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Iraq's Postwar Peace Efforts Facing Internationalization

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  30/09/2004

Virage à Washington : “oui” à une conférence internationale sur l’Irak
LE MONDE | 25.09.04 | 12h05
Colin Powell appelle de ses vœux une concertation multilatérale au Caire, dès le mois d’octobre, avant l’élection présidentielle américaine. L’administration Bush se rallie ainsi à une idée longtemps défendue par la France et la Russie, ainsi que, plus récemment, par John Kerry.

A moins de six semaines de l’élection présidentielle américaine, Colin Powell s’est déclaré favorable, vendredi 24 septembre, à la tenue d’une conférence internationale sur l’Irak. Tout en l’attribuant au chef du gouvernement provisoire à Bagdad, le secrétaire d’Etat américain a ainsi repris à son compte une proposition longtemps vainement défendue par la France et la Russie. Il souhaite aussi associer des pays de la région, une idée de Kofi Annan - auparavant également rejetée par Washington - qui visait la constitution d’un “groupe des amis de l’Irak”. A la suite d’un entretien avec son homologue américain, le ministre français des affaires étrangères a confirmé le soutien de Paris à une telle conférence, prévue au Caire. Michel Barnier a cependant mis en garde contre toute “précipitation”.

New York de notre correspondante

Si elle avait voulu couper l’herbe sous le pied du candidat démocrate, John Kerry, l’administration Bush ne s’y serait pas prise autrement. A moins de six semaines de l’élection présidentielle américaine, le secrétaire d’Etat, Colin Powell, a annoncé, vendredi 24 septembre, que les Etats-Unis étaient disposés à tenir une conférence internationale sur l’Irak, en octobre.

L’idée avait été défendue, en 2003, par la France et la Russie. Plus récemment, elle a été reprise par John Kerry, dont l’un des arguments de campagne est de reprocher à l’administration Bush d’avoir isolé les Etats-Unis sur la scène internationale en intervenant de manière unilatérale en Irak.

Le secrétaire d’Etat a fait cette proposition dans une interview au New York Times, recueillie, vendredi à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, à un moment où une polémique s’est propagée comme un feu de paille à Washington sur la faisabilité - et la légitimité - des élections législatives prévues pour fin janvier en Irak. Le numéro deux du département d’Etat, Richard Armitage, a estimé, vendredi, que les élections devaient se tenir sur l’ensemble du territoire, alors que le secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, avait jugé, jeudi, que, si la violence empêchait leur tenue sur un quart ou un cinquième du territoire, comme ce serait le cas si elles se tenaient aujourd’hui, il faudrait s’y résoudre : “Rien n’est parfait dans la vie”, avait dit M. Rumsfeld.

Dans l’interview, publié samedi 25 septembre par le New York Times, Colin Powell indique : “Nous sommes en train de préparer une conférence régionale qui rassemblerait tous les dirigeants irakiens et le G8”, le groupe des huit pays les plus industrialisés. Le secrétaire d’Etat espère que la conférence se tiendra “en octobre”. Il porte l’initiative de cette réunion au compte du premier ministre irakien par intérim, Iyad Allaoui. “C’est cela que veut M. Allaoui, dit-il. Ce sera sa conférence.”

Devant la presse française à New York, Michel Barnier a confirmé, vendredi, le projet de conférence, “en octobre au Caire”. Le chef de la diplomatie française a estimé qu’elle devrait avoir une “double inclusivité”, c’est-à-dire être ouverte à un large éventail des forces politiques irakiennes, ainsi qu’aux pays de la région.

Interrogé par le New York Times, il a cependant laissé planer le doute sur la date, mettant en garde contre toute “précipitation”. M. Barnier a eu un tête-à-tête avec M. Powell avant un dîner du G8, mercredi, à New York. Les deux ministres ont notamment parlé de la Syrie, alors que le Conseil de sécurité doit avoir début octobre le premier rapport de Kofi Annan sur le retrait des troupes syriennes du Liban.

L’idée d’une conférence internationale avait été lancée quelques semaines après la chute de Bagdad en avril 2003 par la France et la Russie. Elle n’avait jamais été jugée opportune par la coalition, qui préférait obtenir simplement un mandat de l’ONU pour administrer l’Irak. En décembre, le secrétaire général, Kofi Annan, avait lancé un “groupe des amis de l’Irak”, comptant les pays de la région et les membres du Conseil de sécurité, mais il avait été rapidement rabroué par Washington.

Longtemps, la France et l’Allemagne ont plaidé pour une formule de type afghan, avec une conférence nationale des factions, sous l’égide de l’ONU, comme celle qui avait été organisée, à Bonn, pour l’Afghanistan, un exemple qui a été de nouveau cité, vendredi, par M. Barnier.

Selon les précisions données par M. Allaoui au New York Times, la réunion rassemblerait l’Egypte, pays hôte (qui, après le Nigeria et l’Afrique du Sud a, à son tour, fait acte de candidature, vendredi, pour un futur siège africain au Conseil de sécurité), ainsi que les autres pays riverains, Syrie, Jordanie, Turquie, Arabie saoudite, Iran et Koweït, le G8 (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Russie, Italie, Japon, Canada) et la Chine.
Au lendemain de son intervention devant le Congrès à Washington, M. Allaoui a pris la parole à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, vendredi. Il a demandé à la communauté internationale et aux pays voisins d’aider l’Irak. “J’appelle tous les représentants des pays réunis ici à aider l’Irak à vaincre les forces terroristes et à bâtir un avenir meilleur pour le peuple d’Irak”, a-t-il notamment déclaré.

Kofi Annan a répété que l’ONU, qui a déjà permis l’installation d’une commission électorale indépendante, faisait de son mieux dans les circonstances de sécurité actuelles. Le secrétaire général a exprimé son inquiétude quant à la représentativité des élections irakiennes, mais il lui était difficile de donner publiquement son avis compte tenu du climat électoral actuel aux Etats-Unis.

Corine Lesnes
• ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 26.09.04

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-380503,0.html

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France seeking to put pullout on agenda
Brian Knowlton/IHT IHT Tuesday, September 28, 2004

Paris also wants ‘all forces in Iraq’ at proposed talks
WASHINGTON France said Monday that it would take part in a proposed international conference on Iraq only if the agenda included a possible U.S. troop withdrawal, thus complicating the planning for a meeting that has drawn mixed reactions.

Paris also wants representatives of Iraq’s insurgent groups to be invited to a conference in October or November, a call that would seem difficult for the Bush administration to accept.

Meantime, with U.S. policy on Iraq strained increasingly by repeated eruptions of violence, and with the Bush administration divided on whether Iraq can be made safe enough for nationwide elections in January, a key U.S. ally, Prime Minister Tony Blair, faces a potential embarrassment: Delegates of his Labour Party will debate a motion Thursday in favor of withdrawing British troops from Iraq.

A new survey conducted for the U.S. government shows that some of the dozens of daily attacks on allied forces are taking place in areas that had been thought largely secure. Secretary of State Colin Powell conceded Sunday that matters were “getting worse” in Iraq, as senior senators from President George W. Bush’s Republican Party said recently.

The proposed conference aims partly to enlist the help of neighboring countries like Iran and Syria to block any cross-border attempts at destabilizing Iraq or interfering with elections.

But given the difficult conditions in Iraq, Foreign Minister Michel Barnier of France said Monday that a U.S. withdrawal “is a question that should figure on the agenda of such a conference, if one wants it to take place.” Barnier, in an interview France Inter Radio, described the situation as one of “chaos in Iraq, with generalized insecurity, including in the ‘Green Zone,’” the heavily guarded area in Baghdad that is home to many U.S. and British offices.

In Berlin, the German government said it had long been in favor of an international forum to support Iraq’s democratization, Agence France-Presse reported. The European Union’s foreign policy chief, Javier Solana, also endorsed the idea, as did the Spanish and Danish governments.

Barnier’s comments were not entirely surprising; France has been a foremost opponent of the war in Iraq and has refused to send troops to help stabilize the country. They seemed likely, however, to irritate anew a troubled relationship that both French and American officials have been working to improve.

A U.S. State Department spokesman, Adam Ereli, was asked Monday about the French conditions for taking part in an international conference. He declined to comment directly.

“This is something that the Iraqis are taking the lead in putting together,” he said. “So I would refer, you know, those kinds of questions to them.”

On the underlying question of a troop withdrawal, Ereli said, “We’ve always made clear that our goal is to - is to work ourselves into obsolescence.”

The international conference, if it is held as announced, would include Iraq neighbors like Iran and Syria, both of which U.S. officials have accused of interfering in Iraqi affairs.

Powell met last week in New York with the Syrian s foreign minister, Farouk al-Shara, at least partly to discuss cooperation along the Iraq-Syria border. Referring to the international conference, Powell told CNN on Sunday, “This was a way to reach out to Iraq’s immediate neighbors and persuade them that this is the time to help Iraq, so that the region can become stable.”

Powell had said Friday that the administration was working with interim Prime Minister Ayad Allawi of Iraq to invite major Western democracies, some Middle Eastern countries, and China to a conference aimed at bolstering Iraq’s election process. Allawi has promised elections for a national assembly by the end of January.

On Sunday, Powell said that the conference could take place in Amman or Cairo. The conference would aim to confer greater legitimacy on the election process, encourage more Iraqi dissidents to participate, and reach an accord barring interference by neighboring countries.

But France, which along with Russia had called last year for such a conference, appeared lukewarm about the current proposal.

Barnier told an interviewer that a conference would have to include not only the interim Iraqi government, representatives of neighboring countries and the Group of 8 industrialized countries - the United States, Britain, Germany, France, Russia, Italy, Japan and Canada - but “all political forces” in Iraq, “including those who have chosen the path of armed resistance.”

The latter condition would appear difficult for the Bush administration to accept. Barnier also suggested that the session be convened at the United Nations in New York, not in the Middle East. He would not comment on a suggestion that the Bush administration was embracing the conference idea largely for electoral purposes. Bush’s Democratic opponent, John Kerry, has lately been calling on the administration to convene an international conference on Iraq.

Foreign commentators have noted that the planned conference apparently would fall in the final weeks of the American presidential campaign. Arab and European officials quoted by The New York Times said that it was obvious to them that American politics were playing a role in the timing.

A commentary in the French daily Le Monde said that “if it had wanted to pull the rug out from under the feet of the Democratic candidate, John Kerry, the Bush administration would not have gone about this any differently.” Powell rejected the notion that the administration was behind plans for the event. “That’s not the case,” he told Fox News on Sunday. “This is an idea of Prime Minister Allawi.”

In Britain, meantime, Blair suffered a political setback Sunday, even before the official opening of the Labour Party congress, when delegates voted to hold a debate Thursday on a proposal to withdraw British troops from Iraq.

Regardless of the outcome Thursday, British commentators said, the debate itself should prove embarrassing for Blair, who has been Bush’s staunchest ally on Iraq.

Blair has repeatedly rejected the idea of setting a date for troop withdrawal, saying that it is impossible to predict how matters will evolve, and that to announced a timetable for a pullout would be tantamount to rewarding terrorists.

Bush and his advisers have taken a similar stance, suggesting that Kerry had irresponsibly given succor to anti-American forces by suggesting that a withdrawal from Iraq could be completed during the coming four-year presidential term.

Blair has suffered considerably in opinion polls in Britain because of his stance on Iraq.

And in the United States, Kerry has increasingly built his criticism of Bush around the setbacks in Iraq.

International Herald Tribune

http://www.iht.com/articles/540741.html
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Paris pose la question du retrait américain d’Irak
LEMONDE.FR | 27.09.04 | 16h33
En réponse à l’initiative de Washington, qui a préconisé vendredi l’organisation prochaine d’une conférence internationale sur l’Irak, le ministre des affaires étrangères français, Michel Barnier, a indiqué lundi 27 septembre que la question du retrait des forces armées américaines “devra figurer à l’ordre du jour d’une telle conférence, si on veut qu’elle ait lieu”. Refusant de se prononcer sur la possible instrumentalisation de cette conférence par l’administration Bush, en pleine campagne électorale, Paris a posé en outre plusieurs conditions à son organisation.
La France a posé ouvertement, lundi 27 septembre, la question du retrait des forces américaines d’Irak, en demandant qu’elle soit inscrite à l’ordre du jour de la conférence internationale désormais préconisée par Washington.

“C’est une question qui devra figurer à l’ordre du jour d’une telle conférence, si on veut qu’elle ait lieu”, a ainsi déclaré le ministre des affaires étrangères français, Michel Barnier.

Pour le chef de la diplomatie française, la question d’un retrait américain est “déjà posée par la situation”, “celle du chaos en Irak avec une insécurité généralisée, y compris dans la ‘zone verte’”, de Bagdad où se trouvent le gouvernement intérimaire irakien et l’ambassade des Etats-Unis.

Preuve de la détérioration de la situation, le secrétaire à la défense américain, Donald Rumsfeld, a lui-même laissé entendre vendredi que les Etats-Unis pourraient commencer à retirer leurs troupes d’Irak avant que le pays soit complètement pacifié.

“Toute idée selon laquelle le pays doit être parfaitement pacifié avant que nous réduisions les forces américaines et de la coalition serait évidemment, je pense, déraisonnable, car ce pays n’a jamais été parfaitement paisible et ne le sera vraisemblablement pas”, avait-il déclaré.

Trente-deux pays disposent actuellement de troupes en Irak, déployant au total plus de 160 000 soldats dans le cadre de la coalition placée sous le commandement des Etats-Unis, qui en ont près de 140 000 à eux seuls.

PAS DE POLÉMIQUE SUR LA POSSIBLE INSTRUMENTALISATION
Washington a effectué, vendredi 24 septembre, un tournant sur l’Irak en soutenant, à cinq semaines de l’élection présidentielle américaine, la tenue dès octobre d’une conférence internationale, une idée défendue par la Russie, puis par la France dès novembre 2003. Le candidat démocrate, John Kerry, l’avait récemment prise à son compte.

Dimanche, le secrétaire d’Etat, Colin Powell, a souligné que la conférence “pourrait se dérouler en octobre, comme nous l’espérons, ou au début novembre”, c’est-à-dire si possible avant les élections américaines, prévues le 2 novembre. Il a ajouté qu’elle “pourrait être organisée dans la région, et quelques villes ont été évoquées, comme Amman ou Le Caire”.

M. Barnier n’a pas voulu entrer, lundi, dans la polémique sur une éventuelle instrumentalisation de la conférence internationale à des fins électorales par l’administration Bush. La question-clé est “comment la réussir, la rendre utile”, a-t-il fait valoir.

PARIS POSE PLUSIEURS CONDITIONS
Le ministre a ainsi demandé que “soient inclus les différentes communautés et les pays de la région”, ainsi que “l’ensemble des forces politiques (irakiennes), y compris celles qui ont choisi la voie de la résistance par les armes”.

Une conférence à laquelle ne seraient conviés que le gouvernement provisoire irakien et les pays de la région ne serait en effet pas crédible, estime-t-on au Quai d’Orsay.

Mais la question du retrait des forces de la coalition est pour la France tout aussi vitale. Il est “aux termes même de la résolution 1546 une question qui se pose”, a rappelé lundi le porte-parole du ministère des affaires étrangères français, Hervé Ladsous.

Dans le cadre de cette résolution adoptée à l’unanimité le 8 juin, le mandat de la coalition “sera réexaminé à la demande du gouvernement ou douze mois après la date de l’adoption de la présente résolution”.

Pour mieux rappeler ce contexte, la France préférerait que la conférence se réunisse au siège de l’ONU à New York, lieu hautement symbolique. “Le seul lieu est celui de New York, des Nations unies”, a déclaré lundi Michel Barnier.

Mais la France pourrait être favorable à ce qu’elle se tienne dans une capitale de la région si un consensus se dégageait en ce sens. “S’agissant des modalités de cette conférence, il est clair que celles-ci doivent faire l’objet d’une concertation approfondie qui ne fait que commencer”, a précisé le porte-parole du Quai d’Orsay.

Lundi à la mi-journée, une source à la présidence de la république égyptienne a indiqué que la conférence internationale regroupant les voisins de l’Irak et les pays du G8 se tiendrait à la mi-octobre au Caire et qu’elle discuterait d’“un point unique : la possibilité de tenir des élections générales” en janvier 2005 en Irak.

Avec AFP

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-380826,0.html

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Irak: la conversion politique des Etats-Unis laisse sceptique
La conférence, sollicitée depuis l’automne par Paris et Moscou, pourrait avoir lieu au Caire.
Par Véronique SOULE
mardi 28 septembre 2004

Après s’y être opposée pendant près d’un an, l’administration Bush s’est brusquement convertie à la nécessité de convoquer une conférence internationale sur l’Irak. Washington souhaite même qu’elle ait lieu au plus vite, dès octobre, avant donc la présidentielle américaine du 2 novembre. Inquiet d’une instrumentalisation à des fins électorales, Paris, qui était, avec Moscou, l’un des grands défenseurs de cette idée, se veut prudent : pour réussir, souligne-t-on, cette conférence doit être préparée soigneusement et sans précipitation.

Elections générales. Une source à la présidence égyptienne, citée par l’AFP, a annoncé hier que Le Caire accueillerait cette réunion à la mi-octobre. Avec Amman, en Jordanie, la capitale égyptienne a été évoquée comme siège de la conférence par les Américains, qui n’ont toutefois pas confirmé. Selon cette source, les pays voisins de l’Irak et les membres du G8 y participeraient, et un seul point serait à l’ordre du jour : les élections générales prévues en janvier en Irak. En raison du chaos, des doutes s’expriment sur la possibilité d’organiser ce scrutin sur l’ensemble du territoire.

Pour Paris qui s’est gardé de réagir à l’annonce égyptienne, les préparatifs de cette conférence ne font que commencer. «Si l’on veut qu’elle ait lieu et qu’elle réussisse», a souligné le ministre des Affaires étrangères Michel Barnier, interrogé sur France Inter, le retrait des forces américaines «devra figurer à l’ordre du jour». Il a aussi souhaité que cette réunion soit la plus «inclusive» possible, c’est-à-dire que les pays de la région soient invités, mais aussi «l’ensemble des forces politiques irakiennes des différentes communautés, y compris un certain nombre de groupes ou de gens qui ont choisi la voie de la résistance par les armes». Il a enfin suggéré qu’elle ait lieu au siège des Nations unies à New York, haut lieu du droit international.

Flou artistique. On voit difficilement une réunion affichant de telles ambitions pouvoir se monter en à peine un mois. En clair, si Paris et Washington se rejoignent formellement sur l’idée, ils risquent d’avoir du mal à se mettre d’accord concrètement. Les Américains n’ont guère été précis sur la vision qu’ils ont de cette conférence. Selon le secrétaire d’Etat, Colin Powell, elle devrait permettre de déterminer «comment les voisins de l’Irak pourraient être plus efficaces» pour la pacification et la reconstruction du pays.

Ajouté à la précipitation, ce flou artistique nourrit les craintes d’une manoeuvre électoraliste du président sortant. Bush ne s’est intéressé à l’idée d’une telle conférence que lorsque son adversaire démocrate John Kerry l’a lancée. Fatigués de crier dans le désert, la France et la Russie, qui militaient en sa faveur depuis l’automne, ne l’évoquaient eux-mêmes plus guère. Accusé par son rival d’avoir isolé l’Amérique en se passant de l’ONU pour lancer la guerre, Bush pourrait vouloir faire la preuve que la communauté internationale est bien avec lui.

Paris, partisan depuis le début d’un processus politique afin de sortir de l’impasse militaire, ne peut paraître faire la fine bouche et condamner d’avance cette conférence. Guère plus enthousiaste, Berlin s’est contenté de rappeler son soutien constant à l’idée d’une telle réunion. Par la voix de son haut représentant pour la politique étrangère, Bruxelles s’est montré tout aussi circonspect. «C’est la volonté de tout le monde d’avoir ce genre de réunion dans l’espoir qu’elle pourra être constructive et positive», a commenté Javier Solana.

(Lire aussi page 35)
http://www.liberation.fr/page.php?Article=241802
Irak: poussé par la campagne, Bush retourne sa veste ...
Pour contrer Kerry, il souhaite l’organisation d’une conférence internationale.
Par Fabrice ROUSSELOT
lundi 27 septembre 2004

New York de notre correspondant
En début de semaine dernière, George W. Bush avait quelque peu surpris à l’ONU en faisant soudain de la communauté internationale son meilleur allié pour «confirmer la voie de la démocratie» en Irak. Ce week-end, le président américain a de nouveau étonné son monde. Alors qu’il s’engageait, samedi lors de sa traditionnelle allocution radiophonique, à augmenter les dépenses pour la reconstruction, il a surtout appelé par la voix de son secrétaire d’Etat, Colin Powell à la tenue d’une conférence internationale sur l’Irak, en octobre. Une idée que Washington avait toujours rejetée jusque-là.

Contradictions. Assailli par John Kerry sur sa politique irakienne, Bush a donc décidé de contre-attaquer, au risque de se contredire… et de reprendre les idées de son adversaire démocrate. C’est Kerry en effet qui avait suggéré depuis plusieurs mois la mise en place de cette conférence, avec la participation des pays de la région. La Maison Blanche avait fait la sourde oreille. Mais samedi, comme si de rien n’était, Colin Powell a déclaré dans une interview au New York Times que «les Etats-Unis envisageaient, à un moment ou à un autre en octobre, de rassembler une conférence régionale, à laquelle participeraient également les leaders du G8». Et de prétendre hier sur Fox News que la réunion, à laquelle l’Iran serait convié, était un «projet» du Premier ministre irakien par intérim, Iyad Allaoui.

La proposition de l’administration fait suite à un tir de barrage sans précédent des démocrates. Depuis une dizaine de jours, et à cinq semaines du scrutin présidentiel, Kerry semble décidé à faire de ce qu’il appelle «la mauvaise guerre» le thème central de ses discours. Longtemps incapable de trouver une véritable direction à sa campagne, il s’en tient désormais à un message simple : «La guerre en Irak n’était pas justifiée, elle peut mener au chaos dans la région et elle nuit à la lutte contre le terrorisme.»

Du côté de la Maison Blanche, on se devait de répondre. En jetant sur la table l’idée d’une conférence internationale, Bush tente tout simplement d’apporter une légitimité aux élections prévues en janvier en Irak. Si la réunion se tient avant le mois de novembre, le Président pourrait tenter d’obtenir le soutien des pays de la région au scrutin irakien et utiliser cette victoire diplomatique pour faire valoir que la situation sur place n’est pas aussi désastreuse que les démocrates l’affirment. Façon de rassurer des électeurs américains qui restent fort inquiets des attentats et kidnappings en série à Bagdad.

Jeudi dernier, le secrétaire à la Défense lui-même, Donald Rumsfeld, avait émis quelques doutes en reconnaissant que les élections ne pourraient peut-être se tenir que dans les trois quarts du pays, du fait de la violence. Hier, lors de son entretien sur Fox News, Colin Powell a réitéré que l’objectif reste d’organiser un scrutin sur l’ensemble du territoire, «même s’il pourrait y avoir des difficultés» a-t-il reconnu.

Pour Bush, l’une des priorités est aussi d’essayer d’ébaucher un scénario de sortie de crise, alors que l’opinion publique répète à longueur de sondages qu’elle veut voir les soldats américains rentrer chez eux. Vendredi, Donald Rumsfeld, encore lui, avait suggéré que les Etats-Unis pourraient commencer à retirer leurs troupes avant la pacification complète du pays. Là encore, une réponse directe à un engagement de Kerry de rapatrier 140 000 soldats d’Irak dans les quatre ans s’il est élu.

Débat télévisé. Ce qui est sûr, c’est que la passe d’armes va se poursuivre jusqu’au premier débat télévisé entre Bush et Kerry, prévu jeudi. Un sondage à paraître aujourd’hui dans Time montre que, depuis qu’il a lancé son offensive sur l’Irak, le sénateur du Massachusetts a réduit son retard sur le Président dans les intentions de vote, à 42 % contre 48 %. Le même sondage révèle que seuls 37 % des électeurs estiment que Bush dit la vérité quand il évoque la situation en Irak…

http://www.liberation.fr/page.php?Article=241520
... et Blair ne cesse de rendre des comptes
Réunis en congrès, certains travaillistes auraient préféré parler politique intérieure.
Par Armelle THORAVAL
lundi 27 septembre 2004

Londres de notre correspondante
C’est un immense sparadrap qu’il essaie d’enlever de son bilan. Sans y parvenir. Tony Blair a un discours rodé, automatique, les mêmes formules reviennent, son gouvernement a beaucoup fait pour l’emploi, l’investissement dans les services publics… Mais le sparadrap irakien revient, sous la forme obsédante des questions des journalistes. Véritablement cuisiné hier par David Frost, de la BBC, le Premier ministre britannique a admis, s’agissant de l’existence d’armes de destruction massive irakiennes et de leur possibilité de déploiement : «Certaines informations étaient fausses : je l’ai déjà dit», en poursuivant : «Mais je ne peux pas me sentir désolé d’avoir fait tomber Saddam Hussein.»

Emotion. Cet entretien s’est déroulé juste avant le démarrage des travaux des travaillistes, réunis pour leur conférence annuelle dans la station balnéaire de Brighton. Et donne le ton : Blair ne peut pas échapper à la charge sur l’Irak. Le sort de Kenneth Bigley, l’otage anglais détenu par le mouvement de Zarkaoui, marque ce rendez-vous politique, que les penseurs du New Labour auraient voulu recentrer sur la politique interne. L’émotion de son fils, les pleurs de sa mère, âgée de 86 ans, la bataille de la famille Bigley, intense, tout interdit à Tony Blair de contourner le sujet. Hier, il a assuré qu’il avait une profonde «compassion» pour cette famille et pour l’otage.

Le Premier ministre a assuré que tout était fait pour obtenir sa libération. Mais cette affirmation même est mise en doute par la famille de l’otage. Paul, l’un des frères de ce dernier, qui vit à Amsterdam, est le plus offensif. Interviews, commentaires, il mène campagne et se préparait hier à participer à une conférence vidéo, qui devait être diffusée dans la soirée, en marge de la conférence travailliste. Si la campagne en faveur de Kenneth Bigley a connu des moments forts, «on doit remercier les médias et le gouvernement de Dublin, qui a plaidé pour sa libération, bien plus que quoi que ce soit que le gouvernement britannique ait pu faire», a-t-il expliqué au Mail on Sunday.

Sondages. Le calendrier est redoutable pour l’équipe de Blair. Les dirigeants du Labour n’ont aucun moyen de calmer cette tempête irakienne. Et les sondages se dégradent à vive allure. Le plus mauvais, publié par The News of the World, donne une image de l’électorat britannique dont les intentions de vote se répartissent par tiers : les conservateurs (32 %), les libéraux démocrates (29 %) et en queue du peloton les travaillistes (28 %). Un vrai retournement, à nuancer pourtant : d’un institut à l’autre, les sondeurs ont l’art du grand écart.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=241521
La confusion règne à Washington Powell a admis que «la situation empirait» en Irak, Bush tente de jouer l’optimisme.Par Pascal RICHE mardi 28 septembre 2004 (Liberation - 06:00) Washington de notre correspondant
‘est devenu proverbial sous l’administration Bush. Lorsque Colin Powell réapparaît sur les écrans, c’est que la situation est grave. Depuis quelques jours, on ne voit que le rassurant secrétaire d’Etat, avec sa voix ronde et son air posé. Après avoir exprimé son souhait d’organiser dans le courant du mois d’octobre, en Jordanie ou en Egypte, une conférence internationale sur l’Irak (Libération d’hier), Powell a exposé dimanche, sur différents plateaux de télévision, les grandes lignes du plan d’action pour récupérer, avant la fin de l’année, les zones tenues par les rebelles. Mais il n’a fait qu’ajouter à la confusion ambiante à Washington : prenant le contre-pied de l’optimisme affiché devant l’ONU par le président George W. Bush et le Premier ministre irakien Iyad Allaoui, il a reconnu sans fard sur ABC que «la situation empirait» sur le terrain, et que les ressentiments antiaméricains dans le monde musulman s’étaient accrus.Tiraillements. Bousculée par John Kerry, qui a subitement décidé de réorienter sa campagne sur la guerre qu’il décrit désormais comme un désastre, l’administration Bush s’agite pour trouver comment sortir de ce piège politique. Ce qui ne se passe pas sans un certain méli-mélo dans la communication gouvernementale. Une fois encore, des tiraillements sérieux ont lieu entre le Pentagone et le département d’Etat. Ils portent notamment sur les conditions nécessaires pour assurer la légitimité des élections en Irak. Bush et Allaoui ont décidé de les maintenir coûte que coûte le 31 janvier, malgré le chaos qui règne dans plusieurs villes autour de Bagdad et à Fallouja. Jeudi, Donald Rumsfeld, a estimé que si le scrutin a lieu «dans les trois quarts ou les quatre-cinquièmes du pays», ce serait suffisant («rien n’est parfait dans la vie»). Une position sèchement contredite le lendemain par Richard Armitage, bras droit de Powell, qui a estimé qu’une élection devrait être ouverte à «tous les citoyens». Interrogé dimanche, Colin Powell est venu en renfort d’Armitage : «L’axe majeur de nos efforts politiques, militaires et diplomatiques, pendant les prochains mois, sera de s’assurer qu’il n’y ait pas de zones impénétrables.» Jusque-là, l’armée américaine a évité de s’aventurer dans ces villes tenues par les insurgés. Mais Powell a indiqué qu’elle était en train de mettre sur pied «des plans pour les restituer au contrôle du gouvernement irakien». Ramadan. Les forces américaines envisageraient, dans chaque zone, de prêter main forte aux forces irakiennes lors d’actions décisives, mais en restant sur place le moins longtemps possible. Le calendrier est très délicat, puisqu’il faut tenir compte non seulement de la nécessité de former le plus de militaires et policiers irakiens possible, mais aussi du ramadan qui commence mi-octobre, et de l’élection américaine le 2 novembre. La moindre erreur peut conduire à un boycottage de l’élection que ce soit par les sunnites ou les chiites et du même coup à l’effondrement de la «stratégie de sortie» de Bush.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=241803

Heavy Impact of Turkey's Accession Expected on EU Course, Budget Not The Least

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Stassen

  30/09/2004

Selon un rapport confidentiel, l’adhésion de la Turquie serait positive pour l’UE
LEMONDE.FR | 30.09.04 | 08h48
Dans un document confidentiel, obtenu par Reuters, l’adhésion de la Turquie représenterait un défi lourd à relever pour l’Union européenne, mais son impact serait positif dans presque tous les domaines, estime la Commission européenne.

Ce document, obtenu par Reuters avant la réunion de l’exécutif européen mercredi prochain, ne contient pas la recommandation qui sera adressée aux gouvernements de l’UE sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec la Turquie. La décision sera prise lors du sommet européen du 17 décembre.

