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323113 septembre 2015 – Cliquez sur Google, cette fois avec autorisation de la NSA : “Rainbow over New York City”, et vous en aurez des pages et des pages. Cela s’est passé le 10 septembre, “un jour avant l’anniversaire”, et l’arc-en-ciel, double semble-t-il car il sait compter, semblait jaillir du site des fameuses tours qui furent détruites il y a quatorze ans.
Pour le Washington Post, c’était presque comme une grâce que Mother Nature rendait à New York City, aux victimes de 9/11, à America the Beautiful...
« Vivid rainbows grace New York City skies on eve of 9/11 – A rainbow Thursday evening appeared to originate from the World Trade Center – a hauntingly beautiful tribute from mother nature. » Le Daily Mail y vit, lui, avec encore plus de photos que le Post, rien de moins que de la “magie” « On Thursday morning, Sturner stepped outside of his apartment in Long Island City, Queens and onto the terrace to check the weather as part of his daily routine. [...] The sight that he saw while standing outside just after 7:00am was nothing short of magical and stunning. »
Jusque là, tout allait bien, et le Ciel semblait rendre son tribut à qui-de-droit, à l’exceptionnelle-Amérique. Maintenant, cliquez sur le même Google, à Grand Mosque in Mecca, et vous serez à nouveau devant une avalanche de nouvelles puisqu’une grue s’est effondrée le 11 septembre sur la foule des pèlerins, causant plus d’une centaine de morts. Référons-nous au Daily Mail encore, à cause de l’abondance de ses photos, et bien sûr cette scène gigantesque, tout à fait saisissante, d’un éclair jaillissant d’une tempête assez sablonneuse qui balayait La Macque, et touchant la fameuse et terrible grue, quelques instants (Minutes ? Secondes ?) avant qu’elle ne s’effondre sur les pèlerins. La grue était, ce 11 septembre 2015 comme tous les jours, sous le contrôle, – What else ? –du groupe BinLaden Corporation, fondé et développé par le père d’Osama, qui est chargé d’importants travaux de renforcement. Rapidement résumé ..
« The crane belongs to a German crane company operated by the Bin Laden family’s consortium, who are heading the expansion of the Holy Mosque. Saudi BinLaden Group was founded by Osama’s Bin Laden’s billionaire father Mohammed and the sprawling construction conglomerate runs a large amount of major building contracts in the Sunni kingdom. Pictures taken before the disaster show the crane being struck by a bolt of lightning and authorities are in little doubt extreme weather was to blame. The crane fell into the east side of the mosque, with the top section of the structure crashing into the roof. »
Ainsi est-on conduit évidemment à ces remarques, venant par exemple de ce site TopRightNews.com, pris au hasard :
« Ce 14ème anniversaire de 9/11, une grue s’est effondrée à la Grande mosquée de La Mecque, dans d’étranges circonstances. Nombre d’internautes discutent le fait que cela est arrivé lors de l’anniversaire de 9/11, et que 15 des 19 personnes impliquées dans l’attaque étaient d’Arabie Saoudite ; et notant cet autre phénomène lumineux dans le ciel, au-dessus du site du World Trade Center... »
Effectivement, déjà à ce point, certains montrent de la nervosité ou de l’excitation c’est selon devant ces coïncidences qui pourraient avoir, selon le point de vue, des allures rien moins que divines et qui sont dans tous les cas d’une très grande puissance symbolique... Tout ce qui vient du Ciel, n’est-ce pas... L’on comprend que les temps crisiques que nous vivons sont extrêmement propices à des interprétations, et que nul ne peut dire avec une absolue certitude que ces interprétations soient des élucubrations. Il faut dire que le hasard des intempéries y a mis du sien, durant ces deux jours.
Voyez Michael Snyder, sur son site EndOfTheAmericanDream.com : il se présente comme un homme raisonnable, avocat de formation et habitué à apprécier les choses de façon rationnelle. Cette fois, il avoue être profondément secoué par ces évènements, leur coïncidence, l’extraordinaire charge symbolique qui les caractérise, etc. Il commence de cette façon son texte (qui est fort long et empli de références, de rappels, etc., sur les divers mystères entourant le rôle de l’Arabie et les étranges circonstances de 9/11 le 11 septembre 2001), – et c’est plutôt le ton qu’il faut retenir, mesuré mais le cédant devant la force des choses...
