre contre la terreur musulmane s’est dissoute par l’action du vide politique manifesté par les jeunes enragés. Le 3 novembre dernier, le poulain des néoconservateurs et actuel Ministre de l’Intérieur a bien tenté par ses déclarations devant la presse d’orienter les analyses dans cette direction. Mais la force des démentis émis en premier lieu par les policiers sur le terrain, et les avis de ses pécialistes en spin l’ont certainement amené à ne pas insister. Il y a des fictions auxquelles la société française peine à croire en raison leur caractère trop grossier. Cette illusion n’est pas tout à fait la nôtre, celles que nous nourrissons collectivement sont plus subtiles tout en étant pas moins mortelles.

Les commentateurs français affectionnent les sociologies, et c’est une perception nourrie de sociologies qui les amène à placer la question des discriminations dans la société française comme principal facteur d’explication de la flambée automnale. Engagé nous-même professionnellement dans le champ de la lutte contre les discriminations, nous disons que sans avoir tort ils se trompent par défaut de concrètude. Le concret n’étant pas le côté matériel et borné d’une chose ou d’un événement, mais suivant son étymologie (concrescere : grandir ensemble), le côté non abstrait (non isolé), d’une chose ou d’un événement, relié au Monde matériel et imatérielle ainsi qu’à l’Histoire. Est concret ce qui est relié, et c’est un fait indiscutable que toute science moderne, sociologie incluse, que la Modernité même, ne se déploient que dans le cloisonnement, et condamnent nos esprits à se nourrir, non pas de pain, mais de miettes.

La réalité et la force des discriminations raciales sont des évidences que plus personne ne conteste en France aujourd’hui. Il est également évident qu’aussi bien la dénonciation par le discours public que la mise en place de dispositifs de lutte, sont impuissantes et ne parviennent pas à faire décroître le phénomène. Nous sommes d’accord avec cette analyse, et nous sommes parmi les premiers à dénoncer le hiatus entre les intentions fortes énoncées dans les discours et l’incapacité publique constatée dans l’action. Mais en rester là, comme le font la plupart des commentateurs, et croire en bon adepte de la sociologie, en bon moderne français, qu’il suffit d’agir sur les capacités d’action publique (les acteurs et les dispositifs), voir de multiplier les actions positives, pour répondre à la crise, est une illusion.

Il faut examiner la nature de cette illusion pour comprendre la difficulté de son dépassement. Elle est moderne, parce qu’elle suppose avant tout la délimitation, le cloisonement du problème, mais elle est aussi française, car dans ce pays où l’enarque est roi, on n’imagine pas qu’une fois le problème bien délimité, le réel puisse résister à la rationalité de l’action de l’Etat. Et c’est finalement parce qu’en France, Modernité et action de l’Etat se confondent, que l’analyse, pour être recevable, se doit de ne mettre radicalement eu cause ni l’une ni l’autre. Mettre en cause radicalement l’action de l’Etat, c’est remettre fondamentalement en cause la Modernité, et inversement. Il s’agit là d’un véritable réflexe conditionné qui conforme la pensée et lui impose de révérer religieusement les cloisons qui l’enferment.

Si dans l’examen de cette crise, nous refusons de nous conformer, si nous nous déclarons hérétique en portant une analyse concrète, nous voyons que le hiatus « sociologique » entre discours et pratiques dans le champ des discriminations est relié à un autre hiatus, celui-là de nature politique. Nous avons vu que l’incapacité politique est ce qui caractérise avant tout les jeunes enragés, et que cette incapacité et cette rage sont l’expression de la réussite de 25 années d’action publique dans les quartiers pauvres. Elles sont plus exactement l’expression résiduelle de cette réussite, l’objectif n’étant évidemment pas de produire des gremlins enragés, mais d’empêcher l’émergence de toute forme auto-organisée des habitants des quartiers populaires majoritairement « issus de l’immigration » selon l’expression consacrée, susceptible de porter politiquement la revendication d’une véritable intégration

Alors une première question se pose : pourquoi une telle négation de la visée même du projet républicain ? Celui-ci ne pouvant persister que par le bon déroulement des processus d’intégration sociale et politique de toutes ses composantes. Bon déroulement signifiant avant tout création de conflits, reconnaissance des acteurs du conflit et résolution du conflit par le compromis. La question reste insoluble si l’on ne relie pas ce choix politique local au choix fondamental opéré quelques années plus tôt par les prétendues élites modernes françaises, celui d’accepter le dernier avatar de la Modernité : le nouvel ordre global déterminé avant tout par la primauté donnée au capital et à sa circulation, aux dépends du réel auquel appartiennent les modes d’organisation sociale et politique.

