Ni Ando
29/08/2018
“Et puis une révolution est effectivement survenue. Pas du tout celle qu’on attendait et même à l’opposé de celle qu’on attendait. On croyait pouvoir la faire. Elle nous a pris par surprise. Nous ne l’avons même pas vue se produire car il s’est agi d’une révolution silencieuse, d’une révolution invisible, d’une révolution sans nom ni visage, sans acteur manifeste pour la porter du type de ceux qu’on avait cru pouvoir identifier dans le passé. Mais une révolution quand même puisqu’elle nous a fait changer de monde sur tous les plans. Cette révolution qui se déclare dans la seconde moitié des années 1970, consécutivement au choc pétrolier de la fin 1973 qui aura joué comme son déclencheur, cette révolution qui se répand par des vagues désormais bien identifiées avec la mondialisation libérale est tout à la fois une révolution industrielle, une révolution technologique, une révolution culturelle, une révolution sociale. Nous en parlons tous les jours. Financiarisation du capitalisme, entrée dans l’ère numérique, individualisation des sociétés, postmodernisme culturel. Ces ingrédients nous sont familiers. Mais c’est une révolution de l’échappée de l’histoire à notre prise, une révolution de l’échappée du cours de l’histoire à la maîtrise réfléchie des acteurs.
Au rebours de ce qu’était la marche antérieure de nos sociétés qui paraissait nous promettre les instruments d’une histoire davantage voulue en conscience et maîtrisée, cette révolution nous a jetés dans une histoire subie à laquelle nous contribuons malgré nous, nous ne pouvons pas ne pas y contribuer, mais dont le cours nous échappe et dont il est vain d’espérer détecter la direction. Aussi bien d’ailleurs que de lui assigner un quelconque aboutissement. Nous avons beau savoir que nous faisons cette histoire, l’expérience que nous en avons au quotidien ne nous laisse plus espérer que nous pourrions savoir ce que nous en faisons. Elle est un produit de notre action qui se soustrait à notre réflexion. En profondeur, elle cesse d’être même d’être vécue comme une Histoire en mesure de relier un passé intelligible avec un avenir plausible. Il ne reste plus qu’un chaos d’interactions obscures, sans passé auquel les relier ni futur identifiable qui pourrait en surgir. C’est de cet effacement, remarquons-le au passage, que naît le règne du présent. S’il n’y a plus ni passé auquel référer les actions au présent ou futur identifiable à partir de ces actions au présent, il ne reste effectivement que le présent. C’est cela le noyau du présentisme contemporain. L’idée d’Histoire comme référent collectif par rapport auquel se situer s’est évanouie. Et je crois qu’il ne faut pas aller chercher ailleurs le secret du brouillage des identités politiques.”
Marcel Gauchet, Qui sont les acteurs de l’histoire ?, conférence au 17e Rendez-vous de l’Histoire, Blois, 10 octobre 2014
https://institut-iliade.com/abecedaire-europeen/lettre-r/
Christian Feugnet
29/08/2018
Suicidaire ? Pas vraiment ..
La fed fait mine d augmenter ses taux mais ne peut pas sinon il y suicide effectivement et bain de sang aux usa .
Déjà .ca devrait etrangler les emergents les jeter dans une crise genre annee 90 . On en a les premisses mais c est tout , la Crise du siecle tarde .
Au lieu de cela on a le franchisement a la hausse du nasdaq et bientot du s and p . (Rien à voir pour autant avec l economie relle us ) .
Pire a partir du cours du bitcoin et d une correlation avec l indice des emergents on a les premier signes de la deroute de Dark Vador .
voir une video sur youtube d une excellente et rare analyse ou cette correlation est mentionnee .
ça s appelle crypchain #71 . ( ne pas se laisser blocquer par le vocabulaire esoterique , c est tres simple .
Lea
29/08/2018
Bonjour, Philippe Grasset
Je cite Orlov, "La première implique la traversée d’un “âge sombre” multiséculaire, comme ce fut le cas en Europe occidentale après l’effondrement de l’Empire romain occidental."
Oulah, on croirait lire du Michelet dans le texte. "L'âge sombre" médiéval, c'était aussi la fin de la colonisation romaine, la lente progression des nations souveraines à travers les réseaux d'alliances de la féodalité, le rayonnement de l'Occident chrétien, la fin de l'esclavage (remplacé par le servage, ce qui n'était pas beaucoup mieux mais déjà nettement moins pire), l'interconnection et les échanges culturels incessants avec l'Orient via les Routes de la soie et des épices, et ne parlons même pas du prestige intellectuel d'ordres monastiques tels que les Cisterciens, de la naissance des universités, du développement exponentiel du commerce maritime avec notamment, à l'époque de son zénith, la Ligue hanséatique qui englobait des villes entières, de la propreté (un bain par jour, une habitude qui s'est perdue à la Renaissance), etc .