« Is it just me, or does our world seem to be getting stranger with each passing day? As an attorney, I was trained to be level-headed and skeptical, and in my writing I typically stick to facts that I can prove. But lately, a whole lot of things have been happening that I don’t have any rational explanation for. Just look at what happened on Thursday. On the eve of the 14th anniversary of 9/11, a double rainbow appeared over the site where the World Trade Center towers once stood. We’ll discuss possible meanings of that sign in a moment. On Friday, a massive bolt of lightning caused a crane to collapse at the Grand Mosque in Mecca in Saudi Arabia. At least 107 people were killed and at least 238 others were injured. It turns out that this crane was owned by “the Saudi Binladin Group”. If that is a coincidence, it is an awfully bizarre one... »
D’autres n’ont pas cette mesure, pour vous rappeler qu’ils l’avaient déjà dit tant de fois, qu’ils avaient annoncé ces évènements, comme Sister Ciara, de Sorcha Faal et du site WhatDoesItMean.com... Ce qu’elle nous dit, un peu dans le désordre, c’est qu’il faut enfin ouvrir les yeux et voir ce qui est en train d’arriver :
« It’s All Right There In Front Of You! But Who Has Eyes To See Anymore? – “There will be signs in the sun and moon and stars…and on the earth dismay among nations...” (Luke 21:25) – “Special Report from Sister Ciara : For those of ebionitic thought among our Order following kabalistic disciplines, these past three days have now been placed into their proper order with the predicted 14-year signs having been shown, interpreted and the path to follow now certain...” »
D’une façon générale, bien entendu, ceux qu’on nomme “les gens raisonnable”, qui se recrutent aussi bien dans le Système que chez les antiSystème et avec des bonheurs différents, se gardent de cette sorte d’exaltation. C’est par exemple, sans nul doute, le cas de l’archi-sérieux et quasiment-austère site de la IVème Internationale, le très-trotskiste WSWS.org. Pourtant, nous pourrions, nous oserions croire que ces évènements turbulents, extraordinaires et inclassables, ont été pour quelque chose dans le sens d’influencer sans le dire ni les avertir les membres de l’état-major du site lorsqu’ils décidèrent de confier à Andre Damon and Barry Grey un texte à tendance, non pas eschatologique mais tout de même ... Il s’agit de « A world convulsed by crises », publié le 12 septembre, qui trace un tableau apocalyptique de la situation, lequel tableau n’est d’ailleurs pas outré ni sollicité ; non, ce sont les termes employés qui donnent cette impression. Par ailleurs, ce n’est pas Dieu qui est appelé à la rescousse mais Leon Davidovitch, ce qui ne fait guère de différence après tout...
« Over the past month, the world has been gripped by a proliferation of crises—economic, geopolitical, social—erupting on a daily basis, interacting with each other, and raising the specter of a global calamity. [...] Crisis is not the exception, but the rule. The very speed of events, with virtually no intervals of calm between the storms, denotes an intensifying and profound general crisis. All of these developments are manifestations of a historic crisis of the economic and political system of capitalism. Within the framework of capitalism, based on private ownership of the means of production and the division of the world into rival nation-states, there is no rational or progressive solution. [...]
» Trotsky coined the phrase “death agony of capitalism” to denote the nature of the epoch—our epoch today. The cascading expressions of economic, geopolitical and social crisis were, he explained, characteristic of a prerevolutionary state of society. The resistance of the masses grows in opposition to increasing poverty amidst obscene wealth at the top, along with mounting repression and the looming threat of world war. »
• Faut-il placer là-dessus, nous voulons dire dans cette logique diluvienne des évènements extraordinaires, l ‘élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste ? Nous disons résolument “oui”, essentiellement à cause de la forme de cette victoire qui est du type diluvien qui caractérise les évènements dont nous parlons. (59,5% des voix pour Corbyn contre 19%, 17% et 4,5% respectivement pour ses adversaires.) Malgré une propagande effrénée de l’essentiel de la presse-Système, les moqueries sans fin devant cette candidature d’un autre temps, les agitations désespérées de tous les brontosaures de service, le retour de Tony Blair pour nous annoncer victorieusement et sous les acclamations qu’il “n’y comprend rien” (“I don’t get it”), Corbyn s’est imposé avec sa philosophie travailliste type-années 1970, sa philosophie antiguerre type-années 1960 et ainsi de suite.
