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1872Il est vrai qu’il s’est déroulé ces dix derniers jours un étrange ballet entre Trump et Poutine, de déclaration en déclaration : Trump qui dit d’abord qu’il aimerait bien revoir Poutine avant la fin de l’année, qu’il l’invite à Washington ; la presseSystème s’étrangle, des dames libérales et progressistes-sociétales de Park Avenue réclament des sels pour ne pas défaillir ; Trump revient en arrière, c’est-à-dire avance dans le temps à venir : finalement, Poutine sera le bienvenu, mais en 2019 seulement. Pendant ce temps, Poutine qui festoie avec les BRICS, signale qu’il invite, lui, Trump à venir à Moscou, disons “sous certaines conditions” ; et Trump qui fait dire qu’il est prêt à aller à Moscou, à condition certaine qu’il y ait une “invitation formelle”...
… En clair et dit d’une façon respectueuse, tout cela donne ceci :
« Malgré le tollé qu'a suscité dans les médias et dans la classe politique américaine sa rencontre avec Vladimir Poutine à Helsinki, Donald Trump continue d'envoyer des signaux en faveur d'un rapprochement entre les deux hommes. Mais à petites touches.
» Un pas en arrière, deux pas en avant. Le président américain rencontrera-t-il son homologue russe ? Le suspense continue. “Donald Trump est ouvert à une visite à Moscou à condition de recevoir une invitation formelle”, a annoncé ce 27 juillet la Maison Blanche. Sarah Sanders, porte-parole du président américain a ajouté que, réciproquement, Donald Trump comptait recevoir Vladimir Poutine aux États-Unis en 2019. Ce même jour, à l'occasion du sommet des Brics à Johannesbourg, Vladimir Poutine s'est dit lui “prêt” à rencontrer Donald Trump, mais sous certaines conditions. Le dirigeant russe a ainsi exprimé le souhait qu'un climat plus apaisé s'installe aux États-Unis à l'égard de la Russie.
» Une telle rencontre reste toutefois incertaine, notamment en raison de l'enquête du procureur Robert Mueller sur l’ingérence présumée de Moscou dans l’élection présidentielle américaine de 2016. Le 19 juillet dernier, le président américain avait demandé à son conseiller à la Sécurité nationale, John Bolton, d'inviter Vladimir Poutine à Washington à l'automne 2018 selon le porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders. Or, six jours plus tard Washington devait rétropédaler et annoncer que la prochaine rencontre entre les deux chefs d’État ne pourrait vraisemblablement ne pas avoir lieu avant 2019. »
Faut-il s’étonner de cet étrange chassé-croisé, avec en bout de course un Poutine lui-même étonné lançant une invitation à la volée avec l’énigmatique condition qu’elle se déroule “sous certaines conditions”, pour recevoir cette étrange réponse de Trump, positive (pour aller à Moscou) s’il reçoit “une invitation formelle”, – sous quelle forme, un carton d’invitation ? Un visa en bonne et due forme ? Il s’agit bien de cette ville, de ce pays dont Kunstler nous dit qu’il est « incapable de penser, incapable de distinguer la réalité de la fantaisie, avide de dissimuler et de mentir absolument de tout, se jetant avec avidité sur toute opération de racket visant à harceler ses propres citoyens, ignorant complètement et abruptement les vrais problèmes qui vont nous conduire dans un nouvel âge des ténèbres… »
Il est certain qu’on peut envisager cet épisode bouffe en restant persuadé qu’il faut lui appliquer un jugement rationnel, où viendraient se mêler neocons, considérations géopolitiques, influences et corruptions diverses (venues surtout d’Israël), etc. Ce serait un jugement de l’instant, qui ne s’intéresserait guère aux références du passé et serait vite oublié, dans les jours suivants, puisque tout et son contraire seraient venus modifier “la donne”. Bien entendu, lorsqu’une alerte sonne avec insistance, nous devons en tenir compte selon l’observation que le passage à l’acte est possible, mais nous le faisons avec des réserves nécessaires et considérables qui nous sont imposées par l’expérience et par la couleur de ces temps étranges où la communication domine tout et où la démence lui donne la réplique partout où elle peut.
