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astrid

  26/09/2005

http://mdlm86.free.fr/911/PainfulDeceptions_french.html

Excellent film démontant la thèse officielle !!

Toujours à propos de l'Iran et de mes questions de l'autre jour...

Article lié :

Fred

  25/09/2005

Un article passionnant sur le sujet, très factuel, pour une fois, avec rappel historique, contextuel et tout et tout…

http://www.elwatan.com/2005-09-25/2005-09-25-26827

L’Iran et la prolifération nucléaire

Le programme nucléaire iranien, qui se trouve à un stade avancé, n’est pas une lubie de la République islamique. Lancé en 1956, en coopération avec la France où les premiers physiciens ont été formés dès 1961, sa paternité revient au Shah. Et ce sont les Etats-Unis qui fournirent à Téhéran son premier réacteur nucléaire de recherche en 1964.

En 1974, en plein choc pétrolier, la France, l’Allemagne et les Etats-Unis acceptent de vendre à l’Iran des centrales nucléaires. La coopération s’intensifia entre Paris et Téhéran où le Premier ministre français de l’époque, Jacques Chirac, se rendit pour signer l’accord Eurodif, faisant du pays du Shah un actionnaire du consortium européen d’enrichissement de l’uranium ; l’Iran devait disposer de 10% des quantités produites par l’usine dont l’entrée en production était prévue pour 1981. En février 1979, l’imam Khomeiny est rappelé d’exil et proclame la République islamique, en avril. Il ordonne aussitôt la reprise de l’exploitation des gisements d’uranium, rompt le contrat de fourniture de centrales avec la France, qui n’avait pas encore honoré ses engagements, maintient celui conclu avec l’Allemagne pour la construction de la centrale de Bushehr qui avait démarré en 1975, et surtout, confirme l’actionnariat de l’Iran dans le consortium Eurodif, se heurtant au refus de la France. Comme prévu, l’usine entre en production en 1981. Les Iraniens réclament 10% de la production et la France refuse. Le contentieux Eurodif est explosif. En effet, la conséquence fut une dizaine d’années de relations tumultueuses entre Paris et Téhéran, marquées par des attentats qui firent des centaines de morts en France et au Liban qui connut l’épisode des otages français. En décembre 1991, l’Iran est finalement rétabli dans ses droits d’actionnaire d’Eurodif et la France accepte de lui livrer 10% de la production, comme contractuellement convenu. Dès sa proclamation, la République islamique avait acheté des équipements à l’Allemagne, à la Chine, à l’Argentine et au Pakistan. Mais c’est avec la Russie qu’elle va établir une véritable coopération stratégique. En janvier 1995, les deux pays signent un accord pour rendre opérationnelle la centrale de Bushehr - endommagée lors de la guerre Iran-Irak -, malgré les protestations de Washington qui accuse Téhéran de développer des armes de destruction massive, et de soutenir le terrorisme. Selon différentes sources, dont l’AIEA, trois sites nucléaires iraniens retiennent l’attention :
1/ A Arak : Les Iraniens construisent un réacteur de recherche à eau lourde de 40 MW, alimenté par de l’uranium naturel (pas besoin de l’enrichir), dont la capacité peut être doublée. L’Iran affirme qu’il est destiné à produire des isotopes à des fins médicales, mais si ce pays avait des capacités de retraitement, il pourrait produire 10 à 20 kg de plutonium, de quoi fabriquer une à deux bombes.
2/ Le site d’Ispahan comprend une unité de conversion, étape précédant l’enrichissement :
  il s’agit de convertir le yello cake (concentré d’oxyde d’uranium) en un composé gazeux appelé « hexafluoride d’uranium » (UF6) qui doit être enrichi dans des centrifugeuses pour produire du combustible.
  Suspendues en novembre 2004, ses activités ont repris le 8 août dernier. Selon les estimations de l’AIEA, il aurait produit quelque 6800 kg.
3/ Le site de Natanz est la principale installation d’enrichissement d’uranium, opération qui est toujours suspendue. L’Iran a importé ou fabriqué des milliers de centrifugeuses pour monter des « cascades » nécessaires à l’enrichissement. Une fois achevée, cette usine pourra produire de l’uranium faiblement enrichi (usage civil) ou fortement enrichi (matières fissiles = usage militaire). Et circonstance aggravante pour ses détracteurs, l’Iran possède les moyens de lancement.
Le missile Shahab 3 a une portée de 1300 km et on lui prête l’intention de fabriquer un missile balistique. En janvier 2002, George Bush classe l’Iran dans « l’axe du mal » avec la Corée du Nord et l’Irak. Le cas de l’Irak a été réglé par la guerre avec les conséquences que l’on sait. Celui de la Corée du Nord semble en voie de l’être par les négociations dans le cadre du groupe des « six » (les deux Corée, la Chine, la Russie, le Japon et les Etats-Unis) qui est arrivé, le 19 septembre dernier, à un accord autorisant pour la première fois un optimisme mesuré quant à une issue heureuse de la crise. Reste l’Iran, qui a engagé un bras de fer avec l’UE3, (l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne) et les Etats-Unis. Depuis le début 2003, ce pays est placé sous contrôle de L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), basée à Vienne. Chien de garde du régime mis en place par le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), pierre angulaire du régime international de non-prolifération, elle gère les garanties découlant de ce traité. En novembre de la même année, le Conseil des gouverneurs, qui est l’exécutif de l’AIEA, a adressé un message très grave et menaçant à l’Iran pour avoir manqué à ses obligations de non-prolifération, mais n’a pas retenu la saisine du Conseil de sécurité demandée par les Etats-Unis et rejetée par les Européens qui croient aux vertus du dialogue. En échange, Téhéran avait accepté de signer le protocole additionnel de l’AIEA, qui impose aux Etats des inspections plus intrusives que le TNP, et de suspendre les activités de conversion de l’uranium. La question de l’enrichissement est restée au centre du bras de fer entre l’Iran et l’UE3 et les Etats-Unis. Commencées en novembre 2004, les négociations entre l’UE3 et l’Iran ont été interrompues en août dernier, quand Téhéran a rejeté les offres européennes au motif qu’elles ne prenaient pas en compte son « droit » à l’enrichissement de l’uranium. Les Européens cherchent à obtenir une suspension illimitée et légale de ce « droit », alors que Téhéran ne veut concéder qu’une suspension limitée dans le temps et volontaire, refusant de renoncer définitivement à la maîtrise du cycle du combustible. En février 2005, après celui de 1995, la Russie signe un accord avec l’Iran portant sur la fourniture de 100 t de combustible nucléaire destiné à la centrale de Bushehr, dont le démarrage est prévu pour 2006, avec une clause de restitution après usage afin de désarmer les critiques des Etats-Unis et de l’UE3. C’est une bouffée d’oxygène pour ce pays qui a su gagner du temps en négociant avec l’UE3 et en faisant des replis tactiques à chaque échéance du Conseil des gouverneurs de l’AIEA, pour éviter la saisine du Conseil de sécurité, mais a gardé le cap en affichant ses intentions : l’installation de six réacteurs d’ici 2020, la production de 7000 MW d’électricité et de son propre combustible nucléaire. Le samedi 17 septembre, deux jours avant la dernière réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA à Vienne, le président iranien, s’adressant à l’assemblée générale de l’ONU, n’a fait aucune concession. Il a revendiqué l’indépendance nucléaire de son pays et réaffirmé son « droit inaliénable d’avoir accès au cycle du combustible nucléaire ». En réponse aux Européens qui reconnaissent à l’Iran le droit de posséder des centrales, mais lui demandant de renoncer à l’enrichissement de l’uranium en échange de la fourniture de combustible, il a déclaré que « l’usage pacifique de l’énergie nucléaire sans possession du cycle nucléaire n’est qu’une proposition vide ». Dès lors, l’UE3 n’avait d’alternatives que de se ranger dans le camp des Etats-Unis et demander la saisine du Conseil de sécurité. Un objectif difficile à réaliser, du moins dans la conjoncture actuelle. En effet, l’Iran ne manque pas d’atouts, et la conjoncture lui est favorable : il a de solides « alliés ». La Russie construit un réacteur nucléaire et lorgne sur le reste du programme iranien qui s’annonce très juteux. On pourrait soupçonner les Européens de chercher à se l’accaparer, ce qui serait le meilleur moyen de le contrôler en plus d’en tirer un profit commercial. La Chine, dont la soif d’énergie est insatiable, est le deuxième acheteur d’or noir iranien, et l’Iran lui offre un débouché commercial en pleine expansion. L’Inde a deux importants projets avec l’Iran : la signature d’un contrat d’achat de gaz de 22 milliards de dollars et la construction d’un gazoduc à travers le Pakistan. Les pays non-alignés, dont l’Algérie, soutiennent l’Iran par esprit de solidarité de groupe, et parce que les pays occidentaux ont été sourds jusqu’à présent à leurs doléances en matière de désarmement.
Il a aussi de solides « arguments ».
Le lien fait pour la première fois par ce pays, entre le nucléaire et le pétrole et la menace de retrait du TNP (article X, précédent de la Corée du Nord) brandie dès 2004, sont à prendre très au sérieux. L’Iran pourrait aussi exercer sa capacité de nuisance en Irak et lancer les activités d’enrichissement ; il est capable de recourir à des actes extrêmes, quand ses intérêts sont en jeu.Les moyens de rétorsion contre l’Iran sont limités : les sanctions ont montré leurs limites en Irak et sont devenues impopulaires. Dans le cas présent et dans la conjoncture actuelle, quelque soit leur champ d’action, elles pourraient se révéler dommageables pour l’économie mondiale en raison du poids pétrolier de l’Iran, 4e producteur mondial et 2e pour les réserves de pétrole et de gaz. Il faut rappeler que les Etats-Unis n’ont pas réussi à appliquer la loi d’Amato en 1996, qui prévoit des sanctions contre les firmes étrangères investissant en Iran. Par ailleurs, Téhéran pourrait poursuivre son programme nucléaire, sans avoir de compte à rendre. Un scénario type guerre d’Irak est à exclure. Il y a une fatigue de l’interventionnisme armé américain. Les débats qui ont précédé l’invasion de l’Irak ont laissé des traces et la guerre s’enlise. On peut aussi s’interroger sur les capacités militaires des Etats-Unis à mener des opérations d’envergure en Iran sur leur coût financier et humain et sur leurs résultats aléatoires, au moment où le front intérieur se fissure. Des frappes limitées ? On peut avoir à l’esprit la destruction d’Osirak en 1981, par l’aviation israélienne. Encore faudrait-il frapper tous les sites iraniens, répartis à travers tout le territoire et massivement protégés. Une action préventive de type militaire, quelque soit son envergure, alors que le doute subsiste sur la nature du programme nucléaire iranien, pourrait se révéler catastrophique. Comment d’ailleurs la justifier, alors que les négociations se poursuivent avec la Corée du Nord ? Comment éviter une flambée de terrorisme de la part de ceux qui verraient dans une telle aventure une attaque discriminatoire contre le « nucléaire musulman » ? La bataille de la non-prolifération a ralenti la prolifération, mais ne l’a pas arrêtée. Au moins 40 Etats possèdent déjà les capacités nécessaires pour fabriquer des armes, dans des délais relativement courts. Cibler uniquement quelques-uns peut ne pas être compris. Par contre, on peut comprendre qu’un pays refuse d’arrêter son programme, de fermer la porte à l’avenir et d’accepter ce que le président iranien a qualifié d’« apartheid nucléaire ». A moins de mettre sur la table tout le dossier de la prolifération et du désarmement et de l’ériger en priorité de la sécurité collective que la communauté internationale tente vainement de mettre en place depuis 1945. Par ailleurs, si on épouse la logique de l’UE3, Israël, l’Inde et le Pakistan sont de mauvais exemples. Or, ils ne sont pas inquiétés. Par contre, les Etats qui ont souscrit à toutes les garanties de l’AIEA, y compris le protocole additionnel, peuvent être harcelés à tout moment. Certes, le respect du TNP et du protocole additionnel, qui doit être érigé en norme universelle pour les garanties afin de renforcer le pouvoir de vérification de l’AIEA, est impératif, mais les droits des Etats doivent aussi être respectés. Une obligation à laquelle les puissances nucléaires ont tourné le dos depuis longtemps. S’il subsistait le moindre espoir, il aura été balayé par la Conférence de révision du TNP de mai dernier qui fut un échec retentissant. Elle n’a réussi à réunir le minimum consensuel sur aucun des trois piliers du traité : non-prolifération, désarmement et utilisations pacifiques de la technologie nucléaire. Autre signe du raidissement des puissances nucléaires, le document final du récent Sommet de l’ONU a fait l’impasse sur la question du désarmement. L’Iran est membre du TNP qui lui interdit tout programme nucléaire militaire, mais l’autorise à enrichir l’uranium à des fins pacifiques, y compris pour la production d’électricité. Cependant, si les activités d’enrichissement ne sont pas automatiquement liées au nucléaire militaire, elles permettent de posséder la technologie qui y conduit. Or, l’Iran est l’objet de sérieux soupçons quant à la finalité de son programme. Il doit répondre à l’attente de la communauté internationale en acceptant une totale transparence. En ratifiant par exemple, le protocole additionnel qu’il a signé en décembre 2003 et en l’appliquant de bonne foi, et que les puissances nucléaires admettent enfin, que la non-prolifération la plus sûre reste encore le désarmement. Elles doivent mettre fin à la culture du non à tout ce qui est proposé par les pays non nucléaires. Elles doivent respecter l’intégralité des obligations découlant du TNP et les engagements pris à la conférence de révision de 2000 qui a arrêté un plan de désarmement en 13 points, resté lettre morte. Elles doivent mettre fin au blocage des travaux de la Conférence du désarmement de Genève, seul organe de négociations multilatéral, qui sont gelés depuis la finalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, en août 1996. Dans le rapport adressé à la Conférence, le 3 septembre 1996, son rapporteur spécial (l’auteur de ces lignes) mettait déjà en garde contre la priorité donnée à la non-prolifération par les P5, au détriment du désarmement privilégié par les pays non-alignés et neutres. Ce faisant, ces puissances prêcheraient par l’exemple, se doteraient d’un pouvoir moral qu’il serait difficile d’ignorer et enlèveraient tout prétexte aux proliférateurs.
(*) L’auteur est diplomate.