“UN DÉFI POUR LES DEUX”
Mais le contenu du rapport sur les problèmes que poserait l’intégration de ce grand pays de 70 millions d’habitants frappe par sa tonalité positive, qui laisse peu de doute quant à la décision finale, même si certains commissaires sont sceptiques.

“L’adhésion de la Turquie à l’Union constituerait un défi à la fois pour l’UE et la Turquie”, peut-on y lire. “S’il est bien géré, il offrirait d’importantes avantages pour les deux.” Les services du commissaire européen chargé de l’élargissement, Günter Verheugen, qui a déclaré la semaine dernière qu’il n’y avait plus d’obstacle à une recommandation positive après l’adoption d’un code pénal turc qui satisfait aux critères politiques de l’UE, font l’évaluation suivante : le coût net (transferts vers la Turquie moins contribution turque au budget de l’UE) serait situé entre 16,5 et 27,9 milliards d’euros par an en 2025. Ce chiffre est basé sur l’hypothèse de travail selon laquelle l’adhésion se ferait en 2015 et que le nouveau venu ne bénéficierait pleinement des politiques communes, comme l’agriculture, que dix ans plus tard.

Mais de nombreuses régions actuellement éligibles aux aides structurelles perdraient cet accès selon les règles actuelles. L’adhésion de la Turquie serait différente de tous les précédents élargissements en raison “de sa population, de sa taille, de la situation géographique, de son économie, de son potentiel sécuritaire et militaire”, écrit la Commission. Mais cela donne à Ankara un rôle de stabilisation régionale et la politique étrangère et de sécurité de l’UE devra s’adapter à ce défi, notamment au Proche-Orient et dans le Caucase.

DÉMOCRATIE ET RÈGLE DE DROIT
La Turquie est un pays différent, mais “elle vit un processus de changement radical, y compris une évolution rapide des mentalités” et il est “de l’intérêt de tous que le processus actuel de transformation se poursuive”, souligne le rapport.

Ce document évoque le rôle de “modèle important” que jouerait l’adhésion d’une nation en majorité musulmane acceptant les principes de démocratie et de règle de droit.

La crainte de certains pays de voir leur marché du travail envahi par les Turcs doit être relativisée, dit le rapport, qui situe le flux d’immigration dans une fourchette allant de 500 000 à 4 millions de Turcs au total (et non par année), contre 3 millions actuellement. “De longues périodes de transition et une clause de sauvegarde (permettant à un pays de fermer ses frontières) pourraient être envisagées pour éviter de graves perturbations du marché du travail de l’UE”, estime l’exécutif européen, montrant ainsi quelle sera la formule proposée mercredi.

L’impact économique serait mineur à court terme, mais serait positif en raison de l’importance du marché turc et de la croissance rapide attendue dans ce pays. L’UE a déjà un énorme surplus commercial dans ses échanges avec la Turquie.

L’adhésion permettrait de sécuriser les approvisionnements en pétrole et en gaz de l’UE, et améliorerait considérablement la protection de l’environnement de manière globale, puisque les normes européennes, beaucoup plus strictes, seraient appliquées.

De même, la gestion des nouvelles frontières extérieures, par exemple avec l’Irak, constituerait un défi mais entraînerait également d’énormes bénéfices en termes de lutte contre l’immigration illégale, le terrorisme, le trafic de drogue, la contrebande d’armes ou encore le crime organisé.

L’impact sur les institutions européennes serait important, puisque la Turquie aurait très rapidement le plus grand nombre de voix au conseil des ministres et de sièges au Parlement européen. A la Commission, le problème serait moins important, puisqu’il devrait à terme y avoir moins de commissaires que d’Etats membres.

Avec Reuters
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-381129,0.html

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Ce que la Commission va proposer pour l’adhésion de la Turquie
LE MONDE | 24.09.04 | 14h37
Le collège européen remet le 6 octobre sa recommandation sur l’ouverture de négociations avec Ankara. Romano Prodi suggère une voie médiane qui multiplie les conditions et ne permettrait pas une entrée dans l’Union européenne avant 2015.
Bruxelles de notre bureau européen
Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, cherche à sortir par le haut du dossier de la candidature turque. A Copenhague fin 2002, les chefs d’Etat et de gouvernement lui avaient demandé de faire un rapport sur l’évolution démocratique dans ce pays mais aussi de donner une recommandation sur l’opportunité d’ouvrir ou non avec Ankara des négociations d’adhésion. La Commission va donc devoir s’engager même s’il reviendra aux chefs d’Etat et de gouvernement de trancher lors du conseil du 17 décembre la question des négociations. De nombreux commissaires ne veulent pas d’une décision faite à la main du commissaire à l’élargissement, Günter Verheugen, et du gouvernement turc, qui prônerait un “oui” franc à Ankara.

M. Prodi devrait choisir une voie médiane, de nature à rassurer les commissaires qui pestent contre “le manque d’imagination” dont ferait preuve M. Verheugen. L’idée retenue est d’aller au-delà du mandat du Conseil européen. Profitant d’une demande du Parlement européen, la Commission va faire une étude d’impact sur les conséquences, notamment budgétaires, de l’adhésion turque. Dans sa recommandation, qui sera rendue le 6 octobre, elle compte préciser la manière d’encadrer strictement les négociations, pour que leur ouverture ne soit pas synonyme d’adhésion rapide et certaine, comme lors des élargissements précédents.

Droits de l’homme. Le rapport sur le respect des droits de l’homme examinera la situation légale. Lorsque la réforme du code pénal aura été adoptée, la situation sera jugée compatible avec les critères démocratiques dits de Copenhague.

La seconde partie du rapport concernera le respect effectif des droits de l’homme. Tout en notant les nets progrès accomplis depuis deux ans, elle contiendra quelques réserves. M. Verheugen ne cache pas que de nombreux problèmes subsistent, en matière de torture, de harcèlement judiciaire dont sont victimes les défenseurs des droits de l’homme, des droits de la minorité kurde, ou des libertés religieuses.

Impact budgétaire pour l’Union. Viendra ensuite l’étude de l’impact, qui montrera que la Turquie “est un os dur à avaler”, précise un proche du dossier. Chaque direction générale a été consultée sur le sujet. Les Turcs ont une politique étrangère qu’il sera difficile de faire coïncider avec celle, embryonnaire, de l’Union. Surtout, les conséquences économiques seront lourdes. En terme de population, la Turquie pèse autant que les dix pays de l’élargissement, mais son intégration sera plus difficile, car elle est plus pauvre et plus rurale. “Si l’on veut avoir la Turquie, cela implique des ajustements, et pas seulement du côté turc”, explique un responsable de la Commission.

M. Verheugen ne voulait pas d’étude chiffrée, mais il devrait plier face à ses collègues, qui lui ont fourni des évaluations précises. Le commissaire autrichien Franz Fischler estime à 11,3 milliards d’euros le surcoût annuel lié à la politique agricole commune (PAC) dont le budget actuel est de 56 milliards d’euros. “On ne pourra pas verser les mêmes sommes aux paysans d’Anatolie qu’aux agriculteurs français”, concède un haut fonctionnaire.

La surcharge pour la politique régionale, dont le budget approchera 50 milliards d’euros dans l’Europe à vingt-sept, est estimée à 10 milliards par les services du commissaire français Jacques Barrot. La facture serait supérieure si les aides n’étaient pas plafonnées à 4 % du produit intérieur brut (PIB) des Etats.

L’entrée de la Turquie, dont la richesse par habitant est quatre fois plus faible que celle de l’Union élargie, fera perdre leurs droits à subsides à une douzaine de régions des dix pays de l’élargissement, devenues statistiquement trop riches. L’adhésion turque contraindrait donc les Européens à augmenter massivement leur budget ou à bouleverser leurs politiques de solidarité.

Horizon 2015. Cette analyse doit aussi permettre à la Commission de formuler des recommandations précises sur la manière de mener les négociations. Même si aucune date ne sera donnée, elle devrait exclure une adhésion avant 2015. “Il n’y a pas d’argent dans les caisses avant 2014”, dit un eurocrate, alors que le budget de l’Europe à vingt-sept sur la période 2007-2013 est en négociation. Le temps de se mettre d’accord sur le budget de l’après 2014 et de faire ratifier l’adhésion turque, l’année 2015 sera vite atteinte. Cette précision permet de se prémunir contre une adhésion précipitée, alors qu’Ankara a pris de court les Européens en se démocratisant à une vitesse accélérée.

Méthodes de négociation. La Commission compte aussi modifier sa méthode de négociation. Jusqu’à présent, les chapitres de négociation (agriculture, douanes, transports, etc.) étaient clos - officiellement provisoirement, en réalité définitivement—sur la base d’engagements des pays candidats.

Pour la Turquie, la Commission voudrait attendre que les adaptations exigées soient entrées en application. Au lieu de se contenter de promesses sur le démantèlement d’une centrale nucléaire ou la modernisation d’abattoirs, on attendrait leur réalisation effective. “On ne peut pas négocier avec la Turquie comme on l’a fait avec la Slovénie,explique-t-on à la Commission. On ne vérifiera pas tout la veille de l’adhésion”.

Pour ouvrir les chapitres économiques, la Commission voudrait attendre que la Turquie ait le statut d’économie de marché, statut que la Roumanie n’a toujours pas, alors qu’elle est en phase finale de négociation. Enfin, des clauses de sauvegarde seront envisagées, éventuellement permanentes, comme celle qui permettrait de suspendre l’ouverture des frontières aux travailleurs turcs. Il est aussi envisagé d’empêcher certaines importations agricoles, le retard phytosanitaire de la Turquie étant jugé impossible à rattraper à moyen terme.

Certains commissaires voudraient aller plus loin, avec une clause permettant d’interrompre les pourparlers en cas de non-respect des engagements pris. “Il faut aussi laisser la porte ouverte à une issue qui ne soit pas inéluctablement l’adhésion. Il s’agit de commencer à proposer une forme alternative de partenariat”, demande un commissaire réticent à l’adhésion turque.

Enfin, le collège diverge sur les dates d’ouverture des négociations : pour M. Verheugen, l’idéal serait de les ouvrir “sans délai”, quatre à six mois après le conseil européen de décembre. Certains le mettent en garde sur l’impact que la question turque peut avoir sur l’issue des référendums de ratification de la Constitution, en particulier en France. Ils suggèrent d’attendre.

Arnaud Leparmentier et Philippe Ricard
Quarante-cinq ans de négociations
1959 : deux ans après le traité de Rome, la Turquie présente sa demande d’association à la CEE.
1963 : signature de l’accord d’association, qui donne à la Turquie une perspective d’adhésion “ultérieurement”.
1987 : La Turquie présente sa demande d’adhésion.
1995 : entrée en vigueur d’une union douanière après la levée du blocage grec.
1997 : le sommet européen de Luxembourg, qui examine les modalités du nouvel élargissement de l’UE, ne retient pas la candidature turque, en raison de Chypre et de la situation des droits de l’homme.
1999 : le sommet d’Helsinki reconnaît finalement le statut de candidat à la Turquie.
2002 : Recep Tayyip Erdogan, à la tête d’un parti musulman modéré, arrive au pouvoir et engage une démocratisation accélérée.
2002 : le sommet de Copenhague fixe une clause de rendez-vous. La Commission doit rendre à l’automne 2004 un rapport sur les réformes en Turquie et faire une recommandation sur l’engagement des négociations d’adhésion. La décision reviendra au Sommet du 17 décembre.
2003 : la Turquie a rang d’observateur à la Convention sur l’élaboration de la Constitution de l’UE.
Un poids politique déterminant
En cas d’adhésion, la Turquie, forte de ses 70 millions d’habitants, deviendrait rapidement l’Etat le plus peuplé de l’Union, grâce à une démographie plus dynamique que celle de l’Allemagne, peuplée de 82 millions d’habitants. Ankara deviendrait ainsi la première force au conseil, chaque pays ayant, selon la Constitution, un nombre de voix proportionnel à sa population. Elle enverrait 95 députés au Parlement européen, nombre maximal autorisé par pays selon la Constitution, faisant jeu égal avec l’Allemagne qui domine actuellement cette institution. Comme les autres pays, elle n’enverrait un commissaire à la Commission que deux fois sur trois. Si la Constitution n’est pas ratifiée, l’Union en reviendra au traité de Nice, qui ne prévoit pas l’adhésion d’Ankara. Il faudrait modifier ce texte à l’unanimité pour permettre l’admission de la Turquie. - (Corresp)
• ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 25.09.04

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-380346,0.html
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Turco-sceptiques et turco-discrets, les commissaires jouent à cache-cache
LE MONDE | 24.09.04 | 14h37
Bruxelles de notre bureau européen
Malgré son apparente assurance, le commissaire à l’élargissement, Günter Verheugen, se méfie des positions de ses collègues sur la Turquie. Car la perspective de l’adhésion turque est de nature à déchirer le collège. Jeudi 23 septembre, le président de la commission en personne, Romano Prodi, a promis “un rapport objectif et équitable”. Peu bavard, il s’est bien gardé de suivre M. Verheugen lorsque celui-ci a déclaré, après son entrevue avec le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, son intention de proposer une “recommandation très claire”.

Signe révélateur, la plupart des collègues de MM. Prodi et Verheugen restent discrets sur le sujet. Même des personnalités incontournables et en fin de mandat comme Mario Monti (concurrence) ou Antonio Vitorino (justice, et affaires intérieures) se gardent de prendre position. Pascal Lamy (commerce) “travaille sur le sujet” : il a effectué, sans faire le moindre commentaire définitif, une visite de quelques jours en Turquie en juillet. Très partagé entre Jacques Chirac, favorable à l’adhésion turque, et l’opposition de son parti, l’UMP, Jacques Barrot, lui aussi, se fait secret.

Pour le moment, seuls deux commissaires sont sortis du bois, pour s’opposer à l’adhésion de la Turquie. Pour Frits Bolkestein (marché intérieur), si la Turquie devait entrer dans l’Union européenne, “la libération de Vienne en 1683 n’aurait servi à rien”, a-t-il déclaré dans une allusion à la bataille menée par les forces polonaises, allemandes et autrichiennes contre les Ottomans. L’Autrichien Franz Fischler a adressé fin juillet à ses collègues de la Commission une lettre très critique, dont le contenu a été rendu public voici deux semaines. Le commissaire à l’agriculture y considère que la Turquie est “plus orientale qu’européenne”. Il écrit que “des doutes demeurent à long terme sur les acquis démocratiques et laïques”, après les réformes menées tambour battant par Ankara. Il demande d’”écouter les opinions publiques”, et de s’interroger sur “un plan B” pour associer la Turquie à l’Europe.

D’autres opposants présumés hésitent à s’afficher ouvertement. Tous deux sortants, l’Espagnole Loyola de Palacio et le Hongrois Peter Balazs ont émis des doutes. Favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Union, José Manuel Barroso, le président de la future commission, tente de peser sur les débats. “Ce qui se passe est une très bonne nouvelle”, a-t-il dit jeudi, après la visite de M. Erdogan à Bruxelles. La veille, le successeur de M. Prodi avait indiqué qu’à ce stade, vu les crispations sur le code pénal, la Turquie “ne remplissait pas les critères” pour ouvrir les négociations que sa commission devra piloter. “Avec les perspectives d’adhésion, la Turquie est engagée dans un processus de réformes. C’est bon pour le peuple turc et c’est bon pour la démocratie”,a précisé M. Barroso jeudi, en ajoutant : “Je ne peux pas anticiper à présent sur la décision finale que prendra le Conseil européen”, le 17 décembre. Avant les prochaines auditions de son équipe par le Parlement européen, le prochain patron de la Commission a demandé aux commissaires désignés de rester d’une prudence de loup sur ce sujet sensible.

Philippe Ricard
• ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 25.09.04
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-380347,0.html
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Verheugen dénonce les critiques “partiales” de sa gestion du dossier turc
AFP | 30.09.04 | 12h04

Le commissaire européen à l’Elargissement Guenter Verheugen a dénoncé jeudi la “partialité” des critiques l’accusant d’aller trop vite en besogne pour recommander l’ouverture de négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.M. Verheugen n’a pu éviter les questions sur cet épineux dossier, lors de son examen de passage au Parlement européen en tant que commissaire désigné aux Entreprises et à l’Industrie dans le nouvel exécutif qui prendra ses fonctions le 1er novembre sous la présidence du Portugais José Manuel Durao Barroso.“Ce que je déplore dans ce débat, c’est le côté partial de beaucoup de ceux qui interviennent”, a déclaré aux eurodéputés M. Verheugen, qui est un chaud défenseur des aspirations européennes d’Ankara.“S’agissant de la Turquie, je vais vous dire très clairement que l’homme qui m’a entendu faire une recommandation n’est pas encore né... J’ai simplement dit que j’avais devant moi sur la table tous les éléments me permettant de faire une recommandation”, a-t-il défendu.“Je crois qu’au milieu de la semaine prochaine, vous pourriez avoir une idée tout à fait différente”, a-t-il ajouté.M. Verheugen doit soumettre le 6 octobre à l’approbation de l’ensemble de la Commission une recommandation pour ou contre l’ouverture de négociations d’adhésion avec la Turquie qui servira de base à la décision finale que prendront en décembre les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE.Le 23 septembre, il avait affirmé qu’il ne voyait “plus d’obstacles sur la table” après avoir obtenu du Premier ministre turc la promesse, remplie dimanche, de l’adoption par le Parlement turc d’un nouveau code pénal considéré comme une pièce essentielle des réformes exigées par l’UE.Le contexte de sa rencontre avec Recep Tayyip Erdogan, dans un grand hôtel de Bruxelles, ainsi qu’une autre déclaration affirmant à cette occasion que la “torture systématique” n’existait plus en Turquie, lui ont valu depuis de féroces critiques, notamment en Autriche et dans la droite allemande.A moins d’une semaine du verdict de la Commission sur la candidature turque, M. Verheugen a répliqué avec ironie jeudi à des propos prêtés à son collègue commissaire au Marché intérieur Frits Bolkestein, qui l’aurait qualifié de “caniche de Berlin”.“Le caniche est un animal très intelligent et certains trouvent même que c’est un animal très beau même si les goûts sont partagés…”, a-t-il dit.“Je sais d’expérience qu’il n’y a aucun gouvernement en Europe qui respecte autant l’indépendance des commissaires que le gouvernement allemand et cela vaut pour tous les gouvernements allemands”, a déclaré Guenter Verheugen, social-démocrate proche du chancelier Gerhard Schroeder.Frits Bolkestein, un libéral néerlandais, est avec le conservateur autrichien Franz Fischler (Agriculture) le seul commissaire européen à avoir publiquement marqué son opposition à l’adhésion de la Turquie à l’UE.

http://www.lemonde.fr/web/dh/0,14-0@14-0@2-3214,39-23692072,0.html
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Torture en Turquie: le chef de la droite au PE critique vertement Verheugen

24/09 15:11 Le chef de la droite démocrate-chrétienne au Parlement européen, Hans-Gert Poettering, a qualifié vendredi d’“extraordinaires” les propos tenus la veille par le commissaire européen à l’Elargissement, Guenter Verheugen, selon lequel il n’y a pas de “torture systématique” en Turquie.La Commission européenne a pour sa part tenu à clarifier les propos de son commissaire, en répétant que l’accusation de “torture systématique” en Turquie ne pouvait pas tenir, mais que cela ne voulait pas dire pour autant qu’il n’y avait pas encore des “cas de torture” dans ce pays.Guenter Verheugen avait déclaré jeudi aux côtés du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qu’il n’était “pas justifié d’accuser la Turquie de se livrer à des actes de torture de façon systématique”.Le commissaire avait appuyé ses propos sur les conclusions des experts européens dépêchés sur place, ajoutant que la question de la torture serait évoquée largement dans le rapport de la Commission sur la candidature turque à l’adhésion à l’UE, le 6 octobre.“C’est une déclaration tout à fait extraordinaire de dire qu’il n’y a pas de torture systématique”, a commenté vendredi Hans-Gert Poettering, le président du groupe du Parti Populaire Européen (PPE), la principale formation au Parlement européen.“Je serais en droit d’attendre de la part d’un membre de la Commission européenne qu’il dise qu’il y a des actes de torture. Nous ne pouvons nous contenter de dire qu’il n’y a pas de torture systématique. Cela signifie qu’il y a de la torture”, a poursuivi le député.“Et c’est de la responsabilité de la Commission d’exiger du gouvernement turc qu’il mette fin” à ces pratiques, a-t-il encore déclaré.“Systématique” signifie que “ça fait partie d’un système encouragé, entretenu par l’Etat… Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de cas de tortures, certainement pas”, a répliqué vendredi Jean-Christophe Filori, le porte-parole de Guenter Verheugen.“Nous avons dit qu’il y avait des cas de torture”, a-t-il ajouté. “Mais c’est l’accusation de torture systématique que ne pouvons pas suivre après une enquête très détaillée auprès de toutes les ONG, sur la base des informations que nous transmet le Conseil de l’Europe”.Le gouvernement turc mène une “politique très ferme” à l’encontre de ces cas de torture et de mauvais traitements, “qui sont bien entendu condamnables”, et leurs auteurs sont poursuivis, a souligné le porte-parole.Pour Hans-Gert Poettering, le tableau est différent. “Sur le plan légal, tout est parfait, mais en pratique la situation est totalement autre. Nous avons reçu des informations selon lesquelles il y a plus ou moins partout en Turquie des actes de torture”.“La torture est bien sûr interdite” mais les autorités turques sont “presque réticentes à faire quoi que ce soit contre”, a-t-il ajouté.Le responsable parlementaire s’exprimait à l’issue d’un séminaire organisé jeudi et vendredi à Bruxelles par le PPE sur la candidature turque au cours duquel des représentants de différentes associations ont évoqué la situation des droits de l’Homme en Turquie.
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_citoyen_040924131156.h2jkzypo.html
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Dans le Kurdistan turc, des centaines de milliers de réfugiés attendent toujours une aide du gouvernement
LE MONDE
reportage Chassés en 1995, les villageois tentent depuis trois ans de revenir chez eux
Tuzla, diyarbakir de notre envoyé spécial
Tahsim Yildiz montre les ruines d’une maison. On voit à peine un plancher de béton. “C’est ici que nous habitions. Là derrière, c’est l’ancien bâtiment de l’école”, dit cet agriculteur d’une quarantaine d’années. “Depuis notre retour, nous logeons dans une tente”.

Avec sa famille, Tahsim Yildiz se souvient comme si c’était hier de ce jour de 1995 où il a dû quitter, contre son gré, le village de Tuzla, dans le sud-est anatolien. L’armée turque avait rassemblé la population devant la mosquée. Elle soupçonnait les habitants de coopérer avec le Parti (séparatiste) des travailleurs du Kurdistan (PKK). Elle leur a ordonné d’évacuer les lieux le plus vite possible. Le village a ensuite été incendié.

Depuis 2001, les villageois reviennent. Ou tentent de revenir. La route qui mène à Tuzla a été rouverte, quelques années après le cessez-le-feu proclamé par le PKK, il y a cinq ans. Une trentaine de foyers, soit la moitié du village, cherchent à reprendre possession des lieux. Des familles, comme celle de Tahsim Yildiz, dorment sous des tentes, abritées derrière de grandes branches de chêne séchées.

D’autres ont reconstruit leur maison. Pas d’électricité ni d’eau courante. Endommagée, l’école est occupée par plusieurs familles. Les enfants scolarisés ne viennent que l’été, pour passer les vacances.

“Tous les habitants aimeraient revenir définitivement, mais ne le peuvent pas, car le gouvernement soutient à peine les projets de retour”, dit Muhitin Yildiz, le frère de Tahsim, un de ceux qui n’ont pas encore osé revenir.

Lors de son récent voyage en Turquie, début septembre, Günter Verheugen a visité le village. Le commissaire à l’élargissement, que des enfants ont baptisé “le roi du monde”, est arrivé à Tuzla en hélicoptère. Discrètement, l’armée turque avait pris possession des lieux, dans une région où les escarmouches, parfois meurtriers, ont repris depuis le mois de juin.

La veille, dans la ville de Diyarbakir, M. Verheugen avait rencontré l’ex-député prokurde Leyla Zana, qui milite depuis sa sortie de prison, en juillet, contre la reprise de la lutte armée. Dans la nuit, les héritiers les plus extrémistes de l’ex-PKK ont tué deux policiers en faction près de la ville. M. Verheugen, qui s’est aussi affiché avec le jeune maire kurde et modéré de la ville, a vu dans cet attentat, dira-t-il, “plus qu’une simple coïncidence”.

A Tuzla, l’ambiance est plus calme. Les villageois ont offert le thé à M. Verheugen sur un espace empoussiéré qui fait office de place du village. Leurs femmes, voilées de blanc, observaient la scène à l’écart, dans de petits jardins. Pour le commissaire à l’élargissement, la situation des populations kurdes déplacées reste un sujet préoccupant.

Après les négociations avec le gouverneur de la région, le village a été choisi par les diplomates européens à cause d’une démarche inédite entreprise en 2002. Les habitants de Tuzla ont porté plainte contre l’Etat turc, auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, pour les avoir expulsés, et avoir détruit leurs maisons.

Tous les villageois déplacés de la région n’ont pas pris la même initiative. Mais Tuzla illustre la difficulté du retour de ses victimes “collatérales” d’un conflit qui a fait près de 37 000 morts entre 1984 et 1999, puis qui s’est apaisé après l’arrestation du dirigeant kurde, Abdullah Öcalan. Plus de 3 000 villages de toute taille auraient été évacués. 350 000 personnes, d’après les autorités turques, entre 2 et 3 millions, d’après les organisations non gouvernementales, ont dû quitter leur logis. Une petite minorité – les chiffres divergent – aurait pu regagner ses terres.

MAISONS OCCUPÉES
Ankara doit faire davantage pour développer la région du Sud-Est, respecter les droits de la minorité kurde et faciliter le retour des déplacés a martelé M. Verheugen.“Une loi a bien été votée en juillet sur les pertes causées lors du conflit par les actes terroristes et les mesures de lutte contre le terrorisme, mais sa mise en œuvre est trop récente, et les aides au retour sont très faibles”, ajoute Sezgin Tanrikulu, le président du barreau de Diyarbakir, fondateur de la branche locale de l’Association des droits de l’homme.

Par ailleurs, au retour, les villageois trouvent parfois leurs maisons occupées par les membres de la “garde des villages”, une sorte de milice dont le rôle était officiellement de protéger les bourgs des incursions du PKK. Ces “gardiens” ne veulent pas toujours quitter les lieux.

En outre, “les programmes d’aides ne prennent en compte que la dimension économique des déplacés ; on s’intéresse peu aux traumatismes psychologiques provoqués par le conflit”, dit le représentant d’une association de défense des migrants à Diyarbakir. Au-delà des murailles qui font sa réputation, cette ville a recueilli plus de 300 000 déplacés dans ses faubourgs. La plupart d’entre eux ne sauraient toujours pas comment rentrer chez eux.

Philippe Ricard
• ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 25.09.04

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-380351,0.html

De l'usage des armes

Article lié :

JF

  30/09/2004

Ci-dessous un article du Christian Times. Son sujet central est “de la difficulté de tuer, même et surtout quand on est un soldat US”.

Mais il nous amène cette remarque : c’est le premier article que nous croisons qui mentionne, dans ce contexte irakien, l’influence des travaux de Thomson et de son livre ‘Men under fire’ (”[...]Interviews by a US
Army historian during that war [...]).

Je résume : comme il est dit dans le texte, Thomson découvre que seul 15-20% des soldats durant la Seconde guerre mondiale ont utilisé leur armes, les autres se terrant, se roulant en boule, etc. Et sur cette faible proportion, très peu tirait en visant sciemment l’autre pour le tuer (d’où sa définition du ‘combattant instinctif’, etc.).
L’armée US a alors modifié son entrainement, etc.

Nous y voyons deux choses :

- l’explication de nombreux “succès tactiques” sur les terrains irakiens et afghans, avec des différences de pertes entres US et leurs ‘cibles’ ahurissantes (il faut aussi prendre en facteur les différences de puissance de feu, mais la facilité d’usage de son arme qui facilité la visée ... )

- la propension des GI’s a flinguer à tour de bras sans regarder

- et une troisième qui reprend l’article : une affaire à suivre, les dégats psychologiques sur les soldats dans un pays qui se replet de discours martiaux et qui ne n’accepte pas une seconde le prix réel sur ses propres soldats des actions qui leur sont demandés

Voilà ... (je ne me relis pas, il est tôt, bon courage ... )

Christian Science Monitor
September 29, 2004

Is Anyone Ever Truly Prepared To Kill?

By Jane Lampman, Staff writer of The Christian Science Monitor

One dark night in Iraq in February 1991, a U.S. Army tank unit opened fire
on two trucks that barreled unexpectedly into its position along the
Euphrates river. One was carrying fuel and burst into flames, and as men
scattered from the burning trucks, the American soldiers shot them.

“To this day, I don’t know if they were civilians or military - it was over
in an instant,” says Desert Storm veteran Charles Sheehan-Miles. But it
wasn’t over for him.

“For the first years after the Gulf War it was tough,” says the decorated
soldier. He had difficulty sleeping, and when he did, the nightmares came.
“I was very angry and got drunk all the time; I considered suicide for
awhile.”

Like many young Americans sent off to war, he was highly skilled as a
soldier but not adequately prepared for the realities of combat,
particularly the experience of killing.

Much is rightly made of the dedication and sacrifice of those willing to lay
down their lives for their country. But what is rarely spoken of, within the
military or American society at large, is what it means to kill - to
overcome the ingrained resistance most human beings feel to slaying one of
their own kind, and the haunting sense of guilt that may accompany such an
action. There is a terrible price to be paid by those who go to war, their
families, and their communities, say some experts, by ignoring such
realities.

“We never in our military manuals address the fact that they go forward to
kill,” says Lt. Col. David Grossman, a former Army Ranger. “When the reality
hits them, it has a profound effect. We have to put mechanisms in place to
help them deal with that.

“Every society has a blind spot, an area into which it has great difficulty
looking,” Colonel Grossman says. “Today that blind spot is killing.”

It may seem strange that a central fact of war for millenniums should become
an urgent concern now. But some close to the scene say modified warfare
training that makes it easier to kill - and a US cultural response that
tends to ignore how killing affects soldiers - have taken an unprecedented
emotional and psychological toll. A lengthy conflict in Iraq, they worry,
could increase that toll dramatically.

Society has a moral obligation, some argue, to better prepare those sent to
war, to provide assistance in combat, and to help in the transition home.

“We have a profound responsibility because we send these people into combat
on our behalf, to kill for us,” says Shannon French, who teaches ethics at
the US Naval Academy in Annapolis, Md.

