Federico
20/09/2004
Un excellent article de M. Sant Prot, de l’Observatoire d’études Géopolitiques
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La politique des Etats-Unis au Proche-Orient
par Charles Saint-Prot
Après la fin de la guerre froide, les Etats-Unis ont redéfini une stratégie intégrale visant à leur permettre de demeurer une superpuissance et de faire prévaloir leurs intérêts économiques. La géopolitique mondiale est désormais dominée par une superpuissance dont l’objectif est de maîtriser le capitalisme mondial, façonner le marché à sa convenance et faire en sorte que la mondialisation soit une américanisation sur tous les plans. Pour cela, il appartient aux Etats-Unis d’écarter tout danger de désordre qui remettrait en question leur suprématie. Dans son livre The Grand Chessboard[1] , Zbigniew Brzezinski affirme que “la politique des Etats-Unis est la clé de l’ordre mondial”. Il avance lidée que son pays doit éviter “la domination par une seule puissance dune des deux principales sphères de lEurasie”[2], un curieux ensemble imaginé par les penseurs états-uniens qui ne précisent toutefois pas quelle est la réalité de cette construction théorique. Brzezinski décrit en détail les moyens d’instaurer un nouvel ordre mondial dominé par les Etats-Unis et il donne une idée assez précise d’une stratégie qui vise, comme cela est souligné dans le titre de l’édition américaine (“American Primacy And It’s Geostrategic Imperatives”)[3], à la suprématie des Etats-Unis, sous le couvert d’un certain messianisme typiquement anglo-saxon : “si les Etats-Unis manquaient à leur tâche, ce serait l’anarchie mondiale”.
Dans cette nouvelle donne internationale conçue par les Etats-Unis, le Proche-Orient occupe une place centrale. Tous les enjeux s’y conjuguent : la question des ressources économiquement vitales, le contrôle des routes stratégiques de l’énergie, lhégémonie économique et politique. C’est également dans cette région du monde, lors de la première guerre contre l’Irak (1990-1991), qu’a été mis en application pour la première fois le concept nouveau inhérent à cette stratégie : le droit d’être le gendarme du monde que les Etats-Unis se sont attribués. La politique de Washington au Proche-Orient est exprimée dans un document publié par le Washington Institute for Near East Policy. Elle se distingue par un objectif de puissance très clairement affirmé, qui vise à prendre le contrôle de l’enjeu pétrolier en affaiblissant tous les pays arabes susceptibles d’y faire obstacle et en entretenant un partenariat étroit avec des alliés qui n’ont eux-mêmes pas d’autre choix.
Un exposé de la politique des Etats-Unis
Edité, en janvier 2001, par le Washington Institute for Near East Policy, le rapport du Groupe présidentiel d’études, intitulé Navigating trhough Turbulence, America and the Middle East in a New Century, expose la politique des Etats-Unis au Proche-Orient. Il lui fixe cinq objectifs : empêcher une guerre régionale sur le différend israélo-arabe ; lutter contre les armes de destruction massive ; renforcer la lutte contre le terrorisme ; provoquer des changements en Irak et en Iran ; renforcer les relations avec les pays de la région. Chacun de ces objectifs fait l’objet d’un développement qui explique quels sont les buts recherchés et les moyens pour y parvenir, tout en précisant la vision des auteurs.
Ainsi, concernant le conflit israélo-arabe, il est notable que les rédacteurs du rapport n’apportent aucune précision sur le processus de paix qu’ils prétendent appeler de leurs vux et se démarquent très nettement des accords d’Oslo dont ils rappellent qu’ils ne sont pas “une idée américaine”. Ils estiment simplement qu’il convient de renforcer le partenariat israélo-américain, faire pression sur les Etats arabes “pro-occidentaux” pour qu’ils soutiennent le “processus de paix” et “dissuader” les adversaires déclarés ou potentiels ( Irak, Syrie, Liban ). La lutte contre la prolifération des armes de destruction massive ne vise pratiquement que l’Irak, avec une allusion voilée à l’Iran. Rien n’est écrit concernant d’autres Etats qui développent des programmes d’armes de destruction massive autrement plus avancés, par exemple, Israël ou le Pakistan. Le rapport traite de la menace terroriste, évaluée comme très sérieuse dans ce document préparé plus d’un an avant les attentats du 11 septembre. Il est constant quil fait un amalgame entre la Résistance palestinienne et libanaise (Hezbollah), le terrorisme d’Etat ou le terrorisme intégriste. En outre, les rédacteurs se limitent surtout à une approche policière du phénomène terroriste sans développer aucune analyse politique quant à ses causes. Lobsession du renversement du pouvoir irakien apparaît très nettement tandis qu’il est simplement préconisé de soutenir les forces “modérées” contre les partisans de la ligne dure du régime iranien. Enfin, concernant les relations avec les Etats de la région, il est notable que le document met en exergue l’affirmation d’une alliance stratégique avec Israël et la Turquie et se limite à des déclarations de principes visant à améliorer les bonnes relations, en particulier avec une nouvelle génération de dirigeants arabes, souvent moins charismatiques que leurs prédécesseurs, que les Etats-Unis entendent aligner sur eux. Il est suggéré dencourager une meilleure connaissance mutuelle entre les Etats-Unis et les pays arabes dits “pro-occidentaux”, afin de sauvegarder les “intérêts vitaux” des Etats-Unis. Sur ce point, il est remarquable que, sous couvert du renforcement de la coopération dans le domaine de “la sécurité énergétique, militaire et économique”, le rapport préconise surtout un renforcement de la présence militaire américaine dans certains pays arabes, au risque de leur créer de graves problèmes intérieurs.
Quand bien même n’exprime-t-il pas une position officielle des Etats-Unis, le rapport de l’Institut de Washington, lequel passe pour être proche du fameux American-Israel Public Affairs Committee (AIPAC), l’un des principaux organismes du puissant lobby pro-israélien, est très révélateur du courant dominant dans l’administration américaine. Il s’inscrit très nettement dans la stratégie conduite par Washington au Proche-Orient. Ce document éclaire les grands axes de la politique états-unienne : le contrôle des régions productrices de pétrole, notamment par la présence de forces militaires, importantes et permanentes, sur le sol de la Péninsule arabe ; l’affaiblissement de l’Irak dont le sort doit servir d’exemple à tous ceux qui seraient tentés de remettre en question la suprématie des Etats-Unis ; l’alliance stratégique avec l’Etat d’Israël et la suprématie militaire absolue des alliés des Etat-Unis (Israël et Turquie).
Le pétrole, enjeu stratégique
Si le mot pétrole apparaît très peu dans le rapport publié par le Washington Institue for Near East Study, il est indéniable que l’idée est omniprésente sous des termes alambiqués tels “sécurité énergétique”, “sécurité économique”, “intérêts vitaux des Etats-Unis”. Le fond du problème est donc bien la géopolitique du pétrole. Malgré l’accroissement des parts d’autres sources d’énergie, le pétrole restera durant des décennies la première source d’énergie. Or c’est une ressource naturelle épuisable. Les réserves pétrolières mondiales ont enregistré une baisse de 18,2 milliards de barils en 1999, en tombant à 1 016 milliards. L’évolution des réserves et de la production va inexorablement baisser alors que, parallèlement, l’accroissement des besoins énergétiques mondiaux ne cesse d’augmenter. Telle sont les données de base qui expliquent que le pétrole constitue un enjeu stratégique essentiel.
Qui tient le pétrole tient léconomie mondiale. Fort de cette certitude les Etats-Unis ont fait une priorité de la mainmise sur le pétrole mondial. Premier consommateur[4] et premier importateur de pétrole dans le monde, pays d’origine des plus grandes sociétés pétrolières internationales, contrée productrice de pétrole, les Etats-Unis ont toujours exercé un rôle primordial dans le développement et l’orientation de l’industrie pétrolière. Depuis 1986, les réserves pétrolières des Etats-Unis ont commencé à chuter et c’est précisément à cette époque que la part des importations a dépassé la part de la production nationale pour la consommation intérieure. En outre, les Etats-Unis ont le souci de préserver leurs propres réserves, qui ne représentent que 30 milliards de barils[5], en privilégiant l’achat de naphte sur le marché mondial. Dans ces conditions, la géopolitique du pétrole peut sarticuler à partir de deux approches : le contrôle des zones de production et des routes du pétrole, le contrôle du prix. Le jeu états-unien repose sur trois objectifs majeurs : acheter sur le marché mondial à un prix relativement bas, être présent les principales régions productrices pour faire pression sur les concurrents européens et asiatiques (notamment la Chine[6]), maîtriser les routes d’acheminement de l’or noir.
Dans la course pour le pétrole, le Proche-Orient occupe une place de choix. La seule région du Golfe arabo-persique détient plus de 660 milliards de barils de réserves pétrolières, soit plus de 65 % des réserves prouvées du monde, avec deux poids lourds : l’Arabie séoudite et l’Irak qui possèdent les premières réserves mondiales. Le centre de gravité de la production pétrolière mondiale est de manière stable dans cette région, capable de répondre aux besoins de la planète pour les cinquante prochaines années et, par ailleurs, voisine d’une autre importante région productrice : le lac caspien. Depuis les années trente, les Anglo-saxons se sont employés à faire du Golfe une chasse gardée. Le premier à contester leur hégémonie, le dirigeant iranien Mossadegh avait été renversé par un complot de la CIA en 1953, mais c’est l’Irak, sous le gouvernement nationaliste du parti Baas, qui, à partir de 1968, a vraiment remis en cause la domination américaine en nationalisant le pétrole et en mettant en place une politique de coopération privilégiée avec un certain nombre de pays amis, dont la France. Après la guerre israélo-arabe de 1973, l’hégémonie de Washington se trouvait menacée par la montée en puissance des concurrents européens et japonais. Parallèlement, elle était contestée à la fois par le roi Fayçal d’Arabie séoudite, qui récusait la politique américaine vis à vis du conflit israélo-arabe et souhaitait être plus indépendant de Washington, et par le Chah d’Iran qui, après son rapprochement avec l’Irak, intervenu lors de laccord dAlger de 1975, semblait se détacher de l’orbite américaine. Une nouvelle donne était en train de se mettre en place. La suite est connue : la Turquie, alliée indispensable des Etats-Unis contre le monde arabe, se voit donner le feu vert pour occuper Chypre, en juillet 1974 ; le roi Fayçal est assassiné par un agent américain en mars 1975 ; la guerre du Liban est déclenchée par des groupes orchestrés par Israël et les Etats-Unis, en avril 1975 ; des mouvements religieux extrémistes, manipulés par les Anglo-saxons, commencent à contester l’autorité du Chah d’Iran. Finalement, en janvier 1979, celui-ci va être renversé par Khomeiny qui instaure une République islamique dont la turbulence va provoquer des crises avec ses voisins arabes. Après le déclenchement de la guerre Irak-Iran, le 4 septembre 1980, les Etats-Unis permettent à Israël de soutenir l’effort militaire de l’Iran afin de faire durer la guerre et d’épuiser les deux pays. Le scandale de lIran Gate révélera le soutien militaire américain apporté au régime de Khomeiny par l’intermédiaire d’Israël. En même temps, les Etats-Unis renforcent leur présence auprès des monarchies arabes du Golfe terrorisées par la menace iranienne.
Ayant vaincu l’Iran en 1988, l’Irak se retrouve en situation de force dans la région du Golfe. Doté d’une armée expérimentée, disposant d’un fort potentiel technologique, détenteur des secondes réserves de pétrole du monde, l’Irak peut prétendre exercer un rôle de premier dans le monde arabe. Or, l’Irak a résolument fait le choix de se rapprocher des nations européennes, en particulier de la France, qui l’a aidé durant le conflit avec l’Iran, et des Etats asiatiques (Japon, Chine). Bagdad accorde à ces pays un statut privilégié en matière d’échanges économiques et de coopération dans le domaine pétrolier. Cela signifie à terme un déclin de l’hégémonie américaine dans le Golfe et une remise en cause du rôle des compagnies anglo-saxonnes sur la politique pétrolière. Et cela à un moment où l’effondrement du bloc soviétique fait disparaître la menace soviétique, réelle ou supposée, qui justifiait la présence américaine à la fois dans un grand nombre de pays européens, sous couvert de l’OTAN, ou dans les Etats arabes dits pro-occidentaux. C’est dans ce contexte qu’est née la politique daffaiblissement du potentiel économique et militaire de lIrak et lidée de renverser le pouvoir baassiste pour installer à Bagdad un régime pro-américain.
En 1989, deux ans avant l’affaire de Koweït, les Etats-Unis et leurs propagandistes lancent une intense campagne diplomatique et médiatique de dénonciation autour du prétendu “nouveau danger irakien”. La chute du bloc soviétique aura pour conséquence de précipiter le scénario. Désormais les Etats-Unis préparent l’après guerre froide qu’ils conçoivent comme un ordre mondial américain. Dans ce contexte, mettre la main sur le pétrole devient un but prioritaire. Puissance indépendante au cur d’une zone stratégique, l’Irak a tout uniment le tort d’être un obstacle aux visées états-uniennes dans la région. C’est tout le sens du piège tendu à Bagdad avec l’affaire de Koweït (août 1990) et de la guerre qui va suivre l’occupation de l’émirat, en janvier 1991. Depuis la guerre contre lIrak, les Etats-Unis ont marqué leur territoire. Ils se sont puissamment installés militairement dans la région du Golfe sous le couvert dalliances militaires quils ont imposées aux monarchies locales, ce qui nest pas sans provoquer un profond mécontentement dans la population.[7] En même temps, on connaît lintérêt que portent les Etats-Unis au pétrole caspien et les efforts quils déploient pour se rapprocher de cette région et influencer le choix des routes qui achemineront lor noir caspien. Tout l’enjeu consiste à faire échapper les champs pétroliers des pays riverains du lac caspien à l’influence russe tout en écartant la Chine du jeu. La question de l’acheminement du pétrole du lac Caspien est l’un des grands enjeux géopolitiques de ces dernières années. L’objectif des Etats-Unis est de maîtriser les voies dacheminement du brut en faisant transiter le pétrole kazakh et azéri par le territoire turc jusqu’au port de Ceyhan. L’intérêt stratégique de Washington dans cette affaire est attesté par le fait que le ministre de l’énergie des Etats-Unis, Spencer Abraham, a inauguré en grandes pompes la construction de l’oléoduc Bakou-Ceyhan, le 17 septembre 2002. Les visées états-uniennes expliquent le soutien apporté à tous les mouvements séparatistes au sein de la Russie (par exemple, en Tchétchénie) ou aux régimes et partis intégristes dans les républiques musulmanes de l’ancienne URSS. Elles sont aussi à l’origine du renforcement de lalliance avec la Turquie chargée de renforcer l’OTAN, c’est à dire la police états-unienne, dans cette partie du monde. Pour être complet, il faut ajouter que linstallation de troupes américaines au Kosovo et en Afghanistan sest précisément effectuée dans des endroits qui pourraient des lieux de transit du pétrole caspien.
La guerre contre lIrak, programmée dès le mois de septembre 2002, entre sans aucun doute dans la stratégie globale des Etats-Unis. Dès lors, il est possible de mieux comprendre l’incroyable acharnement et les méthodes les plus discutables quils ont utilisées pour en finir avec ce pays.
Affaiblir l’Irak, diaboliser lIslam, remodeler le Proche-Orient
La politique des Etats-Unis à l’égard de l’Irak a pour fondement la stratégie pétrolière de Washington. Ce n’est sans doute pas un hasard si des représentants de l’opposition irakienne en exil, proches des Etats-Unis et, pour certains, liés au lobby pétrolier états-unien, ont déclaré que, en cas de renversement du pouvoir irakien, les compagnies pétrolières françaises, européennes et russes n’auraient plus aucune facilité en Irak. Que ces déclarations, jugées inopportunes par Washington, aient été démenties nenlève rien au fait quelles ont été prononcées et traduisent bien la réalité. Depuis longtemps, lIrak a été un obstacle à la politique de Washington. Cest cet obstacle quils voudraient réduire. Ce pays a commis le crime de contester la suprématie américaine et la punition doit être assez dure pour servir de leçon à tout pays qui serait tenté de suivre son exemple. En outre, l’Irak était le dernier bastion, ou l’ultime témoin, d’un fort courant nationaliste arabe qui, avec Nasser en Egypte et le parti Baas en Syrie et en Irak, s’est manifesté à partir des années 1950. Ce courant qui a séduit une large partie des masses arabes, a été vigoureusement combattu par les Etats-Unis aux yeux desquels ce mouvement, et ce mouvement seul pouvait durablement compromettre leurs objectifs au Proche-Orient. Il est constant que ce nationalisme arabe, progressiste et laïc, a suscité des sympathies dans de nombreux pays en Europe où, pour des raisons géopolitiques évidentes, les Etats sont plus intéressés par les évolutions socio-politiques d’un monde proche-oriental, notamment arabe, qui est leur voisin et auquel plusieurs d’entre eux sont traditionnellement liés par de puissants facteurs historiques, humains, sociaux et culturels.
Face à ce nationalisme arabe, les Etats-Unis ont cru pouvoir instrumentaliser des groupes intégristes religieux, servant d’excellents repoussoirs, propres à écarter l’Europe du monde arabo-musulman. L’utilisation de l’intégrisme a été une tentation états-unienne afin d’éviter la mise en place d’une coopération solide entre le monde arabe et ses voisins du Nord de la Méditerranée. Né sur le terreau des frustrations et des humiliations, l’intégrisme religieux présente la double particularité d’avoir été favorisé par la politique américaine au Proche-Orient et, en même temps, d’avoir souvent bénéficié du soutien, plus ou moins discret de Washington, qui a probablement joué les apprentis sorciers. Après les événements du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont immédiatement utilisé ce drame pour brandir la prétendue “menace de lIslam”. Ils ont diabolisé lIslam de façon à enrôler dans une nouvelle croisade un certain nombre de pays occidentaux incapables de faire la différence entre une poussée extrémiste, conjoncturelle et surévaluée, et lensemble du monde musulman qui est dailleurs loin dêtre homogène.
Cest dans ce contexte que la mise en scène de la crise avec l’Irak sest organisée. Le jour même des attentats du 11 septembre 2001, le secrétaire d’état à la défense des Etats-Unis, Donald Rumsfeld déclare « maintenant on peut enfin attaquer lIrak. [8] Richard Clarke, ancien responsable de la lutte antiterroriste à la Maison-Blanche, a révélé qu’au lendemain des attaques et malgré la mise en cause d’Al-Qaïda, George Bush lui a demandé à trois reprises de «mettre les 11 septembre sur le dos de lIrak ». Selon lui «Dès 1998, Wolfowitz, Perle, Rumsfeld, avaient décidé, contre les faits, qu’il fallait défaire Saddam… Pour cela, ils ont inventé un lien entre al-Qaïda et Saddam Hussein, qui n’existait pas!».[9] Cest ainsi que le groupe extrémiste, composé de membres du lobby ultrasioniste (les « néoconservateurs » Wolfowitz, Perle, William Kristol, Elliott Abrams) et du lobby du pétrole et de lindustrie de larmement (Cheney, Rumsfeld) qui influence la politique de Bush met en place une vaste opération dintoxication visant à préparer la guerre contre lIrak.
Lidée première est de détruire lIrak pour affaiblir le monde arabe au profit dIsraël. Wolfowitz déclare « ce qui est bon pour Israël est bon pour les Etats-Unis »[10] Plus largement, lobjectif poursuivi vise à permettre aux Etats-Unis de maintenir et consolider leur présence militaire dans le Golfe en organisant une guerre dont l’objectif consisterait à installer un régime pro-américain à Bagdad pour verrouiller le dispositif géopolitique régional dans la perspective dun plan pour un « Grand Moyen Orient » visant à remodeler un ensemble artificiel qui, ignorant les lignes de fracture entre les mondes arabe, turc, perse ou pakistanais, s’étendrait des frontières de lInde au Maroc. Les attaques contre Washington et New York du 11 septembre 2001 ont donné aux Etats-Unis une occasion inespérée de présenter leurs visées stratégiques comme un combat contre un prétendu “axe du mal” dans lequel sont compris des pays qui n’ont aucune responsabilité dans le terrorisme. Après lintervention en Afghanistan, les Etats-Unis ont immédiatement désigné Bagdad comme leur adversaire, sans quil soit possible détablir le moindre lien entre les attentats terroristes et l’Irak, qui n’a jamais eu la moindre complaisance pour les groupes intégristes, adversaires déclarés et acharnés du régime baassiste. La lutte contre le terrorisme est donc devenue une excuse pour proposer une division du monde fondée sur la distinction entre les Etats qui suivent inconditionnellement les Américains dans la guerre contre “le mal” et les Etats “voyous” censés incarnés le mal. Le motif de faire la guerre à l’Irak pour combattre le terrorisme était d’ailleurs si peu crédible auprès de la communauté internationale que les Etats-Unis ont soutenu parallèlement que leur but est d’éviter la prolifération des armes de destruction massive. Mais outre le fait quil a été prouvé que l’Irak ne disposait pas de telles armes, le principe même du désarmement de ce pays pose problème. En effet, le désarmement de l’Irak a également pour but de faire en sorte que l’Irak ne puisse pas jouer son rôle au service de l’équilibre des forces dans la région. Par surcroît, désarmer l’Irak, alors qu’aucun autre pays arabe ne dispose de moyens militaires sérieux, revient à affaiblir le monde arabe et à laisser la suprématie militaire au Proche-Orient aux deux meilleurs alliés des Etats-Unis : l’Etat d ‘Israël et la Turquie. Après la chute du gouvernement nationaliste à Bagdad, en mai 2004, les Etats-Unis ont installé un pouvoir composé de collaborateurs et de représentants des divers partis ethniques et religieux, en attendant lélaboration dune nouvelle Constitution qui consacrerait un fédéralisme qui menacerait du même coup lunité de ce pays. Par ailleurs, dès linvasion de lIrak, les relations se sont dégradées entre Washington et Riad au point que lArabie séoudite, lune des dernières béquilles dun monde arabe de plus en plus impotent, semble désormais menacée par son ancien allié américain.
. Dans ces conditions, le vrai problème est celui de la politique des Etats-Unis à l’égard du monde arabe. La nation arabe, le pays réel arabe a le sentiment d’être victime de la politique anglo-saxonne depuis un siècle. La liste des ressentiments est longue : la trahison des promesses faites aux Hachémites lors de la Grande Révolte durant la première Guerre mondiale ; l’encouragement du sionisme suivi de la création de l’Etat d’Israël en Palestine, puis le soutien constant et partial à l’Etat d’Israël ; la lutte conduite par les Etats-Unis contre les régimes nationalistes qui appelaient les Arabes à relever la tête et à s’unir ; le pillage des richesses pétrolières arabes ; la mise sous tutelle de la plupart des régimes arabes ; la volonté permanente d’empêcher la constitution d’une force arabe, économique ou militaire dans un contexte régional marqué par le surarmement de l’Etat d’Israël, doté de l’arme nucléaire à Israël, du Pakistan, de l’Iran ou de la Turquie. Loccupation de lIrak par les Etats-Unis et les graves atteintes aux droits de lhomme qui entachent cette occupation (torture des prisonniers, arrestations arbitraires, répression de la Résistance ) constituent des griefs supplémentaires. Dautant plus que les Arabes pressentent que cette occupation est le prélude à un remodelage de la carte du Proche-Orient. En effet, le Washington Post du 11 septembre 2002 notait que l’Irak « n’est que la première pièce du puzzle. Après avoir évincé Saddam Hussein, les Etats-Unis auraient plus de force d’appui pour agir contre la Syrie et l’Iran. Le but n’est pas uniquement un nouveau régime en Irak mais l’établissement d’un nouveau Proche-Orient. » Les contours de ce Proche-Orient remodelé seraient encadrés par Israël, la Turquie et l’Irak occupé qui rejoindrait ainsi l’axe stratégique israélo-turque dans une sorte d’alliance qui rappellerait le Pacte de Bagdad de 1955.[11] Dès lors, les Etats-Unis pourraient s’employer à reprendre pieds en Iran et, avec leurs alliés israéliens et turcs, mettre au pas la Syrie, voire à favoriser sa partition sur des bases ethniques ou religieuses. En outre, sous prétexte de combattre le Hezbollah au Liban, Israël aurait le feu vert pour réoccuper une partie du Sud-Liban tout en favorisant la division du Liban sur des bases confessionnelles. Il est d’ailleurs notable que, depuis quelques mois, les Etats-Unis et Israël ont repris contact avec des éléments extrémistes de l’opposition libanaise, qui multiplient les provocations contre le gouvernement de Beyrouth.[12] Enfin, le nouvel axe pro-étatsunien pourrait englober la Jordanie, à laquelle serait proposée dannexer une partie de l’Arabie séoudite, laquelle fait lobjet à Washington dun plan de partition en trois ou quatre zones.[13] Dans ces conditions, il n’y aurait plus aucune puissance arabe et le champ serait libre pour les seuls alliés stratégiques des Etats-Unis.
Les alliés stratégiques: Israël et la Turquie
“Si les Américains déplorent l’anti-américanisme qui se manifeste de plus en plus dans le monde arabe, ils devraient s’interroger sur les causes de cet anti-américanisme. De la même façon, s’ils déplorent le terrorisme dont ils sont victimes, ils devraient s’interroger sur les raisons qui poussent des homes et des femmes à avoir recours à ces actes condamnables.” Cette réflexion d’un dirigeant d’un Etat arabe du Golfe résume bien la question de fond posée par la politique des Etats-Unis au Proche-Orient : ” dans l’ensemble du monde arabe, de l’Atlantique au Golfe, du Maroc au Yémen, l’opinion publique arabe est hostile à l’Amérique, non pas pour ce qu’est l’Amérique, non pas par haine du peuple américain, de sa culture, de sa réussite, mais pour ce que fait l’Amérique. Nous avons le sentiment que la politique des Etats-Unis se conduit, selon les intérêts des seuls Etats-Unis, sans aucun sens des responsabilités et, surtout, comme si nous, Arabes, n’existions pas, comme si nous n’étions que des pions méprisables. Comme si nous étions des êtres humains de deuxième classe, n’ayant pas les mêmes droits que les autres. A cet égard, la question de Palestine est très révélatrice. Les Etats-Unis ont répété à satiété que l’Irak de Saddam devait se conformer aux résolutions de l’Onu mais cela fait des décennies qu’Israël bafoue des dizaines de résolutions des Nations unies.”