groet

Article lié : Les élections irakiennes comme événement virtualiste

Hans van Gemert

  25/09/2005

de groeten uit Grave
en tot ziens

Notre raison d'être — Extrait de la rubrique de defensa, “de defensa” Volume 20, n°20 du 10 juillet 2005

Article lié :

Réjean Tremblay

  25/09/2005

Bonjour,

Je cherche à savoir si
vous avez le temps de lire et répondre les courriels
(“e-mails”)que vous recevez.
Gérer un site internet prend beaucoup de temps.

Je cherche à débattre de la question moderne et anti-moderne avec vous…

Nous avons eu au Canada, dans le cadre de cette
question fondamentale pour
votre site,dès les années 50, avec le projet de l’avion de chasse Avro Arrow (le plus avancé
à l’époque), une dynamique similaire à ce que l’Europe et la France subissent aujourd’hui avec
le Rafale.

Étiez-vous au courant de la question du Avro Arrow?

Nous au Canada, et au Québec particulièrement (sans prétention),
connaissons bien les stratégies impérialistes de l’Ogre américain…

Nous avons été confrontés au problème américain depuis plus de quatre
siècles…

En passant, félicitations pour votre site, vous avez
compris que le monde dépend
du destin qui attend
l’Empire américain et la fin de la Pax Americana
instaurée depuis 1945…

Amicalement,

Réjean Tremblay

A propos du libéralisme et de la communication

Article lié :

Fred

  25/09/2005

Je ne fais que noter une réflexion qui me vient en passant.

Le monétarisme, à la base des statuts de la BCE et des politiques du FMI, pose pour postulat qu’en raison des anticipations (adaptatives ou rationnelles ou ce que vous voulez d’autre), les agents économiques réduiront toujours à néant les efforts des Etats qui tentent d’agir sur l’économie. Car par exemple, si l’Etat fait une relance par la consommation, les producteurs vont augmenter les prix, ce qui fera augmenter l’inflation, ce qui est néfaste. Par exemple. En conséquence, ces brillants économistes expliquent qu’il faut que les Etats n’interviennent pas, et aient si possible, la politique économique la plus neutre et la plus stable possible.

Donc. Si les anticipations sont ce qui justifie l’indépendance totale de la Banque Centrale Européenne et son unique objectif de lutte contre l’inflation. Si l’Europe n’accepte de légiférer que lorsqu’il s’agit de déréguler. Tout cela parce que ça va dans le sens d’anticipations qui s’auto-gèrent bien plus efficacement.

Je pose donc ma question :
- Si les anticipations sont ce qui sous-tend tout notre système économique, pourquoi est-ce qu’un tel raisonnement n’est pas appliqué à la communication ?

Je dis “communication”, mais j’aurais pu tout aussi bien dire “propagande”.

Finalement, le marché de la propagande ne se porterait-il pas mieux s’il n’y avait pas monopole de la propagande ?

Les électeurs ne voteraient-ils pas mieux si l’Etat et les multinationales n’intervenaient pas sur les marchés de la propagande ?

Est-ce que les situations d’oligopoles observées dans les médias ne sont pas néfastes à une bonne propagande ?

Voilà plusieurs façons de poser un même problème…

Je ne fais que poser quelques idées qui me travaillent depuis quelques jours… ca mériterait d’être mieux formalisé j’imagine. Mais ce n’est pas mon métier :-)

On verra bien la verite demain

Article lié : Dieu est-Il dans le coup ?

Steven Rix

  24/09/2005

Allez tiens je vais poster votre article sur mon blog. Je suis souvent d’accord avec vous sur pas mal de choses, pas tout a fait d’accord avec votre article mais bon c’est votre opinion, et une facon de voir les choses. Vous voyez les choses de maniere europennes loin des USA, je vois les choses americaines, loin de l’Europe, donc il y a une part de verite dans les 2 ou bien un part de mensonges dans nos perceptions comme dirait Staline, allez savoir:)
Je vais devoir me remettre a Manual de Dieguez vite fait. LOL

liberté de... licensier∫ (Hewlett-Packard)

Article lié :

louis kuehn

  24/09/2005

LE FIGARO DU 24 SEPT.

La réponse n’a pas tardé. Hier, lors d’une visite au pôle de plasturgie d’Oyonnax, Dominique de Villepin a assuré que Bruxelles avait les compétences pour agir face au plan de restructuration du groupe américain Hewlett-Packard. «Il est normal que quand un Etat membre rencontre des difficultés, et dans la mesure où ces difficultés sont partagées avec d’autres, on essaie de trouver des solutions communes», a déclaré le premier ministre.

Mercredi, alors que Jacques Chirac venait de demander au gouvernement de saisir la Commission européenne sur le dossier HP, José Manuel Barroso, son président, avait pointé les limites des pouvoirs de Bruxelles en matière sociale. «Il n’est pas dans les compétences de la Commission d’empêcher les entreprises de licencier», avait-il déclaré. La définition de la grande majorité des politiques sociales dans l’Union européenne relève de la compétence exclusive des capitales. Les rares décisions communautaires en la matière ne peuvent se prendre –Ždans la quasi-totalité des casŽ– qu’à l’unanimité.

Lors de la négociation du projet de Constitution européenne, plusieurs capitales, dont Paris, avaient tenté d’élargir la règle de la majorité qualifiée en matière sociale. En vain. La Grande-Bretagne, en particulier, ne veut pas abandonner son droit de veto.

Ainsi, la Commission a beau jeu de se défausser sur les Etats membres et de critiquer leur «pingrerie» lorsqu’il s’agit de financer un «fonds d’ajustement pour la croissance», destiné à amortir les conséquences sociales des restructurations. Appelé, selon les propositions de la Commission, à être doté de 7 milliards d’euros pour la période 2007-2013, ce fonds a finalement été raboté par les Etats membres lors de la négociation avortée du budget à long terme (2007-2013). Ils «ont refusé les propositions de la Commission pour doter l’Europe d’une politique sociale», avait critiqué José Manuel Barroso, faisant allusion aux six pays –dont la France– qui plaidaient pour des économies budgétaires.

Ces revers n’ont pas empêché les salariés britanniques de Rover de bénéficier, début 2005, d’une enveloppe de 193 millions d’euros puisée dans le Fonds social européen. Une telle opération devrait être rééditée pour HP. Hier, la Commission assurait qu’elle était en train d’examiner les mesures à mettre en œuvre pour amortir le choc causé par les licenciements.

Aucun des cinq sites informatiques menacés n’ayant bénéficié de subsides communautaires à l’implantation, la direction de l’entreprise ne pourrait pas être contrainte de rembourser ces aides, le cas échéant. Aujourd’hui, obligation est faite aux sociétés ayant bénéficié de fonds structurels de conserver leur implantation sur la zone subventionnée pendant cinq ans. Cette période devrait bientôt passer à sept ans.

En 1997, la fermeture par Renault de l’usine belge de Vilvorde avait conduit l’Union à accélérer un projet de directive visant à renforcer le droit d’information et de consultation des salariés. Aujourd’hui, la législation existe. Ni les Etats, ni la Commission ne sont tentés d’aller au-delà.

Article lié : Le budget du Pentagone sera maintenu! Est-ce bien sûr?

Steven Rix

  24/09/2005

Ily a RITA maintenant, encore plus devastateur que “Christina”:) On va tomber dans la recession economique ici c’est sur 100%.Vous devriez lire mon blog parfois.

Article lié :

Frontin

  23/09/2005

Citation !!

* Depuis qu’ils occupent l’Iran, où ils étaient censés trouver la sécurité de l’approvisionnement en pétrole, les Américains connaissent des difficultés grandissantes d’approvisionnement. * Publié le 22 septembre 2005, Antiwar.com, USA.

‘‘L’Iran’‘, C’est une erreur ou un lapsus révélateur?

BPJ

Article lié : Coucou, revoilà Jackson (pardon, BPJ)…

louis kuehn

  23/09/2005

Votre analyse sur BP Jackson est très juste. Je trouve amusant, en effet, que les “prévisions” des analystes américains coincident avec…. leurs souhaits! Ils veulent le tandem Merkel-Sarkozy à la guide de l’Europe continentale. Eh bien, peut etre vont-ils avoir Merkel très faible, et Villepin-Breton plus populaires encore en 2007 qu’ils ne le sont aujourd’hui!

Amicalement
LK

L'Iran est coupable ou pas ∫

Article lié :

Fred

  23/09/2005

De nombreux articles semblent dire que c’est honteux que le Conseil de Sécurité ne soit pas saisi alors que la “troika” européenne le demandait. Ces articles ne semblent plus du tout s’intéresser au nucléaire, mais plutôt au fait que l’Iran ne sera pas “jugée”.

Je me posais alors la question : quid de l’absence de preuves ? Dans les articles dont je mets les liens, il semble clair que l’Iran est injustement dédouanée grace au soutien de pays “munichois”.

Ma question : Est-ce que l’Iran mérite *vraiment* tout cela ? Si qq’un a des éléments, je veux bien les lire :-)

Premier lien :
http://www.lefigaro.fr/europe/20050923.FIG0227.html?075337

Second lien :
http://www.primo-europe.org/
Ce lien, je le mets pour de rire. L’article est en page d’accueil aujourd’hui… j’ignore où il sera demain.

