Sous le sourire de Poutine...

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Sous le sourire de Poutine...

02 février 2017 – Enfin une voix s’éleva, ou plutôt une plume, celle du président non-élu de l’Union Européenne (UE), le Polonais Donald Tusk. (“Non-élu”, par conséquent le plus complètement légitime pour parler en tant que créature du Système, Euro-Zombies, etc.) Tusk envoie une lettre à tous ses compères, dirigeants au plus haut niveau des 27 pays-membres de l’UE, avant leur réunion commune à Malte. Tusk écrit enfin les mots-sacrilèges, ceux qu’il était impensable de voir briller sous une plume européenne de bonne réputation-Système : la mise en évidence que les USA sont quasiment autant une “menace” pour l’UE que la Russie, la Chine et ISIS (Daesh pour les Français, le texte-Tusk n’étant qu’en anglais).

En effet, si l’on fait un collage rapide selon le code habituel de la prose-Système de l’UE, on voit qu’on peut mettre à bout les mots et expressions, et phrases, – “défis”, “dangereux” (“les plus dangereux depuis le temps du Traité de Rome”), “trois menaces”, “la première menace”, “aussi bien que les déclarations préoccupantes de la nouvelle administration américaine”, “Particulièrement les changements à Washington placent l’Union Européenne dans une situation dangereuse ; avec la nouvelle administration [qui semble] vouloir mettre en cause les dernières 70 années de politique étrangère américaine”...

« The challenges currently facing the European Union are more dangerous than ever before in the time since the signature of the Treaty of Rome. Today we are dealing with three threats, which have previously not occurred, at least not on such a scale.

» The first threat, an external one, is related to the new geopolitical situation in the world and around Europe. An increasingly, let us call it, assertive China, especially on the seas, Russia's aggressive policy towards Ukraine and its neighbours, wars, terror and anarchy in the Middle East and in Africa, with radical Islam playing a major role, as well as worrying declarations by the new American administration all make our future highly unpredictable. For the first time in our history, in an increasingly multipolar external world, so many are becoming openly anti-European, or Eurosceptic at best. Particularly the change in Washington puts the European Union in a difficult situation; with the new administration seeming to put into question the last 70 years of American foreign policy.

» The second threat, an internal one, is connected with the rise in anti-EU, nationalist, increasingly xenophobic sentiment in the EU itself. National egoism is also becoming an attractive alternative to integration. In addition, centrifugal tendencies feed on mistakes made by those, for whom ideology and institutions have become more important than the interests and emotions of the people.

» The third threat is the state of mind of the pro-European elites. A decline of faith in political integration, submission to populist arguments as well as doubt in the fundamental values of liberal democracy are all increasingly visible. [...]

» ...We should use the change in the trade strategy of the US to the EU's advantage by intensifying our talks with interested partners, while defending our interests at the same time. The European Union should not abandon its role as a trade superpower which is open to others, while protecting its own citizens and businesses, and remembering that free trade means fair trade. We should also firmly defend the international order based on the rule of law. We cannot surrender to those who want to weaken or invalidate the Transatlantic bond, without which global order and peace cannot survive. We should remind our American friends of their own motto: United we stand, divided we fall»

La sortie de Tusk a été accueillie par un enthousiasme un peu forcé par toutes les plumes-Système du domaine, que ce soit, – pour l’exemple, – celle de The Independent, de Deutsch Welt, et par les sarcasmes douteux et suspects puisqu’antiSystème de Peter Lavelle et de TheDuran.com. Elle constitue la première prise de position officielle de l’UE depuis l’élection de Trump, après une lettre suivant immédiatement cette élection de proposition d’un sommet UE-USA sous les conditions du respect des “valeurs universelles“ dont l’UE détient la recette magique ; lettre à laquelle Trump n’a pas daigné ni songé une seconde à répondre... Depuis, Trump a fait savoir, directement et indirectement mais d’une manière très directe et abrupte, notamment par son futur ambassadeur auprès de l’UE, ce qu’il pense de l’UE.

