strategikos
26/03/2006
Je suis d’accord avec les conclusions de Pilum; je rappelle d’ailleurs que l’historien français Pierre Hillard avait correctement évalué la politique quelque peu ambigue de M. Schroeder vis-à-vis de la guerre américaine contre Saddam Hussein.
A mon avis, les supporters français de l’Europe-puissance feraient bien de se méfier un peu plus de l’Allemagne… d’autant plus que cette dernière semble préférer un axe gérmano-américain à un couple franco-allemand allié à Moscou.
De toute façon, il est grand temps de raisonner aussi sur les rapports que l’on voudrait avec Pékin et Delhi.
Federico Bordonaro
26/03/2006
Chers Messieurs,
Votre analyse est l’une des plus intéressantes que j’ai lu sur la situation en France, et sur sa signification pour le futur de l’UE.
William Pfaff a saisi, à mon sens, l’essentiel.
Amicalement,
F.B.
Pilum
26/03/2006
Si les informations selon lesquelles les services secrets allemands ont aidé les Américains à envahir l’Irak pendant que les Russes livraient des renseignements stratégiques à Bagdad (dixit un rapport du Pentagone) s’avèrent exactes, cela remet sérieusement en question le fameux axe Paris-Berlin-Moscou de 2003.
Ce serait une explication supplémentaire à la relative mansuétude des EU vis-à-vis de l’Allemagne, qui aurait fait le contraire de ce qu’elle a dit, et ainsi hélas la preuve que ce pays appartient fondamentalement à la catégorie des Etats européens diplomatiquement faibles et pro-américains (c’est-à-dire à peu près tous sauf le Royaume-Uni, qui n’est pas faible, et la France, qui n’est pas pro-américaine).
Cette attitude est incompréhensible et ne peut s’expliquer que par une stérilisation intellectuelle complète des élites politiques et militaires allemandes après 40 ans de guerre froide, désormais incapables de penser le monde autrement que par le prisme des intérêts américains, qu’elles prennent toujours pour les leurs.
Sans aller jusqu’à aider Saddam Hussein (faut pas pousser), le gouvernement allemand aurait au moins pu se retenir d’aider Bush à violer le droit international.
Décidément, l’Europe-puissance n’est pas pour demain…
Par contre l’Europe-qui-fait-rire-le-reste-du-monde est toujours d’actualité.
Fred
26/03/2006
Bonjour,
Je me suis laissé à vous faire partager le tuage du bobard sans faire de commentaires… pour voir si finalement, nous partagions les mêmes analyses. Et en effet, nous les partageons. Hélas, ou grace, au fait que je vous lis régulièrement… et au fait que finalement, nos points de vue sont convergents. Je le disais, nous nous entre-influençons. Est-ce un mal ou un bien, je l’ignore, mais nous partageons la même analyse.
Voici ce que je répondais en milieu de semaine dernière sur un autre forum où l’on me surnommait “nostradamus”, parce que j’avais partagé le lien sur Europe2020 le mois dernier et que je disais que c’était tout à fait intéressant.
Voici ce qu’on me reprochait :
Le jeudi 23 mars 2006 à 08:07, par Etheriel
Fred, de L> eh, au fait, y’a quelques temps tu nous predisais le grand cataclysme (pour memoire: Fred, de L, est Nostradamus). Ben ca y est, on y est dans la semaine du 20 au 26 mars…. Ben “la fin de l’occident tel qu’on le connait depuis 1945”, je commence à douter qu’elle arrive avant dimanche
Voici en gros ce que je répondais… j’enlève les quelques artifices faits de familiarités… et ce voici donc qu’il en reste en définitive.
Le jeudi 23 mars 2006 à 09:02, par Fred, de L.
Etheriel,
(...)
Les choses ne sont jamais complètement aussi tranchées que la façon caricaturale et méprisante dont tu présentes mon propos.
Un évènement qui doit avoir lieu pour de vrai arrivera le 28. Les élections Israéliennes. L’alternative, c’est les travaillistes qui passent, avec un mec qui veut faire la paix et qui le dit, en accord avec les prescriptions trentenaires de l’ONU… ou des tarés qui veulent continuer à développer leur Apartheid. Tu vois, fin mars, soit ça change, soit ça ne change pas. En Israel tout au moins. Parce que le conflit de Palestine est au coeur de tous les problèmes au Moyen Orient (avec le pétrole).