Je le copie ici aussi, car il vaut son pesant de

à mon avis.

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Iran : le chantage a payé

La Communauté Européenne renonce à saisir le Conseil de Sécurité sur le dossier nucléaire iranien.

Bien sûr, il y a l’ouragan Katrina qui eut le mauvais goût d’endommager les stations pétrolières off-shore des USA.

Bien sûr, il y a ces élections outre-Rhin qui paralysent la diplomatie allemande pour quelques mois. La diplomatie française n'a, quand à elle, point besoin d'élections ratées pour être paralysée.

Bien sûr, il y a ces pays qu’on dit non-alignés, judicieusement alignés sur les positions de la Chine et de la Russie.

Bien sûr, La Chine et l’Iran ont en commun quelques intérêts géostratégiques.

Bien sûr, la Russie et l’Iran entretiennent depuis longtemps des relations commerciales, dans le domaine nucléaire, notamment.

Soumis à « l’insupportable inquisition » de l’AIEA, l’Iran se défend et mieux que cela, il attaque.

Prié de dire si Téhéran pouvait provoquer une flambée des cours du brut en représailles à un renvoi du dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité, Ahmadinejad a répondu: "Tout être humain intelligent et en bonne santé devrait avoir recours à tous les moyens disponibles pour préserver sa liberté et son indépendance".

Sous entendu : "attaquez-moi, exigez quoique ce soit devant le Conseil de Sécurité et le cours du brut va s’envoler". La conjoncture mondiale ne peut se permettre une nouvelle flambée des cours du pétrole.

Conséquence : Les Européens ont renoncé dans l'immédiat à saisir le Conseil de sécurité de l'Onu sur le programme nucléaire iranien, selon un nouveau projet de résolution à l'AIEA.

Une démonstration de faiblesse

La Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne (UE3) tentaient depuis le début de la semaine de convaincre l'exécutif de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de saisir le Conseil de sécurité à New York, en accusant Téhéran d'avoir "violé" ses obligations, notamment en reprenant la conversion d'uranium.

Le nouveau texte, moins dur que celui que l'UE3 avait fait circuler depuis lundi soir, reproche cependant toujours à Téhéran son "non-respect" de ses obligations en matière de non-prolifération nucléaire. Mais en des termes beaucoup moins coercitifs.

Il faut être poli avec les Iraniens, surtout que le prochain cyclone menace cette fois-ci, non seulement les plateformes pétrolières, mais aussi les vétustes raffineries du Texas travaillant déjà à flux tendu.

Bref, l’Union Européenne se déballonne une nouvelle fois, tergiverse et attend patiemment que l’Iran mette au point ses armes de destruction massive.

Une démonstration de force

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a pour sa part adressé une ferme mise en garde aux pays qui envisageraient d'attaquer l'Iran, en pleine crise nucléaire avec les Occidentaux, à l'occasion d'un défilé militaire à Téhéran où ont été exhibés les missiles de longue portée Chahab-3.

"Nos ennemis ont compris que nous sommes très sérieux pour défendre notre sécurité", a péroré le président ultraconservateur, en allusion aux Etats-Unis et à Israël, lors du défilé annuel marquant l'anniversaire du début de la guerre contre l'Irak (1980-88) qui a fait des centaines de milliers de morts.

"Si certains veulent refaire l'expérience du passé, le feu de la colère de la nation iranienne sera destructeur et brûlant", a-t-il ajouté, mettant en garde contre toute attaque contre la République islamique.

Les progrès de l'industrie balistique iranienne inquiètent les responsables de la communauté internationale. Le président iranien a déclaré que les forces armées "étaient préparées pour défendre le pays".

L’Iran, ce n’est pas que du caviar

M. Ahmadinejad a également appelé à la fin de "l'occupation" de l'Irak par les troupes américaines et le départ des forces étrangères de la mer Caspienne.

Cette dernière précision est importante. Il ne faut voir là aucun souci gastronomique de la part du président Iranien, au demeurant fort peu primesautier. La Mer Caspienne est connue en effet comme étant un des réservoirs mondiaux de l’esturgeon.

Plus précisément, l’Iran aimerait bien avoir les coudées franches pour importer la révolution islamique aux portes de la Russie et, accessoirement, prendre position pas trop loin de l’oléoduc qui approvisionnera l’Occident en pétrole, d’Azerbaïdjan en Turquie.

Inauguré le 25 mai 2005, sa mise en activité est prévue fin 2005. Long de 1 765 km, cet oléoduc présente une alternative intéressante pour les compagnies pétrolières occidentales à l’horizon 2010.

Seul obstacle pour le moment à cette volonté hégémonique iranienne : la présence de bases américaines qu’il ne sera pas facile de déloger.

Bref, tous les ingrédients d’une confrontation majeure dans cette partie du monde commencent à être réunis.

Un peu de patience !

Pierre Lefebvre © Primo Europe, 22 septembre 2005,
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effet katrina en allemagne

Article lié : L’effet-Katrina en Allemagne

geo

  22/09/2005

J’ai professionnellement “couvert” le récent congrès de l’UMP, qui s’est tenu pendant les désordres post-cycloniques.
Il était impossible d’entendre les envolées reaganiennes ou tatcheriennes des congressistes sans ressentir le viellissement que venait de subir cette réthorique.
Sarkosy, posant en fringant chevalier du libéralisme, avait surtout l’air de chevaucher une vielle rosse.
Katrina a peut etre élu les “ringards” de la période qui s’ouvre.

Demain Paris-Berlin-Moscou-Pékin...

Article lié :

Mura

  22/09/2005

LE COQ, L’AIGLE, L’OURS ET LE DRAGON

Data: Saturday, 17 September @ 18:50:42 MSD
Argomento: Аналитика

INTERVIEW D’YVES BATAILLE A TIERRA Y PUEBLO (ESPAGNE)
1. L’incorporation de la Pologne et de la Hongrie dans l’OTAN assurait le contrôle de l’Europe pour les Etats-Unis, de l’Atlantique à la frontière avec la Russie. Il ne restait encore que l’ancienne Armée de la Yougoslavie. Celle-ci est-elle une des clés de l’agression contre la Serbie ? Le fait que la campagne a commencé quelques semaines après les incorporations mentionnées est-t-il dû au hasard ?

C’est un fait, l’une des clés du démantèlement de la Yougoslavie et de l’agression contre la Serbie était la volonté d’assurer la pérennité d’une OTAN qui n’avait plus de raison d’être depuis l’implosion de l’Union soviétique et la fin du Pacte de Varsovie, et de l’étendre à l’Est. La Yougoslavie n’appartenait à aucun pacte militaire et ne menaçait personne. Sa destruction délibérée est due avant tout à des facteurs politiques et géopolitiques. Il fallait imposer le libéralisme anglo-saxon et dégager le terrain pour aller plus à l’Est. C’est ce qui a été fait. L’OTAN n’est rien d’autre que l’outil de domination politico-militaire des Etats-Unis sur l’Europe. Pour organiser son expansion vers l’Est il fallait trouver un prétexte et désigner un ennemi qui justifie une intervention. Ce furent la guerre civile yougoslave et la menace serbe. Comme le pays, l’Armée yougoslave ne présentait pas un caractère d’unité, elle était traversée par l’agitation ethnique et se trouvait elle-même très affaiblie. La guerre n’a pas commencé en 1999, elle a commencé beaucoup plus tôt et avant l’entrée dans l’OTAN des pays mentionnés. Dès 1991 les premières victimes du conflit ont été des recrues serbes de la JNA en Slovénie. Pour les Etats-Unis qui avaient annoncé l’éclatement de la Fédération dès 1990, l’Armée yougoslave (JNA) en soi n’avait pas une grande importance. En revanche ce qui avait une importance c’était d’une part de morceler la Yougoslavie de façon à donner naissance à de petites entités étatiques faciles à contrôler, d’autre part de réduire au maximum la Serbie considérée comme le principal obstacle aux plans d’expansion. On a fait la guerre à Slobodan Milosevic, alors président de la Serbie, parce qu’il refusait le système libéral occidental et son capitalisme sauvage. L’expansion de l’OTAN à l’Est s’est effectuée sous des formes diverses, pacifiquement dans les trois pays d’Europe centrale (Pologne, Tchéquie, Hongrie) travaillés depuis longtemps par des individus comme Lech Walesa ou Vaclav Havel, par l’ingérence indirecte avec les Casques bleus onusiens et les Sociétés Militaires Privées liées au Pentagone du côté des entités sécessionnistes (Croatie, Bosnie et Kossovo), enfin par l’intervention militaire directe et massive en 1995 et 1999. En dernier on a fait adhérer des pays riverains de la Mer noire comme la Roumanie et la Bulgarie qui doivent accueillir les bases du redéploiement de l’OTAN. Cette organisation chargée autrefois de « défendre le monde libre » contre le Pacte de Varsovie (qui n’existe plus) contrôle désormais toute la partie Est-européenne entre la Mer Baltique et la Mer Adriatique, des Pays Baltes(Lettonie, Estonie, Lithuanie) à la Grèce en passant par la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie, formant un barrage géopolitique entre la « petite Europe » et la Russie. Ce travail achevé, l’OTAN a poussé ses pions en Ukraine et s’y essaye en Biélorussie…

2. Le Laisser faire de l’Union européenne dans le conflit balkanique fut réellement très pathétique. Comment les Serbes on-ils réagi devant ce manque d’autonomie politique ?

Le terme « laisser faire » est faible. L’Europe porte une lourde part de responsabilité dans le conflit balkanique. Non seulement elle a fait appel aux Etats-Unis pour envoyer des troupes en Yougoslavie mais encore elle y a participé. C’était après la réunification d’une Allemagne qui croyait pouvoir jouer à nouveau son rôle d’antan en Europe centrale et orientale. Les Américains l’ont laissé tirer les marrons du feu en Slovénie et en Croatie avant de donner un coup d’arrêt. En 1993 ils ont écarté les Allemands de Zagreb à l’Ouest et se sont installés à Sofia à l’Est (QG de la CIA déplacé depuis à Sarajevo). Dans cette affaire les pays européens ont agi comme les supplétifs des Etats-Unis. Les Serbes ont été très surpris du comportement des Européens, en particulier de celui des Français. Ils en étaient restés à une période de l’Histoire où en Europe les nations avaient encore orgueil et politique propre. Ils avaient en mémoire les péripéties de la Première guerre mondiale, le Front de Salonique, le sauvetage de l’Armée serbe à Corfou par la marine française. Une chanson, toujours en honneur, porte le nom du Bateau français. Ils ont considéré avec raison l’attitude de Paris comme une trahison, découvrant l’amnésie d’une démocratie.

Les Serbes ont commémoré début août le dixième anniversaire de l’Opération « Storm » (Oluja) qui a vu leur élimination de la Krajina. Bilan 4.771 morts, 6.952 blessés, 2.800 disparus. Il y avait là un demi million d’entre eux. Il n’en reste plus que quelques milliers, de vieilles personnes pour la plupart. C’est un « nettoyage ethnique» mais il n’est pas répertorié comme tel par les consciences à géométrie variable.

