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Londres

Article lié : A stratégie inepte, guerre perdue

Paolo

  08/07/2005

Un peu de prudence avant d’attribuer des culpabilités, serait certainement indispensable. Quoi de mieux qu’un horrible massacre pour tenter de recomposer le front occidental ? (Ce qui n’est qu’une question et non une assertion.)

extrait du politologue

Article lié : A l’Est, du nouveau

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  07/07/2005

C’est Alexei Makarin qui travaille au centre des technologies politiques a Moscou:

In response, Russia is expecting Uzbekistan to take real reciprocal steps in various fields, including defense. Uzbekistan’s Army, for one, is expected to convert from NATO to Russian standards in training and equipment. “Our bilateral relations in military and military-technical fields have been visibly gaining speed over recent years,” Defense Minister Sergei Ivanov said last week. According to some sources, Uzbekistan may allow Russia to use its infrastructure, including air force airfields, for possible Russian special operations in crisis situations. A more remote possibility is for Uzbekistan to rejoin the Collective Security Treaty Organization (CSTO), a bloc uniting Russia and its military and political allies in the post-Soviet space. Ironically, the CSTO founding treaty was signed in 1992 in Tashkent, the Uzbek capital.
http://en.rian.ru/analysis/20050705/40848112.html

ca sent le brule

Article lié : A l’Est, du nouveau

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  07/07/2005

Il s’est passe quelque-chose il y a 7 semaines de cela suite aux evenements en Uzbekistan (Karimov etait en contact avec la Chine) qui a pousse Rumsfeld en visite en Chine, mais je n’ai pas eu plus de precisions.
A noter qu’en Asie centrale il y a 2 projets de pipelines, le contrat entre Kazahkstan et la Chine (5800 km de tubes) dont l’Iran est un observateur international au meme titre que le Pakistan, et un autre projet soutenu par l’Union Europeenne qui consiste a eriger une pipeline de l’Iran jusqu’en Inde, en transitant par le Pakistan (500 millions de dollars par an pour les dedommager). De ce fait les relations entre Inde et Pakistan devraient revenir au calme concernant la region du Kashmir. En somme c’est toute la region qui est en train de changer diplomatiquement. Du cote des Russes il y a d’enormes pression diplomatiques sur l’Uzbekistan pour convertir toute leur armee dans la region aux normes sino-russe (Putin a fait paraitre un transcript par voix diplomatique). Bolton etant encore absent, il devrait theoriquement y avoir aux nations-unies un debat sur les droits humains dans l’Asie centrale et evidemment la question nucleaire de l’Iran (veto des Russes ou des Chinois la-dessus).
Bref on va encore avoir des lecons de moral des USA sur les droits humains alors que c’est toute une affaire d’argent et de control de la region.
Ca sent le brule, d’autant plus que la consommation petroliere mondiale a retrouve son plus haut volume depuis 2004, volume qui n’avait pas ete atteind depuis 1976. Les Chinois sont de plus en plus dependant du petrole et des interets strategiques sont en train de se produire dans la region de l’Europe jusqu’en Chine. C’est toute la region qui en est affectee. Personnellement je pense que l’on y verra un peu plus clair apres les elections en Allemagne et en France pour savoir comment l’Europe va se depatouiller et trouver sa voix, tout dependra du leadership diplomatique americain qui a mon avis a pris une sale raclee depuis la guerre en Irak (these hegemonie americaine est a sa fin?).

CIA

Article lié : Le “modèle italien”, champ de manœuvre favori de la CIA

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  05/07/2005

Unocal

Article lié :

thierry

  02/07/2005

En parlant de protectionisme, la guerre du pétrole ne fait que commencer entre Chinois et Américains

Offre de rachat chinoise d’Unocal: une épine dans le pied de l’Amérique
L’offre du groupe chinois CNOOC de

racheter le groupe d’exploration pétrolière américain Unocal enfonce depuis une semaine une épine dans le pied des Américains, partagés entre la défense d’un marché ouvert et celle de leurs intérêts énergétiques.

Depuis la contre-offre lancée le 23 juin par la China National Offshore Oil Corporation, offrant 18,5 milliards de dollars en numéraire soit 1,5 milliard de plus que ChevronTexaco, les deux plus gros consommateurs d’or noir au monde se livrent une bataille acharnée.

Les élus américains en tête s’insurgent contre l’intrusion des Chinois dans leur secteur hautement sensible de la prospection et production pétrolière.

Une résolution votée jeudi soir à une majorité écrasante (368 contre 15) de la Chambre des représentants affirme que la transaction, si elle était confirmée, menace sérieusement la sécurité nationale. Une enquête américaine approfondie sur ce risque a été réclamée.

Pourtant en parallèle, les sénateurs, soucieux d’éviter un conflit commercial douloureux avec l’un de leurs principaux partenaires commerciaux, ont reporté à octobre un ultimatum initialement fixé à fin juillet pour taxer à 27,5% toutes les importations “made in China” si Pékin ne réévaluait pas sa monnaie d’ici là.

Selon Washington, le lien étroit entre le yuan et le billet vertyuans pour 1 USD) depuis la crise financière asiatique de 1997, maintient la devise chinoise à un niveau artificiellement bas et offre un avantage compétitif indu pour les produits chinois.

Le secrétaire au Trésor John Snow et le patron de la Fed Alan Greenspan venaient d’assurer que la Chine allait bouger prochainement sur ses taux de changes. Mais Pékin a démenti avoir un calendrier à ce propos.

Enfin, loin de toutes ces agitations politiques, des représentants du groupe CNOOC ont poursuivi toute la semaine une formidable opération de lobbying aux Etats-Unis.

Quatre jours à peine après sa contre-offre, le troisième groupe pétrolier chinois, détenu à 70% par l’Etat, a dépêché mardi des représentants à New York pour discuter avec Unocal. Vendredi ces pourparlers se poursuivaient, selon une porte-parole du groupe aux Etats-Unis.

Pendant ce temps Unocal a multiplié les communiqués affirmant que l’accord des administrateurs à l’offre de Chevron en avril “restait valable”. Les actionnaires se prononceront le 10 août sur cette offre qui a déjà obtenu le feu vert des autorités américaines de régulation.

Chevron, de son côté, a réaffirmé qu’il ne surenchérirait pas. Son vice-président Peter Robertson a douté de la conformité de l’offre rivale avec les règles commerciales. Selon lui, CNOOC tente de s’approprier “une ressource importante” américaine avec de “l’argent offert” par Pékin.

Bloquer cette transaction “serait grave”, a estimé Daniel Griswold, analyste du Cato Institute à Washington, car “ce serait plutôt hypocrite de la part des Etats-Unis de demander à la Chine d’ouvrir ses marchés alors que nous lui claquerions la porte au nez pour cet investissement tout à fait légitime”.

A l’inverse la sénatrice démocrate Nancy Pelosi a fustigé la démarche chinoise qui “cherche à trouver une réponse à ses besoins énergétiques en obtenant le contrôle de ressources dans le monde entier”. “Cette offre chinoise est la preuve évidente de la vulnérabilité stratégique du secteur énergétique américain”, a-t-elle affirmé.

De plus, a averti Mme Pelosi, l’acquisition d’Unocal offrirait aux Chinois des technologies particulières de forage susceptibles de les aider à procéder à l’avenir à des tests nucléaires indétectables.

Face à toutes ces craintes, le groupe CNOOC a choisi la carte de la transparence et a pris les devants en allant volontairement déposer un dossier auprès de la commission chargée d’examiner les investissements étrangers aux Etats-Unis au regard des risques pour la sécurité nationale.

La Chine

Article lié : Les surprises chinoises

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  02/07/2005

Les Americains s’inquietent et proposait meme de mettre une taxe de 27.5% sur les produits chinois, cette meme taxe pourrait supprimer des emplois aux USA.

Dans le port de Tacoma (a cote de Seattle dans l’Etat de Washington) ils ont predit un regain des imports chinois sur les 5 prochaines annees (+50%).
Je ne sais pas si vous etes venus aux USA dernierement mais on trouve des produits chinois de partout (dans une maison il doit bien y avoir + de 70% de produits chinois). Tous ces produits-la sont consommes sans moderation puisque la plupart d’entre eux coutent moins de 99 cents (on va les chercher dans les “dollar stores”).

Dernierement il y a une nouveaute: les Chinois exportent meme leur bouffe dans les rayons de Walmart par cargo surgele. Ne parlons pas des jobs americains qui sont passes en Inde ou en Russie, creusant l’ecart entre la “lower class” et “l’upper class”. La classe moyenne aux USA est en train de disparaitre.

  Tout cela confirme que tot ou tard on va se trouver dans un monde multipolaire a nouveau. Il faudra bien passer la flamme olympique a une autre nation.

L'indépendance de la magistrature italienne

Article lié : Comme le KGB au temps de Brejnev…

annalor

  01/07/2005

Chapeau pour la magistrature italienne qui ne se laisse pas intimider par Berlusconi,qui en suivant Bush dans sa guerre,a violé l’article 11 de la Constitution italienne.
Maintenant la magistrature italienne est menacée dans son autonomie justement par Berlusconi,qui a fait approuver au Parlement une contrereforme contre l’indépendance de lamagistrature.Celle-ci sera dans sa 5ème grève contre le gouvernement le 14 juillet,pour défendre la légalité et son autonomie.
C’est évident que la notion de terrorisme de la magistrature italienne est différente de celle de Berlusconi qui certainement savait et a approuvé l’enlèvement de l’imam,meme s’il le nie

Précédents

Article lié : USA et Iran: “Je t’aime, moi non plus”, — enfin, façon de parler

Bruno Hanzen

  30/06/2005

“La seconde est que les durs iraniens qui sont au pouvoir ont besoin d’une Amérique qu’ils désignent comme “le Grand Satan” et qu’ils accusent de fomenter une attaque contre l’Iran pour tenir malgré tout la population contre un ennemi extérieur, comme GW Bush a besoin d’un régime ultra-dur en Iran pour continuer à menacer d’attaquer et à mobiliser les Américains. “

Je vous renvoie à “QRN sur Bretzelburg” (aventure de Spirou, par Franquin). J’en tire 2 conclusions:

1) Le niveau du public visé par Christian Science Monitor n’est peut-être pas très différent de celui du public de Spirou.
2) Ah, les Bretzels!!!
3) Franquin était vraiment un tout grand.