Un autre évènement qui devait avoir lieu, c’était la mise en accusation par l’ONU de l’Iran. Et cette mise en accusation n’a pas eu lieu. Toi, tu te dis naïf comme tu l’es que… tu ne te dis rien parce que tu en restes à tes certitudes… Le fait que cette mise en accusation n’ait pas eu lieu est un évènement fondamental. Car révélateur d’une très grande modification des relations internationales. Depuis la chute du Mur, le monde était uni-polaire : Les US dominaient tout. Désormais, ce n’est plus le cas. Le monde semble devenir multi-polaire. Et cette absence de consensus au Conseil de Sécurité est révélatrice de la chose. Les US ne peuvent plus faire ce qu’ils veulent. Et ce n’est pas à cause de l’Europe, suiveuse parmi les suiveuses. Non, c’est à cause de la Russie, c’est à cause de la Chine, c’est à cause de l’Amérique Latine, c’est à cause de l’Asie. Et cette fois, les US ne peuvent pas faire leur cinéma. Car de toute façon, même chez eux, ils ne sont plus capables de contrôler ce qu’il s’y passe.
Donc, comme tu ne vois pas de bombes exploser, tu te réjouis, et tu fais comme si cela pouvait me rendre malheureux. Et pourtant, moi aussi, ça me réjouit. Ca me réjouit de constater que les propos haineux, guerriers et bien réels des US ne sont plus suivi des mêmes effets. Ca me réjouit vraiment. Mais en même temps, ce qui était prévu est plus vaste que quelques bombes. Ce qui était prévu, c’est qu’à partir de cet évènement, le dollar finisse de perdre son influence, et que la nouvelle monnaie de réserve devienne logiquement l’euro. Ca, c’est sur le long terme. Et si tu as lu jusqu’au bout les liens que je proposais à la découverte, tu liras que ce qui a lieu cette semaine, c’est la fin de publication de certaines statistiques de la Banque Centrale Américaine. Ca y-a pas de pub autour de ce micro-évènement. Mais les financiers le disent, si la FED a décidé cela, c’est pour masquer la création de monnaie… et donc pour masquer le fait que l’Etat américain veut faire fonctionner la planche à billet à plein… c’est à dire risquer de faire augmenter l’inflation… mais comme ça ne se verra pas, ça permettra d’éviter tout cela… enfin… (...)
Ah… Juste une autre info. Des pays d’Asie envisagent eux aussi de créer une bourse au pétrole en Euro… C’est fou comme ces rumeurs sont récurrentes… comme si vraiment le marché demandait ce genre de choses. Et autre info à propos du dollar. La plupart des banques centrales arabes ont modifié la part du dollar (en la réduisant) dans leurs réserves suite à un évènement mineur de la dernière quinzaine : le refus par le Congrès US du rachat par les Emirats Arabes Unis de la société gérant certains ports US (affaire P&O). Les arabes en ont marre de soutenir le dollar et de se prendre dans la figure des revers de ce genre… donc voilà...
Le monde change. Et ce n’est pas au profit des US. Ce qui prouverait que la période est vraiment à la charnière de ce changement, car les signes en deviennent manifestes.
Mais je ne suis pas Nostradamus et je ne dis pas que ça va forcément avoir lieu comme je le dis. Ce n’est que de l’analyse des évènements actuels, un recoupement d’infos, et tout et tout… Un truc qui s’appelle réflexion et qui manque à certains lorsqu’ils lisent le prêt à penser de la presse “mainstream”.
Fred
25/03/2006
...ben oui, “on” y croyait à cette théorie… mais si le fleuron du démontage de théories du complot le dit, c’est que c’est vrai. Europe2020 a raconté des bobards. Voilà c’est dit. L’affaire est classée. Les US ne sont pas en plein déclin.
http://www.hoaxbuster.com/hoaxliste/hoax.php?idArticle=46374
andrés
25/03/2006
Hi, from a Spanish lector. First, let me tell that I am a long time reader, usually in agreement with you. Let me also add that you must excuse me for not writing french. I can read it, but I can not write it.