La maîtrise d’œuvre de cette opération est revenue aux Américains qui ont fourni les renseignements militaires, les moyens de guerre électronique, de brouillage et le feu vert. On a les noms des officiers américains de la société privée (MPRI tous des anciens de l’US Army, de la CIA et de la DIA) qui ont planifié l’attaque au sol. Peter Galbraith, l’ambassadeur US à Zagreb, s’est vanté d’être entré à Knin, la capitale de la Krajina, parmi les premiers, dans un blindé croate. On pouvait voir sur les routes des milliers de tracteurs, d’immenses colonnes de réfugiés fuyant les agresseurs avec un maigre bagage. Des avions croates ont même bombardé des réfugiés. La récompense pour Washington a été une base aérienne souterraine près de Bihac (comme celle de Krivolak en Macédoine) et la mise en chantier de l’autoroute Zagreb-Split-Dubrovnik par un consortium américano-turc formé par les sociétés Bechtel et Enka. A noter que, comme dans toute colonie, le petit personnel sous-payé travaillant sur les champs de mines était indigène (croate). Il y a deux siècles Napoléon a construit la première grande route côtière de Dalmatie. Plus tard un peu plus au Nord les Allemands, qui devaient devenir de grands constructeurs d’autoroutes, avaient fait les plans du Chemin de fer de Bagdad. L’opération Storm, elle, permettait d’ouvrir une nouvelle route de l’Adriatique, celle qui, selon les plans non encore publiés, doit se prolonger jusqu’à l’Albanie via Dubrovnik et le Monténégro.

Ce grand projet est de relier l’autoroute de Dalmatie à sa semblable du Corridor n°8 construite parallèlement à l’oléoduc d’ AMBO (Albanian-Macedonian-Bulgarian-Oil) qui doit relier le port de Varna à celui de Durrës, la Mer Noire à l’Adriatique dans le canal d’Otrante. Jamais très éloignées des côtes les bases américaines construites par Halliburton et Browns & Root jalonnent ce dispositif en construction. Couplé avec l’arrêt de la navigation sur le Danube consécutif aux bombardements des ponts en Vojvodine, le Corridor n°8 coupe la route Vienne-Budapest-Belgrade-Salonique, entrave le lien fort orthodoxe Grèce-Serbie et ouvre un pont terrestre à la Turquie en direction de l’Italie… On comprend pourquoi Washington tient tant à l’« indépendance du Monténégro » dont la contrepartie, pour les partisans de la séparation, serait la livraison des Bouches de Kotor à l’US Navy.

L’opération Storm a aussi permis aux Américains d’accentuer la pression en imposant à Milosevic fin1995 les accords de Dayton et de Paris. Bien que diabolisé il était encore à ce moment-là interlocuteur valable. Milosevic croyait à tort qu’après la cession de la Krajina aux Croates et les accords de Dayton les Américains le laisseraient tranquille. Il se trompait lourdement. Après ces « accords » le général américain Klein qui a opéré en Slavonie orientale déclarait : « pour la Serbie ce n’est pas fini » et pour la Serbie ça ne l’était pas en effet. Après l’intervention US en Krajina au côté du général croate Ante Gotovina (utilisé puis lâché, déclaré criminel de guerre et réclamé à la Haye…) la société militaire privée (SMP) Military Professional Resources Inc. (MPRI) basée en Virginie a « aidé » les séparatistes musulmans de l’autre côté de la ligne de démarcation . En Bosnie le MPRI a facilité en pleine période d’ embargo onusien le parachutage d’armes par l’aviation turque. Ils a aussi aidé au trafic d’armes (notamment iraniennes) par la voie maritime via les ports de Dalmatie.

3.Les deux vainqueurs des dernières élections sont le Parti socialiste de Slobodan Milosevic et le Parti radical de Vojislav Seselj, présenté comme « ultra-nationaliste ». Y a-t-il une bonne collaboration entre eux ? Est-ce que la formule de leur union peut devenir un exemple pour les autres pays de l’Est de l’Europe ? Milosevic et Seselj se trouvent extradés et jugés par le « « Tribunal » de La Haye. Qu’est-ce que les Serbes pensent des représentants qu’ils ont démocratiquement élus ?

Des informations qu’il faut quelque peu tempérer ou corriger. Le flot de désinformation et d’ignorance occidental est tel que l’on peut comprendre la confusion . Milosevic a été kidnappé et non extradé. Seselj, pour sa part s’est rendu volontairement à La Haye. On n’en n’est plus à la grande alliance tactique SPS-SRS-JUL. Le Parti socialiste a mal supporté la perte du pouvoir et joue un jeu politicien. Le Parti radical, au contraire assume pleinement sa fonction d’opposition.

L’une des caractéristiques des démocraties occidentales, en dehors des Etats-Unis qui forment un système criminel et mafieux fait pour durer, est que l’on y subit le vote permanent qui provoque l’instabilité chronique et interdit la sélection et la circulation des élites pour une politique du long terme. Aggravé quand les institutions sont, comme actuellement en Italie, du type parlementaire de la IV° République française (impuissance au sommet, querelle des partis et marchandage des sinécures). La Serbie n’échappe pas désormais à la règle.

Après les présidentielles que l’on a dû recommencer à trois reprises pour cause de quotas électoraux, il y a eu en décembre 2004 les municipales. D’élection en élection on constate une progression constante du Parti radical serbe, le SRS qui a gagné Novi Sad, la seconde ville du pays et est passé à deux points de la victoire à Belgrade, et une coupure grandissante entre le pouvoir titulaire et l’Opposition menée par le Parti radical. Avec 81 députés le SRS dispose du plus fort groupe parlementaire, loin devant le principal parti gouvernemental, le DSS. Lorsque en février 2003 le chef du SRS, Vojislav Seselj s’est rendu volontairement à La Haye pour affronter l’Hydre du Tribunal Pénal International pour la Yougoslavie (TPIY) sponsorisé (entre autres) par George Soros et la firme à capitaux séoudiens Sony, beaucoup ont dit que c’en serait fini du Parti radical. Les mêmes avaient prononcé un tel diagnostic en octobre 2000 lors de la « chute de Milosevic » et ils se sont trompés. Disposant d’excellents cadres le SRS n’a jamais été aussi fort malgré le manque de celui que l’on nomme « l’Absent ». On ne peut en dire autant du SPS qui est sorti très affaibli de la perte du pouvoir et de la déportation rituelle de son président à La Haye. Pour survivre avec seulement 6% des voix, le SPS a été contraint de soutenir le gouvernement de Vojislav Kostunica fait d’une addition de partis discrédités: d’abord le propre parti du premier ministre, le Parti démocratique de Serbie (DSS, 53 députés), constitué de notables et le moins corrompu, ensuite le G17 Plus (31), héritier de l’opposition DOS à Milosevic, du libéral Miroljub Labus – il était moins libéral quand il rédigeait la constitution de Milosevic -, un groupe en phase avec les économistes de l’Ambassade US et que Seselj a baptisé le «F 16 ». Ensuite deux petits groupes qui s’étaient ligués pour dépasser 5% des voix , Nova Srbija du maire de Cacak Velimir Ilic (9 députés) et le Parti du renouveau serbe (SPO) de Vuk Draskovic, en butte à une scission (SDPO, 9 députés) et qui ne conserve plus, de ce fait, que 4 députés (le siège du SPO partisan du roi en exil à Londres se trouve curieusement dans le même bâtiment que le British Council). Dirigé par Ivica Dacic, un rondouillard qui fait carrière, le Parti socialiste (SPS) permet enfin à cet attelage hétéroclite d’avoir une majorité tout en étant écarté du gouvernement. Seul intérêt, ses 22 députés peuvent à tout moment déclencher une crise gouvernementale et faire pression sur Kostunica, ce qui indispose le G 17 Plus et facilite la critique du Parti démocratique qui n’est pas membre de la coalition gouvernementale.

Animé hier par des socialistes rendus nationalistes par la pression extérieure, le SPS a vu beaucoup de ses membres le déserter et rejoindre le SRS. Le parti de Slobodan Milosevic n’est plus aujourd’hui que la jambe de bois d’une majorité parlementaire unie par la brigue et conduite par des politiciens médiocres. Aux dernières municipales, nombre de ses cadres se sont fait élire sans étiquette. Le parti conserve néanmoins des positions dans l’Est et le Sud de la Serbie où il contrôle par exemple la ville de Vranje. Il ne serait pas impossible, toutefois, qu’avec l’ancien maire de Belgrade, l’ex socialiste Covic et son Parti social-démocrate, qui ambitionne d’être autre chose qu’un groupuscule (deux élus) il ne s’oriente ultérieurement vers un réformisme qui clôturerait la période Milosevic.

Par calcul, Vojislav Kostunica a préféré former un gouvernement de coalition branlante plutôt que de s’allier avec le seul partenaire fiable qui lui aurait donné une majorité stable, le SRS. Vu les pressions constantes de la dite communauté internationale pour « livrer Karadzic et Mladic », pour juger les « criminels de guerre », pour forcer à la repentance l’ensemble du peuple serbe, pour détacher le Kossovo de la Serbie, pour provoquer la séparation du Monténégro, fomenter des troubles en Raska (Sandjak) et en Vojvodine, il est normal que le parti du premier ministre, le DSS, dont la caractéristique principale est l’immobilisme, ne cesse de perdre des voix et que le SRS, qualifié d’« ultra-nationaliste », ne cesse d’en gagner.

En dehors de la coalition gouvernementale deux autres partis de disputent l’électorat, le Parti démocratique (DS) de Boris Tadic (32 députés, héritier de la coalition DOS concoctée en 2000 contre Milosevic et successeur de feu Zoran Djindjic), qui a un groupe parlementaire mais ne participe pas au gouvernement et Pokret Snaga Srbije (PSS) de l’affairiste Bogoljub Karic dont la fortune remonte à « l’ancien régime » où ce Berlusconi balkanique s’y définissait déjà comme un « communiste-capitaliste ». Nouveau mouvement, Force Serbie n’a pas de groupe au parlement mais dispose d’un député débauché du SRS, qu’il a tout simplement acheté. Ce nouveau mouvement a obtenu un résultat mitigé aux municipales. Enfin on mentionnera la Liste pour le Sandjak de Suleiman Ugljanin et l’Alliance civique (GSS) 2 sièges chacun ainsi que l’Union sociale-démocrate SDU de Zarko Korac (un seul).

4. Quelle analyse faites-vous de l’assassinat de Zoran Djindjic ?

J’ai évoqué Zoran Djindjic. La presse occidentale a parlé de « mafia », de « soldats perdus », de complot de nostalgiques de l’ancien régime. Il semble en fait que Djindjic ait été tué pour le compte des Américains à un moment où il devenait gênant. A ce moment-là (en mars 2003), après avoir livré Milosevic à La Haye, Djindjic alors premier ministre avait décidé de réviser complètement sa position par rapport aux Américains. Quelques jours avant d’être assassiné, dans une interview au quotidien Vecernje Novosti, il tapait du poing sur la table et déclarait vouloir régler définitivement la question du Kossovo en privilégiant des Etats européens comme la France et l’Allemagne. Il voulait, tout-à-coup, mettre hors jeu les Etats-Unis et organiser une grande conférence pour la paix au Kossovo dans une capitale européenne. Je l’ai dit dans une interview à l’hebdomadaire Nin six mois avant que la presse de Belgrade ne divulgue l’information au grand public car j’avais un renseignement précis: pour assassiner Djindjic il y avait deux armes différentes et deux équipes. D’aucuns évoquent une opération menée par l’Intelligence Service (MI 6) qui sait très bien travestir les assassinats politiques. Ceux que l’on a rapidement arrêtés (la dite « mafia de Zemun ») sont ceux qu’il était prévu d’arrêter dans le scénario. Aux premiers pas de l’enquête deux témoins gênants ont été tués d’une balle entre les deux yeux et une villa qui servait de repère et pouvait contenir des indices a été détruite. Par l’intermédiaire de ses relais du Parti démocratique et de l’Alliance Civique GSS au gouvernement du DOS encore en place l’administration américaine en a profité pour essayer de détruire l’Opposition nationale-patriotique (plus de 10.000 arrestations en quelques jours sous le prétexte de l’état d’urgence par l’Opération « Sablja » (Sabre). En Occident les organisations des droits de l’homme n’ont pas protesté. On a même essayé d’impliquer Kostunica dans l’affaire. Pendant un mois la Serbie ressemblait à ces dictatures d’Amérique centrale d’il y a trente ans.