Lorsque les rédacteurs du rapport Navigating through Turbulence écrivent que l’un des axes majeurs de la politique des Etats-Unis au Proche-Orient doit être l’alliance stratégique avec l’Etat d’Israël et la suprématie militaire absolue des alliés des Etat-Unis, ils ne font que traduire une réalité. De fait, les seuls alliés inconditionnels des Etats-Unis dans la région sont des Etats non-arabes : l’Etat d’Israël et la Turquie, auxquels Washington rêverait d’ajouter l’Iran. Pour les Etats-Unis, Tel Aviv et Ankara sont, depuis l’époque de la guerre froide, des partenaires solides et cette alliance a survécu à l’effondrement du bloc soviétique. S’agissant d’Israël, il est commun de souligner le rôle du groupe de pression pro-israélien, mais c’est une explication un peu courte. Qu’il existe un lobby pro-israélien aux Etats-Unis est indéniable, que celui-ci soit actif et influent est bien le moindre dans un pays où le lobbying est non seulement autorisé mais réglementé. Mais quel que soit le dynamisme de ce groupe de pression, notamment du fait de linfluence des « néoconservateurs », il ne suffit pas à expliquer la force du pacte qui lie Tel Aviv et Washington. A vrai dire, l’influence du lobby pro-israélien rejoint la visée stratégique états-unienne. En réalité, les Etats-Unis ont bien compris qu’Israël est au Proche-Orient un Etat isolé, qui, aussi longtemps qu’il refusera la création d’un Etat palestinien indépendant et viable, ne pourra jamais s’intégrer dans la région. De ce fait, un tel Etat n’a pas d’autre choix que celui de rechercher un protecteur puissant dont il sera par la force des choses un allié fidèle et sans états d’âme. Allié d’autant plus appréciable qu’il est doté d’une armée suréquipée qui fait de lui un bon gendarme. C’est sur cette base que les deux pays entretiennent une complicité que ne viennent guère troubler que quelques timides rappels à l’ordre lorsque le gouvernement israélien, périodiquement formé par une coalition de droite et d’extrême droite, dépasse la mesure et provoque l’irritation trop vive de la communauté internationale. En revanche, sur l’essentiel Washington ne fait rien qui puisse s’opposer formellement à une stratégie israélienne qui rejette les accords d’Oslo et cherche à éliminer l’Autorité palestinienne. A vrai dire, les Etats-Unis ne cherchent pas à avoir une position équilibrée et impartiale, ils ne sont pas des faiseurs de paix mais ils conduisent tout uniment une politique de puissance, conforme à leurs seuls intérêts. Ainsi, afin de ménager leur allié israélien, ils sont moins intéressés par la résolution définitive de la question palestinienne, c’est à dire par la création d’un Etat palestinien et de nouvelles relations entre deux Etats, israélien et palestinien, libres et égaux, que par le maintien d’une sorte de statu quo en se limitant à éviter toute confrontation majeure qui bouleverserait leurs propres plans.
Selon l’hebdomadaire gouvernemental égyptien Al Ahram hebdo, le véritable axe du mal est “celui que forment les Etats-Unis, Israël et la Turquie”[14]. En effet, la Turquie est le second partenaire stratégique des Etats-Unis au Proche-Orient. A l’instar d’Israël, ce pays est mal à l’aise dans la géopolitique de la région. Ni européen, ni arabe ; en froid avec ses voisins grecs, russes, arméniens et iraniens ; pays musulman et membre de l’Otan, la Turquie entretient aussi des rapports tendus avec la nation arabe. En Méditerranée orientale et au Proche-Orient, la Turquie est, avec Israël, un “Etat paria” coupé de son environnement. Pour Washington, la Turquie joue un rôle clé. Dans les Balkans, le retour des Turcs, à l’occasion de crise de l’ex-Yougoslavie, s’est nettement opéré dans le cadre de la politique américaine et allemande. La Turquie est l’une des pièces maîtresses du jeu états-unien contre la Russie pour le contrôle du pétrole du lac caspien et surtout le transit de ce pétrole qui devrait principalement s’effectuer vers le port turc de Ceyhan. Sur le plan militaire, il convient de souligner que, forte de 797.000 hommes, l’armée turque est la seconde armée de lOtan. Le secrétaire général de l’OTAN, lord Robertson déclarait le 23 novembre 2000 à Istamboul que la Turquie “est un allié sûr de l’Otan au cur d’une zone vitale qui comprend les Balkans, le Caucase, le Proche-Orient et la Méditerranée”. Grâce à la Turquie, lOtan, c’est à dire les Etats-Unis, consolide son dispositif qui sétend aux frontières de la Russie et du monde orthodoxe, d’une part, à celle du monde arabe et perse, d’autre part.
La Turquie est également instrumentalisée par les Etats-Unis au Proche-Orient. Durant la guerre contre l’Irak, la Turquie a servi de base aux bombardiers américains. Elle continue à être utilisée par les anglo-américains pour les bombardements effectués en violation du droit international contre l’Irak. Par ailleurs, la Turquie et Israël ont conclu, en février 1996, un accord de coopération militaire qui représente une modification majeure des données stratégiques au Proche-Orient. Cet accord prévoit prévoir des facilités et des possibilités dexercices pour les forces israéliennes dans les vastes espaces dont dispose la Turquie, lamélioration par Israël des équipements de larmée turque et léchange dinformations. Deux textes, dont certaines clauses restent secrètes, ont été signés en février et en août 1996. Ils autorisent notamment la tenue de manuvres aériennes et navales conjointes, des facilités portuaires, la possibilité pour l’aviation israélienne de s’entraîner au- dessus du vaste espace anatolien. Israël et les Etats-Unis, puisque l’un ne fait rien sans l’autre, vont plus loin en équipant larmée turque des technologies militaires les plus modernes. Ainsi, en août 2000, le Premier ministre israélien Ehud Barak s’est rendu à Ankara pour négocier des contrats d’armement avec son homologue Bulent Ecevit, y compris un satellite espion pour lequel Israel Aircraft Industries (IAI) est d’ailleurs en lice avec le Français Alcatel.
Il est notable que l’alliance turco-israélienne correspond à un choix politique de la Turquie, en particulier du lobby militaire qui, après la chute du bloc soviétique, craignait de perdre les faveurs des Etats-Unis. Pour mieux mettre en exergue l’intérêt que représente l’armée turque pour Washington, les Turcs ont choisi de s’inscrire dans la stratégie anti-russe et anti-arabe des Etats-Unis et de s’allier avec Israël pour partager avec l’Etat hébreu le rôle de gendarme américain au Proche-Orient. Ce rôle complaît d’autant mieux à certains milieux turcs que certains, dans l’ex-Empire ottoman, nourrissent traditionnellement des sentiments mitigés à l’égard des voisins arabes avec lesquels perdurent de nombreux différends. En 1997, un ministre turc en voyage officiel en Israël, a visité le Golan, donnant ainsi une sorte de bénédiction à l’occupation israélienne. Les gestes d’hostilités vis à vis de ce pays sont nombreux, outre l’occupation en 1939 dIskandaroun, le sandjak d’Alexandrette, dont la Syrie n’a jamais reconnu l’annexion par la Turquie, un contentieux important oppose la Turquie à la Syrie et à l’Irak sur le partage des eaux de l’Euphrate depuis le projet anatolien du Sud-est (GAP) qui vise à réaménager le cours de l’Euphrate. L’achèvement de ce projet en 2003 devrait avoir des conséquences graves pour la Syrie et l’Irak qui se perdraient la moitié de leur contingent. Tout cela en parfaite violation du droit international, en particulier de la Convention de l’Assemblée générale des Nations unies du 21 mai 1997, selon laquelle le pays en amont doit respecter les droits des usagers des pays situés en aval. Pour faire bonne mesure, la Turquie s’est engagée à fournir de l’eau à Israël. Enfin, si la Turquie n’est pas favorable à une partition de l’Irak qui risquerait de provoquer, avec l’aide des Etats-Unis, la création d’un Etat kurde, lequel serait un pôle d’attraction pour les kurdes de la Turquie, elle n’exclut pas de profiter d’une guerre américaine contre l’Irak pour tenter d’occuper la région de Mossoul. L’élection, en novembre 2002, d’un gouvernement à coloration islamique à Ankara na pas fondamentalement changé la donne du fait de la permanence du poids de l’armée dans la vie politique locale.
Après Israël et la Turquie, les Etats-Unis rêvent de compléter leur dispositif en ramenant dans leur giron Téhéran où il existe au sein du système un fort courant pro-américain représenté par l’ancien président Rafsandjani, chef de l’influent Conseil de discernement des Intérêts Supérieurs du Régime. Un proche de Rafsandjani, lancien ministre des affaires étrangères Ali Velayati, a rencontré des diplomates états-uniens de haut rang à plusieurs reprises durant lété 2002 afin de garantir la neutralité de lIran en cas dattaque américaine contre lIrak et assurer, en contrepartie la préservation des intérêts iraniens si un remodelage de la carte géopolitique de la région devait intervenir. En tout cas, la doctrine officielle du dual containment face à l’Irak et à l’Iran ne doit pas cacher que Washington n’a pris aucune mesure drastique contre l’Iran, y compris à l’égard des efforts d’armement de ce pays et la construction d’une centrale nucléaire à Bushehr.[15] Dans leur conception de l’avenir géopolitique du Proche-Orient, les Etats-Unis intègrent l’idée que, en 2025, lIran aura doublé sa population pour compter plus de 130 millions dhabitants. Il sera une puissance démographique, le détenteur dimportantes ressources pétrolières et gazières, une puissance militaire de tout premier plan. Un nouvel Iran, débarrassé du régime islamique radical, pourrait ainsi renforcer le dispositif d’encerclement et de rabaissement du monde arabe qui est l’objectif des Etats-Unis. Cest la raison pour laquelle Washington a laissé le champ libre à la montée en puissance des mollahs chiites pro-iraniens au sein de la communauté chiite irakienne, après linvasion de lIrak. Au risque de favoriser des divisions religieuses et de renforcer le pouvoir des mollahs intégristes dans ce pays.
Conclusion
Depuis la guerre contre l’Irak en 1991, et, plus encore, après linvasion de ce pays en 2003, les États-Unis ont pu consolider leur dispositif militaire au Proche-Orient. Le Qatar est devenu lune des plus grandes bases américaine du monde. Les Américains ont renforcé leur présence sur le plan commercial et dans le secteur des ventes d’armes tout en réduisant l’influence des pays européens qui, contraints de participer, directement ou indirectement, aux opérations militaires, se sont discrédités auprès du monde arabe. L’approche géopolitique des Etats-Unis dans cette partie du monde vise à créer un nouveau système d’alliance avec les Etats non-arabes : Israël, Turquie, demain Iran ou, peut-être un Etat kurde qui, à la faveur de loccupation de lIrak, serait porté sur les fonds baptismaux par Washington afin de mieux balkaniser la région.
Ce qui caractérise l’approche géopolitique des Etats-Unis au Proche-Orient est la volonté de maintenir le monde arabe plus bas que l’herbe, de l’empêcher de s’unir et de constituer une puissance qui serait naturellement proche des nations européennes, en particulier la France, pour des raisons tenant aussi bien à l’histoire, à la géopolitique et aux facteurs socioculturels. A cet égard, il est remarquable que les intérêts géopolitiques des Etats-Unis et de la France, ainsi que quelques autres nations européennes, sont diamétralement opposés sur tous les points. C’est peu de dire que le jeu des Etats-Unis est globalement hostile à la nation arabe. En conséquence, la pax americana ne régnera pas dans un Proche-Orient où Washington n’a que deux buts clairement affichés : la mainmise sur le pétrole et l’alliance stratégique avec Israël. Aucun de ses buts ne correspond aux attentes du peuple arabe et la politique des Etats-Unis conduit à emballement de la logique d’un choc des civilisations et à un mécontentement d’une ampleur telle qu’il pourrait bien constituer un nouveau facteur d’embrasement de cette partie du monde. Selon lancien président sud-africain et Prix Nobel de la paix, Nelson Mandela, ce sont “les Etats-Unis de George W. Bush et non lIrak de Saddam Hussein qui menacent la paix mondiale”. Cette menace est la conséquence de l’unilatéralisme de l’hyperpuissance états-unienne. Cest ce qua bien compris la France qui a pesé de tout son poids lors de la crise irakienne (septembre 2002-mars 2003) pour faire en sorte déviter une attaque contre lIrak et redonner la main à lOrganisation des Nations unies. La suite des événements a donné raison à Paris. Loccupation de lIrak a tourné à un quadruple fiasco. Politiquement les Etats-Unis nont jamais autant été haïs dans le monde arabe dautant plus quils accordent leur soutien aveugle à un gouvernement israélien dont la politique extrémiste nourrit un climat de forte tension. Moralement, les tortures infligées aux prisonniers irakiens et les mensonges cyniques qui ont conduit à la guerre contre lIrak les ont discrédité. Economiquement, le cours du pétrole sest envolé. Enfin, sur le plan de la sécurité, les GIs sont embourbés dans une guerre coloniale et sont confrontés à une farouche Résistance tandis que lIrak est devenu un nouvel eldorado pour des groupes terroristes dont les activités débordent les frontières. Dans ces conditions, le sommet du G8, qui sest tenu du 6 au 10 juin 2004 à Sea Island, et au cours duquel les Etats-Unis comptaient imposer leur concept de « Grand Moyen Orient », a constitué un échec pour Washington. La France, dont lopposition à linvasion de lIrak sest révélée des plus judicieuses, a clairement mis en garde contre le danger de réformes imposées aux pays du Proche-Orient, lesquels nont pas besoin de « missionnaires de la démocratie car il n’est pas de formule toute faite qu’on pourrait transposer d’un pays à l’autre». Selon le président Chirac, qui partage les mêmes préoccupations que les grandes capitales arabes (Riad, Le Caire, Damas), il appartient à chaque nation détudier les réformes éventuelles qui lui conviennent si lon ne veut pas par des ingérences extérieures favoriser la déstabilisation des sociétés arabes et musulmanes et faire le jeu des extrémistes. Finalement, la résolution finale du G8 sest limitée à une vague déclaration dintention en faveur dun partenariat avec les pays proche-orientaux qui le souhaitent afin d’appuyer les réformes «qu’ils ont décidé d’engager, en fonction de leur culture, de leur histoire, de leurs situations économique, sociale et politique ».
Il est clair que les Etats-Unis ne savent comment éteindre lincendie quils ont allumé. Ils se heurtent aux faits qui sont têtus et ne cessent de rappeler que la paix et la sécurité au Proche-Orient passe par la résolution du conflit israélo-palestinien et le rétablissement de la totale souveraineté de lIrak dans le respect de son unité. En effet, cest bien la situation en Palestine et le drame de lIrak qui entretiennent les courant extrémistes. En niant cette évidence, une Amérique messianique et dominatrice sest précipitée dans une impasse. Il est constant quil est utopique de vouloir créer une sorte dorganisme directeur du monde sous la coupe d’une super puissance. Au contraire, il faut tenir compte des données géopolitiques si lon veut résoudre les problèmes politiques et économiques afin de bâtir un monde plus équilibré et plus sûr. Cela pourrait être lobjet dune diplomatie française ambitieuse qui aurait la faveur de nombreux pays.
Face à la détermination des Etats-Unis dimposer leur loi sans tenir compte du doit international et de la communauté des nations, il faudra sans doute que Paris continue à faire preuve de courage et de clairvoyance pour faire en sorte que la politique de Washington au Proche-Orient soit autre chose que celle du porte-avions et de la force tant il est vrai quune telle politique ne peut que conduire quà lembrasement et en aucun cas à la construction dun monde stable, mieux équilibré et plus prospère.
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* Extrait de louvrage collectif : Géopolitique des Etats-Unis, Paris, Ellipses-Revue française de géopolitique, 2003
[1] 1997, publié en Français chez Bayard, Paris, 1997.
[2] Henry A. Kissinger, Diplomacy, New York, Simon and Schuster, 1994.
[3] L’édition française est sous-titrée plus modestement “L’Amérique et le reste du monde “.
[4] Les Etats-Unis consomment près du quart des ressources mondiales.
[5] Ce qui est peu à comparer avec les 260 milliards de l’Arabie séoudite, les 115 milliards de l’Irak ou même les 49 milliards de la Russie.
[6] Les réserves pétrolières de la Chine sont en baisse constante alors que les besoins, liés au développement, sont en hausse. Aujourd’hui la Chine importe 30% de sa consommation de pétrole, elle en importera 50% en 2010 dont les deux tiers en provenance du Golfe.
[7] Cest, notamment le cas à Bahreïn et en Arabie séoudite, mais également chez lancien protégé koweïtien. Selon un récent sondage, 75% des Koweïtiens considèrent Ben Laden comme un héros plutôt que comme un terroriste !
[8] Rapporté dans le film de William karel : Le monde selon Bush (2004)
[9] Against All Ennemies, 2004 (édition en français, Contre tous les ennemis, chez Albin Michel)
[10] Propos rapportés dans le film de William Karel.
[11] Signé le 26 février 1955, ce pacte auquel adhéraient lIrak, la Turquie, lIran et le Pakistan ainsi que la Grande-Bretagne, maître duvre, avait pour but dorganiser un axe militaire pro-occidental dans la région. Sa signature provoqua des manifestations dans tous les pays arabes et fut à lorigine du renversement de la monarchie irakienne.
[12] Cf. Revue Etudes géopolitiques, I-2004, « le Liban, regards vers lavenir », éd. Idlivre (http://www.idlivre.com)
[13] Selon le plan états-unien, les régions occidentales de lancien Hedjaz (provinces du Jouf, de Tabouk, de Médine et de La Mecque pourraient revenir à la Jordanie ; au Sud, lAssir, le Najran et le Jezan pourraient constituer des territoires autonomes ; à lEst, le Hasa pétrolier passerait sous contrôle américain et le Royaume saoudiens serait réduit au Nadjd.
[14] Al Ahram hebdo, 13 février 2002
[15] Selon les Israéliens, l’Iran pourrait disposer de l’arme nucléaire en 2005.
xavier
20/09/2004
Surprenante décision : le second porte-avions français ne sera pas, comme le Charles De Gaulle, à propulsion nucléaire mais à propulsion classique. La France avait loccasion dêtre, en Europe, la seule puissance disposant de deux porte-avions nucléaires, le président de la République a préféré laligner derrière la Grande-Bretagne en sen tenant aux techniques de propulsion du passé.
Dans le cadre de la loi de programmation militaire 2003/2008, au cours de lété 2002, le gouvernent avait annoncé létude et la réalisation dun porte-avions qui entrerait en service vers le milieu des années 2010, la Vème République conduisant ses programmes darmement avec une sage mais bien coûteuse lenteur. La définition du futur bâtiment donna lieu à une longue controverse, en particulier en ce qui concerne le choix du système propulsion. Et aussi en ce qui a trait au maître duvre du projet. La DCN, et les Chantiers de lAtlantique possédant, sur le plan national, toutes les capacités nécessaires, la réalisation du porte-avions nouveau aurait dû leur revenir. Mais ceut été dépendre du seul savoir et des seules ressources de la nation. Or, de nos jours, le national est prohibé. Il faut « faire européen » ou, au moins germano-français ou anglo-français. En réalité la décision du président de la République a de plus graves conséquences car elle ajoute à lintroduction des Etats-Unis dans les affaires darmements de la France.
En effet :
- Associer Thales à Bristish Aerospace (BAE) a pour résultat de remettre larmement naval français entre les mains dun secteur privé comportant une entreprise britannique déjà dépendante des fonds de pensions américains et travaillant en sous-traitance pour Boeing. Même le gouvernement de Londres reconnaît que BAE nest plus une firme anglaise. Au lieu de sen remettre à un organisme du service public plaçant lintérêt national bien au-dessus du profit, cest, au contraire, la quête du profit, au détriment de lintérêt général qui prévaudra. Une opération semblable a déjà été réalisée par le gouvernement Jospin, la société nationale Aérospatiale fusionnant avec la DASA allemande pour former EADS en passant sous le contrôle de la firme automobile germano-américaine Daimler-Chrysler qui détient 30 % du capital de EADS , lEtat français 15 % (quil est prêt à vendre).
1° - LEtat français sest délesté de laéronautique militaire, de lespace et, maintenant, de la construction navale, pour remettre lensemble de ces activités aux capitaux privés, de surcroît dorigine étrangère. Ainsi comprises la « construction européenne » et le libéralisme économique assurent la main-mise des capitaux doutre-atlantique sur les techniques de défense de la France en particulier, des pays européens en général. (M. Philippe Camus, co-président dEADS lavait déclaré : « Nous sommes dans le camp de notre pays et de lEurope, cest-à-dire aux côtés des Américains notre souhait (est) dêtre encore plus actifs et de coopérer plus profondément avec nos partenaires industriels américains ». (1)
Cette nouvelle capitulation du gouvernement français, décidée par le président de la République, chef des Armées, achève de détruire le tissu scientifique et technique de la nation, celle-ci devenant peu à peu un « pays colonisé » dépendant du génie créateur et de la production de létranger, fournisseur de main duvre, importateur danalphabétisme et pour peu de temps encore exportateur de cerveaux.
- Autre singularité : du côté français, avec BAE britannique (déjà en difficulté financière) ce sera la firme électronique Thalès qui dirigera la réalisation du projet. Ce ne sera plus lingénieurie navale, dans laquelle excellait la France qui gérera le projet mais la spécificité électronique. Comme si, aux temps heureux où la France était encore maîtresse de son destin, la société délectronique CSF avait dirigé la conception et la fabrication des Mirages au lieu de se contenter de fournir à lavionneur lélectronique de bord dont il entendait équiper ses appareils. Lobjectif était donc bien décarter la DCN qui aurait du être une entreprise dEtat et reléguer les Chantiers de lAtlantique au rang de sous-traitants du groupe BAE-Thalès, soit privatiser, « européiser », américaniser, substituer le profit au service de la collectivité nationale du moins à ce quil en reste.
- Ayant la mémoire courte, les dirigeants français ne se souviennent pas des échecs retentissants de la « coopération » technique anglo-française, Londres refusant de se joindre aux programmes « Atlantique », « Transall », « Airbus » (en tant quutilisateur) réalisant avec la France lavion Jaguar aux médiocres performances et dont il a fallu saccommoder durant des années et torpillant le programme maritime « Horizon ».
- Autre anomalie : la presse, aux ordres, a vanté les avantages de ce projet commun en soulignant quil correspondait grosso modo au centenaire de lEntente Cordiale. Londres aurait remercié Paris de la démarche présidentielle.
Or, ainsi quon la vu plus haut le gouvernement britannique considère que British Aerospace nest plus une firme anglaise (déclarations de M. Geoffrey Hoon, en 2003, le Ministère britannique de la Défense reprochant vertement à BAE le coût de sa gestion, son excessif engagement outre-atlantique).
2° - Venons-en, maintenant, au choix décisif entre tous, du moyen de propulsion.
a) Sur lénergie et la propulsion fournies par du combustible fossile, la propulsion par lénergie nucléaire présente les avantages suivants :
Plus grande autonomie opérationnelle, le porte-avions pouvant être utilisé à distance en étant libéré de la contrainte, à la mer, du ravitaillement en combustible, immobilisant plusieurs heures le bâtiment rendu plus vulnérable (ainsi, dailleurs, que le navire-pétrolier, lui-même limité par les nécessités portuaires de son propre ravitaillement).
b) La propulsion par énergie nucléaire évite linstallation de chaudières supplémentaires pour lalimentation des catapultes de lancement. Dautre part la multiplication de ces sources dénergie présente linconvénient de nécessiter de volumineuses entrées dair et déchappement des gaz, qui augmentent les dimensions des superstructure (de « lîlot ») réduisant la place disponible pour le hangar dentretien et celle des plates-formes délévation et de descente des avions. La propulsion par énergie nucléaire éliminant lévacuation des gaz des turbines de propulsion classiques, évite les dangereuses turbulences compromettant lapproche par temps calme, notamment lors des vols de nuit.
c) A un nombre égal davions de mêmes caractéristiques la propulsion nucléaire permet de limiter le tonnage du bâtiment, et par conséquent, den réduire le coût de fabrication, du moins en ce qui concerne la coque et les équipements. Cest ainsi que le modèle britannique à propulsion classique déplacerait 15 à 20.000 tonnes de plus que le Charles De Gaulle à propulsion nucléaire.
d) Largument avancé pour justifier le choix gouvernemental a été le coût de lopération : le porte-avions à propulsion classique coûterait 13 % moins cher que loption nucléaire et cela apprécié durant les quelques 40 ans de vie opérationnelle du porte-avions. Largument est fallacieux car personne ne sait quel sera le coût moyen du combustible fossile durant la période 2015-2055 censée correspondre à la vie normale du bâtiment. Cela alors que sépuisent les ressources en énergie fossile. Pas plus que ne sont comptés les coûts de la protection spéciale nécessitée durant les immobilisations pour ravitaillement (en mer) en combustible alors quavec un porte-avions à propulsion nucléaire tous les ravitaillements peuvent être effectués par avions ou par hélicoptères et quil ny a donc pas dimmobilisation dordre logistique.
e) Ajoutons, enfin, une capacité de stockage de munitions et de carburant pour avion embarqué beaucoup plus importante pour la formule nucléaire que pour la propulsion classique.