Postwar tragedy may have been averted, says Mr. Sheehan-Miles, if help had
been available to his tank unit. “Within my own tank company, half of the
married soldiers were divorced within a year after the Gulf War; one shot
another over a girl,” he says. “They didn’t know how to get help, and the
Army essentially did nothing.”

Psychological injuries of war can’t be tied solely to killing alone - seeing
close comrades die and other horrors of war are also factors. But
mental-health professionals and chaplains who’ve worked closely with
veterans see killing as a significant contributor, along with other
demoralizing elements of combat that soldiers experience or see as “a
betrayal of what’s right,” says Veterans Affairs psychiatrist Jonathan Shay.

The devastating impact of war on soldiers was visible after World Wars I and
II and the Korean War as well. But particularly evident today is the ongoing
toll of the Vietnam War, whose vets are overrepresented in the homeless and
prison populations. One-third are said to suffer from post-traumatic stress
disorder (PTSD).

In July, the New England Journal of Medicine reported that 16 percent of
veterans of the war in Iraq suffer from depression or PTSD, and that fewer
than 40 percent have sought help.

Along with several studies, the efforts of two men are stirring thinking
within the US military: Grossman, who wrote “On Killing: the Psychological
Costs of Learning to Kill in War and Society,” and Dr. Shay, who has worked
with vets for 20 years at the VA Outpatient Clinic in Boston. Shay has
written two books (“Achilles in Vietnam” and “Odysseus in America”) that
provide in-depth analyses of how combat can affect individual character and
the homecoming to civilian society.

The military has hired both to help improve training and recommend changes
to military culture.

A natural resistance to killing

The military’s responsibility to respond is great, Grossman says, because of
the way combat has been transformed since World War II. Interviews by a US
Army historian during that war showed that only 15 to 20 percent of
infantrymen in the European and Pacific theaters chose to fire at the enemy
when they were under fire. Resistance to killing was strong.

Whether because of religious and moral teachings or what he terms “a
powerful, innate human resistance toward killing one’s own species,”
soldiers’ apparent willingness to die rather than kill stunned military
officials.

To overcome that resistance, the military revamped its training to program
soldiers, through psychological conditioning, to make shooting reflexive.
The techniques were applied with “tremendous success,” Grossman says,
raising the firing rate to 55 percent in the Korean conflict and 95 percent
in Vietnam. But little thought, he adds, went to the aftereffects of
overriding the soldiers’ natural inclinations.

Shay also flags concerns about combat leadership, citing instances when
soldiers have been treated unfairly, lacked necessary equipment, been asked
to do things they considered wrong, or seen questionable behavior rewarded.
These are all experiences he includes under the heading of “the betrayal of
what is right.” People don’t have to be injured by their wartime experience,
he adds, but that requires “assuring them cohesion in their units; expert
and ethical leadership; and highly realistic training for what they have to
do.”

The first responsibility of leadership and the public, many say, is not to
put the country’s sons and daughters at risk unless going to war is
essential.

If it is, then they need help sorting through the issues. Rabbi Arnold
Resnicoff, a retired Navy chaplain, calls for “spiritual force protection.”

“We have a responsibility to understand the dangers war poses to the
humanity of our people and do all we can to protect them, to develop ‘moral
muscle,’ ” he says.

In “The Code of the Warrior,” his course at the Naval Academy, Dr. French
focuses on moral distinctions - the historical legacy of the warrior and
rules of war, and how to be alert to crossing the boundaries, as occurred at
Abu Ghraib prison.

“It has been very well documented that there is a close connection between
severe combat stress and the sense of having crossed moral lines,” she says.

While the military academies offer officers some ethical training, the rank
and file learn mostly from their commanders. Recent training Grossman has
provided to Marine battalions heading to Iraq included distinguishing
between killing and murder.

“Many have ‘Thou shalt not kill’ in the back of their minds, and think
they’ve broken a profoundly moral law,” he says. Grossman helps them see
that the Judeo-Christian ethos generally accepts the idea that killing can
be justified at times, and he emphasizes the importance of close adherence
to the rules of engagement.

But there are gray areas, particularly in urban conflict, where it is not
always clear whether to shoot, says Paul Rieckhoff of the Army National
Guard, who led a platoon through combat patrols, raids, and ambushes in
Baghdad until February of this year.

During one operation, “a female truck driver dropped us off and was guarding
the truck when a kid about 10 years old came around the corner and started
shooting at her,” he says. “What does she do - shoot him or get shot?”

Vital to the health of soldiers is what happens after each combat
experience. It’s essential to have “after-action reviews,” many say, in
which units sort through experiences that were disturbing to them. These may
include killing, or seeing their comrades or innocent civilians killed. “The
worst thing is to not think about it. You can’t not think about something
for a lifetime,” Grossman says.

At the end of the 1989 US invasion of Panama, Army chaplain R. Ryder
Stevens, now retired, and another chaplain sought out soldiers individually.
“One guy talked, but kept his M-16 between us and kept taking it apart,
cleaning it, and putting it together again,” says Colonel Stevens. “Finally
he blurted out, ‘I murdered a woman and her baby the other day and I’m going
to burn in hell!’ ” He had followed the rules of engagement and shot at a
car that didn’t stop fully at a checkpoint. After he was assured that God’s
love was big enough to forgive him, “he fell into my arms crying,” Stevens
recounts.

In Iraq, there may be one chaplain for every 1,500 soldiers, Rieckhoff says.
Those who need help must be encouraged to seek it. But the system is
failing, many insist. Seeking help carries a stigma, and procedures for
getting help lack privacy.

Making it easier to ask for help

The case of Sgt. Georg-Andreas Pogany - cited by Sheehan-Miles in his book -
is a vivid example of what can go wrong.

Sergeant Pogany experienced panic attacks while serving with the Special
Forces in Iraq, and sought medical help. But he was urged to reconsider his
request for the sake of his career. Later he was courtmartialed for
“cowardice” - the first such case since Vietnam. Only in July 2004, nine
months after he was made a public example, was it determined the attacks
were probably caused by an antimalarial drug issued to some in combat.

“That kind of thing sends shock waves throughout the military community,”
says Sheehan-Miles, who didn’t seek help himself for fear of ending his
career. He got back on track only when he began focusing on helping other
veterans. Now executive director of Veterans for Common Sense, he asks, “How
do you take away the stigma of asking for help?”

Everyone coming home from a war zone should be required to have two or three
counseling sessions, Sheehan-Miles proposes. “A lot of people think they
don’t need it who really do, and it ends up coming out in their lives later
on,” he says.

The Marine Corps’ Warrior Transition Program - a pilot effort run by the
chaplain corps of the Marines - is required for everyone returning from Iraq
and Afghanistan. During transit home, marines discuss their most positive
and negative experiences, and find succor in sharing with others.

Soldiers who may have killed in the line of duty are included in the
program, although there is no specific focus on that particular experience.

Rieckhoff, who just formed Operation Truth (http://www.optruth.org) to enable Iraq
vets to explain their experiences to folks back home, says America “isn’t
ready for the guys to come back the way they are going to come back.”
Thousands are going to need help and “all you get at the end of the war is a
‘a don’t-beat-your-wife briefing,’ as we call it.” The VA needs more
funding, he adds, and “the whole nation needs to commit to this.”

Shay’s ideal for returning soldiers would be peer counseling from volunteer
vets, who he says can reach those in need better than can mental-health
professionals. This is now happening on a limited basis through VA
Readjustment Centers run by vets.

Many say Americans must learn to be honest about the nature of combat. In a
culture saturated with media violence, killing has become almost
trivialized. Many veterans have the wrenching experience of being asked,
“How many people did you kill?”

“They should not be treated as some sort of figure from a video game,” says
French.

Throughout history, cultures have had various means to purge warriors of
their combat experience and help them readjust to civilian life. “Many had
purification rites the whole community took part in,” Shay says. In ancient
Greece, drama provided a cathartic experience for the veterans and the
community. Some African societies today have cleansing ceremonies that
reintegrate fighters into community life.

He would like to see some interdenominational, nonpartisan civil or
religious rite in the US that goes beyond parades and welcome-home
ceremonies.

“People coming back from having killed aren’t necessarily injured, but need
to purify themselves,” he says. “And we sent them and need to be purified,
too.”

French Minister Sarkozy Vows To Determine Turkey's Accession By Referendum

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Stassen

  27/09/2004

Nicolas Sarkozy
Invité du “Grand Jury - RTL - Le Monde - LCI”, le ministre de l’Economie s’est engagé sur la baisse des prix des grandes marques de 2%, sans exclure de “passer par la loi”. Le futur président de l’UMP demande un référendum sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Une demande solennelle, et une question sur laquelle Nicolas Sarkozy a réitéré ses réserves.
Le Grand Jury (27/09/04)

“...Pierre-Luc SEGUILLON :
On évoquait tout à l’heure la Turquie d’un mot, et l’Europe… Non, j’ai dit d’un mot parce qu’il nous reste peu de temps mais est ce que vous allez prendre une part essentielle pour diriger la campagne de la majorité pour le référendum sur la constitution ? Et deuxièmement, il y a ce problème de la Turquie, est ce que vous, vous souhaitez que les Chefs d’État et le Chef de l’État le 17 décembre à Bruxelles, diffère le problème de l’adhésion de la Turquie ?

Nicolas SARKOZY :
Alors d’abord çà sera pas la campagne de la majorité mais c’est la campagne de tous les partisans du oui, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, surtout ne faisons pas un enjeu de politique intérieure, l’Europe c’est trop important.

Pierre-Luc SEGUILLON :
Vous pourriez être sur une même tribune avec François HOLLANDE pour défendre le oui ?

Nicolas SARKOZY :
Je suis pas sur une même tribune mais en tout cas le texte de Lionel JOSPIN dans le Nouvel Observateur…

Ruth ELKRIEF :
Vous auriez pu le signer !

Nicolas SARKOZY :
Oui pour une grande part, sauf sur les critiques sur la droite mais pour le reste, j’aurais pu le signer. Bon, deuxième élément sur la Turquie. Tout le monde connaît mes réserves quant à l’adhésion de la Turquie, ce pays de 60 millions d’habitants…

Ruth ELKRIEF :
Mais vous n’avez pas changé d’avis quand la Turquie justement est revenue sur sa réforme, est ce que çà ne fait pas progresser la Turquie ?

Nicolas SARKOZY :
Non, mes réserves ne tiennent pas au fait qu’on renonce à mettre 2 ans de prison à une femme adultère. Franchement c’est un peu plus sérieux que cela.
Deuxième élément, nous sommes tous d’accords et je suis d’accord avec le Président de la République, sur le fait qu’il ne faut en aucun cas donner le sentiment à la Turquie qu’on les rejette ! Donc il y a deux façons de l’associer, soit un statut de partenaire associé à l’Europe qui est plutôt ce que je pense, soit l’intégrer, ce qui est plutôt ce que je ne souhaite pas. Alors pour autant, il y a deux choses qu’il faut dire et elles sont capitales. La première c’est que l’adhésion de la Turquie, dans le meilleur des cas, c’est pas avant 15 ans si çà se passe bien, et la deuxième chose, et je veux vous dire cela solennellement, c’est qu’une décision aussi importante que l’adhésion de la Turquie à l’Europe, ne pourrait être prise qu’après qu’il y ait eu un référendum en France pour connaître l’opinion des français. Et donc en disant cela…

Ruth ELKRIEF :
Un référendum sur l’adhésion à la Turquie ?

Nicolas SARKOZY :
Naturellement ! En disant cela, cela permet me semble-t-il que ne soit pas fait d’amalgame entre d’un côté la ratification d’une constitution qui améliore les choses et il faut enfin le dire, et le problème de l’adhésion de la Turquie. Parce que grâce à la constitution, on va pouvoir avoir un Président en exercice du conseil alors que c’est la tournante aujourd’hui. On va pouvoir avoir un ministre des affaires étrangères, on va pouvoir décider d’un certain nombre de choses…

Ruth ELKRIEF :
Donc on séparerait bien les deux questions !

Nicolas SARKOZY :
Oui ! Il n’y aura pas d’adhésion de la Turquie sans référendum en France. Et deuxièmement le problème de l’adhésion de la Turquie, c’est pas avant 15 ans ! Alors en grâce, réglons les problèmes qui se posent aujourd’hui et pour les problèmes de dans 15 ans, on verra à ce moment là ! Pour ma part et pour être tout à fait sincère, je suis réservé sur l’adhésion de la Turquie et pas parce que c’est un pays musulman. Parce que je pense qu’on ne doit pas tenir compte de cela. Tout simplement parce que la Turquie à elle toute seule représente l’équivalent de l’adhésion des 10 nouveaux pays de l’Europe de l’Est, c’est pas rien !

Pierre-Luc SEGUILLON :
Est ce que çà signifie pour aller encore plus loin que vous souhaitez que lors de la révision constitutionnelle qui sera nécessaire pour la constitution soit inscrit dans notre constitution que l’adhésion de tout nouveau membre devrait passer par un référendum ?

Nicolas SARKOZY :
Non, parce que va se poser Pierre-Luc SEGUILLON vous le savez, le problème de l’adhésion de la Roumanie, pays oh combien francophone, et de la Bulgarie qui ont fait aussi des éléments et là il me semble…

Ruth ELKRIEF :
Et là il y aura pas de problème pour vous ?

Nicolas SARKOZY :
Mais non, c’est la logique ! Ce sont nos frères européens de l’Est, enfin c’est tout à fait logique ! Se posera ensuite le problème de la Croatie et peut être d’ailleurs de la Bosnie, mais je rappelle que la Turquie c’est 71 millions d’habitants, qu’à l’horizon de 2050 ce sera 100 millions d’habitants et que compte tenu de ce que sont les nouvelles règles de vote dans la constitution, çà serait le pays qui aurait le plus de vote. C’est pas tout à fait le même sujet.

Ruth ELKRIEF :
Dernière question Nicolas SARKOZY…

Nicolas SARKOZY :
J’espère avoir été le plus complet possible sur un sujet sur lequel il y aurait bien d’autres choses à dire. Et vraiment dire que dans mon esprit il ne s’agit pas de rejeter les Turcs mais au contraire de les associer comme partenaires sur le plan militaire, sur le plan politique, sur le plan économique. Donc c’est pas tout ou rien.
...”

http://www.lci.fr/lci/programmes/magazines/0,,877409-VU5WX0lEIDUy,00.html

renseignements.

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nguepi erlone vidal

  27/09/2004

salut à vous. je suis un africain de nationnaliter camerounaise desirant faire carrière dans la legion etrangere française.pouvez vous me rendre service en me foirnissant les voies et moyens pouvant y parvenir!(adresse postale et autres.)  merci pour votre tres haute comprehention.

US GIs in Germany Bids Farewell

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Stassen

  23/09/2004

A Strategic Divorce?
America pulls more of its troops out of Europe
BY CHARLES P. WALLACE

When George W. Bush announced a major recall of around 70,000 U.S. troops from Europe and Asia, he kicked off an argument in the U.S. — but the reaction in Europe was muted. Challenger John Kerry said the plan shortchanges U.S. allies and the war on terrorism: “This is clearly the wrong signal to send at the wrong time,” he said in a speech to veterans. But in Germany, where the cuts will hurt the most, they were portrayed as an overdue change in mission that will mostly be felt in the small towns where the soldiers are based; one trade union forecast the loss of 7,500 German jobs.

“This is a serious loss for those regions,” says Defense Minister Peter Struck. There was little criticism of the change in U.S. strategy. “Let’s face it, the cold war is over,” says Jean-Vincent Brisset, a military expert at France’s Institute for International and Strategic Relations. “The U.S. forces came to save Europe, but their presence today doesn’t fit with current doctrine.”

The larger issue is whether the recall, set to begin in 2006, will degrade a transatlantic alliance already damaged by Iraq. “It’s not a strategic divorce,” says Jeff Gedmin, director of the Aspen Institute in Berlin. “I think both sides need each other in different ways, they have different priorities and objectives.” But others — including retired Marine General Anthony Zinni, head of the U.S. Central Command from 1997 to 2000 — see a political message behind the recall, announced one week before the 60th anniversary of the U.S. liberation of Paris. “I have this concern that some of this is to stick it in the eye of, quote, ‘old Europe,’” Zinni told TIME.

Says Robert Deaderick, 87, a veteran who’s attending the anniversary of the liberation, “The French and the Germans have treated the Americans right shabbily over Iraq these last few years. It serves them right that they’ll have to fend for themselves more.”
With reporting by Helen Gibson, James Graff and Mark Thompson

http://www.time.com/time/europe/magazine/article/0,13005,901040830-685970,00.html
—-

Auf Wiedersehen, It’s Been Good to Know You
As U.S. bases move east to New Europe, the communities that used to host thousands of American troops come to terms with their loss
BY WILLIAM BOSTON | Wiesbaden

Monday, Mar. 24, 2003
Sitting at a rustic wooden table in the softly-lit Zum Paulaner restaurant, Franz Walter, a gray-haired regional court judge in Wiesbaden, twists a glass of beer in his hands and tries to remember the last time an American showed up. “It’s been a while,” he says with a frown. “It used to be different.”

Heads nod around the room in solemn agreement. The group of six mostly middle-aged men find the conversation at their monthly German-American friendship gatherings a little one-sided without the Americans. But since the fall of the Berlin Wall, the number of U.S. troops here has steadily declined — from 30,000 at the height of the cold war to 12,000 today. The two American bases in this town of 280,000 people, 40km from Frankfurt, once accounted for more than 2,000 local jobs; now they account for barely 200. Things could get a lot lonelier for the men of Wiesbaden’s Good Neighbors Association, a German-American Friendship club that was formed in 1956, as Washington considers moving more bases out of Germany and into the new NATO member countries of Eastern Europe.

The size of U.S. armed forces in Germany has declined sharply from the height of the cold war, when there were nearly 300,000 troops stationed in what was then West Germany. Today, there are around 73,600 troops, plus some 95,000 dependents, largely concentrated in the western states of Rhineland-Palatinate and Bavaria. U.S. forces provide jobs for around 15,000 Germans. U.S. officials insist the new approach is part of a larger rethink of post-cold war defense, not a punishment for Chancellor Gerhard Schröder’s opposition to an American-led war in Iraq. “I don’t think that we will build the same kind of base that we built in the 20th century — complete with housing, schools, hospitals — a mini-America in other countries,” Marine Gen. James Jones, the commander of U.S. forces in Europe, told reporters in Stuttgart in March. Jones cites Camp Bondsteel in Kosovo as a new model: U.S. national guard units are deployed there on six-month rotations, without dependents, which makes them more flexible and less costly.

Locals are worried about the economic impact of an American withdrawal, yet a recent nationwide poll showed 49% of Germans would welcome a further reduction of U.S. troops. Just over one quarter said they would regret such a move, while 18% said they had no preference. But the impact of troop withdrawals would hit some German communities hard. The Ramstein and Spangdahlem air bases, the largest U.S. military communities outside the U.S., are home to 40,000 American soldiers and dependents. Some 6,000 Germans are employed there. A study by the University of Trier concluded that the bases contributed €1.4 bn to the local economy in 2001, supporting some 27,000 full time jobs in a region with few other ecomomic prospects. “If the U.S. troops were to leave on short notice, it would be a catastrophe,” says Peter Grüssner, in charge of troop issues for Rhineland-Palatinate, the state in which the bases are located.

If U.S. troops do depart, many fear that German influence in world affairs will go with them. “After World War II, Germany had geopolitical significance,” says Helmut Mueller, Wiesbaden’s city treasurer. “But this strategic significance no longer exists.” Hans Öfinger, a 47-year-old journalist and head of the Wiesbaden Citizens Against War group, would love to see the Yanks go home. “We’re not anti-American,” he says, “but it would be no loss for Wiesbaden if the troops are withdrawn. We are not in favor of having foreign troops stationed in Germany.”

The American military base of the future is less likely to spawn the kind of relationship that led to the formation of the Wiesbaden Good Neighbors Association. And that could have more than just economic consequences. For many Europeans, U.S. military bases were their first exposure to American culture, from the rock ‘n’ roll music to sports like basketball and baseball. “I would really miss watching NBA games on Armed Forces Network Television if the military left,” jokes Wiesbaden treasurer Mueller. “Every American soldier who was ever stationed here leaves with an impression of how we live our lives. And through the soldiers, we understand a little bit more about America.“The presence of the U.S. troops in Europe for more than half a century has left an enduring mark on German society. It is visible in the world of sports and entertainment, business, culture and politics. But as America shifts its strategic priorities, “they aren’t interested in us anymore,” says Walter. If America turns its back on Germany, he fears the warm ties of the past could cool. “German-American friendship also needs the participation of the Americans to thrive,” he says.

http://www.time.com/time/europe/eu/article/0,13716,436088,00.html

Way To Opening Membership Talks Cleared For Turkey

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Stassen

  23/09/2004

September 23, 2004
Turkey Pledges Reforms Ahead of EU Talks
By THE ASSOCIATED PRESS

Filed at 12:56 p.m. ET
BRUSSELS, Belgium (AP)—Turkey assured the European Union on Thursday it would pass critical penal code reforms this weekend, a move EU officials said would clear the way to opening membership talks with Ankara.

The EU has said the reforms—which include laws against rape, pedophilia and torture and improvements in human rights standards—are essential for Turkey to meet entry requirements.

But the reform package was held up in parliament earlier this month by government attempts to introduce a provision outlawing adultery—a move supported by conservative Islamic groups in Turkey.

The EU threatened that a ban on adultery could jeopardize Turkey’s entry into the union and warned the government it was unlikely to start membership talks without the reform package being approved. The Turkish government then withdrew the entire reform package to reconsider.

But Thursday, Turkish Prime Minister Recep Tayyip Erdogan met EU enlargement chief Guenter Verheugen and European Commission President Romano Prodi to assure them the Turkish parliament will hold an emergency session Sunday to pass the reform package.

``We will be convening the parliament for an extraordinary meeting,’’ Erdogan told reporters after the hour-long meeting with EU officials, adding his government was ``resolute’’ in ``continuing ... revolutionary changes’’ in the country.

Verheugen said after the meeting with Erdogan they had found solutions to the remaining outstanding problems.

``There are no further conditions that Turkey must fulfill to enable the European Commission to make a clear recommendation’’ about when to begin the talks.
``There are no more obstacles on the table now,’’ Verheugen said. ``The assurances I got ... will allow me to make a very clear recommendation.’‘

The Turkish leader also will appear before the European Parliament later Thursday to soothe growing EU concerns about his country’s readiness to start membership talks.
Verheugen will issue a report Oct. 6 on when Turkey will be able to begin discussions to join the European Union. Ankara has been lobbying to have talks start as early as January.

The leaders of the 25 EU nations will make a final decision at a December summit in Brussels on when Ankara can begin membership talks. Even after discussions begin, it could take years of negotiations before Turkey is officially accepted into the bloc.
Prodi assured Erdogan that Verheugen’s report ``will be objective and fair.’‘

There still is considerable concern among EU lawmakers and in some EU capitals that making Turkey a member would not be beneficial to the bloc.

``We don’t think that we should start negotiations with Turkey,’’ said French conservative Jacques Toubon, adding that Turkey gaining membership ``will result in a Europe without a political union.’‘

Martin Schulz, the German Socialist leader in the EU assembly, said, ``I am in favor of Turkish membership ... but not at any price.’‘

Despite being heavily critical of Turkey’s human rights record over the years, the European Parliament has traditionally backed Turkey’s bid to join the bloc. But June’s elections for the expanded EU assembly, with its new Eastern European members, brought in more lawmakers opposing Ankara’s European ambitions.

Turkey’s entry into the EU became a major issue in several member nations, including Germany, where the conservative Christian Democrats gained the most seats in European Parliament elections partly because of their opposition to starting entry talks with Ankara.

http://www.nytimes.com/aponline/international/AP-EU-Turkey.html

—-

L’Union Européenne et la Turquie résolvent leur différend
jeudi 23 septembre 2004 (Reuters - 12:46)

BRUXELLES - L’Union européenne et la Turquie ont résolu leur différend sur le code pénal turc, ouvrant la voie à l’ouverture de négociations d’adhésion, a déclaré jeudi le commissaire européen à l’Elargissement.

Günter Verheugen et le Premier ministre turc Tayyip Erdogan ont trouvé un terrain d’entente lors d’une rencontre de moins d’une heure dans un palace bruxellois.

Le dirigeant turc a promis que le nouveau code pénal serait adopté “dès que possible”, une condition fixée par la Commission à l’ouverture de négociations d’adhésion. Bruxelles ne veut pas y voir figurer une disposition criminalisant l’adultère.

Verheugen, qui doit présenter le 6 octobre un rapport sur les progrès réalisés par la Turquie sur la voie de la démocratie à destination des dirigeants de l’UE réunis en décembre, a estimé que le différend était désormais réglé et que plus rien ne s’opposait à l’ouverture de négociations d’adhésion.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=240763
——
CORRECTION - - Journée cruciale pour les ambitions européennes de la Turquie
jeudi 23 septembre 2004 (Reuters - 12:36)

Dans notre dépêche intitulée “Journée cruciale pour les ambitions européennes de la Turquie”, bien lire au premier paragraphe que les ambitions européennes de la Turquie risquent d’être contrariées par “l’absence de réforme de code pénal” et non par “l’absence de code pénal”.

Répétition corrigée.
BRUXELLES - Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a entamé une journée de pourparlers cruciale pour les ambitions européennes de la Turquie, qui risquent d’être contrariées par l’absence de code pénal.

Après une réunion avec le commissaire européen à l’Elargissement, Günter Verheugen, dans un grand hôtel bruxellois, il doit rencontrer le président de la Commission, Romano Prodi, et les chefs de tous les groupes politiques du Parlement européen, ainsi que son président, Josepp Borrell.

Prié de dire ce qu’il attendait de cette journée, Erdogan s’est contenté de répondre: “Des informations, bien entendu.”

Ankara a envoyé cette semaine des signaux d’apaisement sur l’adoption d’un code pénal compatible avec sa volonté d’adhérer à l’UE, c’est-à-dire sans criminalisation de l’adultère.

Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamiste modéré) au pouvoir a indiqué qu’il envisageait de reconvoquer le parlement devant la pression de l’UE, de l’opposition et des milieux d’affaires turcs mobilisés contre cette loi.

La Commission doit présenter le 6 octobre un rapport sur les progrès réalisés par la Turquie sur la voie de la démocratie et présenter une recommandation aux dirigeants européens, qui se réuniront le 17 décembre pour décider si les conditions sont réunies pour entamer les négociations d’adhésion.

Or, l’examen par le parlement turc de ce texte a été suspendu, plongeant les Européens dans l’incertitude.

L’exécutif européen a donc fait savoir que les négociations d’adhésion ne pourront commencer que si le projet de criminalisation de l’adultère est publiquement abandonné.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=240761
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Ouverture à Bruxelles des négociations sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne
LEMONDE.FR | 23.09.04 | 13h18 •  MIS A JOUR LE 23.09.04 | 16h29
Le commissaire européen chargé de l’élargissement a annoncé jeudi que les obstacles à la candidature turque à l’entrée dans l’UE ont été levés au cours d’un entretien à Bruxelles avec le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. La Commission européenne doit décider le 6 octobre de recommander ou non l’ouverture en 2005 de négociations avec la Turquie.

“Ma conclusion est qu’il n’y a désormais plus d’obstacles sur la table”, a estimé le jeudi 23 septembre le commissaire européen chargé de l’élargissement, Günter Verheugen, après un entretien à Bruxelles avec le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. “J’ai obtenu aujourd’hui de mon ami Erdogan des assurances qui me permettront de faire des recommandations très claires”, a-t-il ajouté.

Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a su se montrer convaincant et peut donc désormais espérer que la Commission européenne recommande le 6 octobre l’ouverture de négociations en vue de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. L’obstacle apparu dans la dernière ligne droite était la décision d’Ankara de reporter une réforme du code pénal jugée indispensable avant l’ouverture des négociations d’adhésion.

Bruxelles avait averti la Turquie, lundi, qu’il était hors de question d’ouvrir des négociations tant qu’elle n’aurait pas adopté son nouveau code pénal. Le report, au dernier moment, de cette réforme a été motivé par le souhait du gouvernement turc de réintroduire des dispositions faisant de l’adultère un délit, une initiative très mal vue par les Européens, et qualifiée de “plaisanterie” par M. Verheugen lui-même.

ADULTÈRE ET RÉFORME DU CODE PÉNAL
M. Erdogan a indiqué à Bruxelles que les deux ensembles législatifs portant notamment sur la réforme du code pénal étaient au stade de l’examen en sous-commission au Parlement d’Ankara. “Nous sommes déterminés à faire adopter ces deux ‘paquets’, et nous sommes en train de réexaminer notre calendrier pour qu’ils soient votés aussitôt que possible”, a-t-il dit. Dans le même temps, le gouvernement turc annonçait la convocation dimanche d’une session extraordinaire du Parlement pour discuter de la réforme du code pénal, une mesure que réclamait notamment l’opposition politique turque.

Cette dernière n’a du coup pas manqué de saluer la décision gouvernementale de pousser l’adoption de cette réforme. “Nous sommes heureux de ce résultat, c’est ce que nous voulions”, a déclaré Kemal Anadol, vice-président du groupe parlementaire du Parti républicain du peuple (CHP, centre gauche). “Malheureusement, la politique européenne de la Turquie a pâti de ces débats malheureux sur des politiques intérieures - l’adultère et le code pénal - qui ont renforcé les arguments des opposants à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne”, a ajouté M. Anadol.

Même si le collège des commissaires européens est loin d’être unanime sur un sujet qui divise aussi les gouvernements et les opinions publiques européennes, une majorité de la Commission devrait recommander, le 6 octobre, l’ouverture, ou non, en 2005, de négociations avec la Turquie pouvant conduire à l’adhésion de ce pays à l’Union européenne. La décision finale sur le sujet reviendra aux dirigeants européens, qui se réuniront en sommet le 17 décembre à Bruxelles.
Avec AFP et Reuters

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-380218,0.html

European Servicemen Under NATO Flag To Be Sent For Training in Iraq

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Stassen

  23/09/2004

NATO to Dispatch Additional Military Trainers to Iraq
By Keith B. Richburg Washington Post Foreign Service Thursday, September 23, 2004; Page A21
PARIS, Sept. 22—The North Atlantic Treaty Organization agreed Wednesday to expand the training of Iraqi security force officers at a facility outside Baghdad in preparation for planned elections in January.

The compromise agreement, overcoming resistance from Germany and France, will expand NATO’s training mission in Iraq from about 50 officers to as many as 300 personnel, the alliance said. The accord, announced at NATO headquarters in Brussels, was reached after weeks of debate and opposition from members who have opposed the U.S.-led invasion and occupation of Iraq.

