Franck du Faubourg
29/08/2018
Non pas sur le "cas Hulot", mais sur notre maladie de Société:
http://www.voltairenet.org/article202600.html
La preuve par "les russes"!
jc
29/08/2018
La réunion de EE et LV a été orchestrée par le petit bourgeois Cohn-Bendit, lui-même EE (?). EE c'est pour moi l'écologie du fric, l'écologie en marche, l'écologie-Système, salué comme telle par Philippe Macron.
Je vois sa décision "de lui à lui" comme résultant d'un conflit entre le Hulot EE (90% selon moi) et le Hulot LV*. De ce point de vue la démission de Hulot est à mettre au crédit de l'anti-Système.
*: pour mémoire un LV-100% décroissantiste** a déversé jadis un seau d'épluchures de légumes sur la tête de Hulot près de Notre Dame des Landes https://www.lexpress.fr/actualite/politique/notre-dame-des-landes-hulot-en-zone-de-turbulences_1960828.html
**: pour mémoire également, voici la fin d'un article de Thom sur l'innovation:
"Décourager l'innovation
Les sociologues et les politologues modernes ont beaucoup insisté sur l'importance de l'innovation dans nos sociétés. On y voit l'indispensable moteur du progrès et -actuellement [années 1980]- le remède quasi-magique à la crise économique présente; les "élites novatrices" seraient le coeur même des nations, leur plus sûr garant d'efficacité dans le monde compétitif où nous vivons. Nous nous permettrons de soulever ici une question. Il est maintenant pratiquement admis que la croissance (de la population et de la production) ne peut être continuée car les ressources du globe terrestre approchent de la saturation. Une humanité consciente d'elle-même s'efforcerait d'atteindre au plus vite le régime stationnaire (croissance zéro) où la population maintenue constante en nombre trouverait, dans la production des biens issus des énergies renouvelables, exactement de quoi satisfaire ses besoins: l'humanité reviendrait ainsi, à l'échelle globale, au principe de maintes sociétés primitives qui ont pu -grâce, par exemple à un système matrimonial contraignant- vivre en équilibre avec les ressources écologiques de leur territoire (les sociétés froides de Lévi-Strauss). Or toute innovation, dans la mesure où elle a un impact social, est par essence déstabilisatrice; en pareil cas, progrès équivaut à déséquilibre. Dans une société en croissance, un tel déséquilibre peut facilement être compensé par une innovation meilleure qui supplante l'ancienne. On voit donc que notre société, si elle avait la lucidité qu'exige sa propre situation, devrait décourager l'innovation. Au lieu d'offrir aux innovateurs une "rente" que justifierait le progrès apporté par la découverte, notre économie devrait tendre à décourager l'innovation ou, en tout cas, ne la tolérer que si elle peut à long terme être sans impact sur la société (disons, par exemple, comme une création artistique qui n'apporterait qu'une satisfaction esthétique éphémère -à l'inverse des innovations technologiques, qui, elles, accroissent durablement l'emprise de l'homme sur l'environnement). Peut-être une nouvelle forme de sensibilité apparaîtra-t-elle qui favorisera cette nouvelle direction. Sinon, si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques."
jc
29/08/2018
Différentialisme.
Je découvre ce terme en continuant ma lecture de "Reflets dans un oeil d'homme". Terme non étiquetté par Dedefensa. Façon salonarde de désigner ceux qui s'opposent au diktat-Système de l'égalité des sexes, de l'égalité des races, etc. Façon, donc, de désigner les racistes, les sexistes, etc. (cf. l'article Wikipédia)
Mot qui interpelle le matheux, lui qui manie les différentielles tous les jours. Et qui se demande pourquoi ce terme, qui a manifestement plus à voir avec les sciences humaines qu'avec les sciences dures, ne s'écrit pas avec un "c" (différencialisme).
L'un des principes fondamentaux sur lequel Thom s'appuie pour développer sesthéories et ses modèles est l'analogie -pour lui sémantiquement acceptable, donc vraie- entre différentiation mathématique et différenciation cellulaire, entre développement de Taylor et développement embryonnaire (cf. SSM p.32).
