jc
09/10/2019
Commentaire du chapitre XX "De la sphère au cube" de "Le règne".
Notre civilisation, devenue contre-civilisation, tend de plus en plus vers une globalisation, une uniformisation dans laquelle tout le monde porte le même jean's et possède le même smartphone; la symbolisation de cet état par une sphère s'impose alors d'elle-même. Considéré dans le cycle d'un Manvantara, on est à la fin de l'âge de fer, la fin du Kali Yuga, puisque le cycle complet est une solidification progressive en partant de l'âge d'or, le Krita Yuga, pour finir au Kali Yuga (la forme sphérique est la plus solide). Il nous faut donc recommencer un nouveau cycle, c'est-à-dire requalifier la sphère pour progressivement la resolidifier jusqu'au terme du Kali Yuga suivant (où elle redeviendra symboliquement sphère uniforme, pure quantité maximalement solide?).
Cette requalification est primordiale puisqu'elle détermine toute la durée du Manvantara à venir. Dans le chapitre IV "Les directions de l'espace" de "Le symbolisme de la croix", Guénon nous indique comment qualifier l'espace initialement quantité pure, indifférenciée et continue: en faisant en un point le signe de croix, c'est-à-dire, en termes modernes, en plaquant sur l'espace 3D un repère cartésien orthonormé indiquant trois directions (six demi-directions) principales qui percent la sphère unité en six points (Nord et Sud -axe des "x"-, Est et Ouest -axe des "y"-, Haut et Bas -"axe des "z"-) qu'il est naturel de considérer comme les six sommets d'un octaèdre régulier (solide de Platon) et auquel il est non moins naturel d'associer le solide dual -toujours de Platon- qui est le cube; ce que fait directement Guénon (sans passer par la case octaèdre).
Guénon note que le cube est plus stable que la sphère. Mais il est également plus stable que l'octaèdre. C'est sans doute avec des considérations de ce type que les Anciens ont été amenés à associer le cube à la terre et l'octaèdre à l'air (le tétraèdre au feu, l'icosaèdre à l'eau, le dodécaèdre à l'éther -la quinte essence-). En anthropomorphisant tout ça -ce que Thom nous incite à faire¹ et ce que Guénon refuse absolument-, il me semble naturel de féminiser le cube (ce que font les chinois, qui féminisent la terre-yin) et de masculiniser l'octaèdre (ce que font les chinois, qui masculinisent le ciel-yang).
(Si l'on inscrit cube et octaèdre dans une même sphère, le contact se fait par 14 points (les 8 sommets du cube et les 6 sommets de l'octaèdre), soit 2x7 points. Pour moi "7" a beaucoup plus un caractère sacré pour cette raison (l'accouplement -l'enlacement- du cube-yin et de l'octaèdre-yang fait monter chaque membre du couple au "septième ciel") que pour celle invoquée par Guénon dans "Le symbolisme ..." (où "7" est sacralisé comme étant 6+1 -le nombre de branches de la croix 3D plus "un" pour son centre-, alors que le centre a pour moi un poids supérieur² à chacune des six directions qui en sont des émanations).)
Ce qui précède suggère une opposition politique homme-femme, la stabilité "terrienne" et le conservatisme aux femmes, le libéralisme "aérien" (libre comme l'air ...) et l'évolutionnisme aux hommes³.
Remarque finale:
Je ne sais pas si la Tradition étudie de cette façon le tétraèdre, c'est-à-dire s'il y a des études du symbolisme de la croix tétraédrique (quatre rayons partant du centre du tétraèdre vers chacun des sommets). En 2D on tombe sur le triangle équilatéral et sa croix "Mercédès" à trois branches, triangle qui est auto-dual (c-à-d qui est semblable à lui-même quand on échange sommets et côtés⁴), et l'enlacement d'un triangle équilatéral avec son auto-dual est une étoile de David, omni-présente dans la Tradition.
¹: Thom: "L'intelligence, c'est l'aptitude à s'identifier à autre chose, à autrui."
²: À mes yeux le centre est la position divine, d'où l'on connaît le monde dans sa plénitude, en dimension infinie, centre d'où part donc une infinité de rayons, six d'entre eux seulement étant accessibles éxotériquement aux humains.
³: J'ai entendu tout récemment de la bouche d'Alain de Benoist que la séparation des conservateurs et des libéraux en France était pratiquement actée.
⁴: Le tétraèdre est auto-dual en 3D.
jc
08/10/2019
Je pars ici d'une interrogation sur le rôle des analystes (qui semblent pulluler dans les grands médias), pour en dévier rapidement.
(Dans l'optique thomienne, qui prône la subordination de la logique classique, aristotélicienne, à une morpho-logique, une logique des formes, les concepts statiques de dedans, de dehors, de haut, de bas, de réunion, de séparation, etc. et dynamiques de vers le dedans, vers le dehors, vers le haut, vers le bas, etc. reprennent une importance que l'organon leur avait fait perdre.)
Ana et cata sont des préfixes d'étymologie grecque qui signifient respectivement "vers le haut" et "vers le bas", et une lyse -terme encore utilisé en médecine- est étymologiquement une destruction, une déstructuration. Logiquement une analyse est donc une déstructuration vers le haut (et une catalyse une déstructuration vers le bas). Quel intérêt peut-il y avoir à déstructurer si l'on n'a pas en vue une restructuration ultérieure, une synthèse qui ne conserve de l'analyse que sa substantifique moelle? Ne risque-t-on pas de sombrer dans un réductionnisme infécond? Car "Des analystes on en trouve, des synthétiseurs on en cherche", pour paraphraser le gaullien "Des chercheurs on en trouve, des trouveurs on en cherche".