Par ailleurs, diverses précisions nous viennent de sources qu’on a l’habitude de qualifier de “sérieuses” pour confirmer cet état d’esprit très offensif et très hostile du président US vis-à-vis de l’UE. Tusk n’a pas mentionné, – il aurait pu, le brave homme, – qu’il y avait une certaine ironie de l’histoire à voir les USA soudain se dresser furieusement contre la créature qu’ils aidèrent décisivement à créer dans les années 1949-1957, entre plan Marshall, CIA, réseaux Stay-Behind (Gladio), Jean Monnet & Cie. (Outre les bruits de couloir et de toilettes, on pourrait lire à cet égard avec grand intérêt l’excellent ouvrage de Irvin M. Wall, [L’influence américaine sur la politique française, 1945-1954, traduction chez Balland, 1989], où est détaillée selon des documents officiels US le travail d’influence américaniste sur le gouvernement français, notamment au long des négociations précédant la mise en place des premières structures européennes. )

ZeroHedge.com reprend pour son compte MishTalk.com de Mike Shedlock, reprenant lui-même un courriel que lui a adressé Eurointelligence. Cette addition de transmissions, de courroie en courroie, ne discrédite par l’information, au contraire elle la renforce et lui donne de la substance par les prises en compte successives de relais sérieux. Par ailleurs, il ne fait plus aucun doute aujourd’hui que l’analyse que nous donnent MishTalk.com/Eurointelligence rencontre l’état d’esprit des trumpistes, traduit par de fortes paroles de Bannon, qui nous confirme qu’il y a là à l’œuvre une entreprise antiSystème de belles dimensions, et que Trump ressemble effectivement à un Gorbatchev-global, un hyperGorbatchev comme nous disions il y a deux jours. (A noter, comme le fait Mike Shedlock, que EuroIntelligence, qui donne cette analyse, est partisan de l’UE et de l’euro.)

« It took Donald Trump less than a week to drive a wedge between the constitutionally weak Europeans. His travel ban applies to people with dual passports – except to those with dual British citizenship. It was a concession Britain’s foreign secretary, Boris Johnson, managed to negotiate directly with the White House.

» Angela Merkel assures Germans with dual citizens her full support, and promised to co-ordinate the position with other European member states. She said yesterday that Trump’s policy did not reflect her idea of the international co-operation and how to deal with refugees, but there was not even a hint of any action, or counter-action. We noted a comment by Italy’s new foreign minister, Angelino Alfano, that we should stop hyperventilating about Trump. What else can the EU do, having made itself totally dependent on the US for its defence?

» The Conservative Party yesterday strongly rallied behind Theresa May and her pro-US position. It is becoming very clear that the combination of Brexit and the election of Donald Trump will simultaneously reposition the UK geo-strategically and economically, and weaken the EU. This is why we think the EU would be best served by agreeing a friendly Brexit as quickly as possible.

» There is a growing number of signs that what is happening in the US constitutes a national and global regime change. The elevation of Steven Bannon to a full seat of the National Security Council tells us that more outrages are now very likely. We noted this Bannon quote, as relayed by the New Yorker. “I’m a Leninist…Lenin wanted to destroy the state, and that’s my goal, too. I want to bring everything crashing down, and destroy all of today’s establishment.”

Four years of Trump should mercilessly expose the weaknesses of the EU. »

Que peuvent faire les Européens face à cette offensive ? Ils n’ont absolument rien vu venir, complètement aveugle sur le parcours électoral présidentiel, selon l’assurance arrogante que rien ne pourrait résister à une candidate (Hillary) si parfaitement-Système et dans des conditions sociétales idéales. Après l’élection, les dirigeants-européens sont restés immobiles et paralysés après la première lettre sans réponse, – incroyable crime de Lèse-Majesté et d’impolitesse de la part de Trump ; à la fois comme fascinés par cet incroyable événement et absolument arrogants et méprisants à l'encontre des trumpistes (l’ambassadeur de UE à Washington désignant jusqu’en janvier, jusqu’à l’inauguration, l’équipe Trump de transition, par l’expression de “ces gens-là” qu’on adresse à un “petit Blanc” du Wisconsin ou de la Louisiane dont on imagine qu’il s’apprête à solliciter une inscription au club de golf fréquenté par les élites-Système arc-en-ciel [de toutes les couleurs et de tous les genres]). Le résultat est que ces mêmes dirigeants européens ne sont pas vraiment en position de force ni même en position du tout, pour négocier avec Trump, – ce que Trump n’entend nullement faire, dans tous les cas ne se précipitant nullement de ce point de vue.