I write to you in order to correct what I think is a bad interpretation of the Eon-ENDESA case, in which the goverment is trying to forfeit the buy out of a spanish company from a german one. You take this as a another example of the recovery of economic nationalism. As first sight, It could be interpreted as so.
But we Spaniards are aware that this is no the case. The goverment is not trying to defend ENDESA, but to make easy for GAS Natural to buy it. From the very beginning, a new administration is pushing hard a merger, from which a small catalan company GAS NATURAL is swallowing the national champion ENDESA. I am not going to relate you the details of the case. LEt me just tell you that we are not dealing with a company being help by the goverment. It is the goverment (more exactly: a industry minister) trying to convince and push a company (GAS NATURAL) to buy another (ENDESA). The small company, by the way, is making a ridiculous offer, much, much less of what the germans offer. They trust not their offer, but the menaces from a minister who has lost in the way any rest of shame.
So, let me advise not to praise the goverment. They do not want to defend a national champion. They want to protect their favorite company.
What is more, according to the recently approved Catalan Statute, the resulting company, whose headquarters would be in Barcelona, will not be controlled nor watched by the Spanish state, but by the catalan one. Furthermore, they will pay their taxes there. So, we are not talking about Spanish nationalism, but a catalan one.
The minister, by the way, wants to be the next President of Catalonia…
Bruno Hanzen
25/03/2006
Les Etats-Unis sont avant tout une puissance maritime. L’OTAN est, lui-même, une alliance de puissances maritimes.
Le rapprochement sino-soviétique peut signifier, s’il se concrétise réellement, que les communications terrestres via la masse eurasienne vont pouvoir se développer (à nouveau?). Voyez, par exemple, le projet de “nouvelle route de la soie” (Chine, Iran, Turquie).
Dans ce cas de figure, les communications maritimes perdent leur importance et la puissance maritime aussi. Nous aurions alors une modification majeure des facteurs géo-stratégiques, probablement la première de cette ampleur depuis la Renaissance et les grands voyages.
Le grand perdant serait les Etats-Unis. La meilleure façon pour eux de contrer cette tendance serait d’entretenir l’insécurité en Eurasie, spécialement en son centre. C’est une des explications possibles de la politique américaine au Moyen-Orient et en Asie Centrale depuis la chute de l’Empire Soviétique. Pour autant qu’ils aient une politique réfléchie…
louis kuehn
25/03/2006
Excellent analyse, car les auteurs ont le mérite de parler franchement, et d’individuer deux noeuds fondamentaux de la phase actuelle des relations internationales.
En premier lieu, la politique étrangère états-unienne, en insistant dans la pénétration de l’espace géopolitique ex-soviétique (Europe orientale et sud-orientale, Caucase, Asie centrale), pousse Moscou à se détacher de l’axe euro-atlantique (car l’OTAN domine celui-ci, et la France a été isolée dans sa tentative de sortir l’UE de la subordination à l’OTAN meme).
Par conséquent, Moscou se rapproche cohéremment de Pékin. A ce propos, j’invite quand-meme tous le monde à considérer comment, sur le long terme, Russie et Chine auront aussi des raisons pour se disputer l’espace sibérien, vu l’impressionant déclin démographique russe et l’appétit énergétique chinois.
De toute façon, dans les cinq prochaines années, il est prévisible que la coopération stratégique russo-chinoise continuéra, et que des politiciens aussi médiocres que soumis tels J. Barroso et sa Commission seront choqués par leur meme faillite.
Le second noeud est donc celui des conséquences dans le déclin du projet d’Europe-puissance, qui a été détourné par les tenants du fédéralisme européen. La vision gaulliste d’une Europe de patrie était, à mon sens, la seule pouvant garantir l’unité dans la politique étrangère et la continuité historique avec la tradition nationale européenne.
La vision fédéraliste, au contraire, est parfaitement compatible avec la volonté états-unienne de détruire les nations et de favorir l’essor de grands espaces intégrés aux structures financières et sécuritaires atlantiques (voir le projet mégalomane du “Grand Moyen-Orient”).