Pour en revenir à Djindjic les Américains et leurs alliés britanniques ne pouvaient tolérer que soit recherchée une solution rapide et définitive à la question du Kossovo tout simplement parce qu’ ils veulent que cela dure. Leur « peacekeeping » et « peacemaking » est un leurre. Contrairement à ce qu’ils prétendent, non seulement les crises et les espaces de non droit ne les gênent pas mais encore ils les suscitent et les utilisent pour intervenir et installer des bases militaires à proximité des gisements de pétrole, des oléoducs et des champs de pavot. Les illuminés de la « plus grande démocratie du monde » et les administrateurs de son complexe militaro-industriel n’ont que faire des tragédies qu’ils provoquent, des centaines de milliers de victimes qu’ils occasionnent et rien à faire non plus de leurs propres pertes si ces dernières sont peu médiatisées. D’où la nécessité d’un contrôle total de l’information de façon à occulter l’essentiel et à divertir le public par une information de faits divers et de frivolités. C’est la fonction de la « presse libre et démocratique ».

Inséparable du thème de « guerre contre la terreur » la conduite des conflits justifie les augmentations vertigineuses de crédits, fait tourner la machine de guerre et remplit les comptes en banque d’un très petit nombre, tandis que l’on berce les chaumières avec la «démocratie » et les « droits de l’homme ».

Pour conclure avec Djindjic, sa « rébellion » intervenait à un mauvais moment pour lui, au moment même de la fronde franco-allemande à l’ expédition irakienne, un événement qui devait mettre en fureur les parrains de Washington. Djindjic devait en subir immédiatement les conséquences. Les Américains éliminent toujours leurs anciens pions surtout quand ils font mine d’ avoir tout d’un coup quelque velléité d’indépendance. Depuis, les enseignements en ont été tirés, Tadic le successeur de Djindjic, obéit au doigt et à l’oeil à ses maîtres anglo-saxons. Depuis la débâcle du DOS aux élections générales il est chargé de recycler les débris de l’ancienne opposition démocratique (GSS et autres Otpor) dans le Parti démocratique dont il a hérité et, avec les importants moyens financiers fournis par l’Occident, de s’opposer à l’ascension au pouvoir du Parti radical.

Parallèlement à cela un groupe d’une cinquantaine de personnes lové dans les ministères stratégiques (notamment au SMIP, les Affaires étrangères) sous l’influence d’un certain Vojin Dimitrijevic, mentor du GSS, travaille toujours directement avec des conseillers US (et britanniques) à appliquer les directives de Washington. Les électeurs peuvent voter et les députés pérorer et gesticuler au Parlement, tout cela n’a pas une grande importance, le pouvoir réel mis en place par Washington reste aux leviers de commandes quel que soit le résultat électoral tandis que s’agitent les figurants du Parlement. Jusqu’à ce que cela craque. Et quand cela craquera ces gens-là ont intérêt à évacuer vite..

5. Alija Izetbegovic a basé la fondation de l’Etat bosniaque sur la religion musulmane. Naguère catholiques, musulmans et orthodoxes pouvaient vivre ensemble. Comment peut-on juger le rôle d’Izetbegovic ? Ne pouvait-on pas continuer à vivre ensemble? Cela aurait évité beaucoup de morts et la fracture des Balkans qui favorise les Etats-Unis.

Telle que posée la question pourrait sous-entendre une culpabilité des Serbes dans l’affaire bosniaque. Or il n’en est rien. Comme les Serbes de Krajina, les Serbes de Bosnie ne sont en rien les séparatistes décrits par les médias occidentaux. Après les sécessions slovène et croate appuyées par l’Allemagne, l’Autriche et le Saint-Siège, la guerre en Bosnie a été provoquée par l’appui délibéré apporté aux musulmans par l’alliance des Etats-Unis et de l’Islamisme contre l’Europe. D’aucuns prétendent que cette thèse n’est plus d’actualité, qu’ici et là des musulmans tirent sur des Américains. Et c’est vrai qu’en Afghanistan et en Irak des musulmans résistent aux Américains mais il y en a aussi autant sinon plus qui pactisent avec eux. Dans les Balkans, Bosniaques et Albanais arborent le drapeau étoilé.

Dans le conflit yougoslave ce qu’il faut bien comprendre c’est que si des éléments séparatistes existaient comme partout c’est le soutien et la manipulation exercés de l’étranger qui ont transformé des revendications socio-économiques ou culturelles en conflits locaux et des conflits locaux en guerre régionale. Sans cet appui extérieur, une réaction rapide et maîtrisée aurait pu préserver l’unité de l’espace yougoslave et l’on aurait ainsi évité toutes ces grotesques comédies de l’indépendance slovène, croate, bosniaque… Mais pour cela il fallait un pouvoir central fort qui n’existait pas dans la Fédération post-titiste. Belgrade n’en était que la capitale titulaire. Dans le pouvoir rotatif attribué à tour de rôle à des représentants des diverses républiques, les Serbes jouaient un rôle mineur ne correspondant ni à leur nombre ni à leur aspiration. Enfin la Serbie était la seule république à être affublée de deux régions autonomes, la Vojvodine et le Kossovo. On a vu l’usage qui a été fait du Kossovo et les tentatives faites en Vojvodine. A l’étranger ceux qui ont fustigé la suppression de l’autonomie de ces deux régions par Slobodan Milosevic n’ont jamais demandé pourquoi les Serbes de Krajina n’avaient pas droit à une région autonome.

En l’absence de chef charismatique et de parti se substituant à l’Etat (ce qu’étaient le Maréchal Tito et la Ligue des Communistes) le fédéralisme outrancier qui prévalait a facilité l’éclatement du pays. Pour une nation de taille moyenne le maintien d’un Etat unitaire est une question vitale. La structure fédérale instaurée à la succession du général Franco aurait pu exposer l’Espagne au même type d’éclatement que la Yougoslavie si les maîtres du monde avaient pris la décision de la dépecer. L’Espagne doit le maintien de son unité à son allégeance à l’OTAN. Si l’Espagne avait fait de la résistance, on aurait pu voir se produire dans la péninsule ibérique un scénario identique à celui de la Yougoslavie. Il fut un temps, on s’en souvient, où les séparatistes basques de l’ETA n’étaient pas qualifiés de « terroristes » par les démocraties occidentales mais présentés comme des résistants à Franco.

Dans l’affaire yougoslave les Américains ont fait feu de tout bois, manipulant à leur guise les ethnies et les religions dans une fédération déstabilisée par la coupure subite des crédits à la Yougoslavie et les effets des chocs pétroliers. Les premiers contacts de la CIA avec les séparatistes albanais datent du début de 1990. Après l’implosion soviétique et la réunification allemande il fallait à tout prix déstabiliser la région pour occuper le terrain militairement. Le moment était opportun, la Russie était momentanément neutralisée et l’Europe inexistante. Il fut facile de se servir des « petits nationalismes » libérés de l’ordre communiste. D’abord celui des voisins hongrois, bulgares, albanais qui reluquaient des morceaux de l’espace yougoslave, ensuite celui des républiques internes qui devaient se voir érigées en « Etats de droit international » en violation de la Charte des Nations Unie et des accords d’Helsinki et pour la plus grande satisfaction des petits chefs locaux devenus de grands chefs « nationaux ». Izetbegovic fut l’un d’eux.

Tout d’un coup les lignes de démarcation administratives étaient transformées en frontières d’Etat. Tout d’un coup les citoyens qui vivaient dans l’une ou l’autre des république se retrouvaient du jour au lendemain étrangers dans leur propre pays.

Sur la Bosnie la guerre médiatique a tenu deux types de discours visant deux cibles différentes : dans les démocraties occidentales on faisait croire que les Bosniaques musulmans étaient menacés par « les milices fascistes de Slobodan Milosevic, d’Arkan et de Seselj », par les partisans de la Grande Serbie. Alors que ces dites milices étaient des groupes d’auto-défense et que les Serbes avaient en face d’eux de véritables armées privées bien équipées et assistées par qui l’on sait, en Occident on répandait que la démocratie et les droits de l’homme étaient en péril.

Mais dans le monde arabo-musulman d’Afrique et d’Orient on tenait un tout autre langage. On faisait croire, comme en Afghanistan hier, que l’Islam était attaqué par les communistes. En Afghanistan cela a créé dans les années 1980 les Gulbuddin Ekmatyar et les Osama Ben Laden. Alors que les régimes baa’thistes de Syrie et d’Irak et la Jamahiria Lybienne de Mu’ammar Kadhafi se tenaient à l’écart, la fixation anti-serbe et l’aide des Séoudiens, des émirs du Golfe, des islamistes turcs, des Pakistanais, des Malais, du Sultan de Bruneï et du roi du Maroc permettaient aux manipulateurs anglo-saxons de faire renaître et de doper l’Islam dans une région où cette religion était pratiquement éteinte et d’y créer un puissant réseau de solidarité islamique. C’était une bonne façon de pousser de nouveaux pions à l’Ouest du Grand Echiquier.

Aux mains de spécialistes en recevant les importantes retombées financières les agences de communication états-uniennes comme la Ruder Finn et les ONG « humanitaires » ont joué un rôle capital dans la manipulation globale. Ruder Finn est à l’origine de la sélection du vocabulaire et de l’inondation de la presse d’informations ad hoc. Les Serbes étaient les « nouveaux nazis », ils bâtissaient des « camps de concentration », commettaient des « viols » et des « crimes de guerre » et s’apprêtaient à commettre un « génocide ». Cette thématique n’était pas pour déplaire aux Allemands d’Helmut Kohl, de Hans Dietrich Gensher puis de Klaus Kinkel qui pouvaient se croire déchargés d’un fardeau.

our comprendre la réaction des Serbes de Bosnie il faut songer aussi à deux réalités historique qui ont été plus ou moins occultées. D’abord une réalité récente, les Musulmans de Bosnie (avec un M majuscule) constituaient sous Tito une nationalité reconnue mais sans territoire qui permettait à ce dernier de s’assurer une position forte au sein du Mouvement des Non Alignés dominé par « l’esprit de Bandoung » qui a animé les révoltes du tiers monde et les mouvements d’émancipation. C’était avant le « revival islamique ». Mais en pleine période d’effervescence islamique, vouloir au début des années 1990 donner un territoire aux Musulmans, en l’occurrence celui de la Bosnie, était une provocation qui ne pouvait que déclencher la guerre puisque dans cette république de l’ancienne fédération yougoslave plus de la moitié de la population n’était pas musulmane. Les Serbes orthodoxes, les Croates catholiques et ceux qui se disaient tout simplement Yougoslave y étaient majoritaires et la majorité de cette majorité était serbe. En 1981 la population qualifiée de « musulmane » n’était évaluée qu’à 41% et elle ne se manifestait pas à l’époque comme particulièrement religieuse. Ce n’est qu’après la manipulation états-unienne que les mosquées et les écoles coraniques payées par l’Arabie Séoudite, les émirs du Golfe, le roi du Maroc et cetera, ont fleuri… Et là nous sommes dans l’étage supérieur de la manipulation.

b>En favorisant l’antagonisme entre l’Orthodoxie et l’Islam (comme on a renforcé la tendance au repli religieux des immigrés arabes en France et en Espagne) on créait un problème dans les Balkans et on tendait un piège à l’Europe dans son ventre mou en cherchant à provoquer le « choc des civilisations » théorisé par Samuel Huntington . C’était aussi une diversion utile qui allégeait un temps la pression sur Israël – regardez là-bas à Sarajevo « à deux heures d’avion de Paris » ce qui se passe, éructaient les Lévy et les Glucksmann, la presse enchaînait -, et pendant que l’on avait le regard attiré par Srebrenica on regardait moins vers Gaza. Tout cela a grandement facilité les plans états-uniens, la création de bases militaires et l’installation au pouvoir de fantoches dans des micro-Etats non viables. Pendant dix ans la Bosnie et le Kossovo ont fait la une des journaux et détourné l’attention de ce qui se passait en Palestine et en Irak et de ce qui s’y préparait.