Sans quitter mon divan me voilà donc fémino-différentialiste, en compagnie -Wikipédia dixit- des ethno-différentialistes ("Alain de Benoist et plus généralement la « Nouvelle Droite »"). Comme il ne me déplait pas, d'autre part, de me voir "matérialiste vitaliste" (la "Nouvelle Gauche"?), je me retrouve -toujours sur le divan- soit en position de grand écart qui va mal finir pour moi, soit en position de synthèse, genre "retour à l'unité perdue" chère à PhG, qui va se finir en "happy end".
Daniel Rops: "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…". Une matière rétive n'est-elle pas une matière qui vit?
Christian Feugnet
29/08/2018
En désignant l'executif comme ultime degré de sécurité , je reste dans la cadre franco français . Aux USA , c'est la justice , en l'occurence , la Cour Supréme , d'où nombre de confusions possibles pour nous .
Christian Feugnet
29/08/2018
En ce que le lobby est non seulement petit mais s'est faufilé .
De sorte qu 'on a plus de bouffe que de tragédie dans cet étrange mélange des genres .
Christian Feugnet
29/08/2018
Un présentateur télé qui pour obliger les cameras à le cadrer au dessus de la ceinture , enlevait systématiquement son pantalon .
Là les cameras se sont inclinées brusquement , la république en marche est en slip . Encore s'agit il d'un petit lobbie .
Sous l'angle de l'Esprit des Lois , l'executif tranche entre les divers intérets particuliers en fonction d'encore plus que l'intéret général , l'avenir de la nation qui suppose participer à la civilisation .
Jusqu'à augourd hui , les intérets particuliers étaient censés s'arréter au local, voire au législatif , avant l'ultime front de l'exécutif .
Sinon plus de barriéres on est en contre civilisation .
Toute fois celà ne concerne plus vraiment le monde entier , une autre partie fait plus que se rebiffer . çà tend à se limiter à l'occident .
jc
28/08/2018
Je viens de commencer "Reflets dans un oeil d'homme" de Nancy Huston dont la quatrième de couverture m'avait intéressé. Je ne suis pas déçu. C'est le contraire d'une narrative, ça sonne vrai et ça se lit tout seul. Extraits de "La pute et le caïd" fin du chapitre III "Adolescence: danger" (pp.63 à 69):
"Dans les sociétés traditionnelles, l'adolescence est le moment où l'appartenance au groupe est le plus fortement itérée et entérinée. Dans l'Occident moderne, c'est au contraire l'époque où l'on rejette le plus violemment les appartenances reçues."
"Les prostituées crânent souvent et c'est normal. Les caïds crânent aussi et c'est normal."
"Les conduites d'excès, écrit le philosophe François Flahault, constituent une démonstration de force, c'est-à-dire, aux yeux qui s'y livrent, de valeur et de plus être. Mais elles entraînent des effets de destruction et d'auto-destruction considérables."
"C'est là un exemple de l'excès où peut tomber, à force de tout vouloir expliquer, la théorie évolutionniste."
Le chapitre se termine par:
"Pour peu que l'on regarde autour de soi, on voit que la différence des sexes y est partout inscrite, de façon flagrante et souvent douloureuse. Il y a des souffrances spécifiques aux garçons (ce sont eux, de façon prépondérante, les sans domicile fixes, les détenus, les toxicomanes, les accidentés de la route, les suicidés…) et aux filles (ce sont elles les violées, les voilées, les prostituées, les battues, les excisées)...
Si l'on décrète l'indifférence des sexes, comment faire pour penser ces plaies, sans même parler de les panser."
La Tradition, l'Histoire, le génétique, traditionnellement "de droite", l'évolutionnisme (requalifié en progressisme et/ou constructivisme pour faire moderne), l'histoire, l'épigénétique, traditionnellement "de gauche".
Pour moi la première phrase citée ("Dans les sociétés traditionnelles, l'adolescence est le moment où l'appartenance au groupe est le plus fortement itérée et entérinée.") mérite d'être méditée à droite (à mes yeux Margaret Thatcher -"There is no such thing as society."- ne saurait être conservatrice). La gauche, quant à elle, ferait peut-être bien de méditer sur les théories évolutionnistes comme le néo-darwinisme. Et droite et gauche réunie devraient méditer la citation de François Flahault ("Mais elles [les conduites d'exçès] entraînent des effets de destruction et d'auto-destruction considérables."