Une bonne analyse consiste à déganguer l'objet de l'analyse pour n'en synthétiser que l'essentiel. L'une des méthodes favorites des matheux pour analyser les fonctions et aider à constituer le catalogue de leurs propriétés est de les développer en série de Taylor. Mais ils (les matheux) savent bien que s'ils s'arrêtent en chemin du développement, il apparaît un reste qu'il ne faut absolument pas négliger car c'est lui qui contient peut-être la substantifique moelle de la fonction. Pour certaines fonctions il se produit un miracle: la somme de la série (entière c'est-à-dire infinie) de Taylor restitue exactement la fonction (de telles fonctions sont qualifiées par les matheux d'analytiques).
L'un des ingrédients essentiels à l'élaboration par Thom d'une nouvelle théorie de l'analogie -la première, selon lui, depuis Aristote et Eudoxe- est d'avoir réussi à déterminer qualitativement la forme d'une fonction en s'arrêtant en chemin dans son développement de Taylor (avec l'assurance que le reste ne contient aucun renseignement substantiel sur sa forme, autrement dit que le reste ne contient que des informations quantitatives sans intérêt). Sa théorie est d'un intérêt considérable car, pour la première fois depuis plus de deux millénaires, on a à sa disposition un nouveau moyen qualitatif -et non plus quantitatif- de dire en quoi deux êtres ou deux systèmes dynamiques sont analogues, donc un moyen de transgresser le "comparaison n'est pas raison" du SC (Scientifiquement Correct) moderne, on a là un moyen -un langage et une méthode-, pour moi considérable -pour Thom aussi, bien entendu-, pour "faire connaissance avec le monde".
Il y a un avant et un après Thom. Avant on pouvait avoir des intuitions analogiques, mais sans savoir à quoi attribuer ces analogies; après on peut attribuer ces analogies entre plusieurs êtres ou plusieurs dynamiques, évoluant éventuellement sur des substrats différents¹, à l'analogie de chacun d'eux avec un même être (ou une dynamique) archétypique (il faut évidemment penser en premier lieu aux sept catastrophes élémentaires de Thom, archétypiquement hors substrat).
Thom: "Le monde de l'analogie est un monde qui porte son ontologie en quelque sorte avec soi."
Remarque finale: On notera que le couple "intuition analogique" se marie très bien avec celui d' "intuition haute" puisque ana signifie "vers le haut". Thom s'intéresse essentiellement d'abord à ses sept catastrophes élémentaires parce que ce sont les seules à pouvoir se manifester exotériquement dans notre espace temps. Mais rien ne s'oppose, je crois, à la manifestation ésotérique de catastrophes plus, beaucoup plus complexes².
¹: Pour Thom l'analogie "Sujet-Verbe-Objet"/"Endoderme-mésoderme-exoderme" a un sens.
²: Cf. SSM, 2ème ed., "L'art, le délire et le jeu", pp.318 à 321.
jc
08/10/2019
De la Central Intelligence Agency à la Active Intelligence Community.
D'une CIA censée collecter -intelligemment bien sûr- des informations à l'extérieur pour les centraliser à l'intérieur, à une AIC qui redéploie vers l'extérieur, par grands médias interposés -toujours intelligemment bien sûr- les informations intérieures. Totale inversion: dynamique -en principe- synthétique de la CIA, dynamique analytique de l'AIC (d'où la prolifération d'anciens de la CIA reconvertis dans l'analyse -essentiellement de la sécurité nationale-).
Pour Thom l'intelligence est la capacité de s'identifier à autre chose, à autrui. Dans le Politiquement Correct du "Struggle for Life" darwinien (et néo-darwinien) il me semble clair -exceptionnalisme US oblige- que la CIA voit le monde extérieur en proie, autrement dit que la CIA est dans l'incapacité de se mettre dans la peau des autres, considérées comme proies; ainsi la CIA est fondamentalement une Central Inintelligence Agency; et je ne vois aucune raison pour que ça change avec l'IAC.
Dans sa tentative -purement spéculative- de théoriser la Biologie, Thom considère que nous devons avoir deux cerveaux distincts, l'un prédateur, situé près de la bouche, l'autre proie, situé le long de la moelle épinière (et que je situe plus précisément vers le bas de celle-ci, du côté des parties excrétrices, en particulier génitales). Ainsi, on peut qualifier le cerveau prédateur, le cerveau au sens usuel, de cerveau CIA, et le cerveau proie de cerveau AIC.
Thom fait l'audacieuse¹ analogie entre Sujet-Verbe-Objet et Endoderme-Mésoderme-Exoderme. En prolongeant l'analogie c'est donc ici l'AIC qui est le sujet, le pouvoir central qui déclenche les éventuelles actions. Chez l'animal -l'humain en particulier- c'est le cerveau endodermique, le cerveau-proie, qui a la plus grande intelligence, car il se met plus naturellement dans la peau de la proie qu'il convoite (et son efficacité dans l'action est d'autant plus grande qu'il garde secrets ses projets). Totale inversion avec l'AIC qui semble avoir fait le choix de la transparence (ce qui me renvoie au chapitre XII "La haine du secret" de "Le règne…" que j'ai lu -et commenté- tout récemment).
Remarque terminale: Je me demande si Trump n'a pas naturellement une intelligence cerveau-proie, intelligence déroutante pour les intelligences-Système usuelles qui sont des intelligences cerveau-prédateur, telles celle du président de notre Res Publica (qu'il cherche -comme Trump- à transformer en Res Privata). Un Trump mi cow-boy mi étalon mustang qui pense avec ses couilles?
¹: PhG: "La sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée."
Romain
08/10/2019
La Lybie était peut-être la dernière (ou presque) intervention militaire directe du BAO contre un état constitué?
