Relations Russie-USA sur “liste noire”

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Relations Russie-USA sur “liste noire”

Nous avons déjà signalé (voir notamment le 10 décembre 2012) la “guerre de communication” entre les USA et la Russie à propos de “listes noires” de personnalités d’un des deux pays interdites d’accès à l’autre, à partir de l’initiative de la “Loi Magnitsky” votée par le Congrès US. La Russie avait riposté à l’initiative unilatérale et particulièrement hostile du Congrès par sa propre loi, en décembre 2012 (voir le 14 décembre 2013). Il s’agissait des préliminaires de la guerre, la “déclaration de guerre” si l’on veut ; nous voici désormais aux premiers échanges…

Vendredi dernier, l’administration publiait une liste de 18 noms de personnalités russes interdites d’accès aux USA, – cela, d’ailleurs, sans la moindre limitation jusqu’à 280 personnes selon les dernières indications, puisqu’il s’agirait du total actuel des noms inscrits sur la “liste noire” US, et pouvant d’ailleurs être régulièrement augmenté. (L’argument de la Loi Magnitsky est ainsi présenté  : «The Magnitsky Act imposes visa bans and asset freezes on Russian officials allegedly involved in the death of Russian lawyer Sergey Magnitsky and in other human rights abuses in the country. The 37-year-old Magnitsky died in a Moscow pre-trial detention center in November 2009.») Les Russes ont aussitôt riposté en présentant leur propre liste de 18 noms, avec eux aussi une provision pour de noms supplémentaires selon l’évolution US à cet égard. Les Russes ont annoncé qu’ils agiraient, selon la loi qu’ils ont voté dans ce sens, selon “le principe de la parité”.

L’administration Obama a réagi à cette riposte de la Russie (voir Russia Today, le 14 avril 2013), selon deux lignes, – l’une exposée par le département d’État, très critique de la décision russe, l’autre exposée par la Maison-Blanche, dans le sens de la conciliation.

«In response to Russia's list the US State Department released a statement, criticizing the reciprocal decision. “As we've said many times before, the right response by Russia to the international outcry over Sergey Magnitsky's death would be to conduct a proper investigation and hold those responsible for his death accountable, rather than engage in tit-for-tat retaliation,” the statement said… […]

»But despite disagreement over the list, the US will continue to work with Russia on issues of mutual interest, White House spokesman Jay Carney said. “We have our differences with Russia,” said Carney. “We make them clear. Human rights is an issue that we have disagreements with them on at times and, you know, we are very frank and candid about that. And we will engage with the Russians on those issues as well as the others that we have.”»

Nous allons passer sans nous y arrêter sur les explications, accusations, considérations US. Elle n’ont strictement aucun fondement dans ce cas spécifique, et par conséquent aucun intérêt pour le sujet précis. La Loi Magnitsky a été votée par le Sénat pour remplacer une vieille loi de la Guerre froide (l’amendement Jackson-Vanik des années 1970 imposant certaines restrictions d’accès aux citoyens soviétiques) dont l’abrogation était nécessaire, et demandée par l’administration, dans le cadre de la soi-disant amélioration (“reset”) des relations USA-Russie. Le maintien de l’amendement Jackson-Vanik était ridicule par son obsolescence, se référant à des conditions de la guerre froide, d’une époque révolue et constituant ainsi un document d’un étonnant anachronisme. Ce geste dit “de bonne volonté” par l’administration Obama a été aussitôt défiguré, pulvérisé, etc. par le Sénat et sa côterie antirusse qui fait partie de cette dynamique d’agression extérieure permanente du Congrès que l’on décrit souvent sur ce site (voir, le plus récemment, avec un avancement dans l’analyse, ce 13 avril 2013, que le texte présent complète). Il n’y a donc aucun intérêt à s’arrêter sur son contenu parce qu’il s’agit, plus encore que d’une narrative qui a parfois le charme des vieilles fables, d’un montage grossier qui ne prend même pas le soin de l’ornement. La Loi Magnitsky aurait pu être aussi bien la “loi Dostoïevsky” (qui fut déporté à Omsk par le tsar Nicolas Ier), la “loi Djougachvili” (Staline fut arrêté plusieurs fois par la police du tsar Nicolas II) ou la “loi Tartempioff”, le sort de Magnitsky étant évidemment complètement indifférents aux sénateurs qui ignorent pour la plupart de qui il s’agit. Le seul but de la loi Magnitsky est d’introduire un mécanisme, qui plus est ouvert à un constant renforcement, pour entraver les relations officielles et la coopération politique entre les USA et la Russie.