Ensuite le deuxième volet de cette réalité historique en partie occultée remonte à plus loin dans le temps: si la réaction serbe aux prétentions « musulmanes » a été aussi vigoureuse, on la doit aussi au fait que les dirigeants de la sécession bosniaques autour d’Alija Izetbegovic (lié aux Frères Musulmans, une organisation naguère mise sur orbite par l’Intelligence Service, comme les Phalanges chrétiennes au Liban…) étaient tous issus des familles favorisées par l’occupant pour leur collaboration avec l’Empire ottoman. Avant leur Reconquista tardive (elle date du début du XIX° siècle avec Kara George) les Serbes étaient ce que les Turcs appelaient la « Raïa », les paysans pauvres et méprisés. Dans les villes plastronnaient et s’enrichissaient les amis du Pacha. La « cosmopolite » occupation ottomane, qui nous est présentée par certains historiens comme un bienfait, a duré six siècles et seul des Espagnols sourcilleux - et on les comprend - sur certaines prétentions affichées à nouveau sur l’Andalousie, peuvent comprendre mieux que d’autres ce que cela signifie. Ils peuvent aussi comprendre mieux que d’autres le rôle de ces minorités argentées et cultivées, « sans patrie ni frontières », à travers le temps et l’espace, dans la promotion des invasions et l’occupation des territoires. Dans la région les Anglo-Saxons ont flatté ces nostalgies ottomanes comme ils ont essayé d’utiliser le panturquisme et le pantouranisme en Asie centrale. En mai 1992, en soutien d’Alija Izetbegovic à Sarajevo le premier ministre turc Suleïman Demirel rappelait qu’ « il existe un monde turc qui s’étend de l’Adriatique à la Muraille de Chine ». Ce n’est pas complètement faux, j’ai pu m’en rendre compte ces dernières années lors de mes voyages en Chine, on trouve en effet des musulmans d’origine plus ou moins turque à quelques kilomètres de Pékin. On y trouve aussi des bouddhistes en pleine réhabilitation.

Dans l’inconscient collectif du peuple serbe, les Musulmans bosniaques de la guerre étaient – restent - les héritiers de tous ces traîtres qui ont joué sur le temps long le jeu des empires occupants (des Osmanlis avant-hier aux Yankees aujourd’hui en passant par les Nazis hier). Cette mémoire la plus longue est la raison pour laquelle les Serbes ont été qualifiés d’ « archaïques » par les barbares de Brooklyn ignorant les racines du terme. Pendant la guerre en Bosnie les intellectuels cosmopolites des capitales occidentales fustigeaient le Mémorandum de l’Académie Serbes (SANU), le présentant comme le programme nationaliste « grand-serbe » de Milosevic, et même pour certains obsédés, comme un Mein Kampf serbe. Ils spéculaient sur le fait que pratiquement personne n’avait lu ce document qui n’était en réalité qu’une synthèse de l’état des lieux, en deux parties : la crise socio-économique et la question des Serbes du Kossovo. En revanche ces mêmes ardents supporters d’Izetbegovic passaient sous silence sa Déclaration Islamique, manifeste annonçant que dans la nouvelle Bosnie de ses rêves, il n’y aurait place que pour une seule religion, l’Islam.

6. Où en est la question de l’entrée de la Serbie dans l’Union européenne avec la « démocratisation » ou la « normalisation ». La Serbie comme fin de référence aux opposants au Nouvel Ordre Mondial est-elle une réalité ou bien y a-t-il quelque espoir ?

Jusqu’en octobre 2000 Slobodan Milosevic a été rendu coupable de tous les malheurs. Le « boucher des Balkans » était responsable de tout, de la guerre, de la misère sociale, de l’isolement du pays, de l’embargo et même des bombardements. Tout était de sa faute. Comme Saddam Hussein il fut diabolisé avant d’être éliminé. Les stipendiés de l’Occident et leurs sponsors affirmaient qu’avec la disparition de Milosevic et de son régime, tout rentrerait dans l’ordre, que la prospérité reviendrait, que la Serbie réhabilitée recouvrerait sa liberté, ses droits et la sécurité de frontières reconnues. Or cinq ans après, évidemment rien de tout cela ne s’est passé. Sur le plan politique, institutionnel, économique, social et territorial c’est le désordre parlementaire, l’anarchie, la pauvreté, le chantage à la livraison des résistants au Tribunal de La Haye et la menace de séparation du Kossovo et du Monténégro. Pour paraphraser Jacques Bainville « tout va toujours plus mal ». Profitant de la situation quelques uns se sont outrageusement enrichis.

Dans ce contexte les discours sur les conditions et la date de l’entrée en Europe ne passionnent pas les masses, d’autant plus que l’Europe de Bruxelles s’est vu imputer ce qui s’est passé à égalité avec les Etats-Unis. D’ailleurs, et ceci est valable pour tous les ex pays socialistes passés à l’ultra-libéralisme, les politiciens ne parlent pas de l’Europe mais utilisent le vocable du Département d’Etat américain, à savoir l’ « intégration euro-atlantique », ce qui n’est pas la même chose que l’Unité européenne.

L’intégration euro-atlantique ce n’est évidemment pas l’Europe, c’est la dissolution des pays européens dans l’empire colonial des Etats-Unis, c’est l’opposé de l’Europe puissance. Quand Donald Rumsfeld, le Secrétaire US à la Défense, fait la distinction devant un parterre de « nouveaux démocrates » de l’Est, entre New Europe et Old Europe, c’est à ce clivage (excluant une certaine idée de la France et de l’Allemagne) qu’il pense. Un clivage que le portugais –on devrait plutôt dire le porto-ricain – représentant la fausse Europe, José Manuel Barroso, est chargé de « résorber».

Récemment on a fait dire à Bush que la Macédoine-FYROM était « un exemple pour la région » et qu’elle était « en grand progrès sur la route pour rejoindre l’Europe ». C’est très significatif de ce que veulent les Américains. La Macédoine est une caricature d’Etat, de nation et d’indépendance. Un pays déjà sous partage ethnique entre d’une part l’élément slavo-macédonien qui ne sait pas trop quelle est sa véritable identité et la recherche chez Alexandre le Grand, et de l’autre l’élément albanais sûr de « descendre du roi Pyrrhus » ou des anciens Illyrienset qui prend ce qu’on lui donne – en 1992, par les accords d’Ohrid les Occidentaux lui ont livré la partie Ouest du pays – en attendant de pouvoir former après l’ « indépendance » du Kossovo la Grande Albanie avec l’Albanie. La voie est tracée d’avance et se conjugue avec le projet des oléoducs, autoroutes et systèmes de communication prévus pour le Corridor n°8, tout bénéfice pour Washington et pure perte pour l’Europe. Mais cela ne suffit pas à certains Albanais qui émettent aussi des revendications à l’Est du Monténégro, en Serbie du Sud et au Nord-Ouest de la Grèce dans la région qu’ils appellent Shameria. Autant dire pour l’avenir un excellent facteur de perturbation à cheval sur des frontières, dépourvu de toute culture étatique (ce qui n’est pas le cas des Serbes formés à l’Ecole française) et qui explique, comme pour les Kurdes au Proche Orient, l’intérêt porté à leur égard par les Américains. A West Point, en ce moment on est en train de former les cadres de la future « Armée du Kossovo » détaché de la Serbie, à partir d’anciens « commandants »de l’UCK. Un « Service secret kosovar » (sic) est aussi fabriqué.

Pour clore la parenthèse sur la FYROM (Former Yugoslav Republic of Macedonia), les Américains viennent de la reconnaître sous le nom de Macédoine à la veille d’un référendum dangereux pour les accords d’Ohrid, une décision qui a flatté les naïfs locaux mais déplu fortement aux Grecs pour qui la Macédoine est leur province du Nord. Ancien Sud de la Serbie jusqu’en 1944, séparée de la Fédération yougoslave en 1992, ethniquement divisée, dépourvue d’autorité étatique, cette Macédoine citée en exemple par George W. Bush représente le modèle de l’Etat dépourvu d’indépendance et d’autorité, l’idéal des prédateurs de Brooklyn et du Texas, ce qui éclaire un peu plus la nature de la politique consistant à confondre l’Europe avec les Etats-Unis, une politique où bien des Européens sont victimes et complices à la fois. Une anecdote significative, je me trouvais récemment en Macédoine et je suis tombé par hasard à la télévision sur les travaux d’un congrès de Jeunesse Internationale, une réunion non seulement sponsorisée par George Soros et l’Ambassade américaine, mais encore une manifestation pour laquelle le Parlement macédonien avait prêté ses locaux ! Et de quoi parlait-on dans cette assemblée dominée par les délégations de jeunes de la « New Europe »( Pays Baltes, Ukraine, Pologne, Roumanie, Bulgarie, Tchéquie) ? Eh bien tout simplement d’un thème très cher à Soros, celui de la légalisation des drogues.

Pour un peuple deux choses sont plus importantes que la prospérité et le bien être économique, ce sont l’identité et la dignité. Que peut bien signifier l’entrée dans l’ Europe institutionnelle pour une communauté qui se sent menacée dans son identité et bafouée dans sa dignité ? Et que peut bien vouloir dire intégration européenne quand on vient d’un pays qui a été désintégré par cette Europe institutionnelle assimilée aux Etats-Unis ?

Sur ce sujet les nationalistes européens de tous les pays brandissent l’étendard d’une toute autre Europe, celui de la Grande Europe, de l’Unité eurasiatique grand continentale des Etats, de Vladivostok à Dublin contre l’ Europe sous occupation des Etats-Unis. En Serbie cette tendance a fait des progrès. On se rend compte que face à l’attaque globale conduite par les Etats-Unis il faut une résistance globale et que la lutte ne peut être limitée à un seul pays.

7. Un dicton populaire affirme que par journée claire des montagnes de Serbie on peut voir le Kremlin. Le futur de la Serbie, comme d’ailleurs celui de l’Europe, est-il lié à la Russie ?

Les Serbes ont été très déçus par l’attitude des Russes pendant la guerre. Alors que tous, Croates, Bosniaques musulmans, Albanais séparatistes bénéficiaient des plus grands supports extérieurs (l’un d’eux, et non des moindres n’était autre, répétons-le que celui du roi du Maroc) les Serbes indépendants et souverains se sont retrouvés isolés et sans soutiens autres qu’individuels (si l’on excepte la Grèce qui n’a pas participé à l’agression). Face au monde anglo-saxon habitué à instrumentaliser les islamistes (de l’Imam Chamil dans le Caucase à Ibn Séoud en Arabie, d’Abd el-Krim au Maroc à Osama Ben Laden en Afghanistan), la solidarité slave et/ou orthodoxe a été politiquement très limitée : des Russes des mouvements nationalistes et des Grecs sont venus combattre au côté des Serbes de Bosnie puis encore des Russes et des Bulgares au moment des bombardements de l’OTAN en 1999. Les agresseurs anglo-saxons ont bénéficié de circonstances idéales caractérisées par l’existence d’un pouvoir russe entre les mains d’un Boris Eltsine impotent et de son entourage oligarchique pro-américain que Vladimir Poutine vient en partie de réduire. Le comble c’est que ce manquement russe n’a pas seulement déçu les Serbes qui attendaient quelque chose de la Russie, il a été aussi utilisé par les russophobes pour essayer de discréditer un peu plus la Russie. Et là il faut parler du rôle des ONG.