Déjà, l'Iran est visiblement très difficile à attaquer (les couts matériels, humains et politiques paraissent difficiles à absorber, même pour une éventuelle administration Neocon post-Trump). Au-delà, les pays militairement de 3ème plan comme le Venezuela deviennent aussi plus difficiles à attaquer grâce aux alliances naturelles des pays menacés avec la Russie ou la Chine. Qui reste-t-il qui vaille une campagne militaire directe et que les USA puissent attaquer en paix ? Quelques pays d’Afrique, du Pacifique ou d'Amérique du Sud ?
Même les stratégies de déstabilisation par proxy (tentée en Syrie avec le succès que l’on connait) ne devraient pas pouvoir fonctionner dans beaucoup de pays (type Myanmar ou encore Venezuela) car la méthode est désormais connue et la Russie et/ou la Chine interviendraient très probablement. D'ou cette douce hypothèse, la Lybie était-elle la dernière?
jc
07/10/2019
Le cycle de prédation animale (modèle rudimentaire "à la Thom"). Analogie avec le cycle d'un Manvantara.
Le cycle commence par la catastrophe abrupte de réveil dû à la faim, catastrophe libératrice d'énergie qui met l'animal sous tension, et qui décentre le "moi" de l'animal sur sa proie virtuelle, l'animal désirant plus sa proie que lui-même. Cette catastrophe initiale déclenche une succession de catastrophes en principe inéluctables (sauf empêchement, précisait déjà Aristote à ce propos) qui conduisent à l'endormissement, le réveil achevant le cycle. La deuxième catastrophe est la perception de sa proie, catastrophe au cours de laquelle le prédateur redevient lui-même -c'est-à-dire récupère son "moi". catastrophe qui redouble la tension, la libération d'énergie, ce qui permet à l'animal d'engager la poursuite. La troisième catastrophe est la catastrophe de capture et d'ingestion -catastrophique pour la proie, au sens usuel du terme- à partir de laquelle le prédateur, qui digère, somnole et s'endort, partage son "moi" avec celui de sa proie¹. La quatrième et dernière catastrophe est l'instant à partir duquel le prédateur rêve -ou plutôt cauchemarde- qu'il est la proie de sa proie. Jusqu'à ce qu'il se réveille affamé, ce qui boucle le cycle.
En termes de tension/relâchement on a donc quatre phases:
- une première phase de tension-relâchement;
- une deuxième phase de tension-tension (la phase où le prédateur donne tout ce qu'il a pour capturer sa proie);
- une troisième phase de relâchement total (phase pendant laquelle il est le plus vulnérable), phase relâchement-relâchement;
- une dernière phase de relâchement-tension (phase pendant laquelle il dort mais cauchemarde).
(En termes yin-yang on a la séquence yang-yin, yang-yang, yin-yin, yin-yang.)
On voit que la catastrophe abrupte a lieu au passage de la phase yang-yang à la phase yin-yin. Par analogie avec la succession des civilisations, on a la séquence âge de bronze, âge de fer, âge d'or, âge d'argent. Si l'analogie fonctionne "notre" contre-civilisation se trouve à la fin de l'âge de fer: la catastrophe au sens usuel est imminente -pour qui?.
On remarque que la succession des saisons sous nos latitudes est à quatre temps. Mais je ne vois pas entre quelles saisons il y aurait une transition catastrophique (au sens usuel). En termes yin-yang, je vois cette succession: yang-yin (printemps), yang-yang (été), yin-yang (automne), yin-yin (hiver).
Harmonie.
Je vois les quatre saisons à l'unisson, chacune de même durée. Par contre, en ce qui concerne le cycle de prédation et les civilisations ,je vois (j'entends serait plus adéquat) le deuxième actant du conflit répondant au premier "à l'octave", autrement dit les rapports de durée des phases yin et yang sont dans le rapport 2/1² (la durée d'une phase yin, de relâchement est le double de celle d'une phase yang, de tension). Un calcul élémentaire donne alors 4 pour la phase yin-yin, 2 pour les phases yin-yang et yang-yin, 1 pour la phase yang-yang, soit 4+2+2+1 (=9) pour un cycle total, ce qui diffère légèrement du traditionnel 4+3+2+1 (=10) pour un Manvantara.
¹: Thom: "(...) le sommeil est une sorte de revanche de la proie sur le prédateur. C'est une sorte de période d'indistinction entre le sujet et l'objet. (1978,...métaphysique extrême)
²: Pour les battements du coeur humain au repos la réponse de l'actant "relâchement" est à l'octave de la sollicitation de l'actant "tension". Précisément la durée du relâchement (diastole) est sensiblement le double de celle de la tension (systole)*, et je verrais bien ce rythme des "trois huit" (par 24h) pour les animaux -dont l'humain (8h de tension, 2x8h de relâchement).
*: C'est sensiblement la même chose pour la respiration chez l'humain au repos (temps d'expiration double du temps d'inspiration).
jc
06/10/2019
L'archétype de l'homme moderne:
"Il est l'homme sans racine, discontinu avec un passé que le Nihilisme a détruit, la matière première du rêve de tout démagogue; Le «penseur libre» et le sceptique, fermé seulement à la vérité mais «ouvert» à chaque nouvelle mode intellectuelle car il n'a pas de fondement intellectuel; Le «chercheur» après une «nouvelle révélation», prêt à croire quelque chose de nouveau parce que la vraie foi a été anéantie en lui; Le planificateur et l'expérimentateur, adorant le «fait» parce qu'il a abandonné la vérité, voyant le monde comme un vaste laboratoire dans lequel il est libre de déterminer ce qui est «possible»; L'homme autonome, prétendant à l'humilité de ne demander que ses «droits», mais plein de fierté qui attend que tout lui soit donné dans un monde où rien n'est autoritairement interdit; L'homme du moment, sans conscience ni valeurs, et donc à la merci du «stimulant» le plus fort; Le «rebelle», détestant toute la retenue et l'autorité parce qu'il est lui-même son propre et unique dieu; «L'homme de masse», ce nouveau barbare, «complètement réduit» et «simplifié» et capable uniquement des idées les plus élémentaires, mais méprisant celui qui présume de souligner les choses supérieures ou la vraie complexité de la vie." (Extrait traduit de "Nihilism : The Root of the Revolution of the Modern Age" de Seraphim Rose)
PhG: "(...) tandis que se confirmerait la grande proximité existant entre la France et les États-Unis d’Amérique (...) disons une place d’ex-aequo pour les États-Unis d’Amérique dans cette descente vers la catastrophe."
