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Gunfight At EU Corral : Junker And Blair Launching Challenges In Front Of EU Parliament

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Stassen

  23/06/2005

Tony Blair succède à Jean-Claude Juncker dans un climat tendu


19 juin 2005 (Reuters - 20:56)
par Yves Clarisse
BRUXELLES - Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker s’apprête à céder dans l’acrimonie la présidence de l’Union à son homologue britannique, qui peut se préparer à un semestre “pourri”.

Tony Blair aura fort à faire à partir du 1er juillet pour égaler la réputation du doyen du Conseil européen qui, malgré son relatif jeune âge (50 ans), joue les “fixeurs” de l’UE depuis plus de dix ans grâce à son art du compromis.

Malgré le fiasco du sommet de Bruxelles sur le financement de l’Europe élargie, le Luxembourgeois a été vigoureusement applaudi par les centaines de journalistes présents dans la nuit de vendredi à samedi, une scène inédite digne de la Roumanie de Ceaucescu.

C’est peu de dire que l’homme s’est taillé une réputation à faire pâlir d’envie tous ses homologues européens.

“Découragé, un peu triste” devant la “crise profonde” provoquée par cet échec ainsi que par le rejet de la Constitution européenne en France et aux Pays-Bas, il est devenu l’“homme à tout faire” vers qui tous les regards se tournent dès qu’il y a un problème à régler dans une Union toujours divisée.

Quand on cherche un président de la Commission exécutive, c’est tout naturellement à Juncker que l’on propose la fonction en 2004.

Il déclinera l’invitation unanime de ses homologues, qui ne voulaient pas le croire lorsqu’il leur disait avoir promis aux électeurs luxembourgeois qu’il resterait à son poste en cas de réélection en juin 2004, ce qui fut le cas.

ACCORD SUR LE PACTE DE STABILITE

C’est évidemment à lui que l’on pense pour présider pendant deux ans l’Eurogroupe, le forum de coordination des politiques économiques de la zone euro, un mandat qu’il acceptera.

Depuis, comme par miracle, ce cénacle s’est mis à fonctionner de manière plus efficace et est parvenu en mars à un accord sur la réforme du pacte de stabilité de l’euro que l’on disait impossible quelques mois auparavant.

L’un des autres succès de sa présidence a été l’orchestration réussie du sommet de la “réconciliation” euro-américaine avec George Bush, le 22 février.

A Bruxelles, il a tenté jusqu’à la dernière seconde de boucler un compromis sur le budget de l’Union européenne de 2007 à 2013 et, de l’avis général, on était proche de l’accord.

Mais l’Espagne, la Finlande, les Pays-Bas, la Suède et, surtout, le Royaume-Uni, l’ont empêché de couronner sa présidence par un accord qui aurait quelque peu dissipé le double “non” à une Constitution à laquelle il tient beaucoup.

Les pays qui se sont retrouvés dans la minorité s’en sont pris à la stratégie du Premier ministre luxembourgeois, qui a cherché à isoler le Royaume-Uni pour le faire “craquer”.

“S’il y a eu une telle tentative, ça a raté”, a estimé Tony Blair, qui a dénoncé les “tactiques et manoeuvres” de Juncker.

Ce dernier n’a pas caché qu’il ne passerait pas, selon une formule célèbre, ses vacances avec son successeur à la tête de l’Union européenne.

Que fera-t-il le 23 juin, quand Tony Blair présentera ses priorités ? Malheureusement, ce sera la fête nationale luxembourgeoise: “Par conséquent, je ne serai pas à l’écoute.”

CONTEXTE TENDU
Quel conseil lui donnera-t-il ? Aucun, “puisque visiblement on n’écoute pas mes conseils”, a-t-il expliqué.

Que lui inspire la date du 18 juin, 190e anniversaire de la victoire britannique sur les troupes napoléoniennes à Waterloo? Il préfère se souvenir d’un autre 18 juin, celui de l’appel du général de Gaulle en 1940 appelant les Français à résister à l’occupant nazi.

C’est donc dans un contexte pour le moins tendu que Blair prendra les rênes de l’Union européenne dans deux semaines.

Il trouvera face à lui les pays qui, comme l’Allemagne, la France, le Luxembourg, la Belgique, et même les dix nouveaux entrants, qui le rendent responsables de l’échec.

Or, il lui sera impossible de redresser la barre.
On voit mal le Royaume-Uni, dont la “ristourne” de cinq milliards d’euros annuels - et bientôt huit milliards - sur sa contribution au budget européen est au centre de la querelle, proposer une réduction de ce généreux “chèque”.

Londres, qui veut lier toute réduction de ce mécanisme à une remise en cause fondamentale de la Politique agricole commune (PAC), n’est pas non plus considéré comme un “honnête courtier” sur ce point, comme doit l’être une présidence de l’UE.

L’accord est donc reporté à 2006, avec tous les dangers que cela suppose: on sera alors plus proche des échéances électorales en France et aux Pays-Bas, deux des pays les plus durs.

Tony Blair, qui veut se faire le champion de la modernisation de l’Europe, risque aussi d’être confronté sur un dossier-clé de sa présidence à l’intransigeance française.
C’est en effet pendant le prochain semestre que les Vingt-Cinq sont censés parvenir à un accord sur la libéralisation des services, la fameuse “directive Bolkestein” honnie en France, où elle a joué un rôle dans le “non”.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=305126#
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Discours
Texte intégral de l’intervention de Jean-Claude Juncker, président en exercice du Conseil européen, devant le Parlement européen, sur les résultats de la Présidence luxembourgeoise et le Conseil européen des 16 et 17 juin - Bruxelles, 22 juin 2005
Date du discours : 22-06-2005
Lieu : Parlement européen, Bruxelles
Orateur : Jean-Claude Juncker
Domaine politique : Affaires générales et Relations extérieures
Réunion : Mini-plénière du Parlement européen

Monsieur le Président,

Monsieur le Président de la Commission,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

la présidence luxembourgeoise touche à sa fin. Certains diront heureusement, moi je le regrette beaucoup. J’aurais aimé continuer.

(Applaudissements)
L’heure du bilan est donc arrivée. Nous pouvons faire plusieurs constats que j’espère incontestables. Premièrement, en effet, nous avons été capables d’amener le Conseil européen ou des ministres à prendre quelques décisions dans des secteurs où les controverses étaient particulièrement vives en début d’année. Nous avons réformé le pacte de stabilité et de croissance, mettant ainsi fin à une longue période d’incertitude qui contenait en germe un lourd contentieux entre les États membres de la zone euro. Nous n’avons pas chassé la stabilité mais nous en avons ajouté au volet préventif du pacte. Nous n’avons pas flexibilisé à outrance son volet correctif, mais nous avons donné à celui ci une tournure et une lecture plus économiques qu’automatiques. Président de l’Eurogroupe, je veillerai à la bonne application et à l’interprétation judicieuse du pacte qui, désormais, tiendra mieux compte de ses deux dimensions qui se valent: stabilité mais aussi croissance, croissance mais aussi stabilité.

Deuxièmement, le Parlement, la Commission et le Conseil ont réussi à donner une nouvelle force à la stratégie de Lisbonne. Une compétitivité renforcée, une modernisation accrue de nos comportements et de nos politiques économiques, une volonté retrouvée d’innover et d’avancer sur le plan de la recherche: voilà les grands axes de la nouvelle stratégie qui ne fait pas l’impasse et qui n’a pas voulu faire l’impasse, comme certains avaient pu le souhaiter initialement, ni sur la cohésion sociale - laquelle est restaurée comme un grand objectif, une grande finalité de l’Union européenne - ni sur une politique environnementale appropriée - laquelle n’est pas, loin s’en faut, l’ennemie de l’emploi et de la compétitivité.

(Une sonnerie de portable ayant retenti, M. Juncker s’interrompt)
Allô.
(Rires)
J’étais habitué à ce que mes discours appellent des réactions. Je ne les savais pas aussi immédiates.

Pour en revenir à la stratégie de Lisbonne, nous changeons sa méthode d’application. Les États membres, par le biais de programmes nationaux de réforme, s’approprieront mieux la stratégie et deviendront ainsi redevables devant les parlements nationaux de la bonne tradition nationale des textes européens et de volonté européenne.

Le Conseil européen du mois de juin, celui de jeudi et de vendredi derniers, a arrêté pour la première fois de son histoire des lignes directrices intégrées, événement somme toute important dont, malheureusement, on n’a guère parlé ces jours ci. À ceux qui veulent moderniser l’Union européenne en donnant l’impression que les autres ne le voudraient pas, à ceux qui veulent mieux répondre aux défis nouveaux auxquels l’Union européenne doit faire face en donnant l’impression que les autres seraient aveugles à ces défis, je dis: “Lisez vos propres décisions et appliquez les au lieu d’en demander de nouvelles”.

Troisièmement, nous avons, Monsieur le Président, réussi à fixer, au niveau de l’Union européenne, les nouveaux objectifs en matière d’aide publique au développement. Après avoir rappelé que, d’ici à 2015, l’effort européen de coopération doit être porté à 0,70 % de nos richesses nationales, nous avons fixé à l’Union européenne un objectif intermédiaire qui est de 0,56 % de nos richesses nationales d’ici à 2010. Je ne suis pas peu fier de cette décision parce que je la savais contestée et controversée en début d’année. Cette décision, cette avancée augmentera le niveau de l’aide, qui passera de 46 milliards d’euros en 2006 à 66 milliards d’euros en 2010. Plus d’argent, donc, chaque année et, à partir de 2010, 20 milliards d’euros de plus par an. Ce n’est pas tout mais c’est déjà quelque chose. D’autres parties du monde aussi riches que l’Union européenne pourraient s’en inspirer utilement pour contribuer à l’éradication de la pauvreté, véritable fléau des temps modernes. Nous avons été capables d’éliminer l’esclavage au XIXe siècle, nous devons être capables d’éliminer la pauvreté pendant la première moitié du siècle en cours.

(Applaudissements)
Quatrièmement, enfin, Monsieur le Président, nous avons, conformément aux engagements que j’avais pris le 12 janvier, lorsque j’avais présenté le programme de la Présidence luxembourgeoise, amélioré nos relations avec notre partenaire américain. Cela fut le cas lors de la rencontre du 22 février dernier, dans cette ville de Bruxelles, avec le président Bush qui avait souhaité se rendre en Europe. Cela fut encore le cas lors du sommet de lundi avec le président Barroso et le président Bush.

Je signalerai que le dimanche, nous avions eu un autre sommet, avec le Canada. On parle trop peu souvent du Canada qui est un important allié pour l’Union européenne. L’Amérique du Nord, c’est aussi le Canada.

(Applaudissements)
Pour en revenir au sommet de lundi, nous avons pu constater l’ardente obligation qu’il y a, et pour l’Europe et pour les États Unis, de marcher ensemble sur la base de convictions communes. Aujourd’hui, se déroule à Bruxelles une conférence sur l’Irak que nous avions suggérée au président Bush lors de la rencontre du 22 février. L’Union européenne et les États Unis co-organisant et coprésidant aujourd’hui une conférence sur l’Irak: qui aurait pensé, il y a un an, il y a six mois, que sur un sujet aussi litigieux que l’Irak, l’Union européenne et les États Unis d’Amérique seraient un jour capables de se donner la main pour faire en sorte que la démocratie et la liberté s’instaurent de façon définitive en Irak? Je ne suis pas peu fier d’avoir pu amener Américains et Européens à retrouver une même ligne d’analyse et d’action concernant l’Irak. Par conséquent, il faut nous en féliciter.

(Quelques applaudissements)
Je ferai observer que vos applaudissements sont bien faibles sur ce point. Si j’étais revenu devant votre Parlement pour vous dire que les relations entre les Américains et les Européens se sont davantage détériorées, une bonne moitié d’entre vous se serait levée immédiatement pour dire que la Présidence doit reconnaître un lourd échec sur un volet important des relations extérieures.

De même, Monsieur le Président, nous avons pu trouver un accord avec la Russie voisine sur ce qu’il est convenu d’appeler les quatre espaces. Nos relations avec la Russie, si importantes depuis le sommet du 10 mai, se sont considérablement apaisées. Il convient de s’en féliciter. Des divergences de vue persistent cependant, il faut le savoir.

Monsieur le Président, en décembre 2004, sous Présidence néerlandaise donc - il est peut-être bon de le rappeler, - la future Présidence luxembourgeoise avait été chargée de parvenir, avant la fin juin 2005, à un accord politique sur les perspectives financières. Le 12 janvier 2005, à peine trois semaines plus tard, j’analysais devant vous, à Strasbourg, les chances d’un accord. Je vous disais, à l’époque, et je me permets de me citer, vous savez que j’adore me citer:

(Rires)
“Nous allons tout faire pour trouver un accord, mais je ne me fais pas d’illusion. Les États membres se sont enfermés dans des positions à ce point strictes et figées qu’ils auront du mal à les quitter en temps utile”. J’avais vu juste et j’ajoutais, me citant à nouveau: “L’absence d’un accord en juin ne sera pas l’échec de la Présidence,...

(Applaudissements)
... ce sera l’échec de l’Europe”. Là, je n’avais pas vu juste, ou plutôt je n’avais pas entièrement vu juste. Certains accusent la Présidence d’être à l’origine de l’échec parce qu’elle a voulu aller jusqu’au bout du mandat qui lui avait été fixé à la fois par la Présidence précédente et par tous les États membres. D’autres prétendent que le désaccord n’est pas un échec de l’Europe parce que les accords sur les perspectives financières se feraient toujours au dernier moment. Je vous dis, moi, que c’est un échec pour l’Europe et aussi pour la Présidence parce que le désaccord sur les perspectives financières, accident de parcours en temps normal, nous a entraînés, après les incertitudes suscitées par les référendums français et néerlandais, dans une crise qui est profonde. Il est clair que ceux qui en portent la responsabilité vous diront qu’il n’y a pas crise. Moi, je vous dis que la crise est profonde parce qu’elle n’est pas exclusivement financière ou budgétaire.

Mais prenons les choses dans l’ordre. D’abord, entre la position de ceux des États membres qui voulaient limiter le budget européen à 1 % et la position initiale plus généreuse de la Commission, la Présidence a proposé, pour la période 2007-2013, un budget en crédits d’engagements qui portait sur 1,056 % de la richesse nationale et un budget en crédits de paiements qui portait sur 1 % de la richesse nationale. J’ai l’impression que ce volume est désormais globalement accepté par tous les États membres. C’est déjà ça et vous verrez: tout compromis futur ne divergera que millimétriquement de ce niveau de dépenses. Si c’est pour avancer de quelques millimètres plus tard, j’aurais préféré que nous décidions la semaine dernière.

J’ai reçu tous mes collègues membres du Conseil européen à Luxembourg, entre le 30 mai et le 12 juin, de 8 h 30 du matin à 22 h 30 le soir. J’ai négocié sur les perspectives financières avec mes collègues pendant cinquante heures et si vous y ajoutez les quinze heures de débats, de négociations, de consultations que nous avons eus au Conseil européen lui même, vous arriverez à un total de soixante cinq heures de consultations, de débats et de négociations. Très honnêtement, on ne peut pas faire plus et, très honnêtement, tous ceux qui viendront après moi feront moins.

(Rires et applaudissements)
J’ai écouté, pendant les cinquante heures de débats, je dois le dire, amicaux, et bilatéraux, attentivement mes collègues. Personne - et quand je dis personne, ce n’est personne - n’a exigé le maintien du chèque britannique tel qu’il existe, personne. Dans sa dernière proposition de compromis final, la Présidence luxembourgeoise a maintenu le chèque britannique dans son principe: nous ne l’avons pas gelé dans notre dernière proposition. L’économie générale du compromis était la suivante: le chèque aurait subsisté comme avant vis à vis des quinze anciens pays membres, comme avant, exactement comme avant, mais le Royaume Uni aurait normalement cofinancé la politique de cohésion dans les seuls nouveaux États membres tout en ne participant pas au coût de la politique agricole commune pour ce qui concerne ces mêmes États. Cet ajustement aurait eu comme équivalent un chèque qui aurait porté annuellement sur cinq milliards et demi d’euros, soit un niveau plus élevé que sur l’ensemble de la période 1984 2005. Initialement, la Présidence avait proposé un gel du chèque britannique à quatre milliards sept cents millions, ce qui nous aurait permis de corriger d’environ un milliard d’euros la contribution nette des Pays Bas et d’alléger le fardeau, de l’Allemagne et de la Suède notamment, jugé excessif.

Puisque vous demandez toujours de la transparence, vous allez en avoir. Les Pays Bas, leur premier ministre, leur ministre des affaires étrangères, leur ministre des finances savaient que l’intention de la Présidence était d’alléger d’un milliard d’euros par an le fardeau du pays. Nous n’avons pas pu le faire parce que le Royaume Uni n’était pas prêt à ajuster suffisamment le chèque britannique de façon à ce que nous disposions des marges de manoeuvre budgétaire nécessaires pour permettre aux Pays Bas de payer un milliard d’euros en moins et pour alléger le fardeau de la Suède et de l’Allemagne. Si ce milliard d’euros avait été accordé aux Pays-Bas, c’est l’Allemagne qui aurait dû le leur payer parce que le Royaume Uni n’aurait pas suffisamment revu son chèque à la baisse. Je voulais que vous le sachiez et je n’ai pas demandé à l’Allemagne de le faire parce que, déjà, l’Allemagne, par rapport à ses propositions initiales, avait fait un pas énorme en avant vers la position des autres pays membres. Donc si la proposition initiale de la Présidence avait été retenue, le problème des Pays Bas, de l’Allemagne et de la Suède aurait pu trouver une réponse facile. La proposition finale de la Présidence portant sur un niveau de cinq milliards et demi ne permettait plus de faire tout cela mais aurait au moins permis à la Grande Bretagne de cofinancer, comme il serait normal, les politiques de cohésion dans les nouveaux États membres, sauf la politique agricole commune sur laquelle, nous le savons, le Royaume Uni porte un regard particulier. C’est aussi simple que cela et, en même temps, aussi compliqué. Ah, si seulement ceux qui, un jour de forte inspiration, ont écrit une lettre à six, s’étaient mis d’accord sur le détail de leurs propositions!