Après avoir fait la promotion du bouquin de Nancy Huston je termine par la promotion de "La Grâce de l'Histoire" de Philippe Grasset et du troisième tome à venir: "(...) la phrase [-pas vraiment darwinienne…-] de Daniel Rops (...) rassemble les matériaux de mon travail: "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…".
Christian Feugnet
27/08/2018
Trés interressant ce texte , éclairage de Sartre sous un autre angle au sujet de la liberté . Il existe d'autres méthodes que celles des Marines , façon Stanley Kubrick . Ainsi pour précisez , dans nombres d'affaires criminelles on a de pauvres femmes ( autoritaires et manipulatrices ), victimes innocentes de sévices . C'est l'amant , le mari , le (ou , les ) fils qui en toute "liberté" se chargent du sale boulot .
La victimisation est à la base de l'Américanisme , à l'origine des hommes et femmes fuyant l'oppression Européenne . C'est pas qui en avait pas . Mais peut étre a t elle été particuliérement injuste parce que ces pauvres victimes cherchaient à prendre la place de leurs oppresseurs .
jc
27/08/2018
"Ainsi le système de la communication amène-t-il une situation où tout se passe comme si les psychologies elles-mêmes organisaient leur perception, comme si la chose venait d’elles-mêmes, alors que c’est la pré-organisation du système de la communication, sa “diversité/complexité” pré-structurée, qui conduit à l’interprétation des psychologies, – donnant l’impression à l’esprit qu’il perçoit en toute liberté. (Seules les psychologies les plus fortes, les plus lucides, échappent à ce piège et ordonnent elles-mêmes leur propre perception, vers leurs esprits correspondants, esprits libres par conséquent.).
Il s’agit de la réalité interprétée de la meilleure foi du monde, dure comme fer, par la perception qu’on en a, sans nécessité de démarche faussaire ni de montage, avec un naturel si déconcertant de naturel qu’on croit toucher à la vérité. En fait, comme on le voit appliqué à l’Amérique durant l’histoire de ce pays, sans que sa formation puisse être explicitée par une manigance ou une manipulation humaine, le processus du système de la communication n’impose rien, ni pensée politique, ni attitude comme le conformisme, etc. ; il laisse les esprits totalement libres mais, par l’influence qu’il fournit aux psychologies et que ces psychologies véhiculent elles-mêmes vers les esprits, sans la moindre conscience de la chose, de telles pensées politiques et une telle attitude qu’est le conformisme aligné sur l’américanisme en tant que vertu universelle apparaissent comme l’expression absolue de la liberté et de la vérité enfin réconciliée… Et cette expression absolue, jusqu’à il y a peu, se concrétisait parfaitement dans l’Amérique et l’American Dream."
Extrait de la partie "Un destin historique: le système de la communication"
http://www.dedefensa.org/article/glossairedde-technologisme-versus-communication-1
Christian Feugnet
27/08/2018
Celà semble incompatible . on a en culture , le rapport social , aux autres , pas seulement avec la nature , ou alors en alternatif .
Comme on dit la terre est basse , mais pas que la terre , l'établi et méme le bureau où on écrit . En quelque sorte , en pire , pour agir faut se salir , se courber . Là vous pouvez pas communiquer , réellement , entrer en relation avec l'autre le ressentir et étre ressenti par lui , dans un jeu gagnant/gagnant . Sauf en position droite apparente , c'est à dire en se raidissant , menton levé , nuque en arriére , je me controle et je te controle , je suis gagnant et t'es perdant .
Représentation fausse mais géneralement inculquée .
On peut et doit creer des techniques ou les utiliser pour réaliser les deux en méme temps . La culture fait alors corps , prolonge celui ci , avec la technique .
jc
27/08/2018
Le commentaire "cartésien" du dernier article de NB par Didier Favre m'incite à préciser la position vitaliste* de Thom (et la mienne).
Thom qualifie son vitalisme de géométrique, car il postule l'existence de champs morphogénétiques exactement comme Newton postule l'existence d'un champ gravitationnel et Maxwell l'existence d'un champ électromagnétique (actions à distance qu'ont refusé, ai-je lu, les cartésiens d'alors…) Son problème est, pour l'instant, dans le manque de validation expérimentale de ses théories en biologie, contrairement, bien entendu, à celles de Newton et de Maxwell.