3° - Compte tenu de la construction du Charles De Gaulle et de son maintien en service au moins durant les 30 ou 40 prochaines années, un second porte-avions voisin du premier, à ceci près quil aurait incorporé les techniques les plus récentes et les enseignements de la construction et de la mise en uvre du Charles De Gaulle, paraissait de loin, la meilleure des solutions :
-Même formation des équipages et interchangeabilité assurée des hommes, des armes, des équipements.
-Même source de ravitaillement en pièces de rechange techniques, celles-ci, construites et stockées pour les deux bâtiments, revenant moins cher.
-Entretien, réparations et modifications éventuelles assurés par la même entreprise, dans la même installation portuaire.
-Documentation unique, valable pour les deux bâtiments.
-Alimentation en crédits et travail fourni aux équipes de scientifiques et de techniciens de haut niveau nécessaires à ladaptation de lénergie dorigine nucléaire au porte-avions. Cela à la place des spécialistes des turbines et des chaudières à vapeur du passé. (Le Clémenceau et le Foch ont été conçus et construits en usant des techniques disponibles il y a un demi siècle).
-Se référant au Charles De Gaulle, les dépenses de bureaux détudes, de recherches, de mise au point auraient été plus réduites que pour les mêmes opérations relatives à un concept nouveau appliqué à un navire de plus gros tonnage.
4° - Aux singularités et aux anomalies évoquées préalablement la coopération anglo-américano-française pour étudier et construire trois porte-avions à propulsion classique dont un mis en oeuvre par la Marine française ajoute quelques interrogations :
-Il y a déjà une quinzaine dannées que la Royal Navy recherche un avion à décollage sur très courte distance et atterrissant verticalement pour remplacer, à bord de ses navires, le Sea Harrier. Ce qui signifiait le recours à des porte-avions dépourvus de catapulte pour lenvol. Le projet davion F 35, ou JSF (pour joint strike fighter) répond à la demande britannique et British Aerospace est associé au programme ambitieux de lavion américain et de ses dérivés, dautant que le gouvernement de Londres a investi plus de 2 milliards de dollars dans la réalisation du programme JSF (auquel participent également lItalie, les Pays-Bas, le Canada, lAustralie). Ladoption du JSF signifierait-elle que la Royal Navy se satisferait du porte-aéronefs dépourvus de catapultes denvol, donc aux aménagements différents de ceux nécessaires à lutilisation, à bord, des « Rafale » français ?
-Mais depuis 1986, la mission des porte-aéronefs a changé et la Royal Navy le proclame : il ne sagit plus pour le porte-avions, de défendre la flotte de surface et dexceller dans les missions défensives, et sur court rayon daction, mais de pratiquer des missions offensives dans le cadre de la « projection des forces armées à distance ». Deux avions différents pourraient, alors, former le système offensif aérien embarqué : une variante du JSF à lautonomie de vol augmentée et lEurofighter (tranche 3) si bien que la Royal Navy reviendrait à laménagement classique de ses futurs porte-avions avec catapultes denvol, celle-ci étant utilisées également pour le décollage des appareils de surveillance aérienne et de contrôle. Dailleurs, un dessin publié par Aviation Week (du 22 juillet 2002) montrait déjà un porte-avions à deux pistes, lune dans laxe du bâtiment pour lenvol, avec sa catapulte, et lautre pour latterrissage avec brins darrêt, disposée obliquement. Et sur le pont, stationnent une vingtaine davions tandis que décolle un appareil de surveillance maritime surmonté de son disque-radar. Doù, sans doute, les projets de Thalès-BAE convenant à la fois à la Grande-Bretagne et à ses projets aériens et à la France avec ses « Rafale » embarqués. En revanche, un autre dessin plus récemment publié par la presse, montre bien un porte-avions à deux pistes, mais celle qui sert à lenvol se termine par le tremplin adopté par les Britanniques pour leurs avions à décollage sur courte distance. (Tels les Harrier F/A 2 encore aujourdhui et les JSF demain). Si bien quune certaine ambiguïté demeure sur la similitude des deux bâtiments anglais et du bâtiment français.
-Sur des porte-avions semblables, lembarquement de groupes aériens différents modifie considérablement les performances de lensemble aéro-maritime. Cest ainsi, par exemple, que nayant pas à subir les pénalités de lenvol court et de latterrissage vertical du JSF américain, le « Rafale » doit avoir des capacités opérationnelles plus grandes, notamment en emport darmements et de rayon daction, performances particulièrement utiles pour les missions de « projection de la force à distance ». La Royal Navy accepterait-elle cette infériorité ? Le recours à lEurofighter, en admettant que ses constructeurs parviennent à le mettre au point, rétablirait-il léquilibre ?
A moins quaprès tant de capitulations le gouvernement français en consente une autre et, comme la majorité des aéronautiques européennes, adopte, lui aussi, le JSF dans sa version offensive ?
Conclusion
La décision présidentielle relative au deuxième porte-avions français sinscrit dans un plan général de désarmement militaire de la France :
-Après la fusion de lAérospatiale avec DASA, sous la coupe financière de Daimler-Chrysler et du secteur privé, les nouveaux actionnaires se souciant comme dune guigne de lintérêt national pour tout sacrifier au profit, autant dire que la France renonce à laéronautique de combat, aux engins stratégiques et tactiques, à lutilisation militaire de lespace.
-Après larrêt des essais nucléaires, le démantèlement du Centre dessais du Pacifique et la dispersion des équipes de scientifiques, la France programme, à moyen terme, la disparition de son armement atomique.
-Avec la fin de la conscription et la mise sur pied dune armée de métier la France sest préparée à participer à des opérations de guerre sous commandement étranger, au service dintérêts qui ne sont pas les siens.
-Enfin, cest aux constructions navales que sen prend, maintenant la Vème République, le gouvernement sen remettant au secteur privé daccomplir une tâche régalienne qui lui revient puisquil sagit de la défense et de la sécurité de la nation. Ces démissions successives de lEtat correspondent à la « construction européenne » dont lobjectif est le passage du territoire français du statut dEtat nation au statut régional. A lévidence la Défense nationale et larmement ne sont pas du ressort dune région.
(1) Le Figaro Economique 2 octobre 2001 P. VIII
Pierre M. Gallois
sysfran
19/09/2004
Bush a-t-il pété un plomb ?
par Alexander Cockburn. 5 juin 2004
Il se comporte comme Nixon dans les derniers jours.
Un rapport sur létat mental de George Bush commence à faire du bruit.
Lauteur en est Doug Thompson, de Capitol Hill Blue rendu public à laube du 4 juin.
“Le comportement de plus en plus incohérent de George W. Bush et ses brusques sauts dhumeur provoquent des commentaires dans les couloirs de la Maison Blanche et ses conseillers expriment de plus en plus leurs préoccupations quant à la santé mentale du dirigeant.”
Cest ainsi que commence le rapport de Thomson. Il continue :
“Lors des réunions avec ses proches collaborateurs et les officiels, le président passe dans la même phrase dune citation biblique à une envolée obscène contre les médias, les Démocrates et tous ceux quil qualifie d“ennemis de létat.”
“Cela me rappelle lépoque de Nixon,” raconte un consultant de longue date du Parti Républicain qui a ses entrées à la Maison Blanche. “Tout le monde est devenu lennemi ; tout le monde en veut à sa peau. Cest lambiance actuelle de la maison.” Il faisait évidemment allusion à lancien président Nixon qui, enfoncé dans le bourbier du Watergate, radotait complètement soul jusquà très tard dans la nuit, et lorsque Kissinger fit savoir quil avait pris les commandes du bouton nucléaire.
Parlant du bouton nucléaire, Thomson dit quil a interviewé, de manière informelle, un certain nombre demployés de la Maison Blanche qui parlent de déclarations de Bush qui affirme que ses décisions sont lexpression de la “volonté de Dieu” et quil ordonne à ses conseillers “de leur mettre bien profond” à tous ceux qui sont considérés comme des opposants à son administration.
Selon un conseiller, “Nous sommes en guerre, cela ne fait aucun doute. Mais je ne sais plus qui est lennemi au juste. Il semblerait que nous passions plus de temps à tenter de détruire John Kerry quAl Qaeda et la liste de nos ennemis ne fait que sallonger”.
Toute critique est impossible. Le président réagit férocement. Voici comment le licenciement mercredi du directeur de la CIA, George Tenet, sest passé, selon Thomson qui cite un conseiller.
“Tenet voulait démissionner lannée dernière mais le Président a refusé den entendre parler. Cela aurait été le moment opportun pour une telle décision, pas maintenant au beau milieu dune campagne électorale. Mais lorsque le directeur sest opposé au Président au cours de la réunion mercredi, le Président lui a coupé la parole en disant “Ca suffit George. Je ne peux tolérer une manque de loyauté. Je veux votre démission et je la veux maintenant.”
Thomson écrit que “Tenet fut autorisé à démissionner “volontairement” et Bush informa jeudi matin son personnel sous le choc. Selon un conseiller, le président aurait décrit sa décision comme “une volonté de Dieu”. Dieu pourrait être aussi à lorigine de la raison pour laquelle le Ministre de la Justice John Ashcroft, le paratonnerre de ladministration qui sattire toutes les critiques pour ses menaces contre les libertés garanties par la Constitution, fait toujours partie de lélite au pouvoir. Le personnel de la Maison Blanche appellent Bush et Ashcroft les “Blues Brothers” parce quils sont “envoyés en mission par Dieu”.
“Le Ministre de la Justice et Bush sont comme cul et chemise, à cause de la religion”, raconte un conseiller. “Tous les deux croient que toute action est justifiable au nom de Dieu.”
Bush est devenu chatouilleux, toujours prêt à exploser, tout feu tout flammes, les qualifie en public de “putains de connards” [fucking assholes - ndt] ou, concernant quelquun quil considère comme critique, “dantipatriote” ou “dantiaméricain”.
Selon Thomson, qui cite un conseiller, “Il y une ambiance de siège ici, ça ne fait aucun doute”. “Dans cette administration, pas besoin de porter un turban ou de parler le Farsi pour être un ennemi des Etats-Unis. Il suffit dêtre en désaccord avec le Président.”
Alexander Cockburn
Traduction et compliments : Cuba Solidarity Projec
Stassen
15/09/2004
Turkey and the European Union : seeking an illusion
With the European Commission assessment on Turkey’s compliance with the Copenhagen Criteria due very soon, Sylvie Goulard argues that some of the arguments points made in favour of Turkish accession are short-sighted. She warns that further enlargement to a country as large and potentially problematic as Turkey would further weaken the cohesion of a Union that must still cope with its current and planned waves of enlargement.
By: Sylvie Goulard
Date: 13-09-2004
Keywords: Turkey EU enlargement European Institutions Fundamental rights
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Next December, the European Council is supposed to decide whether the European Union opens accession negotiations with Turkey or not. For Commissioner Günter Verheugen and for many national political leaders, there is no doubt that the decision made in December 1999 giving Turkey the status of a candidate country is “irreversible” (Jacques Chirac). As long as the Turks respect the broad criteria set in 1993 in Copenhagen, negotiations have to begin, as soon as possible. They are self-confident in what they call a new “strategic” vision of the EU (Joschka Fischer). They use definite arguments: if Turkey joins the European Union, one of the most important country of the Middle East will be stabilised, both areas will be more prosperous; the fight against terrorism will be easier; a dangerous “clash of civilisation” will be avoided. If it does not join, we take a huge risk: the current moderate government in Ankara will be overthrown; the power will be taken by fundamentalists; the whole region will be destabilised. Even the American President George W. Bush has expressed strong views: “Turkey belongs in Europe,” he said recently in Istanbul.
Many of these arguments are worth thinking about. Nevertheless, it should be possible to examine in an objective way if it is reasonable to open the door to Turkey. Threats, blackmail, the misuse of religious arguments, and exaggeration do not help in building a long lasting relationship. In our opinion, a big mistake is being made.
Examining the arguments
Firstly, religion should not be an argument, neither against Turkish accession, nor in favour of it. The current tendency to see Turkey’s accession as the answer to the coexistence of Christians and Muslims is by far too short-sighted. As External Affairs Commissioner Chris Patten said in Oxford in May 2004, breaching the politically correctness of the Brussels’ language, Turkey is not Islam, neither is it an Arabic state. Saying “no” to Turkey would have a symbolic significance but not automatically displease the Arabic world. At the same time, the Union is closing its door to other moderate Muslim countries like Morocco, where the King takes courageous measures in favour of democracy and gender equality (reform of the Moudawana). If we really want to build a bridge with Islam, if we have already put the border of the Union close to Ispahan, there is no strong argument against the accession of all moderate Muslim regimes close to us, notably those in North Africa. Are we ready to go this far? If we are not, we should at least avoid to appease our conscience with half measures. In France, the feeling that there is a double standard (yes to the Muslim Turk; no to the Arabs) might create some trouble.
Secondly, experts and governments focus only on Turkey, its political evolution, its progress toward democracy. Nobody would deny that big changes are taking place. Nevertheless, the 2003 report of the Commission still contains very worrying remarks with respect to the status of the women, the state of the justice system and religious freedom. These “black holes” and the need for concrete changes, not only in the rules but also in the minds, should be seriously taken into consideration. And the other partner, the European Union, is at least as important. Yet, the Heads of State and Government refuse to ask themselves whether the European Union is capable, in its foreseeable state, of absorbing Turkey. Are the accession procedures democratic enough to make sure that we keep the citizens on board? Are we strong enough to launch a new round of enlargement just after 10 new Member States enter into the EU? Can the EU afford the financial and institutional cost of Turkey’s accession? Unfortunately, the answer on the three issues is definitively no.
A question of democracy
The first and main concern is democracy. The last European elections in June were characterised by a very low turn out: only 20 % of the Slovaks and the Poles, 25 % of the Czechs and Slovenians actually took to the polls. In France, Germany and in the Netherlands, three founding countries, less than the half of the voters chose to express themselves. In the UK, the party promoting to leave the Union had great support. The Europeans, both new and old, do not feel at ease in the EU as it works. The Commission’s “Eurobarometer” opinion polls show that the support for European integration is constantly decreasing. The problem goes beyond “communication,” “good governance” and sweet speeches on the necessity to “bring Europe closer to the citizens”! If everything is “irreversible” before it is discussed in public, if the citizens are not consulted on the decisions that influence their own destiny, who will believe in the Union anymore? Integrating a country like Turkey, which will soon be the largest in the Union, which belongs only partly to Europe and has another culture and religious tradition, is at minimum a very sensitive challenge. The Union will only succeed if European citizens feel involved and committed themselves, bound to the promises made by their leaders. If the citizens are excluded from the beginning, this is not only an insult to democracy, this is the best way to fail. This accession can only bring the diplomatic advantages the governments are seeking, if it is properly implemented at local level: because of the subsidiarity principle, the Union has little means, even for the implementation of the core of the Treaty of Rome.
Let us take the example of freedom of movement. It has to become a reality in daily life, in schools and hospitals. We are far from having found the recipe for Muslim integration in our suburbs. The last report on the women’s situation in Turkey by Amnesty International, shows a society in which the government has changed some rules but still remains archaic for the most part. The Turks that move to other parts of Europe are not part of the elite of Istanbul, they are largely from the poor countryside. Our societies have to be ready to integrate them. Can we afford more women wearing scarves on our soil? Let us assume Turkey becomes a member of the Union and holds the presidency of the European Council. Will the European women see their reflection in a “first lady” wearing a headscarf during a State visit, like Mrs Erdogan did in Athens last May? This is not a religious problem. It s a problem of gender equality, which is at the very heart of the European values and which is, as Spanish Prime Minister Zapatero said recently, one of the signs of modern democracy.
The fact that the negotiations might last eight or ten years does not guarantee that we and the Turks will be ready, in the end, to live with one another. We must at least discuss all these issues in an open debate before opening the negotiations. By underestimating the concrete difficulties our societies have to properly integrate Muslims already living in our communities, we could in the end be increasing the risk of a “clash of civilisations” within Europe, instead of avoiding it. In a country like France, where a right wing extremist made it to the second round of the presidential election in 2002, it is even playing with fire. At this stage, all the governments that are in favour of Turkish accession say little on how they will meet the challenge on the ground. Can they resolve identity problems by avoiding an open debate and deciding “top down” what Europe is? Can they force their citizens into harmonious cohabitation? The European Parliament now adopts about 60% of national legislation; joining the Union and with it the European Parliament, is a political not a technical or a diplomatic choice.
Listen to Europe’s citizens
By repeating that the accession process is going ahead with Turkey, Bulgaria, Romania and the Balkans, five days after the European election, the governments and the Commission proved they were not hearing the message coming from European citizens. In many countries, there will be a referendum on the Constitutional Treaty. Who could seriously believe it was possible to consult the peoples on the rules of the game (the Constitution) and not on those to which these rules apply (the possible Member States)? The last wave of enlargement has led to huge frustration, at least in some Member States, such as France because the people have not been properly informed and consulted. The procedure for Turkey remains a diplomatic and frustrating one: the governments decide to open the negotiations; these negotiations go on for years; the people are only asked, directly or through their representatives, at the very end, when the Treaty has to be ratified. This “take it or leave it” democracy is dangerous: citizens know little about the different so-called “irreversible” steps. If they discover very late that they do not agree, the consequences are all the more damaging, because for all these years the candidate country has worked toward meeting the criteria. In France, where the Constitution prescribes a referendum, a negative vote outcome is not unlikely. This is the reason why we should introduce more debate at the present stage: the people have to be consulted now on whether or not we open negotiations. If there is an overwhelming majority against such a decision, which is the case in France, President Chirac in his minority view even among his own party , France should veto membership earlier, rather than later - in ten years’ time.
Institutional repercussions
The second concern is the state of the Union after the previous enlargements. As we have just said, the EU which might possibly have to admit Turkey is a new Union of 25 Member States. Ten new members just joined a few months ago. Nobody knows how the new Commission with one Commissioner per Member State, is going to work. The European Council has already changed: it is larger, looser. This enlargement still has to become a reality. To launch new waves of enlargement does not make common sense.
We also have to draw on lessons from our previous experiences. Supranational integration is not something natural. We know that even among the founding countries, there are doubts and hesitations. We know that the UK, Denmark and Sweden entered the Union on false premises, making their population believe that it was merely joining a single market entity, not a political project with the aim of an “ever closer” perhaps even federal union. This fundamental misunderstanding explains why these governments are not at ease with the single currency, for example. We know the Copenhagen criteria are not sufficient to ensure that the newcomers share the same vision of Europe. This was brutally recalled during the Iraq war. We know that during the accession negotiations, the delegations focused on technical issues and lost sight of the big picture. It will not be the Turkish fault, if the same happens in this situation and minor questions remain at the forefront of negotiations only to discover afterward that Turkey does not share our vision of Europe. It will be our fault because we are not demanding enough.
Widening without deepening?
Furthermore, no one can deny that the last enlargement took place without respecting the promises made to European citizens: deepening and widening were to be two parallel processes. Widening became the only priority. The last sentence of the Copenhagen criteria, mentioning the need for a pursuit of the integration path disappeared from minds, official declarations and Union websites. After the unsuccessful discussions in Amsterdam in 1997, the French, Italian and Belgian governments adopted a resolution promising an institutional reform ahead of any decision on enlargement. In the law authorising the ratification of the Amsterdam Treaty, the French Parliament, using a very unusual procedure, put a condition to enlargement: a prior reform of the institutions was necessary. Yet, the wind from the East managed to blow all of these necessary safeguards away. Are the promises made to the Europeans less important than the ones made to the Turks ? Even if the Turks are not responsible for the current sentiments in Europe, they simply can not ignore them. If they want to join the Union, they have to take the Union as it is right now and not as it was in 1963 or 1999, when some European leaders committed themselves without the backing of the people.
The decision on Turkey is much more than the decision to accept just one more Member State. It is a decision on the future of the European project itself : do we want to continue our creation of a politically integrated Union of States and citizens? Or are we happy with a kind of regional UN, pursuing only diplomatic, strategic goals ?
Institutional reform: A chance missed
To ensure that the political project remains on the agenda, it would have been necessary to fundamentally reform the institutions and finances of the Union. This did not happen, neither in 1997 in Amsterdam, nor in Nice in 2000.
The Constitutional Treaty goes into the right direction, with certain useful simplifications and innovations like the Charta of fundamental rights, a stable presidency of the European Council or the double majority, but it fails to tackle all challenges of the Union with 25 Members States. In the field of foreign affairs, the European Union remains a dwarf; as far as growth, research and employment, justice and police are concerned, it is at the best a loose form of interstate cooperation.
As far as institutions are concerned, the size of Turkey makes a huge difference. Turkey already has 75 millions inhabitants; by acceding it will become the largest EU country, with the highest number of seats in the European Parliament, the biggest influence in the Council and the greatest number of civil servants in the Commission. At the same time, it will have the highest expectations in terms of funds and support in a system in which finance discussion are still purely intergovernmental. The Union still does not have procedures guaranteeing its own resources. It derives its contributions directly from the Member States, with no debate in its directly elected Parliament on resources and expenditures. The Union pretends to be a superpower yet in reality it is no more than a teenager receiving pocket money.
Paying for Turkey’s accession
Even the strongest supporters of Turkish integration have some difficulties in explaining how its presence within the system is going to facilitate the decision making process. No German politician supporting Turkish accession admits that his country will have to pay more for it. No British politician is ready to give up the British “rebate check” in order to facilitate this great design. Nor is Jacques Chirac ready to change his mind on the Common Agricultural Policy (CAP). Everybody recalls the positive impact of accession on Portugal, Spain and Greece. But the same leaders have a short memory: they do not recall that Jacques Delors dramatically increased the cohesion budget in order to reach this goal. The current Union is a strange one. It has huge ambition and few means with which to fulfil it.
It is not sure that the Turkish population, who is dreaming of “Europe” in broad terms, realises what it means: will Turkey accept to be one among 28 “equal” Member States, like Mr Barroso always stresses? Will it accept to have only one Commissioner, like Cyprus or Slovenia, or even zero if we achieve in the long run the rotation foreseen in the Constitutional Treaty? Will it be ready to give up its strong nationalism which still denies Armenian genocide, over a century after it happened? And most importantly, because this is the key issue, will it accept qualified majority voting?
The Union does not yet have enough qualified majority voting to be a strong force in the world. The accession of a country with a very special geographical and cultural position, a GDP of only 30 % of the average EU 25 (25 % of the GDP of the 15) which is at the same time the number one country in the system due to its size and population, is an interesting equation with many possible solutions. The most likely is the collapse of the European project as we have been pursuing it: with Turkey a member, there is little chance for a real common foreign policy, a sound cohesion and structural policy - not to even mentioning agricultural policy. Introducing certain protection measures against tax dumping or promoting a proactive social policy will become absolutely impossible. The fact that we will be more numerous does not make the EU stronger. If there is not any strong identity feeling and if all the policies are diluted, it will make it weaker.
Conclusion
In a nutshell, the lack of democratic debate on such a sensitive and serious issue is amazing. By declaring the decision “irreversible,” our leaders are endangering democracy; by anticipating the results of the report of the Commission on human rights, gender equality and justice, they undermine the values of the Union. They are betting on the future of the European project. They are playing with our destiny. For the ancient Greeks, the lack of moderation, the tendency toward hubris was the worst mistake. We are not far from it - granted, we live in a new technocratic, politically correct version but a hubris nonetheless.
Sylvie Goulard will shortly publish a major book on these issues, in which she expands on her arguments: “Le Grand Turc et la République de Venise” is published by Fayard, Paris.
http://www.theepc.net/en/default.asp?TYP=CE&LV=177&see=y&t=42&PG=CE/EN/detail&l=1&AI=377
Stassen
15/09/2004
EPC Dialogues
Turkey in Europe More than a promise?EPC Dialogues
Date: 09-09-2004
Keywords: Turkey EU enlargement Islam
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The European Policy Centre, with the British Council and the Open Society Institute, hosted Martti Ahtisaari, former President of Finland and Chairman of the Independent Commission on Turkey, and Commission members, Emma Bonino, former European Commissioner and Member of the European Parliament, Bronislaw Geremek, former Foreign Minister of Poland and Member of the European Parliament, Hans van den Broek, former Foreign Minister of Netherlands and former European Commissioner, Michel Rocard, former Prime Minister of France and Member of the European Parliament, and Albert Rohan, former Austrian Secretary General of Foreign Affairs, in a panel discussion to outline the findings of their report Turkey in Europe: More than a promise? The full report is available as a PDF download (http://www.independentcommissiononturkey.org/). Fraser Cameron, EPC Director of Studies, chaired the panel discussion and following debate with the audience of more than 300 people. The Independent Commission on Turkey is supported by the British Council and the Open Society Institute.
Event Report
The choice of whether to open accession negotiations with Turkey was one of the most crucial decisions facing the Union, Fraser Cameron said welcoming the panellists. All panellists strongly advocated and early opening date for accession negotiations, given the findings of their report. The opportunities were undeniable and clearly outweighed the challenges. Turkey was great, important and proud and should expect to be welcomed by the European Union, chairman Martti Ahtisaari said. Our commission is not asking for special treatment for Turkey. It must be treated with fairness and respect. All agreed that the aim of their report was to address the existing misconceptions about Turkey and to provide objective arguments on Turkeys status. Hans van den Broek highlighted Turkeys geopolitical significance, at a crossroads between the Balkans and the Mediterranean and toward the Middle East, which could at once give Europes foreign policy a further reach and bolster energy security. Emma Bonino stressed that the opening of negotiations would prove that Europe is not a citadel of prejudice, but an open, democratic Union.