(Applaudissements)
De plus, la Présidence proposait une déclaration du Conseil européen où celui-ci aurait estimé que, je cite, “il est nécessaire de réfléchir d’une manière plus appropriée sur la façon dont le budget européen répond aux défis futurs auxquels doit faire face l’Union européenne ainsi qu’aux priorités de nos citoyens. Une telle réflexion globale devrait conduire à une réforme de tous les aspects du budget”. Tous les aspects du budget, cela veut dire également la politique agricole commune. Vouloir nous amener à dire que cette réflexion devait porter sur la seule politique agricole commune était une proposition dont on savait pertinemment qu’elle serait rejetée et refusée par d’autres États membres, mais inclure dans la grille de lecture critique de nos comportements budgétaires tous les secteurs, toutes les catégories, toutes les branches concernés, voilà ce qui aurait donné à la Commission la possibilité d’avoir une bonne décision. Nous avions demandé à la Commission de faire un rapport sur tous ces aspects et la Commission était d’accord pour faire ce rapport, puisque le président de la Commission ne m’a pas quitté une seconde lorsque j’ai procédé à des entretiens bilatéraux pendant les réunions du Conseil européen. Il est d’ailleurs normal que la présidence de la Commission assiste à ce genre de conciliabule. Nous proposions donc de dire que, sur la base du rapport de la Commission, le Conseil européen prendrait les décisions appropriées et je cite le texte que j’avais proposé: “y compris des ajustements possibles des perspectives financières de la période 2007 2013”.

Voilà la décision qui a été suggérée par la Présidence: chèque britannique maintenu pour les Quinze; contribution britannique devant tenir compte des politiques de cohésion dans les nouveaux États membres, la politique agricole commune dans ces États mise à part;  proposition de la Commission jusqu’à la fin 2008 sur une réarticulation du budget; examen de sa proposition par le Conseil et possible modification des perspectives financières pour la dernière partie de celles ci, à partir de 2009. Je voulais vous le dire parce que personne ne vous l’a dit et parce que vous risquez d’entendre une autre explication sous peu.

(Applaudissements)
Il n’est pas vrai de dire que la Présidence a voulu tuer le chèque britannique. Nous avons voulu le maintenir pour l’Europe des Quinze, mais nous avons voulu lui donner une tournure plus solidaire pour les nouveaux États membres. Tel est le paquet qui a été rejeté. On a eu tort de rejeter ce paquet.

On a rejeté ce paquet bien que nous ayons introduit, sous le plafond de la décision d’octobre 2002, six milliards de coûts supplémentaires de la PAC pour la Bulgarie et la Roumanie. Alors que la lettre des Six pouvait donner l’impression que les Six étaient tombés d’accord sur le fait qu’il ne faudrait pas toucher à l’accord d’octobre 2002, j’ai pris sur moi ce risque pour les Quinze - risque d’ailleurs largement partagé par les autres qui étaient heureux d’avoir trouvé un initiateur sagement inspiré pour les Quinze. Alors qu’en 2006, quarante deux milliards d’euros seront dépensés en faveur des aides directes et des mesures de marché, la proposition de la Présidence aurait signifié, pour l’Europe des Quinze, une baisse de ce montant à trente cinq milliards d’euros en 2013. Nous serions passés, avec la proposition présidentielle, de quarante deux milliards d’aides directes et de mesures de marché à trente cinq milliards en 2013. Ce qui, en fait, pour l’Europe des Quinze, aurait signifié une baisse de près de 17 % pour la seule politique agricole commune. Et même dans l’Europe à vingt sept, c’est-à-dire avec nos amis roumains et bulgares, la PAC aurait connu une baisse de plus de 5 % sur la période considérée. Dire que rien n’a été fait pour alléger le fardeau du coût de la politique agricole commune ne correspond tout simplement pas à la réalité. Nous avons tout fait pour y arriver. Lorsque j’ai présenté, en octobre 1985, devant ce Parlement, le premier budget que j’avais à présenter ici, celui de 1986, l’agriculture absorbait 68 % du budget européen. J’avais proposé qu’elle n’en absorbe plus que 37 %, soit trente cinq milliards d’euros, en 2013. Quel chemin parcouru! Quelle obstination à ne pas le voir!

Selon la proposition de la Présidence, la PAC aurait en fait été le seul de tous les secteurs à voir ses dépenses baisser considérablement, alors que, par exemple,  les dépenses orientées vers le futur auraient toutes augmenté. Augmentation de 7,5 % pour les dépenses liées aux objectifs de Lisbonne:  7,5 %  par an sur toute la période 2007 2013, cela représente une augmentation des crédits alloués aux objectifs de Lisbonne de 65 % par rapport à 2006. Augmentation de 15 % pour les politiques relevant de la justice et des affaires intérieures, donc notamment celles dédiées à une lutte plus efficace contre la criminalité transfrontalière. Augmentation enfin de 2 % pour les politiques de cohésion à vingt sept, avec une plus forte concentration sur les nouveaux États membres. En effet, nous avions apporté quelques changements aux clés de répartition entre anciens et nouveaux États membres en ce qui concerne les politiques de cohésion, portant à 53 % la somme des crédits alloués aux nouveaux États membres alors que, dans la proposition de référence, celle de la Commission, ce chiffre se situait à 47 %. Dire que l’essentiel de l’effort aurait porté, dans notre proposition, sur les anciens États membres ne correspond tout simplement pas à la réalité des choses.

On compare ensuite, Monsieur le Président, le budget de la recherche à celui de la politique agricole commune et vice versa. On ne peut pas comparer l’incomparable. Pourquoi veut-on comparer ce qui est incomparable? La politique agricole commune est la seule politique vraiment communautaire financée entièrement par le budget européen. La recherche est une politique d’abord nationale appuyée par le budget communautaire. On ne peut pas comparer les deux. La PAC aurait coûté, suivant la proposition de la Présidence, 305 milliards d’euros pour l’ensemble de la période considérée. Les politiques publiques de recherche des États membres de l’Union européenne et de l’Union européenne auraient représenté, si les politiques nationales étaient restées au niveau où elles se trouvent aujourd’hui, 524,5 milliards d’euros sur la période 2007 2013, donc plus, bien plus que la politique agricole commune. Si les États membres, l’Union européenne ayant pu faire un effort suite aux propositions de la présidence, respectaient les engagements qu’ils ont pris au niveau de la reformulation de la stratégie de Lisbonne, ils porteraient de 1,9 % à 3 % la part publique dans les budgets de recherche par rapport au PIB. Les politiques nationales et celles de l’Union européenne portant sur la recherche devront, en 2013, avoir atteint un niveau de 785 milliards. Si toutes les décisions étaient respectées et si les propositions de la Présidence avaient été acceptées, les budgets de la recherche seraient de 785 milliards, je parle de la part publique des budgets de recherche, contre 305 milliards pour la politique agricole commune. Qu’on cesse donc de nous raconter n’importe quoi sur cette affaire. Les dépenses pour la politique agricole commune auraient été corrigées vers le bas et, comparées avec ce qui est comparable, elles restent très nettement plus de deux fois inférieures aux dépenses de la recherche. Cessons donc de comparer ce qui n’est pas comparable.

Voilà, Monsieur le Président, pour les faits succinctement résumés.  Aujourd’hui, nous avons un désaccord. Il faudra que nous trouvions un accord permettant d’entamer dans de bonnes conditions les nouvelles politiques à partir de 2007 dans les nouveaux États membres. Nous n’avons pas le droit de décevoir les nouveaux États membres qui, dans tous les entretiens bilatéraux que j’ai pu avoir et dans la discussion finale et globale, avaient un comportement des plus remarquables et des plus nobles. Il faut à présent aller de l’avant pour trouver une meilleure formule, si elle existe, sans toutefois casser les instruments de cohésion, sans toutefois réduire nos politiques communes, sans toutefois lancer un attentat sur les politiques de cohésion. C’est une exigence, c’est une exigence ardente. Pour le reste, le Luxembourg, que j’aurai plaisir à retrouver bientôt pour me consacrer exclusivement à ses affaires qui sont nombreuses, et sur le court terme d’ailleurs très importantes, est prêt à concourir de toutes ses forces à la recherche de cette solution, sans amertume et sans esprit de revanche.

Monsieur le Président, restait finalement à l’ordre du jour de la réunion du Conseil européen le processus de ratification de la Constitution. Je serai plus bref sur cet aspect des choses puisque les décisions que le Conseil européen, sur cette partie de son ordre du jour, a prises ont été plus objectivement commentées par les participants et par les observateurs. Nous devons constater que dix pays ont ratifié le traité constitutionnel, tandis que deux autres, la France et les Pays Bas, l’ont rejeté. Nous avons pensé, non pas parce que nous serions des obstinés et des acharnés ou des aveugles, que le traité constitutionnel n’était pas la question, mais que le traité constitutionnel était la réponse aux problèmes que de très nombreux Européens peuvent nourrir à l’égard de l’Union européenne. Par conséquent, nous avons décidé de poursuivre le processus de ratification. Certains États membres, sentant sans doute le besoin, avant de passer aux urnes via leur parlement ou le processus référendaire, d’intercaler une période de réflexion, d’explication, de débat, et donc de démocratie, ont décidé, suite à cette décision, de reporter les référendums ou les ratifications parlementaires qu’ils avaient programmés. Dans ces pays, des débats auront lieu.

Je voudrais, pour ma part, que cet appel, qui fut celui du Conseil européen, soit entendu et avoir maintenant une période plus étendue de réflexion, d’explication, de débat et, s’il le faut, de controverses, partout dans les États membres qui vont ratifier, dans les États membres qui ont déjà ratifié et dans les deux États membres qui ont rejeté le traité constitutionnel. Il faudra que des débats européens richement nourris et alimentés par les idées des uns et des autres aient lieu dans tous les pays membres de l’Union européenne. Il nous faut débattre de l’Europe et je voudrais que participent à ce vaste débat les institutions de l’Union européenne, le Parlement européen, le Conseil, la Commission, les États membres, la société civile, les syndicats et les partis politiques, les parlements nationaux. Je voudrais également que la Commission, dans ce débat, qui sera européen et vingt sept fois national, trouve toute la place qui est la sienne. Je voudrais que la Commission, qui est l’autorité gardienne non seulement du traité mais surtout de l’esprit du traité, gardienne aussi de l’ambition européenne, se trouve au centre de ce débat. Non pas pour donner l’impression que tout serait inspiré et dominé, laminé à partir de Bruxelles, mais pour que, dans ce débat vingt sept fois national et donc européen, nous ayons un fil conducteur qui soit celui de la sagesse et qui soit un fil conducteur d’ambition.

Monsieur le Président, je vous invite, je vous pousse, je vous presse pour faire de ce débat l’affaire de la Commission et votre affaire personnelle, je sais que vous voulez le faire, vous devez le faire, c’est urgent.

(Applaudissements)
On nous dit et je l’ai dit, que lors de ce débat budgétaire, nous avons vu s’affronter deux conceptions de l’Europe: celle qui mise plutôt sur les seules vertus du marché, marché qui est incapable de produire la solidarité, et celle qui mise non pas plutôt mais entièrement sur une intégration politique plus poussée. La zone de libre échange d’un côté et l’union politique de l’autre côté. C’est le débat que nous allons avoir, puisque déjà, à l’heure où nous sommes, nous avons en Europe deux camps qui s’affrontent. Ceux qui pensent que l’Europe telle qu’elle est va déjà trop loin et ceux qui pensent, comme moi, qu’elle doit encore aller beaucoup plus loin. Il faudra que ce débat d’explication soit mis à profit pour réconcilier ces deux parties de notre opinion publique qui, aujourd’hui, ne se parlent pas, qui se regardent en chiens de faïence, qui n’arrivent pas à dialoguer. Nous devons, nous, institutions européennes, jeter le pont entre ces deux camps de nos opinions publiques. Mais j’ai lu, et cela m’a beaucoup rassuré, que ceux qui avaient pensé, après le dernier Conseil européen, qu’il y avait eu choc, affrontement, entre deux conceptions de l’Europe, se trompaient lourdement. Que personne ne voulait en fait une zone de libre échange, cela m’a beaucoup rassuré.

(Applaudissements)
Vous savez, les zones de libre échange ne s’installent pas du jour au lendemain. Moins on investit dans l’union politique, plus on fait, sans le savoir, sans le remarquer, sans que l’on s’en aperçoive, avancer, avec une logique implacable, le concept de la zone de libre échange. Lorsque ce concept aura été consommé, il apparaîtra comme une évolution naturelle des choses ne nous permettant plus de revenir – ce que les tenants de la zone de libre échange concevraient comme un recul – à l’union politique. Il y a ceux qui disent qu’ils n’ont pas l’intention de conduire l’Europe vers une zone de libre échange, concept trop simpliste pour un continent ultra compliqué.

L’affaire est simple, ceux qui avaient pensé pointer du doigt le danger de la zone de libre échange se sont trompés. Ceux qui disent qu’ils se sont trompés, mettront à profit les prochains mois et les prochaines années pour montrer que eux aussi ils veulent une union politique telle qu’elle est décrite dans la Constitution et rien d’autre. C’est aussi simple que cela, il s’agit de dire oui ou non à la question que je viens de poser.

(Applaudissements)
Arrivé en fin de Présidence, Monsieur le Président, je voulais, cette fois ci, sans me citer, vous rappeler, qu’en début de Présidence, j’avais insisté sur la nécessité qu’il y avait de respecter les règles institutionnelles, de respecter ce qu’il est convenu d’appeler le triangle institutionnel auquel je continue à accorder un certain nombre de vertus. Nous l’avons fait pendant cette Présidence dans un esprit systématique. Il y a eu, entre la Présidence de l’Union européenne et la Commission, un échange de vues, un débat vertueux qui n’a jamais cessé. Rien de ce qui a été fait par la Présidence n’a été fait sans que la Commission ne le sache avant. Aucune initiative n’a été prise par la Commission sans que la Présidence n’en soit informée préalablement. Sur les initiatives de la Présidence, celle ci consultait la Commission. Sur les initiatives de la Commission, celle ci consultait la Présidence. J’ai éprouvé un énorme plaisir à travailler avec cette Commission et notamment avec son président, et je voudrais remercier la Commission et son président pour un grand nombre de bons conseils qu’elle a donnés à la Présidence luxembourgeoise. Merci Monsieur le Président de la Commission.

(Applaudissements)
Concernant votre Parlement, nous avons travaillé comme des jumeaux. Nous étions très souvent en désaccord, soit parce que vos propositions n’étaient pas sages, soit parce que les propositions sages de la Présidence ne furent pas acceptées par tous les États membres et donc n’ont pas pu trouver votre accord qui, pourtant, fut spontané à chaque fois que la Présidence vous présentait ses propres initiatives avant de les avoir présentées aux autres États membres. Le Parlement européen, aujourd’hui, a atteint sa maturité. Je ne le dis pas d’une façon paternelle, condescendante, mais je peux la mesurer au niveau des explications, à l’intensité et à la qualité des débats d’aujourd’hui comparés à ceux que j’ai connus depuis 1982. C’est un grand Parlement, qui n’a aucune raison de se cacher, qui porte la légitimité, qui porte les espoirs des peuples d’Europe. Très souvent, en réunion plénière, les parlementaires, sauf aujourd’hui – ce qui me fait grand plaisir –, ne sont pas suffisamment nombreux.

(Applaudissements)
Il faudrait peut être y travailler un peu. Je discute avec le Parlement et lorsque je quitte le Parlement, avec les groupes de visiteurs.

(Rires et applaudissements)
Ceux qui viennent au Parlement ne viennent pas seulement pour voir l’hémicycle, ils voudraient le voir rempli, c’est comme ça. Donc, il faudrait y travailler un peu. À part ça, nous connaissons les raisons qui font que les parlementaires ne peuvent pas toujours être présents dans l’hémicycle. Je dois dire que c’est un très grand plaisir de travailler avec le Parlement, en réunion publique, oui, mais surtout dans les commissions. Quel niveau de connaissances, quel engagement pour la chose européenne dans les réunions des groupes parlementaires et dans les réunions des commissions parlementaires, dans les nombreux entretiens avec les parlementaires individuels. Je vais beaucoup regretter de ne plus pouvoir me rendre aussi souvent au Parlement européen pour participer à ce grand débat européen qui a cours dans cet hémicycle et ailleurs.

Monsieur le Président, le 18 juin, tôt le matin après le Conseil européen, j’étais très triste, triste de ne pas avoir réussi à éviter à l’Europe une entrée, non pas définitive, mais déterminée dans la crise. J’étais triste et je l’ai montré. Je lis parfois que je n’ai pas été vraiment diplomatique, mais je n’ai aucune envie d’être diplomatique lorsque l’Europe est en crise, aucune envie d’être diplomatique, aucune.