Le neurobiologiste Antonio Damasio a vulgarisé ses idées dans deux bouquins (entre autres): "L'erreur de Descartes: la raison des émotions" et "Spinoza avait raison: joie et tristesse, le cerveau des émotions". Sa position clairement moniste rejoint celle de Thom: "Ils [Nos modèles] offrent le premier modèle rigoureusement moniste de l'être vivant, ils dissolvent l'antinomie de l'âme et du corps en une entité géométrique unique.". "Je pense donc je suis" ou bien "Je pense comme je suis"? Il me semble que Damasio penche nettement pour la deuxième option. La position de Thom est plus nuancée car Thom s'affiche également platonicien (l'idée avant la chose et non l'idée dans la chose). Peut-être s'en tire-t-il en distinguant âme et esprit? Car il écrit: "En dépit de mon admiration pour ce dernier [Aristote], je reste platonicien en ce que je crois à l'existence séparée ("autonome") des entités mathématiques, (...)" (ES p.245)
En lisant la fiche Wikipédia de Damasio je suis frappé de la convergence de ses vues avec les idées de Thom à ce sujet: cerveau-prédateur dans la boîte crânienne informant de ce qui se passe à l'extérieur de soi (à l'aide de la vue, de l'odorat, de l'ouïe et du goût), communiquant avec un cerveau-proie situé pour Thom comme pour Damasio le long de la moëlle épinière**, informant par émotions (à l'aide du toucher) de ce qui se passe à l'intérieur de soi.
Je crois opportun de resignaler à ce propos la façon dont, selon Thom, nous pensons: "L'homme en éveil ne peut, comme le nourrisson de neuf mois, passer son existence à saisir les objets et les mettre en bouche. Il a mieux à faire: aussi va-t-il "penser", c'est-à-dire saisir des êtres intermédiaires entre les formes extérieures et les formes génétiques: les concepts." Autrement dit (si j'interprète correctement) toute pensée, selon Thom, devrait être le résultat d'un conflit entre notre cerveau-prédateur et notre cerveau-proie.
Mais comment penser ainsi dans un Système qui nie jusqu'à l'existence même du cerveau-proie et qui sélectionne ses élites en considérant uniquement leur cerveau-prédateur? Pour Thom l'intelligence est la faculté de s'identifier à autre chose ou à autrui. Il est clair pour moi que Macron (parmi tant d'autres), pur produit d'une sélection-Système et seulement cela, a un considérable déficit d'empathie, donc d'intelligence selon la définition thomienne.
*: Cf. l'article "Vitalisme" de Wikipédia pour en avoir une vision-Système.
**: Selon moi (sur le divan) du côté du sacrum…
Christian Feugnet
27/08/2018
Par hasard , je viens de lire une autre synthése remarquable de Christian Darlot ( le saker) avec comme pivot la guerre 14-18 dont la mise en paralléle me semble fructueuse , en ce qu il est inspiré d'une cohérence transposable ( avec des plus et des moins ) à aujourd'hui .
Dans les deux cas ce qui fait difficulté , le plus , à mon avis , par la complexité , est le role de la Chine actuelle .
Pour ce qui est du monde anglosaxon , nul doute sur la transposition , la GB d'avant , on l'oublie , fut aussi mal gérée que les USA aujourd' hui . La Banque d'Angleterre , par avidité , toujours au bord du gouffre , et cause de la désindustrialisation, a par deux fois été sauvée par la France . Quand à la Chine , elle me semble jouer le role de l'ex Allemagne , à la grande différence qu'elle est moins protectionniste et ne dispose pas de marchés captifs , pour construire en qualité , ce qu'elle tente avec sa route de la Soie . Mais méme complicité financiére avec les USA que l'Allemagne autrefois , contre le reste de l'Europe .
Subsiste qu'en Europe , à mon avis , existe une culture qui fait "corps" à la technique et qui n'existe nul part ailleurs à ce point . C'est ce qui fait peur aux autres , y compris aux oligarchies Européennes . L'interpreter comme recherche de puissance , bien qu'elle ait été utilisée à celà est faux c'est une volonté de liberté . C'est ce qui fait peur partout .
jc
26/08/2018
A l'attention des insoumis, de gauche comme de droite -et du centre s'il en reste-.