Les échos “de l’intérieur” (des couloirs des institutions) sont absolument sinistres. Personne ne sait que faire et tout le monde est paralysé, conscient de cette paralysie qui ne fait qu’ajouter le désarroi psychologique à l’impuissance politique. Pour autant, le constat de cet état quasiment entropique n’amène en aucune façon la moindre révision autocritique, et la recommandation du ministre italien des affaires étrangères ne rencontre guère d’échos. L’impuissance de la direction et des directions européennes ne fait qu’alimenter la rancœur et le mépris ; littéralement, l’UE n’accepte pas, plus encore elle ne veut pas que Trump existe, qu’il soit installé à la Maison-Blanche et qu’il dirige et modifie la politique étrangère. Ainsi, – et l’on comprend bien que c’est la substance politico-psychologique de la lettre de Tusk à observer certains aspects de forme de cette lettre qui exalte plus que jamais l’attitude européenne, – l’UE, en position de complet désarroi, désarmé, fascinée, impuissante, n’en prend pas moins une posture furieuse et qui reste avantageuse, n’imaginant pas une seconde, à côté de la mesure de la catastrophe qu’elle fait, qu’elle puisse être traitée autrement qu’elle fut jusqu’ici, c’est-à-dire dans son rôle d’employé-modèle et obéissant des USA du temps d'avant-Trump et comme relais principal du Système, mais sans cesse glorifié par la pompe et les cireurs de pompe des discours officiels de Washington D.C. célébrant l’immuabilité de l’alliance transatlantique et la soumission commune des pays du bloc-BAO au Système.

Le McCarthysme de l’UE

On retrouve dans cette imprévision complète de Trump, puis dans ce déni de Trump une tendance clairement active depuis la crise ukrainienne. L’attitude est conforme à l’événement psychologique qui est à la base de cette crise qui n’est pas tant le refus de la réalité que la pulvérisation de la réalité laissant le champ libre à une narrative d’une puissance extrême grâce à la communication, avec conséquences (déterminisme-narrativiste). La démarche vis-à-vis de Trump, comme on l’a vu et comme on le comprend en mesurant le degré de la pathologie de ces psychologie est semblable à celle que définissait Leonid Chebarchine, ancien chef des services de renseignement extérieur de la Russie, à propos de l’attitude des gens du bloc-BAO vis-à-vis de la Russie : « L’Ouest ne veut qu’une seule chose de la Russie : que la Russie cesse d’exister. »

L’attitude de Tusk, nous la verrions comme de la même eau et ce serait un appel aux armes. Les exhortations faites par Tusk en des termes de guerre aux dirigeants des pays de l’UE contient in fine cette même attitude qu’identifie Chebarchine, en recommandant, en les exhortant, en leur intimant une sorte de consigne et d’ordre impératif de ne pas d’envisager une seconde ce qui est éventuellement perçu d’une nouvelle politique pour s’en arranger à l’amiable, et au contraire de resserrer les rang de la politiqueSystème du bloc-BAO : « Nous ne pouvons capituler devant ceux qui veulent affaiblir ou invalider l’engagement transatlantique, sans lequel l’ordre global et la paix ne peuvent survivre. Nous devons rappeler à nos amis américains leur propre devise : Unis nous nous affirmons, divisés nous nous effondrons. » Bien entendu, ce n’est pas le courage pur, ou même l’héroïsme qui fait dire cela, mais le désarroi et la panique, la fièvre de l’esprit, l’hystérie de la psychologie, et au-delà de tout cela cette impression catastrophique que ce qui se passe aux USA détruit le sacré auquel l’UE avait coutume de sacrifier avec la plus extrême dévotion

Effectivement certaines réactions, notamment allemandes, et des Allemands installés au cœur de la structure européenne, vont dans ce sens de l’intransigeance et du déni radical de l’administration Trump ;  comme si cette administration devait disparaître, au moins à cause de sa trahison, d’une façon plus “réaliste” (terme compris comme une totale inversion) parce qu’elle ne mérite pas d’exister et donc qu’elle n’existe pas (et promis à disparaître comme un mauvais rêve) ; comme si, au fond, elle n’avait jamais existé et qu’il suffise qu’elle prenne acte de ce fait pour que cesse le mauvais rêve. On relèvera deux de ces réactions.

• De la part de Martin Schulz, ancien président du Parlement Européen, fameux pour son extrémisme anti-démocratique du temps de la crise grecque comme vis-à-vis de la Pologne fin 2015. Candidat pour diriger le parti social-démocrate SPD face à Merkel lors des prochaines élections, Schulz prend une attitude absolument offensive contre Trump, qu’il traite selon le terme McCarthyste de “Un-American” (“Non-Américain”, c’est-à-dire non-être en tant qu’Américain plutôt qu’antiaméricain, ce terme employé pour désigner la commission d’épuration McCarthyste déjà avant McCarthy). Schulz se fait quasiment citoyen américain bien entendu progressiste-sociétal condamnant, et plus encore réduisant à la non-existence Trump, un peu à la manière de certaines des attitudes des plus extrémistes de l’“opposition” anti-Trump aux USA. Il parle comme s’il savait mieux qu’un Trump & toute sa clique ce qu’est l’Amérique, et donc lui-même ayant plus le droit qu’eux de parler en Américain parce que l’Amérique est le phare de la liberté du monde et qu’il le sait, lui Schulz, au contraire de Trump. (Tentative attendrissante de tenter de re-sacraliser l’Amérique en niant l’essence américaniste du désacralisateur.)  :

« The former president of the European Parliament has called Donald J. Trump’s policies “un-American” and said he will stand up to the U.S. president if he is elected to be Germany’s next chancellor.