Seraphim Rose: "«L'homme de masse», ce nouveau barbare, «complètement réduit» et «simplifié» et capable uniquement des idées les plus élémentaires, mais méprisant celui qui présume de souligner les choses supérieures ou la vraie complexité de la vie."
À qui ce portrait me fait-il penser? Aux millions de zombies/zombis post-modernes uniformément branchés à leur télé et leur smartphone, aux USA comme en France? Non. Aux deux zombiesSystème archétypiques qui président à la destinée de ces deux nations.
François Vuille
06/10/2019
Il me parait bien inutile comme Français du dehors (à quelques kilomètres à vol d’oiseaux seulement du territoire) d’en rajouter suite à vos commentaires concernant votre ancienne passion, actuellement en pleine zone hiver pour la France. Chez-moi le désamour fut très soudain, et si oppressant, qu’il date de l’arrivée du Président Sarkosy qui se baladait très tôt le matin pour son petit ‘’Footing’’ avec ses gardes du corps portant des gilets NYPD. Avec le grand début des attentats, et de la propaganda de la TV et de la presse système, digne de la plus noir période soviétique mais en plus vicieux. La suite des présidents farfelus, et leurs députés, même en marche ! n’est pas parvenue à me faire remonter la pente. Né dans un pays limitrophe juste après la guerre j’ai toujours porté fièrement mon prénom ‘’François’’. Aujourd’hui, dès que je communique avec des personnes d’autres cultures et qui n’ont jamais manqués leurs éternels plaisanterie : ‘’François Mitterand, ou François 1er’’ heureusement jamais ‘’François Hollande’’, ça m’attriste ! Pour être plus claire mon prénom d’ont j’étais si fier durant toute ma jeunesse m’est devenu pesant. Mon deuxième prénom ‘’Jacques ‘’ est ces derniers jours accolé à celui de Chirac. J’ai bien tenté avec une très grande émotion pour ce dernier Président, bien Français au sens le plus franchouillard et pas forcément négatif !! de regarder ses obsèques à la TV, mais il m’a fallu presser le bouton. Il n’y en avait que pour Emanuel montrant sa personne attristée, posant comme une statue durant de bien trop long moment. Chrétien de par mon origine mais pas pratiquant ma dernière grosse déprime date de l’incendie ‘’accidentel’’ de notre dame. Et pour les quelques belles années qu’il me reste à vivre, merde! il faudra faire avec, je me prénomme François.
jc
06/10/2019
Du règne de la quantité à celui de la qualité, du règne de l'idéal de puissance à celui de la perfection, du règne de la démocratie quantitative (la thermocratie du mathématicien/philosophe Gilles Châtelet) à celui de la démocratie qualitative, etc. .
Une notion qui me semble fondamentale est celle d'archétype. Quel est, socialement, l'humain archétype?
D'un point de vue moderne, quantitatif, l'humain archétype, l'humain auquel il faut tenter de s'identifier et auquel il faut essayer de ressembler, c'est l'humain moyen (de taille moyenne, de poids moyen, d'intelligence moyenne, etc.) décrit par Châtelet dans "Vivre et penser comme des porcs". On ne s'étonnera alors pas que, dans la démocratie quantitative actuelle -un citoyen, une voix-, on élise au suffrage universel un président ordinaire¹.
Le point de vue qualitatif est évidemment tout autre. Mais la notion de démocratie qualitative est nécessairement liée à celle d'individu archétype, individu auquel chaque membre essaye de ressembler, idéal de perfection oblige, assurant ainsi la cohérence et l'unité de ladite société. Il s'agit évidemment d'un problème métaphysique, précisément ontologique sinon hénologique: qu'est-ce que l'être archétype au sein d'une société donnée? Il me semble que ce problème selon moi incontournable est abordé par Guénon dans son "Les états multiples de l'être" (j'ai tenté de commencer à lire ce qu'il contient, mais à ce jour ça ne me parle pas encore²).
Thom (dont les sept catastrophes élémentaires sont autant d'archétypes):
- "Peut-être conviendrait-il, en Biologie notamment, de relativiser le principe d'individuation ; il n'est pas impossible que l'individu, le « self », présente une structure hiérarchique complexe, avec des ‘moi’ emboîtés l'un dans l'autre, soit spatialement, soit dans les espaces internes du métabolisme. Les modèles catastrophistes de la prédation (qui identifient partiellement prédateur et proie) vont dans le même sens."
- "En ce qui me concerne, je préfère croire à un réel – non globalement accessible parce que de structure stratifiée – dont l'herméneutique de la TC [Théorie des Catastrophes] permettrait de dévoiler progressivement les « fibres » et les « strates ». Mais tout progrès dans la détermination d'une telle ontologie stratifiée en « couches » d'être exigera :
i) L'emploi de mathématiques pures spécifiques – parfois bien difficiles – dans les théories jusqu'ici purement conceptuelles des sciences de la signification ;
ii) La reprise d'une réflexion philosophique sur la nature de l'être que les divers positivismes et pragmatismes ont depuis bien longtemps occultée."
¹: "Carrément vulgaire, très ordinaire", chante Souchon.