Je suis convaincu qu'à côté du classique matérialisme mécanique, il y a de la place et de l'avenir pour un matérialisme vitaliste. Il s'agit d'une position topocratique qui peut paraître s'opposer à la position logocratique de PhG, ce dernier semblant donner le beau rôle à la volonté créatrice -et le mauvais à la matière- dans la citation de Daniel Rops ("Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice") lors de la conclusion du tome II de "La Grâce de l'Histoire". Mais pour moi les visions topocratique et logocratique ne s'affrontent pas: ce sont seulement deux visions différentes (l'un yin et l'autre yang) de la même chose.
Je viens de me souvenir que j'ai écrit ce qui suit sur ce site en 2017, à l'occasion de l'élection présidentielle:
"L'objet de cette lettre ouverte [aux candidats] est de suggérer la possibilité d'une troisième voie d'insoumission.
3. Une troisième voie?
On vient de voir que la France n'a plus la possibilité d'agir. Mais il lui reste encore la possibilité de penser.
Avant d'aborder le coeur du propos il est nécessaire de planter le décor.
Après l'effondrement de l'empire romain le redressement en France (et une grande partie de l'Europe) s'est fait à partir du catholicisme: pouvoir spirituel aux papes, pouvoir temporel aux rois, "sacrés" à Reims.
Avec l'apparition des universités au moyen-âge et leur vigoureuse expansion à la Renaissance, le pouvoir spirituel s'est progressivement laïcisé, profané.
[Les scientifiques actuels ont coutume de dater précisément cette rupture à Newton, sous le nom de coupure galiléenne: à partir de cet instant les planètes n'étaient plus poussées par des anges, mais elles suivaient "tout simplement" la loi de Newton.
Corrélativement, mais beaucoup plus subtilement et très certainement plus tôt, cette rupture a fait évoluer la vision que l'homme avait de lui-même: de l'homme créature divine, on revenait à une autre forme d'humanisme, l'humanisme "laïc" actuel.]
Une chose qui a peut-être été moins aperçue c'est que le concept de matière a également évolué: le fait, qui fait sourire le penseur "moderne", que les planètes étaient auparavant, selon certains, poussées par les anges, était une façon poétique de dire que la matière, en l'occurrence planétaire, était, d'une certaine façon, vivante. Avec son "Hypotheses non fingo", Newton a convaincu le monde scientifique que des hypothèses -et les preuves corrélatives- n'étaient plus nécessaires, qu'il suffisait de faire des vérifications expérimentales: l'empirisme le positivisme, le pragmatisme, étaient nés ou vigoureusement réimpulsés.
L'ouverture considérable de Newton a, corrélativement, entraîné une fermeture de l'horizon de pensée du scientifique moderne en le réduisant aux "ismes" précités; une pensée scientifique dorénavant réduite à une pensée qualifiée d'objective, objectivité en général fièrement brandie.
Newton justifiait ainsi le nouveau statut d'inertie de la matière qui allait progressivement s'imposer: la matière est inerte, sans vie, morte, et donc stupide, imbécile, et traitée comme telle par les scientifiques modernes.
Newton donnait ainsi une impulsion triomphante et définitive au matérialisme pour aboutir au matérialisme du XIXème siècle, celui qui a encore cours aujourd'hui, partout dans le monde actuel, celui "qui compte", à l'Ouest comme à l'Est, au Nord comme au Sud, c'est-à-dire le monde globalisé: tout le monde "qui compte" est (ou feint d'être) actuellement matérialiste (avec, cela va de soi, une matière sans "âme"), ce n'est plus l'apanage des seuls marxistes.
[Corrélativement la laïcisation, la profanation, de la philosophie a sans doute eu également des effets -mais ce n'est pas ma partie-]
La façon de se représenter le monde change évidemment selon que la matière est ou non animée, i.e. a ou non une âme. Et le changement devient même vertigineux dès qu'on y réfléchit un peu: tout, absolument tout, bascule (pas seulement dans le monde scientifique) dès que l'on fait l'hypothèse d'une matière animée.
Tout, en premier lieu la façon de penser elle-même, la rationalité, l'intelligence (et ses rapports avec l'intelligence artificielle, avec le transhumanisme, etc.). Ensuite la façon de considérer la nature elle-même, et donc toute la politique écologique planétaire. Etc., etc.
Ce néo-matérialisme du XXIème siècle, dont on vient de voir les vertigineuses potentialités, exige bien évidemment de faire exploser la prison intellectuelle dans laquelle la pensée matérialiste mainstream actuelle s'est elle-même enfermée, embastillée.