Pendant les manifestations contre Milosevic j’ai observé le mode opératoire des organisations parapolitiques qui préparent le terrain pour l’attaque finale et que l’on appelle les Organisations Non Gouvernementales, les ONG. J’ai suivi le travail de pénétration de l’Université et de la Presse opéré par l’Open Society Institute (OSI), aussi appelé « Fondation Soros » et la méthode d’agitation de rue tirée des enseignements du professeur Gene Sharp, de l’Institut Albert Einstein : expliquée dans La Guerre Civilisée cette méthode consiste à utiliser le mécontentement latent d’une partie de la population, en particulier la jeunesse et son besoin de contestation, pour la jeter dans la rue et la dresser contre les « dictateurs » sous les apparences de manifestations pacifiques et festives. Dans ces réunions et manifestations on repère les meilleurs éléments, on les éduque par des stages appropriés dans les pays voisins et on les forme pour un type d’action moins civilisé. Ces groupes d’agitation disposant des moyens matériels importants de la « révolution pré-payée » doivent prendre la tête des manifestations futures ou les susciter, sélectionner les slogans et les banderoles, enfin par des affrontement calculés avec la police donner l’impression que le mouvement « démocratique et pacifique » est odieusement réprimé par « la dictature ». A ce moment-là les reporters photo de Reuters ou des « journalistes indépendants » entrent en action.

En Occident la photo de la jeune fille offrant une fleur au sinistre milicien du président à renverser et du régime à détruire fait la une des quotidiens et l’ouverture des journaux télévisés. Ces dernières années toutes les « révolutions télévisées » ou leurs tentatives dans les pays-cible ont leur douce fille offrant une fleur aux sinistres « paramilitaires ».On l’a vu en Serbie, en Géorgie, en Ukraine, au Venezuela, au Liban, en Kirghizie. A Minsk le Président Lukashenko, visé en ce moment par une pétition de Soros et de Desmond Tutu, n’a pas laissé le temps à la douce jeune fille d’offrir sa fleur, le photographe missionné n’a pas pu l’approcher et l’ambassadeur américain Michael Kozak (qui a opéré il y a quelques années au Nicaragua) en a été pour ses frais. Raison de cet acharnement contre un Chef d’Etat qui a compris – il est le seul à être venu en Serbie pendant les bombardements – , ne se laisse pas faire et est protégé par la Russie.

Cette référence (jeune fille-fleur-milicien) n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la forme de guerre menée par l’Occident, toujours sur les mêmes thèmes, et indique l’existence d’une main cachée qui dirige. D’ailleurs les bénéficiaires des révolutions pré-payées avouent: le géorgien Michael Saakashvili a reconnu avoir suivi un stage d’Otpor en Vojvodine pour préparer son coup contre son rival Shevarnadze (Richard Miles, l’ambassadeur US à Tbilissi était auparavant chargé d’affaires à Belgrade, ce qui arrangeait bien les choses) et on se souvient de la présence de chefs d’Otpor en Ukraine au début du processus de la « révolution orange ». Sur l’espace de l’ex Union soviétique les clones d’Otpor sont connus, ils s’appellent Kmara en Géorgie, Pora en Ukraine, Zubr en Biélorussie, Kelkel en Kirghizie et depuis peu Oborona en Russie. Il ne faudrait pas pour autant donner à ces groupes plus d’importance qu’ils n’en ont. J’ai rencontré l’homme qui est entré au Parlement fédéral de Yougoslavie avec son tracteur le fameux 5 octobre attribué à Otpor. Il a reconnu s’être fait manipuler et m’a juré qu’il entrerait à nouveau au Parlement mais avec une autre intention. Sa motivation s’inscrivait dans l’ambiance carnavalesque artificiellement créée et non dans un besoin sérieux d’action.

Si le 5 octobre 2000 a pu avoir lieu ce n’est pas dû à Otpor comme on l’a fait croire en Occident, mais à la neutralisation des organes de sécurité, de la radio et de la télévision. Cela s’appelle un coup d’Etat. L’astuce consiste à coupler le coup d’Etat avec une élection qui, quel que soit le résultat, est gagnée d’avance. Si elle est gagnée, elle est gagnée mais si elle est perdue elle est aussi gagnée, on brandit l’accusation de fraude et le tohu bohu , le tintouin médiatique commence, contraignant le vaincu désigné à se démettre et propulsant le vainqueur tout aussi désigné sur le trône. On a créé pour cela des instituts de sondage appropriés qui donnent les résultats avant la commission officielle : les « exit polls » sont chargés de donner gagnant le « pro-western », « western educated » et « pro-market » candidat.

Considéré comme un obstacle Arkan avait été préventivement assassiné le 15 janvier. Sans ordres les militaires étaient restés dans leurs casernes. Quelques jours avant le coup d’Etat déguisé en « victoire de la démocratie », le SDB (la police politique), s’était entretenu avec l’Intelligence Service près de Banja Luka, secteur britannique de la Bosnie occupée. Un marché avait été conclu, qui devait permettre aux chefs de la police et à certains officiers sur les listes du Tribunal de la Haye de ne pas être inquiétés s’ils ne bougeaient pas. Otpor c’était pour le cinéma, pour les actualités télévisées. Ils n’ont, ces groupes comme Otpor, d’importance qu’à un moment donné et qu’au sein d’un dispositif général dont ils ne sont qu’un élément (facile à contrer à condition de le vouloir comme en Biélorussie ou au Liban). Fondés sur la base des techniques de manipulation dérivées du behaviourisme et du social engineering anglo-saxon, ces groupes créés pour faire illusion sont à l’opposé de ces formations de combattants et de croyants ou de ces avant-gardes conscientes et organisées qui marquent l’Histoire. Ephémères comme ces cachets effervescents qui se dissolvent au fond d’un verre, leurs dirigeants s’en disputent misérablement les deniers de la trahison qui se tarissent quand le carnaval est fini…

8. Quel fut le sens réel de la « Guerre du Kossovo » ? Quelles furent ses objectifs réels ? Prendre à la Serbie ce territoire pour l’incorporer à la Grande Albanie ?

Ce que l’on a appelé improprement la « Guerre du Kossovo » a été en fait une guerre contre la Serbie. L’objectif était de faire tomber Milosevic et de s’installer politiquement et militairement. Les bombardements de l’OTAN n’ont été qu’un aspect de cette guerre de basse intensité qui durait depuis 1991 avec la diplomatie coercitive, l’embargo, la propagande médiatique. Les criminels de guerre anglo-américains procèdent toujours de la même façon, ils vous cassent les genoux puis vous attaquent quand vous êtres à terre. On dit que Milosevic a eu tort de signer les accords de Kumanovo qui permettaient l’entrée de l’OTAN à Pristina après trois mois de résistance héroïque de l’armée et du peuple. C’est vrai mais il faut savoir que les Américains avaient menacé de « raser complètement Belgrade » par des bombardements massifs comme ils l’ont fait à Dresde. Cela voulait dire des centaines de milliers de morts supplémentaires dans un pays déjà éprouvé par neuf ans de guerre. La seule solution face à cette menace aurait été de transférer tout le monde à la campagne et de se préparer à un affrontement au sol. Le peuple était tellement monté contre les agresseurs qu’il aurait suivi. Les pro-occidentaux adoptaient profil bas. Les nationalistes-révolutionnaires de tous les pays envisageaient de former des Brigades européennes un peu comme les groupes en action en Irak aujourd’hui. J’en avais parlé à Seselj qui m’avait affirmé qu’il y avait déjà un grand nombre de volontaires étrangers mais que le type de guerre mené (bombardements à haute altitude pour éviter la défense anti-aérienne) rendait ces volontaires pour le moment inutiles, ce qui était vrai. Commandant en chef de l’Armée, titre purement honorifique dans la mesure où il ne se battait pas, Milosevic aurait-il été capable de mettre sur pied une telle évacuation et mobilisation? On peut en douter. Quoi qu’il en soit l’idée des Brigades européennes était pertinente et le chantage américain ignoble. Il explique que pratiquement aucune publicité n’ait été faite sur les pertes de l’OTAN en hommes et en matériels, un sujet encore tabou aujourd’hui. Je peux vous affirmer que l’OTAN a subi des pertes au sol au Kossovo où des Forces spéciales anglo-américaines encadraient l’UCK et dans les airs, sur le territoire de la Serbie et du Monténégro et dans les entités voisines (Bosnie, Macédoine, Croatie).

Me trouvant en Serbie pendant les bombardements dans une zone très visée, j’ai entendu et vu passer les missiles Tomahawk de près ; ils rasaient les toits et allaient se fracasser sur leurs cibles une seconde après. La PVO, défense anti-aérienne, en a détruit une grande quantité . Durant cette guerre les Américains se sont débarrassés d’une partie de leur stock de missiles qui allait devenir obsolète. Ca leur revenait moins cher de les balancer sur un peuple que de les détruire ultérieurement dans le désert du Nevada. Concernant les combats aériens le rapport des forces étant ce qu’il était, eu égard à la disparité des moyens, on a vu pour la première fois en Europe depuis la seconde guerre mondiale l’apparition dans les airs de Kamikazes. Des Serbes.

Comme naguère les Britanniques au Proche Orient, dans les Balkans les Américains se sont livré à la manipulation ethnique et religieuse et là ils ont joué les Albanais contre les Serbes et les Musulmans contre les Orthodoxes. Ils font aussi cela dans le Caucase contre les Russes. Aujourd’hui au Kossovo le pouvoir se trouve entre les mains des chefs de clans albanais dont la plupart sont des trafiquants de drogue et des proxénètes. A Pristina, la capitale, on compte actuellement 122 bordels importants et 290 dans toute la province. Sous prétexte d’ empêcher la « catastrophe humanitaire » inventée par William Cohen , CNN et la BBC l’OTAN a installé au pouvoir la pire mafia. Lors du débarquement en Sicile en 1944, les Américains s’étaient servis de la mafia italienne mais ils n’avaient fait que s’en servir. Dans le cas du Kossovo ils ne se sont pas contentés de s’en servir, répétons-le, ils l’ont installée au pouvoir. Les Européens le savent et continuent à mentir à leur opinion publique en affirmant qu’ils sont venus avec les Américains « rétablir la paix ». La drogue vient d’Afghanistan, passe en Asie centrale et en Turquie via la mafia turque et tchétchène et est transformée dans une douzaine de laboratoires situés en Macédoine et surtout au Kossovo où l’on produit chaque jour 15 tonnes de stupéfiants. 1 kilo est réservé à la base américaine de Camp Bondsteel et seulement 2 kilos restent au Kossovo. Le reste est acheminé dans toute l’Europe occidentale via l’Albanie, la Bulgarie et la Serbie. Sous prétexte de défendre une minorité menacée, on a organisé localement le nettoyage ethnique des Serbes, brûlé leurs maisons, détruit une partie de leurs édifices religieux et hissé au pouvoir une mafia sanguinaire. Si Washington octroie l’ « indépendance » au Kossovo, cela signifiera la création au flanc Sud de notre continent du premier Etat de narco-trafiquants du monde. Depuis les guerres de l’Opium contre la Chine les méthodes de subversion héritées des Britanniques ne changent pas, elles reposent sur la duperie, la manipulation et le crime.