²: Pour reprendre une expression des shamans de Giraudeau (cf. le .14)
jc
06/10/2019
Comment améliorer le principe (expérimental) Guénon-Thom, principe de régulation "à deux temps" dans le cas d'un conflit à deux actants?
Je pense qu'un "tradi" objectera que le cycle "à quatre temps" est plus principiel que le cycle précité "à deux temps" qui n'en est qu'un avatar, comme le suggèrent les quatre temps archétypiques d'un Manvantara, ou bien le point de vue moderne (les quatre temps archétypiques régulateurs du conflit source chaude/source froide -Principe de Carnot).
Le modèle thomien initial (autour de 1970) de son lacet -alias cycle- de prédation (selon lui à la base de l'embryologie animale), lié à la catastrophe élémentaire "fronce", est à deux temps, la première catastrophe étant la catastrophe de perception, la seconde étant celle de capture. Conscient de l'insuffisance de ce modèle, Thom l'a revisité ultérieurement, en doublant la mise, c'est-à-dire en faisant apparaître une deuxième fronce "copli" dans son nouveau modèle, et donc deux nouvelles catastrophes, initialement cachées¹, catastrophes "psychiques" (ésotériques) qui contrebalancent les deux catastrophes "physiques" (exotériques) initiales².
Ce nouveau modèle biologique, archétypique pour Thom, est-il transposable aux sociétés et aux civilisations? Cela ne fait aucun doute pour Thom³ selon son principe fondamental qui revient souvent au fil de mes commentaires:
"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés, ainsi l'usage de vocables anthropomorphes en Physique est foncièrement justifié" .
C'est dans cet esprit que j'ai parcouru les chapitres XXVI ("Chamanisme et sorcellerie") et XXVII ("Résidus psychiques") de "Le règne…", Le passage suivant du début du chapitre XXVI et les quelques citations thomiennes qui suivent montrent la grande concordance⁵ entre les points de vue des deux auteurs:
"Si nous nous en tenons à la considération des éléments subtils, qui doivent être ainsi présents en toutes choses, mais qui y sont seulement plus ou moins cachés suivant les cas, nous pouvons dire qu’ils y correspondent à ce qui constitue proprement l’ordre « psychique » dans l’être humain ; on peut donc, par une extension toute naturelle et qui n’implique aucun « anthropomorphisme », mais seulement une analogie parfaitement légitime, les appeler aussi « psychiques » dans tous les cas (et c’est pourquoi nous avons déjà parlé précédemment de « psychisme cosmique »), ou encore « animiques », car ces deux mots, si l’on se reporte à leur sens premier, suivant leur dérivation respectivement grecque et latine, sont exactement synonymes au fond. Il résulte de là qu’il ne saurait exister réellement d’objets « inanimés », et c’est d’ailleurs pourquoi la « vie » est une des conditions auxquelles est soumise toute existence corporelle sans exception ; c’est aussi pourquoi personne n’a jamais pu arriver à définir d’une façon satisfaisante la distinction du « vivant » et du « non-vivant », cette question, comme tant d’autres dans la philosophie et la science modernes, n’étant insoluble que parce qu’elle n’a aucune raison de se poser vraiment, puisque le « non-vivant » n’a pas de place dans le domaine envisagé, et qu’en somme tout se réduit à cet égard à de simples différences de degrés."
Thom a beaucoup écrit sur la distinction vivant/non vivant et a même proposé un modèle de l'origine de la vie⁶. Quelques citations:
- "La synthèse ici entrevue ["Topologie et signification", MMM] des pensées vitaliste et mécaniste n'ira pas sans un profond remaniement de nos conceptions du monde inanimé."
- "(...) la science veut construire la vie à partir de la mécanique, et non la mécanique à partir de la vie."
- "(...) l'animé sait exploiter les régularités naturelles pour stabiliser des connexions qui dans le monde inanimé seraient accidentelles, non génériques. Il y a donc là (en principe) une possibilité formelle de caractériser l'état de vie, problème qui jusqu'à présent a défié la pensée biologique." (ES, p. 222).
Remarque finale: Je termine par un extrait de "Cher amour" (p.40) de l'acteur contemporain Bernard Giraudeau, extrait qui illustre bien l'abîme qui sépare la pensée traditionnelle de la pensée moderne, c'est-à-dire l'abîme qui sépare la pensée vivante, chamaniste, animiste, des "tradi", de la pensée mécaniste, des modernes:
"Il y a peu une équipe de recherche plus hardie a voulu en savoir plus sur la pharmacopée amazonienne. Ils ont demandé aux shamans comment ils pouvaient reconnaître la bonne plante sans l'expérimenter sur les hommes et faire quelques dégâts. Les shamans ont répondu: on n'a pas besoin de tuer des animaux ou des gens pour savoir si une herbe ou racine est efficace. Alors comment faites-vous? Nous nous asseyons devant la plante choisie, en silence, le temps nécessaire, et elle nous parle. Les chercheurs sont repartis marris."
¹: Cf. ES (1988), pp.81 à 86 (Dynamique de la prédation, ou lacet de prédation "revisited").
²: Thom: "(...) pour réellement théoriser la biologie, il faut faire du rêve une fonction biologique, ce qui introduit l'imaginaire au cœur même de la dynamique biologique. Cet imaginaire serait alors consubstantiel au concret biologique, à la réalité biochimique. Nous verrons que tel pourrait bien être le cas."
³ Cf. "Le psychisme d'une société" (SSM,.2ème ed. p.323).
⁴: Les chapitres XXVI et XXVII d'une part et XXXIII, XXXIV, XXXV d'autre part.
⁵: Hormis ce qui concerne l'anthropomorphisme, la possibilité formelle de caractériser l'état de vie, et, bien entendu, le "mathématisme universel" cher à Thom.
⁶: SSM, 2ème ed. pp.282 à 286.
jc
05/10/2019
J'en profite pour redire, à propos du .13, mon intuition de la chose, en tant que matheux.