Sinon, le retour du "romanisme" à la Renaissance a ramené les charmantes moeurs romaines, dont l'impérialisme et l'esclavage…
Orlov est ingénieur et pas historien, c'est clair. Tenez, au fait, ça me rappelle une expo vue à la Cité des sciences de Paris, "Quoi de neuf au moyen-âge". Je vous donne le lien sur le site, rubrique "Idées reçues sur le moyen-âge". Ça aurait bien aidé Orlov à ne pas rajouter une couche à la désinformation ambiante.
https://www.inrap.fr/magazine/Idees-recues-sur-le-Moyen-Age/Accueil#.W4arlzeYMdW
Guénonement,
Lea
Franck du Faubourg
29/08/2018
Non pas sur le "cas Hulot", mais sur notre maladie de Société:
http://www.voltairenet.org/article202600.html
La preuve par "les russes"!
jc
29/08/2018
La réunion de EE et LV a été orchestrée par le petit bourgeois Cohn-Bendit, lui-même EE (?). EE c'est pour moi l'écologie du fric, l'écologie en marche, l'écologie-Système, salué comme telle par Philippe Macron.
Je vois sa décision "de lui à lui" comme résultant d'un conflit entre le Hulot EE (90% selon moi) et le Hulot LV*. De ce point de vue la démission de Hulot est à mettre au crédit de l'anti-Système.
*: pour mémoire un LV-100% décroissantiste** a déversé jadis un seau d'épluchures de légumes sur la tête de Hulot près de Notre Dame des Landes https://www.lexpress.fr/actualite/politique/notre-dame-des-landes-hulot-en-zone-de-turbulences_1960828.html
**: pour mémoire également, voici la fin d'un article de Thom sur l'innovation:
"Décourager l'innovation
Les sociologues et les politologues modernes ont beaucoup insisté sur l'importance de l'innovation dans nos sociétés. On y voit l'indispensable moteur du progrès et -actuellement [années 1980]- le remède quasi-magique à la crise économique présente; les "élites novatrices" seraient le coeur même des nations, leur plus sûr garant d'efficacité dans le monde compétitif où nous vivons. Nous nous permettrons de soulever ici une question. Il est maintenant pratiquement admis que la croissance (de la population et de la production) ne peut être continuée car les ressources du globe terrestre approchent de la saturation. Une humanité consciente d'elle-même s'efforcerait d'atteindre au plus vite le régime stationnaire (croissance zéro) où la population maintenue constante en nombre trouverait, dans la production des biens issus des énergies renouvelables, exactement de quoi satisfaire ses besoins: l'humanité reviendrait ainsi, à l'échelle globale, au principe de maintes sociétés primitives qui ont pu -grâce, par exemple à un système matrimonial contraignant- vivre en équilibre avec les ressources écologiques de leur territoire (les sociétés froides de Lévi-Strauss). Or toute innovation, dans la mesure où elle a un impact social, est par essence déstabilisatrice; en pareil cas, progrès équivaut à déséquilibre. Dans une société en croissance, un tel déséquilibre peut facilement être compensé par une innovation meilleure qui supplante l'ancienne. On voit donc que notre société, si elle avait la lucidité qu'exige sa propre situation, devrait décourager l'innovation. Au lieu d'offrir aux innovateurs une "rente" que justifierait le progrès apporté par la découverte, notre économie devrait tendre à décourager l'innovation ou, en tout cas, ne la tolérer que si elle peut à long terme être sans impact sur la société (disons, par exemple, comme une création artistique qui n'apporterait qu'une satisfaction esthétique éphémère -à l'inverse des innovations technologiques, qui, elles, accroissent durablement l'emprise de l'homme sur l'environnement). Peut-être une nouvelle forme de sensibilité apparaîtra-t-elle qui favorisera cette nouvelle direction. Sinon, si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques."
jc
29/08/2018
Différentialisme.