Martin Schulz, the left-wing Social Democratic Party (SPD) candidate in Germany’s September federal elections, told the Funke media group he would defend liberal values and fight moves to lift sanctions on Russia. “What Trump is doing is un-American,” Mr. Schulz said. “The United States is like no other country for enlightenment, democratic and free values.” »

• Au Parlement européen, un parlementaire allemand a recommandé à ses collègues de se dresser face à l’administration Trump et de refuser la nomination de Ted Malloch comme ambassadeur des USA auprès de l’UE. (On connaît les revigorantes appréciations de Malloch sur l’UE, ses pompes, ses ors, ses us & coutumes.) Cette recommandation de Leinen le parlementaire, telle qu’elle est formulée, est considérée par Malloch non seulement comme un affront inacceptable pour le président Trump, mais comme quelque chose qui pourrait formellement être considérée comme une sorte de “déclaration de guerre”.

« Jo Leinen, a member of the European Parliament representing Germany, rebuked the new U.S. president in a blistering statement Monday by encouraging his colleagues to reject the man expected to be named Trump’s ambassador to the European Union. “The European Union should refuse to accede to the designated U.S. Ambassador Ted Malloch,” Leinen stated.

» Theodore Roosevelt Malloch said if the E.U. follows Leinen’s advice, it would be a huge slap in the face to President Trump. “What he’s basically saying is people of his political stripe should declare war,” Malloch said in an interview with WND. “That means they should work – it’s probably very unlikely – to try to have it such that the European Union does not accredit me when I’m nominated by Donald Trump. In other words, they would like such a political manifestation, basically spitting in Trump’s face and saying, ‘We don’t want your damn ambassador. Frankly, we don’t want any of your policies, Mr. Trump. Europe is going to do what it damn well pleases to do, and it’s not going to please you.’” »

Bien entendu, cet activisme anti-Trump est surtout allemand, mais rejoignant éventuellement le tour que va prendre l’attitude des dirigeants européens les plus conformes à la doctrine, eux qui ne savent, dans leur position désespérée et leur irresponsabilité politique renforcée par leur impuissance opérationnelle, que se “réfugier” dans l’extrémisme de communication. Cela sera dit d’une façon retenue certes, comme tout ce qu’ils font et disent, mais selon le sentiment profond du désarroi devant la foi trahie. En effet, cette position n’est pas seulement tactique, elle correspond à une croyance ferme, basée sur l’habituelle foi religieuse de la doctrine, qui est leur façon de suivre les consignes-Système tout en se faisant la gâterie de se procurer l’appréciation inconsciente qu’ils continuent à exister. On  comprend bien ainsi l’évolution (de type BAO) depuis 2008-2009, où la soumission globaliste au Système a remplacé la soumission aux USA devenus une force politique parmi d’autres (mais détentrice tout de même de la sacralisation nécessaire) à l’intérieur du bloc-BAO, et une force qu’il convient désormais de dénoncer du fait de l'imposture, de sa forme trompeuse et nouvelle avec l’arrivée de Trump.

Toute argumentation selon laquelle l’UE n’a aucun moyen concret, de puissance réelle, de tenir cette position face aux USA n’a aucun poids face à la puissance psychologique écrasante du déterminisme-narrativiste. Aucun de ces dirigeants, qui ont vécu dans un milieu où seules comptent la communication, la foi religieuse de l’économisme selon la doctrine globaliste, et la toute-puissance postmoderniste (progressiste-sociétale) qui va avec, n’a la moindre conscience de ce qu’et un rapport de force dans la réalité, d’ailleurs une réalité qui n’existe plus.