Cinq ans après l’agression meurtrière de l’OTAN (plus de 3000 morts, 12.000 blessés et n’oublions pas tous ceux qui devaient être victime de maladies graves consécutives aux poisons répandus) il n’y a pas de paix au Kossovo. 250.000 Serbes ont dû fuir les bombardements et les exactions de l’UCK, un mouvement équipé et entraîné par la mafia albanaise et les services secrets anglo-américains. Les minorités non albanaises (Gorancis, Roms, Ashkalis, etc) qui n’ont pas été complètement chassées subissent la violence et la discrimination. Les 120.000 Serbes qui survivent au nord de Kosovska Mitrovica ou dans des enclaves comme Gracanica ou Strpce ne peuvent se déplacer librement hors de ces enclaves. Depuis l’entrée de l’0TAN plus de 170 édifices religieux orthodoxes (églises et monastères) ont été détruits sous les yeux des « soldats de la paix ». A 200 mètres du pont sur l’Ibar séparant en deux Kosovska Mitrovica, lors des attaques albanaises du 17 mars 2004, les goumiers marocains de la KFOR (nom de l’OTAN élargie au Kossovo) ont laissé attaquer et brûler la principale église orthodoxe qui avait le malheur de se trouver dans un secteur albanais. Lors de ces « pogroms de mars » 35 édifices orthodoxes avaient été détruits, des milliers de maisons serbes avaient encore été brûlées et plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées. En France le porte parole du Quai d’Orsay avait qualifié ces sanglants événements de simples « incidents », les officiels français montrant moins d’indignation pour les monastères orthodoxes brûlés « à deux heures d’avion de Paris » (pour reprendre l’expression consacrée) que pour des graffitis d’adolescents en banlieue parisienne ou en province. A Kosovska Mitrovica l’OTAN a interdit que l’on sonne les cloches pour le culte orthodoxe parce que cela gênait les Albanais mais on peut entendre cinq fois par jour dans toute la ville (Nord et Sud) les appels des muezzins en arabe diffusés par haut parleur. Les mosquées offertes par les Séoudiens fleurissent un peu partout, presque autant que les stations service qui servent à blanchir l’argent de la drogue. D’ailleurs les mosquées aussi.

Kosovska Mitrovica n’est pas seulement une ville divisée, le Nord étant serbe et le Sud albanais, où survit la moitié de la populations serbe actuelle du Kossovo. C’est aussi un lieu de conflit souterrain entre les Français et les Américains. Les Serbes ont su nouer de bonnes relations avec la troupe française d’occupation qui préfère aller relâcher au Nord où elle est bien accueillie parce que « française et correcte » plutôt qu’au Sud. En revanche Anglais et Américains sont détestés et ils évitent le contact avec la population. Aux environs de Kosovska Mitrovica, près de la petite ville serbe de Zvecan on trouve aussi les mines de Trepca (zinc, argent or, cadmium) reluquées par Soros et dont un ami de Chirac possédait des parts. Après les événements de mars 2004, International Crisis Group (ICG), l’ONG de Morton Abramowitz financée par Soros et quelques dizaines de « charitable trusts » new-yorkais, a violemment critiqué le comportement des Français, les accusant d’avoir pris parti pour les Serbes et demandant la « rotation ». La rotation aurait consisté à évacuer la troupe française dans un autre secteur et à y installer une troupe britannique. Elle n’a pas eu lieu. On voit à quoi servent ces ONG soi disant pour la prévention des conflits. Abramowitz et sa bande n’en sont pas à leur premier coup d’essai, dans la guerre afghane contre la Russie soviétique au milieu des années 1980 il faisait livrer des armes (notamment des missiles Stinger destinés à abattre les avions et les hélicoptères russes ) aux Moudjahidine afghans d’Ekmatyar, le supérieur hiérarchique de Ben Laden. A Paris Alexandre de Marenches et Christine Ockrent, la femme de Kouchner, nous expliquaient que ces Afghans étaient des « combattants de la liberté ». Christine Ockrent figure avec Simone Weil sur la liste des membres d’ICG, groupe à dominante anglo-saxonne.

Pour les Serbes la résolution 1244 de l’ONU n’a pas été appliquée. Cette résolution stipulant le retour des réfugiés serbes et non albanais et la présence d’une force de sécurité serbe a été violée par ceux-là même qui étaient chargés de la faire appliquer. Tout est fait pour arracher le Kossovo à la Serbie. On a fait élire un parlement qui est en fait l’assemblée générale des trafiquants de drogue, on a changé les plaques d’immatriculation des véhicules, on a installé un réseau de téléphonie mobile spécifique où Madeleine Albright a des intérêts. Clinton a son boulevard à Pristina, les rues de l’OTAN fleurissent un peu partout et trois drapeaux trônent sur les édifices : celui de l’Albanie, celui des Etats-Unis et celui de l’OTAN. Dopés par ces soutiens et convaincus de continuer à bénéficier de leur impunité les chefs de clans albanais préparent la suite qui est la réalisation d’une Grande Albanie comprenant le Kossovo, la partie Nord et Ouest de la Macédoine, les parties Nord-Est et Sud-Est du Monténégro et le Nord-Ouest de la Grèce baptisé Shameria. A cela ils ajoutent en Serbie les places de Bujanovac, Presevo et Medvedje ainsi que le Sandjak de Novi Pazar en partie slave musulman et non albanais. Il est évident que cet objectif est facteur de troubles et de guerre régionale pour le futur, ce qui entre dans le calcul des Américains dont le but (ici comme ailleurs) n’est pas la paix ni la résolution des conflits mais l’entretien des antagonismes et de l’instabilité pour justifier leur présence militaire, multiplier les micro-entités non viables, affaiblir l’Europe et partir à la conquête de l’Eurasie.

9. Donc il ne s’agit pas seulement de Grande Albanie, ni de démocratisation de l’espace yougoslave ? Il s’agit aussi et surtout d’une colonisation et d’une marche vers l’Est ?

Oui. Bien que les Américains investissent finalement assez peu dans la région. Par exemple en Serbie au début de l’année ils n’arrivaient qu’en septième position, loin derrière les Hollandais, les Grecs, les Autrichiens. Certes Madeleine Albright, Wesley Clark et William Walker font des affaires personnelles au Kossovo avec la téléphonie mobile ou les pneumatiques mais les autoroutes et les oléoducs construits ou en construction, accompagnés de systèmes de communication modernes s’inscrivent dans le plan plus « global » du nouveau Drang Nach Osten US ou nouvelle conquête du Far East. On évoque aussi la nouvelle Croisade menée par « proxy » (les pions régionaux et les pays européens) par l’aréopage sans frontière basé aux Etats-Unis, qui ne se reconnaît dans aucune des religions principales de la région et s’acharne à vouloir détruire le monde slave orthodoxe, de la Serbie à la Russie. Avant de s’attaquer à cette dernière il était nécessaire de balkaniser les Balkans. Clairement expliqué par Zbiniew Brzezinski dans ses deux derniers livres l’ objectif des Etats-Unis est avant tout un objectif géopolitique et militaire. Il s’agit de faire éclater la Russie pour l’empêcher de faire naître demain avec la partie Ouest de l’Europe, autour du premier axe Madrid-Paris-Berlin Moscou, la Grande Europe qui signifie pour Washington la fin du rêve de domination mondiale. Il s’agit aussi de s’emparer à bas prix des richesses de la région.

Aujourd’hui, pour les ressources en pétrole et en gaz, en dehors du Proche Orient les Américains lorgnent d’autres zones où ils fomentent des conflits, le Golfe de Guinée et la région Caspienne-Asie centrale. En matière d’énergie les Balkans n’ont d’importance que par rapport à l’acheminement des hydrocarbures mais l’on constate, pour ne prendre que le cas de la Serbie, le pillage des entreprises à rendement immédiat après un faible investissement, via les Agences de Privatisation. Le Fonds Monétaire International (FMI), qui est l’un des outils de l’asservissement des « nations émergentes » ou en « transition », exige par exemple une reforme complète du complexe pétro-chimique bombardé par les avions de l’OTAN (ou la répartition du travail). Des réformes exigées aussi pour l’Armée qui doit « réduire son format » pour entrer dans l’OTAN et doit livrer le secteur armement de Zastava aux Américains. Dans le cadre des « privatisations », le tabac dont les entreprises ont été elles aussi bombardées en 1999 est passé sous la coupe de Bristich American Tobacco. L’eau minérale intéresse aussi les multinationales comme Pepsi Coca, dans le cadre de la bataille de l’eau à venir. De même le grand immeuble bombardé où se trouvait le siège du SPS et celui de multiples sociétés à Novi Beograd abrite des sociétés américaines. Ces derniers ont raflé la principale usine sidérurgique du pays à Smederevo, rebaptisée « US Steel ». Le parc hôtelier est bradé, vendu à des fonds d’investissements basés dans les paradis fiscaux comme Belize. Les restautants traditionnels, qui faisaient le charme de Belgrade, deviennent des fast foods et des pizzerias. Le pays est envahi par le matraquage publicitaire et la sous-culture américaine. Enfin la bataille entre Boeing et Airbus fait rage, Slobodan Milosevic ayant passé accord avec la firme européenne pour équiper la JAT, la compagnie aérienne serbe, d’Airbus tandis que le « nouveau régime démocratique » a favorisé jusqu’à présent Boeing. Enfin la quasi totalité de la presse et de la publicité est passée sous contrôle étranger. Finalement le seul moment où l’information était équilibrée et la presse libre et pluraliste l’était sous le « régime dictatorial » de Slobodan Milosevic. A partir de tous ces exemples on peut dire que la démocratie imposée, c’est le règne de l’étranger, de l’argent et des mafias. Nous en avons la preuve ici.

Mais dans l’optique des Américains « the job is not finished », la balkanisation des Balkans doit continuer. Aux Etats-Unis on s’active pour détacher le Kossovo de la Serbie. Introduite par le lobby pro-albanais de Washington dirigé par Joe DioGuardi et Tom Lantos une nouvelle résolution du Sénat pour l’ « indépendance » du Kossovo est prévue en octobre, mais on cherche aussi à réduire la Serbie à un « Pachalik » du Nord en la séparant du Monténégro et en provoquant des troubles au Sandjak de Novi Pazar pour y créer une nouvelle entité indépendante. A Novi Pazar, ami personnel du premier ministre turc Erdogan, qui lui avait ouvert une « ambassade » sur le Bosphore quand il était le maire d’Istanbul au plus fort de la guerre en Bosnie, le chef de file du mouvement séparatiste local qui se dit « bosniaque », Suleiman Ugljanin, se verrait bien comme chef d’Etat.

Au Monténégro

courage !

Article lié : Révolution par l'Église — Rubrique Analyse, de defensa Volume 18, numéro 20 du 10 juillet 2003

Antidoxe

  21/09/2005

Bravo à l’auteur de l’article de rester fidèle à la ligne de de defensa, à savoir ne pas hésiter à lever les lièvres de la pensée conformiste contemporaine.

Il faut avoir le courage de la vérité pour oser ramer à contre-courant et prendre des coups. Vous le faîtes très bien me semble-t-il.

Il n’est pas question, bien entendu, d’embrigader qui que ce soit, comme certains feintent de le croire dans leurs commentaires, mais seulement d’étudier les réalités sans préjugés ou grilles de lecture préconçues.

Pourquoi reconnaître quelque rôle positif à l’Eglise est-il ainsi devenu tabou ? Faire l’impasse sur ce qu’elle a pu apporter de bon (notamment quand elle continue, elle aussi, à ramer à contre-courant) est le symétrique inverse, également aveugle, de ceux qui ne veulent voir que ses bons côtés.

Il faut oser ouvrir les deux yeux et regarder ce qui est, sans idéologie.

Forum

Article lié :

swisswatch

  21/09/2005

Bonjour!
Ceci est une réflexion concernant la mise en page du forum. Il doit bien être possible de proposer un autre modèle de fenêtre pour la partie “votre message”, à savoir plus large, afin que nous puissions voir le texte que nous écrivons dans son entier. Non?
SW.