« Depuis plusieurs années, Jeremy Corbyn représente également l’extrême-gauche du parti en s’opposant aux mesures d’austérité et notamment aux différents conflits dans lesquels l’armée britannique est impliquée. Il critique aussi la politique menée par les Etats-Unis au Moyen-Orient, ce qui contredit la ligne du gouvernement britannique en exercice. En novembre 2014, Jeremy Corbyn avait déclaré que les frappes des Etats-Unis en Syrie étaient illégales. “Je suis très préoccupé par l’augmentation des bombardements américains en Syrie, autant que je le sache, sans base légale, comme ce fut le cas lors de l’intervention en Irak”, avait-il déclaré.
» Maintenant qu’il est à la tête du parti, ses adhérents croient qu’il pourra empêcher à David Cameron de poursuivre les bombardements en Syrie. “Je suis persuadé que Cameron essayera d’utiliser la crise migratoire pour convaincre les gens que le Royaume-Uni doit bombarder la Syrie. Et cela sera un défi pour Jeremy Corbyn. Je suis sûre qu’il s’y opposera comme il l’avait déjà fait auparavant”, a déclaré Lindsey German de la coalition Arrêtez la Guerre dans une interview avec RT.
» En septembre 2012, Jeremy Corbyn avait encore critiqué l’occupation de la Cisjordanie par l’Etat hébreu. “Israël s’empare de terres appartenant aux Palestiniens depuis 1948. Au mépris du droit international, la colonisation et l’occupation continues d’Israël sont illégales”, avait-il déploré. En juillet 2011, il avait mis en évidence que c’était l’OTAN qui avait provoqué la chaos en Libye. «Ce que nous avons fait, c’est ce que nous nous sommes laissés entraîner dans la guerre civile entre le gouvernement de transition et le régime de Kadhafi à Tripoli. Je pense que cela va durer très longtemps, devenir affreux et sanglant», avait-il annoncé. Enfin, en janvier 2011, celui qui allait devenir le patron des travaillistes britanniques avait laissé entendre que les Etats-Unis avaient fait une faute grave en envahissant l’Irak. “Le monde est-il devenu plus sûr ? Non ! La menace terroriste a-t-elle diminué ? Non ! Cela offre-t-il de bonnes perspectives pour le développement du droit international ? Non !”, avait-il encore regretté lors d’une interview accordée à RT.
» Personnage détonnant, il a même promis de s’excuser devant le peuple britannique pour les erreurs commises par son parti s’il en devenait le patron. “Il est grand temps que le Labour présente ses excuses au peuple britannique pour les avoir entraînés dans la guerre en Irak sur la base d'une tromperie et au peuple irakien pour les souffrances que nous avons contribué à causer”, avait encore déclaré Jeremy Corbyn. »
Ce texte de RT-France a le mérite de résumer ce qui fait l’autre exceptionnalité de l’élection de Corbyn : sa logique tient essentiellement d’une connexion antiSystème entre l’opposition à la politique de l’austérité et l’opposition à la politique “blairiste-anglosaxoniste” suivie uniformément par le Royaume-Uni (Labour et Tories confondus) depuis 1997-1999, beaucoup plus agressive que le proaméricanisme qui avait précédé parce que fondée sur un moralisme type-R2P s’exprimant par un bellicisme effréné et quasiment fixé dans l’affectivisme. Le paradoxe est que l’approche de Corbyn n’est pas exempte d’affectivisme, dans tous les cas dans le chef de certains de ses soutiens, mais qu’elle conduit 1) d’abord à faire tenir une place essentielle à la politique extérieure, en prônant le détachement des liens avec les USA parce que les USA sont identifiés comme les principaux producteurs de désordre ; 2) à rompre une solidarité-Système essentielle au bloc BAO, justement sur ce chapitre essentiel de la politique extérieure qui s’est transformée purement et simplement en une sorte d’action qui devrait conduire à un rebaptême du ministre des affaires extérieures en “ministère de l’action belliciste extérieure”