Porte-avions

Article lié : Trafalgar, morne plaine

Bruno HANZEN

  29/06/2005

Vu chez “Jane’s”:
France and UK prepare for co-operation over aircraft carriers

By Guy Anderson, Editor, Jane’s Defence Industry

A source at the centre of negotiations between France and the UK regarding co-operation on the development of future aircraft carriers for both navies has said he is “convinced” that the governments are poised to enter into a “collaborative programme”.

It is three years since the possibility of using designs for the UK’s Future Aircraft Carrier (CVF) programme as the basis for France’s PA2 aircraft carrier was first raised, with a view to shared procurement of equipment to reduce costs.

“I am convinced that this will happen,” a source involved in the negotiations told Jane’s Defence Industry.

He added: “The negotiations have been long, but they have been very positive and I expect a decision to be reached soon.”

His comments came as defence companies, including BAE Systems and Thales, lead contractors in the CVF programme, were reported to be preparing to present a report to the governments on the proposed collaboration. The analysis is expected to look at the risks and benefits of either shared procurement of equipment or joint construction of the ships.

Earlier studies by prime contract office designate MOPA2 (Maìtrise d’Oeuvre Porte Avions No 2) - set up by Thales and DCN in 2004 to manage the PA2 programme at industry level - envisaged a carrier of approximately 60,000 tonnes; comparable in size to the CVF.

The source at the centre of the negotiations said: “It [collaboration] presents a cost-effective solution for France” that “appears to meet our requirements” and “has the added benefit of a positive step in Anglo-French relations.”

referendum

Article lié : Journal de bord de dedefensa.org — 050623, notre “référendum” (fin)

sam

  29/06/2005

bonjour

Je suis un lecteur assidu de vote site - inutile de vous dire quej’apprécie la force et la justessse de vos analyses… qui nous changent grandement de la médiocrité et la stupidité de celles auxquelles les commentateurs TV nous ont habitués !

Continuez ce merveilleux travail - votre acuité est rare dans ce monde bercé de virtualisme. L’exercice est difficile et tout l’honneur vous en revient : on ne lit pas tous les jours des analyses historiques en temps réel ! DEdefensa réalise cet exploit et mériterai d’être connu du plus grand nombre.

Concernant le référendum sur De Defensa, je ne l’avais pas vu tout simplement. Peut être qu’il n’était pas assez voyant. Si vous avez besoin d’une nouvelle charte graphique ou d’un nouveau système php pour publier ce site, je m’y connais un peu et je serais heureux de vous aider

Sincèrement
Sam

La BBC s'occupe de Blair ...

Article lié :

Sisko

  27/06/2005

Un reportage précis, dramatique et lucide sur la personnalité de Blair - et sa politique - durant les préparatifs de la guerre en Irak.

http://www.indybay.org/uploads/iraq_tony_truth.ram

Home-Page : http://www.downingstreetmemo.com/index.html

Gunfight At EU Corral : Junker And Blair Launching Challenges In Front Of EU Parliament

Article lié :

Stassen

  23/06/2005

Tony Blair succède à Jean-Claude Juncker dans un climat tendu


19 juin 2005 (Reuters - 20:56)
par Yves Clarisse
BRUXELLES - Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker s’apprête à céder dans l’acrimonie la présidence de l’Union à son homologue britannique, qui peut se préparer à un semestre “pourri”.

Tony Blair aura fort à faire à partir du 1er juillet pour égaler la réputation du doyen du Conseil européen qui, malgré son relatif jeune âge (50 ans), joue les “fixeurs” de l’UE depuis plus de dix ans grâce à son art du compromis.

Malgré le fiasco du sommet de Bruxelles sur le financement de l’Europe élargie, le Luxembourgeois a été vigoureusement applaudi par les centaines de journalistes présents dans la nuit de vendredi à samedi, une scène inédite digne de la Roumanie de Ceaucescu.

C’est peu de dire que l’homme s’est taillé une réputation à faire pâlir d’envie tous ses homologues européens.

“Découragé, un peu triste” devant la “crise profonde” provoquée par cet échec ainsi que par le rejet de la Constitution européenne en France et aux Pays-Bas, il est devenu l’“homme à tout faire” vers qui tous les regards se tournent dès qu’il y a un problème à régler dans une Union toujours divisée.

Quand on cherche un président de la Commission exécutive, c’est tout naturellement à Juncker que l’on propose la fonction en 2004.

Il déclinera l’invitation unanime de ses homologues, qui ne voulaient pas le croire lorsqu’il leur disait avoir promis aux électeurs luxembourgeois qu’il resterait à son poste en cas de réélection en juin 2004, ce qui fut le cas.

ACCORD SUR LE PACTE DE STABILITE

C’est évidemment à lui que l’on pense pour présider pendant deux ans l’Eurogroupe, le forum de coordination des politiques économiques de la zone euro, un mandat qu’il acceptera.

Depuis, comme par miracle, ce cénacle s’est mis à fonctionner de manière plus efficace et est parvenu en mars à un accord sur la réforme du pacte de stabilité de l’euro que l’on disait impossible quelques mois auparavant.

L’un des autres succès de sa présidence a été l’orchestration réussie du sommet de la “réconciliation” euro-américaine avec George Bush, le 22 février.

A Bruxelles, il a tenté jusqu’à la dernière seconde de boucler un compromis sur le budget de l’Union européenne de 2007 à 2013 et, de l’avis général, on était proche de l’accord.

Mais l’Espagne, la Finlande, les Pays-Bas, la Suède et, surtout, le Royaume-Uni, l’ont empêché de couronner sa présidence par un accord qui aurait quelque peu dissipé le double “non” à une Constitution à laquelle il tient beaucoup.

Les pays qui se sont retrouvés dans la minorité s’en sont pris à la stratégie du Premier ministre luxembourgeois, qui a cherché à isoler le Royaume-Uni pour le faire “craquer”.

“S’il y a eu une telle tentative, ça a raté”, a estimé Tony Blair, qui a dénoncé les “tactiques et manoeuvres” de Juncker.

Ce dernier n’a pas caché qu’il ne passerait pas, selon une formule célèbre, ses vacances avec son successeur à la tête de l’Union européenne.

Que fera-t-il le 23 juin, quand Tony Blair présentera ses priorités ? Malheureusement, ce sera la fête nationale luxembourgeoise: “Par conséquent, je ne serai pas à l’écoute.”

CONTEXTE TENDU
Quel conseil lui donnera-t-il ? Aucun, “puisque visiblement on n’écoute pas mes conseils”, a-t-il expliqué.

Que lui inspire la date du 18 juin, 190e anniversaire de la victoire britannique sur les troupes napoléoniennes à Waterloo? Il préfère se souvenir d’un autre 18 juin, celui de l’appel du général de Gaulle en 1940 appelant les Français à résister à l’occupant nazi.

C’est donc dans un contexte pour le moins tendu que Blair prendra les rênes de l’Union européenne dans deux semaines.

Il trouvera face à lui les pays qui, comme l’Allemagne, la France, le Luxembourg, la Belgique, et même les dix nouveaux entrants, qui le rendent responsables de l’échec.

Or, il lui sera impossible de redresser la barre.
On voit mal le Royaume-Uni, dont la “ristourne” de cinq milliards d’euros annuels - et bientôt huit milliards - sur sa contribution au budget européen est au centre de la querelle, proposer une réduction de ce généreux “chèque”.

Londres, qui veut lier toute réduction de ce mécanisme à une remise en cause fondamentale de la Politique agricole commune (PAC), n’est pas non plus considéré comme un “honnête courtier” sur ce point, comme doit l’être une présidence de l’UE.

L’accord est donc reporté à 2006, avec tous les dangers que cela suppose: on sera alors plus proche des échéances électorales en France et aux Pays-Bas, deux des pays les plus durs.

Tony Blair, qui veut se faire le champion de la modernisation de l’Europe, risque aussi d’être confronté sur un dossier-clé de sa présidence à l’intransigeance française.
C’est en effet pendant le prochain semestre que les Vingt-Cinq sont censés parvenir à un accord sur la libéralisation des services, la fameuse “directive Bolkestein” honnie en France, où elle a joué un rôle dans le “non”.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=305126#
——
Discours
Texte intégral de l’intervention de Jean-Claude Juncker, président en exercice du Conseil européen, devant le Parlement européen, sur les résultats de la Présidence luxembourgeoise et le Conseil européen des 16 et 17 juin - Bruxelles, 22 juin 2005
Date du discours : 22-06-2005
Lieu : Parlement européen, Bruxelles
Orateur : Jean-Claude Juncker
Domaine politique : Affaires générales et Relations extérieures
Réunion : Mini-plénière du Parlement européen

Monsieur le Président,

Monsieur le Président de la Commission,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

la présidence luxembourgeoise touche à sa fin. Certains diront heureusement, moi je le regrette beaucoup. J’aurais aimé continuer.