Embastillée. Le terme est choisi à dessein. Il s'agit là en effet d'une véritable révolution. C'est une occasion à ne pas manquer pour la France car il est lumineusement évident que, si elle réussit, elle donnera au futur "Talleyrand" une carte maîtresse dans les négociations à venir avec nos "partenaires".
Dans cette perspective le XXIème siècle devient non seulement un nouveau siècle de Lumières, mais aussi un siècle de nouvelles lumières, les précédentes paraissant non seulement ternes, mais aussi laides, car factices.
Dans cette même perspective Paris, la ville Lumière, prendra un nouveau statut, une nouvelle dimension, celle de capitale d'une nouvelle façon, écologique, de voir le monde; elle sera la capitale d'une nouvelle pensée.
On connaît le "bon mot" de Coluche parlant d'un recteur d'université qui venait vendre l'intelligence des étudiants formés dans son établissement à une quelconque foire aux cerveaux et qui n'avait pas un échantillon sur lui.
S'il prend envie à l'un d'entre vous de vanter la France comme fer de lance de la nouvelle pensée, avec Paris comme ville des nouvelles lumières, il serait effectivement bon d'en avoir un sur vous.
Si les perspectives esquissées ci-dessus ont un sens (et je suis profondément convaincu qu'elles en ont un), alors la civilisation actuelle va inéluctablement s'effondrer et être remplacée par celle entrevue ici. Aussi, aux qualités exigées par Talleyrand, je rajouterai celle-ci:
L'envergure ... l'envergure…
jc
26/08/2018
Questions principielles. (Je radote sur mon divan)
J'aime ranger mes idées "à la yin-yang". Je trouve que c'est à la fois simple, efficace, et peut-être profond. Voilà à quoi ça ressemble:
Yin: continu, puissance, matière, onde, relâchement, topos, chose-morphè, chair, Paradis terrestre, etc.
Yang: discret, acte, forme, corpuscule, tension, logos, idée-eidos, verbe, Jérusalem céleste, etc.
Dans ce rangement les questions principielles deviennent: Yang avant yin? Yang dans yin? Yang après yin?
Qui mène la danse?
Pour Thom c'est l'opposition discret-continu qui domine la pensée et c'est le continu qui est l'être premier (psychologiquement et ontologiquement). Et par suite c'est le yin qui mène la danse. Ainsi, dans le sillage thomien, me voilà donc matérialiste*.
On sait que le yang renvoie au masculin et le yin renvoie au féminin. Les femmes seront peut-être flattées de se voir considérées comme l'être premier** par rapport aux hommes (Adam sortant de la côte d'Eve, plus sensé que l'inverse, remarque faite par Grothendieck dans "La clef des songes: dialogue avec Dieu"), mais certainement moins d'être considérées comme de la matière. Mais il s'agit pour moi de matière vivante, car je me place dans une perspective vitaliste, et non dans la classique perspective mécaniste. Car je ne suis pas (pas du tout!) Matérialiste (M majuscule) au sens de PhG, comme le sont ceux que l'on qualifie usuellement de communistes et de capitalistes -que je mets exactement dans le même sac. Quant aux idées, les femmes en ont évidemment (à mon avis pas les mêmes que les hommes car leur cerveau-proie est plus développé). Mais je pense que l'analogie d'idée fécondant la matière grise (qui revient souvent sous la plume de Grothendieck), renvoyant au spermatozoïde fécondant l'ovule, est chargée de sens***.
*: Dans la préface d'Apologie du logos le philosophe Jean Largeault écrit: "Thom qui, à la rigueur, aurait de la sympathie pour un matérialisme, rejette le réductionnisme qui rattache tous les phénomènes à un seul type de forces naturelle (physico-chimiques)."
**: Déesse toute puissante (et Dieu tout actant…). Un Dieu-Déesse Janus?
***: Pour Thom "toute analogie sémantiquement acceptable est vraie." (Je rappelle que la théorie thomienne des catastrophes est une théorie de l'analogie.)
Didier Favre
26/08/2018
« Nous allons encore descendre longtemps dans cette latrine. »
Mot terrible, mot juste, mot prophétique de Flaubert. Nous sommes dans une latrine. La différence avec son temps est que, maintenant, elle déborde.