Au contraire, les considérations russes sont du plus grand intérêt. Dans cette partie comme dans les diverses affaires internationales, les Russes ont une attitude rationnelle, logique, et particulièrement inquiète devant le comportement absolument erratique et complètement hors de contrôle des USA. On retrouve, là aussi, un thème souvent rencontré sur ce site. Selon ce point de vue, nous nous attachons à l’interview donnée par Alekseï Pouchkov, président de la commission des affaires étrangères de la Douma et très proche des dirigeants de l’exécutif russe, et disant par conséquent en termes un peu plus rudes que les déclarations officielles ce que pensent les dirigeants russes. Très courte, l’interview est particulièrement dense et nous en dit beaucoup sur cette affaire, comme sur les relations entre la Russie et les USA (Russia Today, le 13 avril 2013).

Russia Today: «How big of a blow is this spat for relations between Russia and the United States?»

Pouchkov: «I think it is quite a blow. The Magnitsky Law when adopted by the US Congress and signed by the US president – it was already a blow. And we warned the United States about this. But somehow I think the message did not go through. The feeling in Washington was that they can adopt any laws they want, any type of laws that will interfere in Russian domestic affairs and Moscow will swallow this. Well, Moscow didn't swallow this, and I think that the setting for Mr. Thomas Donilon, the national security adviser for Obama, is very negative indeed. I think that this exchange of 'black-lists' is not something that will really do a lot of good to the already ailing Russian-American relationship.»

Russia Today: «Ultimately, the US started this row by introducing the Magnitsky Law and publishing its list of Russian officials, do you think Russia was correct to almost stoop to that level? Some might say Russia is even making it worse.»

Pouchkov: «No, Russia didn't make it worse. Russia was responding. Everybody knows that in international politics there is a rule: when you are being attacked politically, you respond in the same way. And there is no way for Russia not to pay attention to what is going on in the US Congress, not to pay attention to what is being done by the US administration. Russia did not make it worse. Russia took the only possible step for a country that is a great power and a member of the Security Council. So, if people in Washington thought that Russia would not react, that these are just words and that America can do whatever it wants without Russia responding, that was a very wrong calculus.»

Russia Today: «The US administration is saying there is a secret black list that has not being published yet, but there are reports it contains more serious names, for example the head of Russia's Chechen Republic Ramzan Kadyrov.»

Pouchkov: «I think the meaning of the black list is to forbid the entry to the United States to a certain number of Russian citizens. And I heard there are some important personalities on that black list. But the irony of all of this is that president Obama has become hostage to this list, has become hostage to the anti-Russian elements in the US congress, because basically Obama needs cooperation with Russia, be that on North Korea, on Iran, on so many other regional and global issues. He needs cooperation if he wants to make progress in the cuts to nuclear armaments and so on. By having signed this law and by having enlarged the list he has become a hostage to a very negative dynamic in the relationship. It's like shooting oneself in the leg. I don't really see the rational for that from the point of view of the Obama administration which claims to be an administration that is paying attention to multilateralism, to international partnerships. Well, I can say that by having enlarged the list, Obama administration is definitely narrowing the possibilities for such partnership with Russia…»

On fera plusieurs remarques à partir de cette interview, qui est effectivement très substantielle. Il est clair que Pouchkov a, dans cette affaire, toutes les informations qui importent et tout le soutien de la direction politique pour les présenter comme il convient.