There was no word on when the additional instructors would arrive, but a NATO spokesman said the goal was to train officers in time to handle election security arrangements.

The Bush administration, struggling to expand international support for its military mission in Iraq, hailed the decision. In a speech at the United Nations on Tuesday, President Bush called on allies to reduce the burden on U.S. troops in Iraq and said he would accelerate the training of Iraqi security forces. Sen. John F. Kerry of Massachusetts, the Democratic presidential nominee, has stepped up his attacks on the administration’s Iraq policy, accusing Bush of not working to build sufficient support among allies.

“Today’s decision by NATO to establish a major collective training program marks a major step by the alliance,” Nicholas Burns, the U.S. ambassador to NATO, said in a prepared statement. “The U.S. is proud to undertake with its allies the expansion of the mission in Iraq.”

But France, Germany, Belgium and Spain have said they would not contribute personnel to the training program. Among those countries, Spain had a 1,300-member troop contingent in Iraq, but its Socialist government withdraw the force after taking power in April.

France expressed particularly strong opposition to the training. President Jacques Chirac and top cabinet officials declared that the addition of more foreign troops in Iraq would not solve the country’s security problem. France had offered to train Iraqi police officers, but only outside of Iraq. Germany had made a similar offer to conduct training in the United Arab Emirates.

Among the concerns delaying the decision was how NATO trainers would be protected. NATO member governments also raised concerns about whether they would become targets or be drawn into Iraq’s cycle of violence, and whether the NATO instructors would be subordinate to U.S. military commanders.

Under the agreement worked out Wednesday, Army Lt. Gen. David H. Petraeus, who oversees the training of Iraqi security forces, will command the NATO force. U.S. troops will provide the bulk of the security for the NATO instructors, and the trainers will have no direct combat role. Also, the countries not participating in the training won assurances that only those sending personnel to Iraq would shoulder the cost of the mission.

In addition to worries about getting dragged into Iraq’s violence, some NATO members expressed concerns that the alliance was overstretched, with ongoing missions involving 7,500 NATO troops in Afghanistan and 18,000 in the former Yugoslavia.

http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A43088-2004Sep22.html

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September 23, 2004
THE ALLIES
NATO to Send Military Officers to Run Training Program in Iraq
By CRAIG S. SMITH

ARIS, Sept. 22 - The North Atlantic Treaty Organization agreed Wednesday to the outlines of a military officer training program in Iraq, expanding the alliance’s presence there after overcoming resistance from several members, most notably France.

Under the agreement, about 300 NATO officers will be sent to Iraq to set up and administer a military academy at Rustamiya, on the outskirts of Baghdad. The academy will help prepare mid-level and senior officers in Iraq’s security forces.
“Today’s decision by NATO to establish a major collective training program marks a major step by the alliance,” Nicholas Burns, the United States ambassador to NATO, said in a statement.

About 40 NATO officers are already in Iraq to set up a mission headquarters. The mission will be an addition to the Multinational Security Transition Command operated by the United States and its allies in Iraq, which is in charge of training and equipping more than 250,000 members of the Iraqi police, border patrol, national guard and army. That effort is short of manpower and far behind schedule.

France, which continues to object to NATO’s presence in Iraq, is the primary reason that NATO has not proposed a larger mission.

“We don’t think it is a good signal to put NATO’s flag in Baghdad,” Foreign Minister Michel Barnier said in an interview this month.

The French government offered to train Iraqi officers in France and still argues that a larger NATO presence in Iraq will undermine the Iraqi provisional government’s sovereignty and risk exposing the alliance to the battlefield.

France is reluctant to legitimize what it sees as a deeply flawed American engagement in Iraq.

“The United States is trying under the pretext of military need to engage NATO in a political objective,” a senior French diplomat said this month.

President Jacques Chirac tried to block the training mission in June at a NATO summit meeting in Istanbul, and even after agreeing to the plan, France objected to everything from the proposed command structure to the mission’s definition.
The agreement was delayed by French insistence that the mission be explicitly defined as noncombat.

While some details have yet to be worked out, the agreement also calls for NATO troops to go to Iraq to provide security for the mission. The academy could be functioning by the end of the year.

The NATO mission will be under the command of Lt. Gen. David H. Petraeus, who is also commander of the Multinational Security Transition Command.

France initially objected to putting the mission under an American command, having pushed for it to be commanded by a European.

http://www.nytimes.com/2004/09/23/international/europe/23nato.html
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Accord à l’Otan sur l’Irak
L’Otan a dégagé un accord lui permettant d’entamer sa mission de formation des forces de sécurité irakiennes qui comprendra la création d’un centre d’excellence en territoire irakien, a annoncé ce soir un responsable de l’Alliance atlantique.

Après près de trois mois d’âpres discussions, les 26 pays de l’Otan ont fini par trouver mercredi soir un accord définitif sur le lancement d’une mission de formation des forces de sécurité irakiennes, qui devrait débuter le plus rapidement possible, a annoncé le porte-parole de l’Alliance atlantique, James Appathurai.


  Les ambassadeurs des 26 pays membres ont approuvé des directives politiques qui vont permettre aux autorités militaires de définir le concept d’opération et les règles d’engagement (les conditions dans lesquelles les militaires de l’Otan en Irak pourront faire usage de la force), a précisé M. Appathurai au cours d’un point de presse au siège bruxellois de l’Alliance. Ce concept d’opérations devra à nouveau être approuvé par le Conseil de l’Atlantique (CAN, les ambassadeurs des 26 Etats membres, qui forment l’instance politique suprême de l’Alliance), a ajouté le porte-parole.

  Il n’a pu fournir de date précise pour le début effectif de cette mission de formation, baptisée “NATO Training Implementation Mission in Iraq” (NTIM-I), tout en souhaitant que cela soit le plus vite possible. Les alliés discutaient depuis le 15 septembre des modalités de cette mission en Irak, après avoir péniblement trouvé fin juin, lors du sommet atlantique d’Istanbul, en Turquie, un accord de principe sur son lancement, à la demande du gouvernement intérimaire irakien, avec le soutien des Etats-Unis.

  Une équipe d’une quarantaine de militaires de l’Otan se trouve depuis plus d’un mois à Bagdad afin de prendre des contacts avec les autorités irakiennes et la force multinationale (FMN, sous commandement américain présente en Irak) et de préparer la suite du projet. L’une des principales propositions sur la table est que l’Otan envoie en Irak “plusieurs centaines d’instructeurs” pour former des officiers dans un “centre d’excellence” - une sorte d’académie militaire - situé en territoire irakien. La protection de ces instructeurs devrait être assurée à la fois par la FMN, qui assurera “un environnement sûr” et par l’Otan pour la protection rapprochée, a précisé mercredi soir M. Appathurai. L’accord prévoit aussi que l’Otan coordonne les activités de formation des pays qui le souhaitent en dehors de l’Irak ainsi que la fourniture d’équipements.

  Selon le porte-parole, aucun accord définitif n’a encore été trouvé sur le financement de cette mission, malgré une semaine de négociations qui ont vu la Belgique, la France, l’Allemagne et l’Espagne formuler des réserves sur le projet de décision préparé par le secrétaire général de l’Otan, le Néerlandais Jaap de Hoop Scheffer.

  Bruxelles, Paris et Berlin - les trois membres du “camp de la paix” qui s’était opposé à l’intervention américano-britannique en Irak en 2003 -, ont catégoriquement exclu l’envoi de troupes en Irak dans le cadre de cette mission. Ces trois capitales ont été rejointes par l’Espagne, qui a retiré ses troupes d’Irak après la victoire électorale des socialistes, en mars dernier.

  Selon des diplomates, la France n’avait pas d’objections de fond sur le lancement de la mission de formation des forces de sécurité irakiennes mais souhaitait “verrouiller” au niveau politique son champ d’action. Paris voudrait, entre autres, s’assurer que l’Otan fixe des consignes claires à la mission, en particulier vis-à-vis de la force qui sera chargée de protéger les instructeurs de l’Alliance sur place afin qu’elle conserve un caractère défensif et ne se retrouve pas, volontairement ou non, partie prenante au conflit.

  La Belgique a pour sa part levé lundi ses dernières réserves, obtenant satisfaction sur le financement, qui ne devrait être “commun” que pour le quartier général. Les autres coûts seront supportés par les pays qui enverront effectivement du personnel en Irak - ce qu’elle se refuse à faire.

  Mercredi dernier, les alliés avaient convenu de confier à un officier américain de la FMN, le général David Petraeus, la coordination de la NTIM-I sur le terrain les activités de formation de l’Otan. Ce général est déjà actuellement chargé du programme de formation de la coalition en Irak. Il sera ainsi doté d’une “double casquette” et deviendra aussi responsable envers les autorités militaires et politiques de l’Alliance, selon M. Appathurai.

http://www.lesoir.be/rubriques/mond/page_5179_256893.shtml

Accord à l’OTAN sur la mission de formation en Irak
LEMONDE.FR | 22.09.04 | 20h24
L’OTAN avait espéré obtenir un compromis dès la semaine dernière à ce sujet mais plusieurs pays, dont la France, avaient demandé des “clarifications” sur la nature de la mission, qui a été ardemment défendue par les Etats-Unis.

L’OTAN a dégagé, mercredi 22 septembre, un accord lui permettant d’entamer sa mission de formation des forces de sécurité irakiennes qui comprendra la création d’un “centre d’excellence” en territoire irakien.

“Les ambassadeurs de l’OTAN se sont mis d’accord pour donner instruction aux militaires d’élargir la mission d’assistance et de formation” de l’Alliance en Irak, a déclaré à la presse le porte-parole de l’organisation, James Appathurai.

Cet accord est intervenu après que la France a obtenu d’ultimes modifications à un projet de décision soumis aux pays alliés par le secrétaire général de l’organisation, Jaap de Hoop Scheffer.

L’un des principaux éléments de cet accord prévoit que l’Alliance atlantique appuie la création en Irak d’un centre pour former les cadres de l’armée irakienne. L’OTAN avait accepté fin juin le principe d’aider Bagdad à former ses forces de sécurité mais sans en définir les modalités.

Celles-ci ont ensuite fait l’objet de longues négociations, souvent houleuses, débouchant sur l’accord politique de mercredi.

Paris, Berlin, Bruxelles et Madrid - pour les trois premiers, opposants de la première heure à la guerre en Irak - ont exclu d’envoyer eux-mêmes des soldats en Irak dans le cadre de cette mission.

Avec AFP

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3220,36-380169,0.html

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What Next For NATO?
The Atlantic alliance is keeping the peace in Kosovo and trying to in Afghanistan. Iraq is another matter

BY JAMES GRAFF | BRUSSELS
Even before 1966, when Charles de Gaulle pulled his country out of NATO’s integrated military command structure, France had a complex relationship with the Atlantic alliance. Since then, it retains a seat at the table in diplomatic and political terms, but doesn’t take part in defense planning. President Jacques Chirac demonstrated France’s diffident stance in 1999 by intervening in the setting of targets during the NATO air campaign against Serbia, and again last year by leading efforts to block the dispatch of air-defense systems to Turkey before the invasion of Iraq. So there was an inevitable whiff of irony around French Defense Minister Michèle Alliot-Marie’s tour earlier this month of Kosovo and Afghanistan, two hot spots where the alliance is currently active, to affirm France’s abiding commitment to NATO.

But underneath the irony is real iron: the Minister has solid military facts to flaunt. In Pristina, she attended the formal handover of command of Kosovo’s more than 18,000 NATO peacekeepers to French Lieut. General Yves de Kermabon. Then she flew to Kabul to meet troops under French Lieut. General Jean-Louis Py, who last month took charge of NATO’s 10,000-strong peacekeeping mission there. Now there are roughly twice as many European troops deployed outside the E.U. and NATO countries as there were 10 years ago, according to Charles Grant, director of the Centre for European Reform in London. Most of them are doing peacekeeping work under the NATO banner. “We think it’s better to have NATO than ephemeral coalitions,” Alliot-Marie told TIME on the way home from her visit. “NATO has a habit of working together, and because we believe in it we want to see it continue.”

But continue to what end? Alliot-Marie correctly notes that “crises are going to multiply,” but France and the U.S. remain on a collision course over American-led efforts to give the alliance a direct role in Iraq. Putting NATO troops into the raging insurgency there, says one French diplomat, “isn’t good for NATO or for Iraq.” But supporters of NATO involvement insist an Iraq mission is crucial for both Iraq’s and the alliance’s future. “What kind of military organization would we be if we shied away from the central security challenges of our time?” says U.S. ambassador to NATO Nicholas Burns.

The question came to a head last week in Brussels, when ambassadors from NATO’s 26 members discussed a report from the 40-member NATO Training Implementation Mission that’s been in Iraq since August to assess how best to train the nascent Iraqi army. If they agree to expand the mission, up to 300 training instructors could be sent to Iraq to join the U.S. operation currently rebuilding the 260,000-strong Iraqi military force. But as the death toll mounts and the chaos widens, the prospect of NATO troops in Iraq makes many European governments blanch. On Friday, France and Belgium refused to sign off on that enlarged mission, setting the stage for more talks this week.

Some argue that the alliance already has its hands full. The Afghanistan mission, the International Security Assistance Force (ISAF), is trying to counter increased violence in the run-up to the Oct. 9 presidential election. Afghan President Hamid Karzai canceled a rally last week after a rocket was fired at his helicopter. The rocket missed, and his chopper flew back to Kabul. Nongovernmental organizations complain that NATO is too thin on the ground to provide security. “The NATO Secretary-General said the alliance was ready” for an Iraq mission, says a top French Defense Ministry official. “But between Kosovo and Afghanistan, we have plenty to do.” Secretary-General Jaap de Hoop Scheffer argues passionately for an alliance presence. “All the allies realize that the international community cannot afford to lose Iraq,” he says. “We can’t let that country develop into a failed state.”

The E.U.-U.S. relationship is also being tested over NATO involvement in Iraq. Even before the Iraq war, Europe’s attention was divided between NATO and the effort to build the E.U.‘s own security and defense identity. For its part, the Pentagon has preferred ad hoc coalitions in both Afghanistan and Iraq to enlisting NATO’s help. Last week, a report by a group of independent defense experts called for the creation of a 15,000-strong E.U. security force that could be rapidly deployed. But Continental governments still seem more willing to commit troops to peacekeeping efforts than to engage in reinvigorating NATO itself. “Germany’s interest in NATO has diminished,” says Christian Hacke, an expert on German foreign relations at the University of Bonn. “Europe is concentrating on itself.”

But neither the Europeans nor the Americans are ready to give up on NATO. De Hoop Scheffer says “the U.S. is engaged with and committed to the alliance.” And however inadvertently, the E.U. itself provided the best argument for NATO’s survival in its 2003 European Security Strategy, a kind of blueprint for an E.U. defense force: “In almost every major intervention, military efficiency has been followed by civilian chaos.” That’s an apt description of Iraq, but also applies to places like Kosovo and Afghanistan. Right now, only NATO has the planning capacity and military means to tackle situations like these.

The Europeans are doing their duty in the Balkans and Afghanistan, but being so heavily pressured to follow the Americans into Iraq rankles now as much as ever. Alliot-Marie likes to talk of the “complementary” nature of the E.U. and NATO. Ongoing efforts to improve the capability of European armies will help both institutions. Yet when it comes to actually deploying forces, the E.U. and the U.S. still have a few battles to fight.

With reporting by J.F.O. McAllister/London, Tim McGirk/Kabul and Charles P. Wallace/Berlin
September 27, 2004 | Vol. 164, No. 12
“These are uncharted waters for NATO”
With NATO in Afghanistan and Kosovo, and considering a training mission in Iraq, the alliance is again being tested under fire. TIME’s JAMES GRAFF spoke with SECRETARY-GENERAL JAAP DE HOOP SCHEFFER at the alliance’s headquarters in Brussels

YOU’VE SAID THAT NATO’S CREDIBILITY IS ON THE LINE IN AFGHANISTAN. DOES THE ALLIANCE HAVE ENOUGH TROOPS THERE TO DO THE JOB? Definitely. There are approximately 10,000 [soldiers] there, so the forces and the equipment are in place to support President Hamid Karzai and the electoral procedures [leading up to the Oct. 9 presidential election]. It’s NATO’s ambition now to go west, down to Herat, so I think we’re on the right track. It’s never been in the cards that NATO would be able to pacify the whole country. We are there to support the [Afghan] government taking its own responsibilities.

WOULDN’T YOU LIKE TO HAVE MORE TROOPS? Yes, I can always wish for more. NATO needs more forces because we have an ambition to go [into western Afghanistan, where there has been unrest in the city of Herat]. If I look into the more distant future, [calls on NATO’s] participation or leadership will increase, not diminish. NATO’s performance will be more and more judged on the way it’s running its operations. We need very close relations with the U.N. We need very close relations with the Organization for Security and Cooperation in Europe. NATO should be able to play a role in Darfur. NATO’s assistance would need a specific request from the U.N. and the African Union (A.U.), but I think NATO would assist technically and logistically, let’s say, [supplying] the hardware to an A.U. peacekeeping force. If NATO were to receive such a request, I think NATO would answer it.

DO YOU EXPECT SUCH A REQUEST? I can’t go into any detail, but I do not exclude it.

WHY TAKE ON A ROLE IN IRAQ, A WAR THAT MANY IN THE ALLIANCE FEEL WAS A MISTAKE THAT IS NOW FUELING TERRORISM? All the allies realize that whatever their differences in the run-up to the war, the international community cannot afford to lose Iraq. We can’t let that country develop into a failed state. We have to support the Iraqi interim government.

COMMITMENTS IN AFGHANISTAN AND IRAQ, AND POSSIBLY DARFUR, TAKE NATO FAR OUTSIDE ITS ORIGINAL REMIT. IS NATO BECOMING THE WORLD’S PEACEKEEPER? NATO is about collective security and collective defense. To do that, we need a huge transformation agenda. Afghanistan is logistically very complicated and far away from home. But NATO has made a commitment. Why? Because if we do not fight threats far away from home, they land on our doorstep. We are in Afghanistan to prevent that country from becoming a safe haven for terrorists again. We used to defend our borders; now we have to project stability. That’s what we’re doing in Afghanistan, in Kosovo, in Bosnia. NATO has neither the means nor the ambition to be the world’s gendarmes, but it will act if it sees that action is in the interests of the alliance. NATO has a lot on its plate. Let’s not have unrest if an alliance of 26 nations starts to argue and debate, because that’s what the alliance is for. These are uncharted waters for NATO, but I’m not the type of Secretary-General who sits back and says, Hands off uncharted waters.
©TIME

http://www.time.com/time/europe/magazine/article/0,13005,901040927-699351,00.html
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L’ambassadeur britannique à Rome critique la politique étrangère de George Bush
LEMONDE.FR | 20.09.04 | 18h31
Lors d’un séminaire diplomatique, il a affirmé que le président américain est le “meilleur sergent recruteur d’Al-Qaida”.

L’ambassadeur du Royaume-Uni en Italie, Sir Ivor Roberts, a accusé le président américain, George W. Bush, d’être “le meilleur sergent recruteur d’Al-Qaida” et ses propos, rapportés par la presse, lundi 20 septembre, ont déclenché une polémique dans la péninsule.

Malgré les réactions indignées de la presse, l’ambassade du Royaume-Uni s’est refusée à tout commentaire.

Sir Ivor Roberts a fait ce commentaire dimanche au cours d’un séminaire italo-britanique organisé par le British Council à Pontignano, près de Sienne, devant un aréopage de responsables.

Ses propos ont été rapportés aux médias malgré la règle dite de “Chatham House”, qui veut que les propos prononcés dans ce type de réunions ne soient pas attribuables.

Le journaliste italien Giuliano Ferrara, directeur du quotidien Il Foglio et ancien porte-parole de Silvio Berlusconi, a dénoncé lundi la prise de position de Sir Ivor Roberts dans une lettre ouverte dans laquelle il décline une invitation à dîner de l’ambassadeur du Royaume-Uni.

“J’aurais eu grand plaisir à participer à ce dîner. Mais dès lors que vous considérez le président des Etats-Unis comme le plus efficace sergent recruteur d’Al-Qaida, ce dîner serait une perte de temps et une imposture. Je préfère dîner avec Loïk Hennekinne, qui représente loyalement à Rome le président français Jacques Chirac”, lui a-t-il annoncé.

Le gouvernement italien dirigé par Silvio Berlusconi se veut l’un des plus fidèles alliés des Etats-Unis en Europe et a envoyé 3 000 militaires en Irak.

Très américanophile, Giuliano Ferrara a publiquement fustigé dans ses articles l’opposition du président français à l’intervention anglo-américaine en Irak et, dans un récent éditorial titré “Francophobie”, il a recommandé au gouvernement italien de “faire tout le contraire de ce que veulent les Français”.

Cette polémique intervient alors que l’Italie est toujours sans nouvelle des bénévoles Simona Torreta et Simona Pari, enlevées le 7 septembre à Bagdad dans les locaux d’une ONG pacifiste pour laquelle elles travaillaient.

Avec AFP

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-379859,0.html
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September 23, 2004
DIPLOMACY
European Press Criticizes Bush Address to U.N. as a Denial of a Worsening Situation in Iraq
By PATRICK E. TYLER

LONDON, Sept. 22 - The editorial cartoon in The Times of London on Wednesday was derisive: the first panel showed President Bush telling the United Nations General Assembly, “Friends, our policy in Iraq is directed solely towards a successful election.”

The second panel had him saying which election: “Mine.”
European newspapers, including some that supported the American military campaign in Iraq, were largely critical of Mr. Bush’s address on Tuesday to the United Nations, accusing him of being unrealistic about the worsening situation in Iraq.

The Financial Times contended in its lead editorial that the Bush administration “systematically refused to engage with what actually has happened in Iraq” - namely, in the newspaper’s view, that American policy “mistakes” had “handed the initiative to jihadi terrorists” who “now have a new base from which to challenge the West and moderate Islam.”

The newspaper said that Mr. Bush’s Democratic challenger, Senator John Kerry of Massachusetts, “after being evasive, long-winded and sometimes contradictory,” was beginning to speak more realistically than Mr. Bush about the deterioration of security in Iraq. And, the newspaper asserted, Mr. Bush’s “disengagement from the reality of a sinking Iraq is alarming.”

The left-leaning Independent of Britain carried an editorial cartoon of Osama bin Laden putting up a Bush campaign poster saying “4 More Years” on a shell-pocked bit of masonry in Iraq. The cartoon seemed to be inspired by a diplomatic spat over remarks attributed to the British ambassador to Italy, Sir Ivor Roberts. After a private discussion on policy that was supposed to be off the record, Sir Ivor was quoted by an Italian newspaper as saying that Mr. Bush had become “the best recruiting sergeant” for Al Qaeda.

In its editorial, The Independent said that Mr. Bush “gave little hint” in his speech of the “catastrophic war” under way in Iraq. “Instead of a measured account of reality in Iraq,” the editorial said, “he treated the ranks of national leaders gathered at the U.N. to a portentous and self-justifying speech brimming with clichés about ‘freedom’ and ‘democracy’ that glorified the American way.”

Applause for Mr. Bush was scarce on the Continent, but in Poland, the Gazeta Wyborcza newspaper ran a commentary by Foreign Minister Wlodzimierz Cimoszewicz, who noted that Mr. Bush’s speech had to be considered in the context of an election campaign. And after hearing the views of Senator Kerry, the foreign minister said, Poland considers itself “closer to the position presented by Bush.

The Polish newspaper Nasz Dziennik, however, argued in an editorial that Mr. Bush, having “attacked Iraq in defiance” of those nations that called for United Nations authorization for invasion, Mr. Bush was now trying to convince the international community that it should pay for the “chaos’’ caused by “reckless policy.”

In France, two major newspapers commented on Mr. Bush’s remarks, one by contrasting his approach with Mr. Kerry’s. The left-of-center Libération congratulated Mr. Kerry for belatedly setting forth a comprehensive position on Iraq, and for advocating an approach that would “involve U.S. allies in a broader way.”

President Bush, the paper said, is “part of the problem rather than the solution” when it comes to working with allies. In his speech to the United Nations, the paper said, Mr. Bush “showed that slightly autistic self-satisfaction remains the dominant tendency of American power.”

In Le Figaro, which reflects the thinking of France’s conservative establishment, the correspondent Philippe Gélie wrote that Mr. Bush was “impervious to criticism’’ in the conduct of American foreign policy, and characterized his speech as that of a “campaigning American president’’ who “lectured the rest of the world.’‘

“In his vision of a global war between good and evil, each new crime strengthens his conviction of having been right against those who accuse him of having invaded Iraq under false pretenses,’’ Mr. Gélie wrote.

An editorial in the German daily Tagesspiegel was blunt. Its headline: “U.S., U.N., Iraq: The truth counts for nothing.’‘

Italy’s largest newspaper, Corriere della Sera, said Mr. Bush had “forgotten that his go-it-alone approach has alienated many sympathizers’’ with American goals in the Middle East, and warned the White House that it would take more “than an isolated appeal during an election campaign’’ to rebuild the consensus that once existed on Iraq.

http://www.nytimes.com/2004/09/23/international/europe/23europe.html

Turkey's Accesion Feeds A Raging Debate As Controversy on Adultery Stays Unresolved

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Stassen

  22/09/2004

Fustigé par l’UE, le projet de loi pénalisant l’adultère est pourtant remis à l’ordre du jour.
L’Union européenne crie à la tromperie de la Turquie
Par Marc SEMO
samedi 18 septembre 2004

Ankara envoyé spécial
A moins de trois semaines de l’avis que doit rendre la Commission européenne sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec la Turquie, le climat s’envenime entre Ankara et Bruxelles. Dans une nouvelle volte-face, jeudi dans la nuit, le Parti de la justice et du développement (AKP), issu du mouvement islamiste, et fort de près de deux tiers des sièges à l’Assemblée nationale, a finalement remis sur la table le très controversé projet de loi pénalisant l’adultère de six mois à un an de prison. Sous la pression des Européens, pour lesquels cette mesure «porterait atteinte à la perception qu’on a dans l’Union de l’effort de réformes en Turquie», le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan avait renoncé mardi à insérer cet article dans le nouveau code pénal turc, globalement plus libéral et élargissant les libertés publiques afin de faciliter l’accession du pays à l’UE.

Imam. Mais, à la surprise générale, l’AKP a refusé jeudi de voter les derniers articles sur la mise en application du nouveau code, bloquant ainsi l’ensemble de la réforme. A Bruxelles, le commissaire à l’Elargissement, Günter Verheugen, s’est immédiatement ému de ce «développement très inquiétant», tandis qu’à Ankara, le Premier ministre, Erdogan, lui répliquait sèchement en niant à l’UE le droit de «s’immiscer dans les affaires intérieures» de son pays. «Nous sommes la Turquie et les Turcs. Nous prendrons nos propres décisions, dans notre Parlement», a martelé Erdogan, lors d’une réunion des dirigeants provinciaux de l’AKP. Un fort courant au sein de son parti voudrait réintroduire dans le texte la sanction de l’adultère, rebaptisé «infidélité sexuelle». Dans ce nouvel amendement, les relations extraconjugales avec une deuxième ou troisième femme ne tomberaient pas sous le coup de la loi si elles sont entérinées devant un imam.

«C’est une attitude absurde et suicidaire», commente un haut fonctionnaire turc du ministère des Affaires étrangères. Le parlement risque en effet de ne pouvoir adopter le nouveau code pénal avant le 6 octobre, date de publication du rapport de la Commission sur les progrès de la démocratisation turque. C’est sur cette base que les dirigeants européens décideront, le 17 décembre, d’ouvrir (ou pas) les négociations. Or, a souligné vendredi Verheugen, «il serait beaucoup mieux que le code pénal soit adopté, parce qu’il est au coeur de la question de savoir si la Turquie répond ou non aux conditions d’un Etat de droit». A la veille de rendre son crucial rapport, le commissaire a en outre dépêché une mission chargée d’enquêter sur des accusations de torture systématique lancées par une organisation de défense des droits de l’homme.

L’affaire de l’adultère avait déjà déclenché un concert de critiques. Nombre de juristes turcs ont souligné que de telles mesures «n’existent que dans les pays où la charia est en vigueur». Bruxelles avait alors lancé «un amical avertissement» à Ankara. Le retrait de l’article n’avait qu’en partie calmé les esprits.
Franc rejet. Le dernier virage à 180 ° de l’AKP apporte un peu plus d’eau au moulin de tous ceux qui s’opposent, en Europe, à une future arrivée de la Turquie. Après le franc rejet exprimé par deux commissaires européens, le Néerlandais Frits Bolkestein et l’Autrichien Franz Fischler (Libération du 13 septembre), c’est Angela Merkel, la présidente de la CDU allemande, qui a écrit cette semaine à tous les chefs de gouvernement conservateurs européens pour les mettre en garde contre cette adhésion et prôner plutôt l’idée d’un partenariat privilégié avec ce grand pays musulman.

Tant en Turquie qu’à Bruxelles s’accroît en tout cas le doute sur le réel engagement européen de l’AKP et de son leader incontesté Erdogan. Très traditionaliste, l’ex-maire islamiste du grand Istanbul entretient la confusion : il donne des gages à la frange conservatrice de son parti tout en jouant la carte européenne, pragmatisme oblige, dans un pays massivement en faveur de l’entrée dans l’UE.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=239505

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Analysis: Turkey, adultery, and the EU
By Jonny Dymond
BBC correspondent in Istanbul, Turkey

For weeks Turkey has been talking frenziedly about adultery. It’s nothing to do with the country’s sexual habits. There’s been nothing to indicate an upsurge in infidelity.

Instead, the newspapers and talk shows, government and opposition, pressure groups and activists have all been homing in on a change that was proposed to Turkey’s penal code, which would have criminalised adultery, making it punishable with either a fine or imprisonment.
The issue hit so many buttons.

To some it was a question about the role of the state on private life.

To others there was a whiff of Islamism about the whole thing - no small accusation in a country where the military protects the secular nature of the Republic and the government of the day has to watch its steps lest it be accused of Islamist intentions.

Then there was Turkey’s EU future, or at least its hopes.

European politicians and officials were making less and less subtle references to their deep dislike of the proposed law.

And running through the whole saga was of course, sex, a delight to journalists and bar bores whatever the country.

‘Overshadowed’

By lunchtime on Tuesday, Turkey’s Foreign Minister Abdullah Gul, who, along with the Prime Minister Recep Tayyip Erdogan, appears to have brought Turkey to within inches of EU membership negotiations, had clearly had enough.

The changes to the penal code, he told parliamentary colleagues, were being overshadowed by the row over adultery.

By late afternoon on Tuesday the adultery proposal was dead and gone, washed away by a fudgy parliamentary compromise that just about allowed the government to save face.