(Applaudissements)
L’heure du bilan est donc arrivée. Nous pouvons faire plusieurs constats que j’espère incontestables. Premièrement, en effet, nous avons été capables d’amener le Conseil européen ou des ministres à prendre quelques décisions dans des secteurs où les controverses étaient particulièrement vives en début d’année. Nous avons réformé le pacte de stabilité et de croissance, mettant ainsi fin à une longue période d’incertitude qui contenait en germe un lourd contentieux entre les États membres de la zone euro. Nous n’avons pas chassé la stabilité mais nous en avons ajouté au volet préventif du pacte. Nous n’avons pas flexibilisé à outrance son volet correctif, mais nous avons donné à celui ci une tournure et une lecture plus économiques qu’automatiques. Président de l’Eurogroupe, je veillerai à la bonne application et à l’interprétation judicieuse du pacte qui, désormais, tiendra mieux compte de ses deux dimensions qui se valent: stabilité mais aussi croissance, croissance mais aussi stabilité.

Deuxièmement, le Parlement, la Commission et le Conseil ont réussi à donner une nouvelle force à la stratégie de Lisbonne. Une compétitivité renforcée, une modernisation accrue de nos comportements et de nos politiques économiques, une volonté retrouvée d’innover et d’avancer sur le plan de la recherche: voilà les grands axes de la nouvelle stratégie qui ne fait pas l’impasse et qui n’a pas voulu faire l’impasse, comme certains avaient pu le souhaiter initialement, ni sur la cohésion sociale - laquelle est restaurée comme un grand objectif, une grande finalité de l’Union européenne - ni sur une politique environnementale appropriée - laquelle n’est pas, loin s’en faut, l’ennemie de l’emploi et de la compétitivité.

(Une sonnerie de portable ayant retenti, M. Juncker s’interrompt)
Allô.
(Rires)
J’étais habitué à ce que mes discours appellent des réactions. Je ne les savais pas aussi immédiates.

Pour en revenir à la stratégie de Lisbonne, nous changeons sa méthode d’application. Les États membres, par le biais de programmes nationaux de réforme, s’approprieront mieux la stratégie et deviendront ainsi redevables devant les parlements nationaux de la bonne tradition nationale des textes européens et de volonté européenne.

Le Conseil européen du mois de juin, celui de jeudi et de vendredi derniers, a arrêté pour la première fois de son histoire des lignes directrices intégrées, événement somme toute important dont, malheureusement, on n’a guère parlé ces jours ci. À ceux qui veulent moderniser l’Union européenne en donnant l’impression que les autres ne le voudraient pas, à ceux qui veulent mieux répondre aux défis nouveaux auxquels l’Union européenne doit faire face en donnant l’impression que les autres seraient aveugles à ces défis, je dis: “Lisez vos propres décisions et appliquez les au lieu d’en demander de nouvelles”.

Troisièmement, nous avons, Monsieur le Président, réussi à fixer, au niveau de l’Union européenne, les nouveaux objectifs en matière d’aide publique au développement. Après avoir rappelé que, d’ici à 2015, l’effort européen de coopération doit être porté à 0,70 % de nos richesses nationales, nous avons fixé à l’Union européenne un objectif intermédiaire qui est de 0,56 % de nos richesses nationales d’ici à 2010. Je ne suis pas peu fier de cette décision parce que je la savais contestée et controversée en début d’année. Cette décision, cette avancée augmentera le niveau de l’aide, qui passera de 46 milliards d’euros en 2006 à 66 milliards d’euros en 2010. Plus d’argent, donc, chaque année et, à partir de 2010, 20 milliards d’euros de plus par an. Ce n’est pas tout mais c’est déjà quelque chose. D’autres parties du monde aussi riches que l’Union européenne pourraient s’en inspirer utilement pour contribuer à l’éradication de la pauvreté, véritable fléau des temps modernes. Nous avons été capables d’éliminer l’esclavage au XIXe siècle, nous devons être capables d’éliminer la pauvreté pendant la première moitié du siècle en cours.

(Applaudissements)
Quatrièmement, enfin, Monsieur le Président, nous avons, conformément aux engagements que j’avais pris le 12 janvier, lorsque j’avais présenté le programme de la Présidence luxembourgeoise, amélioré nos relations avec notre partenaire américain. Cela fut le cas lors de la rencontre du 22 février dernier, dans cette ville de Bruxelles, avec le président Bush qui avait souhaité se rendre en Europe. Cela fut encore le cas lors du sommet de lundi avec le président Barroso et le président Bush.

Je signalerai que le dimanche, nous avions eu un autre sommet, avec le Canada. On parle trop peu souvent du Canada qui est un important allié pour l’Union européenne. L’Amérique du Nord, c’est aussi le Canada.

(Applaudissements)
Pour en revenir au sommet de lundi, nous avons pu constater l’ardente obligation qu’il y a, et pour l’Europe et pour les États Unis, de marcher ensemble sur la base de convictions communes. Aujourd’hui, se déroule à Bruxelles une conférence sur l’Irak que nous avions suggérée au président Bush lors de la rencontre du 22 février. L’Union européenne et les États Unis co-organisant et coprésidant aujourd’hui une conférence sur l’Irak: qui aurait pensé, il y a un an, il y a six mois, que sur un sujet aussi litigieux que l’Irak, l’Union européenne et les États Unis d’Amérique seraient un jour capables de se donner la main pour faire en sorte que la démocratie et la liberté s’instaurent de façon définitive en Irak? Je ne suis pas peu fier d’avoir pu amener Américains et Européens à retrouver une même ligne d’analyse et d’action concernant l’Irak. Par conséquent, il faut nous en féliciter.

(Quelques applaudissements)
Je ferai observer que vos applaudissements sont bien faibles sur ce point. Si j’étais revenu devant votre Parlement pour vous dire que les relations entre les Américains et les Européens se sont davantage détériorées, une bonne moitié d’entre vous se serait levée immédiatement pour dire que la Présidence doit reconnaître un lourd échec sur un volet important des relations extérieures.

De même, Monsieur le Président, nous avons pu trouver un accord avec la Russie voisine sur ce qu’il est convenu d’appeler les quatre espaces. Nos relations avec la Russie, si importantes depuis le sommet du 10 mai, se sont considérablement apaisées. Il convient de s’en féliciter. Des divergences de vue persistent cependant, il faut le savoir.

Monsieur le Président, en décembre 2004, sous Présidence néerlandaise donc - il est peut-être bon de le rappeler, - la future Présidence luxembourgeoise avait été chargée de parvenir, avant la fin juin 2005, à un accord politique sur les perspectives financières. Le 12 janvier 2005, à peine trois semaines plus tard, j’analysais devant vous, à Strasbourg, les chances d’un accord. Je vous disais, à l’époque, et je me permets de me citer, vous savez que j’adore me citer:

(Rires)
“Nous allons tout faire pour trouver un accord, mais je ne me fais pas d’illusion. Les États membres se sont enfermés dans des positions à ce point strictes et figées qu’ils auront du mal à les quitter en temps utile”. J’avais vu juste et j’ajoutais, me citant à nouveau: “L’absence d’un accord en juin ne sera pas l’échec de la Présidence,...

(Applaudissements)
... ce sera l’échec de l’Europe”. Là, je n’avais pas vu juste, ou plutôt je n’avais pas entièrement vu juste. Certains accusent la Présidence d’être à l’origine de l’échec parce qu’elle a voulu aller jusqu’au bout du mandat qui lui avait été fixé à la fois par la Présidence précédente et par tous les États membres. D’autres prétendent que le désaccord n’est pas un échec de l’Europe parce que les accords sur les perspectives financières se feraient toujours au dernier moment. Je vous dis, moi, que c’est un échec pour l’Europe et aussi pour la Présidence parce que le désaccord sur les perspectives financières, accident de parcours en temps normal, nous a entraînés, après les incertitudes suscitées par les référendums français et néerlandais, dans une crise qui est profonde. Il est clair que ceux qui en portent la responsabilité vous diront qu’il n’y a pas crise. Moi, je vous dis que la crise est profonde parce qu’elle n’est pas exclusivement financière ou budgétaire.

Mais prenons les choses dans l’ordre. D’abord, entre la position de ceux des États membres qui voulaient limiter le budget européen à 1 % et la position initiale plus généreuse de la Commission, la Présidence a proposé, pour la période 2007-2013, un budget en crédits d’engagements qui portait sur 1,056 % de la richesse nationale et un budget en crédits de paiements qui portait sur 1 % de la richesse nationale. J’ai l’impression que ce volume est désormais globalement accepté par tous les États membres. C’est déjà ça et vous verrez: tout compromis futur ne divergera que millimétriquement de ce niveau de dépenses. Si c’est pour avancer de quelques millimètres plus tard, j’aurais préféré que nous décidions la semaine dernière.

J’ai reçu tous mes collègues membres du Conseil européen à Luxembourg, entre le 30 mai et le 12 juin, de 8 h 30 du matin à 22 h 30 le soir. J’ai négocié sur les perspectives financières avec mes collègues pendant cinquante heures et si vous y ajoutez les quinze heures de débats, de négociations, de consultations que nous avons eus au Conseil européen lui même, vous arriverez à un total de soixante cinq heures de consultations, de débats et de négociations. Très honnêtement, on ne peut pas faire plus et, très honnêtement, tous ceux qui viendront après moi feront moins.

(Rires et applaudissements)
J’ai écouté, pendant les cinquante heures de débats, je dois le dire, amicaux, et bilatéraux, attentivement mes collègues. Personne - et quand je dis personne, ce n’est personne - n’a exigé le maintien du chèque britannique tel qu’il existe, personne. Dans sa dernière proposition de compromis final, la Présidence luxembourgeoise a maintenu le chèque britannique dans son principe: nous ne l’avons pas gelé dans notre dernière proposition. L’économie générale du compromis était la suivante: le chèque aurait subsisté comme avant vis à vis des quinze anciens pays membres, comme avant, exactement comme avant, mais le Royaume Uni aurait normalement cofinancé la politique de cohésion dans les seuls nouveaux États membres tout en ne participant pas au coût de la politique agricole commune pour ce qui concerne ces mêmes États. Cet ajustement aurait eu comme équivalent un chèque qui aurait porté annuellement sur cinq milliards et demi d’euros, soit un niveau plus élevé que sur l’ensemble de la période 1984 2005. Initialement, la Présidence avait proposé un gel du chèque britannique à quatre milliards sept cents millions, ce qui nous aurait permis de corriger d’environ un milliard d’euros la contribution nette des Pays Bas et d’alléger le fardeau, de l’Allemagne et de la Suède notamment, jugé excessif.