(Applaudissements)
Ni aucune envie de jouer un rôle, d’être un figurant de théâtre. Je ne suis pas sur une scène, je veux travailler pour les intérêts de l’Europe et pour les intérêts de ses citoyens. Je n’ai pas le temps de jouer au théâtre. Parce que nous ne disons jamais les choses comme nous les pensons, parce que nous jouons toujours un rôle, parce que nous voulons toujours être diplomatiques pour ne pas heurter, les gens ne le comprennent pas et croient que nous sommes des machines. Nous ne sommes pas des machines, nous sommes des être humains, avec des déceptions et des désespoirs.

(Applaudissements)
J’étais déçu parce que j’avais cru l’Europe dans une situation permettant de dire qu’elle est parvenue à l’âge adulte et qu’elle est parvenue à sa maturité. J’ai constaté que la période post pubertaire de l’Union européenne dure. Moi qui l’avais crue adulte, je constate que nous sommes toujours dans les dernières étapes d’une longue période post puberté. C’est la raison de ma déception, mais j’avais aussi des raisons d’être satisfait. Satisfait, par exemple, d’avoir pu faire ce que nous avons fait, la plupart du temps d’ailleurs ensemble, d’avoir pu amener au moins vingt pays à un accord sur les perspectives financières. Cela fait déjà un beau troupeau, vingt pays sur vingt cinq. Et j’ai été heureux, fier d’entendre, et d’écouter et de voir les nouveaux États membres nous donner une leçon d’ambition européenne à la fin de la réunion du Conseil européen. Quelle honte pour ceux qui n’ont pas su développer le même discours!

(Applaudissements)
J’avais cru mes convictions quelque peu ébranlées aux premières heures du 18 juin, et je n’avais pas la force, ni d’ailleurs la grandeur, nécessaire pour lancer un autre appel qui aurait porté la même date. N’est pas De Gaulle qui veut! Je me découvre une modestie qui me surprend.

(Rires)
J’avais senti mes convictions un moment ébranlées tout de même, mais après quelques jours, après avoir reçu des milliers de lettres de toute l’Europe, après avoir reçu des encouragements de la Commission, du Parlement, de beaucoup d’observateurs qui sont aussi acteurs, je me sens, le moment de la première déception passé, plus déterminé que jamais. Notre génération n’a pas le droit de défaire ce que les générations précédentes ont fait.

(Vifs applaudissements)
Nous n’avons pas le droit de défaire ce que nos prédécesseurs ont fait parce que les générations qui vont suivre auront besoin d’une Europe politique. Si elle n’est pas politique, elle ira à la dérive. Elles ont besoin et veulent avoir une Europe solidaire, une Europe sociale, une Europe compétitive, une Europe forte chez elle, une Europe forte dans le monde. Alors, vieux Européens et Européens convaincus, allons y! Courage!

(L’Assemblée, debout, ovationne longuement le Président en exercice du Conseil)
http://www.eu2005.lu/fr/actualites/discours/2005/06/22jclj-pe/index.html

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23 June 2005
Prime Minister Tony Blair has delivered his address to the EU Parliament. Below is a translation of his speech into French.
Read the french version
Discours du Premier ministre Tony Blair au Parlement européen
23 Juin 2005

C’est un honneur pour moi d’être reçu au Parlement européen aujourd’hui. Avec votre permission, je viendrai vous rendre compte de l’action de la présidence britannique après chaque Conseil européen. Je consulterai en outre le Parlement avant le Conseil afin de pouvoir recueillir ses vues.

Ce discours tombe à point nommé. Quelles que soient les divergences par ailleurs, tout le monde est d’accord au moins sur un point : l’Union européenne est en plein cour d’une crise profonde. Aujourd’hui, je voudrais vous parler sans détour de l’analyse que j’en fais, de ses causes et des moyens d’en sortir. Les crises ont toujours du bon. Celle-ci peut être bénéfique pour l’Europe si nous avons le courage de nous en saisir.

Le débat ne doit pas être un mélange d’insultes et de questions de personnes. Ce doit être un échange d’idées ouvert et franc, et je commencerai par vous dire clairement comment je le définis et ce que je pense du désaccord qui le provoque.

Il ne s’agit pas de trancher entre l’Europe du « libre marché » et l’Europe sociale, entre ceux qui veulent en revenir à un marché commun et ceux qui croient en un projet politique. Ce n’est pas seulement une présentation déformée. C’est une façon d’intimider ceux qui veulent le changement en baptisant trahison de l’idéal européen leur désir de réforme, et d’essayer d’étouffer tout débat sérieux sur l’avenir en prétendant qu’insister pour en débattre, c’est souscrire à l’anti-Europe.

C’est un état d’esprit contre lequel je me suis battu toute ma vie politique. Les idéaux ne survivent que s’ils changent. Il meurent de l’inertie face aux difficultés.

Je suis passionnément pro-européen. Je l’ai toujours été. La première fois que j’ai voté, c’était en 1975, pour le référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Europe, et j’ai voté « oui ». En 1983, j’étais le dernier candidat sélectionné aux primaires, peu de temps avant les élections législatives. Lorsque mon parti s’est prononcé pour le retrait de la Grande-Bretagne de l’Europe, j’ai exprimé mon désaccord avec cette ligne de conduite. Certains ont cru que j’allais perdre les primaires. D’autres aujourd’hui voudraient bien que je les ai perdues. Finalement, j’ai travaillé à changer cette orientation politique dans les années 1980, et je suis fier de l’avoir fait.

Depuis que je suis Premier ministre, j’ai signé le chapitre social ; j’ai mis en place, avec la France, une politique de défense moderne pour l’Europe ; j’ai pris ma part à l’élaboration des traités d’Amsterdam et de Nice, puis aux travaux de Rome.

Nous avons affaire à une union de valeurs et de solidarité entre les nations et les peuples. Ce n’est pas seulement un marché commun dans lequel nous faisons des échanges, mais un espace politique dans lequel nous vivons en citoyens.
Cela ne changera pas.

Je crois en l’Europe comme projet politique. Je crois en sa dimension sociale, forte et humaine. Jamais je n’accepterais qu’elle ne soit qu’une économie de marché.

Dire que c’est là qu’est la question, c’est fuir le vrai débat et se réfugier dans la zone rassurante de ce que nous nous sommes toujours dit dans les moments difficiles.

Il n’y a pas de division entre l’Europe économique et l’Europe sociale. L’Europe politique et l’Europe économique ne vivent pas dans des mondes séparés.

La finalité de l’Europe sociale et de l’Europe économique, c’est de se soutenir l’une l’autre.
La finalité de l’Europe politique, c’est de faire fonctionner des institutions démocratiques efficaces, qui conduisent des politiques dans ces deux sphères et dans tous les domaines où nous voulons coopérer dans notre intérêt mutuel. Mais c’est aussi de savoir définir les politiques qui conviennent au monde d’aujourd’hui.

Les dirigeants européens l’ont fait pendant 50 ans. Nous parlons de crise, mais parlons plutôt de réussite. Quand la guerre a pris fin, l’Europe était en ruines. Aujourd’hui, l’Union est un monument de réussite politique. Près de 50 ans de paix, de prospérité et de progrès ! Pensez-y et soyez reconnaissants !

L’histoire va dans le sens de l’Union européenne. Partout dans le monde, les pays se regroupent parce que l’union fait la force. Jusqu’à la seconde moitié du 20e siècle, les nations européennes avaient dominé le monde, en avaient colonisé de vastes parties, et s’étaient battues pour y affirmer leur suprématie.

Après le carnage de la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants politiques ont eu la clairvoyance de comprendre que ces temps étaient révolus. Le monde tel qu’il est aujourd’hui n’enlève rien à leur vision de l’avenir. Il prouve leur sens de l’anticipation. Les États-Unis sont la seule superpuissance du monde. Mais dans quelques dizaines d’années, ce sont les économies de la Chine et de l’Inde qui seront au premier rang, et leur population sera le triple de celle de l’Union européenne. Le dessein d’une Europe unie dans la collaboration est essentiel pour que nos nations soient assez fortes pour tenir leur place dans le monde.

Près de 50 ans ont passé et il faut nous renouveler. Il n’y pas à en avoir honte. Toutes les institutions le doivent et nous avons les moyens de le faire. Mais seulement si nous remarions les idéaux européens auxquels nous croyons au monde moderne dans lequel nous vivons.

Face à cette vaste remise en question, si elles tombent dans l’euro-scepticisme et décident de se replier sur elles-mêmes dans l’espoir d’échapper à la mondialisation, de ne pas avoir à faire face au changement qui les cerne, et de se réfugier dans les politiques déjà en vigueur - comme si le simple fait de les répéter les rendait plus pertinentes - alors elles vont droit à l’échec. Un échec de grande envergure, d’ampleur stratégique. Ce n’est pas le moment d’accuser de trahison ceux qui veulent que l’Europe change. C’est celui de reconnaître qu’elle ne recouvrera sa force, son utilité, son idéalisme et donc l’adhésion de ses citoyens que si elle change.

Comme toujours, les hommes politiques ont du retard sur les peuples. Eux pensent toujours que leurs concitoyens, loin de l’obsession quotidienne de la politique, peuvent ne pas en comprendre, ne pas en voir toutes les subtilités et les complexités. Mais en fin de compte, ils voient toujours les choses plus clairement que nous. Justement parce qu’ils n’en sont pas obsédés au quotidien.

La question n’est pas le principe de l’Union européenne. C’est sa modernisation, ses orientations. Le débat n’est pas de savoir comment l’abandonner, mais comment lui faire faire ce pour quoi elle a été fondée : rendre la vie meilleure aux citoyens. Aujourd’hui ils ne sont pas convaincus. Réfléchissez !

Pendant quatre ans, dont deux au sein de la Convention, l’Europe a mené des débats sur son projet de Constitution. Ce texte détaillé et minutieux fixait les règles destinées à régir une Europe de 25, et à terme de 27, 28 États membres et davantage. Il a été approuvé par tous les gouvernements, soutenu par tous leurs dirigeants, avant d’être massivement rejeté par référendum dans deux pays fondateurs - dans le cas des Pays-Bas, par plus de 60 % des votants. La réalité, c’est que si l’on organisait aujourd’hui des référendums dans la plupart des États membres, le « oui » aurait du mal à l’emporter.

Il y a deux explications possibles. La première, c’est que les électeurs ont étudié précisément les articles du traité constitutionnel et qu’ils les ont désapprouvés. Je doute que ce soit là la raison du « non ». Ce n’était pas un problème de mauvaise rédaction ou de désaccord sur des points précis du texte.

L’autre explication, c’est que la Constitution a été le moyen d’expression d’un mécontentement plus général et plus profond de l’opinion vis-à-vis de la conduite des affaires de l’Europe. Je crois que là est la bonne analyse.
Si c’est le cas, il ne s’agit pas d’une crise des institutions, mais d’une crise politique. Les citoyens de l’Europe nous posent des questions difficiles. Ils s’inquiètent de la mondialisation, de la sécurité de l’emploi, des retraites et du niveau de vie. Ils ne voient pas seulement l’économie changer autour d’eux, mais aussi la société. Les communautés traditionnelles sont éclatées, les milieux issus de l’immigration changent, et la vie familiale est mise à rude épreuve dans la quête acharnée d’un équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

Nous vivons à une époque de réformes et de mutations profondes. Regardez nos enfants, les technologies qu’ils utilisent et le marché du travail qui les attend. Le monde est devenu méconnaissable, comparé au temps de nos études, il y a 20 ou 30 ans. Quand de tels changements se produisent, c’est aux hommes politiques modérés de montrer la voie. Sinon, ce sont les extrêmes qui influenceront le processus de décision. Cela se passe ainsi dans une nation. C’est ce qui est en train de se produire en Europe aujourd’hui.

Réfléchissons un peu. La Déclaration de Laeken, qui a ouvert la voie à l’élaboration d’une Constitution, était destinée à « rapprocher l’Europe du peuple ». L’a-t-elle fait ? Le plan d’action de Lisbonne a été lancé en l’an 2000 avec l’ambition de faire de l’Europe « l’économie la plus compétitive au monde à l’horizon 2010 ». Nous sommes à mi-chemin de cette échéance. Y sommes-nous arrivés ?

Conseil européen après Conseil européen, nous nous sommes prononcés sur les moyens à mettre en ouvre pour « remettre l’Europe en phase avec le peuple ». Qu’avons-nous fait ?

Il est temps de revenir sur terre, de se réveiller. Le peuple fait du tapage sous nos fenêtres. Y prêtons-nous l’oreille ? Avons-nous la volonté politique de sortir et d’aller à sa rencontre, afin qu’il voie dans notre autorité une partie de la solution, et non le problème ?

Voilà le contexte dans lequel il faut situer le débat sur le budget. On entend dire que nous avons besoin du budget pour restaurer la crédibilité de l’Europe. Certes. A condition qu’il soit bon. Il ne faut pas l’isoler du débat sur la crise. Au contraire, il doit faire partie de notre réaction à la crise.

Je voudrais dire un mot du sommet de vendredi dernier. On a laissé entendre que je n’étais pas disposé à accepter un compromis sur le rabais consenti à la Grande-Bretagne ; que je n’avais soulevé la question de la réforme de la PAC qu’à la dernière minute ; que je comptais la renégocier le vendredi soir. Or je suis le seul dirigeant britannique à avoir jamais dit que je remettrais le rabais sur le tapis. Je n’ai jamais dit qu’il fallait mettre fin à la PAC maintenant, ni qu’il fallait la renégocier toutes affaires cessantes. Ce serait absurde. Toute réforme doit tenir compte des besoins des communautés rurales et prendre son temps. J’ai simplement dit deux choses : que nous ne pouvions pas convenir d’une perspective financière qui ne prévoie pas au minimum un processus débouchant sur un budget plus rationnel ; et que ce processus devait permettre au budget d’influer sur la deuxième moitié de cette perspective, à l’horizon de 2013. Sinon nous nous retrouverons en 2014 sans qu’aucun changement de fond n’ait été décidé, et encore moins appliqué. D’ici là, bien entendu, la Grande-Bretagne assumera sa juste part de l’élargissement. Je signale que, quel que soit le mode de calcul, nous resterons le deuxième contributeur net de l’Union, et que nous aurons payé à ce titre des milliards d’euros de plus que d’autres pays de taille similaire.

Voilà donc le contexte. Alors, quelles pourraient être ces nouvelles lignes d’action pour l’Europe ?
Premièrement, moderniser son modèle social. Certains ont prétendu que je voulais abandonner le modèle européen. Mais dites-moi : que vaut ce modèle social qui a 20 millions de chômeurs et des taux de productivité inférieurs à ceux des États-Unis, qui forme moins de diplômés dans les matières scientifiques que l’Inde, et où - quel que soit l’indice retenu pour une économie moderne - les qualifications, la recherche et le développement, les brevets, les technologies de l’information, loin de progresser, reculent. L’Inde va multiplier par cinq son secteur des biotechnologies dans les cinq ans qui viennent. La Chine vient de tripler en cinq ans son budget recherche et développement.

Aujourd’hui, l’Europe ne compte que deux des 20 premières universités du monde.

La raison d’être de notre modèle social devrait être d’optimiser notre aptitude à soutenir la concurrence, et d’aider nos concitoyens à se faire à la mondialisation, à en saisir les chances et à en éviter les dangers. Nous avons besoin d’une Europe sociale, c’est certain. A condition qu’elle donne les résultats escomptés.

On nous a dit comment faire. Le rapport Kok, en 2004, nous a montré la voie : investir dans le savoir, la qualification professionnelle, les politiques actives en matière de marché du travail, les pôles scientifiques et l’innovation, l’enseignement supérieur, la revitalisation des quartiers et l’aide aux petites entreprises. C’est une politique sociale moderne, ce que ne sont ni la réglementation ni la protection de l’emploi, qui sauveront peut-être quelques postes aujourd’hui, au détriment de beaucoup d’autres demain.

Puisque j’en suis à démolir les caricatures, en voici une autre : l’idée que la Grande-Bretagne serait le porte-drapeau d’une conception anglo-saxonne extrémiste de l’économie de marché, où l’on écraserait les pauvres et les défavorisés. Le gouvernement actuel a adopté son « New Deal » en faveur des chômeurs, le plus grand programme européen de création d’emplois grâce auquel le chômage de longue durée des jeunes a pratiquement disparu. En cinq ans, il a augmenté les investissements dans les services publics plus que tout autre pays européen. Il le fallait, certes, mais nous l’avons fait. Nous avons mis en place, pour la première fois en Grande-Bretagne, le salaire minimum. Nous avons régénéré nos villes. Nous avons sorti près d’un million d’enfants de la pauvreté et amélioré les conditions de vie de deux millions de retraités. Nous avons engagé une réforme profonde, sans précédent dans notre histoire, de l’aide à l’enfance, de la maternité et de la paternité. C’est grâce à la bonne santé de notre économie, non à son détriment, que nous l’avons fait.

Deuxièmement, concevoir un budget qui reflète ces réalités.

Là c’est le rapport Sapir qui nous montre la voie. Publié par la Commission européenne en 2003, il définit clairement ce qu’un budget moderne doit intégrer. Mettons-le en pratique. Mais un budget moderne n’est pas un budget qui, pour les dix ans à venir, va continuer à consacrer 40 % de ses dépenses à la PAC.