If you want to know why, look at Abdullah Gul’s comments. Not only was the adultery proposal being met with a tidal wave of abuse across much of Europe. But that wave was threatening to swamp the reform of the country’s Penal Code, a reform it was undertaking in order to bring itself into line with European standards.
By bringing in the adultery proposal, the government was not so much shooting itself in the foot as amputating limbs without anaesthetic. Because reform of the penal code is actually something to boast about.

EU officials acknowledge that there are some things they would have liked to have seen in the reforms that have not made it. But in general they are enthusiastic; “modern” and “progressive” was how one official spoke of the proposed reforms.

As has been the pattern of the last few years, this is a sweeping overhaul of Turkey’s legislation, especially as it relates to violence against women.

Proposed changes

Rape within marriage is to be made a crime. Leniency for rapists who marry their victims will be abolished. Leniency for mothers who kill their children will also disappear. The difference between women and girls in sexual assault cases is disappearing.

Provocation will no longer be a defence in “honour killings” - murders of women accused of illicit affairs by their relatives. The idea of “honour”, a societal code once enshrined in the legal code, is to go. Attacks on women that were once handled as attacks on the family or as creating disorder in society, will now be treated as attacks on individuals.

The statute of limitations for major corruption cases, especially involving government and business, is to be abolished. All laws will have to be in accordance with the international agreements that Turkey is party to. Discrimination on religious, ethnic and sexual grounds is made a crime.

Privacy is also to be protected - the police will be punished for entering homes without good reason, the interception of telephone calls and the gathering of personal information restricted. And heavy penalties are to be introduced for environmental destruction.
Public endorsement

As with so many of the reforms of the past three years, this has been a top-down business. There has been greater involvement by NGOs and pressure groups than before. But the vast majority of Turkish citizens are unlikely to know anything of the changes being made to their legal system.

Except, perhaps, for the adultery proposal. And there is the irony. Because despite the high-octane abuse levelled at the government, both inside and outside Turkey, there was significant public support for the proposed law.

And now, without any debate in parliament, it is gone, swept away as part of the government’s single-minded pursuit of EU membership.

The adultery law was without doubt overshadowing all the good work of the penal code. But, for some, its sudden disappearance may be a rather rude awakening to the demands of the EU membership process.

Story from BBC NEWS:
http://news.bbc.co.uk/go/pr/fr/-/1/hi/world/europe/3659298.stm

Published: 2004/09/15 13:50:33 GMT
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Charge contre l’adhésion d’Ankara à l’UE
La Commission de Bruxelles est très divisée sur l’ouverture des négociations.
Par Nathalie DUBOIS
lundi 13 septembre 2004

L’adhésion de la Turquie ne fait pas consensus à Bruxelles. Alors que la Commission européenne s’apprête à rendre, le 6 octobre, un avis sans doute positif sur l’ouverture de négociations avec Ankara, deux commissaires sont montés à la charge. Le libéral néerlandais Frits Bolkestein, en charge du Marché intérieur, a brandi lundi le spectre d’une «islamisation» de l’UE. Citant l’expert américain Bernard Lewis, selon qui l’Europe deviendra musulmane d’ici la fin du siècle, en raison des flux migratoires et de la démographie, il ajoutait que si cela se réalise, «la libération de Vienne en 1683 [attaquée par l’empire ottoman] aura été vaine.»
Son collègue autrichien Franz Fischler partage cette hostilité. Dans une lettre à ses pairs de l’exécutif européen, révélée vendredi par le Financial Times, le commissaire à l’Agriculture énumère les dangers d’une adhésion turque. Il émet «des doutes» quant à l’ancrage «démocratique et laïc à long terme de la Turquie», et craint «un retour de bâton fondamentaliste». Pour Fischler, admettre ce pays culturellement «oriental» et géographiquement asiatique ouvrirait «une boîte de Pandore géostratégique». Comme Bolkestein, l’Autrichien juge par ailleurs insupportable le coût de l’intégration d’Ankara, qu’il chiffre à 11,3 milliards d’euros par an rien que pour les subventions agricoles. Dernier argument, l’hostilité de bon nombre de citoyens de l’UE à l’entrée de la Turquie : «Nous ne pouvons pas continuer à ignorer l’opinion publique et laisser la construction européenne aux diplomates.»
Selon un commissaire européen anonyme, cité par Reuters, sept des trente membres de la Commission penseraient de la sorte. Ce qui ne suffirait pas à bloquer l’adoption d’un avis positif. Le dernier mot reviendra, quoi qu’il en soit, au Conseil européen des 25 chefs d’Etat ou de gouvernement, qui doit se prononcer à l’unanimité le 17 décembre.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=238134
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“Europa wird am Ende des Jahrhunderts islamisch sein”
Der Islamforscher Bernard Lewis über den Zustand der arabischen Welt und warum die Herrscher Israel als Blitzableiter brauchen
von Wolfgang Schwanitz
DIE WELT: Sie erklären in Ihrem jüngsten Buch “Atatürks Paradox”: Er habe nach dem verlorenen Krieg die Türkei gegründet und dem Westen widerstanden, aber Weichen zur Annahme von Vorzügen der westlichen Zivilisation gestellt. Geht es darum auch im Irak?
Bernard Lewis: Nicht ganz, denn Atatürk vertrieb die Invasoren, errichtete eine Republik und ging erst dann westliche Wege. Im Irak hingegen ist die Diktatur von außen beseitigt worden. Aber sie war auch von außen aufgedrängt worden. Saddam Husseins Macht wurzelte nicht in der arabisch-islamischen Kultur. Sie beruhte auf einem europäischen Modell, dem der Nazis.
DIE WELT: Wann war das?
Lewis: Im Jahre 1940. Die Franzosen ergaben sich. Die Vichy-Regierung wurde ein deutscher Satellit. Damit standen die französischen Mandatsgebiete von Libanon bis Syrien für die Deutschen offen, die sie benutzten, um ihren Einfluss im arabischen Osten zu erweitern.
DIE WELT: Im Irak waren die Deutschen am Anfang erfolgreich.
Lewis: Ja, denn das Regime, dass die Deutschen dort unter Raschid Ali al-Kailani 1941 installiert hatten, war der Gipfel ihres Erfolges. Es war dem Typ nach eine Nazi-Regierung, unterstützt von einer nazi-ähnlichen Bewegung, die in die Baath-Partei mündete. Die islamische politische Tradition kennt zwar Autokratie und Gehorsam, weist aber Despotismus und Diktatur zurück.
DIE WELT: Haben die Reformen seit dem 19. Jahrhundert der Baath-Diktatur den Weg geebnet?
Lewis: Sicher. Im Irak ging es damals um Modernisierung oder Verwestlichung. Europa galt als Modell der Moderne. Aber was hieß das? Die zentrale Autorität zu stärken. Der Staat erhielt mehr Macht. Zugleich wurden die Kräfte der traditionellen Gesellschaft geschwächt, die ein Gegengewicht zum Staat gebildet hatten. Beschnitten wurde alles, was von innen organisch gewachsen war: Basar-Händler, Stämme, ländliche Notabeln und religiöse Würdenträger. Sie alle waren nicht durch den Staat ernannt, sondern ihre Führer erwuchsen aus der sozialen Ordnung heraus.
DIE WELT: Wie stehen die Chancen für eine Befriedung der Palästinafrage ohne Saddam Hussein?
Lewis: Sie haben sich von keinen zu geringen Chancen verbessert. Die Betroffenen sehen mehr, was sie vorher entweder nicht erkannten oder nicht wagten, anzusprechen. Zum Beispiel ergab eine Umfrage in Gaza, wer an der Misere Schuld sei, dass nur noch eine Minderheit auf die Israelis verwies. Früher wurde denen alle Verantwortung zugeschoben. Jetzt halten Palästinenser ihre eigenen Führer für verantwortlich. Ein großer Fortschritt.
DIE WELT: Spielen die Medien da eine Rolle?
Lewis: Natürlich. Israel, so gut oder schlecht es in seiner bunten Zusammensetzung auch sein mag, ist eine Demokratie und offene Gesellschaft. Darüber berichtet das Fernsehen in den umliegenden diktatorischen Ländern. Auf meinen Reisen sah ich, dass Israels Nachbarn den dortigen Meinungsstreit verfolgen. Etwas also, was es bei ihnen so kaum gibt.
DIE WELT: Ist Jassir Arafats Zeit vorbei?
Lewis: Ich hoffe. Aber er hat doch eine bemerkenswerte Fähigkeit zum Überleben. Ein Problem ist freilich die Bereitschaft vieler, ihm zu helfen - vor allem in Europa.
DIE WELT: Er ist eine Galionsfigur.
Lewis: Er ist mehr als das. Er übt die wirkliche Kontrolle aus und erhält jährlich Millionen Dollar, darunter von der Europäischen Union ohne klare Rechenschaft.
DIE WELT: Israels Zaun auf der Grünen Linie (Waffenstillstandslinie von 1949, d. Red.) oder auf besetztem Gebiet, ist das der entscheidende Punkt?
Lewis: Die Grüne Linie hat wenig Sinn, denn liest man die Waffenstillstandsabkommen von Rhodos nach dem Krieg 1949, so steht dort klar, dies sei die Linie des Waffenstillstandes, kein Grenzverlauf.
DIE WELT: Die UN-Vollversammlung hat den Bau des Zaunes verurteilt.
Lewis: Überzeugender wäre es gewesen, wenn dieses Gremium etwas fairer wäre. Sehr einseitig wies es nur knapp auf das Problem des Terrors und der Selbstmordanschläge hin, die der Hauptgrund für den Bau dieser Barriere sind. Israel gab es schon lange, aber ohne Zaun. Der ist ein Akt der Verzweiflung, eine Reaktion auf die Anschläge. Das hätte die UNO besser beachten sollen.
DIE WELT: Was sind die Voraussetzungen für Verhandlungen zwischen Israelis und Palästinensern?
Lewis: Jeder muss die Legitimität sowie die staatliche Existenzberechtigung des anderen anerkennen. Wenn es darum geht, wie groß Israel sein soll oder wie dessen Grenze verläuft, so ist das verhandelbar. Außerdem muss dem Terror entsagt werden. In gewisser Weise ist die Palästinafrage sehr wertvoll für die Regierungen der Region. Der arabische Raum ist wirtschaftlich hinter Äquatorialafrika zurückgefallen. Die Einwohner wissen das und hegen berechtigte Wut gegen ihre Regierungen. Diese lenken den Zorn auf die Palästinafrage. Wenn sie kein Israel hätten, müssten sie es erfinden. Ansonsten träfe sie nämlich der ungeteilte Zorn ihrer Einwohner.
DIE WELT: Wie steht der Iran zu Friedensverhandlungen?
Lewis: Dessen Regierung ist ein Problem, denn sie hilft diversen, sich religiös definierenden Terrorgruppen in Gaza und Libanon. In Teheran selbst hat man den Islam verdreht. Sie sind dort nicht nur antijüdisch, sondern auch antichristlich, obwohl der Koran Toleranz gebietet.
DIE WELT: Sie sahen einst die islamische Revolution von Ayatollah Khomeini 1979 im Iran voraus. Was möchten Sie heute voraussagen?
Lewis: Eine demokratische Revolution im Iran und im Irak. Ich sehe dafür originäre Potenzen. Aber es wird weder schnell noch leicht sein.
DIE WELT: Hat Irans islamische Revolution das Leben verbessert?
Lewis: Nein. Der Lebensstandard verschlechterte sich in jeder Hinsicht. Es gibt weniger Freiheit, einen minderen ökonomischen Standard. Vor allem Frauen geht es viel schlechter. Das legale Hochzeitsalter war zuvor 18. In dieser Republik ist es neun Jahre. Sie legalisierten die Verheiratung kleiner Mädchen, islamischen Scharia-Gesetzen folgend.
DIE WELT: Saudi-Arabien ließ einen Ungeist aus der magischen Flasche. Können sie ihn zurückholen?
Lewis: Kaum. Die Lage wird angespannter. Extremisten stellen sich auf Webseiten zur Schau. Die wahhabitische Richtung zeigt sich als extrem fanatisch, intolerant und gewaltsam. Das ist nicht der traditionell tolerante Islam. Heute gibt es dort Massaker durch sunnitische Extremisten, die betende Schiiten ermorden. Das ist die neue wahhabitische Version des Islam.
DIE WELT: Könnte eine bessere Bildung den tiefen Komplex der Araber gegenüber dem Westen abbauen?
Lewis: Ja, denn es sind begabte Menschen. Früher zählten sie zu den besten Forschern. Dann fielen sie zurück. Ein Grund dafür ist das Ersterben der Forschung. Im Mittelalter waren islamische Gesellschaften sehr aktiv und kreativ. Warum verharrten dieselben Menschen plötzlich im intellektuellen Abseits? Einige sagen, dies war Folge des Verfalls der Wirtschaften. Eine andere Sache: die Entdeckung Amerikas. Dies war sicher eine Ursache, warum Europa voranging. Es entdeckte die Neue Welt, die Gold- und Silberländer, die Ländereien für neue Saatgüter. Dabei machte es technologische Fortschritte und mauserte sich zum modernen Europa. Aber warum haben die Muslime nicht Amerika entdeckt? Sie hatten auch eine atlantische Küste.
DIE WELT: Europäer bauten Atlantik-Schiffe, Muslime leichte für das Rote Meer und den Indischen Ozean.
Lewis: Genau, als die europäischen Schiffe in östlich-asiatische Gewässer kamen, hatten sie, gebaut für den Atlantik, Vorteile: mehr Kanonen, Besatzung und Fracht.
DIE WELT: War die Behandlung der Frau ein weiterer Punkt?
Lewis: Ja, eine der größten Errungenschaften der Christenheit ist die allgemeine Akzeptanz der Monogamie. Alle anderen Zivilisationen haben Polygamie erlaubt. Das Christentum war die erste Weltreligion, in der nur eine Frau erlaubt wurde. Wie türkische Autoren bereits betonten, Frauen sind nicht nur eine Hälfte der Bevölkerung, sondern sie sind auch die Mütter der anderen Hälfte. Kinder, die mit einer gebildeten Mutter heranwachsen, erreichen sicher mehr im Leben als solche mit einer Analphabetin als Mutter. Trotzdem haben islamische Gebiete ihre Perioden der Blüte erlebt.
DIE WELT: Vielleicht sind Frauen im frühen Islam viel besser als später behandelt worden?
Lewis: So ist es. In den königlichen Familien in Europa waren Frauen und Töchter stets wichtig. Mütter standen im Familienstammbaum. Bei den Osmanen hingegen wissen wir oft nicht, wer die Mütter waren. Sie waren meist namenlose Konkubinen aus dem Harem. Dem war nicht so im frühen Islam. Bei den Kalifen und der Umayyaden-Dynastie (von 661 bis 750 n. Chr., d. Red.) etwa waren Mütter freie Damen. Das System des Harems kam später.
DIE WELT: Der Islam wirkte einst als großer Friedensbringer in seinen eigenen Räumen.
Lewis: Sicher, obwohl es natürlich auch Kriege untereinander gab, etwa türkische Sultane gegen persische Schahs. Aber das war wenig im Vergleich zur Kriegsgeschichte Europas, dessen viele Kriege auch die militärische Technologie vorantrieb. Außerdem mussten Europäer viele Sprachen erlernen, um sich verständigen zu können. In islamischen Regionen gab es hingegen drei entscheidende Sprachen: Arabisch, Persisch und Türkisch. Europäer mussten aber nicht nur die Sprachen ihrer Nachbarn erlernen, sondern auch die ihrer Vorfahren, um solche Schriften wie das Alte und das Neue Testament lesen zu können: Hebräisch und Griechisch.
DIE WELT: Welches Land kann in der Bildung Modell stehen: Irak, Palästina, Ägypten oder die Türkei?
Lewis: Vor Jahren hätte ich auf Tunesien verwiesen, aber dort geht es bergab. Die Regierung wird weniger liberal, mehr autokratisch. Tunesien zählte einst zu den Vorreitern von Offenheit, Erziehung und Frauenrechten. Nun geht es rückwärts, im Gegensatz zu Marokko.
DIE WELT: Der Kampf gegen al-Qaida - wird er Jahrzehnte dauern?
Lewis: Ich glaube, dass es ein langer Prozess ist und die Ergebnisse keineswegs sicher sind. Man muss die Möglichkeit einkalkulieren, dass al-Qaida gewinnen könnte. Sie haben viele Verbündete im Westen, bewusste und unbewusste. Zu den bewussten zähle ich die wachsenden islamischen Minderheiten und Konvertiten Europas. Es verhält sich ähnlich wie damals mit dem Kommunismus, der Unzufriedenen im Westen gefiel, da er ihnen eindeutige Antworten zu geben schien. So hat auch der radikale Islam Anziehungskraft auf Menschen. Er vermittelt ihnen Überzeugungen und Gewissheiten, ja gibt ihnen den Sinn einer Mission. Sie erscheinen vereint, die Demokratien aber tief gespalten.
DIE WELT: Also kommt ein globales islamisches Reich?
Lewis: In Demokratien scheint man einander mehr zu hassen als äußere Gegner. Die Schwäche und Spaltung scheinen die westliche Seite zu beherrschen. Die Politik in Europa ist da nicht gerade hilfreich, insbesondere nicht die französische und die deutsche Politik
DIE WELT: Ist al-Qaida noch stark genug für einen ähnlichen Schlag wie am 11. September 2001?
Lewis: Oh, ja. Davor gab es eine lange Folge von Angriffen auf die amerikanischen Einrichtungen. Radikale wurden ermutigt, da eine wirksame Gegenwehr fehlte. Nach dem 11. September waren sie schockiert über die Härte der neuen US-Administration in Afghanistan und Irak. Dann sah al-Qaida in westlichen Debatten Schwäche und Spaltung. Natürlich fühlen sie sich ermutigt und begannen wieder, darunter in Spanien, das dann seine Truppen aus Irak abzog. Zweifellos könnten weitere Anschläge folgen.
DIE WELT: Welche Ursache hat die Spaltung zwischen USA und EU?
Lewis: Im Hinblick darauf könnte sich die EU als Neidgenossenschaft umbenennen. Es ist ja sehr erklärlich, dass Europäer gegenüber Amerika Vorbehalte hegen, dass sie ja weit überflügelt hat. Deswegen verstehen Europäer die Muslime gut, die sich gegenüber Amerika so ähnlich fühlen.
DIE WELT: Worin könnte die Spezialität einer deutschen Nah- und Mittelostpolitik liegen?
Lewis: (lacht) In der Weisheit, das Gefühlsbetonte und das Irrationale der französischen Politik auszubalancieren.
DIE WELT: Wird die EU ein globales Gegengewicht zu Amerika bilden?
Lewis: Nein. Neben den Vereinigten Staaten werden künftig globale Spieler China, Indien und möglicherweise ein gesundetes Russland sein. Sicher weiß niemand, welcher Art die Macht in Moskau sein wird, aber gewiss nicht kommunistisch. Europa wird Teil des arabischen Westens sein, des Maghrebs. Dafür sprechen Migration und Demografie. Europäer heiraten spät und haben keine oder nur wenige Kinder. Aber es gibt die starke Immigration: Türken in Deutschland, Araber in Frankreich und Pakistaner in England. Diese heiraten früh und haben viele Kinder. Nach den aktuellen Trends wird Europa spätestens Ende des 21. Jahrhunderts muslimische Mehrheiten in der Bevölkerung haben.
Mit Bernard Lewis sprach in Princeton Wolfgang G. Schwanitz.
Artikel erschienen am Mi, 28. Juli 2004
http://www.welt.de/data/2004/07/28/310913.html

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Merkel wirbt um Verbündete gegen EU-Beitritt der Türkei
In einem Brief an konservative europäische Parteien bemüht sie sich um eine einheitliche Haltung. Die CDU-Chefin plädiert für eine priviligierte Partnerschaft

CDU-Chefin Angela MerkelFoto: dpa
Berlin -  Die CDU-Vorsitzende Angela Merkel will EU-weit eine Mehrheit gegen eine Vollmitgliedschaft der Türkei in der Europäischen Union erreichen. In einem Brief an die christdemokratischen und konservativen Regierungschefs und Parteiführer in der EU warb sie deshalb für das CDU/CSU-Konzept einer privilegierten EU-Partnerschaft mit der Türkei.
Zu den Angeschriebenen gehören die Regierungschefs Silvio Berlusconi (Italien), Wolfgang Schüssel (Österreich), Jean-Pierre Raffarin (Frankreich), Jean Claude Juncker (Luxemburg), Jan-Peter Balkenende (Niederlande), Pedro Lopes (Portugal), Kostas Karamanlis (Griechenland) und Juhan Parts (Estland).
In Brüssel stieß der Vorstoß Merkels auf Verwunderung. Der christdemokratische Regierungschef Luxemburgs, Jean-Claude Juncker, distanzierte sich vorsichtig. In dem Merkel-Text heißt es: „Ich möchte mit diesem Schreiben anregen, dass auch Ihre Parteien sich in Ihren Ländern und in der EVP erneut mit diesem Konzept
befassen und diesen Lösungsansatz zu Eigen machen.“ Juncker sagte in Straßburg, die Türkei habe bereits seit fünf Jahren Kandidatenstatus. Jetzt sei es zu spät dafür, ihr eine privilegierte Partnerschaft anzubieten. Die EU werde sich aber alle
Optionen offen halten, sagte Juncker. Sollten Beitrittsverhandlungen aufgenommen werden, könnten sie auch jederzeit wieder einvernehmlich unterbrochen werden.
Merkel begrüßt in dem Schreiben das „bemerkenswerte Reformprogramm“ der türkischen Regierung und spricht von einem „Modell eines laizistischen, demokratischen Saates in der islamische Welt“. Sie bekräftigt darin aber ihre Ansicht, dass eine Vollmitgliedschaft der Türkei die Integrationskraft der EU überfordere.
Regierungssprecher Béla Anda sagte dem Nachrichtensender n-tv: „Die Bundesregierung ist der Auffassung, dass die Türkei, die seit 1963 eine Beitrittsperspektive hat, auch aus Gründen der Glaubwürdigkeit eine echte Perspektive verdient hat: Nämlich Vollmitglied der Europäischen Union zu werden - wenn sie die Kriterien der Europäischen Kommission und insbesondere des
Europäischen Rates erfüllt hat.“
Die EU-Kommission wird Anfang Oktober ihre Empfehlung für die Aufnahme von Beitrittsverhandlungen mit Ankara vorlegen. Die Staats-und Regierungschefs der EU entscheiden darüber im Dezember.
Merkels Kurs stößt auch innerparteilich nicht nur auf Zustimmung. Der frühere CDU-Verteidigungsminister Volker Rühe erinnerte daran, dass es die Regierung unter Helmut Kohl (CDU) war, die 1997 die EU-Beitrittsperspektive mit unterzeichnet habe. Jetzt die Tür zuzuschlagen, destabilisiere das Land und stärke dort die antieuropäischen Kräfte.
Diplomaten in Brüssel verwiesen auf die rechtlich eindeutigen Beschlüsse der Staats- und Regierungschefs. Sie hatten 1999 in Helsinki der Türkei den Kandidatenstatus zugebilligt. Nach einem Gipfel-Beschluss von Ende 2002 soll im Dezember 2004 über die Aufnahme der Verhandlungen entschieden werden. Erfüllt die Türkei die politischen Beitrittskriterien, müssen sie „ohne Verzug“ beginnen.
Der Direktor des Essener Zentrums für Türkeistudien, Faruk Sen, sieht hinter dem Merkel-Vorstoß innenpolitische Beweggründe. „Die CDU-Vorsitzende will mit ihrem Vorschlag innenpolitisch punkten“, sagte Sen der dpa. Sie nutze die derzeitige kritische Einstellung in Europa gegenüber dem Islam, um Wählerstimmen zu gewinnen.  Welt.de

Artikel erschienen am Do, 16. September 2004
http://www.welt.de/data/2004/09/16/333284.html

EU-Beitritt der Türkei stößt auf immer mehr Ablehnung
57 Prozent der Deutschen sind inzwischen dagegen - Merkel wirbt für eine privilegierte Partnerschaft
Berlin/Brüssel -  Unmittelbar vor der Entscheidung der EU-Kommission über die Aufnahme von Beitrittsverhandlungen mit der Türkei wächst im größten Mitgliedsland der EU die Skepsis gegenüber die Türkei. Nach einer Umfrage von TNS-Emnid für die WELT würden nur noch 34 Prozent der Deutschen einen EU-Beitritt der Türkei begrüßen, im April waren es noch 39 Prozent. Die Zahl der Beitritts-Gegner ist indessen um sechs Punkte auf 57 Prozent gestiegen.
Nicht nur weite Teile der deutschen Bevölkerung lehnen die Aufnahme der Türkei ab, auch in Politik und Gesellschaft macht sich Unbehagen breit. So warnt der frühere Bundeskanzler Helmut Schmidt in der “Zeit”: “Ein Scheitern der EU oder eine Schrumpfung zu einer bloßen Freihandelszone ist nicht mehr undenkbar”. Kardinal Joseph Ratzinger, einer der einflussreichsten Kirchenmänner im Vatikan, hatte zuvor in einem Interview davor gewarnt, die Türkei an die EU zu binden. Das Land stehe in permanentem Kontrast zu Europa.
Auch wenn die türkische Regierung inzwischen ihr Vorhaben, Ehebruch unter Strafe zu stellen, fallen gelassen hat, ist die EU-Kommission über die Menschenrechtslage in der Türkei nach wie vor besorgt. Eine Delegation von hochrangigen EU-Beamten wird heute in Ankara mit Vertretern der Human Rights Foundation zusammentreffen. Deren Sprecher, Yuvas Önen, hatte gegenüber EU-Kommissar Günter Verheugen über nach wie verbreitete “systematische Folter” in der Türkei geklagt und fast 600 Fälle dokumentiert. Verheugen hatte daraufhin eine sofortige Überprüfung angeordnet und gesagt, sollten sich die Vorwürfe bewahrheiten, “brauchen wir über die anderen Kriterien gar nicht erst reden”.
Die Union befürchtet, dass die EU-Kommission dennoch die Aufnahme von Beitrittsverhandlungen empfehlen wird. Das aber könnte zu einem wesentlich früheren Beitritt des Landes führen als bislang behauptet. Die Verhandlungen würden “keineswegs zehn bis 15 Jahre dauern”, sagte der EVP-Abgeordnete Markus Ferber, Vizevorsitzender der CDU/CSU-Gruppe im Europäischen Parlament. Vielmehr sei man sich in Brüssel einig, dass mit Verhandlungsbeginn “seitens der Türkei ein starker Einigungsdruck entstehen und die Gespräche nach fünf Jahren sicher abgeschlossen” seien. Der längere Zeitrahmen werde verbreitet, “um in der Öffentlichkeit den Eindruck zu erwecken, dass ein Beitritt der Türkei noch in weiter Ferne” liege.
Der Vorsitzende der CSU-Europagruppe bekräftigte, eine Vollmitgliedschaft des Landes in der EU komme für seine Partei “zu keinem Zeitpunkt” in Frage. Mit ihrem Schreiben an die konservativen und christdemokratischen Regierungschefs der EU versucht CDU-Chefin Angela Merkel nicht nur, in der EU Widerstand gegen eine Mitgliedschaft der Türkei zu organisieren. Gleichzeitig wirbt sie bei den europäischen Partnern auch dafür, das Modell einer privilegierten Partnerschaft in Erwägung zu ziehen. Sollten Verhandlungen beginnen, dann sollte zumindest regelmäßig überprüft werden, ob es nicht andere Formen der Zusammenarbeit zwischen Türkei und EU als die Vollmitgliedschaft gebe.
Verheugen will offenbar die Vorbehalte in der Bevölkerung gegen einen Türkei-Beitritt aufnehmen und Anfang Oktober “konditionierte Verhandlungen” vorschlagen. Damit hielte er zumindest die Option für oder wider eine Vollmitgliedschaft der Türkei offen. Vor CDU/CSU-Politikern sagte Verheugen, es könne keine Vollmitgliedschaft der Türkei vergleichbar den bisherigen Mitgliedern geben. Bei einer Aufnahme der Türkei würden sowohl bei den milliardenschweren Strukturfonds als auch im Bereich Landwirtschaft andere Regeln und Ansprüche gelten als für die übrigen EU-Mitglieder, sagte Verheugen. Damit läge Verheugen nahe an den Vorstellungen einer “privilegierten Partnerschaft”.  A.G./mdl./usa

Artikel erschienen am Do, 16. September 2004
http://www.welt.de/data/2004/09/16/333042.html

President Barroso Pledges To Lead An Independent But Member States-oriented EU Commission

Article lié :