Pour autant, il pourrait sembler acceptable de penser que cette fois, vu l’ampleur du défi et parce que ce défi touche l’un des fondements opérationnels, sinon le fondement opérationnel de l’UE telle qu’elle fut formée et qu’elle a évoluée, c’est-à-dire l’alliance aveugle et soumise pour l’essentiel et jusqu’à il y a peu aux USA, l’extrémisme allemand et communautaire ne sera pas suivi par un certain nombre de pays européens. (Certains, comme la Pologne, sont totalement engagés dans le circuit US, et d’ailleurs ne repoussent pas, loin de là, la politique Trump. Encore, bien entendu, ne tient-on pas compte de ces facteurs grandement incertains que sont les grandes consultations électorales en vue, – en France et en Allemagne notamment, – et qui de toutes les façons vont affaiblir le parti extrémiste européen, ne serait-ce que par le flottement de ce type de période, dans cette affrontement avec les USA.) Il pourrait alors sembler acceptable de penser que l’on se dirige très vite vers la crise finale de l’UE, et sa destruction par conséquent, ce qui correspond d’ailleurs à l’analyse juste de Tusk concernant les conditions générales nouvelles réées par l’arrive de Trump (“la période la plus dangereuse qu’ait rencontré l’Europe communautaire depuis le Traité de Rome”).

Il y a un quasi-mimétisme, dont la formulation implicite n’est d’ailleurs pas absente,  avec l’opposition radicale à Trump aux USA, dans les positions de résistance jusqu’au-boutiste qui apparaissent au sein de l’ensemble européen, toujours parmi les mêmes acteurs (l’UE et l’Allemagne). Ainsi la bataille prend-elle sa véritable identité, et aucune interférence selon les références habituelles (appartenance à une nation, à un ensemble transnational, etc.) ne vient en troubler la compréhension. C’est une bataille entre globalistes et anti-globalistes, qui se transcrit dans les termes classiques du Système contre l’antiSystème.

Pour nous, il ne fait aucun doute que l’orientation des relations entre les USA de Trump et les maximalistes de l’UE (et d’Allemagne) est celle de la confrontation, – comme cela avait été le cas avec la Grèce, mais la Grèce n’est pas vraiment les USA et les USA ne font pas encore partie de l’UE. Trump équivalant bien et très largement Poutine dans le registre de l’hostilité et de la haine de l’UE, cette confrontation nous semble menée d’une part par le déterminisme-narrativiste, d’autre part par la référence terrorisante de type progressiste-sociétale ; lesquelles interdisent la rationalité politique, la moindre évolution d’arrangement et de tactique politiques, comme on le voit dans le cas russe où toutes les mesures antirusses subsistent malgré tant d’observations selon lesquelles ces mesures sont absurdes pour les deux côtés, injustifiées, etc. Par conséquent, nous ne voyons pas que l’affrontement USA-UE puisse se résoudre à l’amiable ; par conséquent, oui, une fois de plus et cette fois plus que jamais l’existence de l’UE est en jeu, et on ne voit pas une occurrence qui serait plus dangereuse et décisive pour l’UE, où vraiment elle pourrait y perdre son existence dans un chaos remarquable. Bien entendu, les conditions générales du bloc-BAO et du monde en seront elles aussi aggravées.

Nous terminerons donc par ce qui justifie le titre car, effectivement, dans cet embrasement des relations transatlantiques, une seule puissance a beaucoup, beaucoup plus à gagner qu’à ne rien gagner, tout en restant complètement étrangère à la querelle. Sous le sourire de Poutine donc, est en train de s’accomplir le but central de la politique soviétique puis russe depuis 1945, qui est le découplage entre l’Europe et les USA. Le paradoxe est que ce n’est pas à l’initiative de l’Europe, ni d’une Europe influencée par la Russie, bien au contraire. Mais dans l’Europe divisée et morcelée qui se profile, et une Europe sans moyens d’assurer sa propre sécurité (notamment l’Allemagne, qui se croit toujours au temps du IVème Reich mais qui est plus que jamais un nain militaire), la Russie trouverait sans aucun doute un certain nombre de pays qui seraient trop heureux de se rapprocher d’elle. Quant à l’OTAN, dans ces perspectives, on sent une certaine tristesse et une angoisse poignante nous serrer le cœur en songeant à ce qui pourrait être son destin. Mais tout cela, on le sait bien, – nouvelle et ultime réserve, – se déroulerait dans une atmosphère toujours incertaine et énigmatique puisque, pendant ce temps, l’Amérique de Trump, en proie à ses convulsions extraordinaires, se déferait de son côté et à sa façon...

Bref, nous parlons d’Europe certes, et de tragédie transatlantique, et de bloc-BAO ; mais comme toujours, nous parlons de notre Grande Crise, où c’est le sort du Système qui est l’enjeu et qui de plus en plus est en jeu jusqu’à la perspective inéluctable de la destruction.

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