Comme on le voit mentionné dans le texte, l’irruption de Corbyn, s’il parvient à bien prendre le Labour en mains (il devra mater diverses intrigues préparées contre lui), risque de contrecarrer l’action du Royaume-Uni malgré qu’il soit dans l’opposition, d’autant plus que les Communes comptent un groupe SNP (indépendantistes écossais) très important (58 sièges) dont les intérêts divergent de la traditionnelle politique britannique. (Il importe de ne pas oublier que le 30 août 2013, c’est un vote des Communes défavorable à une attaque qui a enclenché la mécanique de l’effondrement très rapide des projets d’attaque contre la Syrie du bloc BAO, avec nécessité des USA-UK en tête. Les travaillistes étaient dans l’opposition et avaient voté contre alors qu’on attendait un ralliement qui était jusqu’ici la norme accordée à la politique-Système classique type “blairiste-anglosaxoniste”.)
• L’élection de Corbyn est jugée de peu d’importance, ou plutôt d’importance faussaire par certains. C’est le cas de l’impitoyable WSWS.org, notamment dans le texte référencé plus haut :
« Certaines fractions des classes dirigeantes font la promotion de certaines forces fascistes et autoritaires basées sur le racisme et la démagogie anti-immigration. D’autres “expérimentent” des groupes d’une “pseudo-gauche”, – Tsipras en Grèce, Corbyn en Angleterre, Sanders aux USA, – pour contenir et dissoudre l’opposition populaire et préparer le terrain à une violente reprise en mains des classes populaires... »
Il s’agit de l’habituelle phraséologie trotskistes (“rien sinon Trotski”) qu’on retrouve dans d’autres groupes au profit de l’une ou l’autre figure (“rien sinon moi”), de l’une ou l’autre tendance, etc. Le jugement n’a guère d’importance, quoi qu’il vaille, parce que ce qui importe c’est le désordre créé par l’apparition de ces forces antiSystème, ou de ces forces “pseudo-antiSystème”, et qu’importe sa cause certes. Ce qui compte, c’est le désordre créé en tel et tel point, parce qu’il s’inscrit dans le courant général du “tourbillon crisique”...
• A cette description très rapide des évènements des dernières 72 heures, on ajoutera, comme une cerise sympathique sur le gâteau, cette enquête statistique faite aux USA par l’Institut Yougov.com. La cerise ne prétend certainement pas suggérer un développement mais elle donne une bonne mesure de la popularité du gouvernement dans le public aux USA, et du désordre régnant à la fois dans les situations et dans les esprits. Il s’agit de l’hypothèse d’une prise de pouvoir par les militaires... L’institut indique que 29% des citoyens américains envisagent des circonstances dans lesquelles ils seraient favorables à cela, la prise du pouvoir par les militaires des forces armées US, – dont 20% chez les démocrates et 43% chez les républicains. Le résultat chez les républicains est stupéfiant : 43% favorables à un coup d’État militaire, 32% défavorables... Longue vie à la Grande République !
(Au fait, ceci explique-t-il cela ? Disons que cela va avec... Le 31 août, le même YouGov.com sortait un sondage selon lequel 58% des citoyens US croient qu’une “crise financière globale” est probable dans les douze mois à venir, contre 21% qui croient le contraire...)
Nous arrivons à un point où il apparaît très-difficile, et surtout improductif dans tous les sens, de prétendre commenter tous ces évènements ; où il apparaît que, peut-être, la voie la plus féconde à suivre est de commenter les commentateurs, c’est-à-dire d’observer comment les uns et les autres réagissent. Pour le reste, pour les évènements, nous sommes impuissants à les comprendre, encore plus à leur donner une interprétation acceptable et utile à la fois.