• Il y a d’abord la précision implicite que les Russes ont été extrêmement actifs pour prévenir l’administration Obama de ne pas poursuivre dans la voie ouverte, une fois la loi votée, – c’est-à-dire en la laissant inactive par absence de publication des noms des personnes visées. (« And we warned the United States about this. But somehow I think the message did not go through. The feeling in Washington was that they can adopt any laws they want, any type of laws that will interfere in Russian domestic affairs and Moscow will swallow this…») Les Russes ont donc fait le constat de l’inutilité de leurs efforts d’arrangement avec Obama, – une fois de plus, certes, mais “une fois” qui a son poids et qui renforce le contentieux jusqu’à faire envisager que la politique générale de la Russie en soit influencée décisivement.

• En effet, la loi Magnitsky (avec sa riposte russe qui lui est liée) est là non seulement pour durer mais pour aggraver constamment la situation, pour faire peser une pression constante, puisque des noms peuvent et sans nul doute seront ajoutés à la première liste. Le professeur Stephen Cohen, spécialiste de la Russie aux USA, précise même (dans une autre interview à Russia Today, le 14 avril 2013) que certains voudraient y voir inscrire le nom de Poutine lui-même… «And the lists that have been published this week are only the beginning. Some people here say, ‘Well, they are very moderate, not many names on them.’ But we don’t know whose names are on the secret lists in both countries. Even though the tit-for-tat began in the United States with the Magnitsky bill, both sides are now going to use this law for their own political purposes. There’ll be groups in the United States – very anti-Russian, anti-Putin groups – who will want many names on this list, will lobby Congress for that, even Putin’s name himself. And there are anti-American forces in the Russian political class that will match them person for person…»

• Les Russes sont furieux avant la visite de Thomas Donilon, le conseiller de sécurité nationale et le président du NSC, qui commence aujourd‘hui à Moscou. «Moscow didn't swallow this, and I think that the setting for Mr. Thomas Donilon, the national security adviser for Obama, is very negative indeed», dit Pouchkov. Cette précision est évidente, notamment avec l’étrange coïncidence, au moins de relations publiques et de communication pour les relations entre les USA et la Russie, de la décision d’Obama de la publication de la liste vendredi et l’arrivée de Donilon ce lundi. Il apparaît probable que Donilon, lors de sa visite, devrait tenter d’apporter certaines garanties, notamment et fort probablement celle que l’élargissement de la loi Magnitsky sera contenu et contrôlé. Sans doute arguera-t-il du fait qu’en agissant ainsi, Obama voulait désamorcer l’opposition du Congrès à sa propre visite, à d’éventuels progrès dont sa visite ouvrirait la voie. Mais on ne voit pas comment Obama pourrait résister au Congrès pour de futurs élargissements de la liste et sur tous les autres domaines de sa politique russe, alors qu’il a toujours cédé au Congrès sur ce terrain, jusqu’à en être le prisonnier.

• …C’est effectivement ce que dit Pouchkov un peu plus loin, et là sans sous-entendu, avec des mots très durs, employant celui d’“otage” pour celui de “prisonnier” : «But the irony of all of this is that president Obama has become hostage to this list, has become hostage to the anti-Russian elements in the US congress… […] By having signed this law and by having enlarged the list he has become a hostage to a very negative dynamic in the relationship.» Il faut noter, ce qui est l’indice d’une connaissance précise de la situation, que, contrairement au titre qu’a choisi Russia TodayUS shooting itself in leg, Obama hostage to anti-Russian lobby»), Pouchkov parle des “éléments antirusses au Congrès” ; en effet, il y a pas de lobby antirusse puissant proprement dit au Congrès, ou beaucoup plus qu’un éventuel lobby avec une forme structurelle précise. Certes, il y a un état d’esprit général d’agressivité, de bellicisme maximaliste, etc., sur la “liste noire” duquel la Russie se trouve en bonne place, par habitude maximaliste, par réflexe pavlovien, par antagonisme idéologique et persistance de la pensée de la guerre froide, par exclusivisme de puissance, etc. (voir à nouveau ce 13 avril 2013).