Puisque vous demandez toujours de la transparence, vous allez en avoir. Les Pays Bas, leur premier ministre, leur ministre des affaires étrangères, leur ministre des finances savaient que l’intention de la Présidence était d’alléger d’un milliard d’euros par an le fardeau du pays. Nous n’avons pas pu le faire parce que le Royaume Uni n’était pas prêt à ajuster suffisamment le chèque britannique de façon à ce que nous disposions des marges de manoeuvre budgétaire nécessaires pour permettre aux Pays Bas de payer un milliard d’euros en moins et pour alléger le fardeau de la Suède et de l’Allemagne. Si ce milliard d’euros avait été accordé aux Pays-Bas, c’est l’Allemagne qui aurait dû le leur payer parce que le Royaume Uni n’aurait pas suffisamment revu son chèque à la baisse. Je voulais que vous le sachiez et je n’ai pas demandé à l’Allemagne de le faire parce que, déjà, l’Allemagne, par rapport à ses propositions initiales, avait fait un pas énorme en avant vers la position des autres pays membres. Donc si la proposition initiale de la Présidence avait été retenue, le problème des Pays Bas, de l’Allemagne et de la Suède aurait pu trouver une réponse facile. La proposition finale de la Présidence portant sur un niveau de cinq milliards et demi ne permettait plus de faire tout cela mais aurait au moins permis à la Grande Bretagne de cofinancer, comme il serait normal, les politiques de cohésion dans les nouveaux États membres, sauf la politique agricole commune sur laquelle, nous le savons, le Royaume Uni porte un regard particulier. C’est aussi simple que cela et, en même temps, aussi compliqué. Ah, si seulement ceux qui, un jour de forte inspiration, ont écrit une lettre à six, s’étaient mis d’accord sur le détail de leurs propositions!

(Applaudissements)
De plus, la Présidence proposait une déclaration du Conseil européen où celui-ci aurait estimé que, je cite, “il est nécessaire de réfléchir d’une manière plus appropriée sur la façon dont le budget européen répond aux défis futurs auxquels doit faire face l’Union européenne ainsi qu’aux priorités de nos citoyens. Une telle réflexion globale devrait conduire à une réforme de tous les aspects du budget”. Tous les aspects du budget, cela veut dire également la politique agricole commune. Vouloir nous amener à dire que cette réflexion devait porter sur la seule politique agricole commune était une proposition dont on savait pertinemment qu’elle serait rejetée et refusée par d’autres États membres, mais inclure dans la grille de lecture critique de nos comportements budgétaires tous les secteurs, toutes les catégories, toutes les branches concernés, voilà ce qui aurait donné à la Commission la possibilité d’avoir une bonne décision. Nous avions demandé à la Commission de faire un rapport sur tous ces aspects et la Commission était d’accord pour faire ce rapport, puisque le président de la Commission ne m’a pas quitté une seconde lorsque j’ai procédé à des entretiens bilatéraux pendant les réunions du Conseil européen. Il est d’ailleurs normal que la présidence de la Commission assiste à ce genre de conciliabule. Nous proposions donc de dire que, sur la base du rapport de la Commission, le Conseil européen prendrait les décisions appropriées et je cite le texte que j’avais proposé: “y compris des ajustements possibles des perspectives financières de la période 2007 2013”.

Voilà la décision qui a été suggérée par la Présidence: chèque britannique maintenu pour les Quinze; contribution britannique devant tenir compte des politiques de cohésion dans les nouveaux États membres, la politique agricole commune dans ces États mise à part;  proposition de la Commission jusqu’à la fin 2008 sur une réarticulation du budget; examen de sa proposition par le Conseil et possible modification des perspectives financières pour la dernière partie de celles ci, à partir de 2009. Je voulais vous le dire parce que personne ne vous l’a dit et parce que vous risquez d’entendre une autre explication sous peu.

(Applaudissements)
Il n’est pas vrai de dire que la Présidence a voulu tuer le chèque britannique. Nous avons voulu le maintenir pour l’Europe des Quinze, mais nous avons voulu lui donner une tournure plus solidaire pour les nouveaux États membres. Tel est le paquet qui a été rejeté. On a eu tort de rejeter ce paquet.

On a rejeté ce paquet bien que nous ayons introduit, sous le plafond de la décision d’octobre 2002, six milliards de coûts supplémentaires de la PAC pour la Bulgarie et la Roumanie. Alors que la lettre des Six pouvait donner l’impression que les Six étaient tombés d’accord sur le fait qu’il ne faudrait pas toucher à l’accord d’octobre 2002, j’ai pris sur moi ce risque pour les Quinze - risque d’ailleurs largement partagé par les autres qui étaient heureux d’avoir trouvé un initiateur sagement inspiré pour les Quinze. Alors qu’en 2006, quarante deux milliards d’euros seront dépensés en faveur des aides directes et des mesures de marché, la proposition de la Présidence aurait signifié, pour l’Europe des Quinze, une baisse de ce montant à trente cinq milliards d’euros en 2013. Nous serions passés, avec la proposition présidentielle, de quarante deux milliards d’aides directes et de mesures de marché à trente cinq milliards en 2013. Ce qui, en fait, pour l’Europe des Quinze, aurait signifié une baisse de près de 17 % pour la seule politique agricole commune. Et même dans l’Europe à vingt sept, c’est-à-dire avec nos amis roumains et bulgares, la PAC aurait connu une baisse de plus de 5 % sur la période considérée. Dire que rien n’a été fait pour alléger le fardeau du coût de la politique agricole commune ne correspond tout simplement pas à la réalité. Nous avons tout fait pour y arriver. Lorsque j’ai présenté, en octobre 1985, devant ce Parlement, le premier budget que j’avais à présenter ici, celui de 1986, l’agriculture absorbait 68 % du budget européen. J’avais proposé qu’elle n’en absorbe plus que 37 %, soit trente cinq milliards d’euros, en 2013. Quel chemin parcouru! Quelle obstination à ne pas le voir!

Selon la proposition de la Présidence, la PAC aurait en fait été le seul de tous les secteurs à voir ses dépenses baisser considérablement, alors que, par exemple,  les dépenses orientées vers le futur auraient toutes augmenté. Augmentation de 7,5 % pour les dépenses liées aux objectifs de Lisbonne:  7,5 %  par an sur toute la période 2007 2013, cela représente une augmentation des crédits alloués aux objectifs de Lisbonne de 65 % par rapport à 2006. Augmentation de 15 % pour les politiques relevant de la justice et des affaires intérieures, donc notamment celles dédiées à une lutte plus efficace contre la criminalité transfrontalière. Augmentation enfin de 2 % pour les politiques de cohésion à vingt sept, avec une plus forte concentration sur les nouveaux États membres. En effet, nous avions apporté quelques changements aux clés de répartition entre anciens et nouveaux États membres en ce qui concerne les politiques de cohésion, portant à 53 % la somme des crédits alloués aux nouveaux États membres alors que, dans la proposition de référence, celle de la Commission, ce chiffre se situait à 47 %. Dire que l’essentiel de l’effort aurait porté, dans notre proposition, sur les anciens États membres ne correspond tout simplement pas à la réalité des choses.

On compare ensuite, Monsieur le Président, le budget de la recherche à celui de la politique agricole commune et vice versa. On ne peut pas comparer l’incomparable. Pourquoi veut-on comparer ce qui est incomparable? La politique agricole commune est la seule politique vraiment communautaire financée entièrement par le budget européen. La recherche est une politique d’abord nationale appuyée par le budget communautaire. On ne peut pas comparer les deux. La PAC aurait coûté, suivant la proposition de la Présidence, 305 milliards d’euros pour l’ensemble de la période considérée. Les politiques publiques de recherche des États membres de l’Union européenne et de l’Union européenne auraient représenté, si les politiques nationales étaient restées au niveau où elles se trouvent aujourd’hui, 524,5 milliards d’euros sur la période 2007 2013, donc plus, bien plus que la politique agricole commune. Si les États membres, l’Union européenne ayant pu faire un effort suite aux propositions de la présidence, respectaient les engagements qu’ils ont pris au niveau de la reformulation de la stratégie de Lisbonne, ils porteraient de 1,9 % à 3 % la part publique dans les budgets de recherche par rapport au PIB. Les politiques nationales et celles de l’Union européenne portant sur la recherche devront, en 2013, avoir atteint un niveau de 785 milliards. Si toutes les décisions étaient respectées et si les propositions de la Présidence avaient été acceptées, les budgets de la recherche seraient de 785 milliards, je parle de la part publique des budgets de recherche, contre 305 milliards pour la politique agricole commune. Qu’on cesse donc de nous raconter n’importe quoi sur cette affaire. Les dépenses pour la politique agricole commune auraient été corrigées vers le bas et, comparées avec ce qui est comparable, elles restent très nettement plus de deux fois inférieures aux dépenses de la recherche. Cessons donc de comparer ce qui n’est pas comparable.

Voilà, Monsieur le Président, pour les faits succinctement résumés.  Aujourd’hui, nous avons un désaccord. Il faudra que nous trouvions un accord permettant d’entamer dans de bonnes conditions les nouvelles politiques à partir de 2007 dans les nouveaux États membres. Nous n’avons pas le droit de décevoir les nouveaux États membres qui, dans tous les entretiens bilatéraux que j’ai pu avoir et dans la discussion finale et globale, avaient un comportement des plus remarquables et des plus nobles. Il faut à présent aller de l’avant pour trouver une meilleure formule, si elle existe, sans toutefois casser les instruments de cohésion, sans toutefois réduire nos politiques communes, sans toutefois lancer un attentat sur les politiques de cohésion. C’est une exigence, c’est une exigence ardente. Pour le reste, le Luxembourg, que j’aurai plaisir à retrouver bientôt pour me consacrer exclusivement à ses affaires qui sont nombreuses, et sur le court terme d’ailleurs très importantes, est prêt à concourir de toutes ses forces à la recherche de cette solution, sans amertume et sans esprit de revanche.