Ainsi, dans notre texte sur l’alerte iranienne en cours, on trouve dans l’entame du propos ces mots d’avertissement où le passage entre parenthèses est l’essentiel pour dire ce qu’il faut juger de la substance de ces alertes : « L’agressivité est extrême, de part et d’autre. Par conséquent, et selon le processus habituel, on est fondé à craindre le pire... (En décomptant d’une façon assez libérale, nous dirions que nous approchons la douzaine dans le chef des campagnes de communication annonçant ou laissant craindre une attaque de l’Iran par les USA, ce de façon très effective sinon “opérationnelle” dans la communication depuis 2005) »
On a d’ailleurs aussitôt pu apprécier les limites de l’exercice dans le seul champ de la communication éventuellement simulacre avec l’intervention du secrétaire à la défense Mattis démentant la moindre préparation d’une attaque contre l’Iran. D’autre part, Mattis confirme le rôle extrêmement modérateur des militaires US mis en évidence dans notre texte, en annonçant qu’il envisagede rencontrer Shoigou, son vis-à-vis russe, événement (une rencontre des deux ministres de la défense) qui n’a plus eu lieu depuis “de nombreuses années”, – sans aucun doute depuis la période Gates (2006-2011), et encore s’agissait-il de rencontres en marge de sommets OTAN-Russie auxquelles assistaient les ministres de la défense, quand ces rencontres avaient encore lieu (elles ont été annulées avec la crise ukrainienne).
L’attitude des chefs militaires US, qui sont en général inclus dans l’effectif très élastique du Deep State, permet de voir confirmée avec force l’hypothèse que nous évoquons souvent, de l’extrême instabilité, sinon l’atomisation de cette entité. Comme le reste, le Deep State est frappé de plein fouet par le désordre de “D.C.-la-folle”, et tous les plans diaboliques qui lui sont prêtés sont soumis à ce facteur d’une constante dynamique de déstructuration.
Ce n’est pas du tout notre parti que d’avancer ou même de chercher telle ou telle explication rationnelle comme on en entend souvent, comme une cause ferme et centrale des événements, et notre point de vue sur la forme des événements est beaucoup plus celui de Kunstler. Cela suppose évidemment selon notre appréciation générale et notre système dialectique de référence à la métahistoire que jugements et partis-pris justifiés dans la bataille inarrêtable “antiSystème versus Système” ne peuvent vraiment intervenir que selon une approche indirecte, souvent après considération de l’enchaînement des effets et des coups (billard à quatre, cinq, six bandes, etc. ?), et surtout en considérant que la plupart des acteurs agissent sans la moindre intention ni conscience de se situer dans ce jeu de l’“antiSystème versus Système”. Dans leurs actes, ils ne font que sauver les meubles de leur position de communication ou céder à leurs lubies au jour le jour, et il se trouve que ces actes ont nécessairement des effets indirects et par enchaînement dans le cadre “antiSystème versus Système”…
D’une façon générale, on sait que Trump est plus antiSystème que pro-Système, mais c’est toujours d’une façon indirecte, sans stratégie ni vision d’ensemble par rapport à la situation métahistorique autour du Système. C’est pour cette raison que nous répétons une fois de plus, dans le texte qui accompagne celui de Kunstler, cette importance fondamentale de l’état de folie qui règne à “D.C.-la-folle” pour tenter d’évaluer les événements les plus importants (primauté automatique et inconsciente, mais impérative, de la scène inférieure et psychologique sur la scène extérieure et géopolitique) : « Aujourd’hui, dans tout jugement que l’on porte sur les affaires du monde, et outre les répétitions des descriptions de cette situation chaque jour plus folle, il faut avoir à l’esprit, comme constituant essentiel de ce jugement, cet état de chose, cet état de l’esprit régnant aux USA, au cœur du pouvoir de cette puissance. Il ne suffit pas d’affirmer que la puissance des USA s’effondre, que les USA s’effacent, etc., car c’est ne dire qu’une partie de cet événement, et à notre avis la moins importante. »
Ainsi doit-on comprendre, à notre sens, cet épisode étonnant, – qui n’a pas étonné grand monde d’ailleurs car pourquoi les fous s’étonneraient-ils des choses folles ? – des variations des invitations à Washington puis à Moscou, pour un sommet Trump-Poutine dont on ne comprend pour l’instant pas le but, au gré d’explications franches ou burlesques c’est selon. Manifestement, c’est Trump qui a déclenché l’épisode, et sans doute pour riposter aux attaques folles lancées contre le “sommet de la trahison” d’Helsinki par toutes les forces intellectuelles et de communication à “D.C.-la-folle”. Au fond de lui, Trump ne préfèrerait-il pas Moscou finalement, pour l’apaisement du climat, et tout cela alimentant la chronique rocambolesque des commentaires rationnels et complotistes : plutôt qu’être destitué, demander l’asile politique à la Russie après s’être évadé de “D.C.-la-folle”, et proclamer : “America Is Great Again” puisque son président peut s’installer à Moscou...
Mis en ligne le 29 juillet 2018 à 09H45