Turkey and the EU
Martti Ahtisaari briefly summarised Turkeys longstanding relationship with the European Union and outlined the work of the commission he had headed since March 2004. He underlined that the group had purposely not undertaken their own evaluation of Turkeys fulfillment of the Copenhagen Criteria: Thats for the EU Commission to decide. Turkey had always had a clear European orientation and had been accepted into Europe as early as 1963 with the association agreement on which all further ties were built. The country had made enormous progress since 1992, with eight legislative packages on fundamental rights, which had transformed human and minority rights in the country. Yet, he agreed with other critics that implementation had to be enhanced and popular support was necessary for EU membership. He cautioned the European Council, saying that if the EU Commission approves the political necessities that would allow for an opening of negotiations and the Council issues a negative decision, it would lose credibility. Hans van den Broek said that if there was no agreement in December, both Turkey and the EU would be victims, as EU procedures would be undermined.
Opportunities and benefits
Reflecting on the opportunities of Turkish membership Mr. Ahtisaari stressed the geopolitical benefits, which could give new impetus to Europes developing Common Foreign and Security Policy (CFSP). Turkish EU membership would also stabilize and possibly increase energy supply security. Europe could, in welcoming a largely Muslim country in its midst, prove its openness and inclusiveness and give clout to its nascent integration policies. Europes security and defence policy would also benefit from the inclusion of the Turkish military. Michel Rocard agreed, saying that the decision to include Turkey was a peace-making, decisive move - whatever the cost, it will enhance our security. Given that it is the second largest oil reserve country behind the Middle East, it will be a life insurance policy. Steady European growth could be sustained with the help of the 70 million strong, young and mobile workforce in Turkey. Inflation in the country was around 8.9% and dropping, while its growth rate had exceeded 10%.
On womens rights, Emma Bonino, praised Turkish women themselves as great champions of equality rights in their country. The legal perspective in Turkey was different from other Muslim countries and Turkish women were especially convinced that their efforts toward equal rights and their implementation would be furthered through the opening of accession talks. They need hope that their rights will move from paper to reality, she said. If the door is closed they might be back to square one and accession is their guarantee toward maintaining the rights they have gained. In this context, Mr. Ahtisaari reflected briefly on Turkish government plans to criminalize adultery, saying that civil society in the country was very active in influencing this debate even before the proposal by the ruling AK Party came up for debate in parliament, which was a sign of a functional democracy.
Challenges of Turkish EU membership
Turning to the challenges facing both Turkey and the EU ahead of this difficult question, Mr. Ahtisaari dismissed anxieties over the cultural and religious differences between the current Union and Turkey, highlighting Turkeys strong secular society. Fears of immigrant waves from new Member States were exaggerated, as previous experience had proven. Freedom of movement principles would also only apply after long transitional periods. He also noted, that current EU citizens had yet to fully grasp the need for additional workforce as Europes population was ageing quickly, without another baby boom in sight. Institutional questions, particularly means to finance EU membership (e.g. structural funds and the common agricultural policy, CAP) could only be answered speculatively, as they Union was bound to change over the coming ten years before Turkey would become a full member.
Albert Rohan was adamant that the commission had not ducked the cost question in reflecting on Turkeys EU membership. Of course it will be applying for financial aid from the Union but you cannot yet put a price tag on it. By the time Turkey joins, though, the CAP may have been revised and the solidarity clause might be nullified. We should not use current circumstances to measure the financial merit of Turkish membership, he said.
He also said that the greatest scepticism toward Turkish membership came from countries with large Turkish communities, which highlighted not the risk of Turkish inclusion, but the shortfalls in European integration policy. Statistics had proven that only 1% of Turkish migrants were not integrated in Europe, though the numeric equivalent - 30.000 - was used to incite criticism. While actual migration from Turkey to the rest of the Union after its acceptance would be small, integration of those that had moved was crucial, so the EU and its Member States had to make an additional effort. We have a responsibility to facilitate integration, he said.
An audience member was critical of the lack of objective information and the degree of prejudice Turkey faced from some of the established EU countries and parties. Emma Bonino said that aside from the work of her commission, the European Parliament had a strong role to play in providing a rational starting point for discussion. It would shortly issue its own report. Discussion in the European Parliament would influence national discussions and the best way to dispel existing fears, heightened by global sensitivity to Muslims, was to provide facts and figures.
All is fair in EU accession?
Mr. Rohan conceded that fairness is not really a criteria in politics, and said the commission had insisted that Turkey make greater efforts with respect to implementing legislation. In addition, a change of attitudes in Turkey was crucial, though much harder to measure objectively. He did not believe in the concept of an absorption cap. No problem is insurmountable look how the Union has changed to accommodate the newest members. Look at what it could look like in 2015. All projections on whether or not the Union would be able to digest Turkish membership were speculative, he said.
An audience member pointed out that Turkey was already receiving unequal treatment in comparison with other accession countries: while most applicant states had to prove fulfillment of the Copenhagen Criteria by the time they actually entered they Union, Turkey had to fulfill these before accession negotiations were even opened. Also, the Copenhagen Criteria stipulated that the Union had to be able to cope with further expansion and arguments against Turkish membership could be based on this point in the Council debates.
The effect of the opening of Turkish accession negotiations on other possible candidate countries was a further question raised in the discussion. Bronislaw Geremek said that the inclusion of Turkey sent an important message to the world on the Unions status as a global partner and its willingness to actively engage and include the Muslim world. He underlined the importance of hope in spurring transition and furthering progress in Turkey and elsewhere, such as Ukraine. These hopes should not be short-changed now because that would halt progress and drive countries like Ukraine back into the arms of its big brother, Russia. Hans van den Broek agreed that the final borders of Europe could not yet be predicted. Turkey could not be compared to others, given its existing long-standing links with the European Union.
Europe: moving away from the federalist ideal
Reflecting on the absorption capability and changes in the Union with waves of enlargement, Michel Rocard pointed out that the federal ideal of a cohesive, Karolingian, federalist Union was already dead. Progressive growth and change had turned what may once have been a gathering of nations, assembled to face the world into a close association operating on two sets of strong rules: soft human rights and civil liberties law and hard economic and competition rules. We are organizing human rights and prosperity through good rules and thats it nothing more. He added that if you stick to the belief of old core Europe then, of course, you will disagree with the inclusion of Turkey. The less political will you assert from the centre, the more you can enlarge. Our system of rules is so efficient that we must extend them as far as possible. We have all to win and nothing to lose.
A Christian club?
Mr. Rocard criticized the view of many that the Union was a Christian values club. Mr. Geremek disagreed, saying that he had advocated the inclusion of a reference to Christian values in the Constitutional Treaty, but this should be seen as a historical link, not as a prescription for any future religious basis. The most important message embedded in Christian values is the dignity of the human being and as long as this remains fundamental, Turkey could be accepted into the European Union, because there is no contradiction. Speaking from his perspective as a former Polish foreign minister, he said that Turkish membership was in the interest of Poland, because it could spur debates on the idea of Europe, whereas discussions prior to accession had centred on structural funds and the CAP.
Martti Ahtisaari closed the meeting by complimenting the audience for their questions and the engaged debate, which had been one of the aims of the commission members. Rational debate based on facts would help dispel existing misconceptions and facilitate a decision in the coming months.
Concluding the meeting, Fraser Cameron highlighted the work of the EPC in its Enlargement and Neighbourhood Europe programme, which would also issue a view on Turkeys compliance with the Copenhagen Criteria in the near future.
http://www.theepc.net/en/default.asp?TYP=ER&LV=437&PG=ER/EN/detail&l=1&AI=437
Stassen
15/09/2004
EU divided in reaction to Putin’s power play
Judy Dempsey/IHT IHT
Wednesday, September 15, 2004
Big nations ‘examine’ Russian’s proposals; others are critical
BERLIN President Vladimir Putin’s decision to give sweeping powers to the Kremlin has led to fresh divisions inside the 25-member European Union over how to forge a long-term policy toward its big eastern neighbor, senior diplomats said Tuesday.
Diplomats from the large EU countries, led by Germany, France, Britain and Italy, said they were “examining” Putin’s speech.
“We want to look at it in more detail,” a British official said.
“This was an internal speech,” said a German official.
But smaller EU countries, particularly those that joined the EU in May, were openly critical of Putin’s proposals, which, if enacted, would strengthen his control over Russia’s legislative branch and regional governments. These former Communist countries said they wanted the EU to establish a clearer, more united - if not tougher - policy toward Russia. That meant challenging Putin on his erosion of civil liberties.
“We can’t be like ostriches and put our heads in the sand,” said Artis Pabriks, foreign minister of Latvia. “If the EU wants a strategic partnership with Russia, this means we have to trust our partner. That means exchanging information and frank talking,” he said in an interview.
Berlin, Paris, London and Rome speak about the EU establishing a “strategic partnership” that would entail closer cooperation on issues concerning terrorism, immigration, trade and, particularly, energy at a time when Europe is becoming increasingly dependent on Russian natural gas.
But some senior German politicians say Chancellor Gerhard Schröder and Joschka Fischer, the foreign minister, are not taking a tough enough stance against Putin’s anti-democratic policies.
“We all want a strategic partnership with Russia. We stand shoulder to shoulder with Russia over the fight against Islamic terrorism,” said Friedbert Pflüger, foreign affairs spokesman for Germany’s opposition conservative Christian Democrats and its Christian Social Union sister party. “But Putin’s speech is a very serious development. It is the end of checks and balances.” He added, in reference to the Russian Parliament, “We already have a one-party Duma. Schröder and Fischer should speak out.”
The East Europeans also support such a strategic relationship, but as neighbors of Russia, they want the larger EU countries to be more outspoken. “In our relations with Russia, we should establish the same criteria and values we have for other non-EU countries, such as protecting civil liberties, the rule of law and a free press,” Pabriks said.
He was not convinced that Putin’s decision to centralize power “had a direct connection with the recent terrorist attacks in the Caucasus.”
“I am not sure I can answer that positively.” And if Putin’s new policies do not work, he added, “They could bring more instability to the northern Caucasus. That could lead to more terrorism that could affect us because we are a neighbor of Russia.”
Latvia’s neighbors, including Poland, the largest of the 10 new EU entrants, share this view of Russia.
“Putin wants to keep Russia monolithic and in this framework handle the problem of Chechnya,” said Janusz Onyszkiewicz, a former Polish defense minister and recently elected to the European Parliament, where he serves on the foreign affairs subcommittee on security and defense. “When Yeltsin was in power, Poland worried that Russia was too weak. But with Putin, we are worried that Russia is too centralized and too undemocratic. Putin is not a democrat.”
Indeed, a prevalent view by East European politicians is that Putin is using the wave of terrorist attacks as a pretext for transforming the political system.
“His speech amounts to a ‘retro’ reform” said George Schöpflin, a Hungarian member of the European Parliament who serves on the foreign affairs committee. “This means that more power will be taken away from the citizen and moved into the hands of the state. If Europe wants a strategic partnership with Russia, then it has to decide if it is in its interests that Russia will develop into a democratic system. As it stands, Russia will become a more difficult partner for the EU.”
The new EU countries have some support from some of the 15 older members, especially from Scandinavian countries, Ireland and the Netherlands, which have been critical of Putin’s human rights record in Chechnya and his crackdown on the media.
But Putin and his foreign minister, Sergei Lavrov, are less and less willing to accept public criticism, as Bernard Bot, the Dutch foreign minister, recently discovered when he played host to a meeting of EU foreign ministers. Bot called on Putin to explain why so many civilians had been killed during the terrorist siege of Beslan. Lavrov lashed out at Bot and protested to Brussels.
“It’s true, the timing of Bot’s comments was terrible,” said an EU diplomat, adding that it could explain why Russia was not included on a recent agenda of EU foreign ministers. “We didn’t feel we could discuss Beslan because there are so many differences among us and between the old and new members over how to deal with Putin.”
International Herald Tribune
http://www.iht.com/articles/538872.html
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Putin Moves to Centralize Authority
Plan Would Restrict Elections in Russia
By Peter Baker
Washington Post Foreign Service
Tuesday, September 14, 2004; Page A01
MOSCOW, Sept. 13—President Vladimir Putin announced plans Monday for a “radically restructured” political system that would bolster his power by ending the popular election of governors and independent lawmakers, moves he portrayed as a response to this month’s deadly seizure of a Russian school.
Under his plan, Putin would appoint all governors to create a “single chain of command” and allow Russians to vote only for political parties rather than specific candidates in parliamentary elections. Putin characterized the changes as enhancing national cohesion in the face of a terrorist threat, while critics called them another step toward restoring the tyranny of the state 13 years after the fall of the Soviet Union.
“Under current conditions, the system of executive power in the country should not just be adapted to operating in crisis situations, but should be radically restructured in order to strengthen the unity of the country and prevent further crises,” Putin said during a televised meeting with cabinet ministers and governors. “Those who inspire, organize and carry out terrorist acts seek to bring about a disintegration of the country, to break up the state, to ruin Russia.”
His plans must go through parliament, but the Kremlin controls more than two-thirds of the legislature directly and two other political parties quickly endorsed the ideas. Even the governors, who could lose their jobs, surrendered, either welcoming the plans or remaining silent.
“It’s the beginning of a constitutional coup d’etat,” said Sergei Mitrokhin, a former parliamentary leader from the liberal Yabloko party. “It’s a step toward dictatorship.”
Mitrokhin and others decried what they saw as the exploitation of the deaths of 328 children and adults in the southern town of Beslan to justify a power grab. “It’s sad that the president has used such a topic as a pretext to do that in order to increase his own power,” Mitrokhin said in an interview. “These measures don’t have anything to do with the fight against terrorism.”
The plan was the latest move in a five-year campaign by Putin to consolidate power and neutralize potential opposition in the new Russia. Since coming into office at the end of 1999, Putin’s government has taken over or closed all independent national television channels, established unrivaled dominance of both houses of parliament, reasserted control over the country’s huge energy industry and jailed or driven into exile business tycoons who defied him.
Putin had already effectively tamed the governors, who often defied the Kremlin under former president Boris Yeltsin. Early in his tenure Putin threw the governors out of the Federation Council, the upper chamber of parliament, and set up seven presidential envoys, sometimes called super-governors, to supervise them.
The newest moves take a vision he calls “managed democracy” to a new level. Although governors in Russia’s 89 regions have been elected since 1995, Putin’s plan would give the president the right to appoint them, subject to confirmation by local legislatures.
At the same time, the State Duma, or lower house of parliament, would consist only of members elected from party lists, meaning that political parties such as Putin’s United Russia would exercise exclusive control over everyone who runs for election.
Under the current system, half of the 450 members of the Duma are elected in individual districts like members of the U.S. House of Representatives. The other 225 seats are divided up between parties based on the proportion of the vote they win in balloting by party. If a party wins 25 seats, then the first 25 names on its party list would be entitled to join the Duma.
Only four parties qualified for seats in the party-list half of the Duma in elections in December—United Russia, the Communists and two nationalist parties allied with the Kremlin, Motherland and the Liberal Democratic Party. Two Western-oriented democratic parties, Yabloko and the Union of Right Forces, both fell short of the 5 percent minimum threshold. Therefore, the only members of those parties serving in the current Duma were those elected to individual district seats that would be eliminated under Putin’s proposal.
Some parties almost openly sell places on their party lists for Duma elections. A place on a national party list went for about $1 million in the December campaign, according to one party official involved in the process who spoke on the condition of anonymity for fear of retribution. In the case of Putin’s United Russia, the party last year put popular governors at the top of its party lists, then after the election assigned the seats to other candidates.
Viktor Pokhmelkin, one of the few pro-Western independents left in the Duma, called Putin’s plan the restoration of “imperial management.” In an interview, he added: “Today a very serious mistake has been made. The mistake is a threat to the future of the Russian state.”
But most of the political establishment either supported or acquiesced to the Putin plan. Dmitri Rogozin, head of the Motherland party, and Vladimir Zhirinovsky, head of the Liberal Democrats, endorsed the changes. Communist leader Gennady Zyuganov denounced the measures, but he commands only half the Duma seats his party did when Putin came to power, so he has little ability to oppose them.
Even the governors with the most to lose chose not to resist. The appointive system “existed at the beginning of the ‘90s . . . and democracy wasn’t hurt by that,” Gennady Khodyrev, the governor of Nizhny Novgorod, said in a telephone interview. Asked if he was prepared to simply give up his office if Putin wanted him to, he said, “Of course I am, and I can explain why: If the president doesn’t trust you, then you’ll damage the region more than you’ll benefit it.”
Other supporters argued simply that Russia should return to the days of central power. “The problem is that our country is not ready for democratic elections,” said Alexander Rutskoi, a former governor of the Kursk region. “Right now people elect people who speak louder than others and have more money than others.”
In his public remarks, Putin offered little explanation for how the changes would defeat terrorism of the sort that visited Beslan earlier this month.
Putin signed a decree Monday giving state agencies two weeks to develop plans to fight terrorism and, during his televised remarks, spoke of creating a single powerful anti-terrorism agency. He talked in general terms about promoting citizen informants, banning extremist groups and prosecuting corrupt police officers. And he offered a vaguely defined plan to create a “Public Chamber” that would oversee security agencies.
Putin also acknowledged that his government had not done enough to tackle the economic roots of terrorism. “In the fight against manifestations of terror we have practically failed to achieve visible results,” he said. “We failed to achieve visible results above all in liquidating its sources.”
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September 15, 2004
Powell Offers New Criticism of Putin Limits on Reforms
By STEVEN R. WEISMAN
WASHINGTON, Sept. 14 - Secretary of State Colin L. Powell expressed concern on Tuesday over President Vladimir V. Putin’s recent action to consolidate his power in Russia, declaring that Mr. Putin was “pulling back” on democratic reforms in the name of fighting terrorism.
In guarded comments that nonetheless amounted to the most explicit criticism of Mr. Putin by the Bush administration in some time and were more critical than the initial White House statement on Monday that his actions were an internal Russian matter, Mr. Powell said he intended to take up the administration’s concerns in meetings with Russian leaders, perhaps with Foreign Minister Sergey Lavrov at the United Nations next week.
“This is pulling back on some of the democratic reforms as seen by the international community that have occurred in the past,” Mr. Powell said in an interview with Reuters. “So yes, we have concerns about it, and we want to discuss them with the Russians.”
Administration officials said Mr. Powell’s comments were restrained because public criticism tends to irritate the current Russian leaders without changing their behavior and because the administration’s experts were not convinced that Mr. Putin’s steps were as drastic as some critics had said.
Mr. Putin, declaring that he wanted to streamline and reform the Russian government, called Monday for an end to popular election of regional governors and for parliamentary voting based on party slates rather than individuals. Taken together, the steps would cement his hold over the political process.
“These steps do appear to run counter to fundamental democratic principles,” a senior administration official said. “But we want to get a better sense of how the Russians think they’re going to be implemented. Our policy is not to overreact, but to try to find out, from as authoritative sources as we can, what their intentions are.”
The low-key statement by Mr. Powell was in keeping with the restraint of past American criticism as Mr. Putin has moved to suppress the news media, prosecute business leaders, hand out government assets to political allies and cancel energy contracts with American companies.
In January, Mr. Powell wrote a critique of recent Russian actions in an op-ed piece in Izvestia, but his comments this week were the first time he has leveled criticism of particular actions by Mr. Putin.
Critics of the administration have said Washington has not been sufficiently assertive in urging Russia not to return to its authoritarian ways, an argument often heard from former Clinton administration experts on Russia who were themselves criticized in the 1990’s for not being tough enough on Mr. Putin’s predecessor, Boris N. Yeltsin.
The criticism of the Bush administration was renewed Tuesday by Senator John Kerry, who accused it of “looking the other way” when Mr. Putin seemed to be reversing course on reform.
“I remain deeply concerned about President Putin’s ongoing moves to limit democratic freedoms and to further centralize power,” Mr. Kerry said in a statement. “President Bush has taken his eye off the ball, ignoring America’s interest in seeing democracy advance in Russia.’‘
In analyzing Mr. Putin’s steps, the senior administration official said that replacing a vote for individuals with a vote for party slates in parliamentary elections could turn out to be a system used in other democracies, like Israel.
Each of the steps, the official said, appeared to be aimed at ensuring that separatist tendencies in the regions could not gain strength.
“Remember that the Russians have always linked separatism to terrorism,” the official added. “The question is whether this type of action is going to deal with the real problems they have in dealing with terrorism. The answer to that is probably ‘No.’ “
Another factor tempering the administration’s response, however, was said by officials to be a desire in the administration to deepen cooperation with Moscow on battling terrorism by sharing intelligence information and working to improve police and security forces in Russia.
http://www.nytimes.com/2004/09/15/politics/15reax.html
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Vladimir Poutine va renforcer “radicalement” le pouvoir du Kremlin au détriment des régions
LE MONDE | 14.09.04 | 13h20
Au nom de la lutte antiterroriste, le président russe a annoncé une réforme des institutions. Les gouverneurs ne seront plus élus au suffrage universel direct, le mode de scrutin législatif change.
Moscou de notre envoyée spéciale
Gouverneurs, super-préfets, ministres, représentants du parquet, près de 500 personnes ont assisté, lundi 13 septembre, à une réunion extraordinaire du gouvernement russe au cours de laquelle le président Vladimir Poutine a annoncé une réforme “radicale” des institutions russes. Dix jours après le dénouement sanglant de la prise d’otages de Beslan, en Ossétie du Nord, M. Poutine a décidé de renforcer la “verticale du pouvoir”, formule utilisée dès sa première élection à la présidence, en 2000.
Cette fois, la réforme annoncée est présentée comme une nécessité dans le cadre d’une lutte accrue contre le terrorisme après le drame de Beslan (339 morts dont 171 enfants). “Sur le long terme, les organisateurs des attentats cherchent à déstabiliser le pays, à démanteler l’Etat, à détruire la Russie”, a-t-il expliqué.
Face à ces nouvelles menaces, M. Poutine juge “indispensable de revoir radicalement les mécanismes” du pouvoir. “Les organes du pouvoir exécutif central et régional doivent former un organisme uni et hiérarchisé”,a-t-il déclaré pour justifier une réforme des institutions et du système politique qui apparaît comme la plus importante jamais intervenue depuis l’adoption de la Constitution en 1993.
Rompant avec un des derniers acquis de la période eltsinienne (1991-1999), il a indiqué que dorénavant les dirigeants des républiques et des régions - 89 au sein de la Fédération - seront élus non plus au suffrage universel direct, mais “par les Parlements locaux sur proposition du chef de l’Etat”.
L’autre changement radical, qui sera soumis au vote des députés d’ici à la fin 2004, concerne le mode d’élection à la Chambre basse du Parlement, la Douma, dont les représentants seront tous élus au scrutin proportionnel - contre 50 % à l’heure actuelle. Il s’agit, a indiqué Vladimir Poutine, de privilégier les grands partis “d’envergure nationale” au détriment de candidats indépendants non affiliés à une formation politique. “Les gens doivent être certains que leur opinion est prise en compte”, a-t-il justifié.
Lisant ses notes pendant près de deux heures à une assemblée qui n’a pas cillé, le maître du Kremlin a accordé une attention toute particulière à la situation au nord du Caucase, sans faire la moindre allusion à la guerre en Tchétchénie. Il faut, a-t-il martelé, “un renouvellement radical de toute la politique” dans la région, devenue “à la fois victime et plate-forme du terrorisme international”.
Pour ce faire, il a annoncé la création d’une commission fédérale pour le Nord-Caucase avec, à sa tête, le chef de son administration, Dimitri Kozak. Homme de confiance du président, ce “super-préfet” devra “améliorer le niveau de vie” de la région caucasienne - le plus bas de toute la Russie - tout en coordonnant l’activité des ministères de l’intérieur, de la défense, et celle des services de sécurité. Le président a par ailleurs nommé, lundi, l’un de ses proches, Sergueï Narichkine, 50 ans, originaire de Saint-Pétersbourg comme lui, et avec qui il a travaillé à la mairie de la ville au début des années 1990, comme chef de l’administration gouvernementale.
“La situation économique et sociale au nord du Caucase continue d’être pitoyable. Cette région est à la traîne des autres territoires russes de façon inacceptable. Le chômage y est beaucoup plus élevé qu’ailleurs en Russie”, a expliqué Vladimir Poutine à un auditoire muet. “Tout en luttant contre les manifestations de la terreur, nous n’avons pratiquement pas obtenu de résultats tangibles”, a-t-il reconnu, fustigeant les fonctionnaires qui avaient pu “délivrer des passeports illégaux”, réclamant pour eux un “châtiment plus dur”.
La presse russe, dans la foulée du drame de Beslan, a ces jours-ci mis en avant l’étendue de la corruption au sein des forces de l’ordre. Chacun ici est bien conscient qu’à Beslan comme au théâtre de la Doubrovka (prise d’otages qui a fait 130 morts en octobre 2002) les commandos terroristes n’ont pu se frayer un chemin autrement qu’à coups de pots-de-vin. Plus généralement, passeports et permis de conduire s’achètent sans grandes difficultés.
Contrepartie de ce renforcement de la “verticale du pouvoir”, une plus grande participation de la société civile a été évoquée par le président russe. Des “forums de l’opinion publique” pourront être créés qui seront consultés par le pouvoir, notamment sur des projets de loi en cours d’élaboration. “Il faudrait soutenir l’initiative des citoyens qui cherchent à créer des structures volontaires chargées du maintien de l’ordre. Non seulement ils peuvent aider à la collecte d’informations (...), mais ils sont aussi un élément essentiel de la lutte contre la criminalité et le terrorisme”, a expliqué M. Poutine.