Monsieur le Président, restait finalement à l’ordre du jour de la réunion du Conseil européen le processus de ratification de la Constitution. Je serai plus bref sur cet aspect des choses puisque les décisions que le Conseil européen, sur cette partie de son ordre du jour, a prises ont été plus objectivement commentées par les participants et par les observateurs. Nous devons constater que dix pays ont ratifié le traité constitutionnel, tandis que deux autres, la France et les Pays Bas, l’ont rejeté. Nous avons pensé, non pas parce que nous serions des obstinés et des acharnés ou des aveugles, que le traité constitutionnel n’était pas la question, mais que le traité constitutionnel était la réponse aux problèmes que de très nombreux Européens peuvent nourrir à l’égard de l’Union européenne. Par conséquent, nous avons décidé de poursuivre le processus de ratification. Certains États membres, sentant sans doute le besoin, avant de passer aux urnes via leur parlement ou le processus référendaire, d’intercaler une période de réflexion, d’explication, de débat, et donc de démocratie, ont décidé, suite à cette décision, de reporter les référendums ou les ratifications parlementaires qu’ils avaient programmés. Dans ces pays, des débats auront lieu.

Je voudrais, pour ma part, que cet appel, qui fut celui du Conseil européen, soit entendu et avoir maintenant une période plus étendue de réflexion, d’explication, de débat et, s’il le faut, de controverses, partout dans les États membres qui vont ratifier, dans les États membres qui ont déjà ratifié et dans les deux États membres qui ont rejeté le traité constitutionnel. Il faudra que des débats européens richement nourris et alimentés par les idées des uns et des autres aient lieu dans tous les pays membres de l’Union européenne. Il nous faut débattre de l’Europe et je voudrais que participent à ce vaste débat les institutions de l’Union européenne, le Parlement européen, le Conseil, la Commission, les États membres, la société civile, les syndicats et les partis politiques, les parlements nationaux. Je voudrais également que la Commission, dans ce débat, qui sera européen et vingt sept fois national, trouve toute la place qui est la sienne. Je voudrais que la Commission, qui est l’autorité gardienne non seulement du traité mais surtout de l’esprit du traité, gardienne aussi de l’ambition européenne, se trouve au centre de ce débat. Non pas pour donner l’impression que tout serait inspiré et dominé, laminé à partir de Bruxelles, mais pour que, dans ce débat vingt sept fois national et donc européen, nous ayons un fil conducteur qui soit celui de la sagesse et qui soit un fil conducteur d’ambition.

Monsieur le Président, je vous invite, je vous pousse, je vous presse pour faire de ce débat l’affaire de la Commission et votre affaire personnelle, je sais que vous voulez le faire, vous devez le faire, c’est urgent.

(Applaudissements)
On nous dit et je l’ai dit, que lors de ce débat budgétaire, nous avons vu s’affronter deux conceptions de l’Europe: celle qui mise plutôt sur les seules vertus du marché, marché qui est incapable de produire la solidarité, et celle qui mise non pas plutôt mais entièrement sur une intégration politique plus poussée. La zone de libre échange d’un côté et l’union politique de l’autre côté. C’est le débat que nous allons avoir, puisque déjà, à l’heure où nous sommes, nous avons en Europe deux camps qui s’affrontent. Ceux qui pensent que l’Europe telle qu’elle est va déjà trop loin et ceux qui pensent, comme moi, qu’elle doit encore aller beaucoup plus loin. Il faudra que ce débat d’explication soit mis à profit pour réconcilier ces deux parties de notre opinion publique qui, aujourd’hui, ne se parlent pas, qui se regardent en chiens de faïence, qui n’arrivent pas à dialoguer. Nous devons, nous, institutions européennes, jeter le pont entre ces deux camps de nos opinions publiques. Mais j’ai lu, et cela m’a beaucoup rassuré, que ceux qui avaient pensé, après le dernier Conseil européen, qu’il y avait eu choc, affrontement, entre deux conceptions de l’Europe, se trompaient lourdement. Que personne ne voulait en fait une zone de libre échange, cela m’a beaucoup rassuré.

(Applaudissements)
Vous savez, les zones de libre échange ne s’installent pas du jour au lendemain. Moins on investit dans l’union politique, plus on fait, sans le savoir, sans le remarquer, sans que l’on s’en aperçoive, avancer, avec une logique implacable, le concept de la zone de libre échange. Lorsque ce concept aura été consommé, il apparaîtra comme une évolution naturelle des choses ne nous permettant plus de revenir – ce que les tenants de la zone de libre échange concevraient comme un recul – à l’union politique. Il y a ceux qui disent qu’ils n’ont pas l’intention de conduire l’Europe vers une zone de libre échange, concept trop simpliste pour un continent ultra compliqué.

L’affaire est simple, ceux qui avaient pensé pointer du doigt le danger de la zone de libre échange se sont trompés. Ceux qui disent qu’ils se sont trompés, mettront à profit les prochains mois et les prochaines années pour montrer que eux aussi ils veulent une union politique telle qu’elle est décrite dans la Constitution et rien d’autre. C’est aussi simple que cela, il s’agit de dire oui ou non à la question que je viens de poser.

(Applaudissements)
Arrivé en fin de Présidence, Monsieur le Président, je voulais, cette fois ci, sans me citer, vous rappeler, qu’en début de Présidence, j’avais insisté sur la nécessité qu’il y avait de respecter les règles institutionnelles, de respecter ce qu’il est convenu d’appeler le triangle institutionnel auquel je continue à accorder un certain nombre de vertus. Nous l’avons fait pendant cette Présidence dans un esprit systématique. Il y a eu, entre la Présidence de l’Union européenne et la Commission, un échange de vues, un débat vertueux qui n’a jamais cessé. Rien de ce qui a été fait par la Présidence n’a été fait sans que la Commission ne le sache avant. Aucune initiative n’a été prise par la Commission sans que la Présidence n’en soit informée préalablement. Sur les initiatives de la Présidence, celle ci consultait la Commission. Sur les initiatives de la Commission, celle ci consultait la Présidence. J’ai éprouvé un énorme plaisir à travailler avec cette Commission et notamment avec son président, et je voudrais remercier la Commission et son président pour un grand nombre de bons conseils qu’elle a donnés à la Présidence luxembourgeoise. Merci Monsieur le Président de la Commission.

(Applaudissements)
Concernant votre Parlement, nous avons travaillé comme des jumeaux. Nous étions très souvent en désaccord, soit parce que vos propositions n’étaient pas sages, soit parce que les propositions sages de la Présidence ne furent pas acceptées par tous les États membres et donc n’ont pas pu trouver votre accord qui, pourtant, fut spontané à chaque fois que la Présidence vous présentait ses propres initiatives avant de les avoir présentées aux autres États membres. Le Parlement européen, aujourd’hui, a atteint sa maturité. Je ne le dis pas d’une façon paternelle, condescendante, mais je peux la mesurer au niveau des explications, à l’intensité et à la qualité des débats d’aujourd’hui comparés à ceux que j’ai connus depuis 1982. C’est un grand Parlement, qui n’a aucune raison de se cacher, qui porte la légitimité, qui porte les espoirs des peuples d’Europe. Très souvent, en réunion plénière, les parlementaires, sauf aujourd’hui – ce qui me fait grand plaisir –, ne sont pas suffisamment nombreux.

(Applaudissements)
Il faudrait peut être y travailler un peu. Je discute avec le Parlement et lorsque je quitte le Parlement, avec les groupes de visiteurs.

(Rires et applaudissements)
Ceux qui viennent au Parlement ne viennent pas seulement pour voir l’hémicycle, ils voudraient le voir rempli, c’est comme ça. Donc, il faudrait y travailler un peu. À part ça, nous connaissons les raisons qui font que les parlementaires ne peuvent pas toujours être présents dans l’hémicycle. Je dois dire que c’est un très grand plaisir de travailler avec le Parlement, en réunion publique, oui, mais surtout dans les commissions. Quel niveau de connaissances, quel engagement pour la chose européenne dans les réunions des groupes parlementaires et dans les réunions des commissions parlementaires, dans les nombreux entretiens avec les parlementaires individuels. Je vais beaucoup regretter de ne plus pouvoir me rendre aussi souvent au Parlement européen pour participer à ce grand débat européen qui a cours dans cet hémicycle et ailleurs.

Monsieur le Président, le 18 juin, tôt le matin après le Conseil européen, j’étais très triste, triste de ne pas avoir réussi à éviter à l’Europe une entrée, non pas définitive, mais déterminée dans la crise. J’étais triste et je l’ai montré. Je lis parfois que je n’ai pas été vraiment diplomatique, mais je n’ai aucune envie d’être diplomatique lorsque l’Europe est en crise, aucune envie d’être diplomatique, aucune.

(Applaudissements)
Ni aucune envie de jouer un rôle, d’être un figurant de théâtre. Je ne suis pas sur une scène, je veux travailler pour les intérêts de l’Europe et pour les intérêts de ses citoyens. Je n’ai pas le temps de jouer au théâtre. Parce que nous ne disons jamais les choses comme nous les pensons, parce que nous jouons toujours un rôle, parce que nous voulons toujours être diplomatiques pour ne pas heurter, les gens ne le comprennent pas et croient que nous sommes des machines. Nous ne sommes pas des machines, nous sommes des être humains, avec des déceptions et des désespoirs.