Troisièmement, respecter l’agenda de Lisbonne. Sur l’emploi, la participation au marché du travail, les jeunes en fin de scolarité ou l’acquisition de connaissances tout au long de la vie, nos progrès sont sans commune mesure avec les objectifs précis que nous nous sommes fixé à Lisbonne. Ce plan d’action nous disait ce qu’il fallait faire. Faisons-le.
Quatrièmement - et ici j’avance prudemment - donner à l’Europe un cadre macro-économique à la fois soumis à une discipliné et flexible. Ce n’est pas à moi de faire des commentaires sur l’eurozone. Je dis seulement ceci : si nous faisons de vrais progrès sur la réforme économique, si nous nous montrons vraiment sérieux sur le changement structurel, alors la réforme macro-économique passera dans l’opinion pour être rationnelle et raisonnable, et le produit non pas du laisser-aller budgétaire mais du bon sens. Il est urgent de la mettre en ouvre si nous voulons faire avancer l’Europe.
Après les enjeux économiques et sociaux, il nous faut affronter d’autres sujets de société - le crime, la sécurité, l’immigration.

La criminalité organisée, qui se joue plus que jamais des frontières, coûte au Royaume-Uni 20 milliards de livres par an, au bas mot.

Les mouvements migratoires ont été multipliés par deux ces vingt dernières années. Ils sont dans l’ensemble sains et bienvenus, mais demandent à être gérés. L’immigration clandestine est un problème auquel se heurtent toutes nos nations et une tragédie pour des milliers de personnes. On estime que 70 % des clandestins passent par la filière de bandes criminelles organisées. Ces personnes font l’objet de trafics répugnants, passant d’une région à l’autre pour être seulement plus exploitées à leur arrivée. De 600 000 à 800 000 personnes par an sont victimes de cette traite. 100 000 femmes en font l’objet chaque année dans l’Union européenne.

Encore une fois, les politiques européennes en matière de justice et d’affaires intérieures - notamment le plan de lutte contre le terrorisme de l’Union européenne - ont un potentiel énorme d’amélioration de la répression, de lutte contre la radicalisation de certains groupuscules et contre le recrutement de futurs terroristes, et de mise en commun de l’information, du renseignement et de l’action contre le crime organisé. Il s’agit de frapper fort les trafiquants de drogue, en s’en prenant à leurs comptes en banque, en les harcelant dans leurs activités, en arrêtant les caïds, et en les traduisant en justice. Il convient aussi d’obtenir de pays voisins et de pays tiers des accords de réadmission des déboutés du droit d’asile et des immigrés clandestins. Il faut enfin développer les technologies biométriques pour rendre plus sûres les frontières extérieures de l’Europe.

Venons-en maintenant au vaste domaine de la politique étrangère et de sécurité commune. Nous devons nous entendre sur des mesures concrètes de nature à faire monter en puissance la capacité de défense de l’Europe. Nous devons accepter de nous investir davantage dans les missions de maintien et de rétablissement de la paix, et nous doter des capacités militaires nécessaires pour pouvoir intervenir rapidement et de manière efficace pour résoudre un conflit, dans le cadre de l’Otan ou indépendamment, quand l’Alliance n’entend pas s’engager. Regardons les effectifs des armées européennes et les dépenses que nous consacrons au budget militaire : sont-ils vraiment à la mesure des enjeux d’aujourd’hui ?

Jamais nous ne mènerons de politique étrangère digne de ce nom sans véritable politique de défense. Mais même en l’absence d’un effort sur ce front, nous pouvons donner plus de poids à l’Europe sur les affaires du monde. Quand l’Union européenne s’est entendue récemment pour multiplier par deux son aide à l’Afrique, ce fut non seulement un pas en avant pour l’aide à ce continent tourmenté, mais aussi le gage d’un resserrement de la coopération européenne. Nous sommes les champions de l’aide au développement et nous en sommes fiers. Nous devons tout faire pour parvenir à un accord commercial multilatéral qui favorisera les échanges de tous les pays, en particulier les plus pauvres. Nous devons monter au créneau du changement climatique et élaborer des politiques européennes propres à venir à bout du problème. Grâce à Xavier Solana, l’Europe a commencé à faire entendre sa voix dans le processus de paix au Proche-Orient. J’ai un mot à dire, facile à comprendre : le jour où l’Europe sera forte, elle sera un acteur majeur sur la scène internationale, naturellement en partenariat avec les États-Unis, mais elle sera aussi apte à démontrer qu’elle peut faire avancer les choses et peser sur les affaires du monde.

Une Europe de cette nature, une fois son économie modernisée et sa sécurité renforcée, par des actions mises en ouvre tant dans le cadre de ses frontières qu’à l’extérieur, aura regagné confiance en elle. Cette confiance nouvelle lui permettra d’aborder l’élargissement non pas comme une menace - comme si entre les États membres d’origine et les nouveaux venus c’était les vases communicants - mais comme une chance historique extraordinaire de bâtir une union plus puissante et plus étendue. Ne nous faisons pas d’illusions : ce n’est pas en nous refusant à l’élargissement, ni en en éludant les conséquences naturelles, que nous sauverons nos emplois, maintiendrons notre activité ou éviterons les délocalisations. Cela marchera peut-être un temps, mais pas longtemps. Dans l’intervalle, l’Europe se sera recroquevillée, repliée sur elle-même dans un nombrilisme introspectif, qui fera que les acteurs politiques qui obtiendront l’adhésion de l’opinion ne seront pas ceux qui auront porté le rêve européen, mais les nationalistes d’un autre âge et les xénophobes. Je vous le dis en toute franchise : on ne peut être à la fois pour l’ouverture de l’Europe à de nouveaux États membres et contre l’ouverture de son économie.

Si nous faisons prendre à l’Europe ce nouveau tournant et si, avec l’aide d’une Commission prête à renoncer à des réglementations superflues, à se défaire de la paperasserie, et à se faire le champion d’une Europe ouverte sur le monde et résolue à soutenir la concurrence - comme en est parfaitement capable la Commission de José Manuel Barroso - alors nous n’aurons pas de mal à faire de nouveau de l’Europe, aux yeux de nos concitoyens, un rêve et un idéal.
Lors de notre présidence, nous nous attacherons à parvenir à un accord sur le budget ; à résoudre les dossiers les plus épineux, comme la directive sur les services et la directive sur le temps de travail ; à honorer les obligations de l’Union vis-à-vis de pays comme la Turquie et la Croatie qui aspirent à en faire partie ; et à conduire un débat sur l’avenir dans un souci d’ouverture et d’intégration, en faisant valoir nos vues fermement mais en nous montrant attentifs aussi à celles des autres.

Je n’ai maintenant qu’une chose à dire : n’allons pas nous imaginer que ce débat n’a pas lieu d’être et que si nous nous contentons d’expédier les affaires courantes, nos concitoyens reviendront un jour ou l’autre à l’Europe, telle qu’elle est et non pas telle qu’ils la souhaiteraient. J’ai constaté, depuis que je suis Premier ministre, que le problème n’est pas de décider, mais de s’aviser du moment où une décision s’impose. Entre gérer les défis courants que nous rencontrons en chemin et nous colleter aux vrais problèmes, il y a un monde. Pour l’Europe, l’heure a sonné.

Les Européens nous parlent. Ils posent des questions. Ils veulent que nous leur montrions la route. Il est temps que nous le fassions.

http://www.number-10.gov.uk/output/Page7442.asp

Accords ....a terme ∫

Article lié : Passons aux choses sérieuses

MHB

  21/06/2005

Pour autant que votre analyse soit excellente comme d habitude elle n est valable a mon sens que pour le moyen terme ou la cooperation transatlantique en matiere d armement est soumise a deux monolithes d achoppement:
- les autorisations d exportations,
- les accords secrets.

Dans ce contexte les effets de jambes des britanniques se concoivent parfaitement.
Il ne faut cependant pas oublier - et Kissinger en etait le grand argentier - la gestion gouvernementale se concoit a trois niveaux:
- le court terme,
- le moyen terme,
- le long terme.

Il est evident qu une strategie du long terme est a l etude depuis pas mal de temps en ce qui concerne les developpements aeronautiques et spaciaux - ou meme extra-terrestres (puisque certains veulent faire intervenir dans la discussion les coucoupes ...).

Dans l optique du long terme il est inevitable qu une entente - entre la France, la Grande Bretagne et le Royaume Uni ( si on y ajoute les Conservateurs !!), l Allemagne, l Italie, L Espagne et quelques autres dont les Etats-Unis et - pourquoi pas la Russie et l Ukraine - sur ces programmes est a l etude et ce n est meme pas son principe qui est en cause mais sa realisation au regard des deux “monolithes d achoppement”:
- les autorisations d exportation de technologies et les accords secrets.

A propos de sa "honte"

Article lié : Le sommet de Bruxelles et l’intéressante question de Tony Blair

bill

  19/06/2005

Merci pour votre analyse et vos informations, mais je ne suis pas d’accord avec vos ” ” : alors que l’ensemble des dirigeants ont signé la Constitution dont l’une des valeurs est la solidarité entre les peuples et dont le premier article rappelle “la volonté des citoyens et des Etats d’Europe de bâtir leur avenir commun”, après que les pays riches, les plus développés, se soient employés à des querelles d’  “usuriers” et ont bloqué ainsi les négociations, les pays les plus pauvres ont proposé afin d’éviter de s’enfoncer désespérément dans la crise de renoncer à une part des engagements budgétaires qui leur avaient déjà été garantis. C’est une véritable et belle leçon de solidarité que les peuples d’Europe fondateurs ont reçue de la part des petits nouveaux qui sont dans le besoin. Il y a bien de quoi avoir honte.
Certes, on peut tout metre sur le dos de Blair ; on peut comprendre Balkenende et Chirac affaiblis par leur non ; il n’en demeure pas moins que chacun n’a rien voulu concédé sur ses exigences de fond (ristourne europeene, PAC ou contribution européenne); que dire de l’Espagne si “européenne”  qui nous expliquait, pendant la campagne sur le référendum, les bienfaits de l’Europe sur l’ensemble des économies nationales, qui doit son développement économique aux aides européennes et qui a refusé les compromis de Bruxelles ?
Je trouve que la honte de Junker, en tant que membre d’un pays fondateur et riche, est tout à fait envisageable, logique et compréhensible. Quant aux propos du président du Conseil Européen à la sortie du sommet, ils n’étaient guère diplomatiques : “Je n’ai aucun commentaire à faire. Je n’ai pas non plus de conseil à donner au prochain président. Je ne crois pas que mes conseils lui soient utiles…”, ou lorsqu’il affirme qu’il ne sera pas à l’écoute du discours d’investiture à la présidence européenne de Blair .
Toutes les conditions étaient présentes pour cette tragédie bruxelloise, chacun avait ses exigences et personne ne pouvait lacher du leste à cause des pressions populaires. Voila, me semble-t-il, la raison profonde de l’échec de Bruxelles qu’aucun des “grands” dirigeants n’a pu surmonter et dominer, faute d’envergure : tout comme Balkenende, c’est par faiblesse que Chirac ne pouvait rien lâcher sur la PAC et que Blair a proposé des conditions de négociations inadmissibles aux Français (je me base sur vos propos quant à l’assez faible légétimité de Blair chez les Anglais) pour ne pas pouvoir perdre la face dans son pays.
Ce sont les intérêts nationaux incarnés par nos dirigeants au sein du Conseil Européen qui constituent le frein majeur de la dynamique européenne. Pour l’instant, je crois, et j’aimerais bien avoir votre avis sur la question, que tant que le CE,animé par des intérêts contradictoires parce que nationaux, aura une place prépondérante dans l’UE, nous resterons embourbés.

Bonne continuation,

Guillaume

L'angoisse des Democraties

Article lié : Le monde paralysé, hyperpuissance en tête

http://politiquesusa.blogspot.com

  18/06/2005

Ca ressemble a une crise d’angoisse des Democraties perpetree par l’ere du temps: l’homme face a son destin politique. Aux USA c’est le bordel, on a peur que notre Democratie va nous enlever nos libertes civiles, on suspecte fortement que Bush nous a menti avec sa guerre en Irak, on ne fait plus confiance au gouvernement, mais ici en plus on a meme l’impresssion que nos institutions sont paralysees et ca ressemble de moins en moins a une democratie, donc oui tres tres gros probleme aux USA aussi qui est peut-etre du a une rupture du mode de pensee dans nos societes occidentales entre Europe et USA (conditionnel).

Sur mon blog je viens d’ecrire un petit reportage sur les reseaux terroristes et internet.

In Defense of Certainty

Article lié :

Malk

  15/06/2005

[Sans commentaire]
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TIME
Wednesday, Jun. 01, 2005
- In Defense of Certainty
- It’s trendy to be suspicious of people with “deeply held views.” And it’s wrong
- By CHARLES KRAUTHAMMER
- “And in [William] Pryor’s case, his beliefs are so well known, so deeply held, that it’s very hard to believe, very hard to believe that they’re not going to deeply influence the way he comes about saying, ‘I will follow the law.’ And that would be true of anybody who had very, very deeply held views.”

—Senator Charles Schumer, during a hearing on the nomination of William Pryor for U.S. appeals-court judge, June 2003

These things come in waves, of course, but waves need to be resisted, even if the exercise leaves you feeling like King Canute. The new wave is fashionable doubt. Doubt is in. Certainty is out.

The New Republic devotes a cover article to hailing the “conservatism of doubt.” For the less bookish, Hollywood spends $130 million on a Crusader epic in which the heroes are 12th century multiculturalists, Christian and Muslim, who want nothing more than love, peace and interfaith understanding. (Such people inhabit 21st century Hollywood, but as columnist John Podhoretz points out, they were nowhere to be seen in 12th century Jerusalem.)

And dare you have any “deeply held views”—a transparent euphemism for religiously grounded views—especially regarding abortion, watch out for Schumer and other Democrats on the Judiciary Committee. They might well declare you disqualified for the bench.

The Op-Ed pages are filled with jeremiads about believers—principally evangelical Christians and traditional Catholics—bent on turning the U.S. into a theocracy. Now I am not much of a believer, but there is something deeply wrong—indeed, deeply un-American—about fearing people simply because they believe. It seems perfectly O.K. for secularists to impose their secular views on America, such as, say, legalized abortion or gay marriage. But when someone takes the contrary view, all of a sudden he is trying to impose his view on you. And if that contrary view happens to be rooted in Scripture or some kind of religious belief system, the very public advocacy of that view becomes a violation of the U.S. constitutional order.

What nonsense. The campaign against certainty is merely the philosophical veneer for an attempt to politically marginalize and intellectually disenfranchise believers. Instead of arguing the merits of any issue, secularists are trying to win the argument by default on the grounds that the other side displays unhealthy certainty or, even worse, unseemly religiosity.

Why this panic about certainty and people who display it? It is not just, as conventional wisdom has it, that liberals think the last election was lost because of a bloc of benighted Evangelicals. It is because we are almost four years from 9/11 and four years of moral certainty, and firm belief is about all that secular liberalism can tolerate.

Do you remember 9/11? How you felt? The moral clarity of that day and the days thereafter? Just days after 9/11, on this very page, Lance Morrow wrote a brilliant, searing affirmation of right against wrong, good against evil.

A few years of that near papal certainty is more than any self-respecting intelligentsia can take. The overwhelmingly secular intellectuals are embarrassed that they once nodded in assent to Morrow-like certainty, an affront to their self-flattering pose as skeptics.

Enough. A new day, a new wave. Time again for nuance, doubt and the comforts of relativism. It is not just the restless search for novelty, the artist’s Holy Grail. It is weariness with the responsibilities and the nightmares that come with clarity—and the demands that moral certainty make on us as individuals and as a nation.

Nothing has more aroused and infuriated the sophisticates than the foreign policy of a religiously inclined President, based on the notion of a universal aspiration to freedom and of America’s need and duty to advance it around the world. Such liberationism, confident and unapologetic, is portrayed as arrogant crusading, a deep violation of the tradition of American pluralism, ecumenism, modesty and skeptical restraint.

That widespread portrayal is invention masquerading as history. You want certainty? You want religiosity? How about a people who overthrow the political order of the ages, go to war and occasion thousands of deaths in the name of self-evident truths and unalienable rights endowed by the Creator? That was 1776. The universality, the sacredness and the divine origin of freedom are enshrined in our founding document. The Founders, believers all, signed it. Thomas Jefferson wrote it. And not even Jefferson, the most skeptical of the lot, had the slightest doubt about it.
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Intéressant article de Henri de Grossouvre dans le Figaro d’aujourd’hui

Article lié :

Patrick

  15/06/2005

Comment renouer avec la dynamique constructive des pères fondateurs ?
Une alternative au non à Strasbourg
Après les non de deux pays fondateurs de l’Union et la suspension du référendum britannique, le Think Tank * créé en octobre 2004 à Strasbourg travaille sur des alternatives opérationnelles à la relance de l’Europe politique. L’ambition politique initiale des Six fut de moins en moins partagée lors des adhésions successives. Des considérations essentiellement économiques ont motivé les adhésions des îles Britanniques et du Danemark, puis celles des pays du sud de l’Europe, et enfin celles des pays d’Europe centrale. L’AELE et le Conseil nordique n’ayant pu devenir de véritables alternatives, la plupart des pays membres de ces organisations ont adhéré contraints et forcés. Seule l’adhésion de l’Autriche fait exception, cette dernière ayant toujours manifesté sa volonté de participer aussi à la construction politique européenne. La fuite en avant dans un élargissement sans fin critiquée récemment par Wolfgang Schäuble (1) a atteint ses limites. Les citoyens des pays européens veulent savoir où va la construction européenne et quelles en seront ses frontières. Du lendemain de la guerre à la chute du mur, la construction européenne n’était qu’une partie du grand jeu de la guerre froide. Depuis 1945, pour la première fois de leur histoire, les pays européens ne sont plus acteurs des relations internationales. Or un nouveau monde est né avec la fin de la Russie soviétique et la réunification de l’Europe. Une page est définitivement tournée et les pays européens se trouvent aujourd’hui à la croisée des chemins : soit ils existent politiquement et sont à même de maîtriser leurs intérêts vitaux, soit ils demeurent une province de l’ensemble atlantique.