• Plus que jamais, les Russes proclament leur incompréhension du comportement US qui, du point de vue d’Obama, est complètement contre-productif. Obama a cédé un peu au Congrès (la loi “non-activé”), et il a quasiment fait taire les critiques, mais voilà qu’il va bien au-delà en l’activant à ce moment précis, sans nécessité tactique, et qu’il compromet radicalement sa politique russe («I don't really see the rational for that from the point of view of the Obama administration which claims to be an administration that is paying attention to multilateralism, to international partnerships…»). Il n’empêche, – que les Russes aient parfaitement compris le comportement US ou pas n’importe guère. Cette fois, encore une fois et une fois de plus, et de plus en plus selon une ligne inéluctable et sur laquelle les deux “partenaires” n’ont guère de prise, le prix à payer sera lourd, avec une perte un peu plus grande de confiance des dirigeants russes pour le président US et une pression accentuée du côté russe des éléments anti-US (beaucoup plus anti-US que Poutine lui-même, qui ne l’est que modérément, qui est plutôt un réaliste en général, cherchant à s’entendre avec Obama)… « Well, I can say that by having enlarged the list, Obama administration is definitely narrowing the possibilities for such partnership with Russia…»

Au gré de la tempête

Si le cas US n’a aucun intérêt sur le fond (la loi Magnitsky qui n’est qu’un grotesque faux-nez pour habiller formellement l’expression d’une bellicosité extraordinaire et inexplicable même et surtout par ceux qui la manifestent), certaines réactions US méritent pourtant d’être retenues parce que si révélatrices. Celle du département d’État est celle que nous retiendrons… Il s’agit d’une critique des Russes pour n’avoir pas “obtempéré” aux injonctions de Washington, du Congrès et du président, en révisant le cas Magnitsky selon les conceptions, non des USA, mais manifestement de la volonté de la “communauté internationale” (cela, représenté par la remarque «the international outcry») dont les USA s’instituent naturellement et évidemment le porte-parole et le représentant quasi-exclusif et comme de droit divin : «As we've said many times before, the right response by Russia to the international outcry over Sergey Magnitsky's death would be to conduct a proper investigation and hold those responsible for his death accountable, rather than engage in tit-for-tat retaliation…»

Comme on peut l’observer, on retrouve la même approche, favorite semble-t-il du département d’État, d’accorder la logique et le motif de son action à une entité extérieure dont il se pare de la vertu objective. L’ambassadeur McFaul parlait, pour l’“agression douce” d’un “global concept” ; c’est la même famille. Quant au Pentagone (l’OTAN), autre centre de pouvoir US affublé et investi de cette même vertu objective, on a vu qu’il estime le reset des relations avec la Russie bloqué (témoignage du nouveau SACEUR, voir au 12 avril 2013), et cela par la faute de la Russie bien entendu, son attitude belligérante, sa façon de ne rien donner et de tout obtenir dans les négociations et ainsi de suite. Là aussi comme dans le cas de McFaul, le Pentagone renvoie à une référence extérieure, qui est le comportement des Russes objectivé d’une façon impérative. Dans les deux cas, il n’est même pas nécessaire de qualifier de “faussaires” ces deux démarches ; la référence à la réalité n’a aucun intérêt et n’est d’aucun poids dans le jugement qu’on peut porter. Il s’agit de satisfaire la politique-Système en s’appuyant sur l’infraresponsabilité. Voilà qui est fait. Voilà où en sont le département d’État et le Pentagone après près de deux mois avec leurs nouveaux ministres : ni Kerry ni Hagel n’ont rien modifié aux us et coutumes.

Les Russes ont donc pu mesurer exactement de quoi sera fort probablement fait le deuxième mandat de Barack Obama. Cela fait un peu plus d’un an (voir le 27 mars 2012) qu’ils ont entretenu l’espoir, sur des indications d’Obama lui-même, d’un changement important de la politique extérieure des USA avec un deuxième mandat où le président serait débarrassé de toute préoccupation électoraliste («On all these issues, but particularly missile défense, this can be solved but it’s important for [Vladimir Poutine] to give me space. […] This is my last election. After my election I have more flexibility.»). Le fait est qu’il ne reste pas grand’chose de cette promesse et qu’on peut même avancer qu’Obama, non seulement n’a pas plus de “flexibilité” qu’avant, mais va au-devant de la politique-Système en lui concédant bien plus qu’il n’est nécessaire, – démonstration évidente avec la loi Magnitsky et son “activation”. Cela n’a même pas à voir, ni avec l’équilibre des forces politiques à Washington, ni avec les intérêts d’une politique même très dure des USA. Les désavantages de l’attitude politique d’Obama dépasse largement les avantages, en poussant les Russes vers une politique de plus en plus intransigeante et en n’obtenant rien de plus des adversaires républicains du président, en rendant encore plus délicate la position US dans des crises diverses, notamment la Syrie. Il ne reste donc plus, comme explication, que la poussée irrésistible du Système et de la politique-Système, à laquelle Obama, enfermé dans sa vision politicienne et fractionnée, est incapable de résister.