(Applaudissements)
J’étais déçu parce que j’avais cru l’Europe dans une situation permettant de dire qu’elle est parvenue à l’âge adulte et qu’elle est parvenue à sa maturité. J’ai constaté que la période post pubertaire de l’Union européenne dure. Moi qui l’avais crue adulte, je constate que nous sommes toujours dans les dernières étapes d’une longue période post puberté. C’est la raison de ma déception, mais j’avais aussi des raisons d’être satisfait. Satisfait, par exemple, d’avoir pu faire ce que nous avons fait, la plupart du temps d’ailleurs ensemble, d’avoir pu amener au moins vingt pays à un accord sur les perspectives financières. Cela fait déjà un beau troupeau, vingt pays sur vingt cinq. Et j’ai été heureux, fier d’entendre, et d’écouter et de voir les nouveaux États membres nous donner une leçon d’ambition européenne à la fin de la réunion du Conseil européen. Quelle honte pour ceux qui n’ont pas su développer le même discours!

(Applaudissements)
J’avais cru mes convictions quelque peu ébranlées aux premières heures du 18 juin, et je n’avais pas la force, ni d’ailleurs la grandeur, nécessaire pour lancer un autre appel qui aurait porté la même date. N’est pas De Gaulle qui veut! Je me découvre une modestie qui me surprend.

(Rires)
J’avais senti mes convictions un moment ébranlées tout de même, mais après quelques jours, après avoir reçu des milliers de lettres de toute l’Europe, après avoir reçu des encouragements de la Commission, du Parlement, de beaucoup d’observateurs qui sont aussi acteurs, je me sens, le moment de la première déception passé, plus déterminé que jamais. Notre génération n’a pas le droit de défaire ce que les générations précédentes ont fait.

(Vifs applaudissements)
Nous n’avons pas le droit de défaire ce que nos prédécesseurs ont fait parce que les générations qui vont suivre auront besoin d’une Europe politique. Si elle n’est pas politique, elle ira à la dérive. Elles ont besoin et veulent avoir une Europe solidaire, une Europe sociale, une Europe compétitive, une Europe forte chez elle, une Europe forte dans le monde. Alors, vieux Européens et Européens convaincus, allons y! Courage!

(L’Assemblée, debout, ovationne longuement le Président en exercice du Conseil)
http://www.eu2005.lu/fr/actualites/discours/2005/06/22jclj-pe/index.html

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23 June 2005
Prime Minister Tony Blair has delivered his address to the EU Parliament. Below is a translation of his speech into French.
Read the french version
Discours du Premier ministre Tony Blair au Parlement européen
23 Juin 2005

C’est un honneur pour moi d’être reçu au Parlement européen aujourd’hui. Avec votre permission, je viendrai vous rendre compte de l’action de la présidence britannique après chaque Conseil européen. Je consulterai en outre le Parlement avant le Conseil afin de pouvoir recueillir ses vues.

Ce discours tombe à point nommé. Quelles que soient les divergences par ailleurs, tout le monde est d’accord au moins sur un point : l’Union européenne est en plein cour d’une crise profonde. Aujourd’hui, je voudrais vous parler sans détour de l’analyse que j’en fais, de ses causes et des moyens d’en sortir. Les crises ont toujours du bon. Celle-ci peut être bénéfique pour l’Europe si nous avons le courage de nous en saisir.

Le débat ne doit pas être un mélange d’insultes et de questions de personnes. Ce doit être un échange d’idées ouvert et franc, et je commencerai par vous dire clairement comment je le définis et ce que je pense du désaccord qui le provoque.

Il ne s’agit pas de trancher entre l’Europe du « libre marché » et l’Europe sociale, entre ceux qui veulent en revenir à un marché commun et ceux qui croient en un projet politique. Ce n’est pas seulement une présentation déformée. C’est une façon d’intimider ceux qui veulent le changement en baptisant trahison de l’idéal européen leur désir de réforme, et d’essayer d’étouffer tout débat sérieux sur l’avenir en prétendant qu’insister pour en débattre, c’est souscrire à l’anti-Europe.

C’est un état d’esprit contre lequel je me suis battu toute ma vie politique. Les idéaux ne survivent que s’ils changent. Il meurent de l’inertie face aux difficultés.

Je suis passionnément pro-européen. Je l’ai toujours été. La première fois que j’ai voté, c’était en 1975, pour le référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Europe, et j’ai voté « oui ». En 1983, j’étais le dernier candidat sélectionné aux primaires, peu de temps avant les élections législatives. Lorsque mon parti s’est prononcé pour le retrait de la Grande-Bretagne de l’Europe, j’ai exprimé mon désaccord avec cette ligne de conduite. Certains ont cru que j’allais perdre les primaires. D’autres aujourd’hui voudraient bien que je les ai perdues. Finalement, j’ai travaillé à changer cette orientation politique dans les années 1980, et je suis fier de l’avoir fait.

Depuis que je suis Premier ministre, j’ai signé le chapitre social ; j’ai mis en place, avec la France, une politique de défense moderne pour l’Europe ; j’ai pris ma part à l’élaboration des traités d’Amsterdam et de Nice, puis aux travaux de Rome.

Nous avons affaire à une union de valeurs et de solidarité entre les nations et les peuples. Ce n’est pas seulement un marché commun dans lequel nous faisons des échanges, mais un espace politique dans lequel nous vivons en citoyens.
Cela ne changera pas.

Je crois en l’Europe comme projet politique. Je crois en sa dimension sociale, forte et humaine. Jamais je n’accepterais qu’elle ne soit qu’une économie de marché.

Dire que c’est là qu’est la question, c’est fuir le vrai débat et se réfugier dans la zone rassurante de ce que nous nous sommes toujours dit dans les moments difficiles.

Il n’y a pas de division entre l’Europe économique et l’Europe sociale. L’Europe politique et l’Europe économique ne vivent pas dans des mondes séparés.

La finalité de l’Europe sociale et de l’Europe économique, c’est de se soutenir l’une l’autre.
La finalité de l’Europe politique, c’est de faire fonctionner des institutions démocratiques efficaces, qui conduisent des politiques dans ces deux sphères et dans tous les domaines où nous voulons coopérer dans notre intérêt mutuel. Mais c’est aussi de savoir définir les politiques qui conviennent au monde d’aujourd’hui.

Les dirigeants européens l’ont fait pendant 50 ans. Nous parlons de crise, mais parlons plutôt de réussite. Quand la guerre a pris fin, l’Europe était en ruines. Aujourd’hui, l’Union est un monument de réussite politique. Près de 50 ans de paix, de prospérité et de progrès ! Pensez-y et soyez reconnaissants !

L’histoire va dans le sens de l’Union européenne. Partout dans le monde, les pays se regroupent parce que l’union fait la force. Jusqu’à la seconde moitié du 20e siècle, les nations européennes avaient dominé le monde, en avaient colonisé de vastes parties, et s’étaient battues pour y affirmer leur suprématie.

Après le carnage de la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants politiques ont eu la clairvoyance de comprendre que ces temps étaient révolus. Le monde tel qu’il est aujourd’hui n’enlève rien à leur vision de l’avenir. Il prouve leur sens de l’anticipation. Les États-Unis sont la seule superpuissance du monde. Mais dans quelques dizaines d’années, ce sont les économies de la Chine et de l’Inde qui seront au premier rang, et leur population sera le triple de celle de l’Union européenne. Le dessein d’une Europe unie dans la collaboration est essentiel pour que nos nations soient assez fortes pour tenir leur place dans le monde.

Près de 50 ans ont passé et il faut nous renouveler. Il n’y pas à en avoir honte. Toutes les institutions le doivent et nous avons les moyens de le faire. Mais seulement si nous remarions les idéaux européens auxquels nous croyons au monde moderne dans lequel nous vivons.

Face à cette vaste remise en question, si elles tombent dans l’euro-scepticisme et décident de se replier sur elles-mêmes dans l’espoir d’échapper à la mondialisation, de ne pas avoir à faire face au changement qui les cerne, et de se réfugier dans les politiques déjà en vigueur - comme si le simple fait de les répéter les rendait plus pertinentes - alors elles vont droit à l’échec. Un échec de grande envergure, d’ampleur stratégique. Ce n’est pas le moment d’accuser de trahison ceux qui veulent que l’Europe change. C’est celui de reconnaître qu’elle ne recouvrera sa force, son utilité, son idéalisme et donc l’adhésion de ses citoyens que si elle change.

Comme toujours, les hommes politiques ont du retard sur les peuples. Eux pensent toujours que leurs concitoyens, loin de l’obsession quotidienne de la politique, peuvent ne pas en comprendre, ne pas en voir toutes les subtilités et les complexités. Mais en fin de compte, ils voient toujours les choses plus clairement que nous. Justement parce qu’ils n’en sont pas obsédés au quotidien.

La question n’est pas le principe de l’Union européenne. C’est sa modernisation, ses orientations. Le débat n’est pas de savoir comment l’abandonner, mais comment lui faire faire ce pour quoi elle a été fondée : rendre la vie meilleure aux citoyens. Aujourd’hui ils ne sont pas convaincus. Réfléchissez !

Pendant quatre ans, dont deux au sein de la Convention, l’Europe a mené des débats sur son projet de Constitution. Ce texte détaillé et minutieux fixait les règles destinées à régir une Europe de 25, et à terme de 27, 28 États membres et davantage. Il a été approuvé par tous les gouvernements, soutenu par tous leurs dirigeants, avant d’être massivement rejeté par référendum dans deux pays fondateurs - dans le cas des Pays-Bas, par plus de 60 % des votants. La réalité, c’est que si l’on organisait aujourd’hui des référendums dans la plupart des États membres, le « oui » aurait du mal à l’emporter.