Seule une relance politique par un petit groupe de pays, qu’on l’appelle groupe de pays pionniers, noyau dur, avant-garde, Europe à géométrie variable, peut aujourd’hui permettre de relancer la construction politique européenne. Karl Lamers a récemment proposé une relance politique par un noyau dur à partir de la défense européenne (Le Figaro, 31 mai). Une Europe politique ne peut assurément exister sans défense commune.

Seules la France et l’Allemagne sont à même de former un noyau dur opérationnel et, à droite comme à gauche, les partisans de cette forme de relance l’ont régulièrement rappelé (Lamy/Verheugen, Lamers/Schäuble, Strauss-Kahn, Bourlanges, Villepin…). «Si, un jour, il y a un vrai risque de dilution, la bonne réponse, parce que c’est la seule version possible du “noyau dur”, c’est une fédération franco-allemande.» (2). Or, depuis la réunification allemande, la coopération entre Paris et Berlin fonctionne mal et nos partenaires considèrent ce tandem avec suspicion. Il nous faut donner des gages d’ouverture aux petits pays et surtout à l’Europe centrale.

Nous proposons la création d’une fédération qui comprendrait la France, l’Allemagne et trois petits pays : la Belgique, le Luxembourg et la Hongrie. Nous avons d’ores et déjà chargé des experts de travailler sur les formes politique, économique et institutionnelle que pourrait prendre une telle fédération. Après le conseil européen de décembre 2003 et l’échec partiel de la CIG sur le projet de traité constitutionnel, Peter Medgyessy, chef du gouvernement hongrois, a rencontré le président français. A la suite de cette rencontre, le ministre des Affaires étrangères hongrois, Laszlo Kovacs, et le premier ministre, Peter Medgyessy, ont déclaré au cours d’une conférence de presse que la Hongrie souhaitait faire partie de cette avant-garde politique européenne. Strasbourg, de par sa situation géographique et à partir des institutions et organisations qu’elle abrite, a vocation à devenir le centre de décision politique de ce noyau dur et le point de convergence des experts et des débats sur l’Europe stratégique. Strasbourg est très bien placée pour accueillir la future autorité de surveillance du programme Galileo. Comme la Belgique et le Luxembourg, l’Alsace est riche de sa double culture française et germanique. Historiquement, culturellement et économiquement, l’Alsace appartient déjà à l’Europe centrale. Un Slovène, un Viennois, un habitant de Cracovie ou de Budapest se sent chez lui à Strasbourg.

La logique de l’élargissement sans fin mène à une Europe marché, une vaste zone de libre-échange sans poids politique. En revanche, une relance politique par un groupe de pays pionniers laissant la porte ouverte aux pays de l’Union souhaitant les rejoindre mène à une Europe puissance, donc une Europe capable de peser dans un monde redevenu multipolaire, une Europe à même de discuter avec la Chine, l’Inde et les Etats-Unis, et enfin une Europe où la concurrence ne prime pas sur la solidarité.

Paradoxalement, tant la situation intérieure française que la situation internationale y sont propices. La Russie et la Turquie se rencontrent au Kremlin du 8 au 10 juin sur l’Asie centrale. Fin juin, les chefs d’Etat et de gouvernement de Russie, d’Inde et de Chine se rencontrent au lac Baïkal. Des accords énergétiques sont en discussion entre l’Iran, la Chine et l’Inde : il est question de la construction d’un oléoduc et d’un gazoduc allant d’Iran en Chine, en passant par le Pakistan puis l’Inde. C’est-à-dire qu’à l’Est de l’Union les principales puissances européennes et asiatiques préparent leur autonomie stratégique, ont des intérêts communs avec l’Europe et sont prêtes à favoriser l’émergence d’une Europe politique forte. Sur le plan intérieur, le nouveau premier ministre, Dominique de Villepin, a été en 2003, après la réélection surprise de G. Schröder, l’homme de la relance de la coopération franco-allemande (compromis avec l’Allemagne sur la PAC…). Il a surtout été le plus actif promoteur d’une Union franco-allemande comme base ouverte d’un noyau dur européen capable de devenir le moteur politique de toute l’Europe (Le Monde, 13 novembre 2003).

En juillet, la Grande-Bretagne prendra la présidence de l’Union. Nous aurons besoin de cette période pour réfléchir aux modalités de la relance politique. Après ces six mois, l’Autriche succédera aux Britanniques ; gageons que si nos cinq pays donnaient corps à leur projet, l’Autriche ne s’opposerait pas à cette initiative. L’Autriche compléterait d’ailleurs avantageusement notre avant-garde en lui donnant une continuité territoriale.
* Responsable du ThinkTank créé le 1er octobre 2004 à Strasbourg au sein de l’ADA (Agence de développement Alsace). (1) LePoint. (2) P. Lamy, LeMonde, 31 mars 2005.
http://www.lefigaro.fr/debats/20050615.FIG0014.html?074233

Re : Evolution relations France-Allemagne

Article lié :

Patrick Debellemanière

  12/06/2005

Pour répondre à Corinne Marie Falcone d’Asti, voici un article interessant paru dans le Figaro : http://www.lefigaro.fr/referendum/20050531.FIG0112.html

Un entretien avec l’expert chrétien-démocrate pour les affaires européennes

Karl Lamers : «L’Europe de la défense en priorité»

Ancien député CDU et spécialiste des affaires européennes, Karl Lamers avait lancé en 1994 le débat sur la nécessité d’un «noyau dur» en Europe. Au lendemain du référendum en France, il évoque pour LeFigaro une sortie possible de l’impasse.

Propos recueillis à Berlin par P. B.
[31 mai 2005]

LE FIGARO. – Quelle est votre interprétation du non massif en France ?

Karl LAMERS. – Les Français n’ont pas dit non à l’Europe, mais à une partie de la politique menée par l’Europe et à l’insuffisance de sa mise en oeuvre par leur propre gouvernement. Le défi est de faire face à la mondialisation et de réformer l’économie et la société pour y parvenir. Il n’y a pas d’alternative si l’Europe veut garder sa place dans le monde. C’est pourquoi les responsables français ne doivent pas se détourner de cette politique, mais au contraire la poursuivre avec détermination. C’est le seul moyen si l’on veut prendre en compte les peurs des citoyens qui craignent le dumping social et le chômage. Il faut, en un mot, que l’Europe redevienne synonyme d’espoir.

Le phénomène n’est pas limité à la France ?

Il existe un peu partout. La perspective d’un élargissement sans limite de l’Union européenne, et en particulier à la Turquie, a renforcé ces angoisses. Nos citoyens se sentent d’une certaine manière étrangers dans la nouvelle Europe élargie. A ce stade précis, les deux concepts fondamentaux de l’élargissement et de l’approfondissement se sont révélés incompatibles.

L’idée de faire revoter les Français est-elle réaliste ?

C’est aux Français de le décider, et à eux seuls. Pour l’heure, cette idée ne me paraît guère utile. Il se peut que les Français, un jour, estiment qu’ils ont eu tort de dire non à la Constitution, et sont prêts à rectifier le tir. Mais le leur demander maintenant, c’est leur signifier que l’on ne prend pas au sérieux leur vote.

Quelle issue alors ?

D’abord, la partie allemande a tout fait pour convaincre les Français de la justesse d’un vote positif, et elle a bien fait. Je suis sûr que les Français l’ont compris. Cet automne, lorsque l’Allemagne aura un nouveau gouvernement, celui-ci ne pourra pas se dérober à sa responsabilité d’aider la France à sortir de son isolement et de cette période de faiblesse. Il faudra prendre une initiative au niveau des Etats membres qui se sentent les plus proches les uns des autres, et donc en priorité la France et l’Allemagne, pour créer une union plus étroite. Une telle coopération aurait pu avoir un ancrage institutionnel nouveau si la France avait voté oui, et d’autres pays non. Maintenant, ce n’est plus possible, mais on peut la faire dans les faits, concrètement, sans toucher aux institutions. Le vote français rend un tel acte encore plus nécessaire.

Concrètement ?

Je voudrais rappeler que la Communauté européenne de défense, c’est-à-dire l’idée d’une armée européenne, a échoué en 1954 par un vote négatif de la France. Mais cette impasse a conduit trois ans plus tard aux traités de Rome : au lieu de la défense, c’est l’économie qui a permis d’aller de l’avant. Pourquoi ne serait-il pas possible, en 2005, de prendre le chemin inverse : nous concentrer sur la perspective d’une défense européenne pour faire redémarrer le processus d’intégration ?

Article lié :

Oscar Canham

  10/06/2005

Si fatigué de l’arrogance de Stratfor…. et si découragé par les recents évènements Européens! Tout semble contredire l’analyse de M. Grasset qui continue de penser que la France possède un poids et un pouvoir énormes.

..............................

Geopolitical Diary: Friday, June 10, 2005

The European crisis rolls on. The focus has shifted away from France to
Germany, where rumors abounded earlier in the week that Chancellor Gerhard
Schroeder would resign prior to the September elections. His personal
popularity, which had been the mainstay of his government, has now slumped,
and he appears to be a political liability. Members of the left wing of the
Social Democratic Party (SPD) would like him to move on so they could take
control of the party. In their view, if they are to lose the election, they
will be in a far stronger position in opposition if they abandon the market
reforms that Schroeder introduced under Agenda 2010, his blueprint for
economic and social change in Germany.

Schroeder said Thursday that he would not resign, repeating his intentions
to move for a confidence vote on his government July 1. The vote would not
be tied to any particular piece of legislation, but would be a general vote
on the government itself. This would prevent the SPD left from voting
against him on the pretext of simply opposing a piece of legislation. To
vote against him, the left would now have to confront him directly.
Schroeder calculates that that would be much tougher to do. In other words,
he is giving every indication that he intends to lead the SPD in the next
election. That means that he will be caught between opposition from his own
left and the Christian Democratic Union (CDU) toward his policies. Schroeder
is in a tough spot, and it is hard to see how he will survive.

The CDU is led by Angela Merkel. The way things currently shape up, she is
likely to be the next chancellor of Germany. Merkel, who comes from the
former East Germany, differs with Schroeder and the SPD in one critical
respect: She is probably the most pro-American major politician in Germany.
Shaped by her experiences under the communists, her perspective on the
United States is more like that of Central European countries than with the
German left. She viewed the United States as the main counter to the Soviet
Union and continues to view Washington through that lens rather than through
the lens of the Schroeder-Chirac axis. To the contrary, she has serious
doubts about the wisdom of Gaullism. Merkel does not believe that Germany’s
primary relationship must be with France, but rather in having a broader set
of relationships in which the United States constitutes a main pillar,
deeply involved in Europe.

In other words, Merkel does not want to play Chirac’s game of unifying
Europe with a Paris-Berlin axis at the center, and using that unified Europe
as a vehicle for challenging the United States. If the vote in France
represented a blow against the concept of a European federation, the
election of Merkel would be a blow against the idea that Europe should
counterbalance the United States. Or, put simply, if Merkel wins, the
geopolitics of Gaullism will be smashed.

A Merkel victory would preserve a Europe in which the EU is primarily an
economic framework, foreign policy is carried out by individual states, and
defense policy is formulated in the context of a NATO led by the United
States. This would be precisely the outcome the United States would want.
Washington does not want to see European economic integration halt, but does
not want to see it lead to political integration either. It is comfortable
in bilateral relations with Europe but wants to see NATO as a means of
dominating European defense policy. Merkel is Washington’s candidate.

It’s a long way to the election, but unless someone finds a serious skeleton
in Merkel’s closet—and everyone has already looked—or Schroeder pulls
out a miracle, by October Europe will look exactly like Jacques Chirac
didn’t want it to look and exactly like George W. Bush did. Bush did little
to achieve this, of course. It was mostly Chirac’s hard work that led to
this situation. But ironies aside, it is time to think about a world in
which there is no talk of “Europe” but lots of talk about European economics
and NATO defense policies—and lots of bilateral visits between Berlin and
Washington.

It is interesting to wonder what Beijing and Moscow are thinking right now.
The United States keeps improving its position. It really isn’t that Chirac
is dumb—he isn’t. It is that he played the best hand he could and, in the
end, because of Europe’s economy and history, it simply wasn’t good enough.
The center of gravity of the idea of Europe—the Paris-Berlin axis—is
collapsing because of the weakness of its own foundations.

And if this happens, the United States—once again—scoops up the
geopolitical chips.

Stratfor sur Angela Merkel

Article lié :

federico

  10/06/2005

Bonjour,

en relation à l’article proposé par Mme Falcone d’Asti, voici un extrait du “Journal Géopolitique” de Stratfor du 10 juin:

“The CDU is led by Angela Merkel. The way things currently shape up, she is
likely to be the next chancellor of Germany. Merkel, who comes from the
former East Germany, differs with Schroeder and the SPD in one critical
respect: She is probably the most pro-American major politician in Germany.
Shaped by her experiences under the communists, her perspective on the
United States is more like that of Central European countries than with the
German left. She viewed the United States as the main counter to the Soviet
Union and continues to view Washington through that lens rather than through
the lens of the Schroeder-Chirac axis. To the contrary, she has serious
doubts about the wisdom of Gaullism. Merkel does not believe that Germany’s
primary relationship must be with France, but rather in having a broader set
of relationships in which the United States constitutes a main pillar,
deeply involved in Europe.

In other words, Merkel does not want to play Chirac’s game of unifying
Europe with a Paris-Berlin axis at the center, and using that unified Europe
as a vehicle for challenging the United States. If the vote in France
represented a blow against the concept of a European federation, the
election of Merkel would be a blow against the idea that Europe should
counterbalance the United States. Or, put simply, if Merkel wins, the
geopolitics of Gaullism will be smashed.”

Il apparait un peu simpliste, n’est-ce pas? Ce sont les memes analystes texans qui, dans d’autres pièces, prévoyent l’essor d’un parténariat stratégique Russo-Allemand, inquiétant pour Washington.

Est-il si sur que Mme Merkel est amoureuse non pas de l’Amérique, mais de la *politique étrangère américaine* ?

Merci

Le partenariat stratégique comme nouvelle forme d'alliance entre moyennes puissances à l'heure de l'unipolarisme américain

Article lié :

geo

  10/06/2005

GÉOPOLITIQUE - 11/05/2005

‘‘Great and Medium Powers in the Age of Unipolarity’‘

Recent developments in the international relations arena such as the new Sino-Indian cooperation agreements and the Russo-German strategic deals, both from April 2005, call for a theoretical interpretation in the context of the current phase of world affairs. These relationships are often defined as “strategic partnerships.” A strategic partnership can be explained as a bilateral relationship with the main function being to facilitate the increase of power (at first in absolute terms) of the two states involved. In this sense, it differs both from a classical security-oriented alliance and from political and economic integration processes such as the European Union.

Strategic partnerships are not necessarily directed against a common rival, contrary to classical alliances. The main reasons for forging these latter alliances have always been security concerns and the seeking of a balance of power. Security was, therefore, the elemental concept in this kind of relationship.

Strategic partnerships also do not involve any transfer of national sovereignty to a supranational authority, for example in political integration attempts such as the European Union. The E.U.‘s official goals are ones of common security, free market enhancement, shared sovereignty and the general underpinning of the role of states in the global context. Political integration is therefore aimed at both security and influence enhancement, but national independence is sacrificed in order to implement common monetary, fiscal and defense policies.

Instead, a strategic partnership is based upon the mutual goal of increasing individual power and independence, thus allowing the preservation of national sovereignty.

China, India, Russia and Germany

On April 11, two very significant events took place. The first took place at the Hannover Fair in Germany, where Chancellor Gerhard Schroeder and Russian President Vladimir Putin agreed on eight different deals regarding cooperation in nano- and bio-technologies, education, and oil and gas transportation from Russia to Germany (via the planned Baltic pipeline). Russia was already Germany’s most important non-E.U. commercial partner, but after these agreements, a new level of cooperation between the two countries is on its way to being accomplished.

This is an evident sign of the rise of Germany’s new foreign policy, more independent from France than in the past and a proof of Russia’s desperate need to counter its own geopolitical decline after years of successful Western penetration into Moscow’s former sphere of influence—culminated with the Ukrainian pro-Western stance of newly elected President Viktor Yuschenko. [See: “An Assessment of the Franco-German Axis and the United States”]

The second major event was the Sino-Indian Agreement for Peace and Prosperity, which established the basis for a peaceful resolution of long-time border tensions between the two Asian giants, and launched a new cooperation in economic and military affairs. The first deal (on the borders) is the logical premise of the strategic partnership. With the U.S. still determined to counter Chinese influence in the Asia-Pacific region by carrying out a U.S.-Taiwan-Japan alignment clearly aimed at containing Beijing, Chinese President Hu Jintao rapidly started to look west. A new course in the Sino-Indian relationship would have very important consequences for South Asia’s geopolitics, and for global politics as well. India’s success in computer science could soon work in favor of China’s military ambitions if the two countries appease and stabilize their geopolitical conflict. [See: “Sino-Indian Relations: Perspectives, Prospects and Challenges Ahead”]

The deals between China and India, and Germany and Russia, are not the only deals being formed. China is actually seeking out Iran (for oil and gas) as well as Indonesia, while at the same time trying to expand its economic influence in South America. France has tried to upgrade its relationship with Japan (Chirac was in Tokyo on March 28) proposing enhanced cooperation in high-tech research, ecology and energy, with further developments still to come.