Parce qu’il suppose pour réaliser l’intégration - l’accès aux standards socio-économiques – l’allocation continuelle de nouvelles ressources, le mode républicain d’organisation se trouve de fait en totale contradiction avec les impératifs du nouvel ordre global. Ce que l’on peut considérer comme un délire n’en est alors plus un, il redevient rationnel, et l’on voit bien qu’il répond même à une nécessité : sortir de la contradiction en reformatant le mode d’organisation socio-politique local pour le rendre compatible au nouvel ordre global. La mise en exergue de ce processus de reformatage n’est pas une nouveauté en soi. Ce qui est spécifique dans ce qui nous occupe, c’est que le reformatage ici n’est pas simplement socio-économique, mais politique avant tout, qu’il s’attaque directement au projet républicain.

Une autre question se pose : comment une telle énormité est-elle passée inaperçue ? Principalement pour deux raisons.

La première est complexe, elle tient au fait que les populations concernées sont issues des anciennes colonies de l’Empire, et que le passé colonial refoulé collectivement n’est pas passé et ne passe toujours pas. Et c’est parce qu’il ne passe pas, que le statut juridique du dominé perdure dans la perception portée sur ces populations (et qu’importe qu’elles soient de nationalité française). Il y actuellement conscensus dans la société française pour que l’indigène d’hier reste dans la position de relégué qui lui a été et qui lui est toujours assignée. Alors qu’est-ce qui ne passe pas ? La société française n’a-t-elle pas fini par assumer Vichy ? Certes, mais Vichy n’était pas la République, et il est indéniable qu’il n’y a rien de plus républicain que le fait colonial. « L’aventure coloniale » non seulement se confond avec la République, mais elle s’enracine aussi dans les Lumières, dans l’idéologie de la Modernité. De Jules Ferry à François Mitterrand, elle est avant tout l’entreprise et l’héritage du parti du progrès. On comprendra en passant pourquoi le parti Socialiste reste muet sur cette question du passé colonial, et pourquoi le banc et l’arrière-banc des chiens de garde de la pensée correcte ont bondi sur leurs ergots pour dire tout le mal qu’il fallait penser de l’Appel des Indigènes de la République.

La seconde raison relève de la résignation exprimée par une majorité quant aux conséquences du nouvel ordre global. Renonçant à lutter contre les prétentions de ce dernier, les atomes modernes n’ont plus d’autres perspectives que de se battre les uns contre les autres pour des ressources de plus en plus limitées. Dans la grande bagarre pour la captation de ces ressources limitées, l’élimination des plus fragiles s’impose comme une nécessité. Suivez notre regard…

Oui, depuis vingt-cinq ans, l’Etat s’emploi à détruire délibérément la République. On comprendra aisément que ce hiatus, généré par des programmes d’action publique, dont l’objectif principal est à ce point éloigné des valeurs du projet républicain français dans sa dimension émancipatrice, nous pose un sacré problème (nous aurions même envie de dire un problème sacré). S’il produit résiduellement de la haine, c’est également tout l’édifice républicain qu’il ronge collatéralement, parce que tout phénomène, contrairement à la croyance moderne,  n’est pas sécable et cloisonnable, mais se caractérise avant tout par sa concrétude, son déploiement dans un univers interdépendant.

Lorsque au pays des Lumières, l’idéologie de l’émancipation se met à ce point au service de la domination, on mesure ce qu’est devenu le projet moderne : une force veule et destructrice conduisant à sa propre destruction. Toute analyse, qui se voulant moderne exprime l’esprit de cloisonnement, participe de cette veulerie et de cette destruction. « Descartes est à l’origine d’une épopée humaine dont nous voyons l’aboutissement gigantesque mais dégradé. Cela veut dire que l’esprit de conquête, la volonté révolutionnaire qui permit et légitima la naissance des règles méthodiques, a complètement disparu chez ceux qui en font maintenant une application intensive et routinière».1 Vingt-cinq années d’application intense et routinière d’une politique délirante, mais formellement moderne, pour arriver à ce résultat : la douleur incommunicable sous une casquette nike montrant aux yeux de tous la pire trahison que la République ait pu commettre contre elle-même. Aux insurgés de l’automne 2005, nos remerciements sincères.

Quel étrange spectacle que de voir dans la même séquence historique la Nouvelle Orléans détruite par l’eau et l’absence volontaire d’action politique, et les faubourgs français se consumer par l’action du feu et le trop plein de politique. Quand les petits hommes balbutient à ce point l’écriture de l’Histoire, celle- ci se passe d’eux pour se signifier. Y a t’il un esprit moderne dans la salle pour nous dire que le concret nous monte à la tête ?

1 - Robert Aron et Arnaud Dandieu : l’Amérique et la France dans La décadence de la nation française