Stassen

  22/09/2004

Turquie, France, Constitution : les critiques et le plaidoyer de M. Barroso
LE MONDE | 21.09.04 | 13h22
Dans un entretien au “Monde”, le président désigné de la future Commission européenne estime qu’Ankara ne remplit “pas encore les critères” d’adhésion à l’Union. Dénonçant les débats “politiciens nationaux”, il défend le projet de Constitution et rejette les propositions de M. Sarkozy.
La Constitution risque d’être rejetée en France, une partie de la gauche lui reprochant la faiblesse de son volet social. Comment réagissez-vous ?
Je ne veux pas entrer dans les débats nationaux. J’espère seulement qu’ils porteront sur les mérites de la Constitution et ne se limiteront pas à des débats de politique politicienne nationale. Ce ne serait pas sérieux. Certains critiquent la faiblesse de sa dimension sociale, mais la Confédération européenne des syndicats la soutient. Elle connaît certainement mieux les aspirations des travailleurs que beaucoup d’hommes politiques. Une Constitution ne définit pas un programme politique, mais un ensemble de règles. Avec la même Constitution, vous avez eu en France des gouvernements de droite et de gauche. Avec la Constitution européenne, l’Union pourra choisir une orientation plus libérale ou plus sociale - même si je juge cette dichotomie parfois dépassée. Sur le fond, la Constitution se donne pour objectif l’économie sociale de marché, elle prévoit une base juridique pour les services d’intérêt général, reconnaît le besoin de concertation sociale et inclut la Charte des droits fondamentaux. Aucune de ces dispositions ne figure dans les traités actuels. Franchement, on peut formuler de nombreuses critiques à l’égard de la Constitution, mais pas celle-là.
On reproche à la future Commission, que vous avez formée, de représenter pour l’essentiel la droite libérale !
C’est une caricature. Mon élection est le résultat d’un consensus. Je ne me considère pas comme l’élu de la droite contre la gauche, ou de la gauche contre la droite. Je ne suis ni de droite ni de gauche mais un homme du centre réformateur. De toute façon, ce serait une erreur d’analyser le débat européen à travers le prisme de l’affrontement droite-gauche. Car il y a un autre clivage en Europe, c’est celui qui oppose les pro-européens aux anti-européens. Nous devons constituer une alliance entre tous ceux qui veulent faire avancer l’Europe et ne pas nous diviser, ce qui ferait le jeu des anti-européens, des xénophobes et des extrêmes.
Vous êtes aussi critiqué pour avoir fait le jeu des petits pays, en ne cherchant pas à compenser, dans la distribution des portefeuilles, la diminution du nombre de commissaires des grands pays ?
Ce serait une grave dérive institutionnelle. Ce n’est pas le rôle de la Commission de représenter les Etats mais celui du Conseil. La Commission ne peut pas être un Conseil européen bis. Il n’y a pas de hiérarchie des Etats dans la Commission. Dans la répartition des portefeuilles, j’ai pris en considération l’expérience et les motivations des commissaires, non leur nationalité.
Les commissaires sont aussi le relais de leurs pays d’origine ?
Il faut l’éviter. Nous sommes tous fiers de nos pays d’origine, leur diversité est une richesse pour la Commission, mais si nous devions être perçus par les opinions publiques comme des défenseurs de nos intérêts nationaux, à quoi bon la Commission ? L’indépendance de la Commission est la première condition de sa crédibilité. Si nous n’avons pas une institution indépendante, forte, crédible, qui prend des initiatives et aide les Etats à prendre des décisions, si nous laissons cela à la pure logique intergouvernementale des conflits nationaux, nous serons sur une voie très dangereuse. Je le dis sans dramatiser : ou bien nous exprimons notre confiance en l’Europe ou bien nous allons vers la balkanisation.
N’y a-t-il pas un affaiblissement du couple franco-allemand ?
Le couple franco-allemand est plus nécessaire que jamais et moins suffisant que jamais. Il est irremplaçable. Ceux qui protestent quelquefois contre la coordination franco-allemande oublient quelles seraient les conséquences s’il n’y avait pas cette coordination. C’est vrai, les deux pays n’ont plus qu’un commissaire au lieu de deux. Mais il faut cesser de penser en termes de souveraineté classique pour penser en termes d’influence. Aujourd’hui une culture d’influence est plus importante qu’une culture de souveraineté. L’influence dépend de beaucoup d’autres facteurs que l’attribution d’un portefeuille. Elle se mesure à la qualité de l’apport de chacun. En tant qu’ami de la France, je m’étonne parfois que la France, membre fondateur de l’Union, pays dont le président joue un rôle décisif au Conseil européen, s’inquiète d’une perte d’influence. J’y vois le signe d’un manque de confiance en elle-même.
Comment pouvez-vous déclarer à la fois qu’il faut affirmer l’autorité de la Commission et que celle-ci doit être au service des Etats ?
Par autorité, j’entends ne pas accepter d’instructions des gouvernements et j’ai demandé à mes commissaires de faire de même. Mais l’autorité de la Commission se construit largement par le service aux Etats. Une des erreurs des fédéralistes est de vouloir imposer un super-Etat fédéral au-dessus des Etats, avec la Commission comme super-gouvernement. Ce n’est pas très populaire auprès des populations. Nous ne devons pas construire une Europe plus intégrée, selon la vieille dichotomie des fédéralistes, la Commission se situant au- dessus des Etats membres, mais voir ce que l’Union peut apporter comme valeur ajoutée à nos traditions et institutions nationales
Que pensez-vous de ceux qui veulent limiter le budget européen à 1 % du produit intérieur brut européen ?
Un budget de 1 % est insuffisant. Il n’est pas réaliste d’avoir plus d’ambition pour l’Europe à 25, bientôt 27, avec moins de moyens. On ne peut pas sans effort supplémentaire répondre aux attentes de nos concitoyens sur l’agenda de Lisbonne, en matière de recherche ou de réseaux transeuropéens, sur tous ces sujets où il y a une valeur ajoutée européenne. Mais nous devons aussi faire preuve de rigueur. Parfois, ce n’est pas un problème de plus de dépenses, mais de qualité de la dépense, de ciblage. La Commission Prodi a fait une proposition qui est une excellente base de négociation.
Pourtant, cette proposition continue d’octroyer cinq fois plus de fonds à la politique agricole qu’à la recherche !
Il faut prendre en compte les contraintes politiques. Est-ce que les pays européens, notamment la France, seraient prêts à accepter moins de dépenses pour l’agriculture ? C’est la question. Des compromis ont été faits, je crois qu’il faut les respecter.
Ne peut-on pas faire des économies en réduisant les aides aux régions des pays riches, dites de l’objectif 2 ?
Une grande partie de notre opinion publique, notamment en France, est préoccupée de ce qu’on appelle, parfois à tort, des délocalisations. Il faut faire attention à certaines régions qui pourront être plus touchées. Réduire l’objectif 2 serait lancer un mauvais signal en termes de cohésion. L’Union doit maintenir comme priorité la cohésion, sinon elle ne sera plus une Union mais une organisation intergouvernementale classique. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas, au cours de la négociation, faire des changements et mieux cibler le budget européen.
Que pensez-vous de la suggestion de M. Sarkozy de couper les aides aux pays qui baissent leurs impôts pour attirer les entreprises ?
D’abord, personne n’a fait de demande officielle. Ensuite, l’harmonisation fiscale n’existe même pas dans des pays fédéraux comme les Etats-Unis ou la Suisse. Il peut être réaliste d’harmoniser l’assiette de l’impôt sur les sociétés (IS), d’adopter une sorte de fourchette de taux pour certains impôts comme on l’a fait pour la TVA. Mais il est irréaliste de penser qu’on va arriver à harmoniser l’IS.
Ne peut-on pas s’entendre sur un taux minimal ?
Dans le futur, c’est une possibilité. Mais est-il juste, en termes de cohésion, de demander à un petit pays de la périphérie de l’Europe, qui a un tout petit marché, de renoncer au seul instrument de politique nationale dont il dispose pour améliorer sa compétitivité et attirer certains investissements ? En dépit du marché intérieur, il existe une segmentation des marchés. Une entreprise française a immédiatement accès à son marché national, alors qu’une entreprise lettone, lituanienne ou estonienne ne peut pas aspirer le marché européen. Il est juste que ces pays puissent faire jouer la concurrence fiscale. Si on le leur interdit, alors il faut augmenter beaucoup plus les montants actuels de la cohésion, qui sont très loin de répondre aux besoins de ces pays. Qu’on se rappelle les craintes liées à l’élargissement à l’Espagne et au Portugal, notamment en matière agricole. Les avantages pour la France et l’Allemagne de l’ouverture de leurs marchés ont été bien plus importants que les quelques préjudices causés par leur adhésion. L’élargissement de l’Europe est une opportunité fantastique pour tous.
L’adhésion de la Turquie ne va-t-elle pas transformer l’Europe en zone de libre-échange ?
Notre Europe fonctionne sur le principe de la solidarité. Il est inconcevable qu’à cause de l’adhésion d’un pays nous en changions la nature, l’essence même. Je reconnais que l’adhésion de la Turquie nous pose des défis nouveaux, à cause de sa dimension, plus qu’en raison de la question religieuse. Celle-ci ne doit nullement être un problème, si les aspects d’ordre démocratique sont respectés strictement, y compris sur le code pénal. Sur ce point, aucune concession n’est possible. Si la Turquie répond positivement aux critères que l’on a établis, je ne vois pas comment on pourrait dire non.
A titre personnel, êtes-vous favorable à l’adhésion de la Turquie ?
Oui, je l’ai déjà dit en tant que premier ministre du Portugal, à condition, je le répète, que tous les critères soient respectés. Ce dont on discute, c’est de l’ouverture des négociations. C’est la Turquie qui doit s’adapter aux règles de l’Europe et non pas l’Europe aux règles de la Turquie. Ce n’est pas de l’ingérence. Il y a un pays qui nous demande d’adhérer. Il doit en accepter les conditions.
A ce stade, la Turquie remplit-elle les critères ?
Non, pas encore, elle a fait de grands progrès, nous le reconnaissons, mais, à l’heure où je vous parle, tous les critères ne sont pas remplis.
Propos recueillis par Thomas Ferenczi, Arnaud Leparmentier et Philippe Ricard
• ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 22.09.04

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PROFIL
Pragmatique plutôt que doctrinaire
LE MONDE | 21.09.04 | 13h22 •  MIS A JOUR LE 21.09.04 | 15h46
Ses adversaires le considèrent comme un opportuniste, plus habile au maniement des appareils qu’à l’affirmation d’une politique. Ils font valoir que son parcours, du maoïsme de sa jeunesse estudiantine au libéralisme pur et dur appliqué lorsqu’il était premier ministre du Portugal, a été sinueux. Ils l’accusent d’adapter ses idées aux circonstances du moment. M. Barroso, âgé de 48 ans, ne renie pas ses engagements des années 1970, alors que, adolescent, il militait dans un mouvement d’extrême gauche, ni, trente ans après, son action de premier ministre quand il infligea au Portugal, à partir de 2002, une thérapie de choc pour redresser une économie sinistrée. Entre-temps, ce spécialiste de droit et de science politique, devenu l’un des dirigeants du Parti social-démocrate, situé au centre droit sur l’échiquier politique portugais, a occupé avec succès plusieurs postes ministériels, dont celui des affaires étrangères à partir de 1992.
Bon diplomate, M. Barroso a montré dans ses diverses fonctions le visage d’un pragmatique plutôt que d’un doctrinaire. Mais s’il est une conviction qu’on ne saurait lui contester, c’est sa fidélité à l’idée européenne. Après sa licence en droit, acquise à l’université de Lisbonne, il a choisi de poursuivre ses études à l’Institut universitaire d’études européennes de Genève (ce qui explique notamment qu’il s’exprime parfaitement en français) puis de soutenir un mémoire sur “Le système politique portugais face à l’intégration européenne”.
Il a fondé en 1979 une Association universitaire d’études européennes, puis adhéré, en 1991, au Mouvement européen quand a été relancée sa section portugaise. Il a été vice-président du Parti populaire européen (PPE) de 1999 à 2002. M. Barroso est donc un européen de longue date. Cela ne l’empêche pas de défendre à la fois les droits des Etats, insistant pour que soit inscrit dans la Constitution européenne le principe de leur égalité, et une alliance étroite avec les Etats-Unis, organisant en 2003, à la veille de la guerre en Irak, le sommet des Açores entre George Bush, Tony Blair et José Maria Aznar.
On le voit, M. Barroso possède l’art de concilier les contraires. Ce talent lui sera fort utile lorsqu’il tentera, à partir du 1er novembre, à la tête de la Commission européenne, de surmonter les divisions de l’Europe.
Thomas Ferenczi
• ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 22.09.04
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M. Barroso fixe la ligne et demande aux commissaires de parler d’une seule voix
LE MONDE | 20.09.04 | 17h14
La future Commission doit être unie, dit-il.
Bruxelles de notre bureau européen
Une semaine avant le début des auditions des nouveaux commissaires devant le Parlement européen, le président de la future Commission européenne, José Manuel Barroso, a invité ses vingt-quatre collègues à parler d’une seule voix lorsqu’ils seront interrogés sur les grandes questions politiques que devra traiter la Commission après son entrée en fonctions le 1er novembre. “Si ces questions sont soulevées lors des auditions, les positions des commissaires désignés ne devront pas diverger”, a indiqué M. Barroso dans un document distribué à ses collègues lors d’un séminaire organisé les vendredi 17 et samedi 18 septembre à Louvain.
Les questions recensées par M. Barroso sont au nombre de sept : la stratégie de Lisbonne, le développement durable, le protocole de Kyoto, les perspectives financières, le pacte de stabilité, les services d’intérêt général et l’adhésion de la Turquie. “Il conviendrait de montrer que les membres du collège ont une position commune à l’égard des questions de première importance”, a-t-il précisé.
Sur la stratégie de Lisbonne, qui vise à construire en 2010 l’économie la plus compétitive du monde, la nouvelle Commission doit reconnaître, selon M. Barroso, que “sa mise en œuvre n’a guère été satisfaisante jusqu’à présent” et que ses objectifs ne seront probablement pas atteints en 2010. Aussi faudra-t-il “accélérer sa mise en œuvre et trouver une nouvelle dynamique”. La commission est également invitée à soutenir la stratégie pour le développement durable et la mise en œuvre du protocole de Kyoto.
Sur les perspectives financières, “les membres de la nouvelle commission doivent montrer qu’ils soutiennent pleinement l’approche proposée par la Commission Prodi”. Ils devront refuser la limitation du budget à 1 % du RNB, demandée par plusieurs Etats. “Il est tout bonnement impossible d’avoir plus d’Europe et une meilleure Union avec moins d’argent”, souligne M. Barroso.
Pour la future Commission, le pacte de stabilité doit demeurer “un instrument contraignant”, mais les propositions de la Commission Prodi doivent faire l’objet d’un “débat ouvert” en vue d’une “actualisation”. Les commissaires sont invités à affirmer “l’importance des services d’intérêt général” mais à “examiner avec attention la valeur ajoutée” d’une éventuelle directive cadre avant de prendre une décision.
Sur la Turquie enfin, selon M. Barroso, il importe d’assurer le Parlement européen que les critères de Copenhague, qui concernent le respect des droits de l’homme et de la démocratie, seront “pleinement pris en considération” mais, en attendant la publication du rapport de la Commission Prodi, “aucune autre observation individuelle ne devrait être formulée à ce stade”.
Le commissaire français Jacques Barrot n’a pas respecté cette consigne, puisqu’il a laissé voir ses réserves en déclarant aux journalistes qu’“il faudra vraiment un examen attentif” des conditions dans lesquelles pourrait s’ouvrir une négociation avec Ankara. “On ne peut pas prendre ce genre de décision à la légère”, a-t-il dit. M. Barrot a précisé qu’il s’exprimait comme membre de la Commission Prodi.
Selon le chef de cabinet de M. Barroso, Joao Vale de Almeida, qui rendait compte des travaux du séminaire, un “consensus très large” s’est dégagé sur le projet de la future Commission. Celle-ci va se donner un programme de travail orienté vers “la prospérité et l’emploi”, “la qualité de vie des citoyens” et “la promotion du rôle de l’Europe dans le monde”.
La priorité sera donnée à la stratégie de Lisbonne, a confirmé M. Vale de Almeida, mais “il n’y a pas, a-t-il dit, de dichotomie entre compétitivité et justice sociale”. Enfin, deux défis importants devront être relevés : “Renouer les liens avec les citoyens européens” et “restaurer la capacité de leadership de la Commission” face aux autres institutions européennes et aux Etats membres.
Thomas Ferenczi
“Pleine confiance” en Neelie Kroes
José Manuel Barroso, président de la prochaine Commission européenne, a déclaré, le 17 septembre, à l’ouverture du séminaire réunissant les futurs commissaires à Louvain, qu’il a “pleinement confiance” en Neelie Kroes, choisie par lui comme commissaire à la concurrence. Selon les services juridiques de la Commission, les différents mandats d’administrateur détenus par Mme Kroes dans plusieurs groupes industriels européens font peser le risque de conflits d’intérêts dans l’exercice de ses fonctions de commissaire. “Je suis sûr qu’elle fournira toutes les informations et toutes les garanties d’indépendance”, a précisé M. Barroso.
Son chef de cabinet, Joao Vale de Almeida, a indiqué que Mme Kroes s’est démise de tous ses mandats à la date du 1er septembre. Il a rappelé que, comme les autres commissaires, elle présentera une “déclaration d’intérêts”, qui sera rendue publique, et ajouté qu’elle conviendra avec M. Barroso des “modalités de travail” qui permettront de “garantir qu’il n’y aura pas de conflit d’intérêts réel, potentiel ou perçu comme tel”. - (Corresp.)
• ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 21.09.04

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Article lié :

Flupke

  21/09/2004

sur le site du Christian
Science Monitor une liste des Neocons et leur biographie .

la géopolitique de Washington

Article lié :

Federico

  20/09/2004

Un excellent article de M. Sant Prot, de l’Observatoire d’études Géopolitiques
——
La politique des Etats-Unis au Proche-Orient

par Charles Saint-Prot

  Après la fin de la guerre froide, les Etats-Unis ont redéfini une stratégie intégrale visant à leur permettre de demeurer une superpuissance et de faire prévaloir leurs intérêts économiques. La géopolitique mondiale est désormais dominée par une superpuissance dont l’objectif est de maîtriser le capitalisme mondial, façonner le marché à sa convenance et faire en sorte que la mondialisation soit une américanisation sur tous les plans. Pour cela, il appartient aux Etats-Unis d’écarter tout danger de désordre qui remettrait en question leur suprématie. Dans son livre The Grand Chessboard[1] , Zbigniew Brzezinski affirme que “la politique des Etats-Unis est la clé de l’ordre mondial”. Il avance l’idée que son pays doit éviter “la domination par une seule puissance d’une des deux principales sphères de l’Eurasie”[2], un curieux ensemble imaginé par les penseurs états-uniens qui ne précisent toutefois pas quelle est la réalité de cette construction théorique. Brzezinski décrit en détail les moyens d’instaurer un nouvel ordre mondial dominé par les Etats-Unis et il donne une idée assez précise d’une stratégie qui vise, comme cela est souligné dans le titre de l’édition américaine (“American Primacy And It’s Geostrategic Imperatives”)[3], à la suprématie des Etats-Unis, sous le couvert d’un certain messianisme typiquement anglo-saxon : “si les Etats-Unis manquaient à leur tâche, ce serait l’anarchie mondiale”.

Dans cette nouvelle donne internationale conçue par les Etats-Unis, le Proche-Orient occupe une place centrale. Tous les enjeux s’y conjuguent : la question des ressources économiquement vitales, le contrôle des routes stratégiques de l’énergie, l’hégémonie économique et politique. C’est également dans cette région du monde, lors de la première guerre contre l’Irak (1990-1991),  qu’a été mis en application pour la première fois le concept nouveau inhérent à cette stratégie : le droit d’être le gendarme du monde que les Etats-Unis se sont attribués. La politique de Washington au Proche-Orient est exprimée dans un document publié par le Washington Institute for Near East Policy. Elle se distingue par un objectif de puissance très clairement affirmé, qui vise à prendre le contrôle de l’enjeu pétrolier en affaiblissant tous les pays arabes susceptibles d’y faire obstacle et en entretenant un partenariat étroit avec des alliés qui n’ont eux-mêmes pas d’autre choix.

Un exposé de la politique des Etats-Unis

Edité,  en janvier 2001, par le Washington Institute for Near East Policy, le rapport du Groupe présidentiel d’études, intitulé Navigating trhough Turbulence, America and the Middle East in a New Century,  expose la politique des Etats-Unis au Proche-Orient. Il lui fixe cinq objectifs : empêcher une guerre régionale sur le différend israélo-arabe ; lutter contre les armes de destruction massive ; renforcer la lutte contre le terrorisme ; provoquer des changements en Irak et en Iran ; renforcer les relations avec les pays de la région. Chacun de ces objectifs fait l’objet d’un développement qui explique quels sont les buts recherchés et les moyens pour y parvenir, tout en précisant la vision des auteurs.

Ainsi, concernant le conflit israélo-arabe, il est notable que les rédacteurs du rapport n’apportent aucune précision sur le processus de paix qu’ils prétendent appeler de leurs vœux et se démarquent très nettement des accords d’Oslo dont ils rappellent qu’ils ne sont pas “une idée américaine”. Ils estiment simplement qu’il convient de renforcer le partenariat israélo-américain, faire pression sur les Etats arabes “pro-occidentaux” pour qu’ils soutiennent le “processus de paix” et “dissuader” les adversaires déclarés ou potentiels ( Irak, Syrie, Liban…). La lutte contre la prolifération des armes de destruction massive ne vise pratiquement que l’Irak, avec une allusion voilée à l’Iran. Rien n’est écrit concernant d’autres Etats qui développent des programmes d’armes de destruction massive autrement plus avancés, par exemple,  Israël ou le Pakistan. Le rapport traite de la menace terroriste, évaluée comme très sérieuse dans ce document préparé plus d’un an avant les attentats du 11 septembre. Il est constant qu’il fait un amalgame entre la Résistance palestinienne et libanaise (Hezbollah), le terrorisme d’Etat ou le terrorisme intégriste. En outre, les rédacteurs se limitent surtout à une approche policière du phénomène terroriste sans développer aucune analyse politique quant à ses causes. L’obsession du renversement du pouvoir irakien apparaît très nettement tandis qu’il est simplement préconisé de soutenir les forces “modérées” contre les partisans de la ligne dure du régime iranien. Enfin, concernant les relations avec les Etats de la région, il est notable que le document met en exergue l’affirmation d’une alliance stratégique avec Israël et la Turquie et se limite à des déclarations de principes visant à améliorer les bonnes relations, en particulier avec une nouvelle génération de dirigeants arabes, souvent moins charismatiques que leurs prédécesseurs, que les Etats-Unis entendent aligner sur eux. Il est suggéré d’encourager une meilleure connaissance mutuelle entre les Etats-Unis et les pays arabes dits “pro-occidentaux”, afin de sauvegarder les “intérêts vitaux” des Etats-Unis. Sur ce point, il est remarquable que, sous couvert du renforcement de la coopération dans le domaine de “la sécurité énergétique, militaire et économique”, le rapport préconise surtout un renforcement de la présence militaire américaine dans certains pays arabes, au risque de leur créer de graves problèmes intérieurs.

Quand bien même n’exprime-t-il pas une position officielle des Etats-Unis, le rapport de l’Institut de Washington, lequel passe pour être proche du fameux American-Israel Public Affairs Committee (AIPAC), l’un des principaux organismes du puissant lobby pro-israélien, est très révélateur du courant dominant dans l’administration américaine. Il s’inscrit très nettement dans la stratégie conduite par Washington au Proche-Orient. Ce document éclaire les grands axes de la politique états-unienne : le contrôle des régions productrices de pétrole, notamment par la présence de forces militaires, importantes et permanentes, sur le sol de la Péninsule arabe ; l’affaiblissement de l’Irak dont le sort doit servir d’exemple à tous ceux qui seraient tentés de remettre en question la suprématie des Etats-Unis ;  l’alliance stratégique avec l’Etat d’Israël et la suprématie militaire absolue des alliés des Etat-Unis (Israël et Turquie). 

Le pétrole, enjeu stratégique

Si le mot pétrole apparaît très peu dans le rapport publié par le Washington Institue for Near East Study, il est indéniable que l’idée est omniprésente sous des termes alambiqués tels “sécurité énergétique”, “sécurité économique”, “intérêts vitaux des Etats-Unis”. Le fond du problème est donc bien la géopolitique du pétrole. Malgré l’accroissement des parts d’autres sources d’énergie, le pétrole restera durant des décennies la première source d’énergie. Or c’est une ressource naturelle épuisable. Les réserves pétrolières mondiales ont enregistré une baisse de 18,2 milliards de barils en 1999, en tombant à 1 016 milliards. L’évolution des réserves et de la production va inexorablement baisser alors que, parallèlement, l’accroissement des besoins énergétiques mondiaux ne cesse d’augmenter. Telle sont les données de base qui expliquent que le pétrole constitue un enjeu stratégique essentiel.

Qui tient le pétrole tient l’économie mondiale. Fort de cette certitude les Etats-Unis ont fait une priorité de la mainmise sur le pétrole mondial. Premier consommateur[4] et premier importateur de pétrole dans le monde, pays d’origine des plus grandes sociétés pétrolières internationales, contrée productrice de pétrole, les Etats-Unis ont toujours exercé un rôle primordial dans le développement et l’orientation de l’industrie pétrolière. Depuis 1986, les réserves pétrolières des Etats-Unis ont commencé à chuter et c’est précisément à cette époque que la part des importations a dépassé la part de la production nationale pour la consommation intérieure. En outre, les Etats-Unis ont le souci de préserver leurs propres réserves, qui ne représentent que 30 milliards de barils[5], en privilégiant l’achat de naphte sur le marché mondial. Dans ces conditions, la géopolitique du pétrole peut s’articuler à partir de deux approches : le contrôle des zones de production et des routes du pétrole, le contrôle du prix. Le jeu états-unien repose sur trois objectifs majeurs : acheter sur le marché mondial à un prix relativement bas, être présent les principales régions productrices pour faire pression sur les concurrents européens et asiatiques (notamment la Chine[6]), maîtriser les routes d’acheminement de l’or noir.

Dans la course pour le pétrole, le Proche-Orient occupe une place de choix. La seule région du Golfe arabo-persique détient plus de 660 milliards de barils de réserves pétrolières, soit plus de 65 % des réserves prouvées du monde, avec deux poids lourds : l’Arabie séoudite et l’Irak qui possèdent les premières réserves mondiales.  Le centre de gravité de la production pétrolière mondiale est de manière stable dans cette région, capable de répondre aux besoins de la planète pour les cinquante prochaines années et, par ailleurs, voisine d’une autre importante région productrice : le lac caspien. Depuis les années trente, les Anglo-saxons se sont employés à faire du Golfe une chasse gardée. Le premier à contester leur hégémonie, le dirigeant iranien Mossadegh avait été renversé par un complot de la CIA en 1953, mais c’est l’Irak, sous le gouvernement nationaliste du parti Baas, qui, à partir de 1968, a vraiment remis en cause la domination américaine en nationalisant le pétrole et en mettant en place une politique de coopération privilégiée avec un certain nombre de pays amis, dont la France. Après la guerre israélo-arabe de 1973, l’hégémonie de Washington se trouvait menacée par la montée en puissance des concurrents européens et japonais. Parallèlement, elle était contestée à la fois par le roi Fayçal d’Arabie séoudite, qui récusait la politique américaine vis à vis du conflit israélo-arabe et souhaitait être plus indépendant de Washington, et par le Chah d’Iran qui,  après son rapprochement avec l’Irak, intervenu lors de l’accord d’Alger de 1975, semblait se détacher de l’orbite américaine. Une nouvelle donne était en train de se mettre en place. La suite est connue :  la Turquie, alliée indispensable des Etats-Unis contre le monde arabe, se voit donner le feu vert pour occuper Chypre, en juillet 1974 ;  le roi Fayçal est assassiné par un agent américain en mars 1975 ; la guerre du Liban est déclenchée par des groupes orchestrés par Israël et les Etats-Unis, en avril 1975 ; des mouvements religieux extrémistes, manipulés par les Anglo-saxons, commencent à contester l’autorité du Chah d’Iran. Finalement, en janvier 1979, celui-ci va être renversé par Khomeiny qui instaure une République islamique dont la turbulence va provoquer des crises avec ses voisins arabes. Après le déclenchement de la guerre Irak-Iran, le 4 septembre 1980, les Etats-Unis permettent à Israël de soutenir l’effort militaire de l’Iran afin de faire durer la guerre et d’épuiser les deux pays. Le scandale de l’Iran Gate révélera le soutien militaire américain apporté au régime de Khomeiny par l’intermédiaire d’Israël. En même temps, les Etats-Unis renforcent leur présence auprès des monarchies arabes du Golfe terrorisées par la menace iranienne.

Ayant vaincu l’Iran en 1988, l’Irak se retrouve en situation de force dans la région du Golfe. Doté d’une armée expérimentée, disposant d’un fort potentiel technologique, détenteur des secondes réserves de pétrole du monde, l’Irak peut prétendre exercer un rôle de premier dans le monde arabe. Or, l’Irak a résolument fait le choix de se rapprocher des nations européennes, en particulier de la France, qui l’a aidé durant le conflit avec l’Iran, et des Etats asiatiques (Japon, Chine). Bagdad accorde à ces pays un statut privilégié en matière d’échanges économiques et de coopération dans le domaine pétrolier. Cela signifie à terme un déclin de l’hégémonie américaine dans le Golfe et une remise en cause du rôle des compagnies anglo-saxonnes sur la politique pétrolière. Et cela à un moment où l’effondrement du bloc soviétique fait disparaître la menace soviétique, réelle ou supposée, qui justifiait la présence américaine à la fois dans un grand nombre de pays européens, sous couvert de l’OTAN, ou dans les Etats arabes dits pro-occidentaux. C’est dans ce contexte qu’est née la politique d’affaiblissement du potentiel économique et militaire de l’Irak et l’idée de renverser le pouvoir baassiste pour installer à Bagdad un régime pro-américain.

En 1989, deux ans avant l’affaire de Koweït, les Etats-Unis et leurs propagandistes lancent une intense campagne diplomatique et médiatique de dénonciation autour du prétendu “nouveau danger irakien”. La chute du bloc soviétique aura pour conséquence de précipiter le scénario. Désormais les Etats-Unis préparent l’après guerre froide qu’ils conçoivent comme un ordre mondial américain. Dans ce contexte, mettre la main sur le pétrole devient un but prioritaire. Puissance indépendante au cœur d’une zone stratégique,  l’Irak a tout uniment le tort d’être un obstacle aux visées états-uniennes dans la région. C’est tout le sens du piège tendu à Bagdad avec l’affaire de Koweït (août 1990) et de la guerre qui va suivre l’occupation de l’émirat, en janvier 1991. Depuis la guerre contre l’Irak, les Etats-Unis ont marqué leur territoire. Ils se sont puissamment installés militairement dans la région du Golfe sous le couvert d’alliances militaires qu’ils ont imposées aux monarchies locales, ce qui n’est pas sans provoquer un profond mécontentement dans la population.[7] En même temps, on connaît l’intérêt que portent les Etats-Unis au pétrole caspien et les efforts qu’ils déploient pour se rapprocher de cette région et influencer le choix des routes qui achemineront l’or noir caspien. Tout l’enjeu consiste à faire échapper les champs pétroliers des pays riverains du lac caspien à l’influence russe tout en écartant la Chine du jeu. La question de l’acheminement du pétrole du lac Caspien est l’un des grands enjeux géopolitiques de ces dernières années. L’objectif des Etats-Unis est de maîtriser les voies d’acheminement du brut en faisant transiter le pétrole kazakh et azéri par le territoire turc jusqu’au port de Ceyhan. L’intérêt stratégique de Washington dans cette affaire est attesté par le fait que le ministre de l’énergie des Etats-Unis, Spencer Abraham, a inauguré en grandes pompes la construction de l’oléoduc Bakou-Ceyhan, le 17 septembre 2002. Les visées états-uniennes expliquent le soutien apporté à tous les mouvements séparatistes au sein de la Russie (par exemple, en Tchétchénie) ou aux régimes et partis intégristes dans les républiques musulmanes de l’ancienne URSS. Elles sont aussi à l’origine du renforcement de l’alliance avec la Turquie chargée de renforcer l’OTAN, c’est à dire la police états-unienne, dans cette partie du monde. Pour être complet, il faut ajouter que l’installation de troupes américaines au Kosovo et en Afghanistan s’est précisément effectuée dans des endroits qui pourraient des lieux de transit du pétrole caspien.