Les citoyens russes ne savent toujours pas s’ils auront accès aux résultats de l’enquête sur la prise d’otages de Beslan, confiée par le Kremlin au Sénat. Les autorités laisseront-elles faire une enquête aussi complète que celle effectuée par la commission du Congrès américain ? “Tous les éléments examinés par la commission pourront éventuellement être rendus publics”, expliquait samedi Alexandre Torchine, le porte-parole adjoint du Sénat. Sauf, a-t-il précisé, les informations “à caractère sensible”, sur lesquelles “le secret” devra être maintenu.
Marie Jégo
Une réforme amorcée dès mars 2000
Le renouvellement “radical” du système politique russe, qui prévoit la fin de l’élection au suffrage universel direct des 89 gouverneurs de région et présidents des Républiques de la Fédération s’inscrit dans le cadre d’une vaste reprise en main des régions par le centre. Ce mouvement a été amorcé dès l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, en mars 2000.
A l’époque, le Kremlin avait d’emblée réduit les prérogatives des barons régionaux, perçus comme incompétents et corrompus, en nommant sept “super-préfets” chargés de les chapeauter, sans grand succès. Puis les gouverneurs avaient dû se faire à l’idée qu’ils étaient révocables à tout moment par le centre. Bientôt ils durent céder leur siège au Conseil de la Fédération (Sénat russe) au profit de représentants nommés. De ce fait, la Chambre haute du Parlement russe a perdu son rôle de caisse de résonance des régions à Moscou. - (Corresp.)
ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 15.09.04
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-379021,0.html
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Indépendants et libéraux dénoncent un coup porté au pluralisme en Russie
LE MONDE | 14.09.04 | 13h20
“Une insulte aux citoyens”, selon Iabloko.
Moscou de notre envoyée spéciale
A peine le projet de refonte du système politique a-t-il été dévoilé, lundi 13 septembre, que des voix se sont élevées à Moscou pour dénoncer ce qui est vu comme le renforcement croissant du pouvoir du président russe. “Ces propositions n’ont rien à voir avec la sécurité de la population ni avec la lutte contre le terrorisme”, a affirmé Vladimir Ryjkov, député indépendant à la Douma. “Imaginez George Bush proposant après le 11 septembre 2001 de ne plus élire les gouverneurs des Etats mais de les nommer depuis Washington pour faciliter l’arrestation de Ben Laden !”, a-t-il osé.
“Les propositions du président vont étayer son pouvoir. Elles signent aussi la fin du suffrage universel direct pour l’élection des gouverneurs, ce qui va mener à une diminution du rôle des autorités locales, au déclin général du pluralisme”, expliquait de son côté le politologue Sergueï Markov sur les ondes de la radio Echo de Moscou. Plus critique, Gueorgui Satarov, un ancien conseiller du président Eltsine, a estimé : “Lorsque le président, après la tragédie de Beslan, a dit que nous vivions dans un pays dont le système politique n’était pas en adéquation avec son niveau de développement, il a voulu dire que ce qui nous manque, c’est une dictature.”
Le chef du petit parti d’opposition Iabloko, le libéral Grigori Iavlinski, a également condamné les changements annoncés par Vladimir Poutine. Dans un communiqué, son parti dénonce une réforme “anticonstitutionnelle et dangereuse”, “un coup au fédéralisme russe et une insulte aux citoyens”. Mikhaïl Gorbatchev, le père d’une perestroïka (reconstruction) d’un autre genre, a déclaré regretter que “les citoyens perdent notamment le droit de choisir”, en évoquant la fin du suffrage universel direct pour l’élection des gouverneurs.
D’autres se sont réjouis de cette mesure. Dmitri Rogozine, le chef de la fraction La Patrie à la Douma, a salué la “nouvelle prise de responsabilité personnelle” du chef de l’Etat. Ancienne ministre de M. Poutine et gouverneure de Saint-Pétersbourg, Valentina Matvienko a qualifié l’initiative présidentielle d’“opportune”. “Impossible d’avoir un Etat fort avec un pouvoir faible”, a-t-elle estimé.
Autre volet du programme présidentiel, la lutte contre le terrorisme sera au centre des travaux de la Douma dès le 22 septembre. Les députés s’apprêtent à adopter des mesures prévoyant un dispositif policier accru dans les aéroports et le métro ainsi qu’une nouvelle législation sur les banques et le secret bancaire. Dimanche, sur la chaîne publique RTR, le chef du comité de la Douma pour la sécurité, le général-colonel Vladimir Vasiliev, par ailleurs membre du parti pro-présidentiel Russie unie, a indiqué que la Douma allait, lors de sa session d’automne, revenir sur le moratoire sur la peine de mort, mis en place il y a douze ans.
“Ce pays est devenu comme une caserne. Au lieu d’obéir à des lois, nous obéissons à un règlement interne”, se désole l’ancien dissident Andreï Mironov. Avec une pointe d’inquiétude dans la voix, il dit s’attendre à de “sérieuses répressions” et n’exclut pas un verrouillage des médias à venir. “Cette apparence de contrôle ne fera que renforcer les tensions”, prédit-il.
Marie Jégo
ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 15.09.04
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-379022,0.html
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En Russie, une révolution d’octobre en septembre
REVUE DE PRESSE Les quotidiens de Moscou comparaient mardi à un “retour à l’URSS” la série de mesures prise par Poutine pour renforcer ses pouvoirs.
Par J.R.
mardi 14 septembre 2004 (Liberation.fr - 13:00)
“Toutes ces mesures signifient que nous revenons à l’URSS”. C’est ainsi que le député russe indépendant Mikhaïl Zadornov, cité par le New York Times de mardi, qualifie le renforcement du pouvoir central en Russie annoncé la veille par Vladimir Poutine. Un serrage de boulons du Kremlin qui fait grincer les dents libérales à Moscou et inquiètent les observateurs étrangers.
“Depuis son accession à la présidence grâce à Boris Elstine en 1999, Poutine a constamment renforcé le pouvoir politique de l’exécutif, souvent par la seule force de sa volonté”, analyse le quotidien new-yorkais. Rappelant la reprise en mains de la presse et la domination absolue des partis proches du pouvoir sur la Douma (Parlement), le journal souligne qu’“avec ses propositions de lundi, toutefois, un pas supplémentaire a été franchi par Poutine”.
En supprimant l’élection au suffrage universel des gouverneurs de régions, le numéro un russe “ôterait (le) choix des mains des électeurs”. L’élection des députés à la proportionnelle, que Poutine entend imposer, “donnerait l’avantage aux partis déjà au pouvoir et supprimerait les campagnes de terrain qui ont permis à une poignée de voix dissidentes de se faire entendre à la Douma.” “La prochaine Douma sera simplement virtuelle”, renchérit dans le Moscow Times un autre député indépendant, Vladimir Rijkov. Et il conclut: “Oui, l’autorité du Kremlin sera renforcée, mais le pays sera affaibli.”
Dix jours après la prise d’otages de Beslan, la presse libérale moscovite n’est pas prête à écouter la chanson du Kremlin sur les besoins de la lutte contre le terrorisme mondial. “On nous a présenté sous un emballage de deuil avec un ruban noir un projet de loi qui était en préparation depuis le mois de mai”, assène ainsi Vedomosti. Même commentaire dans les prestigieuses Izvestia: “La nécessité de reconstruire l’Etat pour faire face à la terreur a servi de prétexte pour la réforme politique la plus radicale de ces dernières années”.
Unanime, la presse russe condamne en gros titres le recul politique annoncé: “Restauration”, pour Nezavissimaïa Gazeta, “Révolution de Septembre”, pour Izvestia. Plusieurs quotidiens s’indignent du viol de la Constitution par son garant supposé et dénoncent “le maintien formel d’institutions démocratiques”.
Quant au MK (Moskovsky Komsomolets), le plus populaire des journaux russes, il verse dans l’ironie grinçante: “Notre système politique était trop avancé pour l’état de notre société, la Russie n’est pas assez mûre pour la démocratie, c’est la dictature qui correspond le mieux à notre niveau de développement”, peut-on lire dans l’édition de mardi. “Mais chez nous, ça s’appelle: “renforcement de la verticale du pouvoir”, selon l’expression chère à Vladimir Poutine.”
http://www.liberation.fr/page.php?Article=238480
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Poutine veut renforcer son pouvoir
mardi 14 septembre 2004
(AFP, Reuters)
Le président russe, Vladimir Poutine, a proposé hier une série de mesures visant à recentraliser le pays à la suite de la sanglante prise d’otages de Beslan, en Ossétie du Nord. Ses détracteurs l’ont aussitôt accusé de vouloir renforcer son pouvoir personnel. Poutine, qui s’exprimait à l’occasion de la réception au Kremlin des membres du gouvernement et des gouverneurs des régions, souhaite notamment modifier la législation de façon que les gouverneurs régionaux, actuellement désignés par les urnes, soient nommés avec l’aval du Kremlin. Selon Poutine, qui veut également modifier le mode d’élection des députés russes, c’est tout le système de l’administration russe qui doit être refondu, de manière à pouvoir s’attaquer efficacement à la menace terroriste.
Les libéraux grincent des dents. “Imaginez George W. Bush proposant après le 11 septembre 2001, pour arrêter Ben Laden, de ne plus élire les gouverneurs des Etats, mais de les nommer depuis Washington !” a lancé le député indépendant Vladimir Ryjkov à l’annonce des modifications du système politique annoncées par le président russe.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=238373
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Putin tightens grip on regions in fight against terror
By Reuters Mon 13 September, 2004 12:00
President Vladimir Putin has ordered sweeping changes to Russia’s political system to boost the Kremlin’s powers in “the fight against terrorism”.
Putin told a meeting of top Russian officials, summoned in the wake of the bloody school hostage-taking in which more than 320 hostages, including many children, were killed, that Russia had failed to build a strong and united state.
He said this task has become even more acute after a Chechen rebel raid this month on the school in the southern town of Beslan in North Ossetia near rebel Chechnya.
“The fight against terrorism should become a national task,” he told the joint meeting on Monday of government and governors from Russia’s 89 regions.
In an outline of measures he wanted carried out soon, Putin said the State Duma, parliament’s lower house, should now be elected solely on the party-list basis.
At the moment the electoral system provides for half of the Duma’s 450 deputies being elected on party lists, while most of the independent candidates come from single-mandate local constituencies.
“In the interests of strengthening the national political system I deem it necessary to introduce a proportional system of elections to the State Duma,” Putin said. “I will soon initiate an appropriate bill in the Duma.”
Putin’s allies have long sought to get rid of independent deputies to promote the creation of just a few strong national parties, rather than a mosaic of small groups. At the moment the pro-Kremlin United Russia controls more than two-thirds of the Duma seats.
Putin’s opponents say such electoral changes would lock in place the Kremlin’s domination of the legislative branch of power and prevent the emergence of new political forces.
Putin also said he wanted the Kremlin to have the decisive say over the election of regional governors.
“Top officials in the members of the Federation should be elected by nomination of the head of state,” Putin said.
Independent-minded regional governors were a major force under Putin’s predecessor Boris Yeltsin, but Putin clipped their wings by ousting them from the Federation Council upper house and replacing them with nominated proxies.
It was not clear from Putin’s words whether alternative candidates will be allowed to stand in regional elections.
http://news.ft.com/cms/s/b92a95de-0577-11d9-bff2-00000e2511c8.html
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Putin rolls back regional freedoms of Yeltsin years
The Kremlin has long considered further centralisation. Events at Beslan seem to have put plans on fast forward, says Andrew Jack
Published: September 13 2004 21:00 | Last updated: September 13 2004 21:00
Ever since Vladimir Putin was elected president in 2000, he has been reversing the power-sharing structures created by his predecessor Boris Yeltsin. His announcement on Monday that he will end the direct election of regional governors takes the centralisation process to a new level, raising fresh questions about the effectiveness of a central authority in delivering results.
Mr Yeltsin’s constitution in 1993 created a hybrid federal parliament, with half its members voted into office by proportional representation from party lists and the rest directly elected from “single mandate districts”.
He also famously handed the country’s 89 regional governors “as much autonomy as you can swallow”, and formalised their direct popular elections in 1996.
Mr Putin’s view - shared by many ordinary Russians and mooted by other senior politicians in the past - is that in the 1990s such democratic “freedoms” quickly came to be equated with anarchy, manipulation and corruption by competing economic and political interests, and needed reining in.
In response, during his first term he gave himself the authority to dismiss governors under suspicion of breaking the law; banned them from sitting in the Federation Council - the upper parliamentary chamber - and appointed seven presidential plenipotentiaries across the country to supervise their work.
He applied pressure to reverse regional laws that contradicted federal ones, took over the governors’ powers to appoint judges and law enforcement officials and squeezed their budgets, shifting the balance of funding back towards the federal authorities.
Mr Putin has talked for more than four years about recreating the Soviet-era “vertical” of power with decision-making dictated at the top. But his policies have replaced one bureaucracy with another still more remote, while manifestly ineffective in preventing the spate of terror attacks.
The Beslan siege appears to have accelerated ideas of further political centralisation long under consideration by the Kremlin.
“Putin has been effective in reducing the power of the regions but it is not clear that he has been able to control the results,” says Robert Orttung, associate research professor at the American University in Washington, DC and a specialist on Russian regional affairs, who argues that the erosion of local democracy has reduced accountability.
“These reforms are a huge step backwards”, he says. “In a country the size of Russia, you need a federal system run by local people to deal with local interests. There is no way you can run the country from Moscow. There is a direct correlation between the level of democracy, which is decreasing, and the level of corruption, which is increasing.”
On paper the changes in the federal parliament appear to move Russia towards a western-style system with a handful of political parties. In practice they will mean the elimination of independent candidates who owe their election to local people, such as Mr Ryzhkov. They will be replaced by those more directly under the control of the Kremlin, whose United Russia party currently dominates a much muted parliament.
Given the failure of previous attempts under Mr Putin to foster civil society through organisations carefully co-ordinated by the Kremlin, his suggestions yesterday of true citizens’ control through new “chambers” was also met with scepticism.
Boris Makarenko, a Moscow-based political analyst, says: “This system might work in good weather, but it is no good if the conditions deteriorate. The Kremlin does not have a pool of people to nominate, so it will reappoint existing officials or seek people in the local elites based on loyalty with no guarantee of their competence.”
He also argues that the latest centralising reforms will undermine local people’s belief in their governors, leaving Mr Putin and the federal authorities more directly exposed and responsible. “This is obviously a step in the direction of greater authoritarianism.”
http://news.ft.com/cms/s/42c62680-05b1-11d9-bff2-00000e2511c8.html
Stassen
15/09/2004
Ankara, chastened, steps away from adultery law
Susan Sachs/NYT NYT Wednesday, September 15, 2004
VAN, Turkey After suffering a wave of criticism from European Union officials, women’s groups, newspaper columnists and finally from its own members, Turkey’s governing party abandoned a proposal on Tuesday to criminalize adultery.
But the Justice and Development Party, which has sought for two years to reassure Turks and foreigners that it had no Islamic fundamentalist agenda, may have lost important political goodwill at home and abroad.
“Especially now, when Turkey is doing so much for EU membership, the fact that they’re trying to bring in this law raises questions about them,” said Gulseren Demir, a caseworker at the Women’s Association in Van, in southeastern Turkey.
“To tell you the truth,” said a co-worker, Alev Sahar, “we never trusted them.”
The proposed adultery law had been debated in the press over the past month, while Parliament was in summer recess, and Prime Minister Tayyip Erdogan had repeatedly said he endorsed it as a way to preserve the family. His party, known by its Turkish acronym AKP, had been expected to introduce it Tuesday when the deputies reconvened to vote on a new penal code.
But by the end of the day, with protesters in the streets and some European officials darkly warning that it smacked of Islamic fundamentalism, the proposed law had not made an appearance. No one stepped forward even to claim ownership.
Party officials said the proposal, once fiercely defended by some deputies, had won few supporters during a closed-door AKP meeting the night before. “There is general agreement that we will not propose that kind of thing right now,” said Reha Denemec, a deputy chairman of the party. “We’ve got something like 340 different articles to get passed - we did 60 or so in four hours - and it’s very important to do these things right now.”
During its brief contentious public life, however, the adultery proposal shone an unwanted spotlight on the backgrounds of the AKP leaders. Most are veterans of Welfare, a militantly Islamist party that briefly ruled in a coalition government in the mid-1990s. The army removed it from power in 1997.
Erdogan was a senior Welfare member and Istanbul mayor who was jailed for reciting a poem in public that talked of mosque minarets as barricades. His action has not been forgotten by the powerful military establishment that sees itself as the guardian of Turkey’s secular system. But since the AKP swept to power two years ago after winning almost two-thirds of the seats in Parliament, Erdogan has sidestepped issues that might make the military and rightist nationalists bristle.
Instead, he has shuttled continuously between Turkey and EU countries, vigorously promoting Turkey’s bid to begin accession talks leading to membership.
He has also presided over wholesale changes in the Constitution, a rewrite of the administration law, revisions of the civil code and, now, some hundreds of proposed amendments to the penal code - all to bring the country’s laws in conformity with EU standards.
The European Commission in Brussels is expected to decide whether to recommend a date for accession talks at its meeting on Oct. 6. EU leaders are expected to vote on the matter in December.
A number of those leaders have already expressed doubts about whether Turkey, a majority Muslim country, belongs in Europe. In the face of those misgivings, the sudden appearance of the adultery proposal last month brought a sharp warning from Günter Verheugen, the EU’s enlargement commissioner. During a visit to Turkey last week, he said that he bluntly asked Erdogan why the adultery issue was being raised now and warned him that it would undermine his campaign for EU entry. Suspicion about the AKP intentions has not evaporated, despite its general popularity as a can-do government and its dominance of Turkish politics. Even its supporters appeared puzzled at the attempt to legislate morality at a time when Turkey has been trying to prove its European credentials.
“It’s true that people’s suspicions about the AKP were awakened,” said Selahaddin Direck, a contractor and businessman in Van who has been an enthusiastic supporter of the party. While the region is conservative and might have favored outlawing adultery, he added, there was no demand. “Maybe another time or on another platform, or in another presentation, the issue can be put on the agenda again,” Direck said. “But at the moment, EU membership is more important than such debates.
“So it was very unfortunate. I don’t think there could have been a worse time to introduce such a debate.” Van, a city of about 300,000 on the eastern edge of the largely Kurdish region of southeastern Turkey, is run by the AKP. Traditionally, Kurdish political parties have held sway here, but AKP surprised the country by winning handily in local elections in March, even taking districts that were the strongholds of the Kurdish opposition parties. Its appeal, said business people and lawyers here, was partly its conservatism and partly its ability to get things done after years of squabbling coalition governments in Turkey. Van and the surrounding rural areas also are strongly tribal; men commonly take up to four wives. An estimated 80 percent of women are illiterate.
Women’s groups and human rights associations have reported that honor killings - the murder of women who are suspected of dishonoring their families through their sexual conduct - are also common. Criminalizing adultery could bring more harm to women, according to the Women’s Association. “There is already lots of violence against women,” Demir said. “This law would endow the man with even more authority and power, and could increase the number of crimes against women.” A previous adultery law in the criminal code punished a man if it was proved that he had set up housekeeping with a woman or installed her in a house. But it punished a woman simply for having sexual relations with a man other than her husband.
Turkey’s highest court ruled that law unconstitutional eight years ago, saying it discriminated against women.
The New York Times
http://www.iht.com/articles/538881.html
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Turkey Scraps Adultery Law Plan
Proposal raised fears of ‘honor killings’ of women and threatened to disrupt the country’s bid to join the EU.
By Amberin Zaman
Special to The Times
September 15, 2004
ISTANBUL, Turkey Bowing to intense pressure from European leaders and local feminist groups, Turkey’s Islam-based ruling party on Tuesday shelved a plan to criminalize adultery, a proposal that had threatened to disrupt the country’s bid to join the European Union.
The decision came after a meeting Tuesday between two leading Cabinet ministers and the head of the main pro-secular opposition party, which opposed the plan. The talks took place just hours before parliament was to begin days of debate over a broad range of amendments, including the measure, to the country’s extensive penal code in the coming days.
Justice Minister Cemil Cicek of the ruling Justice and Development Party said after the meeting that a deal had been struck with the opposition Republican People’s Party to present a joint package of amendments to which both parties could agree.
“We have an agreement to put forward a law which guarantees rights and freedoms,” Cicek said.
He would not confirm that the adultery proposal had been dropped, a decision that might embarrass the ruling party before its more religious followers. But several government officials and ruling party leaders speaking on condition of anonymity said the measure would not be offered.
The proposed changes to the penal code, which include measures sought by the European Union to stiffen the penalties for torture, precede a crucial report due next month that will assess Turkey’s progress in conforming with criteria for joining the organization. EU leaders are scheduled to decide in December whether to open accession negotiations with Turkey.
The attempt to criminalize adultery stunned European leaders and outraged Turkish liberals. The EU’s commissioner for enlargement, Guenter Verheugen, termed the measure “a joke” and said it would leave Europeans with the impression that the Turkish government was steering this officially secular but predominantly Muslim country toward religious rule. That in turn would provide ammunition for members who oppose the union’s inclusion of what would be its first predominantly Muslim member.
British Foreign Secretary Jack Straw said Monday: “If this proposal, which I gather is only a proposal, in respect of adultery were to become firmly fixed into law, then that would create difficulties for Turkey.”
Rights advocates warned that criminalizing adultery would encourage “honor killings” of women accused of staining their families’ reputation by engaging in even innocent relations with men who are not their spouses or relatives.
Hundreds of Turkish women waving placards that read “Keep your hands off my body” marched into parliament Tuesday to protest the proposal. Fatmagul Berktay, an academic at Istanbul University and a veteran feminist, said it remained unclear whether the government would proceed with a number of other controversial proposals that would include penalizing sex between unmarried couples younger than 18, the legal age of consent here.
Asked why the government had tabled the proposal to criminalize adultery, Guldal Aksit, a minister in charge of women’s affairs, said she “had no idea.” Aksit argued, however, that the aim of the proposal had been to treat women and men equally.
Under laws that were scrapped in 1996, a woman found to have cheated once on her husband could be sentenced to up to three years in prison. Men had to be shown to have been unfaithful for a prolonged period of time before they could be convicted of adultery. Under the proposed law, men and women would be prosecuted on equal terms and would face the same three years in prison.
Turkey Backs Off Plan to Outlaw Adultery
By SUZAN FRASER
The Associated Press
Wednesday, September 15, 2004; 2:53 AM
ANKARA, Turkey - Turkey’s leaders distanced themselves from a proposal to outlaw adultery after the opposition came out against it and western governments made clear enacting the law would jeopardize the country’s already fragile chances of joining the European Union.
The proposal was part of a major overhaul of the mostly Muslim country’s penal code undertaken as the 25 EU states prepare to decide by year’s end whether to begin talks on Turkey’s membership.
Prime Minister Recep Tayyip Erdogan claimed it would protect families and women who have been wronged by their husbands. Opponents claimed it was a bid to appeal to Erdodan’s conservative, devoutly Islamic base and would be a step backward for women’s rights.
On Tuesday, it appeared the opponents had won.
Justice Minister Cemil Cicek said after a meeting with the leader of the opposition party that only measures that both his ruling party and the opposition agreed on would be brought to the floor.
Ali Topuz, a senior lawmaker from the opposition Republican People’s Party, then made it clear the adultery proposal wasn’t one of them.
“We’re strongly against the proposal on adultery, and so it will not come to the floor,” Topuz told private CNN-Turk television.
The penal code package, which lawmakers began debating Tuesday, includes harsher punishment for rapists, pedophiles, torturers, human traffickers and women who kill children born out of wedlock. It also makes crime of rape in marriage and sexual harassment.
The adultery proposal has generated strong criticism in the European Union. Supporters of Turkey’s EU bid say the measures would help the cause of Europeans vehemently opposed to the predominantly Muslim country of some 70 million people joining the 25-member bloc.
EU enlargement official Guenter Verheugen warned during a visit that the anti-adultery measure would create the impression Turkey’s legal code is moving toward Islamic law.
“If this proposal, which I gather is only a proposal, in respect of adultery were to become firmly fixed into law, then that would create difficulties for Turkey,” British Foreign Secretary Jack Straw said Monday.
Details of the anti-adultery proposal have not been made public. Cicek said the measure would only be applied if a spouse complains. Haluk Ipek, a senior member of the Justice and Development Party, said Monday that adulterers could face six months to two years in prison.
Women’s groups claimed the law would be used against women - who they say could be imprisoned and lose custody of their children. They said the measure would encourage “honor killings” in which family members kill girls or women deemed to have disgraced the family.
About 600 people, most of them women, marched from Ankara’s central square to parliament on Tuesday, holding banners that said “Keep your hands off my body” and “No! to the male-dominated penal code.”
Lawyer Senal Saruhan, a woman’s rights advocate, said: “It’s a backward approach ... that will allow the state to intervene in our private lives.”
There was still some indication that the government hadn’t completely abandoned the proposal. Ipek said the government would still push for a consensus on each article of its draft “including adultery.”
Adultery was illegal in Turkey until 1996, when the Constitutional Court overturned the law, saying it was unequally applied. Under the earlier laws, men were deemed adulterers if they were proven to have been involved in a prolonged affair, while women could be charged if they were unfaithful once.
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A22246-2004Sep15.html?nav=headlines
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La Turquie recale l’adultère pour plaire à ses partenaires Critiqué par l’UE, le texte de loi le constituant en délit pénal, a été retiré.Par Marc SEMO mercredi 15 septembre 2004 (Liberation - 06:00) Ankara envoyé spécial
Le très controversé article de loi sanctionnant l’adultère comme un crime passible de six mois à un an de prison ne sera pas inséré dans le nouveau code pénal turc. L’AKP (Parti de la justice et du développement), issu du mouvement islamiste, a finalement capitulé sous la pression des dirigeants européens clamant qu’une telle mesure «porterait atteinte à la perception qu’on a dans l’Union de l’effort de réformes en Turquie». Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a voulu éviter une contrition publique : c’est le leader de l’opposition social-démocrate Deniz Baykal qui en a annoncé le retrait hier, juste avant le débat parlementaire.