Il y a deux explications possibles. La première, c’est que les électeurs ont étudié précisément les articles du traité constitutionnel et qu’ils les ont désapprouvés. Je doute que ce soit là la raison du « non ». Ce n’était pas un problème de mauvaise rédaction ou de désaccord sur des points précis du texte.

L’autre explication, c’est que la Constitution a été le moyen d’expression d’un mécontentement plus général et plus profond de l’opinion vis-à-vis de la conduite des affaires de l’Europe. Je crois que là est la bonne analyse.
Si c’est le cas, il ne s’agit pas d’une crise des institutions, mais d’une crise politique. Les citoyens de l’Europe nous posent des questions difficiles. Ils s’inquiètent de la mondialisation, de la sécurité de l’emploi, des retraites et du niveau de vie. Ils ne voient pas seulement l’économie changer autour d’eux, mais aussi la société. Les communautés traditionnelles sont éclatées, les milieux issus de l’immigration changent, et la vie familiale est mise à rude épreuve dans la quête acharnée d’un équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

Nous vivons à une époque de réformes et de mutations profondes. Regardez nos enfants, les technologies qu’ils utilisent et le marché du travail qui les attend. Le monde est devenu méconnaissable, comparé au temps de nos études, il y a 20 ou 30 ans. Quand de tels changements se produisent, c’est aux hommes politiques modérés de montrer la voie. Sinon, ce sont les extrêmes qui influenceront le processus de décision. Cela se passe ainsi dans une nation. C’est ce qui est en train de se produire en Europe aujourd’hui.

Réfléchissons un peu. La Déclaration de Laeken, qui a ouvert la voie à l’élaboration d’une Constitution, était destinée à « rapprocher l’Europe du peuple ». L’a-t-elle fait ? Le plan d’action de Lisbonne a été lancé en l’an 2000 avec l’ambition de faire de l’Europe « l’économie la plus compétitive au monde à l’horizon 2010 ». Nous sommes à mi-chemin de cette échéance. Y sommes-nous arrivés ?

Conseil européen après Conseil européen, nous nous sommes prononcés sur les moyens à mettre en ouvre pour « remettre l’Europe en phase avec le peuple ». Qu’avons-nous fait ?

Il est temps de revenir sur terre, de se réveiller. Le peuple fait du tapage sous nos fenêtres. Y prêtons-nous l’oreille ? Avons-nous la volonté politique de sortir et d’aller à sa rencontre, afin qu’il voie dans notre autorité une partie de la solution, et non le problème ?

Voilà le contexte dans lequel il faut situer le débat sur le budget. On entend dire que nous avons besoin du budget pour restaurer la crédibilité de l’Europe. Certes. A condition qu’il soit bon. Il ne faut pas l’isoler du débat sur la crise. Au contraire, il doit faire partie de notre réaction à la crise.

Je voudrais dire un mot du sommet de vendredi dernier. On a laissé entendre que je n’étais pas disposé à accepter un compromis sur le rabais consenti à la Grande-Bretagne ; que je n’avais soulevé la question de la réforme de la PAC qu’à la dernière minute ; que je comptais la renégocier le vendredi soir. Or je suis le seul dirigeant britannique à avoir jamais dit que je remettrais le rabais sur le tapis. Je n’ai jamais dit qu’il fallait mettre fin à la PAC maintenant, ni qu’il fallait la renégocier toutes affaires cessantes. Ce serait absurde. Toute réforme doit tenir compte des besoins des communautés rurales et prendre son temps. J’ai simplement dit deux choses : que nous ne pouvions pas convenir d’une perspective financière qui ne prévoie pas au minimum un processus débouchant sur un budget plus rationnel ; et que ce processus devait permettre au budget d’influer sur la deuxième moitié de cette perspective, à l’horizon de 2013. Sinon nous nous retrouverons en 2014 sans qu’aucun changement de fond n’ait été décidé, et encore moins appliqué. D’ici là, bien entendu, la Grande-Bretagne assumera sa juste part de l’élargissement. Je signale que, quel que soit le mode de calcul, nous resterons le deuxième contributeur net de l’Union, et que nous aurons payé à ce titre des milliards d’euros de plus que d’autres pays de taille similaire.

Voilà donc le contexte. Alors, quelles pourraient être ces nouvelles lignes d’action pour l’Europe ?
Premièrement, moderniser son modèle social. Certains ont prétendu que je voulais abandonner le modèle européen. Mais dites-moi : que vaut ce modèle social qui a 20 millions de chômeurs et des taux de productivité inférieurs à ceux des États-Unis, qui forme moins de diplômés dans les matières scientifiques que l’Inde, et où - quel que soit l’indice retenu pour une économie moderne - les qualifications, la recherche et le développement, les brevets, les technologies de l’information, loin de progresser, reculent. L’Inde va multiplier par cinq son secteur des biotechnologies dans les cinq ans qui viennent. La Chine vient de tripler en cinq ans son budget recherche et développement.

Aujourd’hui, l’Europe ne compte que deux des 20 premières universités du monde.

La raison d’être de notre modèle social devrait être d’optimiser notre aptitude à soutenir la concurrence, et d’aider nos concitoyens à se faire à la mondialisation, à en saisir les chances et à en éviter les dangers. Nous avons besoin d’une Europe sociale, c’est certain. A condition qu’elle donne les résultats escomptés.

On nous a dit comment faire. Le rapport Kok, en 2004, nous a montré la voie : investir dans le savoir, la qualification professionnelle, les politiques actives en matière de marché du travail, les pôles scientifiques et l’innovation, l’enseignement supérieur, la revitalisation des quartiers et l’aide aux petites entreprises. C’est une politique sociale moderne, ce que ne sont ni la réglementation ni la protection de l’emploi, qui sauveront peut-être quelques postes aujourd’hui, au détriment de beaucoup d’autres demain.

Puisque j’en suis à démolir les caricatures, en voici une autre : l’idée que la Grande-Bretagne serait le porte-drapeau d’une conception anglo-saxonne extrémiste de l’économie de marché, où l’on écraserait les pauvres et les défavorisés. Le gouvernement actuel a adopté son « New Deal » en faveur des chômeurs, le plus grand programme européen de création d’emplois grâce auquel le chômage de longue durée des jeunes a pratiquement disparu. En cinq ans, il a augmenté les investissements dans les services publics plus que tout autre pays européen. Il le fallait, certes, mais nous l’avons fait. Nous avons mis en place, pour la première fois en Grande-Bretagne, le salaire minimum. Nous avons régénéré nos villes. Nous avons sorti près d’un million d’enfants de la pauvreté et amélioré les conditions de vie de deux millions de retraités. Nous avons engagé une réforme profonde, sans précédent dans notre histoire, de l’aide à l’enfance, de la maternité et de la paternité. C’est grâce à la bonne santé de notre économie, non à son détriment, que nous l’avons fait.

Deuxièmement, concevoir un budget qui reflète ces réalités.

Là c’est le rapport Sapir qui nous montre la voie. Publié par la Commission européenne en 2003, il définit clairement ce qu’un budget moderne doit intégrer. Mettons-le en pratique. Mais un budget moderne n’est pas un budget qui, pour les dix ans à venir, va continuer à consacrer 40 % de ses dépenses à la PAC.

Troisièmement, respecter l’agenda de Lisbonne. Sur l’emploi, la participation au marché du travail, les jeunes en fin de scolarité ou l’acquisition de connaissances tout au long de la vie, nos progrès sont sans commune mesure avec les objectifs précis que nous nous sommes fixé à Lisbonne. Ce plan d’action nous disait ce qu’il fallait faire. Faisons-le.
Quatrièmement - et ici j’avance prudemment - donner à l’Europe un cadre macro-économique à la fois soumis à une discipliné et flexible. Ce n’est pas à moi de faire des commentaires sur l’eurozone. Je dis seulement ceci : si nous faisons de vrais progrès sur la réforme économique, si nous nous montrons vraiment sérieux sur le changement structurel, alors la réforme macro-économique passera dans l’opinion pour être rationnelle et raisonnable, et le produit non pas du laisser-aller budgétaire mais du bon sens. Il est urgent de la mettre en ouvre si nous voulons faire avancer l’Europe.
Après les enjeux économiques et sociaux, il nous faut affronter d’autres sujets de société - le crime, la sécurité, l’immigration.

La criminalité organisée, qui se joue plus que jamais des frontières, coûte au Royaume-Uni 20 milliards de livres par an, au bas mot.

Les mouvements migratoires ont été multipliés par deux ces vingt dernières années. Ils sont dans l’ensemble sains et bienvenus, mais demandent à être gérés. L’immigration clandestine est un problème auquel se heurtent toutes nos nations et une tragédie pour des milliers de personnes. On estime que 70 % des clandestins passent par la filière de bandes criminelles organisées. Ces personnes font l’objet de trafics répugnants, passant d’une région à l’autre pour être seulement plus exploitées à leur arrivée. De 600 000 à 800 000 personnes par an sont victimes de cette traite. 100 000 femmes en font l’objet chaque année dans l’Union européenne.

Encore une fois, les politiques européennes en matière de justice et d’affaires intérieures - notamment le plan de lutte contre le terrorisme de l’Union européenne - ont un potentiel énorme d’amélioration de la répression, de lutte contre la radicalisation de certains groupuscules et contre le recrutement de futurs terroristes, et de mise en commun de l’information, du renseignement et de l’action contre le crime organisé. Il s’agit de frapper fort les trafiquants de drogue, en s’en prenant à leurs comptes en banque, en les harcelant dans leurs activités, en arrêtant les caïds, et en les traduisant en justice. Il convient aussi d’obtenir de pays voisins et de pays tiers des accords de réadmission des déboutés du droit d’asile et des immigrés clandestins. Il faut enfin développer les technologies biométriques pour rendre plus sûres les frontières extérieures de l’Europe.