Là encore, le rapprochement russo-chinois déstabilise l’Europe, car cette dernière a choisi l’intégration euro-atlantique et se retrouve incapable de mener une politique de coopération renforcée avec Moscou en autonomie par rapport à Washington. Autrement dit: aujourd’hui, la politique russe des pays européens passe par Washington, car au cas contraire, elle est toute suite attaquée et déstabilisée par les atlantistes (très puissants en Europe).
Ce constat devrait pousser les intélligences européennes à considérer l’hypothèse (française/gaulliste) d’une réstructuration de l’Europe, dans un sens “souverainiste” et pourtant non “anti-européen”. Le fédéralisme européen devrait etre abandonné, et une politique fondée sur la coopération renforcée, sur des sujets-clé (défense, technologie, anti-terrorisme, énergie), devrait y etre substituée.
Encore, la France pourrait retrouver son role d’Etat stratège européen à condition de diminuer le role de la Commission (dominée par les clients de Washington comme Mme Kroes). Aussi, la coopération avec Washington ne devrait pas empecher celle avec Moscou, Pékin, Delhi, voir Téhéran si l’Iran renonce à sa posture violemment anti-occidental dans le futur.
L.K.
Richard
24/03/2006
un intéressant article sur les magouilles des “spécialistes” de Harvard envoyés en Russie pour développer le capitalisme.
How Harvard lost Russia
“Then, in quiet contrast, there is the case of economics professor Andrei Shleifer, who in the mid-1990s led a Harvard advisory program in Russia that collapsed in disgrace. In August, after years of litigation, Harvard, Shleifer and others agreed to pay at least $31 million to settle a lawsuit brought by the U.S. government. Harvard had been charged with breach of contract, Shleifer and an associate, Jonathan Hay, with conspiracy to defraud the U.S. government.
Shleifer remains a faculty member in good standing. Colleagues say that is because he is a close longtime friend and collaborator of Summers.
In the following pages investigative journalist David McClintick, a Harvard alumnus, chronicles Shleifer’s role in the university’s Russia Project and how his friendship with Summers has protected him from the consequences of that debacle inside America’s premier academic institution.”
Balajo
24/03/2006
L’article qui suit à été publié dans le Monde du 23 mars dernier. Les professeurs Stephen Walt, directeur des études à la Kennedy School de l’université Harvard, et John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’université de Chicago font une analyse prennant le contre-pied du raisonnement habituel aux Etats-Unis selon lequel “ce qui est bon pour Israël est bon pour les USA”. Ils prônent une approche pragmatique des relations entre les deux pays, ce faisant, nul doute qu’ils se heurteront à l’antipragmatisme absolu des illuminés de la Bible, ces bigots au pouvoir à Washington qui attendent le jour du jugement dernier, jour qui implique de très près Israël..mais c’est une autre histoire..
Une étude américaine critique la politique pro-israélienne des Etats-Unis
LE MONDE | 23.03.06 | 14h29
WASHINGTON CORRESPONDANTE
Dans un essai intitulé Le lobby israélien et la politique étrangère des Etats-Unis, les professeurs Stephen Walt, directeur des études à la Kennedy School de l’université Harvard, et John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’université de Chicago, estiment que les Etats-Unis confondent trop souvent leur intérêt national avec celui de l’Etat juif au risque de “compromettre leur sécurité”. Ils incriminent l’action du “lobby pro-israélien”, un groupe qu’ils définissent comme composé d’individus et d’organisations qui “travaillent activement” en vue d’influencer la diplomatie américaine. “D’autres groupes d’intérêt ont réussi à tirer la politique étrangère américaine dans le sens qu’ils souhaitaient, mais aucun n’a réussi à l’emmener aussi loin de ce que l’intérêt national américain recommanderait, tout en réussissant à convaincre les Américains que les intérêts des Etats-Unis et d’Israël sont à peu près identiques”, écrivent les deux chercheurs.