«Mauvaises odeurs».
Le texte criminalisant l’adultère, comme d’autres articles sanctionnant les relations sexuelles entre mineurs de moins de 18 ans, était appuyé par le seul parti au pouvoir. L’ensemble de la réforme du code pénal, un projet de quelque 1 000 pages élaboré depuis trois ans avec un rôle actif de la gauche, vise à élargir les libertés publiques pour augmenter les chances de la Turquie d’adhérer à l’Union européenne.
Cette volte-face évite une crise ouverte avec Bruxelles mais les dégâts politiques s’annoncent considérables. «C’est trop tard les mauvaises odeurs sont sorties», résumait crûment hier un haut fonctionnaire européen. Le bras de fer sur l’adultère survient en effet à moins d’un mois de la remise du rapport de la Commission européenne sur les progrès de la Turquie en matière de démocratisation, sur la base duquel les dirigeants européens décideront le 17 décembre d’ouvrir ou pas les négociations d’adhésion. Pour nombre d’observateurs, ces anciens islamistes qui se définissent comme «conservateurs démocrates» montrent que derrière leur réformisme pro-européen de façade, ils conservent leurs vieux réflexes notamment sur les questions de moeurs.
«Avertissement amical».
«Ce texte sur l’adultère représente un retour en arrière par rapport à toutes les lois européennes existantes et de telles dispositions n’existent que dans les pays où la charia est en vigueur», s’indignait la juriste Senel Sarihan, rappelant que la Cour constitutionnelle turque avait aboli dès 1996 l’ancienne loi punissant pénalement les relations extra-conjugales. Le commissaire à l’Elargissement, Guenter Verheugen, avait déjà adressé un «avertissement amical» à Ankara lors d’un déplacement en Turquie la semaine dernière. Pour l’AKP qui avait triomphalement remporté les législatives de novembre 2002 avec 34 % des voix et près de deux tiers des sièges, c’est une très lourde défaite. Après avoir été déjà contraint de reculer sur la loi élargissant l’enseignement religieux, Recep Tayyip Erdogan perd une nouvelle fois la face vis-à-vis de ses électeurs islamistes les plus motivés. Et pour les milieux d’affaires comme pour tous les libéraux qui le soutenaient au nom de la marche vers l’Europe, sa crédibilité politique est sérieusement entamée.
Stassen
15/09/2004
La Pologne revendique l’utilisation de l’arme fiscale pour créer des emplois
LE MONDE | 13.09.04 | 13h59
Le premier ministre polonais, Marek Belka, estime qu’il ne faut pas priver les nouveaux adhérents des moyens de réformer leurs économies après “l’élargissement le moins cher de l’histoire de l’UE”. Il se dit néanmoins prêt à discuter d’une harmonisation des régimes fiscaux.
Krynica de nos envoyés spéciaux
Le chef du gouvernement polonais, Marek Belka, refuse de dramatiser la polémique lancée par la France sur les délocalisations à l’Est. Interrogé par Le Monde en marge du forum économique international de Krynica, au sud de Cracovie, qui s’est achevé samedi 11 septembre, M. Belka estime que les propos de Nicolas Sarkozy accusant les pays d’Europe centrale de dumping fiscal “font partie du processus de négociations du futur budget européen” 2007-2012 qui commence.
Le premier ministre social-démocrate, qui se rendra en novembre à Paris, revendique le droit pour son pays d’utiliser l’arme fiscale pour attirer des capitaux étrangers. “L’écart de développement entre les nouveaux et les anciens membres de l’Union européenne - UE - est énorme. Il est bénéfique pour tout le continent que nous réformions notre économie. Encore faut-il ne pas nous priver des moyens de le faire, après avoir réalisé l’élargissement le moins cher de l’histoire de l’UE”, argumente-t-il.
D’autant que la marge de manuvre du gouvernement n’est pas illimitée. “L’ambiance, principalement dans les médias polonais, est à l’extrême libéralisme économique mais nous atteignons une limite, souligne M. Belka. Nous essayons donc d’équilibrer notre politique économique en améliorant les conditions de vie des plus défavorisés”.
La thérapie de choc appliquée au début de la dernière décennie à l’économie polonaise a produit une très forte croissance et permis une modernisation du pays. Ce cycle s’est arrêté en 2000. Le pays renoue maintenant avec une solide relance économique. Mais cette politique n’a pas eu d’effet pour le moment sur un marché de l’emploi atone. Selon le premier ministre polonais, les gouvernements successifs “se sont attachés à baisser l’imposition du capital mais n’ont pas touché au coût du travail. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons une forte croissance sans création d’emplois”, analyse-t-il.
Evitant de jeter de l’huile sur le feu, Marek Belka n’exclut pas que les déclarations de M. Sarkozy exigeant de limiter le versement des fonds structurels européens aux nouveaux membres qui appliqueraient des taux d’imposition sur les sociétés trop bas, soient liées “au débat intérieur” français. Il a beau jeu cependant de souligner que les entreprises françaises n’ont pas été les dernières à profiter des opportunités offertes par les marchés des nouveaux adhérents de l’Union européenne. “La France est depuis plusieurs années le premier investisseur étranger en Pologne - environ 12 milliards d’Euros -, je ne crois pas que Saint-Gobain ou Michelin se plaignent” de leur présence en Pologne, note-t-il.
Les Polonais, comme les autres pays d’Europe centrale et orientale entrés dans l’UE le 1er mai, souffrent encore d’un énorme décalage en matière de produit intérieur brut et de conditions de développement avec les pays européens de l’Ouest. Ils ont du mal à comprendre la polémique lancée en France et en Allemagne alors que le volume des investissements étrangers a baissé de 50 % au cours des trois dernières années en Pologne et que le problème prioritaire est de créer des emplois en dépit des restructurations qui continuent d’avoir cours. Le taux officiel de chômage flirte avec les 20 %, les jeunes diplômés peinent à trouver des employeurs et le niveau des salaires est désespérément bas.
MAUVAIS PROCÈS
Ce qui fait dire à beaucoup que l’on intente à l’Est un mauvais procès en matière de fiscalité. “L’impôt sur les sociétés n’est pas l’élément le plus important pour les investisseurs. La localisation par rapport au marché, le coût de la main d’uvre comptent beaucoup plus”, estime Thomas Laursen, représentant de la Banque mondiale en Pologne.
Ce débat a largement occupé les discussions lors du forum économique de Krynica. Comme l’année dernière, où la Slovaquie avait été à l’honneur grâce à ses succès en matière d’implantations industrielles, les discours reflétaient cette année encore la fascination largement répandue dans les milieux d’affaires de l’Est pour la méthode Thatcher et la réussite de l’Irlande, qui sert de modèle de référence en matière de rattrapage économique.
“Il est ridicule de la part de la France qui n’arrive pas elle-même à procéder à ses propres réformes de vouloir blâmer les nouveaux pays de l’UE”, a estimé l’ancienne présidente de la Banque centrale polonaise, Hanna Gronkiewicz Waltz, aujourd’hui vice-présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. “On doit savoir de l’exemple de l’Allemagne de l’Est que les transferts d’argent ne suffisent pas à eux seuls à assurer le développement”, ajoute-t-elle, en soulignant l’importance de bonnes politiques d’accompagnement.
Les dirigeants polonais, eux, veulent éviter un affrontement ouvert avec Paris et Berlin alors que les discussions commencent sur les finances de l’Union. “Nous sommes ouverts à la discussion sur l’harmonisation fiscale”, a indiqué le premier ministre polonais, en reprochant aux Français la méthode choisie pour lancer le débat.
Henri de Bresson et Christophe Châtelot
M. Zapatero reçoit MM. Chirac et Schröder
Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, devait recevoir, lundi 13 septembre à Madrid, Jacques Chirac, et le chancelier allemand, Gerhard Schröder. Cette rencontre marque, selon le dirigeant espagnol, le signe du “retour de l’Espagne en Europe”, comme il l’a déclaré dimanche 12 septembre, à Bilbao (Pays basque), reprenant un des thèmes de campagne des socialistes lors des élections européennes de juin.
M. Zapatero cherche ainsi à se démarquer de la politique atlantiste de son prédécesseur, José Maria Aznar, qui s’était opposé au projet de Constitution européenne afin de conserver le poids de l’Espagne au sein de l’Union, tel qu’il avait été défini par le traité de Nice. Madrid indique toutefois qu’il ne s’agit pas de constituer un axe Madrid-Berlin-Paris, ni de former une sorte de “directoire européen”.
M. Zapatero avait déjà rencontré M. Chirac, à Madrid, le 24 mars, lors des funérailles des victimes des attentats du 11 mars, puis, à Paris, le 29 avril. Un sommet franco-espagnol aura lieu en décembre, à Saragosse. - (Corresp.)
ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 14.09.04
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-378897,0.html
Stassen
14/09/2004
Le président irakien à Bruxelles pour des entretiens à l’Otan et l’UE
AFP | 14.09.04 | 14h46
Le président irakien Ghazi al-Yaouar, en tournée dans plusieurs capitales européennes, est arrivé mardi après-midi peu après 12H00 GMT à Bruxelles pour des entretiens à l’Otan puis à l’Union européenne, a-t-on appris auprès d’une responsable de l’ambassade d’Irak en Belgique.Le président irakien, en provenance de Varsovie, devait se rendre au siège bruxellois de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord pour un entretien bilatéral avec le secrétaire général de l’Alliance, Jaap de Hoop Scheffer, selon son programme officiel.Il participera ensuite à une réunion spéciale des représentants permanents des 25 pays membres de l’Otan, avant de se rendre au Conseil des ministres de l’UE pour une rencontre avec le Haut représentant pour la politique étrangère de l’Union Javier Solana.La visite du président irakien intérimaire, sa première à Bruxelles, intervient alors que la sécurité continue à se dégrader en Irak, où l’explosion d’une voiture piégée visant le quartier général de la police de Bagdad a fait 47 morts et 96 blessés mardi matin, selon un dernier bilan.A l’Otan, la rencontre avec le président irakien s’annonçait comme ayant essentiellement un caractère “symbolique”, selon une source diplomatique.Elle aura toutefois lieu à un moment délicat pour l’Alliance, qui examine les suites à donner à sa mission de formation des forces de sécurité irakiennes.Les ambassadeurs de l’Otan doivent commencer à débattre mercredi d’une série d’options visant à renforcer cette mission, dont le principe avait été approuvé par les chefs d’Etat de l’Alliance à Istanbul fin juin.Parmi ces options figurent la possibilité que l’Otan se voit confier la responsabilité des activités de formation menées actuellement par les Etats-Unis en Irak.En l’état actuel, il apparaît peu probable que des pays comme la France, opposée à toute implantation trop visible de l’Alliance en Irak, acceptent une telle proposition, selon des diplomates.Une autre option serait la création d’une “académie” permanente de formation en Irak.L’Otan a déjà en Irak une petite équipe de militaires, qui ont commencé à former des officiers en liaison avec le ministère irakien de la Défense.En fin de journée, le président irakien devrait réaffirmer auprès de M. Solana le souhait des autorités intérimaires irakiennes d’un plus grand engagement de l’UE à Bagdad, comme l’avait fait en juillet le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari.Réunis lundi à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères n’ont guère avancé sur le renforcement de leur aide. Ils se sont limités à décider l’envoi dans les semaines à venir en Irak d’une nouvelle équipe d’experts, spécialisés dans la gestion civile des crises.Ces derniers seront chargés d’élaborer des “propositions concrètes” d’aide, qui seront soumises ensuite aux chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE au sommet européen de Bruxelles du 5 novembre, auquel a été invité le Premier ministre irakien Iyad Allaoui.Dans le cadre de sa tournée européenne, le président irakien, dont les fonctions sont largement honorifiques, s’est déjà rendu en Allemagne, en Italie et en Pologne.
http://www.lemonde.fr/web/dh/0,14-0@14-0@2-3214,39-23598166,0.html
L’Europe à pas comptés en Irak
Pas de troupes européennes au Congo. Mais une mission en Irak. Où la présidence néerlandaise veut augmenter la « visibilité » des Vingt-Cinq.
Le Soir du 14.09.2004
Stassen
14/09/2004
Le débat sur l’entrée dans l’UE s’annonce ardu au sein de la Commission
LE MONDE | 14.09.04 | 13h20
Bruxelles de notre bureau européen
Günter Verheugen a hésité avant de condamner le projet de loi visant à réprimer pénalement l’adultère en Turquie. A Ankara, le commissaire européen à l’élargissement a d’abord suggéré en privé au premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, de retirer son projet. Puis il s’est résolu à prendre position en public : “Ce serait une erreur”, a-t-il dit. Cette “erreur” ne peut néanmoins pas remettre en cause, dans son esprit, la perspective d’ouverture de négociations d’adhésion avec Ankara. Elle risque plutôt “de fausser la perception que l’on se fait en Europe du processus de réformes”, a répété le commissaire allemand.
La polémique est, selon lui, de nature à fournir des arguments aux détracteurs de la Turquie, au moment où le débat s’annonce plus ardu que prévu à Bruxelles, où la Commission présidée par Romano Prodi, dont ce sera la dernière décision, doit remettre son rapport sur la Turquie le 6 octobre.
La semaine dernière, deux poids lourds de l’exécutif européen ont pris les devants. Le Néerlandais Frits Bolkestein, commissaire en charge du marché intérieur, a tiré le premier : si la Turquie devait entrer dans l’Union européenne (UE), “la libération de Vienne en 1683 n’aurait servi à rien”, a-t-il lancé dans une allusion à la bataille menée par les forces polonaises, allemandes et autrichiennes contre les Ottomans. Un peu plus tard, un courrier de l’Autrichien Franz Fischler, adressé fin juillet à ses collègues de la Commission, a été rendu public. Dans cette lettre, le commissaire à l’agriculture considérait que la Turquie est “plus orientale qu’européenne”. Il ajoutait que son entrée dans l’Union pourrait coûter jusqu’à 11,3 milliards d’euros à la politique agricole commune. Pour le moment, seul le Britannique Chris Patten, commissaire aux relations extérieures, s’est prononcé pour l’ouverture prochaine des négociations, en ajoutant qu’elles “prendront sans aucun doute beaucoup de temps”.
“TRANSFORMATION PROFONDE”
Hormis ces prises de position de personnalités qui ne seront pas membres de la commission présidée par José Manuel Barroso - qui serait chargée de conduire les négociations -, la plupart des commissaires s’abstiennent du moindre commentaire. “L’enjeu est énorme, chacun a son avis personnel sur une question très sensible dans l’opinion publique, mais réserve sa réponse pour le débat au sein du collège”, dit-on à la commission.
Certains sont réputés sceptiques à l’égard de l’adhésion turque. C’est le cas de l’Espagnole Loyola de Palacio, commissaire sortante au transport et à l’énergie, ou de la Luxembourgeoise Viviane Reding, à la culture. Dalia Grybauskaite, la commissaire lituanienne, a quant à elle souvent répété qu’il faut prendre son temps, digérer le dernier élargissement, puis l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie en 2007, avant de songer à intégrer un pays de 70 millions d’habitants, en pleine transition politique, et pauvre.
Autre personnalité plutôt réservée, le commissaire hongrois, Peter Balazs : “On ne peut pas refuser la Turquie, on ne peut pas la prendre non plus sans une transformation profonde de l’Union elle-même”, observe-t-il, en ajoutant que “ce sont les conditions posées à la Turquie qui vont compter”.
M. Verheugen espère pour sa part une recommandation “claire et ferme” d’ouverture des pourparlers, “sans conditions”. Il s’interroge toujours sur la position réelle de la plupart de ses collègues. En charge du commerce, Pascal Lamy ne s’est pas découvert. Il a effectué une visite en Turquie en juillet et “travaille” sur le sujet, selon un de ses collaborateurs, faisant remarquer que “ceux qui se sont exprimés à ce stade sont les plus radicaux”. D’autres commissaires, comme l’Italien Mario Monti (concurrence), attendent les rapports de M. Verheugen pour se forger une opinion définitive. Quant à Jacques Barrot, le commissaire aux politiques régionales, on le dit plutôt favorable, mais il serait partagé entre sa fidélité à Jacques Chirac, qui soutient l’adhésion turque, et son appartenance à l’UMP, opposée à cette perspective.
Malgré les divergences, M. Verheugen et M. Prodi ont bon espoir d’aboutir à une décision consensuelle. Leurs proches n’excluent pas un vote si les clivages sont insurmontables. M. Bolkestein et M. Fischler “ont exprimé leurs états d’âme sans répondre à la question posée par le Conseil, qui est de savoir si la Turquie remplit les critères politiques définis pour ouvrir les négociations”, dit un haut fonctionnaire. Pour M. Verheugen, il ne s’agit plus de s’interroger sur la vocation de la Turquie à rejoindre l’Europe, puisque le pays dispose du statut de candidat depuis 1999, mais de déterminer si les conditions sont réunies pour entamer des négociations. Les Etats membres se prononceront définitivement sur le sujet le 17 décembre, sur la base des rapports et de la recommandation de la Commission.
Philippe Ricard
ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 15.09.04
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-379032,0.html
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Une recette autrichienne pour la Turquie : les négociations sans adhésion
LE MONDE | 14.09.04 | 13h20
Vienne de notre correspondante
Décidément, Jörg Haider est un cas à part. Le leader de la droite populiste autrichienne, qui a si souvent fait de la xénophobie et de la peur de l’élargissement vers l’Est son fonds de commerce, est le seul politicien autrichien à s’être déclaré, dès janvier 2003, en faveur de l’adhésion de la Turquie, estimant que ce pays était “suffisamment mûr” pour l’Europe et qu’il serait judicieux d’y contrebalancer l’influence des Etats-Unis.
M. Haider est bien isolé. Non seulement sa formation, le Parti libéral autrichien (FPÖ), au gouvernement depuis janvier 2000 avec les chrétiens conservateurs du Parti du peuple (ÖVP), a promis de voter contre Ankara partout où il le pourra, mais le reste de la classe politique autrichienne exprime le scepticisme ou le rejet.
Dès la campagne pour les européennes, au printemps dernier, le chef du groupe ÖVP au Parlement européen, Ursula Stenzel, avait estimé que l’Union ne devait pas “se laisser entraîner” à des négociations avec Ankara. Ses homologues du Parti social-démocrate (SPÖ) et des Verts, Hannes Swoboda et Johannes Voggenhuber, sont aussi réticents, sans parler de l’unique eurodéputé du FPÖ, le journaliste Andreas Mölzer, dont l’hebdomadaire d’extrême droite Zur Zeit se veut l’organe central de la résistance à une invasion musulmane venue du sud des Balkans. La presse autrichienne a salué la “franchise” du commissaire européen à l’agriculture, le Tyrolien Franz Fischler, qui a mis en garde en juillet les autres commissaires contre une Turquie “par nature bien plus orientale qu’européenne”, et qui se demande, dans le quotidien Kurier du 14 septembre, quel serait le coût économique de son adhésion et “si les différences culturelles - car il y en en a - sont maîtrisables”.
Le ministre de l’intérieur Ernst Strasser, chrétien conservateur, voit un problème tant que les Turcs de la minorité kurde figurent parmi les dix groupes dont les demandes d’asile politique sont prises en compte.
Les sondages ne sont pas à ce point négatifs : selon celui publié lundi par le magazine Profil, 57 % des Autrichiens se déclarent opposés à une adhésion de la Turquie à l’horizon 2015, mais 31 % y sont favorables.
“On rencontre le préjugé suivant lequel l’Autriche risque d’être “submergée” par l’Est et le Sud, mais il y a aussi une tradition positive des rapports avec la Turquie, qui passe surtout par les élites”, remarque le politologue Peter Hajek. L’adhésion de la Turquie passionne moins l’opinion que la réforme des retraites. Les quelque 170 000 habitants d’origine turque (sur 300 000 musulmans) ne font guère parler d’eux à la rubrique faits divers.
Faut-il s’attendre à voir le chancelier Wolfgang Schüssel mettre son veto à l’entrée de la Turquie ? “C’est un fantasme français, lié à l’épisode des sanctions”, sourit Georg Hoffmann-Ostenhof, éditorialiste de Profil. Pour Peter Hajek, le chancelier autrichien ne prendra un tel risque “que si d’autres dirigeants européens sont sur la même ligne”.
Interrogé il y a quelques jours à la télévision, M. Schüssel a fait une réponse alambiquée : si le rapport de la Commission est positif, il approuvera l’ouverture de négociations avec la Turquie, mais “qui n’aient pas forcément comme but une adhésion pleine et entière”. La négociation sans adhésion, ce serait “une formule inédite”, admet-on dans son entourage.
Joëlle Stolz
ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 15.09.04
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-379031,0.html
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Kurdes, droits de l’homme, réforme du code pénal : Bruxelles demande encore un effort à la TurquieLE MONDE | 09.09.04 | 14h55La visite du commissaire à l’élargissement, Günter Verheugen, a été l’occasion de souligner que des désaccords persistaient et qu’Ankara devait accélérer les changements.Istanbul de notre envoyé spécialLe mot a fait sursauter Günter Verheugen. Au premier jour de son voyage en Turquie, le représentant d’une association de défense des droits de l’homme lui a affirmé que les mauvais traitements et la torture restaient une pratique “systématique” dans son pays. Le commissaire à l’élargissement a demandé des précisions à son interlocuteur. Ce témoignage met en cause les progrès observés ces derniers mois par les diplomates européens, au moment où le gouvernement de M. Erdogan affiche une politique de “tolérance zéro” en la matière. M. Verheugen a fait savoir qu’il allait demander à ses services une ultime analyse sur ce sujet sensible. “Les efforts doivent être poursuivis”, a ensuite intimé le commissaire aux autorités d’Ankara.A chaque étape de son voyage, le commissaire européen aura tenté d’adresser un message au gouvernement turc. La Commission doit recommander, le 6 octobre, aux Etats membres d’ouvrir - ou pas - les négociations d’adhésion avec Ankara. M. Verheugen considère que la Turquie a fait d’énormes progrès pour respecter les critères politiques fixés par les Européens. Mais, selon lui, plusieurs chantiers sont loin d’être achevés et l’application des réformes est difficile. “Voter des lois au Parlement est une chose : il faut aussi les mettre en uvre”, répète-t-il, devant les dizaines de micros qui l’attendent partout là où il passe. “Il s’agit de mettre en avant les sujets où nous avons du mal à obtenir des informations, pour bien montrer que nous y attachons de l’importance”, dit l’un de ses collaborateurs.Pour sa première visite à Diyarbakir, fief de la minorité kurde, le commissaire s’est inquiété du sort du Sud-Est anatolien. Il a demandé au gouvernement de “poursuivre les efforts engagés pour assurer le développement socio-économique” d’une région pauvre, marquée par le long conflit entre l’armée et le Parti des travailleurs du Kurdistan (séparatiste, PKK). Emissions en kurde, cours de langue, il a invité le gouvernement à approfondir la promotion des droits culturels de cette minorité. “Il faut aussi soutenir davantage le retour des populations déplacées par le conflit”, a-t-il dit, lors d’une visite dans un village évacué de force par l’armée en 1995. Tandis que les escarmouches, parfois meurtrières, se sont multipliées après la levée du cessez-le-feu par les héritiers les plus violents de l’ex-PKK, début juin, M. Verheugen a multiplié les appels au calme. Pour lui, une relance du conflit menacera le processus de réformes, surtout si le gouvernement choisit la manière forte. Il s’est affiché avec des personnalités modérées, comme le maire de Diyarbakir, Osman Baydemir, et Leyla Zana, l’ex-députée libérée, en juin, après dix ans de prison pour liens avec le PKK. Tous deux s’opposent à la reprise de la lutte armée.Par ailleurs, M. Verheugen suit de près l’adoption en cours d’un nouveau code pénal. Des experts saluent les progrès apportés par le projet, qui cherche entre autres à mieux sanctionner les “crimes d’honneur”. Mais, lors de ses entretiens avec Recep Tayyip Erdogan et son ministre des affaires étrangères, Abdullah Gül, lundi, à Ankara, le commissaire leur a fait savoir que la création d’un délit d’adultère avec une peine d’emprisonnement serait un “pas en arrière”,susceptible de brouiller sérieusement la perception des changements en cours en Turquie. Dans le même ordre d’idée, l’Union européenne s’inquiète du harcèlement dont souffrent avocats, défenseurs des droits de l’homme et journalistes de la part de certains procureurs peu au fait des lois les plus récentes.Au dernier jour de sa visite, jeudi 9 septembre, M. Verheugen devait, enfin, rencontrer les dignitaires de différentes minorités chrétiennes. Sa visite au patriarcat grec orthodoxe, au cur de la vieille ville d’Istanbul, lui permet d’attirer l’attention sur les conditions d’existence des communautés non musulmanes. Difficultés à créer des fondations, droits de propriété, formation du clergé : les diplomates européens considèrent que la liberté religieuse est fragile.Le chef des Grecs orthodoxes revendique la réouverture d’un séminaire fermé en 1971, en pleine crise entre la Turquie et la Grèce à propos de Chypre. Tandis que l’Union fait pression sur Ankara pour reconnaître Chypre, la renaissance du séminaire aurait valeur de symbole. Mais cette perspective mobilise les milieux ultranationalistes qui, quelques jours avant le passage de M. Verheugen, ont manifesté leur opposition au projet.Philippe Ricard Le débat monte au sein de la CommissionGünter Verheugen, va devoir composer avec l’opposition de certains de ses collègues au sein de la Commission. “Quiconque autorise la Turquie à adhérer devra également accepter l’Ukraine et la Biélorussie”, a déclaré Frits Bolkestein, commissaire au marché intérieur. Selon lui, “ces pays sont plus européens que la Turquie”. Evoquant une “pression migratoire”, M. Bolkestein a cité l’historien américain Bernard Lewis, spécialiste de l’islam, pour qui l’Europe sera majoritairement musulmane d’ici à la fin du XXIe siècle.“Si cela devait arriver, la libération de Vienne, en 1683, n’aura servi à rien”, a estimé M. Bolkestein, en référence à la défense de la ville par les forces polonaises, allemandes et autrichiennes face aux Ottomans. Lors de sa visite en Turquie, M. Verheugen n’a pas voulu commenter des propos que son entourage considère comme outranciers. - (Corresp.) ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 10.09.04
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-378419,0.html
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FRONT PAGE - FIRST SECTION: Fischler criticises EU plans for Turkey Financial Times, Sep 10, 2004By Daniel Dombey and Tobias Buck in BrusselsFranz Fischler, the European Union agricultural commissioner, has attacked plans to begin EU membership talks with Turkey
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September 10, 2004
European Union Lauds and Prods Turkey on Chances of Joining
By SUSAN SACHS
STANBUL, Sept. 9 - The enlargement commissioner of the European Union, the man whose good opinion could help propel Turkey into membership negotiations, gave very little away on this week as he swept through a whirl of meetings with Kurdish activists, Christian and Jewish leaders, and government officials in the Turkish provinces.