Il se peut que Badinguet ait été un épiphénomène car personne ne le voyait à la présidence de la république française. Si je reprends les mots de Flaubert en ne changeant qu’un mot, son texte reste actuel, cruellement actuel.
« D'ailleurs tous ces fameux gaillards pratiques, actifs, qui connaissent les hommes, admirent peu l'admiration, visent au solide, font du bruit, se démènent comme des galériens, etc., tous ces malins, dis−je, me font pitié, et au point de vue même de leur malice, car je les vois sans cesse tendre la gueule après l'ombre et lâcher la viande. Ils s'enferrent dans leurs mensonges, ils se dupent eux−mêmes avec aplomb (c'est l'histoire de Macron se payant à lui−même des enthousiasmes).
Quand j'en aurai vu un seul, un seul de ceux−là, avoir gagné par tous les moyens qu'ils emploient seulement un million, alors je mettrai chapeau bas.
D'ici là qu'il me soit permis de les considérer comme des épiciers fourvoyés. »
Je rejoins Bonnal pour le titre « …génération euro-Macron ». Rien n’est à changer dans le texte de Flaubert. Il a vu venir Macron sans prétendre une seconde au don de prophétie.
Ce texte met en continuité totale notre époque et celle de Flaubert (1821 - 1880). La Révolution française s’est calmée. Elle est mise en application par l’élite de l’époque. Pour la description, je vous renvoie au texte de Flaubert cité par Bonnal ci-dessus. Cette Révolution est issue directement des Lumières. Il y a un texte lumineux cité par (bouchez vous le nez, ça va sentir le soufre) Marion Sigaut où une Lumière est un individu qui s’isole dans un bureau pour penser à un problème selon la méthode de la Raison. Quand je vois ce mot de Raison, je pense automatiquement à Descartes et sa Méthode. De celle-ci je garde l’isolement de l’individu raisonnant quand il pense selon la méthode cartésienne. Elle s’est montrée efficace dans bien des problèmes scientifiques (quoique des textes peu connus de Descartes montrent que les flops résultent aussi de sa Méthode). Descartes est devenu par sa découverte (?) un initié des choses de l’esprit à un niveau dépassant tout le genre humain de son époque.
J’y vois le ver dans le fruit. Son texte « Discours de la Méthode » est un chef-d’oeuvre de clarté, d’élégance et de rigueur. Tout esprit qui le lit ne peut qu’être séduit par son idée. Tout esprit qui saisit cette méthode dans son esprit se retrouve avec un pouvoir surhumain en lui.
Voltaire était un de ces surhommes. Il se savait supérieur à tous, y compris aux rois. Il s’est imposé comme directeur de conscience de tous. Un culte lui est encore rendu maintenant.
Macron est aussi un de ces surhommes. Il se sait supérieur à tous. Il se veut directeur de toutes les consciences, y compris la votre et la mienne. Son langage complexe lui démontre sa supériorité sur nous. Lui rendre un culte sera très prochainement obligatoire. Le refuser sera participer à un discours de haine comme l’homophobie ou le racisme.
Je reconnais à Descartes le génie de la langue et le désastre diabolique de sa méthode appliquée aux relations humaines. Elle nous divise. Elle nous impose des totalitarismes dont le communisme n’est qu’un exemple. Elle nous donne l’illusion d’une supériorité sur le genre humain qui nous pousse au crime. Il a touché l’humanité et lui a apporté le poison de l’idée que si nous réorganisons la vie humaine selon des lois déduites par sa méthode tout le monde sera heureux.
Je reconnais à Macron le génie de la manipulation humaine. Sa pensée printemps était géniale. Sa déclaration « Qu’ils viennent me chercher car je suis le seul responsable » est admirable. L’étouffement de l’affaire Benalla est une réussite totale. Macron nous démontre qu’il peut faire ce qu’il veut, quand il le veut et comme il le veut.Toutes les raisons de rejeter son action sont vaines. Macron nettoie ce qui reste de propre dans le pays appelé France. L’oeuvre de Descartes a fini par tout envahir.
Le résultat ne convainc personne en dehors des profiteurs et des agités que Flaubert décrit très bien et encore. Nous nous noyons dans la puanteur de la latrine que Flaubert dénonçait.
Allons nous avoir l’idée d’en sortir ?
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