Ce texte de 83 pages, placé sur le site Internet d’Harvard dans la série des “documents de travail”, n’a pas été retiré du site malgré les protestations des associations pro-israéliennes ; toutefois l’université a fait ajouter un paragraphe sur la page de garde indiquant qu’il n’engage que ses auteurs.
La thèse prend le contre-pied du raisonnement habituel aux Etats-Unis, selon lequel la menace terroriste a rapproché Israël et l’Amérique. Pour les deux universitaires, qui comptent parmi les animateurs de l’école “réaliste” en matière de politique internationale, si les Etats-Unis ont un problème de terrorisme, c’est “en bonne partie parce qu’ils sont alliés à Israël, non pas l’inverse”. De même, les Etats-Unis “n’auraient pas à s’inquiéter autant” de la menace irakienne ou syrienne, s’il n’en allait de la sécurité d’Israël. Un Iran nucléarisé ne serait pas un tel “désastre stratégique”, le régime de Téhéran sachant qu’il s’expose à une riposte foudroyante.
Depuis la fin de la guerre froide, estiment les chercheurs, Israël n’apparaît plus comme “un atout stratégique” aidant à contenir l’expansion soviétique dans la région, mais comme un “fardeau”. Pour les deux professeurs, qui étaient opposés à la guerre en Irak, le lobby a été, avec le gouvernement israélien, non pas l’unique facteur, mais “un élément critique” dans la décision de renverser le régime de Saddam Hussein.
“OPÉRATIONS D’ESPIONNAGE”
Les auteurs rappellent qu’Israël est le premier bénéficiaire d’aide économique et militaire des Etats-Unis, avec l’Egypte (environ 500 dollars par habitants par an), alors que son revenu par personne est équivalent à celui de l’Espagne ou de la Corée du Sud. Israël reçoit la somme en un seul versement, contrairement aux autres pays, ce qui lui permet de la placer et de toucher des intérêts. Les autres pays sont pour la plupart tenus de se fournir en équipements militaires auprès des Etats-Unis, ce qui n’est pas le cas d’Israël, qui fait vivre son industrie militaire.
L’Etat juif ne se comporte pas pour autant en “allié loyal”, accusent MM. Walt et Mearsheimer. Il a livré de la technologie sensible à la Chine. Les auteurs citent aussi un rapport de l’organisme budgétaire du Congrès (GAO), selon lequel Israël “se livre aux opérations d’espionnage les plus agressives contre les Etats-Unis, parmi tous les alliés”.
Deux membres de la principale organisation de lobbying, l’Aipac (American Israel Public Affairs Committee), qui se définit elle-même comme “le lobby de l’Amérique pro-israélienne”, sont poursuivis pour avoir livré des informations confidentielles sur l’Iran obtenues de l’analyste du Pentagone Larry Franklin. Larry Franklin a été condamné, en janvier, à près de treize ans de prison.
Dès parution, le texte a suscité des critiques virulentes, notamment sur la partie où il met en cause les cercles de réflexion et la presse pour leur partialité en faveur d’Israël. M. Mearsheimer a indiqué au Monde qu’aucune publication américaine n’a accepté de le diffuser.
Les deux chercheurs ont commencé leurs travaux en 2002 après avoir été frappés par la manière dont Ariel Sharon avait ignoré les demandes du président Bush de surseoir à la reprise de contrôle des villes de Cisjordanie, alors qu’une telle opération nuisait à l’image des Etats-Unis dans le monde arabe. “Notre ambition est de faire en sorte que les Etats-Unis suivent une politique qui sert l’intérêt national américain, dit-il. Nous ne pensons pas que la guerre en Irak correspondait à cet intérêt. Il nous a paru clair que cette politique était conduite pour une bonne part par le lobby israélien. Cela nous a paru de bon sens d’écrire là-dessus et d’ouvrir le débat.”
Corine Lesnes
Article paru dans l’édition du 24.03.06
MHB
24/03/2006
La politique americaine de ces cinquante dernieres annees visait peut etre initialement a la mainmise sur les relations internationales ... parce u a l epoque la globalisation n avait pas encore ete inventee.