Pour les évènements les plus spectaculaires dans l’échantillonnage que nous avons exposé, – les “signes du Ciel” très-symboliques des 10-11 septembre, – dans tous les cas et de toutes les façons on doit prendre comme observation de départ, en toute raison maîtresse, que ces divers évènements qu’on voit présentent, mis ensemble et confrontés comme il se doit, c’est-à-dire avec mesure, un caractère fort singulier dont on peut admettre qu’il côtoie l’extraordinaire. Il y a de quoi enflammer l’imagination mais il y a aussi de quoi intriguer la raison. Pour le cas principal de ces deux évènements symboliques autant que naturels (?) des 10-11 septembre, sans aucun doute, nous gardons cette observation à l’esprit, refusant de nous aventurer au-delà pour l’instant au nom, notamment, de cette inconnaissance (*) qui montre ainsi toute sa vertu : nous ne nous perdons pas dans des dédales d’hypothèses ou d’apriorismes tout en reconnaissant qu’“il se passe quelque chose”, et surtout que nombre de psychologies vont recevoir ou ont déjà reçu la perception qu’“il se passe quelque chose”.
Ce qu’on observe, c’est évidemment une sorte de désordre ou de débâcle du commentaire. Au départ, s’il ne s’agit que d’un arc-en-ciel à New York City, qui a tout de même la particularité, la veille du 11, d’être double et d’avoir l’un de ses points de départ quasiment sur le World Trade Center où se trouvaient les deux tours (non, les trois, d’ailleurs... : le Ciel ne sait-Il pas compter ou bien est-ce qu’il se moque du Système qui a largement ignoré la troisième tour ?). Puis vient l’affaire de La Mecque, avec cette tempête de sable orageuse, cet éclair touchant une des grues, la catastrophe qui tue plus de cent personnes, la précision que cette grue est contrôlé par l’entreprise Ben Laden, tout cela pour l’anniversaire de 9/11. Si c’est le hasard ou une coïncidence, il faut admettre que l’ou l’autre cache bien son jeu, surtout lorsqu’on est le lendemain de l’arc-en-ciel du World Trade Center.
Placé devant cette conjonction inhabituelle, le commentaire se diversifie. Certains ne font aucun lien entre les deux événements, certains le font avec incrédulité, d’autres avec emportement sinon enthousiasme. On ajoutera que tout cela se niche au milieu d’une période, qui est en fait le lot habituel mais en constante accélération, depuis plusieurs années, de relations internationales pulvérisées en un désordre extraordinaire, où, comme l’observe WSWS.org, “la crise n’est pas l’exception mais la règle, la vitesse exceptionnelle des évènements, avec quasiment aucun intervalle de calme entre les ouragans, dénot[ant] une crise générale très profonde qui ne cesse de s’intensifier”. (A cet égard, nos lecteurs, habitués à nos observations concernant la situation crisique du monde, comprendront que nous ne pouvons qu’approuver.)
Justement, arrêtons-nous au cas WSWS.org... On a remarqué plus haut, en présentant des extraits du texte dont on donne ici la traduction de l’un d’eux, que ce site présente ce 12 septembre un texte d’une ampleur d’hypothèse, d’une puissance évocatrice assez inhabituelles par rapport au courant de son travail. Le commentaire qu’on a cité n’est pas loin d’être d’une forme eschatologique, et notre hypothèse à nous c’est que les rédacteurs comme tous les membres du groupe ont penché vers cette forme de commentaire parce que leurs psychologies étaient secrètement impressionnées par ces évènements si inexplicablement symboliques des 10-11 septembre.
Cela nous ramène à la logique de ce texte du 9 septembre sur le développement d’une “dialectique eschatologique” qui se généralise aujourd’hui parce qu’au-dessus de la narrative sans la moindre parcelle de vérité, la parcellisation extraordinaire du public entre ceux qui suivent les évènements et ceux qui en ignorent tout, l’inculture abyssale des élites-Système avec ce qu’il s’ensuit de comportements faussaires et de jugements absurdes, – au-dessus de tout cela, il n’y a plus rien, et il n’y a notamment plus rien de politique, avec l’approche rationnelle que cela suppose. D’où, selon nous, que ce vide dont l’esprit autant que la nature a horreur doit être comblé, et qu’il est comblé par une sorte de “dialectique eschatologique” qui fait appel, selon la définition de l’eschatologie que donne Roger Garaudy (**), à des éléments qui sont inconnus aujourd’hui et qui se manifesteront demain.