Je découvre ce terme en continuant ma lecture de "Reflets dans un oeil d'homme". Terme non étiquetté par Dedefensa. Façon salonarde de désigner ceux qui s'opposent au diktat-Système de l'égalité des sexes, de l'égalité des races, etc. Façon, donc, de désigner les racistes, les sexistes, etc. (cf. l'article Wikipédia)
Mot qui interpelle le matheux, lui qui manie les différentielles tous les jours. Et qui se demande pourquoi ce terme, qui a manifestement plus à voir avec les sciences humaines qu'avec les sciences dures, ne s'écrit pas avec un "c" (différencialisme).
L'un des principes fondamentaux sur lequel Thom s'appuie pour développer sesthéories et ses modèles est l'analogie -pour lui sémantiquement acceptable, donc vraie- entre différentiation mathématique et différenciation cellulaire, entre développement de Taylor et développement embryonnaire (cf. SSM p.32).
Sans quitter mon divan me voilà donc fémino-différentialiste, en compagnie -Wikipédia dixit- des ethno-différentialistes ("Alain de Benoist et plus généralement la « Nouvelle Droite »"). Comme il ne me déplait pas, d'autre part, de me voir "matérialiste vitaliste" (la "Nouvelle Gauche"?), je me retrouve -toujours sur le divan- soit en position de grand écart qui va mal finir pour moi, soit en position de synthèse, genre "retour à l'unité perdue" chère à PhG, qui va se finir en "happy end".
Daniel Rops: "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…". Une matière rétive n'est-elle pas une matière qui vit?
Christian Feugnet
29/08/2018
En désignant l'executif comme ultime degré de sécurité , je reste dans la cadre franco français . Aux USA , c'est la justice , en l'occurence , la Cour Supréme , d'où nombre de confusions possibles pour nous .
Christian Feugnet
29/08/2018
En ce que le lobby est non seulement petit mais s'est faufilé .
De sorte qu 'on a plus de bouffe que de tragédie dans cet étrange mélange des genres .
Christian Feugnet
29/08/2018
Un présentateur télé qui pour obliger les cameras à le cadrer au dessus de la ceinture , enlevait systématiquement son pantalon .
Là les cameras se sont inclinées brusquement , la république en marche est en slip . Encore s'agit il d'un petit lobbie .
Sous l'angle de l'Esprit des Lois , l'executif tranche entre les divers intérets particuliers en fonction d'encore plus que l'intéret général , l'avenir de la nation qui suppose participer à la civilisation .
Jusqu'à augourd hui , les intérets particuliers étaient censés s'arréter au local, voire au législatif , avant l'ultime front de l'exécutif .
Sinon plus de barriéres on est en contre civilisation .
Toute fois celà ne concerne plus vraiment le monde entier , une autre partie fait plus que se rebiffer . çà tend à se limiter à l'occident .
jc
28/08/2018
Je viens de commencer "Reflets dans un oeil d'homme" de Nancy Huston dont la quatrième de couverture m'avait intéressé. Je ne suis pas déçu. C'est le contraire d'une narrative, ça sonne vrai et ça se lit tout seul. Extraits de "La pute et le caïd" fin du chapitre III "Adolescence: danger" (pp.63 à 69):
"Dans les sociétés traditionnelles, l'adolescence est le moment où l'appartenance au groupe est le plus fortement itérée et entérinée. Dans l'Occident moderne, c'est au contraire l'époque où l'on rejette le plus violemment les appartenances reçues."
"Les prostituées crânent souvent et c'est normal. Les caïds crânent aussi et c'est normal."
"Les conduites d'excès, écrit le philosophe François Flahault, constituent une démonstration de force, c'est-à-dire, aux yeux qui s'y livrent, de valeur et de plus être. Mais elles entraînent des effets de destruction et d'auto-destruction considérables."
"C'est là un exemple de l'excès où peut tomber, à force de tout vouloir expliquer, la théorie évolutionniste."
Le chapitre se termine par:
"Pour peu que l'on regarde autour de soi, on voit que la différence des sexes y est partout inscrite, de façon flagrante et souvent douloureuse. Il y a des souffrances spécifiques aux garçons (ce sont eux, de façon prépondérante, les sans domicile fixes, les détenus, les toxicomanes, les accidentés de la route, les suicidés…) et aux filles (ce sont elles les violées, les voilées, les prostituées, les battues, les excisées)...
Si l'on décrète l'indifférence des sexes, comment faire pour penser ces plaies, sans même parler de les panser."
La Tradition, l'Histoire, le génétique, traditionnellement "de droite", l'évolutionnisme (requalifié en progressisme et/ou constructivisme pour faire moderne), l'histoire, l'épigénétique, traditionnellement "de gauche".