Encore que l on puisse se demander si l evolution iterative des relations internationales comme l avait defini Henry Kissinger (“du court terme, - sur - du moyen terme - peut etre - du long terme: jamais”) n avait peut etre qu un but (inavouable et incontournable) qui etait precisement la globalisation ....a l americaine et n avait rien a voir avec une hypotetique mainmise sur les relations internationales car qui dit mainmise n a rien a faire du reste et les politiques des presidents americains ont toujours ete controlees en dernier resort ce bastion du concensus et d un isolationisme qui se devoile parfois dans les relations internationales. Les derniers evenements le montrent bien et la perennite des deux partis au pouvoir - en alternance peut etre - mais toujours en consensus (“don’t rock the boat”) ne font que confirmer ce haut dedain pour les relations internationales qui ne representent rien par comparaison avec les benefices d une globalisation a l americaine.
Cette globalisation a ete demolie par la destruction des deux tours - l evaluation actuelle du dommage a l economie (300 milliards $) est certainement encore en-dessous du cout reel car il faut peut etre yrajouter les 1 ou 2 milliards par jour que coute l Irak et les surcouts du systeme a la Orwell mis en place lentement mais surement
Fred
24/03/2006
Quand la vision de l’étranger n’est restituée qu’à partir de journalistes appartenant à des journaux “libéraux”. On retrouve tous les ingrédients du déclinisme dans cet article fabuleux… On y retrouve même les marottes de certains anglo-saxons, le blabla sur la rupture Sarkozienne et tout et tout.
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Le CPE vu de l’étranger
http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=3037
Quatre mois après les émeutes en banlieues, la France refait la Une des médias étrangers avec le CPE. Tour d’horizon, entre incompréhension et colère
La France, pays des manifestations. En ces jours de grogne contre le CPE, le monde en a la confirmation : la contestation sociale est bien une réalité française. A l’étranger, on ne manque pas de le souligner, et de rappeler au passage la Révolution française, Mai 68, voire les récentes émeutes des banlieues. Mais le mouvement anti-CPE suscite surtout beaucoup d’incompréhension, voire de colère.
“Mai 68 est de retour”
En vogue en France, le parallèle entre mars 2005 et Mai 68 est encore plus courant à l’étranger, surtout depuis que manifestants et casseurs ont choisi l’emblématique Quartier latin comme nouveau QG. Au lendemain de l’occupation de la Sorbonne, plusieurs quotidiens italiens titraient “Mai 68 est de retour”. Mais le quotidien allemand Die Welt n’est pas de cet avis: “Comme par un réflexe de Pavlov surgissent les images du “conflit générationnel” de Mai 68 et de la fuite de De Gaulle à Baden-Baden devant la jeunesse. Cette association a en réalité à peu près autant de choses en commun quune bouteille de château Lafite avec un rollmops”. Et d’ajouter: “En 1968, la France était prospère, sennuyait et rêvait de parricide.”
La question de la précarité
Beaucoup d’analystes étrangers ne comprennent pas que la France, pénalisée par une croissance faible et un chômage élevé, refuse d’assouplir les règles en vigueur sur le marché du travail. C’est dans les pays où les emplois précaires sont désormais la règle que l’incompréhension est la plus grande, comme aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou encore en Italie - où la flexibilité constitue l’un des thèmes clés de la campagne électorale de Romano Prodi, candidat de gauche. Quelques voix de gauche s’élèvent tout de même pour soutenir le mouvement. D’après le Financial Times Deutschland, le CPE “aggrave la discrimination à l’égard des jeunes”. Le Guardian va plus loin et encourage les jeunes Français à ne pas suivre le “miracle économique” britannique. Et à réaliser “combien il y a à gagner en combattant dans les rues”.
L’idéalisme à la française
Les Français vivent en dehors de la réalité. Voilà l’explication communément avancée à ce mouvement dont l’ampleur interpelle. A en croire la presse étrangère, derrière ce violent rejet du CPE se cacherait une tendance plus profonde de la France: le refus de céder à la pression libérale. Pour le New York Times, “le capitalisme est diabolisé au profit du souvenir d’un passé révolutionnaire romantisé”. Certains journaux font d’ailleurs le rapprochement avec le non français au référendum: Jason Burke, du quotidien britannique The Observer , soupçonne la mobilisation dêtre en fait une punition contre le gouvernement. El Pais, quotidien espagnol de centre gauche, estime que “comme pour la Constitution européenne, la France est victime de ses peurs ne veut pas aller de l’avant”.