The commissioner, Günter Verheugen, who finished his trip on Thursday, offered something for just about everyone during his tour. While praising the government, he also called for greater cultural rights for the Kurds, protections for non-Muslim Turks and human rights for all. But he did not indicate whether he would recommend that Turkey should make the leap from perennial candidate to provisional European Union member.
“The basic problem here in Turkey is that the political reform on paper looks very nice, and I admire what they’ve done,” said Mr. Verheugen, in an interview in the port city of Izmir, midway through his trip. “But if you look at implementation, the picture is very mixed.”
Such was the theme of Mr. Verheugen’s visit, probably the last before he finishes a report to the commission on Turkey’s progress toward meeting the conditions of democratic change that were set by European leaders two years ago.
The report, due out in the first week of October, will include a review of Turkey’s economy, the potential impact of Turkey’s membership on the European Union and a recommendation on whether to give Turkey a starting date for talks. A European Union meeting in mid-December is to take up the divisive question of Turkey’s membership.
But Mr. Verheugen warned that he was not sure that the commission would have an answer.
“My question - and one that will be debated on the commission - is whether we have enough critical mass to make a political judgment that implementation is on track,” he said. “I’m not sure we’ll have enough of a track record to allow us to make a forecast on whether Turkey will meet the criteria.”
Turkey has tried to join the European Union for decades, but its bid took on new urgency in 1999, when it was granted the status of a candidate member. In the last two years, since conditions were set for starting membership talks, the Turkish government has pursued the European Union with fierce determination.
The government of Prime Minister Recep Tayyip Erdogan has staked its political credibility on getting a date for the start of talks by the end of 2004. Officials continued to express confidence even as Mr. Verheugen expressed some caution.
Foreign Minister Abdullah Gul said Thursday that he was certain the report would be positive. “We fill the political criteria,” he said.
The present government and its predecessor have changed large sections of the country’s Constitution, required the powerful military to disclose its budget and written a new penal code that is to be presented to Parliament next week.
The broad criteria for a nation’s membership in the bloc include a democratic political system, a functioning market economy and the ability to enforce the union’s common regulations and standards.
In Turkey’s case, European leaders have said their hesitations center on the government’s treatment of its Kurdish minority, its religious minorities and its traditional lack of civilian control over the military.
Wherever he went, Mr. Verheugen said, he heard only enthusiasm for European Union membership, though many lawyers and human rights activists also said many of the recent democratic moves had produced only surface changes.
http://www.nytimes.com/2004/09/10/international/europe/10turkey.html
Stassen
10/09/2004
Siege Deepens Rift With West in Russia
U.S., Europe Said to Harbor Chechens
By Peter Baker
Washington Post Foreign Service
Friday, September 10, 2004; Page A18
MOSCOW, Sept. 9—Last week’s attack on a Russian school has driven new wedges between Russia and the West in the fight against terrorism, as Moscow continues to accuse the United States and European countries of coddling Chechen separatists.
Foreign Minister Sergei Lavrov denounced the United States and Britain on Thursday for granting asylum to Chechen opposition figures and told other countries to stay out of Russia’s fight with rebels in the breakaway republic. Defense Minister Sergei Ivanov reiterated that Russia might launch strikes against terrorist bases in other countries.
The statements came in a sixth day of escalating rhetoric, reflecting long-standing resentment of criticism from the West concerning Russia’s handling of the war that has raged in Chechnya on and off for 10 years. That bitterness had largely been suppressed in recent years as Russia worked to improve relations with the West. But the terror strike in the southern town of Beslan last week appears to have unleashed frustrations.
“For some period of time it was hidden,” said Alexander Pikayev, an analyst at the Committee of Scientists for Global Security, a private group. “Neither side wanted to expose that, to proliferate it into the public domain. But now, after Beslan, it becomes clear there are quite significant nuances in approach.”
Pikayev said officials were taking their cues from President Vladimir Putin, who, during a late-night meeting with visiting scholars and journalists on Monday, expressed irritation with the West, which he accused of sympathizing with Chechen guerrillas. “Probably this overreaction by the Russian side might be explained by emotions,” he said.
But he added that the tough talk also “reflects a new vulnerability of Mr. Putin” and may be part of a more concerted “attempt to divert public attention from the failure of Russian special services and the administration” to prevent the Beslan attack.
Putin tried to reassure the public Thursday by setting up new operational command groups in the North Caucasus region around Chechnya to better coordinate law enforcement and security agencies in fighting terrorism. The Kremlin-controlled State Duma, or lower house of parliament, also began moving to consider legislation that would toughen airline security, immigration and other policies.
But criticism of the government’s fight against terrorism continued to mount. The Motherland party, a nationalist political organization created last year with behind-the-scenes support from the Kremlin, moved Thursday to have the lower house of parliament hold a vote of no-confidence in Prime Minister Mikhail Fradkov and the cabinet.
The Beslan attack was the latest in a series of terror strikes that have killed more than 1,000 people in Russia in the last two years.
Aware of the raw nerves in Moscow, officials in the United States and Western Europe have generally tried to avoid inflaming the situation, but even mild statements have triggered angry responses.
The rift opened last weekend after Dutch Foreign Minister Ben Bot, whose government holds the rotating European Union presidency, was quoted as saying it was “very difficult to judge from a distance” whether Russian authorities handled the school siege correctly.
Lavrov called that “blasphemy,” and the Dutch ambassador to Moscow was summoned to the Foreign Ministry. Bot explained that he had been misunderstood. Putin, though, expanded on the complaints in the Monday night meeting, saying that the West was trying to push him to negotiate with “child killers” no better than Osama bin Laden.
Vice President Cheney has described U.S. support for the Russians following the attack, noting that President Bush offered condolences to Putin by telephone and that the governments were investigating al Qaeda links. “The Russians think there are significant ties” to al Qaeda, Cheney said in Cincinnati. “There may be some links there, but we don’t have specific details yet.”
But the Kremlin took umbrage with a statement by State Department spokesman Richard Boucher on Tuesday that did not rule out further U.S. talks with Chechen political figures, long a sensitive issue for Moscow. On Wednesday, Boucher reemphasized American outrage at the school seizure.
“Our basic views haven’t changed,” he said, referring to the U.S. policy of urging Russia to find a political solution to the Chechen conflict. “But we’re not dealing with that here. We’re dealing with a terrorist attack, a horrible terrorist attack on school children. And there’s no question of political aspects of this.”
That was not enough to satisfy Moscow. Lavrov said Russia would not tolerate interference in the Chechnya conflict. “I would advise them not to hinder Russia from settling its internal affairs,” Lavrov told reporters in Moscow after meeting with New York’s former mayor, Rudolph W. Giuliani, who was visiting the city to offer condolences.
Lavrov also criticized the United States and Britain for harboring people Russia considers to be Chechen terrorists linked to rebel commander Aslan Maskhadov, whom it blames for the Beslan strike. Maskhadov has denied responsibility. Britain has granted asylum to Akhmad Zakayev, and the United States has given the same status to Ilyas Akhmadov. Both men were top officials in Maskhadov’s government.
“Those who provide shelter to terrorists are directly responsible for the tragedy of the Chechen people,” Lavrov said.
Staff writer Lisa Rein in Washington contributed to this report.
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A9594-2004Sep9.html
Stassen
10/09/2004
News Analysis: EU sends a message to newest members
Graham Bowley/IHT IHT
Friday, September 10, 2004
Continental giants say they won’t help East take jobs away
BRUSSELS When eight poor countries of Central and Eastern Europe joined the grand European project this year, they believed it would give them a chance to overcome the crippling horrors of their communist past.
The promise of trade and a combination of the cheap wages and lower taxes they could offer foreign investors would deliver, they believed, new prosperity.
Yet this week their richer Western partners in the EU made clear that while this bright promise still holds true, the East’s success must not come at Westerners’ expense.
When EU finance ministers and central bankers gather Friday and Saturday in the Netherlands for talks about the long-term budget, some of the richer, but now slow-growing and lethargic Western nations will tell Central and Eastern European countries that they must raise their business taxes and so stop luring away companies and jobs from the West.
Germany and France, whose economies have become moribund and where unemployment is high, believe Eastern countries are indulging in harmful and unfair tax competition.
Nicolas Sarkozy, the French finance minister, this week proposed cutting off the billions of euros in EU regional development aid that flows from Western coffers into the poorer East, which he says is making Easterners’ low taxes possible in the first place.
The Germans and French say it is unclear why they should subsidize Polish roads, freeing the Polish government to cut taxes and poach German businesses. Or why, as the German finance minister, Hans Eichel, said this year, Germany is “sponsoring” the loss of its own jobs.
“Sarkozy’s position does not yet carry a majority, but the issue of tax competition will not go away,” said John Palmer of the European Policy Center in Brussels.
The debate is part of a wider discussion that will take place among finance ministers Friday about the EU’s next budget for 2007-2013.
Berlin, Paris and London want to cap spending at 1 percent of the EU’s gross domestic product, less than the European Commission’s call for a 1.14 percent cap, which is backed by the Eastern members. Politicians will also consider whether to reform rules on how European governments should steward their finances, known as the Stability and Growth Pact. The commission last week proposed allowing countries to concentrate more on spurring growth and less on meeting specific deficit targets.
While both issues are politically charged, the dispute over what tax rates to charge companies doing business in EU countries may prove to have the most far-reaching consequences.
In some ways, it is a European version of the U.S. debate over the outsourcing of jobs to lower-wage countries. That revolved around fears that the United States was losing jobs to cheaper, newly developing countries in Asia and Latin America. In Europe, the contrast between the rich and poor has been made starker since trade borders fell fully on May 1. Countries such as Germany are now faced with nimbler, hungrier, and lower-cost competitors in their own backyard and within the EU.
This spring, some rich nations imposed limits on migrant workers to stop cheap labor from flooding into Western Europe. Now the focus has turned to company tax and businesses that are migrating abroad to exploit the low rates available in the East.
Fears of harmful tax competition have been around for two decades. In the 1980s, Britain cut business taxes to 35 percent from 52 percent as part of a “reinvention” of its own economy. In the 1990s, Ireland went further, lowering business taxes to 12.5 percent and triggering a boom in high-tech foreign investment on the Western fringe of the Continent.
Now, the countries of the East want to emulate Ireland’s experience, and have started to cut company taxes from already attractive rates.
The gap is startling. This year, Poland reduced its basic rate to 19 percent from 27 percent; Slovakia to 19 percent from 25 percent; and Hungary has a 16 percent rate. Estonia levies no taxes on some earnings.
By contrast, Germany charges corporations taxes of around 39 percent.
It is a tempting advantage some companies are finding hard to resist. In March, the head of the German Chambers of Commerce urged German businesses to look East, earning him the ire of Chancellor Gerhard Schröder. Next year, Austria, which shares a large border with the East, will cut corporate taxes to 25 percent to stop companies drifting away to the East.
“These countries have the assured international environment of the EU, labor costs are 20 percent of Germany’s costs - and they have lower taxes,” said Stefan Bach at the German Institute for Economic Research in Berlin.
Lithuania, where Bach just visited, has “massive foreign investment at the moment,” he said.
All this leaves West Europeans asking why EU enlargement should harm them, when they invited the poor Easterners into the club and when they foot the EU bill? Germany is the biggest contributor to the Union’s E100 billion, or $122 billion, annual budget, including the E26 billion budget for regional aid.
But the East’s response is unequivocal. Its politicians argue they need and deserve extra help to make up for the damage wrought by communism. “I am against the idea of harmonizing corporate taxes,” Danuta Hubner, the Polish minister who will be responsible for regional aid in the new European Commission, said.
The EU’s Eastern countries ask: Why would foreign investors come if they did not get tax benefits to compensate for bad telephone lines and pitted roads? Without low taxes, the East stands little chance of catching up with the West, they say, and a prosperous East is in everyone’s interests since Germany and France could sell their exports into these new booming markets.
Easterners are not isolated in this battle. The British and Irish oppose tax-rate harmonization. A country’s tax rate, they say, is its own business, and tax competition is healthy because it forces governments to be efficient with public money and also because low taxes stimulate growth.
“It’s simply about national sovereignty,” a British official said. “It’s as simple as the Boston tea party.”
The European Commission, the arbiter in this dispute, supports the tax cutters. This week it called Sarkozy’s comments “muddled thinking.”
But on Friday it is expected to put a proposal before Europe’s politicians which France and Germany do support. Importantly, it wants to harmonize corporate tax rules.
When the people of Eastern and Central Europe joined the EU in May, they thought they were embarking on a project designed for the mutual European good, but they are discovering it is a competitive world even within the EU’s sheltering borders. National political instincts burn strongly, and the rich West, their economies stumbling, fight hard to keep their longstanding privileges.
International Herald Tribune
Stassen
09/09/2004
washingtonpost.com
EU Wary of Pre-Emptive Strikes by Russia
By CONSTANT BRAND
The Associated Press
Thursday, September 9, 2004; 3:15 AM
BRUSSELS, Belgium - The European Union, already at odds with the Bush administration over pre-emptive military strikes, reacted warily to a warning from Moscow that it too reserved the right to neutralize terror threats anywhere in the world.
Col. Gen. Yuri Baluyevsky, the chief of the general staff of Russia’s armed forces, said Wednesday that “we will take all measures to liquidate terrorist bases in any region of the world.”
He was speaking at a joint news conference with NATO’s supreme allied commander in Europe, Gen. James Jones, after talks on military cooperation, including anti-terror cooperation. NATO did not comment on his statement.
“It’s not clear what the status of these remarks are,” EU spokeswoman Emma Udwin said in Brussels. “I would note we have not heard anything similar from President (Vladimir) Putin himself.”
The warning marked a clear show of Moscow resolve following the Beslan school siege, a car bombing and the near-simultaneous crash of two planes brought down by explosives in recent days. More than 400 people died in the attacks.
The European Union argues that a policy of pre-emptive strikes is too risky. A security strategy paper approved by EU governments last year said emphasis should be placed on diplomatic and political solutions.
Udwin said Wednesday that the 25-nation EU is against “extra-judicial killings” in the form of pre-emptive strikes.
British Foreign Secretary Jack Straw said Moscow’s reaction was “understandable” and within international law.
Straw said he believed the policy statement would have been first approved by Putin.
“I think the reaction is an understandable one by President Putin,” he said. “The United Nations charter does give the right of self-defense and the U.N. itself has accepted that an imminent or likely threat of terrorism certainly entitles any state to take appropriate action.
“I don’t think President Putin was talking about launching any immediate attack.”
In Paris, a Foreign Ministry spokesman said it was up to international bodies to take a stand against terror.
“For us, it is by its nature a question that must be debated under the European framework, in the Group of Eight and of course in the United Nations,” spokesman Herve Ladsous told reporters.
Turkey’s Prime Minister, Recep Tayyip Erdogan, added his voice to those questioning pre-emptive strikes. “If the world attempts a fight against terrorism in a unilateral way of thinking ... then it won’t succeed in solving the problem,” he said.
Russian leaders have claimed such a right to pre-emptive strikes before, threatening neighboring Georgia that it would pursue Chechen rebels allegedly sheltering on its territory.
A London-based Chechen rebel representative, Akhmed Zakayev, said Russia’s threats amounted to “a warning to other European countries that Russia may come and carry out an assassination on your soil at any moment.”
Russia is seeking Zakayev’s extradition from London, where he’s been granted political asylum. Russian authorities also offered a $10 million reward for information leading to the capture of rebel leader and former Chechen President Aslan Maskhadov and another leader, Shamil Basayev.
The threat of strikes worried Europe-based advocates of Chechen independence.
Johan Lagerfelt, a former Swedish lawmaker who heads the independent Swedish Committee for Chechnya, said even he felt like a potential target.
“By the Russians’ own definition, even I’m a terrorist, because I work for the Chechen cause. So we’re all a little worried, because we don’t know what they can do. They don’t seem to have any restraints when it comes to protecting their distorted view of the world,” he said.
Lagerfelt’s group lobbies the Swedish government to support Chechen independence.
There are believed to be around 200 Chechen refugees in Sweden.
“This statement is mostly aimed toward public opinion at home, but the effect will be that many asylum seekers in the West will feel very worried,” Lagerfelt said.
Maciej Roszak, a leader of the Polish group Free Caucasus Committee, which supports Chechen independence said it would be “hard ... to imagine” that Russian forces would strike against Chechens in other European countries. Up to 4,000 Chechens live in Poland’s refugee camps, he said.
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A7632-2004Sep9.html?nav=headlines
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September 9, 2004
Russia’s Antiterror Tactics: Reward and a First Strike
By SETH MYDANS
MOSCOW, Sept. 8 - The Russian government offered a $10 million reward Wednesday for the killing or capture of two Chechen rebel leaders, and a top general said Moscow reserved the right to make pre-emptive strikes against terrorists abroad.
In an emerging government reaction that echoed statements in Washington after the attacks on Sept. 11, 2001, several lawmakers also proposed steps to tighten domestic security in response to last week’s horrific schoolhouse hostage siege in North Ossetia, in which more than 300 children, parents, teachers and attackers were killed.
In a new official account of the attack, Russia’s chief law enforcement official portrayed a band of cutthroat kidnappers who argued among themselves and whose leader enforced discipline by executing three of his crew.
In a televised meeting with President Vladimir V. Putin, the official, Prosecutor General Vladimir Ustinov, reported that not all the attackers realized that their mission was to seize a school and that one of them was shot when he objected to kidnapping children.
Two women in the gang were killed, as a gesture of intimidation, when the bombs strapped to their bodies were detonated by remote control, Mr. Ustinov said.
“He did it himself?” Mr. Putin asked, referring to the gang leader, who went by the nickname Colonel and who was described as a short man with a red beard and freckles.
“Yes, himself,” Mr. Ustinov replied, almost in a whisper.
Although the broad outlines of the assault are believed to be known, many details remain uncertain. Parts of Mr. Ustinov’s account on Wednesday, which apparently relied to some extent on information from the sole hostage taker captured alive, differed from the recollections of witnesses in minor ways.
Mr. Ustinov said 326 hostages were killed, although only 210 bodies have been identified because many were badly mutilated. This total was lower than the earlier official toll of 338. He said another 727 people had been wounded, leaving only a very few hostages unhurt from a total of 1,200 he said had been held.
The attack on the school in Beslan, in southern Russia, was the latest and most disturbing of a series of terror attacks that are apparently linked to the decadelong separatist war in Chechnya.
Col. Gen. Yuri Baluyevsky, the chief of the military’s general staff, said Russia did not feel bound by national borders in pursuing rebels.
“As for carrying out preventive strikes against terrorist bases, we will take all measures to liquidate terrorist bases in any region of the world,” he said, though he called that an “extreme measure.”
In fact, the post-Soviet military has lost much of its ability to project force beyond its borders. Its concern is with rebels from Chechnya and the North Caucasus crossing into neighboring Georgia, where Russia has two bases and has carried out military operations.
Aslanbek Aslakhanov, Mr. Putin’s chief adviser on Chechnya, said he hoped the large reward would lead to the capture of the two most prominent rebel figures, Aslan Maskhadov, a former president of Chechnya, and Shamil Basayev, a warlord. The government has blamed them for the hostage taking, although Mr. Basayev has denied involvement.
Mr. Ustinov’s deputy, Sergei Fridinsky, said the bodies of 12 attackers, out of approximately 30, had been identified. He said some had taken part in an attack in June in Ingushetia, a neighboring republic, where scores of people were killed.
Russian lawmakers and officials have raised questions about how rebels seem to be able to move freely around the country. Some officials have proposed measures to restrict living permits and travel conditions and to allow airport security officers to deny boarding to any passenger about whom they have doubts.
The mayor of Moscow, Yuri Luzhkov, has suggested that Chechens should be restricted in their access to the capital.
When asked in a telephone interview why the rebel leaders had not been captured in the past, Mr. Aslakhanov told what he said was an American anecdote about a “Cowboy Joe’’ who was never captured because no one had ever really tried to catch him.
“For a long time, no one tried to catch Basayev,” he said, even though he has long had a price on his head. “We knew he was driving with a certain driver, we knew he was stopping in one place or another. He traveled to Turkey for surgery.”
Corruption among law enforcement agencies is a major problem that was cited by Mr. Putin in a speech following the hostage taking.
Mr. Aslakhanov said the most important step that could be taken would be for the United States to help close channels of financing for Chechen rebels. “America is the strongest country in the world and all countries listen to it,” he said.
These remarks came on a day when the Russian foreign minister, Sergey Lavrov, objected testily to a statement by the State Department spokesman, Richard A. Boucher, that Washington reserved the right to maintain contacts with moderate Chechen leaders.
“We do have a policy that says we will meet with political officials, leaders who have different points of view,” Mr. Boucher said. “We’ve done that in the past; we may or may not do that in the future, depending on who these individuals might be.”
While emphasizing that “the United States does not meet with terrorists,” Mr. Boucher called for a political solution in Chechnya, saying, “Our view of some of these political figures has been different than the Russians’.”
Mr. Aslakhanov responded to this approach by saying, “There is no point in having talks, especially with the leaders of a nonexistent country.”
In North Ossetia, burials continued on Wednesday as mourning competed with anger.
After a number of calls for his resignation, the president of North Ossetia, Aleksandr Dzasokhov, addressed a crowd of about 1,000 people and said that rather than stepping down, he would fire all the people who work for him.
http://www.nytimes.com/2004/09/09/international/europe/09russia.html
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Russia Warns of Preemptive Strikes
Military commander says the nation will attack terrorist bases in ‘any region of the world’ after three assaults killed more than 400.
By Kim Murphy
LATimes Staff Writer
September 9, 2004
MOSCOW Russia’s top military commander threatened Wednesday to launch preemptive strikes on terrorist bases “in any region of the world,” raising questions about how far Moscow will go to hunt down suspected Chechen separatists believed responsible for killing more than 400 people in three terrorist attacks in the last two weeks.
Russia also announced a $10-million reward for the “neutralization” of Chechnya’s top two rebel leaders, Aslan Maskhadov and Shamil Basayev. Maskhadov has vigorously denied involvement in and condemned last week’s hostage-taking at a school.
Both of the Russian statements marked a stepped-up attempt by the Kremlin to counter U.S. calls for political settlement with Chechen separatists and to assuage the grief of a public still reeling from the deaths of 335 hostages at the school in southern Russia.
“Military steps are an extreme measure in the fight against terrorism,” Col. Gen. Yuri Baluyevsky, the Russian armed forces chief, said after meeting with North Atlantic Treaty Organization commanders. “Our position on preemptive strikes has been stated before, but I will repeat it: We will take steps to liquidate terror bases in any region.”
He added that Russia did not plan to use nuclear weapons in such strikes.
The statement caused unease in neighboring Georgia. Over the years, Russia has accused Georgia of allowing Chechen rebels to take shelter in the remote gorges along its northern border.
A spokesman for Maskhadov in London predicted that Russia would step up attempts to kill Chechens abroad.
“Mr. Baluyevsky seems to have made it perfectly clear to everybody today that Russia will now begin to hunt down and destroy separatists and terrorists wherever they are,” Akhmed Zakayev said.
In what seemed to be one such incident, former senior Chechen official Zelimkhan Yandarbiyev died in a car bombing in February in Qatar. Two Russian agents were convicted in the killing, though Moscow has denied involvement.
Russia’s announcements may have been aimed in part at countering continued U.S. statements supporting a political settlement with Chechen separatists. On Tuesday, State Department spokesman Richard Boucher said Washington’s “view on the overall situation has not changed” in the wake of the hostage crisis. Ultimately, “there must be a political settlement” over Chechnya, he said.
Such remarks have clearly irritated Russian President Vladimir V. Putin, who has rejected the idea.
“Why don’t you meet Osama bin Laden, invite him to Brussels or to the White House and engage in talks, ask him what he wants and give it to him so he leaves you in peace?” he asked foreign journalists Monday.
Pressed to clarify the U.S. stance Wednesday, Boucher said the U.S. did not encourage talks with “terrorists.” But he did not say which Chechens the U.S. would support talks with.
“A group of people who are clearly terrorists took over a school and murdered men, women and especially children. That’s not a political act,” he said.
Russia was critical of the U.S. when Washington in 2002 announced its policy of preemptive strikes against perceived threats. Moscow also strongly opposed the U.S. war in Iraq. But the Kremlin has since updated its military protocol to allow for preventive strikes, and Wednesday’s announcement did not represent a policy shift.
Timothy Colton, a Russian studies professor at Harvard University, said Moscow’s warning came from a sense of frustration with four years of terrorist attacks and the unsettled situation in Chechnya, where separatists have fought Russian forces off and on for a decade.