Pour moi la première phrase citée ("Dans les sociétés traditionnelles, l'adolescence est le moment où l'appartenance au groupe est le plus fortement itérée et entérinée.") mérite d'être méditée à droite (à mes yeux Margaret Thatcher -"There is no such thing as society."- ne saurait être conservatrice). La gauche, quant à elle, ferait peut-être bien de méditer sur les théories évolutionnistes comme le néo-darwinisme. Et droite et gauche réunie devraient méditer la citation de François Flahault ("Mais elles [les conduites d'exçès] entraînent des effets de destruction et d'auto-destruction considérables."
Après avoir fait la promotion du bouquin de Nancy Huston je termine par la promotion de "La Grâce de l'Histoire" de Philippe Grasset et du troisième tome à venir: "(...) la phrase [-pas vraiment darwinienne…-] de Daniel Rops (...) rassemble les matériaux de mon travail: "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…".
Christian Feugnet
27/08/2018
Trés interressant ce texte , éclairage de Sartre sous un autre angle au sujet de la liberté . Il existe d'autres méthodes que celles des Marines , façon Stanley Kubrick . Ainsi pour précisez , dans nombres d'affaires criminelles on a de pauvres femmes ( autoritaires et manipulatrices ), victimes innocentes de sévices . C'est l'amant , le mari , le (ou , les ) fils qui en toute "liberté" se chargent du sale boulot .
La victimisation est à la base de l'Américanisme , à l'origine des hommes et femmes fuyant l'oppression Européenne . C'est pas qui en avait pas . Mais peut étre a t elle été particuliérement injuste parce que ces pauvres victimes cherchaient à prendre la place de leurs oppresseurs .
jc
27/08/2018
"Ainsi le système de la communication amène-t-il une situation où tout se passe comme si les psychologies elles-mêmes organisaient leur perception, comme si la chose venait d’elles-mêmes, alors que c’est la pré-organisation du système de la communication, sa “diversité/complexité” pré-structurée, qui conduit à l’interprétation des psychologies, – donnant l’impression à l’esprit qu’il perçoit en toute liberté. (Seules les psychologies les plus fortes, les plus lucides, échappent à ce piège et ordonnent elles-mêmes leur propre perception, vers leurs esprits correspondants, esprits libres par conséquent.).
Il s’agit de la réalité interprétée de la meilleure foi du monde, dure comme fer, par la perception qu’on en a, sans nécessité de démarche faussaire ni de montage, avec un naturel si déconcertant de naturel qu’on croit toucher à la vérité. En fait, comme on le voit appliqué à l’Amérique durant l’histoire de ce pays, sans que sa formation puisse être explicitée par une manigance ou une manipulation humaine, le processus du système de la communication n’impose rien, ni pensée politique, ni attitude comme le conformisme, etc. ; il laisse les esprits totalement libres mais, par l’influence qu’il fournit aux psychologies et que ces psychologies véhiculent elles-mêmes vers les esprits, sans la moindre conscience de la chose, de telles pensées politiques et une telle attitude qu’est le conformisme aligné sur l’américanisme en tant que vertu universelle apparaissent comme l’expression absolue de la liberté et de la vérité enfin réconciliée… Et cette expression absolue, jusqu’à il y a peu, se concrétisait parfaitement dans l’Amérique et l’American Dream."
Extrait de la partie "Un destin historique: le système de la communication"
http://www.dedefensa.org/article/glossairedde-technologisme-versus-communication-1
Christian Feugnet
27/08/2018
Celà semble incompatible . on a en culture , le rapport social , aux autres , pas seulement avec la nature , ou alors en alternatif .
Comme on dit la terre est basse , mais pas que la terre , l'établi et méme le bureau où on écrit . En quelque sorte , en pire , pour agir faut se salir , se courber . Là vous pouvez pas communiquer , réellement , entrer en relation avec l'autre le ressentir et étre ressenti par lui , dans un jeu gagnant/gagnant . Sauf en position droite apparente , c'est à dire en se raidissant , menton levé , nuque en arriére , je me controle et je te controle , je suis gagnant et t'es perdant .
Représentation fausse mais géneralement inculquée .
On peut et doit creer des techniques ou les utiliser pour réaliser les deux en méme temps . La culture fait alors corps , prolonge celui ci , avec la technique .
jc
27/08/2018
Le commentaire "cartésien" du dernier article de NB par Didier Favre m'incite à préciser la position vitaliste* de Thom (et la mienne).