All these bilateral talks, deals and agreements mark an emerging trend in the international system at a time of unipolarity. Unipolarity can be defined as the disproportion between the United States and all other great and medium world powers in terms of military might, technological innovation capability, diplomatic and cultural influence, economic prosperity and ability to provide security. The fall of the Soviet Union led many analysts to talk about a coming multipolarity in the 21st Century, but the 1990s saw the rise of the U.S. as the only global geopolitical superpower. Washington is today the only real regional hegemon because it is not only the premier military and economic world power, but also the only great power whose security is not threatened by neighboring states. Neither Canada, nor Mexico, nor any South American state can be considered as a serious geopolitical threat for the U.S. The same is not true for other potential regional hegemons like Germany, Russia, India or China.

A unipolar system is, of course, subject to change like any other polarity. A transition toward a bipolar or multipolar configuration is possible under certain conditions, so that one or more states accumulate enough power to emerge as “peer competitors” against the only global superpower. However, it is first and foremost important to understand how great and medium powers try to act under unipolarity in order to understand many of today’s crises and conflicts and to predict future ones.

The Decisive Role of the Global Superpower

In a unipolar context, the way in which the global superpower acts is decisive. Since states tend to enhance their power continuously to better compete in world politics, the U.S. is likely to seek hegemony. It is far from established, however, whether Washington will prefer a “liberal hegemony” predicated upon multilateralism and shared rules (as it appeared to do in the 1990s), or the consolidation of a unilateral, “imperial hegemonic” turn. Washington’s strategy will be crucial for slowing or accelerating other powers’ attempts to build a multipolar world because it will change—in one sense or another—these states’ perceptions of U.S. intentions. After all, hegemony is not merely a decisively superior military might, but also the ability to gain other states’ acquiescence to one’s leadership.

In order to be perceived as benign, a global leader must let its own goals appear as coincident with other powers’ ones. This has proved more difficult than before for Washington at the dawn of the 21st Century, especially because of widespread opposition to Operation Iraqi Freedom and Washington’s subsequent occupation and stabilization of Iraq. [See: “Testing the Currents of Multipolarity”]

However, in the present phase of international relations, great and medium powers cannot afford a direct confrontation with the United States, which is why classical balancing alliances are unlikely. Since potential regional hegemons (France, Germany, Russia, India, China, and Japan) are all placed in Europe and Asia, an overtly anti-American and power politics-oriented alliance between two or more of these countries could easily scare neighboring states, thus helping the U.S. to build a counter-alliance.

Moreover, U.S. military expenditure will likely equal all other great powers’ combined defense spending by 2007, which suggests the uselessness of such an attempt. Even more important is that the internal nature of the U.S. (liberal democracy) and its geopolitical position of “offshore balancer” helps Washington to be perceived as less threatening than other historical great powers: after all, even if France and Germany fear a diminution of their relative influence in the world because of U.S. hegemony over the “Greater Middle East,” they know they will not be militarily invaded and dominated by the United States.

Great and medium powers’ strategy to preserve their influence and to seek their interests is therefore a combination of engagement and balancing, whose dominating character (engagement with the U.S. or attempts to balance its power) is highly dependent upon Washington’s choices. Strategic partnerships like the Russo-German or the Sino-Indian ones are potentially excellent ways to increase one’s capabilities without directly confronting the U.S. while at the same time maintaining a high degree of independence.

The Origins of Political and Economic Integration Attempts

Political integration is nowadays often regarded as the most advanced strategy to build new powerful geopolitical actors. The European Union is the archetypical example of such a model, which is often quoted as a pattern to be replicated by other regions’ states (Latin America, Africa, Central Asia, etc.). The E.U.‘s history is, nonetheless, often misunderstood in idealistic or abstract terms. In fact, it should be remembered that the European Community was strongly supported by the United States because of the need to fully reintegrate West Germany into the Atlantic Alliance and to counter the Soviet Union’s expansion in Europe.

France, Great Britain, Italy, Belgium, and the Netherlands all found their own reasons to build a united Europe, one of which was to keep the Americans “in.” In 1948, Washington pushed the Western European states to “take the first step” (by creating the Western European Union) in building their common defense. This fact is most of the time overlooked, just like, on the other hand, some French Gaullist’s ambitions of making a confederated Europe a superpower is often mistaken as a “European will” to rival the United States on a global scale.

Many commentators said during the 1990s, and still say today, that the European Union is soon going to be a world superpower. Fifteen years after the Maastricht Treaty’s negotiations, however, a Common Foreign and Security Policy (C.F.S.P.) of the E.U. states is still concretely missing. Although it exists officially and it also has growing military capabilities and institutional assets, C.F.S.P. lacks a common strategic concept—simply because E.U. member states do not always have clearly defined and shared geopolitical interests. Great Britain, France, Germany, Italy, Spain, Poland, Belgium, and the Netherlands still have their agendas and their relative position to the United States, as the 2003 Iraq intervention undoubtedly displayed.

History can’t be “compressed” in a few years, and European history is a history of nations and nation-states. The paradox is that in 2005, with both the Euro and the newborn European political-military institutions in place, precisely the bigger supporters of European integration (France, Germany, Italy, the Netherlands) are showing signs of malaise as the diminution of national sovereignty (especially in monetary and industrial policies) hasn’t been compensated by the promised benefits of continental unification.

Political and economic integration also appears to be a very specific geopolitical process that can’t be thoroughly understood if disconnected by the superpower’s policy. Two often compared national political economies such as the German and Japanese political economies are paradigmatic in this sense. Germany successfully obtained its goals of an institutionalized, regional economy, largely because American strategy for post-war Europe allowed it (and supported it), whereas Washington was much more cautious about a possible Asia-Pacific economic integration.

In fact, instead of an East Asian economic integration, Washington favored a Trans-Pacific regional (informal) entity because it feared that Japan could hegemonize an Asian-only organization at American expense. The United States is also actively supporting an all-American economic integration based upon the free market (F.T.A.A./A.L.C.A.), opposing concurrent projects of a common South American market (Mercosur) which could possibly benefit Brazilian or Venezuelan stronger influences in the region. [See: “Washington Loses Control of the O.A.S.”]

Washington, in effect, supports political integrations much more than it is usually thought, apart some important exceptions depending on its interests and security concerns, and the success chances of such integrating attempts by regional powers are heavily influenced by American support or hostility.

Conclusion

Strategic partnerships like those previously mentioned are a more and more frequent behavior characterizing great and medium powers since the decade began. The historically unprecedented configuration of the international system, dominated by American military and technological capabilities, pushes regional powers to act differently from what could be expected by just projecting past patterns of behavior into the new era.

If states like China, India or Germany privilege strategic partnerships in this phase, it is because they want to increase their energy and technology acquisition capabilities, thus creating conditions for a rapid accumulation of power. Compared to complex integration processes like the European Union, strategic partnerships do not involve national sovereignty transfers which more often than not damage a state’s capabilities, which is why they are preferable under many aspects.

Like all kinds of bilateral relationships, strategic partnerships are not static, but dynamic processes that can be reversed. We shouldn’t take for granted, therefore, that Russo-German or Sino-Indian agreements will last forever or grow linearly. Moreover, some states such as Germany appear to choose a complex combination between regional integration policies (the E.U.) and worldwide strategic partnerships (with Russia and possibly other states). But at a time of U.S. unilateral behavior and continuous military power display, we can expect these partnerships to consolidate for the near future.

Report Drafted By:
Federico Bordonaro

Evolution relations France-Allemagne

Article lié :

Corinne Marie Falcone d'Asti

  09/06/2005

Voici un texte (de Stratfor) qui m’a franchement préoccupée, en tant que citoyenne française, sur le futur des relations Franco-Allemandes et les implications sur le defense européenne… Ce texte semble en contradiction avec le recent article d’un expert Allemand proche du CDU qui disait que la défense en Allemagne était désormais considérée comme une question qui regarde l’Europe, non plus les USA, et qui parlait de relancer l’Europe de la Défense autour d’une cooperation structurée renforcée dont le coeur serait l’Allemagne et la France. Ce texte semble confirmer une converstion que j’ai eue hier avec l’attaché armement de l’embassade Allemande de Rome, qui me disait que si Merkel était élue, cela signifirait la fin de l’axe Franco-Allemand… Qu’en pensez-vous?
__________________

The Next Chancellor?

Summary

Germany is on the verge of a change in government, which will probably result in conservative leader Angela Merkel taking power. When that happens, German foreign policy will change dramatically.

Analysis

Angela Merkel, leader of Germany’s Christian Democratic Union (CDU), likely could become Germany’s next chancellor in snap elections scheduled for September. Such a development would dramatically change German policy. A Chancellor Merkel would represent a new pro-American direction not only for Germany, but for Europe as well. And with European politics currently in disarray, Merkel could be one of the only people in a position to take the reins, and her destination would be decidedly American.

Merkel grew up in former East Germany and had a history of pro-Western feeling so strong that the communist authorities barred her from teaching, her profession. As such, she became a member of Democratic Renewal, a pro-democracy group, in 1989. Merkel joined the CDU in 1990, two months before the reunification of Germany, and three months later became a surprise addition to Chancellor Helmut Kohl’s Cabinet as minister for women and youth.

When the Kohl slush fund scandal broke in 1999, she was the first former-Kohl ally to publicly break with Kohl, and in April 2000, she ascended to party leadership. As a Protestant East German, Merkel is an anomaly in a party dominated by Roman Catholics and West German men.

After (reluctantly) standing aside in favor of Edmund Stoiber’s candidacy in the 2002 elections, Merkel will now challenge German Chancellor Gerhard Schroeder. It is difficult to imagine a more contrasting pair. Schroeder is as pro-French, pro-state and pro-Russian as Merkel is pro-American, pro-free market and pro-NATO. About the only thing they do agree on is that the German economy is in the doldrums and needs a radical change to get it moving again. That has led Schroeder of late to propose policies that sound like the CDU manifesto.

In many ways, such half-hearted reforms have proven the worst of all worlds. The effort has not sufficed to jolt the German economy to life, yet has sufficed to trigger near-revolts in the Schroeder’s own Social Democratic Party and broad disaffection throughout the broader population. Unemployment, which Schroeder vowed to reduce, has risen by 1 million to 5 million since he took office in 1998, gross domestic product growth has exceeded 1 percent just once in the last four years, and Germany’s wealth distribution has become less—not more—equitable under Schroeder’s leadership.

Considering the anger among voters accustomed to cradle-to-grave state assistance, Merkel has shied away from noting precisely what she would do differently. Instead, she has settled for broad promises of simplifying taxes, overhauling pensions, reducing job protection and curbing the trade unions. As she often sums it up, Europe has succeeded in linking “economic performance with social justice,” but “we can’t disregard the laws of the economy.”

The real clashes between Schroeder and Merkel regard Germany’s place in the world.

Schroeder was Germany’s first truly independent chancellor since World War II. On his watch, the capital not only moved to Berlin, eliminating the last formal vestiges of the Cold War, but the post-World War II politics of apology ended. Germany finally became a “normal” country again.

As such, Schroeder had the greatest opportunities since the time of Adolf Hitler to strike out on a new path. Schroeder ultimately chose a path closely mirroring France’s route, the path of seeking the establishment of a European superpower that Germany (and France) could use to punch above their weight in the international arena. Such a paradigm viewed U.S. hegemony as a direct threat—and therefore something to be undermined whenever possible. It also viewed Russia as a potential partner—and therefore an entity to be brought into the inner circles of planning.

Merkel hates everything about that strategy.

At her core, Merkel is a Central European born and raised under Soviet occupation. As such she is a geopolitical—if less extreme—kinsman of Latvian President Vaira Vike-Freiberga. Merkel distrusts Moscow, distrusts policies that place trust in Moscow, and views U.S. policy during the Cold War as the primary reason why she now has a political career that does not involve singing the Communist International on a regular basis.

That perception colors—if not outright dominates—her feelings on a wide array of German foreign relations issues. As she herself has often noted, “they [Germans] don’t realize that if we don’t help America, America won’t help us.”

As an East German who directly attributes her freedom to U.S. policy, Merkel takes a pro-U.S. stance on most issues.

·  While Schroeder worked at the end of 2004 and the beginning of 2005 to end the EU arms embargo against China, Merkel opposes lifting it, primarily because she fears it would endanger trans-Atlantic cooperation.

·  Whereas Schroeder has a relatively close relationship with Russian President Vladimir Putin, Merkel feels it is critical to press Moscow on democracy and human rights violations.

·  Though Merkel opposed the Bush administration’s unilateral approach on Iraq, she offered support for Bush’s policies in Iraq before and during the war “in proportion to our means,” and backed the core American assertion that terrorism and Saddam Hussein were intrinsically linked and that Europe should adopt the American perspective. Moreover, while Schroeder spent the majority of 2002 and 2003 repeating his categorical refusal to be drawn into Iraq, in February 2003 Merkel ventured to Washington, D.C., to meet with Vice President Dick Cheney. In a 2003 Security Conference in Munich, Germany, Merkel whispered to the U.S. delegation that, had she been in power, she would have signed a statement of solidarity with the United States over the Iraq war.

In her enthusiasm for the American position—at least as relates to knocking down Schroeder’s government a notch—she has penned editorials in American papers attacking Schroeder’s policies and praising those of U.S. President George W. Bush. Some of her more famous lines include: “Anyone who rejects military action as a last resort weakens the pressure that needs to be maintained on dictators and consequently makes a war not less but more likely,” or “I know what it is when you don’t have freedom.”

Perhaps the sharpest break Germany would suffer under a Chancellor Merkel would be with France. Though she likes the idea of the European Union, she is more like British Prime Minister Tony Blair in wanting her country as part of Europe, but not run by Europe. And Berlin’s direct relations with Paris are another matter entirely. In Merkel’s own words: “Germany needs its friendship with France, but the benefits of that friendship can be realized only in close association with our old and new European partners, and within the trans-Atlantic alliance with the United States.” This is a far cry from directly lobbying to constrain U.S. options at the U.N. Security Council.

But before one gets too enamored of the idea of a pro-American Germany, bear in mind the place makes the person. Merkel’s personal history constitutes a leading factor explaining her Atlanticism. Once she becomes chancellor—which she probably will—she will be speaking for all of Germany, not just East Germany.

East Germany was an occupied corner of Europe seeking to escape Soviet domination. As such, East Germans view themselves as needing an external partner for protection.

Germany proper, however, has no need of protection as it occupies a rather benign security environment and boasts Europe’s largest economy and population. Emerging from occupation, it is now attempting to carve out a niche for itself in a changing world.

A Chancellor Merkel will face harsh resistance from a country experiencing its own internal geopolitical split. It is not an entity that will reflexively seek to subordinate its political and security desires to dictation from an entity on the other side of the Atlantic—no matter what the personal preferences of its leader.

Pearl Harbor à côté c'est rien

Article lié : Exclusivité (presque) mondiale : “La Très-Grande Trouille des Haut-Pensants”

skyrl

  09/06/2005

Je ne sais pas si votre enthousiasme est d’à propos tant les idéologies sont fermement ancrés dans le cortex d’encore 45% de nos contemporains, et pas parmi les plus idiots.

Je ne sais pas si votre enthousiasme est de mise, tant la route à parcourir encore est grande et qu’il nous faudra beaucoup plus d’efforts individuels et collectifs pour faire vaciller le colosse.

Mais je sais en tous cas que votre enthousiasme, j’aimerai encore l’avoir, et que ça me fait beaucoup de bien de l’entendre chez vous avec un lyrisme qu’on ne trouve chez plus aucun éditorialiste.

Je salue un compagnon de route qui m’a bien l’air d’avoir compris ce que je comprends, et que j’espère comprennent beaucoup de français, quoi qu’on veuillent leur faire dire sur les raisons de leur vote.

Charles.

Le point de vue des "Eurasistes"

Article lié :

Mura

  08/06/2005

REFERENDUM FRANCAIS DU 29 MAI
Date: 05 June 2005 à 00:00:00 MSD
Sujet: Аналитика

LA SIGNIFICATION POLITIQUE DU NON
Yves BATAILLE

Les Français ne sont pas mécontents de la monumentale claque infligée à une «partitocratie» arrogante et coupée du peuple qui tient lieu de classe politique. Les partis-machine qui occupent le parlement(1), les syndicats réformistes, le patronat atlantiste et les intellectuels télévisés organiquement liés au show bizz…, ce «microcosme», cette «société de connivence» qui avait appelé au oui s’est réveillée lundi 30 mai avec une belle gueule de bois. Avec 70% de votants les 55% de «non» on apporté une réponse claire à une constitution qui ne l’était pas.