La guerre contre l’Irak,  programmée dès le mois de septembre 2002, entre sans aucun doute dans la stratégie globale des Etats-Unis. Dès lors, il est possible de mieux comprendre l’incroyable acharnement et les méthodes les plus discutables qu’ils ont utilisées pour en finir avec ce pays. 

Affaiblir l’Irak, diaboliser l’Islam, remodeler le Proche-Orient

La politique des Etats-Unis à l’égard de l’Irak a pour fondement la stratégie pétrolière de Washington. Ce n’est sans doute pas un hasard si des représentants de l’opposition irakienne en exil, proches des Etats-Unis et, pour certains, liés au lobby pétrolier états-unien, ont déclaré que, en cas de renversement du pouvoir irakien, les compagnies pétrolières françaises, européennes et russes n’auraient plus aucune facilité en Irak. Que ces déclarations, jugées inopportunes par Washington, aient été démenties n’enlève rien au fait qu’elles ont été prononcées et traduisent bien la réalité.  Depuis longtemps, l’Irak a été un obstacle à la politique de Washington.  C’est cet obstacle qu’ils voudraient réduire. Ce pays a commis le crime de contester la suprématie américaine et la punition doit être assez dure pour servir de leçon à tout pays qui serait tenté de suivre son exemple.  En outre, l’Irak était le dernier bastion, ou l’ultime témoin, d’un fort courant nationaliste arabe qui, avec Nasser en Egypte et le parti Baas en Syrie et en Irak, s’est manifesté à partir des années 1950. Ce courant qui a séduit une large partie des masses arabes, a été vigoureusement combattu par les Etats-Unis aux yeux desquels ce mouvement, et ce mouvement seul pouvait durablement compromettre leurs objectifs au Proche-Orient. Il est constant que ce nationalisme arabe, progressiste et laïc,  a suscité des sympathies dans de nombreux pays en Europe où, pour des raisons géopolitiques évidentes, les Etats sont plus intéressés par les évolutions socio-politiques d’un monde proche-oriental, notamment arabe, qui est leur voisin et auquel plusieurs d’entre eux sont traditionnellement liés par de puissants facteurs historiques, humains, sociaux et culturels.

Face à ce nationalisme arabe, les Etats-Unis ont cru pouvoir instrumentaliser des groupes intégristes religieux, servant d’excellents repoussoirs, propres à écarter l’Europe du monde arabo-musulman. L’utilisation de l’intégrisme a été une tentation états-unienne afin d’éviter la mise en place d’une coopération solide entre le monde arabe et ses voisins du Nord de la Méditerranée. Né sur le terreau des frustrations et des humiliations, l’intégrisme religieux présente la double particularité d’avoir été favorisé par la politique américaine au Proche-Orient et, en même temps, d’avoir souvent bénéficié du soutien, plus ou moins discret de Washington, qui a probablement joué les apprentis sorciers.  Après les événements du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont immédiatement utilisé ce drame pour brandir la prétendue “menace de l’Islam”. Ils ont diabolisé l’Islam de façon à enrôler dans une nouvelle croisade un certain nombre de pays occidentaux incapables de faire la différence entre une poussée extrémiste, conjoncturelle et surévaluée, et l’ensemble du monde musulman qui est d’ailleurs loin d’être homogène.

C’est dans ce contexte que la mise en scène de la crise avec l’Irak s’est organisée. Le jour même des attentats du 11 septembre 2001, le secrétaire d’état à la défense des Etats-Unis, Donald Rumsfeld déclare « maintenant on peut enfin attaquer l’Irak. [8] Richard Clarke,  ancien responsable de la lutte antiterroriste à la Maison-Blanche, a révélé qu’au lendemain des attaques et malgré la mise en cause d’Al-Qaïda, George Bush lui a demandé  à trois reprises de «mettre les 11 septembre sur le dos de l’Irak ». Selon lui «Dès 1998, Wolfowitz, Perle, Rumsfeld, avaient décidé, contre les faits, qu’il fallait défaire Saddam… Pour cela, ils ont inventé un lien entre al-Qaïda et Saddam Hussein, qui n’existait pas!».[9] C’est ainsi que le groupe extrémiste, composé de membres du lobby ultrasioniste (les « néoconservateurs » Wolfowitz, Perle, William Kristol, Elliott Abrams) et du lobby du pétrole et de l’industrie de l’armement (Cheney, Rumsfeld)  qui influence la politique de Bush met en place une vaste opération d’intoxication visant à préparer la guerre contre l’Irak.

L’idée première est de détruire l’Irak pour affaiblir le monde arabe au profit d’Israël. Wolfowitz déclare « ce qui est bon pour Israël est bon pour les Etats-Unis »[10] Plus largement, l’objectif poursuivi vise à permettre aux Etats-Unis de maintenir et consolider leur présence militaire dans le Golfe en organisant une guerre dont l’objectif consisterait à installer un régime pro-américain à Bagdad pour verrouiller le dispositif géopolitique régional dans la perspective d’un plan pour un « Grand Moyen Orient » visant à remodeler un ensemble artificiel qui, ignorant les lignes de fracture entre les mondes arabe, turc, perse ou pakistanais, s’étendrait des frontières de l’Inde au Maroc. Les attaques contre Washington et New York du 11 septembre 2001 ont donné aux Etats-Unis une occasion inespérée de présenter leurs visées stratégiques comme un combat contre un prétendu “axe du mal” dans lequel sont compris des pays qui n’ont aucune responsabilité dans le terrorisme. Après l’intervention en Afghanistan,  les Etats-Unis ont immédiatement désigné Bagdad comme leur adversaire, sans qu’il soit possible d’établir le moindre lien entre les attentats terroristes et l’Irak, qui n’a jamais eu la moindre complaisance pour les groupes intégristes, adversaires déclarés et acharnés du régime baassiste. La lutte contre le terrorisme est donc devenue une excuse pour proposer une division du monde fondée sur la distinction entre les Etats qui suivent inconditionnellement les Américains dans la guerre contre “le mal” et les Etats “voyous” censés incarnés le mal. Le motif de faire la guerre à l’Irak pour combattre le terrorisme était d’ailleurs si peu crédible auprès de la communauté internationale que les Etats-Unis ont soutenu parallèlement que leur but est d’éviter la prolifération des armes de destruction massive. Mais outre le fait qu’il a été prouvé que l’Irak ne disposait pas de telles armes, le principe même du désarmement de ce pays pose problème. En effet, le désarmement de l’Irak a également pour but de faire en sorte que l’Irak ne puisse pas jouer son rôle au service de l’équilibre des forces dans la région. Par surcroît, désarmer l’Irak, alors qu’aucun autre pays arabe ne dispose de moyens militaires sérieux, revient à affaiblir le monde arabe et à laisser la suprématie militaire au Proche-Orient aux deux meilleurs alliés des Etats-Unis : l’Etat d ‘Israël et la Turquie. Après la chute du gouvernement nationaliste à Bagdad, en mai 2004, les Etats-Unis ont installé un pouvoir composé de collaborateurs et de représentants des divers partis ethniques et religieux, en attendant l’élaboration d’une nouvelle Constitution qui consacrerait un fédéralisme qui menacerait du même coup l’unité de ce pays. Par ailleurs, dès l’invasion de l’Irak, les relations se sont dégradées entre Washington et Riad au point que l’Arabie séoudite, l’une des dernières béquilles d’un monde arabe de plus en plus impotent,  semble désormais menacée par son ancien allié américain. 

. Dans ces conditions, le vrai problème est celui de la politique des Etats-Unis à l’égard du monde arabe. La nation arabe, le pays réel arabe a le sentiment d’être victime de la politique anglo-saxonne depuis un siècle. La liste des ressentiments est longue : la trahison des promesses faites aux Hachémites lors de la Grande Révolte durant la première Guerre mondiale ; l’encouragement du sionisme suivi de la création de l’Etat d’Israël en Palestine, puis le soutien constant et partial à l’Etat d’Israël ; la lutte conduite par les Etats-Unis contre les régimes nationalistes qui appelaient les Arabes à relever la tête et à s’unir ; le pillage des richesses pétrolières arabes ; la mise sous tutelle de la plupart des régimes arabes ;  la volonté permanente d’empêcher la constitution d’une force arabe, économique ou militaire dans un contexte régional marqué par le surarmement de l’Etat d’Israël, doté de l’arme nucléaire à Israël, du Pakistan, de l’Iran ou de la Turquie. L’occupation de l’Irak par les Etats-Unis et les graves atteintes aux droits de l’homme qui entachent cette occupation (torture des prisonniers, arrestations arbitraires, répression de la Résistance…) constituent des griefs supplémentaires.  D’autant plus que les Arabes pressentent que cette occupation est le prélude à un remodelage de la carte du Proche-Orient. En effet, le Washington Post du 11 septembre 2002 notait que l’Irak « n’est que la première pièce du puzzle. Après avoir évincé Saddam Hussein, les Etats-Unis auraient plus de force d’appui pour agir contre la Syrie et l’Iran. Le but n’est pas uniquement un nouveau régime en Irak mais l’établissement d’un nouveau Proche-Orient. » Les contours de ce Proche-Orient remodelé seraient encadrés par Israël, la Turquie et l’Irak occupé qui rejoindrait ainsi l’axe stratégique israélo-turque dans une sorte d’alliance qui rappellerait le Pacte de Bagdad de 1955.[11] Dès lors, les Etats-Unis pourraient s’employer à reprendre pieds en Iran et, avec leurs alliés israéliens et turcs, mettre au pas la Syrie, voire à favoriser sa partition sur des bases ethniques ou religieuses. En outre, sous prétexte de combattre le Hezbollah au Liban, Israël aurait le feu vert pour réoccuper une partie du Sud-Liban tout en favorisant la division du Liban sur des bases confessionnelles. Il est d’ailleurs notable que, depuis quelques mois, les Etats-Unis et Israël ont repris contact avec des éléments extrémistes de l’opposition libanaise, qui multiplient les provocations contre le gouvernement de Beyrouth.[12] Enfin, le nouvel axe pro-étatsunien pourrait englober la Jordanie, à laquelle serait proposée d’annexer une partie de l’Arabie séoudite, laquelle fait l’objet à Washington d’un plan de partition en trois ou quatre zones.[13] Dans ces conditions, il n’y aurait plus aucune puissance arabe et le champ serait libre pour les seuls alliés stratégiques des Etats-Unis.

 

Les alliés stratégiques: Israël et la Turquie

“Si les Américains déplorent l’anti-américanisme qui se manifeste de plus en plus dans le monde arabe, ils devraient s’interroger sur les causes de cet anti-américanisme. De la même façon, s’ils déplorent le terrorisme dont ils sont victimes, ils devraient s’interroger sur les raisons qui poussent des homes et des femmes à avoir recours à ces actes condamnables.” Cette réflexion d’un dirigeant d’un Etat arabe du Golfe résume bien la question de fond posée par la politique des Etats-Unis au Proche-Orient : ” dans l’ensemble du monde arabe, de l’Atlantique au Golfe, du Maroc au Yémen, l’opinion publique arabe est hostile à l’Amérique, non pas pour ce qu’est l’Amérique, non pas par haine du peuple américain, de sa culture, de sa réussite, mais pour ce que fait l’Amérique. Nous avons le sentiment que la politique des Etats-Unis se conduit, selon les intérêts des seuls Etats-Unis, sans aucun sens des responsabilités et, surtout, comme si nous, Arabes, n’existions pas, comme si nous n’étions que des pions méprisables. Comme si nous étions des êtres humains de deuxième classe, n’ayant pas les mêmes droits que les autres. A cet égard, la question de Palestine est très révélatrice. Les Etats-Unis ont répété à satiété  que l’Irak de Saddam devait se conformer aux résolutions de l’Onu mais cela fait des décennies qu’Israël bafoue des dizaines de résolutions des Nations unies.”

Lorsque les rédacteurs du rapport Navigating through Turbulence écrivent que l’un des axes majeurs de la politique des Etats-Unis au Proche-Orient doit être l’alliance stratégique avec l’Etat d’Israël et la suprématie militaire absolue des alliés des Etat-Unis, ils ne font que traduire une réalité.  De fait, les seuls alliés inconditionnels des Etats-Unis dans la région sont des Etats non-arabes : l’Etat d’Israël et la Turquie, auxquels Washington rêverait d’ajouter l’Iran. Pour les Etats-Unis, Tel Aviv et Ankara sont, depuis l’époque de la guerre froide, des partenaires solides et cette alliance a survécu à l’effondrement du bloc soviétique. S’agissant d’Israël, il est commun de souligner le rôle du groupe de pression pro-israélien, mais c’est une explication un peu courte. Qu’il existe un lobby pro-israélien aux Etats-Unis est indéniable, que celui-ci soit actif et influent est bien le moindre dans un pays où le lobbying est non seulement autorisé mais réglementé. Mais quel que soit le dynamisme de ce groupe de pression, notamment du fait de l’influence des « néoconservateurs », il ne suffit pas à expliquer la force du pacte qui lie Tel Aviv et Washington. A vrai dire, l’influence du lobby pro-israélien rejoint la visée stratégique états-unienne. En réalité, les Etats-Unis ont bien compris qu’Israël est au Proche-Orient un Etat isolé, qui, aussi longtemps qu’il refusera la création d’un Etat palestinien indépendant et viable, ne pourra jamais s’intégrer dans la région. De ce fait, un tel Etat n’a pas d’autre choix que celui de rechercher un protecteur puissant dont il sera par la force des choses un allié fidèle et sans états d’âme. Allié d’autant plus appréciable qu’il est doté d’une armée suréquipée qui fait de lui un bon gendarme. C’est sur cette base que les deux pays entretiennent une complicité que ne viennent guère troubler que quelques timides rappels à l’ordre lorsque le gouvernement israélien, périodiquement formé par une coalition de droite et d’extrême droite, dépasse la mesure et provoque l’irritation trop vive de la communauté internationale. En revanche, sur l’essentiel Washington ne fait rien qui puisse s’opposer formellement à une stratégie israélienne qui rejette les accords d’Oslo et cherche à éliminer l’Autorité palestinienne. A vrai dire, les Etats-Unis ne cherchent pas à avoir une position équilibrée et impartiale, ils ne sont pas des faiseurs de paix mais ils conduisent tout uniment une politique de puissance, conforme à leurs seuls intérêts.  Ainsi, afin de ménager leur allié israélien, ils sont moins intéressés par la résolution définitive de la question palestinienne, c’est à dire par la création d’un Etat palestinien et de nouvelles relations entre deux Etats, israélien et palestinien, libres et égaux,  que par le maintien d’une sorte de statu quo en se limitant à éviter toute confrontation majeure qui bouleverserait leurs propres plans.

Selon l’hebdomadaire gouvernemental égyptien Al Ahram hebdo, le véritable axe du mal est “celui que forment les Etats-Unis, Israël et la Turquie”[14]. En effet,  la Turquie est le second partenaire stratégique des Etats-Unis au Proche-Orient. A l’instar d’Israël, ce pays est mal à l’aise dans la géopolitique de la région. Ni européen, ni arabe ; en froid avec ses voisins grecs, russes, arméniens et iraniens ; pays musulman et membre de l’Otan, la Turquie entretient aussi des rapports tendus avec la nation arabe. En Méditerranée orientale et au Proche-Orient, la Turquie est, avec Israël, un “Etat paria” coupé de son environnement. Pour Washington, la Turquie joue un rôle clé. Dans les Balkans, le retour des Turcs, à l’occasion de crise de l’ex-Yougoslavie, s’est nettement opéré dans le cadre de la politique américaine et allemande. La Turquie est l’une des pièces maîtresses du jeu états-unien contre la Russie pour le contrôle du pétrole du lac caspien et surtout le transit de ce pétrole qui devrait principalement s’effectuer vers le port turc de Ceyhan. Sur le plan militaire, il convient de souligner que, forte de 797.000 hommes, l’armée turque est la seconde armée de l’Otan. Le secrétaire général de l’OTAN, lord Robertson déclarait le 23 novembre 2000 à Istamboul que la Turquie “est un allié sûr de l’Otan au cœur d’une zone vitale qui comprend les Balkans, le Caucase, le Proche-Orient et la Méditerranée”. Grâce à la Turquie, l’Otan, c’est à dire les Etats-Unis, consolide son dispositif qui s’étend aux frontières de la Russie et du monde orthodoxe, d’une part, à celle du monde arabe et perse, d’autre part.

La Turquie est également instrumentalisée par les Etats-Unis au Proche-Orient. Durant la guerre contre l’Irak, la Turquie a servi de base aux bombardiers américains. Elle continue à être utilisée par les anglo-américains pour les bombardements effectués en violation du droit international contre l’Irak. Par ailleurs,  la Turquie et Israël ont conclu, en février 1996, un accord de coopération militaire qui représente une modification majeure des données stratégiques au Proche-Orient. Cet accord prévoit prévoir des facilités et des possibilités d’exercices pour les forces israéliennes dans les vastes espaces dont dispose la Turquie, l’amélioration par Israël des équipements de l’armée turque et l’échange d’informations. Deux textes, dont certaines clauses restent secrètes, ont été signés en février et en août 1996. Ils autorisent notamment la tenue de manœuvres aériennes et navales conjointes, des facilités portuaires, la possibilité pour l’aviation israélienne de s’entraîner au- dessus du vaste espace anatolien. Israël et les Etats-Unis, puisque l’un ne fait rien sans l’autre, vont plus loin en équipant l’armée turque des technologies militaires les plus modernes. Ainsi, en août 2000, le Premier ministre israélien Ehud Barak s’est rendu à Ankara pour négocier des contrats d’armement avec son homologue Bulent Ecevit, y compris un satellite espion pour lequel Israel Aircraft Industries (IAI) est d’ailleurs en lice avec le Français Alcatel.

Il est notable que l’alliance turco-israélienne correspond à un choix politique de la Turquie, en particulier du lobby militaire qui, après la chute du bloc soviétique, craignait de perdre les faveurs des Etats-Unis. Pour mieux mettre en exergue l’intérêt que représente l’armée turque pour Washington, les Turcs ont choisi de s’inscrire dans la stratégie anti-russe et anti-arabe des Etats-Unis et de s’allier avec Israël pour partager avec l’Etat hébreu le rôle de gendarme américain au Proche-Orient. Ce rôle complaît d’autant mieux à certains milieux turcs que certains, dans l’ex-Empire ottoman, nourrissent traditionnellement des sentiments mitigés à l’égard des voisins arabes avec lesquels perdurent de nombreux différends. En 1997, un ministre turc en voyage officiel en Israël, a visité le Golan, donnant ainsi une sorte de bénédiction à l’occupation israélienne. Les gestes d’hostilités vis à vis de ce pays sont nombreux, outre l’occupation en 1939 d’Iskandaroun, le sandjak d’Alexandrette, dont la Syrie n’a jamais reconnu l’annexion par la Turquie, un contentieux important oppose la Turquie à la Syrie et à l’Irak sur le partage des eaux de l’Euphrate depuis le projet anatolien du Sud-est (GAP) qui vise à réaménager le cours de l’Euphrate. L’achèvement de ce projet en 2003 devrait avoir des conséquences graves pour la Syrie et l’Irak qui se perdraient la moitié de leur contingent. Tout cela en parfaite violation du droit international, en particulier de la Convention de l’Assemblée générale des Nations unies du 21 mai 1997, selon laquelle le pays en amont doit respecter les droits des usagers des pays situés en aval.  Pour faire bonne mesure, la Turquie s’est engagée à fournir de l’eau à Israël. Enfin, si la Turquie n’est pas favorable à une partition de l’Irak qui risquerait de provoquer, avec l’aide des Etats-Unis, la création d’un Etat kurde, lequel serait un pôle d’attraction pour les kurdes de la Turquie, elle n’exclut pas de profiter d’une guerre américaine contre l’Irak pour tenter d’occuper la région de Mossoul. L’élection, en novembre 2002, d’un gouvernement à coloration islamique à Ankara n’a pas fondamentalement changé la donne du fait de la permanence du poids de l’armée dans la vie politique locale.

Après Israël et la Turquie, les Etats-Unis rêvent de compléter leur dispositif en ramenant dans leur giron Téhéran où il existe au sein du système un fort courant pro-américain représenté par l’ancien président Rafsandjani, chef de l’influent Conseil de discernement des Intérêts Supérieurs du Régime.  Un proche de Rafsandjani, l’ancien ministre des affaires étrangères Ali Velayati, a rencontré des diplomates états-uniens de haut rang à plusieurs reprises durant l’été 2002 afin de garantir la neutralité de l’Iran en cas d’attaque américaine contre l’Irak et assurer, en contrepartie la préservation des intérêts iraniens si un remodelage de la carte géopolitique de la région devait intervenir. En tout cas, la doctrine officielle du dual containment face à l’Irak et à l’Iran ne doit pas cacher que Washington n’a pris aucune mesure drastique contre l’Iran, y compris à l’égard des efforts d’armement de ce pays et la construction d’une centrale nucléaire à Bushehr.[15] Dans leur conception de l’avenir géopolitique du Proche-Orient, les Etats-Unis intègrent l’idée que, en 2025, l’Iran aura doublé sa population pour compter plus de 130 millions d’habitants. Il sera une puissance démographique, le détenteur d’importantes ressources pétrolières et gazières, une puissance militaire de tout premier plan. Un nouvel Iran, débarrassé du régime islamique radical, pourrait ainsi renforcer le dispositif d’encerclement et de rabaissement du monde arabe qui est l’objectif des Etats-Unis. C’est la raison pour laquelle Washington a laissé le champ libre à la montée en puissance des mollahs chiites pro-iraniens au sein de la communauté chiite irakienne, après l’invasion de l’Irak. Au risque de favoriser des divisions religieuses et de renforcer le pouvoir des mollahs intégristes dans ce pays.

Conclusion

Depuis la guerre contre l’Irak en 1991, et, plus encore, après l’invasion de ce pays en 2003,  les États-Unis ont pu consolider leur dispositif militaire au Proche-Orient. Le Qatar est devenu l’une des plus grandes bases américaine du monde.  Les Américains ont renforcé leur présence sur le plan commercial et dans le secteur des ventes d’armes tout en réduisant l’influence des pays européens qui, contraints de participer, directement ou indirectement, aux opérations militaires, se sont discrédités auprès du monde arabe. L’approche géopolitique des Etats-Unis dans cette partie du monde vise à créer un nouveau système d’alliance avec les Etats non-arabes : Israël, Turquie, demain Iran ou, peut-être un Etat kurde qui, à la faveur de l’occupation de l’Irak,  serait porté sur les fonds baptismaux par Washington afin de mieux balkaniser la région.

Ce qui caractérise l’approche géopolitique des Etats-Unis au Proche-Orient est la volonté de maintenir le monde arabe plus bas que l’herbe, de l’empêcher de s’unir et de constituer une puissance qui serait naturellement proche des nations européennes, en particulier la France, pour des raisons tenant aussi bien à l’histoire, à la géopolitique et aux facteurs socioculturels. A cet égard, il est remarquable que les intérêts géopolitiques des Etats-Unis et de la France, ainsi que quelques autres nations européennes, sont diamétralement opposés sur tous les points. C’est peu de dire que le jeu des Etats-Unis est globalement hostile à la nation arabe. En conséquence, la pax americana ne régnera pas dans un Proche-Orient où Washington n’a que deux buts clairement affichés : la mainmise sur le pétrole et l’alliance stratégique avec Israël. Aucun de ses buts ne correspond aux attentes du peuple arabe et la politique des Etats-Unis conduit à emballement de la logique d’un choc des civilisations et à un mécontentement d’une ampleur telle qu’il pourrait bien constituer un nouveau facteur d’embrasement de cette partie du monde. Selon l’ancien président sud-africain et Prix Nobel de la paix, Nelson Mandela, ce sont “les Etats-Unis de George W. Bush et non l’Irak de Saddam Hussein qui menacent la paix mondiale”. Cette menace est la conséquence de l’unilatéralisme de l’hyperpuissance états-unienne. C’est ce qu’a bien compris la France qui a pesé de tout son poids lors de la crise irakienne (septembre 2002-mars 2003) pour faire en sorte d’éviter une attaque contre l’Irak et redonner la main à l’Organisation des Nations unies. La suite des événements a donné raison à Paris. L’occupation de l’Irak a tourné à un quadruple fiasco. Politiquement les Etats-Unis n’ont jamais autant été haïs dans le monde arabe d’autant plus qu’ils accordent leur soutien aveugle à un gouvernement israélien dont la politique extrémiste nourrit un climat de forte tension. Moralement, les tortures infligées aux prisonniers irakiens et les mensonges cyniques qui ont conduit à la guerre contre l’Irak les ont discrédité. Economiquement, le cours du pétrole s’est envolé. Enfin, sur le plan de la sécurité, les GI’s sont embourbés dans une guerre coloniale et sont confrontés à une farouche Résistance tandis que l’Irak est devenu un nouvel eldorado pour des groupes terroristes dont les activités débordent les frontières. Dans ces conditions, le sommet du G8, qui s’est tenu du 6 au 10 juin 2004 à Sea Island, et au cours duquel les Etats-Unis comptaient imposer leur concept de « Grand Moyen Orient », a constitué un échec pour Washington. La France, dont l’opposition à l’invasion de l’Irak s’est révélée des plus judicieuses, a clairement mis en garde contre le danger de réformes imposées aux pays du Proche-Orient, lesquels n’ont pas besoin de « missionnaires de la démocratie car il n’est pas de formule toute faite qu’on pourrait transposer d’un pays à l’autre». Selon le président Chirac, qui partage les mêmes préoccupations que les grandes capitales arabes (Riad, Le Caire, Damas),  il appartient à chaque nation d’étudier les réformes éventuelles qui lui conviennent si l’on ne veut pas par des ingérences extérieures favoriser la déstabilisation des sociétés arabes et musulmanes et faire le jeu des extrémistes. Finalement, la résolution finale du G8 s’est limitée à une vague déclaration d’intention en faveur d’un partenariat avec les pays proche-orientaux qui le souhaitent afin d’appuyer les réformes «qu’ils ont décidé d’engager, en fonction de leur culture, de leur histoire, de leurs situations économique, sociale et politique ».

Il est clair que les Etats-Unis ne savent comment éteindre l’incendie qu’ils ont allumé. Ils se heurtent aux faits qui sont têtus et ne cessent de rappeler que la paix et la sécurité au Proche-Orient passe par la résolution du conflit israélo-palestinien et le rétablissement de la totale souveraineté de l’Irak dans le respect de son unité. En effet, c’est bien la situation en Palestine et le drame de l’Irak qui entretiennent les courant extrémistes. En niant cette évidence, une Amérique messianique et dominatrice s’est précipitée dans une impasse. Il est constant qu’il est utopique de vouloir créer une sorte d’organisme directeur du monde sous la coupe d’une super puissance. Au contraire, il faut tenir compte des données géopolitiques si l’on veut résoudre les problèmes politiques et économiques afin de bâtir un monde plus équilibré et plus sûr. Cela pourrait être l’objet d’une diplomatie française ambitieuse qui aurait la faveur de nombreux pays.

Face à la détermination des Etats-Unis d’imposer leur loi sans tenir compte du doit international et de la communauté des nations, il faudra sans doute que Paris continue à faire preuve de courage et de clairvoyance pour faire en sorte que la politique de Washington au Proche-Orient soit autre chose que celle du porte-avions et de la force tant il est vrai qu’une telle politique ne peut que conduire qu’à l’embrasement et en aucun cas à la construction d’un monde stable, mieux équilibré et plus prospère.


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* Extrait de l’ouvrage collectif : Géopolitique des Etats-Unis, Paris, Ellipses-Revue française de géopolitique, 2003

[1] 1997, publié en Français chez Bayard, Paris, 1997.

[2] Henry A. Kissinger, Diplomacy, New York, Simon and Schuster, 1994.

[3] L’édition française est sous-titrée plus modestement “L’Amérique et le reste du monde “.

[4] Les Etats-Unis consomment près du quart des ressources mondiales.

[5] Ce qui est peu à comparer avec les 260 milliards de l’Arabie séoudite, les 115 milliards de l’Irak ou même les 49 milliards de la Russie.

[6] Les réserves pétrolières de la Chine sont en baisse constante alors que les besoins, liés au développement, sont en hausse. Aujourd’hui la Chine importe 30% de sa consommation de pétrole, elle en importera 50% en 2010 dont les deux tiers en provenance du Golfe.

[7] C’est, notamment le cas à Bahreïn et en Arabie séoudite, mais également chez l’ancien protégé koweïtien. Selon un récent sondage, 75% des Koweïtiens considèrent Ben Laden comme un héros plutôt que comme un terroriste !

[8] Rapporté dans le film de William karel :  Le monde selon Bush (2004)

[9] Against All Ennemies, 2004 (édition en français, Contre tous les ennemis,  chez Albin Michel)

[10] Propos rapportés dans le film de William Karel.

[11] Signé le 26 février 1955, ce pacte auquel adhéraient l’Irak, la Turquie, l’Iran et le Pakistan ainsi que la Grande-Bretagne, maître d’œuvre, avait pour but d’organiser un axe militaire pro-occidental dans la région. Sa signature provoqua des manifestations dans tous les pays arabes et fut à l’origine du renversement de la monarchie irakienne.

[12] Cf.  Revue Etudes géopolitiques, I-2004, « le Liban, regards vers l’avenir », éd.  Idlivre (http://www.idlivre.com)

[13] Selon le plan états-unien, les régions occidentales de l’ancien Hedjaz (provinces du Jouf, de Tabouk, de Médine et de La Mecque pourraient revenir à la Jordanie ; au Sud, l’Assir, le Najran et le Jezan pourraient constituer des territoires autonomes ; à l’Est, le Hasa pétrolier passerait sous contrôle américain et le Royaume saoudiens serait réduit au Nadjd.

[14] Al Ahram hebdo, 13 février 2002

[15] Selon les Israéliens, l’Iran pourrait disposer de l’arme nucléaire en 2005.

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xavier

  20/09/2004

Surprenante décision : le second porte-avions français ne sera pas, comme le Charles De Gaulle, à propulsion nucléaire mais à propulsion classique. La France avait l’occasion d’être, en Europe, la seule puissance disposant de deux porte-avions nucléaires, le président de la République a préféré l’aligner derrière la Grande-Bretagne en s’en tenant aux techniques de propulsion du passé.