La dégradation des relations entre la Russie et les USA, et plus généralement entre la Russie et le bloc BAO, devrait donc se poursuivre, s’accentuer et même accélérer. Mais la chose ne doit pas être considérée comme un événement géopolitique, qui pourrait s’expliquer par des concurrences et la recherche de gains indus, notamment de la part des USA. C’est une situation abrupte et sans logique propre, sans issue également puisque la politique référencée ne s’explique que par une dynamique générale extérieure à elle, dont le but est déstructuration et dissolution, et dont le destin est paradoxalement d’enchaîner, et même d’ajouter la poursuite de l’autodestruction en même temps que le développement continu de sa surpuissance. Les Russes, qui ne sont pas loin de sentir l’existence d’un tel schéma, en sont réduits à une politique de strict contrôle de leurs intérêts et de recherche d’alliances complémentaires pour les renforcer (développement du BRICS, de l’OCS). Cela est constaté alors que ces mêmes Russes, et Poutine en particulier, ne demanderaient qu’à parvenir à un arrangement de coopération constante avec les USA, considérant en effet que la situation générale est suffisamment chaotique et grave par elle-même pour y rajouter des concurrences de puissance. Mais eux aussi (les Russes et Poutine) sont soumis aux mêmes lois en cours qui pulvérisent complètement les schémas d'explication habituels.

D’une façon assez caractéristique de cette situation complètement inédite, cette politique d’affrontement involontaire et aveugle peut très bien s’accorder avec des ententes temporaires, comme dans le cas de la Corée du Nord, dans tous les cas à certains moments (cas du tir de l’ICBM reporté). Encore une fois les acteurs humains, ou certains d’entre eux à des postes essentiels de direction dans tous les cas, ne sont pas hostiles à l’entente, mais ils ne disposent pas de tous les outils et de toutes les capacités, et surtout des plus importants d'entre eux, pour intervenir efficacement, encore moins pour assurer la direction, voire même influencer d’une façon essentielle les événements. Rien n’est fixé, rien n’est assuré ; ni la logique politique ni la logique géopolitique ne sont à l’œuvre et elles n’ont pas (n'ont plus) la moindre place sérieuse d'influence dans les relations internationales désormais. Le seul domaine véritablement actif est celui du système de la communication, dont on sait qu’il est complètement réversible (effet Janus, qui peut faire de ce système de la communication un adversaire du Système, alors qu’il est considéré normalement comme allié au Système), et donc qu'il est partie prenante de l'incontrôlabilité de la situation.

Un dernier point d’amarrage semble avoir complètement été abandonné avec ce prolongement et cette mésentente Russie-USA désormais enchaînée à l’hostilité totalement “infraresponsable” du Congrès, – cela revenant à une irresponsabilité vécue d’une façon “opérationnelle” comme une certitude d’être dans son droit et d’accomplir son devoir. Le système des relations internationales se confirme comme étant complètement immergé dans une tempête qui dépasse complètement et décisivement tous les acteurs humains, avec comme attristante situation celle d’un esquif sans aucune portance, avec une voilure complètement affalée, sans gouvernail, sans rien finalement, et se trouvant dans la nécessité passive d’obéir aux différentes poussées contradictoires et chaotiques, au gré de forces extérieures à elles. Eventuellement, on peut écoper l’eau qui se précipité régulièrement dans le susdit esquif, au gré des grandes vagues, mais l’on sait que c’est un rude combat qui est sans véritable espoir, disions d'autant plus beau et méritoire qu'il est inutile.