Ce constat que nous faisons dans le texte référencé ne concerne pas seulement l’esprit et la raison pour ceux qui en disposent encore, mais il concerne sans aucun doute toutes les psychologies et la perception (inconsciente chez certains, consciente chez d’autre) qu’elles ont du monde extérieur et qu’elles restituent à l’intérieur de nous-mêmes. (Nous aurions pu dire “qu’elles restituent à l’esprit”, mais c’est faire beaucoup d’honneur à certains ; disons “qu’elles restituent à l’esprit” pour ceux qui en ont, et “qu’elles introduisent dans la narrative”, pour ceux dont l’esprit est réduit à la narrative.) En d’autres mots, nous voulons dire que ces étranges évènements des 10-11 septembre 2015 prennent leur place dans une psychologie générale déjà secouée et dévastée par tant d’autres tempêtes, par ces crises incessantes, par ce “tourbillon crisique” comme nous nommons cette accumulation de crises impossibles à résoudre et qui s’alimentent les unes aux autres dans un mouvement tourbillonnant de plus en plus remarquable.
Là-dessus, les autres évènements, et surtout l’élection de Corbyn, ont aussi une place à part, et l’on peut dire qu’à ce compte on est fondé à obsever que les uns et les autres s’interpénètrent et s’influencent quant à l’appréciation qu’il faut en donner. L’élection de Corbyn n’est pas un simple renversement complet de tendance dans un parti britannique habituellement complètement sous la coupe du Système, c’est la possibilité, l’amorce, d’un changement de paradigme qui affecte le Royaume-Uni de l’après-Guerre froide. Pris isolément, cet événement n’est pas absolument extraordinaire, et surtout l’on pourrait penser selon cette façon de voir qu’il devrait être stoppé par un moyen ou l’autre ; mais justement, il n’est pas, il n’est plus raisonnable de prendre ces évènements séparément et d’utiliser “cette façon de voir” qui confine à l’aveuglement (“I don’t get it...”, nous dit le grand Tony Blair)... C’est pourquoi nous inscrivons l’élection de Corbyn et surtout la forme diluvienne de cette élection et l’argument de politique extérieure de cette élection dans un inventaire où l’on place un double arc-en-ciel qui naît sur le lieu de l’attaque du 11 septembre 2001, ce jour du 10 septembre 2015.
Aller au-delà dans quelque conclusion que ce soit nous paraît, selon notre méthodologie, à la fois inutilement audacieux et stupidement inutile. Nous irons plutôt dans une autre direction qui est de penser que cette Grande Crise de l’Effondrement du Système est d’une telle ampleur cosmique qu’effectivement elle est faite d’éléments dont nous ne savons rien, dont la constitution “ne peut pas être réduite à ce qui existe aujourd’hui”, pour ce qui est de la perception que nous en avons. C’est dire que ces journées du 10-12 septembre furent à la fois un événement extraordinaire “plein de bruits et de fureurs” que nous n’attendions pas, et qu’il faut s’attendre, justement, à d’autres surprises de cette sorte, aussi rapidement, aussi furieusement, en se disant que chacune nous rapproche du bouquet final, – sous la forme d’un orage violent ou d’un arc-en-ciel, – tandis que la Grande Crise poursuit sa progression inéluctable...
(*) Il nous faudra impérativement revenir sur ce concept d’“inconnaissance”, en le rafraîchissant, en le développant et en l’approfondissant comme il le mérite dans ces temps remarquables, et en rassemblant en un seul texte tout ce que nous avons observé à son propos dans plusieurs de nos textes. C’est une mission pour un futur Glossaire.dde.
(**) « L’eschatologie ne consiste pas à dire: voilà où l’on va aboutir, mais à dire: demain peut être différent, c’est-à-dire: tout ne peut pas être réduit à ce qui existe aujourd’hui. »
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