Dans le cadre de la loi de programmation militaire 2003/2008, au cours de l’été 2002, le gouvernent avait annoncé l’étude et la réalisation d’un porte-avions qui entrerait en service vers le milieu des années 2010, la Vème République conduisant ses programmes d’armement avec une sage mais bien coûteuse lenteur. La définition du futur bâtiment donna lieu à une longue controverse, en particulier en ce qui concerne le choix du système propulsion. Et aussi en ce qui a trait au maître d’œuvre du projet. La DCN, et les Chantiers de l’Atlantique possédant, sur le plan national, toutes les capacités nécessaires, la réalisation du porte-avions nouveau aurait dû leur revenir. Mais c’eut été dépendre du seul savoir et des seules ressources de la nation. Or, de nos jours, le national est prohibé. Il faut « faire européen » ou, au moins germano-français ou anglo-français. En réalité la décision du président de la République a de plus graves conséquences car elle ajoute à l’introduction des Etats-Unis dans les affaires d’armements de la France.

En effet :
- Associer Thales à Bristish Aerospace (BAE) a pour résultat de remettre l’armement naval français entre les mains d’un secteur privé comportant une entreprise britannique déjà dépendante des fonds de pensions américains et travaillant en sous-traitance pour Boeing. Même le gouvernement de Londres reconnaît que BAE n’est plus une firme anglaise. Au lieu de s’en remettre à un organisme du service public plaçant l’intérêt national bien au-dessus du profit, c’est, au contraire, la quête du profit, au détriment de l’intérêt général qui prévaudra. Une opération semblable a déjà été réalisée par le gouvernement Jospin, la société nationale Aérospatiale fusionnant avec la DASA allemande pour former EADS en passant sous le contrôle de la firme automobile germano-américaine Daimler-Chrysler qui détient 30 % du capital de EADS , l’Etat français 15 % (qu’il est prêt à vendre).

1° - L’Etat français s’est délesté de l’aéronautique militaire, de l’espace et, maintenant, de la construction navale, pour remettre l’ensemble de ces activités aux capitaux privés, de surcroît d’origine étrangère. Ainsi comprises la « construction européenne » et le libéralisme économique assurent la main-mise des capitaux d’outre-atlantique sur les techniques de défense de la France en particulier, des pays européens en général. (M. Philippe Camus, co-président d’EADS l’avait déclaré : … « Nous sommes dans le camp de notre pays et de l’Europe, c’est-à-dire aux côtés des Américains… notre souhait (est) d’être encore plus actifs et de coopérer plus profondément avec nos partenaires industriels américains ». (1)

Cette nouvelle capitulation du gouvernement français, décidée par le président de la République, chef des Armées, achève de détruire le tissu scientifique et technique de la nation, celle-ci devenant peu à peu un « pays colonisé » dépendant du génie créateur et de la production de l’étranger, fournisseur de main d’œuvre, importateur d’analphabétisme et pour peu de temps encore exportateur de cerveaux.

- Autre singularité : du côté français, avec BAE britannique (déjà en difficulté financière) ce sera la firme électronique Thalès qui dirigera la réalisation du projet. Ce ne sera plus l’ingénieurie navale, dans laquelle excellait la France qui gérera le projet mais la spécificité électronique. Comme si, aux temps heureux où la France était encore maîtresse de son destin, la société d’électronique CSF avait dirigé la conception et la fabrication des Mirages au lieu de se contenter de fournir à l’avionneur l’électronique de bord dont il entendait équiper ses appareils. L’objectif était donc bien d’écarter la DCN qui aurait du être une entreprise d’Etat et reléguer les Chantiers de l’Atlantique au rang de sous-traitants du groupe BAE-Thalès, soit privatiser, « européiser », américaniser, substituer le profit au service de la collectivité nationale… du moins à ce qu’il en reste.

- Ayant la mémoire courte, les dirigeants français ne se souviennent pas des échecs retentissants de la « coopération » technique anglo-française, Londres refusant de se joindre aux programmes « Atlantique », « Transall », « Airbus » (en tant qu’utilisateur) réalisant avec la France l’avion Jaguar aux médiocres performances et dont il a fallu s’accommoder durant des années et torpillant le programme maritime « Horizon ».

- Autre anomalie : la presse, aux ordres, a vanté les avantages de ce projet commun en soulignant qu’il correspondait grosso modo au centenaire de l’Entente Cordiale. Londres aurait remercié Paris de la démarche présidentielle.
Or, ainsi qu’on l’a vu plus haut le gouvernement britannique considère que British Aerospace n’est plus une firme anglaise (déclarations de M. Geoffrey Hoon, en 2003, le Ministère britannique de la Défense reprochant vertement à BAE le coût de sa gestion, son excessif engagement outre-atlantique).

2° - Venons-en, maintenant, au choix décisif entre tous, du moyen de propulsion.
a) Sur l’énergie et la propulsion fournies par du combustible fossile, la propulsion par l’énergie nucléaire présente les avantages suivants :
Plus grande autonomie opérationnelle, le porte-avions pouvant être utilisé à distance en étant libéré de la contrainte, à la mer, du ravitaillement en combustible, immobilisant plusieurs heures le bâtiment rendu plus vulnérable (ainsi, d’ailleurs, que le navire-pétrolier, lui-même limité par les nécessités portuaires de son propre ravitaillement).

b) La propulsion par énergie nucléaire évite l’installation de chaudières supplémentaires pour l’alimentation des catapultes de lancement. D’autre part la multiplication de ces sources d’énergie présente l’inconvénient de nécessiter de volumineuses entrées d’air et d’échappement des gaz, qui augmentent les dimensions des superstructure (de « l’îlot ») réduisant la place disponible pour le hangar d’entretien et celle des plates-formes d’élévation et de descente des avions. La propulsion par énergie nucléaire éliminant l’évacuation des gaz des turbines de propulsion classiques, évite les dangereuses turbulences compromettant l’approche par temps calme, notamment lors des vols de nuit.

c) A un nombre égal d’avions de mêmes caractéristiques la propulsion nucléaire permet de limiter le tonnage du bâtiment, et par conséquent, d’en réduire le coût de fabrication, du moins en ce qui concerne la coque et les équipements. C’est ainsi que le modèle britannique à propulsion classique déplacerait 15 à 20.000 tonnes de plus que le Charles De Gaulle à propulsion nucléaire.

d) L’argument avancé pour justifier le choix gouvernemental a été le coût de l’opération : le porte-avions à propulsion classique coûterait 13 % moins cher que l’option nucléaire et cela apprécié durant les quelques 40 ans de vie opérationnelle du porte-avions. L’argument est fallacieux car personne ne sait quel sera le coût moyen du combustible fossile durant la période 2015-2055 censée correspondre à la vie normale du bâtiment. Cela alors que s’épuisent les ressources en énergie fossile. Pas plus que ne sont comptés les coûts de la protection spéciale nécessitée durant les immobilisations pour ravitaillement (en mer) en combustible alors qu’avec un porte-avions à propulsion nucléaire tous les ravitaillements peuvent être effectués par avions ou par hélicoptères et qu’il n’y a donc pas d’immobilisation d’ordre logistique.

e) Ajoutons, enfin, une capacité de stockage de munitions et de carburant pour avion embarqué beaucoup plus importante pour la formule nucléaire que pour la propulsion classique.

3° - Compte tenu de la construction du Charles De Gaulle et de son maintien en service au moins durant les 30 ou 40 prochaines années, un second porte-avions voisin du premier, à ceci près qu’il aurait incorporé les techniques les plus récentes et les enseignements de la construction et de la mise en œuvre du Charles De Gaulle, paraissait de loin, la meilleure des solutions :

-Même formation des équipages et interchangeabilité assurée des hommes, des armes, des équipements.
-Même source de ravitaillement en pièces de rechange techniques, celles-ci, construites et stockées pour les deux bâtiments, revenant moins cher.
-Entretien, réparations et modifications éventuelles assurés par la même entreprise, dans la même installation portuaire.
-Documentation unique, valable pour les deux bâtiments.
-Alimentation en crédits et travail fourni aux équipes de scientifiques et de techniciens de haut niveau nécessaires à l’adaptation de l’énergie d’origine nucléaire au porte-avions. Cela à la place des spécialistes des turbines et des chaudières à vapeur du passé. (Le Clémenceau et le Foch ont été conçus et construits en usant des techniques disponibles il y a un demi siècle).
-Se référant au Charles De Gaulle, les dépenses de bureaux d’études, de recherches, de mise au point auraient été plus réduites que pour les mêmes opérations relatives à un concept nouveau appliqué à un navire de plus gros tonnage.

4° - Aux singularités et aux anomalies évoquées préalablement la coopération anglo-américano-française pour étudier et construire trois porte-avions à propulsion classique – dont un mis en oeuvre par la Marine française – ajoute quelques interrogations :

-Il y a déjà une quinzaine d’années que la Royal Navy recherche un avion à décollage sur très courte distance et atterrissant verticalement pour remplacer, à bord de ses navires, le Sea Harrier. Ce qui signifiait le recours à des porte-avions dépourvus de catapulte pour l’envol. Le projet d’avion F 35, ou JSF (pour joint strike fighter) répond à la demande britannique et British Aerospace est associé au programme ambitieux de l’avion américain et de ses dérivés, d’autant que le gouvernement de Londres a investi plus de 2 milliards de dollars dans la réalisation du programme JSF (auquel participent également l’Italie, les Pays-Bas, le Canada, l’Australie). L’adoption du JSF signifierait-elle que la Royal Navy se satisferait du porte-aéronefs dépourvus de catapultes d’envol, donc aux aménagements différents de ceux nécessaires à l’utilisation, à bord, des « Rafale » français ?

-Mais depuis 1986, la mission des porte-aéronefs a changé et la Royal Navy le proclame : il ne s’agit plus pour le porte-avions, de défendre la flotte de surface et d’exceller dans les missions défensives, et sur court rayon d’action, mais de pratiquer des missions offensives dans le cadre de la « projection des forces armées à distance ». Deux avions différents pourraient, alors, former le système offensif aérien embarqué : une variante du JSF à l’autonomie de vol augmentée et l’Eurofighter (tranche 3) si bien que la Royal Navy reviendrait à l’aménagement classique de ses futurs porte-avions avec catapultes d’envol, celle-ci étant utilisées également pour le décollage des appareils de surveillance aérienne et de contrôle. D’ailleurs, un dessin publié par Aviation Week (du 22 juillet 2002) montrait déjà un porte-avions à deux pistes, l’une dans l’axe du bâtiment pour l’envol, avec sa catapulte, et l’autre pour l’atterrissage avec brins d’arrêt, disposée obliquement. Et sur le pont, stationnent une vingtaine d’avions tandis que décolle un appareil de surveillance maritime surmonté de son disque-radar. D’où, sans doute, les projets de Thalès-BAE convenant à la fois à la Grande-Bretagne et à ses projets aériens et à la France avec ses « Rafale » embarqués. En revanche, un autre dessin plus récemment publié par la presse, montre bien un porte-avions à deux pistes, mais celle qui sert à l’envol se termine par le tremplin adopté par les Britanniques pour leurs avions à décollage sur courte distance. (Tels les Harrier F/A 2 encore aujourd’hui et les JSF demain). Si bien qu’une certaine ambiguïté demeure sur la similitude des deux bâtiments anglais et du bâtiment français.

-Sur des porte-avions semblables, l’embarquement de groupes aériens différents modifie considérablement les performances de l’ensemble aéro-maritime. C’est ainsi, par exemple, que n’ayant pas à subir les pénalités de l’envol court et de l’atterrissage vertical du JSF américain, le « Rafale » doit avoir des capacités opérationnelles plus grandes, notamment en emport d’armements et de rayon d’action, performances particulièrement utiles pour les missions de « projection de la force à distance ». La Royal Navy accepterait-elle cette infériorité ? Le recours à l’Eurofighter, en admettant que ses constructeurs parviennent à le mettre au point, rétablirait-il l’équilibre ?

A moins qu’après tant de capitulations le gouvernement français en consente une autre et, comme la majorité des aéronautiques européennes, adopte, lui aussi, le JSF dans sa version offensive ?

Conclusion
La décision présidentielle relative au deuxième porte-avions français s’inscrit dans un plan général de désarmement militaire de la France :
-Après la fusion de l’Aérospatiale avec DASA, sous la coupe financière de Daimler-Chrysler et du secteur privé, les nouveaux actionnaires se souciant comme d’une guigne de l’intérêt national pour tout sacrifier au profit, autant dire que la France renonce à l’aéronautique de combat, aux engins stratégiques et tactiques, à l’utilisation militaire de l’espace.

-Après l’arrêt des essais nucléaires, le démantèlement du Centre d’essais du Pacifique et la dispersion des équipes de scientifiques, la France programme, à moyen terme, la disparition de son armement atomique.

-Avec la fin de la conscription et la mise sur pied d’une armée de métier la France s’est préparée à participer à des opérations de guerre sous commandement étranger, au service d’intérêts qui ne sont pas les siens.

-Enfin, c’est aux constructions navales que s’en prend, maintenant la Vème République, le gouvernement s’en remettant au secteur privé d’accomplir une tâche régalienne qui lui revient puisqu’il s’agit de la défense et de la sécurité de la nation. Ces démissions successives de l’Etat correspondent à la « construction européenne » dont l’objectif est le passage du territoire français du statut d’Etat nation au statut régional. A l’évidence la Défense nationale et l’armement ne sont pas du ressort d’une région.

(1) Le Figaro Economique – 2 octobre 2001 P. VIII

Pierre M. Gallois

Bush a-t-il pété un plomb ∫

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sysfran

  19/09/2004

Bush a-t-il pété un plomb ?
par Alexander Cockburn. 5 juin 2004

Il se comporte comme Nixon dans les derniers jours.
Un rapport sur l’état mental de George Bush commence à faire du bruit.

L’auteur en est Doug Thompson, de Capitol Hill Blue rendu public à l’aube du 4 juin.

“Le comportement de plus en plus incohérent de George W. Bush et ses brusques sauts d’humeur provoquent des commentaires dans les couloirs de la Maison Blanche et ses conseillers expriment de plus en plus leurs préoccupations quant à la santé mentale du dirigeant.”

C’est ainsi que commence le rapport de Thomson. Il continue :

“Lors des réunions avec ses proches collaborateurs et les officiels, le président passe dans la même phrase d’une citation biblique à une envolée obscène contre les médias, les Démocrates et tous ceux qu’il qualifie d’“ennemis de l’état.”

“Cela me rappelle l’époque de Nixon,” raconte un consultant de longue date du Parti Républicain qui a ses entrées à la Maison Blanche. “Tout le monde est devenu l’ennemi ; tout le monde en veut à sa peau. C’est l’ambiance actuelle de la maison.” Il faisait évidemment allusion à l’ancien président Nixon qui, enfoncé dans le bourbier du Watergate, radotait complètement soul jusqu’à très tard dans la nuit, et lorsque Kissinger fit savoir qu’il avait pris les commandes du bouton nucléaire.

Parlant du bouton nucléaire, Thomson dit qu’il a interviewé, de manière informelle, un certain nombre d’employés de la Maison Blanche qui parlent de déclarations de Bush qui affirme que ses décisions sont l’expression de la “volonté de Dieu” et qu’il ordonne à ses conseillers “de leur mettre bien profond” à tous ceux qui sont considérés comme des opposants à son administration.

Selon un conseiller, “Nous sommes en guerre, cela ne fait aucun doute. Mais je ne sais plus qui est l’ennemi au juste. Il semblerait que nous passions plus de temps à tenter de détruire John Kerry qu’Al Qaeda et la liste de nos ennemis ne fait que s’allonger”.

Toute critique est impossible. Le président réagit férocement. Voici comment le licenciement mercredi du directeur de la CIA, George Tenet, s’est passé, selon Thomson qui cite un conseiller.

“Tenet voulait démissionner l’année dernière mais le Président a refusé d’en entendre parler. Cela aurait été le moment opportun pour une telle décision, pas maintenant au beau milieu d’une campagne électorale. Mais lorsque le directeur s’est opposé au Président au cours de la réunion mercredi, le Président lui a coupé la parole en disant “Ca suffit George. Je ne peux tolérer une manque de loyauté. Je veux votre démission et je la veux maintenant.”

Thomson écrit que “Tenet fut autorisé à démissionner “volontairement” et Bush informa jeudi matin son personnel sous le choc. Selon un conseiller, le président aurait décrit sa décision comme “une volonté de Dieu”. Dieu pourrait être aussi à l’origine de la raison pour laquelle le Ministre de la Justice John Ashcroft, le paratonnerre de l’administration qui s’attire toutes les critiques pour ses menaces contre les libertés garanties par la Constitution, fait toujours partie de l’élite au pouvoir. Le personnel de la Maison Blanche appellent Bush et Ashcroft les “Blues Brothers” parce qu’ils sont “envoyés en mission par Dieu”.

“Le Ministre de la Justice et Bush sont comme cul et chemise, à cause de la religion”, raconte un conseiller. “Tous les deux croient que toute action est justifiable au nom de Dieu.”

Bush est devenu chatouilleux, toujours prêt à exploser, tout feu tout flammes, les qualifie en public de “putains de connards” [fucking assholes - ndt] ou, concernant quelqu’un qu’il considère comme critique, “d’antipatriote” ou “d’antiaméricain”.

Selon Thomson, qui cite un conseiller, “Il y une ambiance de siège ici, ça ne fait aucun doute”. “Dans cette administration, pas besoin de porter un turban ou de parler le Farsi pour être un ennemi des Etats-Unis. Il suffit d’être en désaccord avec le Président.”

Alexander Cockburn

http://www.counterpunch.org

Traduction et compliments : Cuba Solidarity Projec

The Big T Problem : An Open And Straight View

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Stassen

  15/09/2004

Turkey and the European Union : seeking an illusion

With the European Commission assessment on Turkey’s compliance with the Copenhagen Criteria due very soon, Sylvie Goulard argues that some of the arguments points made in favour of Turkish accession are short-sighted. She warns that further enlargement to a country as large and potentially problematic as Turkey would further weaken the cohesion of a Union that must still cope with its current and planned waves of enlargement.

By: Sylvie Goulard
Date: 13-09-2004
Keywords: Turkey   EU enlargement   European Institutions   Fundamental rights  
___________________________

Next December, the European Council is supposed to decide whether the European Union opens accession negotiations with Turkey or not. For Commissioner Günter Verheugen and for many national political leaders, there is no doubt that the decision made in December 1999 giving Turkey the status of a candidate country is “irreversible” (Jacques Chirac). As long as the Turks respect the broad criteria set in 1993 in Copenhagen, negotiations have to begin, as soon as possible. They are self-confident in what they call a new “strategic” vision of the EU (Joschka Fischer). They use definite arguments: if Turkey joins the European Union, one of the most important country of the Middle East will be stabilised, both areas will be more prosperous; the fight against terrorism will be easier; a dangerous “clash of civilisation” will be avoided. If it does not join, we take a huge risk: the current moderate government in Ankara will be overthrown; the power will be taken by fundamentalists; the whole region will be destabilised. Even the American President George W. Bush has expressed strong views: “Turkey belongs in Europe,” he said recently in Istanbul.

Many of these arguments are worth thinking about. Nevertheless, it should be possible to examine in an objective way if it is reasonable to open the door to Turkey. Threats, blackmail, the misuse of religious arguments, and exaggeration do not help in building a long lasting relationship. In our opinion, a big mistake is being made.

Examining the arguments
Firstly, religion should not be an argument, neither against Turkish accession, nor in favour of it. The current tendency to see Turkey’s accession as the answer to the coexistence of Christians and Muslims is by far too short-sighted. As External Affairs Commissioner Chris Patten said in Oxford in May 2004,  breaching the politically correctness of the Brussels’ language, Turkey is not Islam, neither is it an Arabic state. Saying “no” to Turkey would have a symbolic significance but not automatically displease the Arabic world. At the same time, the Union is closing its door to other moderate Muslim countries like Morocco, where the King takes courageous measures in favour of democracy and gender equality (reform of the Moudawana). If we really want to build a bridge with Islam, if we have already put the border of the Union close to Ispahan, there is no strong argument against the accession of all moderate Muslim regimes close to us, notably those in North Africa. Are we ready to go this far? If we are not, we should at least avoid to appease our conscience with half measures. In France, the feeling that there is a double standard (yes to the Muslim Turk; no to the Arabs) might create some trouble.

Secondly, experts and governments focus only on Turkey, its political evolution, its progress toward democracy. Nobody would deny that big changes are taking place. Nevertheless, the 2003 report of the Commission still contains very worrying remarks with respect to the status of the women, the state of the justice system and religious freedom. These “black holes” and the need for concrete changes, not only in the rules but also in the minds, should be seriously taken into consideration. And the other partner, the European Union, is at least as important. Yet, the Heads of State and Government refuse to ask themselves whether the European Union is capable, in its foreseeable state, of absorbing Turkey. Are the accession procedures democratic enough to make sure that we keep the citizens on board? Are we strong enough to launch a new round of enlargement just after 10 new Member States enter into the EU? Can the EU afford the financial and institutional cost of Turkey’s accession? Unfortunately, the answer on the three issues is definitively no.

A question of democracy
The first and main concern is democracy. The last European elections in June were characterised by a very low turn out: only 20 % of the Slovaks and the Poles, 25 % of the Czechs and Slovenians actually took to the polls. In France, Germany and in the Netherlands, three founding countries, less than the half of the voters chose to express themselves. In the UK, the party promoting to leave the Union had great support. The Europeans, both new and old, do not feel at ease in the EU as it works. The Commission’s “Eurobarometer” opinion polls show that the support for European integration is constantly decreasing. The problem goes beyond “communication,” “good governance” and sweet speeches on the necessity to “bring Europe closer to the citizens”! If everything is “irreversible” before it is discussed in public, if the citizens are not consulted on the decisions that influence their own destiny, who will believe in the Union anymore? Integrating a country like Turkey, which will soon be the largest in the Union, which belongs only partly to Europe and has another culture and religious tradition, is at minimum a very sensitive challenge. The Union will only succeed if European citizens feel involved and committed themselves, bound to the promises made by their leaders. If the citizens are excluded from the beginning, this is not only an insult to democracy, this is the best way to fail. This accession can only bring the diplomatic advantages the governments are seeking, if it is properly implemented at local level: because of the subsidiarity principle, the Union has little means, even for the implementation of the core of the Treaty of Rome.

Let us take the example of freedom of movement. It has to become a reality in daily life, in schools and hospitals. We are far from having found the recipe for Muslim integration in our suburbs. The last report on the women’s situation in Turkey by Amnesty International, shows a society in which the government has changed some rules but still remains archaic for the most part. The Turks that move to other parts of Europe are not part of the elite of Istanbul, they are largely from the poor countryside. Our societies have to be ready to integrate them. Can we afford more women wearing scarves on our soil? Let us assume Turkey becomes a member of the Union and holds the presidency of the European Council. Will the European women see their reflection in a “first lady” wearing a headscarf during a State visit, like Mrs Erdogan did in Athens last May? This is not a religious problem. It s a problem of gender equality, which is at the very heart of the European values and which is, as Spanish Prime Minister Zapatero said recently, one of the signs of modern democracy.

The fact that the negotiations might last eight or ten years does not guarantee that we and the Turks will be ready, in the end, to live with one another. We must at least discuss all these issues in an open debate before opening the negotiations. By underestimating the concrete difficulties our societies have to properly integrate Muslims already living in our communities, we could in the end be increasing the risk of a “clash of civilisations” within Europe, instead of avoiding it. In a country like France, where a right wing extremist made it to the second round of the presidential election in 2002, it is even playing with fire. At this stage, all the governments that are in favour of Turkish accession say little on how they will meet the challenge on the ground. Can they resolve identity problems by avoiding an open debate and deciding “top down” what Europe is? Can they force their citizens into harmonious cohabitation? The European Parliament now adopts about 60% of national legislation; joining the Union and with it the European Parliament, is a political not a technical or a diplomatic choice.

Listen to Europe’s citizens
By repeating that the accession process is going ahead with Turkey, Bulgaria, Romania and the Balkans, five days after the European election, the governments and the Commission proved they were not hearing the message coming from European citizens. In many countries, there will be a referendum on the Constitutional Treaty. Who could seriously believe it was possible to consult the peoples on the rules of the game (the Constitution) and not on those to which these rules apply (the possible Member States)? The last wave of enlargement has led to huge frustration, at least in some Member States, such as France because the people have not been properly informed and consulted. The procedure for Turkey remains a diplomatic and frustrating one: the governments decide to open the negotiations; these negotiations go on for years; the people are only asked, directly or through their representatives, at the very end, when the Treaty has to be ratified. This “take it or leave it” democracy is dangerous: citizens know little about the different so-called “irreversible” steps. If they discover very late that they do not agree, the consequences are all the more damaging, because for all these years the candidate country has worked toward meeting the criteria. In France, where the Constitution prescribes a referendum, a negative vote outcome is not unlikely. This is the reason why we should introduce more debate at the present stage: the people have to be consulted now on whether or not we open negotiations. If there is an overwhelming majority against such a decision, which is the case in France, President Chirac in his minority view even among his own party , France should veto membership earlier, rather than later - in ten years’ time.

Institutional repercussions
The second concern is the state of the Union after the previous enlargements. As we have just said, the EU which might possibly have to admit Turkey is a new Union of 25 Member States. Ten new members just joined a few months ago. Nobody knows how the new Commission with one Commissioner per Member State, is going to work. The European Council has already changed: it is larger, looser. This enlargement still has to become a reality. To launch new waves of enlargement does not make common sense.

We also have to draw on lessons from our previous experiences. Supranational integration is not something natural. We know that even among the founding countries, there are doubts and hesitations. We know that the UK, Denmark and Sweden entered the Union on false premises, making their population believe that it was merely joining a single market entity, not a political project with the aim of an “ever closer” perhaps even federal union. This fundamental misunderstanding explains why these governments are not at ease with the single currency, for example. We know the Copenhagen criteria are not sufficient to ensure that the newcomers share the same vision of Europe. This was brutally recalled during the Iraq war. We know that during the accession negotiations, the delegations focused on technical issues and lost sight of the big picture. It will not be the Turkish fault, if the same happens in this situation and minor questions remain at the forefront of negotiations only to discover afterward that Turkey does not share our vision of Europe. It will be our fault because we are not demanding enough.

Widening without deepening?
Furthermore, no one can deny that the last enlargement took place without respecting the promises made to European citizens: deepening and widening were to be two parallel processes. Widening became the only priority. The last sentence of the Copenhagen criteria, mentioning the need for a pursuit of the integration path disappeared from minds, official declarations and Union websites. After the unsuccessful discussions in Amsterdam in 1997, the French, Italian and Belgian governments adopted a resolution promising an institutional reform ahead of any decision on enlargement. In the law authorising the ratification of the Amsterdam Treaty, the French Parliament, using a very unusual procedure, put a condition to enlargement: a prior reform of the institutions was necessary. Yet, the wind from the East managed to blow all of these necessary safeguards away. Are the promises made to the Europeans less important than the ones made to the Turks ? Even if the Turks are not responsible for the current sentiments in Europe, they simply can not ignore them. If they want to join the Union, they have to take the Union as it is right now and not as it was in 1963 or 1999, when some European leaders committed themselves without the backing of the people.

The decision on Turkey is much more than the decision to accept just one more Member State. It is a decision on the future of the European project itself : do we want to continue our creation of a politically integrated Union of States and citizens? Or are we happy with a kind of regional UN, pursuing only diplomatic, strategic goals ?

Institutional reform: A chance missed
To ensure that the political project remains on the agenda, it would have been necessary to fundamentally reform the institutions and finances of the Union. This did not happen, neither in 1997 in Amsterdam, nor in Nice in 2000.

The Constitutional Treaty goes into the right direction, with certain useful simplifications and innovations like the Charta of fundamental rights, a stable presidency of the European Council or the double majority, but it fails to tackle all challenges of the Union with 25 Members States. In the field of foreign affairs, the European Union remains a dwarf; as far as growth, research and employment, justice and police are concerned, it is at the best a loose form of interstate cooperation.

As far as institutions are concerned, the size of Turkey makes a huge difference. Turkey already has 75 millions inhabitants; by acceding it will become the largest EU country, with the highest number of seats in the European Parliament, the biggest influence in the Council and the greatest number of civil servants in the Commission. At the same time, it will have the highest expectations in terms of funds and support in a system in which finance discussion are still purely intergovernmental. The Union still does not have procedures guaranteeing its own resources. It derives its contributions directly from the Member States, with no debate in its directly elected Parliament on resources and expenditures. The Union pretends to be a superpower yet in reality it is no more than a teenager receiving pocket money.

Paying for Turkey’s accession
Even the strongest supporters of Turkish integration have some difficulties in explaining how its presence within the system is going to facilitate the decision making process. No German politician supporting Turkish accession admits that his country will have to pay more for it. No British politician is ready to give up the British “rebate check” in order to facilitate this great design. Nor is Jacques Chirac ready to change his mind on the Common Agricultural Policy (CAP). Everybody recalls the positive impact of accession on Portugal, Spain and Greece. But the same leaders have a short memory: they do not recall that Jacques Delors dramatically increased the cohesion budget in order to reach this goal. The current Union is a strange one. It has huge ambition and few means with which to fulfil it.

It is not sure that the Turkish population, who is dreaming of “Europe” in broad terms, realises what it means: will Turkey accept to be one among 28 “equal” Member States, like Mr Barroso always stresses? Will it accept to have only one Commissioner, like Cyprus or Slovenia, or even zero if we achieve in the long run the rotation foreseen in the Constitutional Treaty?  Will it be ready to give up its strong nationalism which still denies Armenian genocide, over a century after it happened? And most importantly, because this is the key issue, will it accept qualified majority voting?

The Union does not yet have enough qualified majority voting to be a strong force in the world. The accession of a country with a very special geographical and cultural position, a GDP of only 30 % of the average EU 25 (25 % of the GDP of the 15) which is at the same time the number one country in the system due to its size and population,  is an interesting equation with many possible solutions. The most likely is the collapse of the European project as we have been pursuing it: with Turkey a member, there is little chance for a real common foreign policy, a sound cohesion and structural policy - not to even mentioning agricultural policy. Introducing certain protection measures against tax dumping or promoting a proactive social policy will become absolutely impossible. The fact that we will be more numerous does not make the EU stronger. If there is not any strong identity feeling and if all the policies are diluted, it will make it weaker.

Conclusion
In a nutshell, the lack of democratic debate on such a sensitive and serious issue is amazing. By declaring the decision “irreversible,” our leaders are endangering democracy; by anticipating the results of the report of the Commission on human rights, gender equality and justice, they undermine the values of the Union. They are betting on the future of the European project. They are playing with our destiny. For the ancient Greeks, the lack of moderation, the tendency toward hubris was the worst mistake. We are not far from it - granted, we live in a new technocratic, politically correct version but a hubris nonetheless.

Sylvie Goulard will shortly publish a major book on these issues, in which she expands on her arguments: “Le Grand Turc et la République de Venise” is published by Fayard, Paris.

http://www.theepc.net/en/default.asp?TYP=CE&LV=177&see=y&t=42&PG=CE/EN/detail&l=1&AI=377