Thom qualifie son vitalisme de géométrique, car il postule l'existence de champs morphogénétiques exactement comme Newton postule l'existence d'un champ gravitationnel et Maxwell l'existence d'un champ électromagnétique (actions à distance qu'ont refusé, ai-je lu, les cartésiens d'alors…) Son problème est, pour l'instant, dans le manque de validation expérimentale de ses théories en biologie, contrairement, bien entendu, à celles de Newton et de Maxwell.
Le neurobiologiste Antonio Damasio a vulgarisé ses idées dans deux bouquins (entre autres): "L'erreur de Descartes: la raison des émotions" et "Spinoza avait raison: joie et tristesse, le cerveau des émotions". Sa position clairement moniste rejoint celle de Thom: "Ils [Nos modèles] offrent le premier modèle rigoureusement moniste de l'être vivant, ils dissolvent l'antinomie de l'âme et du corps en une entité géométrique unique.". "Je pense donc je suis" ou bien "Je pense comme je suis"? Il me semble que Damasio penche nettement pour la deuxième option. La position de Thom est plus nuancée car Thom s'affiche également platonicien (l'idée avant la chose et non l'idée dans la chose). Peut-être s'en tire-t-il en distinguant âme et esprit? Car il écrit: "En dépit de mon admiration pour ce dernier [Aristote], je reste platonicien en ce que je crois à l'existence séparée ("autonome") des entités mathématiques, (...)" (ES p.245)
En lisant la fiche Wikipédia de Damasio je suis frappé de la convergence de ses vues avec les idées de Thom à ce sujet: cerveau-prédateur dans la boîte crânienne informant de ce qui se passe à l'extérieur de soi (à l'aide de la vue, de l'odorat, de l'ouïe et du goût), communiquant avec un cerveau-proie situé pour Thom comme pour Damasio le long de la moëlle épinière**, informant par émotions (à l'aide du toucher) de ce qui se passe à l'intérieur de soi.
Je crois opportun de resignaler à ce propos la façon dont, selon Thom, nous pensons: "L'homme en éveil ne peut, comme le nourrisson de neuf mois, passer son existence à saisir les objets et les mettre en bouche. Il a mieux à faire: aussi va-t-il "penser", c'est-à-dire saisir des êtres intermédiaires entre les formes extérieures et les formes génétiques: les concepts." Autrement dit (si j'interprète correctement) toute pensée, selon Thom, devrait être le résultat d'un conflit entre notre cerveau-prédateur et notre cerveau-proie.
Mais comment penser ainsi dans un Système qui nie jusqu'à l'existence même du cerveau-proie et qui sélectionne ses élites en considérant uniquement leur cerveau-prédateur? Pour Thom l'intelligence est la faculté de s'identifier à autre chose ou à autrui. Il est clair pour moi que Macron (parmi tant d'autres), pur produit d'une sélection-Système et seulement cela, a un considérable déficit d'empathie, donc d'intelligence selon la définition thomienne.
*: Cf. l'article "Vitalisme" de Wikipédia pour en avoir une vision-Système.
**: Selon moi (sur le divan) du côté du sacrum…
Christian Feugnet
27/08/2018
Par hasard , je viens de lire une autre synthése remarquable de Christian Darlot ( le saker) avec comme pivot la guerre 14-18 dont la mise en paralléle me semble fructueuse , en ce qu il est inspiré d'une cohérence transposable ( avec des plus et des moins ) à aujourd'hui .
Dans les deux cas ce qui fait difficulté , le plus , à mon avis , par la complexité , est le role de la Chine actuelle .
Pour ce qui est du monde anglosaxon , nul doute sur la transposition , la GB d'avant , on l'oublie , fut aussi mal gérée que les USA aujourd' hui . La Banque d'Angleterre , par avidité , toujours au bord du gouffre , et cause de la désindustrialisation, a par deux fois été sauvée par la France . Quand à la Chine , elle me semble jouer le role de l'ex Allemagne , à la grande différence qu'elle est moins protectionniste et ne dispose pas de marchés captifs , pour construire en qualité , ce qu'elle tente avec sa route de la Soie . Mais méme complicité financiére avec les USA que l'Allemagne autrefois , contre le reste de l'Europe .
Subsiste qu'en Europe , à mon avis , existe une culture qui fait "corps" à la technique et qui n'existe nul part ailleurs à ce point . C'est ce qui fait peur aux autres , y compris aux oligarchies Européennes . L'interpreter comme recherche de puissance , bien qu'elle ait été utilisée à celà est faux c'est une volonté de liberté . C'est ce qui fait peur partout .
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