De l’incompréhension à la colère
Si ce constat est répandu, les réactions qu’il suscite sont très variables. Certains portent un regard un brin moqueur mais affectueux sur des Français un peu trop idéalistes mais attachants. Un journaliste suisse du Temps avoue ainsi ne pas comprendre le message mêlant antilibéralisme et antimondialisation. Mais d’autres ressentent un véritable agacement. En refusant de concéder certains acquis face aux réalités du marché, les Français se penseraient différents, pour ne pas dire meilleurs. L’éditorialiste du journal espagnol El Mundo s’en prend aux “enfants gâtés de la gauche”. De l’autre côté de l’Atlantique, le Wall Street Journal voit dans les manifestations “les derniers symptômes d’une démocratie malade”. D’après le quotidien économique, “si la France veut renverser sa tendance (...) elle a besoin de mettre à bas les barrières de la législation du travail dans tous les secteurs, et pas seulement pour les moins de 26 ans.”
Les politiques sont aussi responsables
“Le problème, écrit l’International Herald Tribune, c’est que la France manque d’hommes politiques capables de parler franchement, de solutions réelles et définitives”. Pire, le même journal accuse Jacques Chirac d’avoir exacerbé le réflexe français de défense inconditionnelle des acquis sociaux, en cautionnant l’idée - de gauche - que tout risque individuel était inacceptable.
Face à cet enlisement dans le politiquement correct, certains voient dans le ministre de l’Intérieur et président de l’UMP une solution d’avenir. “Si l’heure est au déclin français, alors Nicolas Sarkozy, qui prône une rupture nette (...) avec le passé, est l’homme qu’il faut”, analyse Jason Burke. “Mais, ajoute-t-il, si ce thème fait long feu, l’actuel ministre de l’Intérieur sera perçu comme un politicien ambitieux, et peut-être dangereux, qui tire sur tout ce qui bouge”.
La France court-elle à sa perte ?
Selon l’ampleur de la colère, les pronostics sont plus ou moins alarmistes. Le quotidien allemand Die Welt nhésite pas à évoquer la “décadence et la chute de lEmpire romain”, le Wall Street Journal le “déclin de la France”.
A la question de savoir comment Dominique de Villepin peut se sortir de la crise, Die Welt imagine que le Premier ministre pourrait se contenter de renflouer lappareil étatique, comme l’ont déjà souvent fait ses prédecesseurs, notant que, depuis des décennies, la France créée de plus en plus de postes de fonctionnaires, là où le secteur privé ne fait quen supprimer.
Une chose est sûre, lagitation en France fait réfléchir ses voisins, même lointains, qui se voient renvoyés à leur propre situation. Un député du parti socialiste allemand (SPD) laissait entendre la semaine dernière quun retour des tensions sociales en Allemagne nétait pas à exclure.
LeBayorre
23/03/2006
Je suis d’ accord avec la rédaction de DeDefensa, le poker menteur va se poursuivre au moins jusqu’ au 05/12/2006 ; sur le thème “Chéri, fais moi peur, sinon j’ achète le french Rafale”. Mais il y a des risques de débordements en politique intérieure britannique.
Ceci dit, il serait de bonne politique pour la France de faire la danse des sept voiles devant Tony BLAIR, histoire d’ accroître la confusion, pcc “La discorde chez l’ennemi” de Ch. de G. ; “l’Art de la Guerre” de Sun-Tzé.
Avec un risque : celui de transférer des technologies françaises à un pays qui n’ aura pas complètement rompu avec les “special relationships”, et donc de voir atterrir lesdites technologies tricolores sur le bureau du FeldMarschall von RUMSFELD (si ce n’est déjà fait).
Il y a quand même quelque chose d’intéressant dans la chronique d’ Alexandre ADLER, c’ est l’ explication de la décision Estadunienne. D’ après AA, GWB, RUMSFELD et RICE seraient tombé d’ accord pour trouver que BLAIR s’ est montré “wobbly” en négociant avec l’ Iran et les autres européens, et que ça méritait une sanction.