“Everything they’ve tried has not worked. They have this massive military capacity to do things kind of on the old playing field, and they’re trying to let people know they feel free to use those assets wherever they want,” he said.
“The whole point of mentioning that there won’t be nuclear weapons is to remind everybody that they have nuclear weapons,” he added, though the chances of Russia using them in such a case are “close to mathematical zero.”
Alexander Golts, military analyst with the magazine Yezhenedelny Zhurnal, said it was unlikely that Russia could carry out effective strikes against Chechen rebel bases.
“Russia has up until now had great difficulties in determining the location of terrorist bases in Chechnya, to say nothing about bases abroad,” he said. “Baluyevsky’s statement appears to be merely an attempt to pretend to be doing something for what has happened [at the school] is not just a terrible tragedy, it is an appalling disgrace for Russia, which shows the utter impotence and helplessness of the Russian power-wielding ministries.”
Still, Wednesday’s announcement in Moscow was met with anxiety in Georgia. With U.S. help, Georgia has trained its anti-terrorism forces and largely dislodged Chechen rebels from the Pankisi Gorge, most military analysts believe.
But Russian officials in recent weeks have hinted at new concerns.
Georgian Defense Minister Giorgi Baramidze said in a telephone interview that his country had “concerns” over the Russian general’s pledge.
“Could Mr. Baluyevsky have Georgia in mind when he was making this statement? Even the possibility that he could have meant Georgia while making this statement makes us want clarifications,” Baramidze said.
“We have offered Russia cooperation in the sphere of combating terrorism and separatism in the region. However, it needs to be admitted that this cooperation has not progressed that far yet and has not been that successful,” he added.
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Alexei V. Kuznetsov of The Times’ Moscow Bureau contributed to this report.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-377977,0.html
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La Russie examine le projet de lancer des frappes préventives
LEMONDE.FR | 08.09.04 | 19h18 MIS A JOUR LE 08.09.04 | 20h56
La Russie envisage de lancer des frappes préventives pour “liquider les bases terroristes dans toute région du monde.” Jack Straw, ministre des affaires étrangères britannique, a jugé “compréhensible” la menace russe.
Le chef de l’état-major russe, le général Iouri Balouïevski, a déclaré mercredi que la Russie était prête à lancer “des frappes préventives” afin de “liquider les bases terroristes dans toute région du monde”. Au lendemain des deux jours de deuil décrétés par la Russie meurtrie par la prise d’otages de Beslan, en Ossétie du Nord, Moscou examine le projet de frapper le terrorisme.
L’Union européenne a réagi prudemment à ces déclarations. Une porte-parole de la Commission a dit ne pas savoir si les commentaires russes émanaient du président Poutine.
La question des frappes préventives “doit être débattue dans le cadre européen, au G8 et bien entendu aux Nations unies”, a jugé pour sa part le ministère des affaires étrangères français. Mais le ministre des affaires étrangères britannique, Jack Straw, n’a pas attendu pour donner son avis et a déclaré que la menace de la Russie d’attaquer préventivement les terroristes dans toutes les régions du monde est “compréhensible” et conforme aux lois internationales. “Je pense que la réaction est compréhensible de la part du président (Vladimir) Poutine”, a dit le secrétaire au Foreign Office, à l’issue d’un entretien à Londres avec le vice-premier ministre israélien, Ehud Olmert. “La charte des Nations unies donne droit à l’autodéfense et l’ONU elle-même a accepté qu’une menace imminente ou probable de terrorisme autorise certainement tout pays à prendre les actions appropriées”, a-t-il ajouté. Il a toutefois précisé : “Je ne pense pas que le président Poutine parlait d’une attaque immédiate”.
Quelques heures après les Britanniques, ce sont les Américains qui se déclarent ne pas s’opposer au souhait de la Russie de frapper de manière préventive des bases terroristes dans n’importe quelle région du monde, selon un responsable de l’administration américaine. “Chaque pays a le droit de se défendre”, a dit ce responsable sous le couvert de l’anonymat. Washington n’a pas encore réagi officiellement aux déclarations du chef d’état-major de l’armée russe, le général Iouri Balouïevsk, selon lesquelles Moscou est prête à frapper des bases terroristes “dans n’importe quelle région” du monde.
Le pape condamne un “fanatisme cruel”. Le pape Jean Paul II a lancé un appel en faveur de tous les enfants du monde et a fermement condamné le “fanatisme cruel” qui a provoqué des centaines de morts lors de la prise d’otages de l’école de Beslan, dans le sud de la Russie. S’exprimant le jour où les catholiques fêtent la naissance de la Vierge, le pape a déclaré qu’il était atroce que des enfants aient été confrontés à la haine et à la mort dans l’enceinte d’une école.
UN RAVISSEUR PARLE
Le procureur général russe Vladimir Oustinov a présenté au président Vladimir Poutine son rapport sur la prise d’otages de Beslan, ne donnant cependant aucune explication sur l’identité des ravisseurs et ne faisant aucun lien explicite avec la Tchétchénie. “Juste avant l’attaque, la bande s’est réunie dans les bois près d’une localité”, a déclaré le procureur, sans donner d’indication sur ce lieu, selon les images de la télévision russe.
Citant la déposition du seul membre du commando à avoir été pris vivant, il a indiqué que les preneurs d’otages étaient “environ trente, dont deux femmes”, sous le commandement d’un homme surnommé le “colonel”, assisté notamment d’un autre, nommé “Abdoul Malik”. “Ils sont partis en direction de Beslan à bord de trois véhicules (dont un camion), et y sont arrivés à l’aube”, a ajouté le procureur, ne signalant sur leur route qu’un accrochage avec un policier de quartier, sans autre précision. “Ils sont entrés [en voiture] dans la cour de l’école (...), ils avaient une énorme quantité d’armes et d’explosifs”, a poursuivi M. Oustinov.
Il a affirmé que des protestations avaient alors été émises parmi des membres du commando qui refusaient de s’en prendre à des écoliers. Citant toujours la déposition du preneur d’otages arrêté, il a dit que “le ‘colonel’ avait alors abattu un de ses hommes” pour avertir les autres. “Le même jour, pour mettre en garde à la fois les rebelles et les otages, ce bandit a fait sauter deux femmes kamikazes en appuyant sur une télécommande”, a-t-il rapporté à un Vladimir Poutine impassible, l’air grave.
Les preneurs d’otages ont ensuite miné le bâtiment “avec une connaissance des questions techniques” qui témoignait de leur “bonne préparation à cet acte terroriste”, selon le procureur général. Mais “en définitive, au bout de deux jours, quand ils ont voulu changer leur système d’explosifs, il y a eu une explosion, après quoi cela a été la panique à l’intérieur [de l’école]”. “Beaucoup d’otages ont tenté de s’enfuir, et les rebelles ont ouvert le feu”, a-t-il ajouté.
“Démission!”, scande une foule en colère à Vladikavkaz en Ossétie du Nord. “Démission!”, scandent un millier de manifestants sous le balcon du président ossète Alexandre Dzassokhov, qu’ils tiennent pour responsable du bain de sang de l’école de Beslan. Le président ossète finit par promettre de limoger son gouvernement, mais il reste vague sur son propre avenir. Du haut du balcon du siège du gouvernement local à Vladikavkaz, M. Dzassokhov, en costume noir, tente de couvrir le bruit de la manifestation des Ossètes en colère. “D’ici à deux jours, un décret sur la démission du gouvernement sera signé”, annonce-t-il. Il est immédiatement sifflé par les hommes et les femmes, qui réclament de plus belle sa démission.
Avec AFP et Reuters
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-378348,0.html
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Vladimir Poutine annonce une réforme du système de sécurité
LE MONDE | 06.09.04 | 14h17
Le président estime que la Russie est entrée en guerre avec le “terrorisme international”.
Plus de vingt-quatre heures après le dénouement sanglant de la prise d’otages de Beslan, Vladimir Poutine a fait une apparition de onze minutes à la télévision, samedi 4 septembre, pour présenter ses condoléances aux familles des otages décédés et rappeler que la Russie était la cible d’une guerre terroriste “d’ampleur”.
“Nous sommes en présence, non pas de terroristes isolés, mais d’une manifestation du terrorisme international contre la Russie”, a-t-il affirmé après avoir décrété un deuil national de deux jours - lundi 6 et mardi 7 septembre. Cette allocution a fait suite à une période de silence. La seule intervention de Vladimir Poutine avait été d’affirmer, à la veille de l’assaut, que “l’essentiel est de sauver la vie et protéger la santé des otages”.
“LES FAIBLES SONT BATTUS”
Veste et cravate noires, le président russe a insisté sur l’adoption prochaine d’une série de mesures destinées à renforcer l’unité et la sécurité du pays. “Nous devons créer un système de sécurité beaucoup plus efficace, exiger de nos forces de l’ordre des actions qui correspondent à l’échelle des nouvelles menaces”, a-t-il déclaré, tout en appelant ses concitoyens à “ne pas céder au chantage”. L’air grave, il a martelé : “Les terroristes croient qu’ils sont plus forts que nous, qu’ils peuvent nous faire peur au moyen de leur cruauté, paralyser notre volonté et démoraliser notre société. Nous rendre serait permettre la destruction et la dislocation de la Russie.”
Puis, dans un rare aveu de faiblesse, l’ancien lieutenant-colonel du KGB a confié : “Nous n’avons pas compris la complexité et le danger des processus qui se déroulaient dans notre pays et dans le monde entier, nous n’avons pas su réagir de façon appropriée. Nous avons fait preuve de faiblesse, et les faibles sont battus.”
Sans faire allusion une seule fois à la guerre en Tchétchénie, le président russe a estimé que la crise actuelle était à mettre au compte de la désintégration de l’URSS en 1991 : “Aujourd’hui, nous nous trouvons dans une situation née de la dislocation d’un énorme Etat, qui s’est malheureusement avéré incapable de s’adapter aux conditions de vie dans un monde en plein bouleversement.”
Il a rappelé que le pays possédait autrefois sur ses frontières externes le système de défense “le plus puissant”, puis il a déploré l’absence actuelle de protection “à l’Ouest comme à l’Est”. La protection des frontières externes de la Russie et celle des frontières administratives au nord du Caucase sont devenues une “priorité”. Le président semble ainsi considérer que la menace terroriste la plus grave émane de l’extérieur, faisant écho à la déclaration, deux jours plus tôt, d’un responsable local, Valeri Andreev, chef du FSB ossète, selon lequel “dix mercenaires d’origine arabe” étaient au nombre des preneurs d’otages.
Hanté par cette idée d’une menace externe, Vladimir Poutine a insisté : “Si nous nous laissons aller à la panique, alors nous entraînerons des millions de personnes dans des conflits meurtriers et sans fin comme celui du Karabakh - conflit en sommeil mettant aux prises l’Arménie et l’Azerbaïdjan -, celui de la région du Dniestr - fief des indépendantistes russophones de Moldavie - et bien d’autres tragédies que nous connaissons trop bien.”
Marie Jégo
ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 07.09.04
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A Western strategy for Chechnya
Anatol Lieven IHT Thursday, September 09, 2004
After the Beslan massacre
WASHINGTON The vile massacre in the Russian town of Beslan should bring a number of points home to Western governments, and lead them to adopt a new and more useful approach to the conflict in Chechnya.
First, the strategy adopted by President Vladimir Putin has utterly failed to limit terrorism. The Chechens he has chosen to run the republic have failed to establish any real authority, and the abuses committed by Russian troops have contributed greatly to undermining Russia’s goals in Chechnya.
This recognition alone, however, is insufficient as a basis for understanding the Chechen conflict, let alone helping to ameliorate it. We must also recognize that there can be no negotiation or compromise with the terrorists who carried out this atrocity, with their commanders like Shamil Basayev, or with their allies in the world of international Islamist extremism.
Nor can the West encourage any political process which could lead to these extremists once again gaining an ascendancy in Chechnya, as they did during the period of its de facto independence from 1996 to 1999.
After the Russian withdrawal in 1996, these radical forces revolted against the democratically elected government of President Aslan Maskhadov and turned Chechnya into a base for a monstrous wave of kidnapping and murder against Russians, Westerners and fello Caucasians.
In alliance with radical Arab Islamists linked to Al Qaeda, they launched a campaign to drive Russia from the whole of the Northern Caucasus and unite it with Chechnya in one Islamic republic. President Maskhadov failed completely to suppress these groups. Indeed, senior Russian envoys were kidnapped and murdered while under his personal protection. According to Western officials, the criminal and Islamist group headed by the commander Arbi Barayev, which was responsible in 1998 for the kidnapping and beheading of four British telecom engineers, was under the protection of Maskhadov’s then vice president, Vaqa Arsanov.
In other words, when we advocate a political settlement in Chechnya, we should be quite clear that what we are advocating is not an end to the struggle against the Chechen extremists, but a way of reducing their support in the Chechen population in order to fight against them more successfully.
A new Western strategy for Chechnya should have three main components.
The first would be directed towards Moscow, and would echo our approach to Turkey, India and other countries which have fought similar conflicts against secessionist and terrorist forces. It would express unqualified support for Russia’s territorial integrity and for its struggle against the terrorists.
However, it would combine this with demands that the Russian state take much stronger action against abuses by the military, that international observers be allowed into Chechnya and that the Russian government launch a much more broadly based and democratic political initiative. This would include both the holding of democratic parliamentary elections in Chechnya and an offer of talks with Maskhadov and his followers.
The second Western approach should be to Maskhadov and his representatives in the West, like Ahmed Zakayev, who has been given political asylum in Britain. They should be reminded firmly that when they formed a Chechen government in 1996 to 99, they failed utterly to foster even minimal elements of a state in Chechnya, to protect foreign citizens there or to prevent Chechnya being used as a base by anti-Western extremists. Their credibility as would-be rulers of an independent Chechnya is zero.
Any thought of Chechen independence must therefore be deferred until a solid basis for Chechen statehood has been created. In return for Western support for Chechen democracy and their own amnesty and participation in the Chechen political process, Maskhadov and his followers must accept autonomy for Chechnya within the Russian Federation as a short-to-medium-term solution and promise to struggle for long-term independence by exclusively peaceful and political means.
They must also commit themselves not only to break absolutely with the terrorists, but to fight against them alongside Russian forces. If they fail to make this commitment, they should be treated by the West as terrorist supporters.
Finally, the West should back such a settlement with the promise of a really serious aid package for Chechnya’s reconstruction, calibrated so as to reward supporters of peace, and of Western special forces to help Russia in the fight against the terrorists.
It may be argued of course that such a commitment is utterly unrealistic, given the contemptible failure of Western countries even to meet their formal obligations to liberated Afghanistan. But then again, if Western governments and societies are not prepared to give real help to Chechnya, how much is their moralizing talk about the situation there really worth?
Anatol Lieven is a senior associate at the Carnegie Endowment for International Peace in Washington. His book, “Chechnya: Tombstone of Russian Power,” is published by Yale University Press.
http://www.iht.com/articles/537891.html
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L’invasion de l’Irak, une “bévue majeure” dans la lutte contre Al-Qaïda (expert)
AFP | 09.09.04 | 09h26
L’invasion de l’Irak a été “une bévue majeure” dans la lutte engagée par l’Occident contre Al-Qaïda, juge Paul Wilkinson, l’un des spécialistes mondiaux du terrorisme, à la veille du 3e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.La situation à Bagdad ne doit toutefois pas occulter que le réseau radical islamiste “peut être vaincu à long terme”, assure le professeur Wilkinson, président du Centre d’étude du terrorisme et de la violence politiquede l’université écossaise de St Andrews, où il a reçu l’AFP.L’invasion d’un pays “qui n’avait rien à voir avec Al-Qaïda (...) a offert une propagande gratuite à Oussama Ben Laden”, accuse le chercheur britannique. Al-Qaïda a pu ainsi “décrire l’invasion comme un acte d’impérialisme occidental contre le monde musulman” et “mobiliser de nouvelles recrues pour la guerre sainte”.Le réseau islamiste a bénéficié en outre, après la chute de Saddam Hussein, d’une “opportunité stratégique” dans un Irak en proie à l’insurrection et l’anarchie.“L’Irak, explique Paul Wilkinson, est devenu pour les terroristes ce qu’un pot de miel est pour des ours. Des milliers de cibles civiles et militaires ont soudain été disponibles dans un pays sans contrôles efficaces aux frontières et entouré de pays musulmans ayant des militants d’Al-Qaïda dans leur population”.Comme l’a souligné le Sénat américain, une attaque comparable ou pire que celles du 11 septembre reste possible en Occident. Mais aux yeux du chercheur, le principal risque lié aujourd’hui à Al-Qaïda est que la nébuleuse ne profite du “délaissement militaire et financier de l’Afghanistan”, conséquence directe de la guerre d’Irak.“La chute des talibans avait privé Al-Qaïda de sa base territoriale et logistique, rappelle-t-il. Mais le réseau, allié à des ‘seigneurs de la guerre’ et aux talibans cachés dans le sud-est et à la frontière du Pakistan, regagne aujourd’hui de l’influence”.En dépit de ces “bévues majeures”, la lutte contre le terrorisme islamiste a connu depuis 2001 “des succès incontestables” qu’énumère le Pr Wilkinson : “le renversement rapide des talibans, le blocage de millions de dollars de financements, des centaines d’arrestations de présumés militants expérimentés, le fait que le Pakistan et d’autres pays musulmans présents sur la ligne de front tiennent bon, etc.”“Surtout, explique-t-il, je suis convaincu que beaucoup plus de gens auraient été tués depuis trois ans s’il n’y avait eu une excellente coopération entre les services de renseignements”.La France d’ailleurs, malgré son désaccord avec les Etats-Unis sur l’Irak, “apporte une aide précieuse dans la lutte contre des groupes affiliés à Al-Qaïda, tels que les salafistes par exemple, et sur l’islamisme en Europe en général”, pointe Paul Wilkinson.Al-Qaïda, qui est parvenu à pallier son affaiblissement en s’agrégeant des groupes régionaux “qui donnent l’impression que le réseau peut frapper partout”, va continuer à “poser un problème très sérieux” aux pays occidentaux, mais aussi musulmans, juge l’expert. “Les guerres terroristes sont particulièrement difficiles à terminer, analyse-t-il, car les militants radicaux placent leur combat dans une perspective historique de long terme et ne sont pas découragés par les échecs”.Le réseau peut néanmoins être vaincu “à long terme”, conclut le chercheur, si ses opposants “savent se garder des réactions militaires excessives” et surtout s’ils parviennent à “diffuser le modèle démocratique dans le monde musulman”.
http://www.lemonde.fr/web/dh/0,14-0@14-0@2-3208,39-23573458,0.html
Stassen
08/09/2004
EurActive.com
Verheugen on Turkey: the question is when, not if…
Addressing a policy summit entitled “Turkey’s EU end-game?” in Brussels, Commissioner Verheugen said that while Turkey’s track record is impressive, the reforms should continue in a “credible and sustainable” manner. Coinciding with the event, Friends of Europe published a working paper by Dr Kirsty Hughes, LSE, entitled Turkey and the European Union: Just another enlargement?
http://www.euractiv.com/cgi-bin/cgint.exe?204&OIDN=1507888&-tt=in
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Turkey and the European Union: Just another enlargement?
Paper by Dr Kirsty Hughes, LSE, explores the implications of Turkey’s accession and sums up the key issues related to the accession process.
http://www.friendsofeurope.org/pdfs/TurkeyandtheEuropeanUn
ion-WorkingPaperFoE.pdf
Stassen
08/09/2004
Turkey’s unrequited EU love
By Oana Lungescu
BBC correspondent in Istanbul
Two years ago, Turkey won the Eurovision song contest with a tale of unrequited love.
In many ways, it echoed the country’s own unsuccessful bid to woo the European Union since 1963, when it signed an association agreement that promised eventual membership of the bloc.
Things began moving in 1999 when Turkey was officially recognised as an EU candidate, and especially after the election of the Justice and Development Party (AKP) government in 2002, which quickened political reforms to an unprecedented pace.
Earlier this month, Turkish state television began broadcasting in Kurdish, the language of a sizeable minority in this country of 67 million.
On the same day, the government released four Kurdish activists, including human rights award winner Leyla Zana, who had spent 10 years in jail after trials deemed unfair by the EU.
Over the past 18 months, the government has passed nine reform packages, including a ban on the death penalty, a zero-tolerance policy towards torture in prisons, and curtailing the interference of the military in politics, education and culture.
“I am impressed - because starting with the constitution, they’ve changed a lot of laws,” says Murat Celikan, a human rights activist who writes a regular column in the daily Radikal.
“To give one example, two years ago, a radio was banned for one year for airing a song in Kurdish and in Armenian. Now the state television has Kurdish programmes - so that’s a great change.”
The EU has also welcomed the reforms, but it wants them implemented across this vast country by local police, judges and bureaucrats. So far, implementation is uneven, especially in the provinces and the Kurdish areas in the south-east.
“It will take time because I am sure that the security forces especially are not yet well informed about those changes. If you want to make a demonstration in Istanbul or in an eastern province like Diyarbakir, the procedures are still different - not by law, but because of implementation,” says Murat Celikan.
Investor wariness
The prospect of EU membership, coupled with IMF-inspired reforms, have also brought greater stability to the crisis-prone Turkish economy.
Huge shopping centres are full of young people in search of the latest trends. The economy is growing, while inflation has fallen to single-digit figures for the first time in decades.
It will be a big, almost the biggest country, it will be pretty much the poorest country in the EU and it’s located in quite a difficult strategic security position
Kirsty Hughes
Analyst
But foreign investors remain wary of Turkey. In 2002, they invested only $300m (£164m), 10 times less than in Hungary, a country whose entire economy equals that of Istanbul.
Cem Duna, a leading member of the influential Turkish businessmen and industrialists association Tusiad, has this explanation.
“Hungary is a member of the European Union and has been a candidate for the past 10 years or so, this was the main reason why this happened. Now Turkey can easily amass up to $10-15bn (£5.5-8bn) foreign direct investment per annum once it is on the same track, with the same finality in sight.”
Meanwhile, Turkey remains poorer than the 10 countries of central and southern Europe that have just joined the EU, with living standards at about a quarter of EU levels.
Muslim giant
But in terms of population, it is as big as all of the 10 put together.
If it were to join around 2015, it would become the second biggest country in the EU after Germany.
Is the EU ready to admit such a large poor country, which also happens to border on Iraq and Syria?
Kirsty Hughes is the author of a recent study on the implications of Turkish EU membership.
“It will be a big, almost the biggest country, it will be pretty much the poorest country in the EU and it’s located in quite a difficult strategically security position,” she says.
“But when you actually look at what does that mean for joining the union, what it means for its economic policies, for its budget, for how it votes to make decisions, then all those things start to look manageable.
“For instance, it would have about 15% of the votes in the EU Council, that’s slightly less than Germany has today in the say of how to run the EU. In budget terms it would cost about as much as the ‘big bang’ enlargement that we’ve just had.
“Now again, that’s not cheap, but it’s about 10% to 15% of the EU’s budget so it’s not as shocking as if you said it’s going to be half the budget. It does have a lot of implications for EU foreign policy, but I think those will have to be taken as they come.”
Strategic
For Guenter Verheugen, the European enlargement commissioner, Turkey’s strategic position straddling Europe and the greater Middle East is an asset rather than a drawback.
EU politicians face one of the toughest decisions they have ever had to take. If they say no to Turkey, they risk alienating a key ally in the Muslim world with unpredictable consequences. If they say yes, they may upset many voters at home who are already unhappy about where the EU is going
At a recent conference in Brussels, he warned that the EU would make a tragic mistake if it stopped or reversed the process of democratisation in Turkey by denying it eventual membership.
“The eleventh of September 2001 marks a far-reaching change in our strategic thinking. Since 11 September, the question of the relationship between Western democracies and the Islamic world is one of the most important issues in the first decade of the 21st Century.
“The question - which role will Turkey play in the organisation of that relationship - can be very crucial. Personally, I am convinced it will be crucial.
“And the process of reforms in Turkey has a meaning far beyond the borders of that country. It has a meaning for the whole Islamic world, because it demonstrates that there’s no contradiction between the universal values of human rights, democracy, the state of law and a country with a Muslim population and Muslim background.”
EU decision
In October, Mr Verheugen will issue a progress report on Turkey which will form the basis for the decision of EU leaders.
While the report is widely expected to be positive, public opinion in France, Germany, Austria and elsewhere is becoming increasingly reluctant to accept a further enlargement of the EU, especially to include a large Muslim nation like Turkey.
Since the Netherlands will be holding the EU’s rotating presidency in the second half of the year, I asked Ben Bot, the Dutch foreign minister (and a former Dutch ambassador to Turkey) how worried he is about the lack of public support among Western voters?
“Perhaps there has been a lack of proper communication and now there is, I think, an unjustified fear of Islam, which is perhaps understandable in the context of terrorism and so on, but which is not justified - because I think that the situation in Turkey is completely different.
“They also forget that Turkey has been a member of Nato, of the Council of Europe, that it has helped the West during all these years, also during the Cold War, has been a staunch ally.
“And so, it’s in itself astonishing that people all of a sudden are against Turkish participation, whereas we think that Turkey would be a very valuable member of the EU. It will take a long time, that I agree, it will certainly take many, many years of negotiations before they fully comply with all the criteria.”
Indeed, in 10 years or so from now, the EU will be a very different union, and Turkey will be a very different country.
But come December, EU politicians face one of the toughest decisions they have ever had to take.
If they say no to Turkey, they risk alienating a key ally in the Muslim world. But if they say yes, they may upset many voters at home who are already unhappy about where the EU is going.
Story from BBC NEWS:
http://news.bbc.co.uk/go/pr/fr/-/1/hi/world/europe/3847373.stm
Published: 2004/06/28 16:01:25 GMT
© BBC MMIV
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