Pour moi la matière et la forme d'une part, et la puissance et l'acte d'autre part, c'est la même chose, une fois que l'on s'est placé au "bon" point de vue, le point de vue Janus. Géométriquement et métaphoriquement je vois dans les deux cas les entités en conflit comme les deux faces d'une surface qui n'en a qu'une (surface unilatère). Aussi je vois ce "bon" point de vue comme le point "divin" où placer son oeil, point singulier symbolisé par un DDJ, un Dieu/Déesse/Janus.
Je suis convaincu qu'en relisant attentivement "Le règne…" -entre autres- on y trouverait des argumentations mathématiques qui gagneraient à être rerédigées -sinon repensées- dans le cadre de la géométrie projective¹. Lacan, dans sa période géométrique, la dernière, fait un usage constant du plan projectif et de ses représentations (cross-cap, surface de Boy, etc.) dans l'espace bilatère usuel², et je placerais volontiers l'oeil divin au point triple de la surface de Boy.
Je n'ai vu Thom considérer des espaces projectifs que dans l'article "Structures cycliques en sémiotique" (AL), ce qui tend à me faire douter de mon intuition à ce sujet, car Thom, géomètre professionnel (à la différence, abyssale, de Guénon et Lacan), était évidemment au top niveau des connaissances contemporaines en la matière.
Imaginer le plan projectif n'est pas aisé pour moi³. Mais c'est mieux que rien pour appréhender et manipuler les concepts principiels que sont la matière, la forme, la puissance et l'acte tels que je les intuite. Pour finir je rappelle à ce propos les deux citations thomiennes suivantes:
- "Malgré son caractère non quantitatif, qui a suscité la dérision des scientifiques professionnels, il [le modèle géométrique par Christopher Zeeman de l'agressivité du chien] a l'avantage inestimable de montrer ce qui fait la supériorité d'un modèle géométrique sur une construction conceptuelle." (AL, p.33)
- "[La mathématique] est le jeu signifiant par excellence, par lequel l'homme se délivre des servitudes biologiques qui pèsent sur son langage et sa pensée et s'assure les meilleures chances de survie pour l'humanité." (SSM, 2ème ed., p.321)
¹: Les espaces projectifs des matheux sont unilatères.
²: Cf . https://www.jp-petit.org/nouv_f/lacan_jpp.pdf
³: Mais ça l'est pour Jean-Pierre Petit.
jc
05/10/2019
La différence Thom/Guénon.
Selon moi Guénon voit tout éloignement du principe comme une division irréversible, une sorte d'atomisation déstructurante qui conduit inéluctablement à la mort par dissolution -par entropisation, dirait sans doute un PhG qui semble sur cette même longueur d'onde si on en juge par la chute de nombre de ses articles quotidiens-. Et, de ce que j'ai cru en comprendre, c'est ainsi qu'il (Guénon) voit la matérialisation, pour lui satanique. Thom voit, il me semble, les choses du même oeil pour le monde eukaryote, mais non pour le monde prokaryote qui, lui, resterait indéfiniment sur l'arête du cratère), lorsqu'il écrit¹:
"Il est typique de voir que la cellule immortelle, la cellule prokaryote, comme disent les biologistes, la cellule qui vit par elle-même, en principe
ne fabrique pas d'artefacts. En tous cas je ne vois pas ce qui pourrait jouer le rôle d'un artefact dans la physiologie d'une cellule. Et de même tous ses instruments, ses outils, ses organes sont tous réversibles. On peut se demander de ce point de vue si l'apparition de l'artefact n'est pas quelque chose qui est fondamentalement lié au caractère multicellulaire, au caractère composé des organismes, et si donc cette prolifération des
artefacts n'est pas le premier symptôme de la mort." (1979)
Fin du monde par néantisation ou seulement fin d'un monde, et donc, en quelque sorte, éternel retour?
À cet instant je vois métaphoriquement le principe guénonien installé au sommet d'un pic montagneux, tout éloignement du principe étant une chute irréversible (et la chute de certains chapitres de "Le règne…" -entre autres- confirme cette impression). Alors que, toujours à cet instant du discours, je vois métaphoriquement le principe thomien installé sur la ligne de crête d'un cratère, tout écart au principe étant une chute irréversible qui se termine par la mort.
Mais en y regardant de plus près, Guénon, cycliste dans sa vie métaphysique courante, m'apparaît logiquement comme devant être un partisan de l'éternel retour (le dernier chapitre de "Le règne…" est intitulé "La fin d'un monde" et non "La fin du monde"). Cela signifie-t-il que, pour lui, le nouveau monde va surgir des ruines de l'ancien, mort par entropisation. Comme remarqué plus haut c'est ce que laisse penser la chute de plusieurs des chapitres de "Le règne…"? Non, parce qu'il entrevoit avec une grande audace intellectuelle -de mon point de vue- une conversion sans dissolution-entropisation de l'ancien monde en le nouveau dans le chapitre "Le temps changé en espace". (Peut-être PhG entrevoit-il quelque chose de cet ordre, lui qui nous annonce dans le tome III de "La Grâce…" une partie intitulée "Le réenchantement de Dieu".)
Toujours en y regardant de plus près, Thom, quant à lui, n'est pas, à mes yeux, un partisan inconditionnel de l'éternel retour, un cycliste². J'espère ne pas déformer sa pensée jusqu'au contre-sens en présentant les choses comme suit, après avoir rappelé son analogie -pour moi génialissime- entre différenciation biologique et différentiation mathématique³ où la citation "mais il subsiste toujours à l'intérieur de l'animal une lignée de cellules totipotentes" m'apparaît comme fondamentale.