Conclusion : vous êtes avec nous, les USA inconditionnellement et aveuglément, sinon on tord le cou à votre industrie d’ armement.
Autre conclusion : les USA sont décidés à attaquer l’ Iran, seuls s’ il le faut, et quelque soit l’ opinion internationale.
Fred
23/03/2006
“On” utilise ce mot en sachant tous ce qu’il désigne. Mais si on veut le dire en français, on dit quoi ?
La presse “du courant dominant” ? Ce n’est pas aussi joli. Il doit bien y avoir moyen de trouver une contraction élégante non ?
yodalf
23/03/2006
je me réfère à mon commentaire sur Brzezinski du 16 mars…
les uns croient voir le déclin américain, les autres le retour à un isolationnisme, les troisièmes une crise mondiale du dollar et du système monétaire.
Ce sont des méditations qui cherchent à donner un sens aux évolutions en cours, et sont générées par l’absence de résultats en Afghanistan: Bin Laden court toujours, mais on va y donner la mort à un converti chrétien… et en Irak, chacun sait!
Fukuyama aussi cherche à se situer.
Il est cependant clair que la dispersion des forces, comme le disaient les Anciens stratèges chinois, est ce qui affaiblit les grands empires - la grenouille de la fable. En ce sens ce que nous voyons, dans le nationalisme unilatéral US, est une sorte de péché d’orgueil, une dispersion dispendieuse qui use les opinions publiques et ruine leur prestige.
Le discours sur le déclin serait alors bien plus une vision, depuis les USA, des limites déjà existantes (mais jusque là méprisées) des moyens et de la stratégie américaines, donc un amère prise de conscience, ainsi qu’un réajustement des relations internationales dans les sens du multilatéralisme. je dirais volontiers, un mutilatéralisme pour une période de temps. La Première Puissance mondiale se montre comme n’étant pas la superpuissance omnipotente ayant tous les droits - pas plus que Louis XIV n’en disposait, lui qui, ayant la prépondérance en Europe, a dû finir par se ruiner face à toutes les coalitions qu’il avait suscitées.
Encore une fois, la pauvreté de la culture exportée par les USA, leur dette de 30 000$ par personne, le sentiment de déclin (défini par Brzezinski), la révolte andine contre le TLC (plus qu’une ” révolution mondiale”), la mondialisation des débats et des décisions politiques des grandes puissances , tout ces nouveaux phénomènes posent un défi à l’humanité, c’est celui de trouver par quoi on pourrait remplacer le “capitalisme” - et sa croissance, s’il s’avère que son déclin est réel.
Le déclin américain, alors, serait le signe manifeste d’une double impasse qui existe au niveau planétaire et qui est à la fois capitaliste et spirituelle.
Il est cependant “logique” qu’au lieu de laisser les Européens (qui n’ont toujours pas de vraie politique internationale) se réjouir des échecs US et s’éloigner d’eux, Fukuyama leur conseille de rester leur allié: en effet, face à d’autres situation conflictuelles, la puissance mal armée et sans stratégie qu’est l’UE, ne saurait se passer des USA. Evidemment, il en irait autrement si les Européens disposaient d’un vrai pouvoir législatif, de vraies élections qui donneraient les conditions de vrais débats (si apparaissaient de vrais enjeux, programmes et leaders… ce qui reste une condition hypothétique). De façon “néo-réaliste”, ces données n’existant pas, Fukuyama ne voit pas d’autre solution que de proposer de coller aux USA alors même qu’ils risquent de s’enfoncer dans leur isolationnisme, et peut être même de plonger le monde dans une crise monétaire pour sauver le dollar et la dette.
le défi est donc bien là. Les islamistes proposent leur solution… les Chinois profitent de la confusion pour augmenter leur commerce et leur puissance continentale… reste à l’Europe certainement la tâche de trouver des réponses à ces défis, si cette puissance composite, dépendante du parapluie militaire US, ne veut pas se retrouver en train de glisser sans le vouloir dans le gouffre ouvert par les Bush - et les démocrates.
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