Les motifs du non sont multiples et plus cohérents qu’on ne le dit: en connaissance de cause ou par instinct certains ont d’abord dit non à une Constitution qui semblait vouloir donner le pouvoir à un aréopage anonyme; une partie de l’électorat a manifesté son refus d’une Europe libérale et anti-sociale marquée par les effets négatifs de la globalisation, d’autres (souvent les mêmes) ont rejeté une Europe ligotée à l’OTAN c’est-à-dire aux Américains; d’autres encore ont exprimé leur refus de la poursuite d’une immigration colonisation de peuplement qui, jointe au phénomène des délocalisations, grève l’avenir national et les budgets sociaux. On a voté non à la politique hésitante du gouvernement Raffarin, un ex giscardien hissé au poste de premier ministre pour satisfaire les libéraux. On a voté non à la dérive américaniste de «discrimination positive» évoquée par le dénommé Sarkozy. On a voté non parce que la Télévision et la presse écrite (Le Monde des fonds de pension US, Libération-Rothschild et Le Figaro-Carlyle) avaient appelé à voter oui. On a voté non pour dire oui à l’Europe mais pas à celle-là.

Se faisant le promoteur d’ une Constitution (conforme aux voeux des Atlantistes) qu’il pensait pouvoir interpréter à sa façon pour apparaître comme le maître d’œuvre de l’Europe en formation, Jacques Chirac s’est tiré une balle dans le pied. Il espère in extremis se sauver de ce faux pas en désignant comme nouveau premier ministre l’homme qui a porté le non de la France à la guerre américaine en Irak aux Nations Unies, son féal et peut-être successeur Dominique de Villepin mais le voici obligé de composer au sein même de son mouvement(l’UMP)et de son nouveau gouvernement avec Nicolas Sarkozy, le cheval de Troie de l’Amérique dans une France prise pour cible.

Dans le cadre d’une Europe sous sa coupe l’administration US souhaitait le oui. Le non embarrasse Washington qui veut une Europe unie par «l’intégration euro-atlantique». Cette intégration euro-atlantique est l’exact opposé de la Grande Europe des nationalistes européens et des Eurasistes. Elle vise à unifier sous ses «valeurs» (boursières) et son idéologie marchande les deux anciennes zones de l’après-guerre, l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est (New Europe et Old Europe)en une seule Zone d’Occupation Américaine (ZOA). Elle vise à empêcher non seulement l’unité continentale de l’Europe en un bloc géopolitique indépendant mais encore à détruire la Russie sur le mode yougoslave pour écarter le spectre de l’unité grand continentale eurasiatique de Vladivostok à Dublin qui entraînerait la fin de la domination US sur le monde. Le soutien américain à l’entrée de son pion turc actuel dans la petite Europe s’inscrit dans ce cadre.

«En France «libéral» est devenu la pire insulte» (André Glucksmann)

Par Europe les Américains entendent un espace géographique morcelé comme dans les Balkans en une multitude de micro Etats oblitérant le «noyau dur» franco-allemand, une zone économique dépourvue de colonne vertébrale et de direction politique, un chapelet d’entités dépolitisées fournissant des «alliés» (les vassaux) et susceptibles de commercer avec eux sur un mode inéquitable; un espace affaibli pour maintenir et renforcer l’ éternelle posture d’infériorité. L’exemple est fourni par les nouveaux Kollabos des ex démocraties populaires qui font assaut de servilité. Il faut pouvoir continuer à mettre sur orbite aux postes clé les zélés serviteurs atlantistes capables de mettre à disposition de «la seule nation indispensable au monde» (Madeleine Albright) l’infanterie coloniale de la guerre globale. C’est tout le contraire de ce que d’aucuns appellent désormais à Paris l’Europe puissance. Représentée à Bruxelles par l’ancien maoïste portugais Barroso (2)l’Union européenne de Bernard-Henri Lévy et des Tour Operators sort heureusement ébranlée par le non français du 29 mai (et le non hollandais qui a immédiatement suivi). Comme quoi l’argent et les moyens techniques, à certains moments, ne suffisent pas à faire la décision. Sans le vouloir l’écran ennemi peut devenir ami. C’est si vrai qu’un individu que l’on ne présente plus, qui a appelé et assisté avec délectation au crapuleux bombardement de la Serbie en 1999 et souhaite une Russie rayée de la carte, le résistant tchétchène parisien André Glucksmann, s’étranglait de rage le 30 mai dans le Corriere della Sera là où d’autres se réjouissent exactement pour les mêmes raisons:

Pour l’ancien «nouveau philosophe» cette union des pôles opposés – qui a pu être définie comme le «fer-à-cheval des partis pour la Nation » - ce faisceau des contraires du non à la Constitution, la convergence politique - sur l’urgence - de l’électorat socialiste, national et communiste traduit la force du courant «antilibéral et anti-américain» et la «haine de la bureaucratie cosmopolite de Bruxelles». L’extraordinaire et, il faut le souligner, le vrai, c’est que Glucksmann émet des doutes sur la sincérité de partisans du oui qui se seraient livrés pour l’occasion à une sorte de non-dit, Chirac en tête. Le lien est immédiatement fait avec la France chiraquienne qui a dit non à l’invasion anglo-américaine de l’Irak et demandé de se taire aux chaouchs de la New Europe ayant signé l’appel rédigé par l’américain Bruce Jackson du Committee to Expand NATO. C’est bien la diplomatie française qui a l’obsession de «l’Europe puissance» pour contrebalancer la «superpuissance» américaine qui est en cause. Dans le Non comme dans le non-dit, Gluckmann décèle l’idée-force qui tend une certaine France et exaspère Brooklyn, le mythe moteur de l’axe (de départ) Paris-Berlin-Moscou défini comme épine dorsale du Continent contre Bruxelles et Varsovie (qui rime avec Brzezinski).

Mais ce n’est pas tout: ce référendum prouverait que les Français «préfèrent Poutine à Bush», ce qui est un crime dans la mesure où quand Glucksmann dit Poutine il pense Staline. Et quand Jean Pierre Chevènement hurle contre les «oligarques de Bruxelles» il dévoile «l’origine poutinienne de son langage».(…) Les socialistes qui ont majoritairement voté pour le non ont fait «du chiraquisme sans Chirac» et sont coupables de «reprendre cette géopolitique à coup de populisme». Chose terrible, «en France, «libéral» est devenu la pire insulte» se lamente le maoïste recyclé publié par PNAC – Project for the New American Century. «En France, quarante pour cent de l’électorat est anti-européen et anti-démocrate» et l’on n’y parle que de protection sociale et de protectionnisme étatique. La social-démocratie allemande rejoint sa semblable française dans le rejet de l’économie ouverte et l’on n’y cesse pas «les vitupérations anti-américaines et anticapitalistes». Enfin «à Berlin comme à Paris, aucune force politique n’a reconnu que l’événement principal de ces derniers mois à été la Révolution Orange» en Ukraine (…). Pour Glucksmann, l’individu qui se réjouissait publiquement l’an dernier de l’assassinat du président tchétchène Khadirov et de l’érection du Mur de Sharon en Palestine «l’identité européenne est le vent de liberté qui souffle, plus vivace que jamais, entre Kiev et Tbilissi».(...)

Les paroles «à chaud» de Glucksmann traduisent bien le dépit atlantiste. Les Américains, qui ont de la difficulté à comprendre les subtilités du «reste du monde», saisissent mal la signification du non ou font semblant de ne pas comprendre. A la New Atlantic Initiative de l’American Enterprise Institute (AEI), le néocon polono-américain Radek Sikorski se félicite de l’affaiblissement du président français: «The results should be quite good for trans Atlantic relations because it weakens the most anti US politician in Europe, namely the French president Jacques Chirac». De quoi ce dernier est-t-il coupable?: de ne pas se plier suffisamment aux standards mondiaux «to educate his public about the demands of a competitive global marketplace». Mais à la Brookings Institution le son de cloche est quelque peu différent: Philippe Gordon soupçonne lui le non français de traduire une volonté d’indépendance européenne, de manifester la victoire des forces anti-globalisation, de marquer la rupture avec la partie du continent qui se vautre dans les plis du drapeau états-unien.

En conséquence la ligne de fracture française est double : elle se concrétise d’un côté par l’antagonisme gouvernemental entre le national-gaullisme représenté par Dominique de Villepin devenu premier ministre et la tendance atlantiste de Nicolas Sarkozy nommé ministre de l’intérieur, de l’autre par l’aspiration populaire à une alternative de rupture au Système bruxellois qu’aucun des partis en présence n’incarne à lui tout seul. L’avenir est au communautarisme national-européen et à l’Eurasisme quel que soit le nom que l’on donne à cette solution.

(1) Sauf le Parti communiste qui avait appelé au non tous les partis représentés au Parlement appelaient au oui. Les Verts liés au Parti socialiste ont montré qu’ils n’étaient qu’une salade américaine, ce que l’on sait depuis longtemps.

(2) José Manuel Barroso a été responsable du MRPP, un mouvement maoïste soutenu par la CIA après la «révolution des oeillets» (1974). Il s’agissait de contrer le Parti Communiste Portugais (PCP) soutenu par Moscou, jugé stalinien et dangereux.

Cet article provient de http://evrazia.org

L’URL de cet article est: http://evrazia.org/modules.php?name=News&file=article&sid=2477

La Diversion de Srebrenica

Article lié :

Mura

  08/06/2005

Puisque l’on reparle en mal des Serbes pour faire avaler le vol du Kossovo, il est bon de connaître les méthodes de guerre médiatique, psychologique…:

Disinformation: Operation Serbia

The war against Serbia actually began a long time ago, with the first attempts to manipulate the public opinion against Serbia, in the beginning of the 90’s. These manipulations have been carefully ordered, planned, organized, structured, scheduled and realized. Their generic name is “DISINFORMATION
OPERATIONS”.

Disinformation is an extremely powerful and formidable weapon. The successes of disinformation operations toward Serbia have led to several wars, huge destructions and sufferings, hundreds of thousands of killed, wounded, deported people, without noticeable reaction of the public opinion other than a more or less tacit and passive approval. I hope the following brochure will help to understand what is disinformation, how it works and how to fight against it. 

Disinformation: Bases

What is disinformation ? 
The disinformation is a manipulation of the public opinion, for political purposes, with an information processed by diverted means. 

What are its goals ? 
- at the enemy : to demoralize, weaken, disintegrate, destroy it. 
- at home : to neutralize and drive the masses in order to make them go in the desired direction at the desired moment without resistence. Success in this area is mandatory in any democracy, which is in fact nothing else than an apparent dictature of the majority. 

How to do it ? 
- Discredit the authorities of the opposing country, imply them into illegal operations, shake their reputation. 
- Discredit and hold up to ridicule everything which is good in the opposing country. Its traditions, its religion, its faith, its army, its history. The aim is to destroy the identity of a people. 
- Weaken the adversary. Encourage and make him a slave of his passions (sex, money, wealth, power) in order to make him paralyzed and without resistence.

- Destroy the adversary by dividing him. Excite some against others, young against old, women against men, political wing against political wing. 
- Accordingly, do exactly the contrary in your country. Make the nation united in the same spirit and having the same will, reinforce the trust in your power, your institutions, your leaders. 

With what methods ? (deals essentially with disinformation “at home”) 

1) Devilization (always say as much evil as possible about the potential enemy). 

2) Manicheism (present one side as 100% good, the other as 100% bad and evil). 
It is the principal characteristic of every violence apology : in a first step, the adversary is presented as a horrible monster, in order to produce a disgust reflex. Moreover, it has the advantage to make the fiction more appealing than the reality, because, not necessitating any reflection, the fiction becomes easier to understand and to assimilate. It works particularly well with primitive and low educated people.  This specific feature is characteristic of the american culture. Indeed, in practically every american movie, one find the following elements, based onto an appropriate use of human passions : 
- good guys
- bad guys
- baddies do appalling horrors, which excites in the audience various passions like hatred, disgust, desire of vengeance, revenge, violence, murder, etc… 
- When the audience is excited enough and dominated by its passions, goodies perform the so desired and long-awaited bloody massacre of baddies. Baddies die in horrible sufferings, the audience is happy and satisfied, and passively absorbs the thesis : “it is justice”. Snakes Pliskens, Ramboes, Rockies, die hards, Schwarzies, Charles Bronsons, judges Dredds, punishers, various warriors, cartoons, Batmans, Chucks Norris, dirty Harries, star wars, aliens, predators, independence days, etc.. are archetypes of such primitive scenarii (including Bill Clinton saying “It’s the war of Good against Evil” ! ). 

3) Repetition. “A lie repeated one thousand times remains a lie, a lie repeated one billion times becomes truth” (Goebbels). Repeat and repeat again what you want people to believe in. 

4) Hyperbolic inflation of the stakes. (Say that the entire Europa and probably later the whole earth will be transformed in a blood bath if you don’t intervene). 

5) Polarisation. (“If you are not with us, you are against us”, “if you refuse to kill, you will be a murderer”). 

6) Invoke God’s punishment. (“God bless America”). 

7) Metapropaganda. (The art of making suspicious everything coming from the adversary). Never call opposing media “informations source”, but always qualify them as “rough liars” and “propaganda tool”. 

8) Black propaganda. (Simulate a propaganda from your enemy, and subtly inject subversive ideas into it). 

9) Appropriate use of false facts (lies). 
- Make the adversary say what he didn’t say (“He is against the bombing, so he is for Milosevic”). 
- Make the adversary say what he didn’t say, but by using what he said elsewhere (hotchpotch) (“You said that you don’t hate Milosevic, so you like him”). 
- Make the adversary say what he didn’t say, but what you guess he would have said if he were fair. (For example, attribute to Milosevic violent anti-albanian speaches, while he never did any) 
- Publish false informations, fakes, rigged images. 
This method can be used extensively and without caution : indeed, only the first announcement does matter. Further denials have NO EFFECT on public opinion. Nevertheless, since it is always possible to bring a lie to the fore, and in order to maintain an impression of objectivity, denials are steadily published, generally in small letters and at a discreet place. 
- Suggest false or unproved things. 
In order to avoid the unpleasant impression left by too frequent denials, another similar technique consists of suggesting false events by using conditionals (would, could, should) and various adverbs like “perhaps”, “probably”, maybe”, “allegedly”, “supposedly”, etc.. that allow to say anything without having to deny afterwards. The use of quotes (”“), which allows to associate suspicion and doubt to anything, is abundantly used by written media. 

10) Appropriate use of true facts. 
The pursued goal here is not to inform, but to obtain a given effect. There are several ways to exploit a fact. It can be asserted/negated, magnified/minimized, approved/disapproved, or simply passed over in silence.

No mention of the fact (“What you dont speak about does not exist.” Goebbels). 
- Negation of facts (And accuse the other of lie. Say that civilian targets are military). 
- Inversion of facts (Present the torturers as victims. In our moralizing and victimophilic time, the compassion reflex is immediate). 
- True/false mixing, in various proportions (Multiply by xx 10,000 the number of supposed victims, the losses of the enemy, etc…) 
- Motif modification (“The goal of the operation is highly humanitarian”). 
- Circumstances modification (“This war is a defence operation against an aggression”). 
- Blurring (Flood the fact in a mass of other facts, overinform with useless information. Start a war in order to make people forget about the president’s lies, lack of honesty or sexual errings). 
- Camouflaging (Blow the ones up out of all proportion, minimize the others). 
- Interpretation (Use of highly appropriate and oriented wording). This technique allows to associate precise ideas to facts. 
- Generalization (Transform individual to collective. Find a couple of Serbian criminals, and say that all Serbs are criminals) 
- Illustration (Inverse of generalization. Say that in every war there are innocent civilian casualties, and that Serbian victims are just the unavoidable illustration of this axiom). 
- Quantitatively unequal parts. (Publish only interviews of Albanians, none of Serbs). (Organize a public “objective debate” with pro- and anti-, let pro speak 90% of the time, anti 10% and interrupt them permanently). 
- Qualitatively unequal parts. (Organize the same “objective debate”, make both parts speak equally 50% of the time, but… invite for pro an academician, PhD in psychology, having a deep knowledge of the situation and used to speak publically, and for anti a seller of hamburgers). 

How it works ? 
The very best disinformation service that ever existed, the “A” department of the First Principal Direction of the KGB, often followed this method : 
- collection of elements allowing to substantiate a given disinformation
- choice of a theme
- recruiting of relays to spread the disinformation
- action (with the help of “resonance chambers” (e.g. influent people), whose function is to maximize the effect of the disinformation) 
- creation of a psychotic hysteria leading people to perform “self-disinformation”. This last point, psychosis and hysteria, is the typical and specific feature of a successful disinformation operation, leading to a quasi-unanimity in the public opinion. Self-disinformation is a kind of quasi pathologic state where people voluntarily get, see, hear only the information which agrees with the disinformation theme. It is self-censure.

How it is realized ? 
A disinformation operation comprizes the following elements : 
- the agent (the actual realizer) 
- the customer (or beneficiary) 
- the marketing study (choice of best adapted supports) 
- the supports (facts or informations. True or false is not important) 
- the relays (to ensure information transfer and spreading) 
- the theme (“Serbs are not people like others”) 
- the processing of the theme (the actual methods used in the operation) 
- the resonance chambers (influence agents) 
- the target (e.g. the public opinion) 
- the psychosis (obtained if the operation is successful). 
The success of a disinformation operation is usually proportional to the ignorance of the population on a given subject, and to the amount of its prejudices. Obtaining psychosis and self-disinformation in the target is the supreme goal of any disinformator. One must have in mind that disinformation is only superficially aimed at intelligence. In fact, it is aimed at emotional centers, guts, instincts, irrational behaviours, primitive fears and reactions, emotional reflexes. Instinctive and emotion-driven behaviour automatically short-circuits the action of intelligence and reflection. It actually eliminates any critical analysis capability of the target, who ends defenceless in the hands of the disinformator. 
 