La métaphore suivante illustre, je crois, assez bien la situation: ce sont les fonctions analytiques (au sens des matheux) qui jouent le rôle des cellules totipotentes (la lignée germinale sur l'arête du cratère), en ce que leur analyse (au sens courant du terme) est réversible, c'est-à-dire que la synthèse exacte -sans altération- est possible (par (ré)intégration). (Plus précisément, en utilisant le vocabulaire guénonien, les fonctions analytiques, non manifestées car définies globalement, "en puissance", se manifestent localement, "en acte", dans le voisinage d'un point par leur développement en série entière au voisinage de ce point⁵.) Bien entendu il ne s'agit que d'une métaphore, la réalité mathématique étant considérablement plus difficile (et dépasse largement mon niveau).
¹: Cette citation mériterait, très certainement selon moi, d'être méditée par nos modernes progressistes, qu'ils soient artificiers (ère du technologisme) ou artéfacteurs (ère de la communication, du virtualisme et de l'IA).
²: Cf. les citations du .11
³: Cf. le .10
⁴: La plus simple des fonctions analytiques étant la fonction exponentielle qui reste manifestement elle-même lorsqu'on la différencie puisqu'elle est égale à sa dérivée.
⁵: L'exemple classique d'une fonction non analytique -c'est-à-dire dont la synthèse ne redonne pas la fonction de départ- est la fonction exp(-1/x²), qui est infiniment plate à l'origine (c'est-à-dire que la fonction et toutes ses dérivées s'annulent) si bien que sa synthèse donne la fonction identiquement nulle -nulle en tout point- qui n'est pas la fonction de départ. Pour reprendre une expression chère à PhG on peut dire que le développement en série de Taylor à l'origine de cette fonction l'a faite mourir par entropisation: elle s'est dissoute en la fonction nulle.
jc
04/10/2019
Le conflit sacré/profane.
Dans le schéma général de régulation du conflit sacré/profane il me semble à peu près clair que c'est la transition sacré/profane qui est douce et la transition profane/sacré qui est abrupte. Car je vois ce conflit comme analogue au conflit fonction/structure: au début le sacré a une fonction qui exige une structure pour fonctionner (par ex. des temples pour y recevoir les fonctionnaires, les grands prêtres; c'est la fonction qui crée l'organe), et, la roue cosmique tournant inexorablement, le sacré se profane (se "profanise", écrit Guénon) doucement, imperceptiblement, comme la fonction s'efface doucement, imperceptiblement devant la structure qui, également insensiblement, est progressivement utilisée à d'autres fins. Jusqu'à l'inéluctable catastrophe abrupte -roue cosmique oblige- qui est ici une dissolution dans le néant -une néantisation, une entropisation, -dirait sans doute PhG-.
C'est dans cet esprit que j'ai lu le chapitre XVI ("La dégénérescence de la monnaie") de "Le règne…", chapitre qui se termine par
"(...) le terme réel de la tendance qui entraîne les hommes et les choses vers la quantité pure ne peut être que la dissolution finale du monde actuel."
Mais c'est également comme ça que je vois la désacralisation, la profanation du nombre (entier, le seul considéré comme véritable par les Anciens Grecs, les autre nombres étant seulement "de raison", c'est-à-dire rationnels). Car il y a un abîme entre les nombres sacrés, qualifiés, des "tradi", en particulier des pythagoriciens, mais aussi très vraisemblablement d'un Évariste Galois et d'un Alexandre Grothendieck et les nombres profanes, sans qualité, manipulés par les banquiers modernes. "Dieu créa les nombres entiers et le reste est l'oeuvre de l'homme", a dit un jour le mathématicien algébriste "moderne" Kronecker, à ses heures banquier enrichi par la spéculation.
jc
04/10/2019
La connaissance traditionnelle peut-elle progresser?
L'analogie entre le principe de régulation cyclique traditionnel d'un conflit à deux actants et le lacet de prédation thomien lié à la catastrophe "fronce" (que Thom considère comme étant à la base de l'embryologie animale) donnant naissance à ce que j'appelle le principe de Guénon-Thom¹ suggère la possibilité d'une évolution dans le sens d'une progression dans la connaissance des principes traditionnels utilisés par Guénon et les "tradi".
Quelques citations thomiennes à ce sujet, à éventuellement méditer, tirées du début recueil de 90 pages extraites de l'oeuvre de Thom collectées par Michèle Porte²:
- "(...) si la science progresse, c'est en quelque sorte par définition. Alors que l'art et la philosophie ne progressent pas nécessairement, une discipline qui ne peut que progresser est dite scientifique. De là on conclura que le progrès scientifique, s'il est inévitable, ne peut être le plus souvent qu'illusoire. (1968, La science malgré tout…) "
- "J'appelle « progrès essentiel » en Science toute modification de la nomologie qui permet une résorption considérable de l'accident qui lui est
expérimentalement attaché."
- "Il faut en effet se convaincre d'un point : à la suite des progrès récents de la Topologie et de l'Analyse différentielles, l'accès à une pensée qualitative rigoureuse est désormais possible ; nous savons (en principe) définir une forme, et nous pouvons déterminer si deux fonctions ont, ou non, le même type topologique, la même forme. " (1968)
- "Ainsi la fonction originelle d'une philosophie de la nature sera-t-elle de rappeler constamment le caractère éphémère de tout progrès scientifique
qui n'affecte pas de manière essentielle la théorie de l'analogie."