Venons-en maintenant au vaste domaine de la politique étrangère et de sécurité commune. Nous devons nous entendre sur des mesures concrètes de nature à faire monter en puissance la capacité de défense de l’Europe. Nous devons accepter de nous investir davantage dans les missions de maintien et de rétablissement de la paix, et nous doter des capacités militaires nécessaires pour pouvoir intervenir rapidement et de manière efficace pour résoudre un conflit, dans le cadre de l’Otan ou indépendamment, quand l’Alliance n’entend pas s’engager. Regardons les effectifs des armées européennes et les dépenses que nous consacrons au budget militaire : sont-ils vraiment à la mesure des enjeux d’aujourd’hui ?

Jamais nous ne mènerons de politique étrangère digne de ce nom sans véritable politique de défense. Mais même en l’absence d’un effort sur ce front, nous pouvons donner plus de poids à l’Europe sur les affaires du monde. Quand l’Union européenne s’est entendue récemment pour multiplier par deux son aide à l’Afrique, ce fut non seulement un pas en avant pour l’aide à ce continent tourmenté, mais aussi le gage d’un resserrement de la coopération européenne. Nous sommes les champions de l’aide au développement et nous en sommes fiers. Nous devons tout faire pour parvenir à un accord commercial multilatéral qui favorisera les échanges de tous les pays, en particulier les plus pauvres. Nous devons monter au créneau du changement climatique et élaborer des politiques européennes propres à venir à bout du problème. Grâce à Xavier Solana, l’Europe a commencé à faire entendre sa voix dans le processus de paix au Proche-Orient. J’ai un mot à dire, facile à comprendre : le jour où l’Europe sera forte, elle sera un acteur majeur sur la scène internationale, naturellement en partenariat avec les États-Unis, mais elle sera aussi apte à démontrer qu’elle peut faire avancer les choses et peser sur les affaires du monde.

Une Europe de cette nature, une fois son économie modernisée et sa sécurité renforcée, par des actions mises en ouvre tant dans le cadre de ses frontières qu’à l’extérieur, aura regagné confiance en elle. Cette confiance nouvelle lui permettra d’aborder l’élargissement non pas comme une menace - comme si entre les États membres d’origine et les nouveaux venus c’était les vases communicants - mais comme une chance historique extraordinaire de bâtir une union plus puissante et plus étendue. Ne nous faisons pas d’illusions : ce n’est pas en nous refusant à l’élargissement, ni en en éludant les conséquences naturelles, que nous sauverons nos emplois, maintiendrons notre activité ou éviterons les délocalisations. Cela marchera peut-être un temps, mais pas longtemps. Dans l’intervalle, l’Europe se sera recroquevillée, repliée sur elle-même dans un nombrilisme introspectif, qui fera que les acteurs politiques qui obtiendront l’adhésion de l’opinion ne seront pas ceux qui auront porté le rêve européen, mais les nationalistes d’un autre âge et les xénophobes. Je vous le dis en toute franchise : on ne peut être à la fois pour l’ouverture de l’Europe à de nouveaux États membres et contre l’ouverture de son économie.

Si nous faisons prendre à l’Europe ce nouveau tournant et si, avec l’aide d’une Commission prête à renoncer à des réglementations superflues, à se défaire de la paperasserie, et à se faire le champion d’une Europe ouverte sur le monde et résolue à soutenir la concurrence - comme en est parfaitement capable la Commission de José Manuel Barroso - alors nous n’aurons pas de mal à faire de nouveau de l’Europe, aux yeux de nos concitoyens, un rêve et un idéal.
Lors de notre présidence, nous nous attacherons à parvenir à un accord sur le budget ; à résoudre les dossiers les plus épineux, comme la directive sur les services et la directive sur le temps de travail ; à honorer les obligations de l’Union vis-à-vis de pays comme la Turquie et la Croatie qui aspirent à en faire partie ; et à conduire un débat sur l’avenir dans un souci d’ouverture et d’intégration, en faisant valoir nos vues fermement mais en nous montrant attentifs aussi à celles des autres.

Je n’ai maintenant qu’une chose à dire : n’allons pas nous imaginer que ce débat n’a pas lieu d’être et que si nous nous contentons d’expédier les affaires courantes, nos concitoyens reviendront un jour ou l’autre à l’Europe, telle qu’elle est et non pas telle qu’ils la souhaiteraient. J’ai constaté, depuis que je suis Premier ministre, que le problème n’est pas de décider, mais de s’aviser du moment où une décision s’impose. Entre gérer les défis courants que nous rencontrons en chemin et nous colleter aux vrais problèmes, il y a un monde. Pour l’Europe, l’heure a sonné.

Les Européens nous parlent. Ils posent des questions. Ils veulent que nous leur montrions la route. Il est temps que nous le fassions.

http://www.number-10.gov.uk/output/Page7442.asp

Accords ....a terme ∫

Article lié : Passons aux choses sérieuses

MHB

  21/06/2005

Pour autant que votre analyse soit excellente comme d habitude elle n est valable a mon sens que pour le moyen terme ou la cooperation transatlantique en matiere d armement est soumise a deux monolithes d achoppement:
- les autorisations d exportations,
- les accords secrets.

Dans ce contexte les effets de jambes des britanniques se concoivent parfaitement.
Il ne faut cependant pas oublier - et Kissinger en etait le grand argentier - la gestion gouvernementale se concoit a trois niveaux:
- le court terme,
- le moyen terme,
- le long terme.

Il est evident qu une strategie du long terme est a l etude depuis pas mal de temps en ce qui concerne les developpements aeronautiques et spaciaux - ou meme extra-terrestres (puisque certains veulent faire intervenir dans la discussion les coucoupes ...).

Dans l optique du long terme il est inevitable qu une entente - entre la France, la Grande Bretagne et le Royaume Uni ( si on y ajoute les Conservateurs !!), l Allemagne, l Italie, L Espagne et quelques autres dont les Etats-Unis et - pourquoi pas la Russie et l Ukraine - sur ces programmes est a l etude et ce n est meme pas son principe qui est en cause mais sa realisation au regard des deux “monolithes d achoppement”:
- les autorisations d exportation de technologies et les accords secrets.

A propos de sa "honte"

Article lié : Le sommet de Bruxelles et l’intéressante question de Tony Blair

bill

  19/06/2005

Merci pour votre analyse et vos informations, mais je ne suis pas d’accord avec vos ” ” : alors que l’ensemble des dirigeants ont signé la Constitution dont l’une des valeurs est la solidarité entre les peuples et dont le premier article rappelle “la volonté des citoyens et des Etats d’Europe de bâtir leur avenir commun”, après que les pays riches, les plus développés, se soient employés à des querelles d’  “usuriers” et ont bloqué ainsi les négociations, les pays les plus pauvres ont proposé afin d’éviter de s’enfoncer désespérément dans la crise de renoncer à une part des engagements budgétaires qui leur avaient déjà été garantis. C’est une véritable et belle leçon de solidarité que les peuples d’Europe fondateurs ont reçue de la part des petits nouveaux qui sont dans le besoin. Il y a bien de quoi avoir honte.
Certes, on peut tout metre sur le dos de Blair ; on peut comprendre Balkenende et Chirac affaiblis par leur non ; il n’en demeure pas moins que chacun n’a rien voulu concédé sur ses exigences de fond (ristourne europeene, PAC ou contribution européenne); que dire de l’Espagne si “européenne”  qui nous expliquait, pendant la campagne sur le référendum, les bienfaits de l’Europe sur l’ensemble des économies nationales, qui doit son développement économique aux aides européennes et qui a refusé les compromis de Bruxelles ?
Je trouve que la honte de Junker, en tant que membre d’un pays fondateur et riche, est tout à fait envisageable, logique et compréhensible. Quant aux propos du président du Conseil Européen à la sortie du sommet, ils n’étaient guère diplomatiques : “Je n’ai aucun commentaire à faire. Je n’ai pas non plus de conseil à donner au prochain président. Je ne crois pas que mes conseils lui soient utiles…”, ou lorsqu’il affirme qu’il ne sera pas à l’écoute du discours d’investiture à la présidence européenne de Blair .
Toutes les conditions étaient présentes pour cette tragédie bruxelloise, chacun avait ses exigences et personne ne pouvait lacher du leste à cause des pressions populaires. Voila, me semble-t-il, la raison profonde de l’échec de Bruxelles qu’aucun des “grands” dirigeants n’a pu surmonter et dominer, faute d’envergure : tout comme Balkenende, c’est par faiblesse que Chirac ne pouvait rien lâcher sur la PAC et que Blair a proposé des conditions de négociations inadmissibles aux Français (je me base sur vos propos quant à l’assez faible légétimité de Blair chez les Anglais) pour ne pas pouvoir perdre la face dans son pays.
Ce sont les intérêts nationaux incarnés par nos dirigeants au sein du Conseil Européen qui constituent le frein majeur de la dynamique européenne. Pour l’instant, je crois, et j’aimerais bien avoir votre avis sur la question, que tant que le CE,animé par des intérêts contradictoires parce que nationaux, aura une place prépondérante dans l’UE, nous resterons embourbés.

Bonne continuation,

Guillaume

L'angoisse des Democraties

Article lié : Le monde paralysé, hyperpuissance en tête

http://politiquesusa.blogspot.com

  18/06/2005

Ca ressemble a une crise d’angoisse des Democraties perpetree par l’ere du temps: l’homme face a son destin politique. Aux USA c’est le bordel, on a peur que notre Democratie va nous enlever nos libertes civiles, on suspecte fortement que Bush nous a menti avec sa guerre en Irak, on ne fait plus confiance au gouvernement, mais ici en plus on a meme l’impresssion que nos institutions sont paralysees et ca ressemble de moins en moins a une democratie, donc oui tres tres gros probleme aux USA aussi qui est peut-etre du a une rupture du mode de pensee dans nos societes occidentales entre Europe et USA (conditionnel).

Sur mon blog je viens d’ecrire un petit reportage sur les reseaux terroristes et internet.