Disinformation: Examples

Example of different possible uses of the SAME true fact : 
Here is a demonstration of different ways to comment the SAME FACT. The fact is “the dog ate the meat” and the mission is to innocent the dog (I hope you will enjoy). 
- OK it’s the dog, but yesterday it was the cat. 
- What meat ? 
- It was only a small half-pound piece of the several tons of meat stored at this place. 
- It was a small piece of an old burned meat, forgotten in the refrigerator.

- The meat was placed in the dog’s plate, who BTW just licked it, despite of the fact that he didn’t eat for three days. 
- He didn’t eat it, he just gave it to his girlfriend. 
- It’s a five years old German shepherd, who last year saved his master from drowning. He watches the house, brings him the newspaper every morning, barks and eats a lot. 
- The plate of the meat was made of blue earthenware. It was a 4 pounds turkey. The dog was locked up inside the house because of the rain and cold. It is the neighbour who let him eat the meat. 
- Dogs are unhappy in flats because banks do not give low rate loans in order to build individual houses. 
- Noodles so-and-so allow to avoid this kind of problem. 
- It is pitiful, masters who let their dogs starving. 
- An eyewitness testified that a wandering dog ate it. 
- There has been a TV emission explaining that dogs are not responsible unless they have received a correct education. 
- Be careful ! One has already said that he bited somebody 3 weeks ago, while it was another dog. Were you here when the meat disappeared ? No ? So first find the meat, before accusing this poor dog with so many slanders. 
- The dog died : the meat was poisoned. 

The same, with “an Albanian killed a Serb”. 
- The day before, twelve gypsies have been killed at the same place. 
- What Serb ? 
- This war has made several tens of thousands of victims of both sides. 
- He was heavily wounded and dying. The Albanian felt pity for him and put an end to his sufferings. 
- He was under surveillance like the other prisoners, and then he tried to escape and began to run. One of the guards shot him at the legs, but unfortunately the bullet striked him at the head. 
- The Serb first shot at him, and he replied to enemy fire. 
- He is a very experienced officer. He belongs to one of the most famous elite units of the KLA. Those guys receive specific training for special reconnaissance missions in advanced enemy territory and are used to execute their mission in very small groups or even alone, in extremely severe conditions. 
- The Albanian stumbled and the shooting happened by mistake. 
- He saw that the situation was desperate, but he prefered to commit suicide rather than surrender. 
- A good equipment, an appropriate training and a commandment by experienced officers would have allowed to avoid this kind of incidents. 
- The KLA strength has been so much reduced after years of war, so they have even incorporated ex-convicts. 
- An eyewitness testified that he was killed by NATO peacekeeping forces, during a peacekeeping operation. 
- These people know only war since their birth. They have seen their entire family killed and their homes burned. To remove such a hatred will take years and years. 
- Be careful ! Were you here when he was shot ? No ? So first find the responsible, before accusing all the Albanians of being murderers. 
- He has not been killed : he just died naturally. 

Dictionary of “appropriate wording” : 
- assassinate = kill, when your enemies are killing. 
- mass grave = where your enemies have buried your friends. 
- war criminal = who makes war and is not of your side. Very often (and perfidiously) used to indicate someone indicted for war crimes and not yet sentenced guilty. 
- extremist = more extremist than you. 
- fascist = to be pronounced first by you, because it can be applied to you as well as to your enemy. 
- racist = who makes a difference between Islam and Christianity.
- terrorist = who uses violence and is not of your side. 
- deviationist = in a political group, who does not agree with you. 
- totalitarian = politics of your enemy. 
- fanatic = someone who believes in something different than you. 
- nationalist = who loves his country and is not of your side. 

Example of use of appropriate wording (interpretation) : 
In the following list, there are two different ways to describe the SAME FACT. Note that whatever formula is chosen, it can perfectly be inverted from pro- to anti-, and there is no way to be accused of lying or even distorting the truth. 
- Serbs are killed, Albanians are massacred or assassinated. 
- Serbs dig mass graves, Albanians dig tombs or communal graves. 
- A Serbian soldier with a Kalashnikov is a sniper, an KLA soldier with a Kalashnikov is a freedom fighter. 
- Serbian corpses have battlefield wounds, Albanian corpses have traces of tortures. 
- Serbian refugees are leaving Kosovo, Albanians refugees are ethnically cleansed from Kosovo. 
- A Serbian refugee convoy is a line of cars, an Albanian refugee convoy is a deportation. 
- Ethnical cleansing of Albanians is an atrocity, ethnical cleansing of Serbs is a logical payback. 
- A smiling serbian soldier is arrogant, a smiling KLA soldier is happy. 
- Serbian soldiers are slovenly-looking, KLA soldiers clearly suffer from equipment problems. 
- Serbian civilians killed by NATO are collateral damage, Albanian civilians killed by NATO are a terrible mistake. 
- Serbian civilians killed by Albanians are war casualties, Albanian civilians killed by Serbians are war crime victims. 
- Milosevic is Milosevic, Clinton is the President of United States Bill Clinton. 
- There are Albanian eyewitnesse’s concording testimonies reporting that…, there are Serbs saying that… 
- Serbs living near a military target are neighbour population, Albanians living near a military target are a human shield. 
- A successful Serbian attack is a slaughter, a successful KLA attack is a victory. 
- Serbian nationalists are extremists, Albanian nationalists are patriots. 
- Serbs commit atrocities, Albanians commit exactions. 
- Ten torched Serbian houses are a brutal reality, ten torched Albanian houses are evidence of Serb savagery. 
- Serbs insulting Albanians are making terror reign, Albanians insulting Serbs are angry people taking revenge for their humiliation. 
- Serbian soldiers take muslim enclaves, Albanian soldiers defend their homeland. 
- The Krajina is liberated by the Croats, the Bosnia is occupied by the Serbs. 

Disinformation: Operation Serbia

1) The agent. 
The public opinion manipulation agency in charge of the Serbia operation was Ruder Finn Global Public Affairs. 

From June to September 1992, Ruder Finn has : 
- had 30 meetings with the main press groups
- diffused 13 exclusive informations
- sent 37 last minute faxes
- sent 17 official letters
- submitted 8 official reports
- given 48 telephone calls to White House members
- given 20 telephone calls to Senate members
- given about 100 telephone calls to media influent personalities. 
Throughout their activity against Serbia public image, they actively participated in : 
- Islamic Conference emergency session on Bosnia-Herzegovina (Istambul June1992) 
- Conference on Security and Cooperation in Europe (Helsinki July 1992) 
- Conference on Former Yugoslavia (London August 1992) 
- United Nations General Assembly (October 1992) 
- OIC in Jedda
- UN Human Rights Commission in Geneva
- meetings with State Department
- meetings with National Security Council officials
They also organized various private meetings between the Bosnia foreign minister and : 
- former British Prime Minister Margaret Thatcher in London
- vice presidential candidate Senator Albert Gore in New York
- Saudi Ambassador to the US Prince Bandar in Houston
- President Bush
- Secretary of State Baker in Helsinki. 

2) The customer (or beneficiary) 
Officially, Ruder Finn had as customers the Republic of Croatia and Bosnia-Herzegovina, as well as the albanian opposition in Kosovo. Such a unanimity is suspect, and it is probable that Ruder Finn has been suggested to them (and helped) by some kind of 4th customer, probably some US department (still not proven, but highly suspected after information publication about CIA role in Bosnia war). 

3) The market study
The original situation was very difficult, because : 
- Serbs fought heroically against nazis during WWII
- the nazis founded a Croat state, whose actual croats openly claim to have their roots in
- bosnian muslims have been massively engaged during WWII in the 13th SS division “Handschar”, known for its atrocities
- albanian muslims have been massively engaged in the 21th SS division “Skenderberg” 
- these SS and croatian ustashis performed a genocide of Jews, Serbs and Gypsies
- Franjo Tudjman wrote a book published in 1989, “Wastelands of historical truth”, clearly antisemitic. He also openly admires Ante Pavelic. 
- Izetbegovic published in 1970 an “Islamic declaration”, clearly racist and claiming a super-islamic state. The only positive point was the tremendous lack of knowledge of Balkan’s history in the population. This point has been fantastically exploited. 

4) The supports
The first support used by Ruder Finn was the publishing by the New York Newsday of articles about prisoner camps, where muslims were kept. 

5) The relays
The stroke of genius of Ruder Finn was to ensure a relaying by Jewish organizations. The single word “camp” was enough to disturb this community, and Ruder Finn immediately organized meetings with three Jewish organizations : 
- the B’nai B’rith Anti-Defamation League
- the American Jewish Committee
- the American Jewish Congress. 
Ruder Finn then suggested them to publish an article in the NY Times, and to organize a demonstration in front of the UN. To make Jews support muslims against christian Serbs was an extraordinary gamble, and it worked perfectly. From this moment, the media started to have a strong anti-Serb attitude and
to use a heavily emotion-loaded language : “ethnic cleansing”, “concentration camps”, “deportation”, etc… The disinformation theme was straightforward : 

6) The theme was : “Serbs = Nazis”. 
Despite of the incongruity of this theme (Serbs have been the most anti-nazi people of the Balkans), the absolute general ignorance about History made it work. This theme was so strong so that it has been assimilated immediately by the media (who love sensationalism), and it was IRREMEDIABLE. Everyone trying to defend the Serbs were depicted as pro-Nazi. This theme is used for almost 8 years now, and is still very successful. 

7) The processing of the theme (other supports) 
Seven other main supports have been used in this operation :

- Destructions
Emphasis has always been put on eventual destructions performed by Serbs. Since they were not sufficient, false information was used. “The city of Dubrovnik has been entirely devastated” (Paris-Match, November 29, 1991). Dubrovnik is actually intact. “Strategic point for the Serbs, the Vukovar bridge was an architectural marvel…” (Actuel, December 1993). There is no bridge in Vukovar, the photography was the bridge of Mostar, and it has been destroyed by the Croats. “The village of Cetekovak has been razed to the ground…” (L’evenement du jeudi, September 12, 1991). Cetekovak is intact. 

- Ethnic cleansings
The expressions “ethnic cleansing”, “deportation” have been intentionally used by the media in order to recall WWII atrocities and to reinforce the theme. While expulsions were practiced by all parts, no media ever reported that a half million Serb refugees have been “ethnically cleansed” from Bosnia and Croatia. 

- Camps
The Serbian camps were absolutely ordinary and had nothing in particular. This required the use of fakes and bogus information. “The picture that fooled the world”, a photography of an emaciated man, behind barbwires, was the first fake (made by Penny Marshall (ITN) and Ian Williams (Chan4), worldwide published August 6, 1992). On the original image, the emaciated man is surrounded by not-emaciated ones. The man, Fikret Alic, was not a prisoner, but a refugee. The Trnopolje camp was a refugee camp and not a prison. The refugees were outside barbwires, the reporters inside. There were no barbwires around the camp, and the barbwires were those of a neighbour pasture. 

The publishing of this picture produced: 
- a huge hysteria campaign in the media (“Belsen 92”, “The Proof”, “The picture of the Holocaust and concentration camps”, “Survivors of Auschwitz”, “Evidence mounts on executions and beatings in Serb-run camps”) 
- an emergency meeting of the cabinet of British prime minister John Major, at which it was decided to send British troops to Bosnia. 
- Democratic Party candidate Bill Clinton and running mate Al Gore asked president George Bush to take military action against Bosnian Serbs. 
- Nato staff (in Brussels) started to plan a military intervention in the Balkans. (The fake was denounced by Thomas Deichmann. ITN admitted the truth in the High Court in April 1997 - five years later). Image of “Muslim prisoners in a Serbian detention camp”, with a skeletal man (Time cover photo, August 17, 1992). The man, Slobodan Konjevic, 37, was Serb and has been arrested and confined on charges of looting. He was skeletal because of suffering from tuberculosis for 10 years. The 1992 BBC filming of an ailing, elderly “Bosnian Muslim prisoner-of-war in a Serb concentration camp” resulted in his later identification by relatives as retired Yugoslav army officer Branko Velec, a Bosnian Serb held in a Muslim detention camp. 

- Rapes
The idea of “rape camps” was positively outstanding. The media hysteria was general (titles : “Rape by order”, “Rape horror”, “Rape camps”, “A pattern of rape”...), and people started to believe in the existence of a “systematic rape plan”. In reality, rapes happened not more than in any war, and have been performed by all sides. In 1992, the Bosnian government claimed that 50,000 muslim women have been raped, information abundantly relayed by the media. After investigation, Amnesty International published in January 21, 1993, a report where the issue of rape was qualified as a “propaganda weapon”. Later on, the UN Commission of Experts on War Crimes identified only 800 victims - Muslim, Serb and Croat -. The hyperbolic inflation of numbers is well illustrated by the following testimony: “When I was at 50 kilometers from Tuzla, I was told ‘go to Tuzla high school ground, as there are 4,000 raped women’. At 20 kilometers, this figure dropped to 400. At 10 kilometers, only 40 were left. Once at the site, I found only 4 women willing to testify.” (French television reporter Jerome Bony, Envoye Special, quoted in French magazine Le Point). 

- Gasses
The April 10, 1995, “Le Soir”, a belgian newspaper, published that Serbian police have used tear-gas. This information has been relayed and transformed as follows: 
“Serbs use gasses” (Die Welt, April 10, 1995). 
“American spokesmen established that in Zepa, Serbs have used chemical weapons” (NBC Handelsblad, July 28, 1995). 

- Mass graves
The expression “mass grave” has something frightening and has been extensively used. Its emotional content overcomes the fact that there are people killed in every war, and these people must be buried somewhere. 

- Massacres
The amount of casualties was dementially inflated, and every death was attributed to Serbs. In February of 1993, the Bosnian government, relayed by the international media, published the estimated number of 250,000 victims. The International Red Cross later on estimated the figures at 20-30,000. Not published. It is interesting to note that the Sarajevo massacre, very probably performed by Bosnian muslims (UN analysis report by Reuters, Feb. 18, 1994 and David Binder article Oct. 2, 1995, “The Nation”), has been willfully and deliberately used as a pretext for NATO operations against Serbia, with FULL KNOWLEDGE OF THE FACTS (Publishing of a talk between M. Jean Daniel and M. Juppe, French prime minister “Le Nouvel Observateur”, August 31, 1995). 

8) The psychosis. 
The psychosis and hysteria became total. Some titles and expressions found in the media : 
“the daily horror”, “the criminal madness of Serbian commanders”, “horrors without equivalent in Europe since at least a half-century”, “particularly bestial rapes”, “there are, on Serb side, war criminals”, “the terrible confession of the atrocities committed by a young Serb”, “the black part which is in every human being [...] is here, in all its horror”, “rape is actually a crime against humanity”, “Bosnia the shame”, “everything indicates a deliberate will of humiliation, annihilation of beings where Serbs have been the principal actors”, “Serbs created a hell”, “ordinary cetnik : repeater rapes and murders”, “Serbs reached a new step in war horror”, “the damned of Europe”, “at the end of hatred”, “silence, one kill”, “back to the hell”, “shame camps”, “Mladic butchers”, “the mad psychiatrist”, “the most terrifying action the UN ever participated to”, “the greatest betrayal of UN”, “the ultimate step of an aberrant politics devoured by its own logic”, “Satan himself could not have imagined a so cruel thing”, “a monster of horror movie that you believe dead and in pieces, and whose each tentacle inflates and get autonomous life”... 

The gigantism of the “Operation Serbia” gave rise to number of false notes. 

- A child killed by a sniper in a bus (Sarajevo, Aug 1992) called “muslim” by the TV. The funerals show Orthodox ritual. 
- A 1992 TV report showing Serb victims in Vukovar, reprinted with the caption “Is there any way to stop Serbian atrocities in Bosnia?” (Newsweek, Jan 4, 1993) 
- Reports of massacres of 14 muslims and then 10 muslims supposedly killed by Serbs (CNN March and May 1993). The victims later turned out to be Serbs.Not corrected. 
- Photo of a Croat woman from Posusje grieving for a son killed in Serb attacks (NY times Aug 1993). Fightings in the Croat village of Posusje were between Muslims and Croats and have caused 34 Bosnian Croat deaths, including the son of the woman in the photo. 
- A photo of a woman in front of the grave of her son, presented as Croat. The name is written in cyrillic, she is Serb. 
- A photo of a tortured man with the 3 main fingers cut, presented as muslim. He has his wedding ring at the 4th finger of its right hand, he is a Serb. 
- Armed paramilitary men, particularly sinister, presented as Serbs. They wear the Croat check pattern insignia (Corrected and apologized by “Le Nouvel Observateur”, No 1470 and 1473). 
- Testimony of Anisa, a child, saying that she saw Serbs cutting noses and ears in Tuzla. Tuzla has never been occupied by Serbs. 
- Images of a fragments of a downed “Mig-29” (CTV Mar 26, 1999, 22h42). There is a mention in english “ANNUAL INSP” +references painted on one of the fragments. 

As a conclusion, Serbia is now synonym of Nazi Germany, and the Serbian people, sentenced to poverty and slow death by years of embargo and full devastation by the US+NATO coalition, is now considered by all the West as the parias of mankind. The “Operation Serbia” has been 100% successful. Congratulations. Sad but true. 

Boeing

Article lié :

Bodart Joseph

  07/06/2005

Comme je ne trouve pas votre adresse de courriel, voici une référence à un article du Washington Post :
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2005/06/06/AR2005060601715.html?referrer=email

La lecture de vos pages est un véritable supplice pour les yeux fatigués, le contenu en est cependant plutôt intéressant.
Ecrivez plus grand, merci d’avance.