- "(...) une vision plus claire du programme métaphysique de la théorie des catastrophes : fonder une théorie mathématique de l'analogie, qui vise à compléter la lacune ouverte par Galilée entre quantitatif et qualitatif. " (1990, AL)
- "L'ambition ultime de la théorie des catastrophes, en fait, est d'abolir la distinction langage mathématique-langage naturel qui sévit en science
depuis la coupure galiléenne. " (1976, Le statut épistémologique de la théorie des catastrophes)
- "Finalement, le problème de la démarcation entre scientifique et non scientifique n'est plus guère aujourd'hui qu'une relique du passé ; on ne le
trouve plus guère cité que chez quelques épistémologues attardés – et quelques scientifiques particulièrement naïfs ou obtus. (1988, La science et l’intelligible)
¹: Guénon se serait très certainement opposé à cette appellation (avec raison selon moi, car l'appropriation d'une idée par un individu prépare, dans une société individualiste qui prône le capitalisme individuel, le brevetage de l'idée et le paiement de royalties lors de son utilisation). Car il écrit ce qui suit dans le chapitre "Individualisme" de "La crise…":
"Dans une civilisation traditionnelle, il est presque inconcevable qu'un homme prétende revendiquer la propriété d'une idée, et, en tout cas, s'il le fait, il s'enlève par là même tout crédit et toute autorité, car il la réduit ainsi à n'être qu'une sorte de fantaisie sans aucune portée réelle : si une idée est vraie, elle appartient également à tous ceux qui sont capables de la comprendre ; si elle est fausse, il n'y a pas à se faire gloire de l'avoir inventée. Une idée vraie ne peut être « nouvelle », car la vérité n'est pas un produit de l'esprit humain, elle existe indépendamment de nous, et nous avons seulement à la connaître ; en dehors de cette connaissance, il ne peut y avoir que l'erreur ; mais, au fond, les modernes se soucient-ils de la vérité, et savent-ils même encore ce qu'elle est ? "
²: https://www.maths.ed.ac.uk/~v1ranick/papers/thom/data/citations.pdf
jc
04/10/2019
Transformation de la CIA?
En consultant Wikipédia j'apprends que la CIA a été créée en 1947 et je constate que si l'article est très disert sur l'organisation de l'agence, elle est très discrète sur sa fonction originelle ("La CIA, placée sous l'autorité directe du Président des États-Unis, avait initialement la compétence de collecter et évaluer les informations.").
Dans le cadre général du principe "Guénon-Thom" de régulation d'un conflit à deux actants appliqué à la CIA avec la fonction et la structure comme actants, la structure finit toujours par prendre le pas sur la fonction principielle, la roue cosmique tournant inexorablement.
J'ai reparcouru le chapitre XII "La haine du secret" de "Le règne…" avec cette idée en tête et avec l'idée qu'une structuration est une solidification, une rigidification (chapitre XVII "Solidification du monde"), suggérant que tout ça ne peut que se terminer par un effondrement, un démantèlement.
De la stratégie K à la stratégie r? https://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_%C3%A9volutif_r/K
jc
04/10/2019
Retour sur le conflit permanence/changement, c'est-à-dire sur le conflit conservatisme/progressisme, symbolisé par le conflit cyclicité/linéarité-arborescence. Éternel retour ou non? (Je rappelle que pour moi la cyclicité est féminine -XX- (tous en rond avec moi -ou autour de moi) alors que la linéarité est masculine -XY¹- (tous en rang -ou en rangs en cas d'arborescence- derrière moi).)
En examinant ce conflit dans le cadre général d'un conflit à deux actants la question qui se pose est de savoir comment on passe de la permanence au changement (et réciproquement) , du conservatisme au progressisme, de la cyclicité à la linéarité. De ce point de vue il est clair que la catastrophe abrupte est la transition permanence -> changement, conservatisme -> progressisme, cercle -> droite (transition qui nécessite une coupure, une séparation).
Métaphoriquement et géométriquement on peut visualiser le problème ainsi: on a un cratère de volcan (éteint ou non), la permanence cyclique maximale étant représentée par le parcours cyclique indéfiniment itéré sur la ligne de crête du cratère -ou n'importe quelle ligne de niveau- (les scientifiques parlent de dynamique hamiltonienne) et le changement linéaire maximal étant représenté par le parcours linéaire -tout schuss ou péniblement selon le sens- le long d'une ligne de plus grande pente (les scientifiques parlent de dynamique de gradient). La transition se fait continûment par des spirales (que les skieurs font naturellement). On a ainsi une image de la vie en associant le temps d'un tour de cratère à un battement de coeur: cent ans à un battement par seconde donne le nombre total de tours au cours d'une vie.
Comment penser dans ce cas la catastrophe permanence -> changement qui nous précipite dans le trou²? Thom propose un schéma mathématique général dans lequel la bifurcation de Hopf semble jouer un rôle central³, où il part de la dynamique de gradient pour aboutir à une dynamique récurrente (hamiltonienne), où il rejoue donc la catastrophe de précipitation à l'envers, c'est à dire la catastrophe, plus bénéfique selon notre point de vue, de naissance, de sortie du trou.
Quant à la position de Thom vis-à-vis du problème initial je remets ci-dessous quelques citations qui suggèrent qu'il n'est pas nécessairement adepte inconditionnel de l'éternel retour:
- "(...) il m'est difficile de voir pourquoi un être pleinement différencié ne pourrait être immortel."
- "(...) il y a une certaine incompatibilité entre l'immortalité de l'individu et les possibilités évolutives ultérieures de l'espèce. La mort serait alors le prix à payer pour préserver toutes les possibilités de perfectionnement futur de l'espèce."
- "Aristote a dit du germe, à la naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote [à suivre] suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée: "Premier selon l'être, dernier selon la génération"."
¹: Cf. la toile à propos du symbolisme des lettres. Le symbolisme y=f(x) des matheux est fait pour suggèrer et rappeler une variable x parfaitement uniforme , déformée en y (symbolisant la bifurcation) par la fonction f.
²: Thom: "La mort d'un être vivant se manifeste par le fait que la dynamique de son métabolisme local passe d'une configuration récurrente à une configuration de gradient : c'est, typiquement, une catastrophe généralisée".
³: Cf. ES pp. 63 à 65.
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