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• La production en série du missile hypersonique d’attaque ‘Orechnik’, extrêmement rapide, a abouti à la livraison du premier exemplaire à une unité opérationnelle ce 1er août. • L’‘Orechnik’ sera déployé en priorité en Biélorussie, montrant par là vers où la Russie voit des opportunités et des dangers. • Il semble qu’il faille considérer ce missile et sa mise en service comme un événement politique autant qu’un événement militaire, dans une situation générale qui va beaucoup plus vers l’aggravation que vers l’apaisement. • Dans cette perception, la guerre en Ukraine devient une étape bien plus qu’une fin.
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La nouvelle a été officiellement dite avant-hier par Poutine lors d’une conférence de presse sur la situation militaire actuelle : la production de masse du missile ‘Orechnik’ fonctionne désormais sur toute la chaîne et le premier exemplaire de production vient d’être livré à une unité opérationnelle.
« Le premier missile Oreshnik produit en série est désormais terminé et a déjà été livré aux forces russes, a annoncé le président lors du point de presse de vendredi. Il a également indiqué que la question de la fourniture de missiles Oreshnik à la Biélorussie serait probablement résolue d'ici la fin de l'année, ajoutant que des spécialistes des deux pays travaillent actuellement à la préparation des positions pour le futur déploiement du système. »
Il est vrai que notre agacement semble ne pas avoir de termes devant la fermeture selon une imbécillité à double tour des “experts” et “stratèges” occidentaux, – en réalité, rien d’autre que des publicitaires subventionnés par les forces financières en place, – devant le missile ‘Orechnik’, les missiles hypersoniques, leur rôle complètement inédit dans la dissuasion stratégique sans emploi du nucléaire. Cette imbécillité est nourrie, comme tout bon publicitaire par les temps qui courent, au bon lait de la russophobie absolue puisque tous ces domaines mentionnées sont pour l’instant, et pour longtemps, de l’exclusivité des capacités militaires russes. On les laisse donc caqueter comme une élégante basse-cour sur les plateaux richement achalandés des télévisions occidentalistes-américanistes.
Quoi qu’il en soit, chaque fois qu’une nouvelle importante touche l’hypersonique et particulièrement le missile ‘Orechnik’, on s’empresse d’en parler comme d’un engin à capacité exclusivement nucléaire alors que son immense caractère révolutionnaire est qu’il n’a pas besoin du nucléaire pour faire autant de dégâts que le nucléaire. Comme le disait le 11 décembre 2024 le président Poutine, ce personnage détestable mais pas mal informé,
« La Russie a testé au combat son nouveau missile hypersonique en novembre, en frappant une usine militaire en Ukraine. Le missile Oreshnik est considéré comme doté d'une capacité nucléaire, bien que Poutine ait précédemment affirmé que sa version conventionnelle pouvait infliger des dégâts comparables à ceux d'une explosion nucléaire de faible puissance. »
Entretemps et jusqu’à aujourd’hui, nous sommes revenus avec insistance sur ce caractère de l’‘Orechnik’ (et des hypersoniques), soulignant sans cesse la révolution extraordinaire ainsi introduite dans la dissuasion, – et ce, tous ces observations de notre fait, depuis le 22 mars 2022, comme le constat d’une révolution qui était pratiquement ignorée, puis le 10 décembre 2022, et aussi le 11 décembre 2024, et encore le 9 juillet 2025 pour ne prendre que les principaux textes.
On ajoutera aux divers documents référencés un nouvel élément allant dans le mème sens, une interview de RT.com de l’ancien conseiller principal de la sécurité nationale du Pentagone, Michael Maloof.
« Ni l'Ukraine ni ses soutiens occidentaux ne disposent des moyens de contrer le missile Oreshnik à portée intermédiaire récemment déployé par la Russie, a déclaré vendredi à RT Michael Maloof, ancien analyste principal en sécurité au Pentagone.
» Maloof a souligné que l'Oreshnik pourrait “facilement faire basculer l'équilibre des forces de manière écrasante en faveur” de la Russie dans tout conflit, y compris les hostilités en cours avec l'Ukraine.
» “Disposer d'un missile hypersonique contre lequel il n'existe actuellement aucune défense… est stupéfiant. Cela modifie radicalement cet équilibre des forces, contre lequel les Ukrainiens n'ont aucune défense”, a-t-il déclaré.
» Il a souligné que si les États-Unis s'efforcent d'adapter des systèmes de défense antimissile tels que le THAAD pour contrer les menaces hypersoniques, ces programmes sont encore en développement. “Il n'existe actuellement aucune capacité opérationnelle permettant de contrer un missile hypersonique”, a déclaré Maloof, ajoutant que l'Oreshnik pourrait atteindre ses cibles en quelques minutes seulement.
» L'ancien analyste a ajouté que le missile se déplace également à une vitesse de plus de 11 000 km/h. “Il n'y a aucune défense contre cela”, a-t-il déclaré.
» Le système de missile, a déclaré Maloof, a déjà été testé avec succès en Ukraine sur un champ de bataille. Il faisait référence à une frappe contre le site militaro-industriel ukrainien de Yuzhmash, dans la ville de Dniepr, en novembre 2024. »
On a donc, dans les lignes qui précèdent, vu et revu ce qu’est l’‘Orechnik’ (sans parler de ses versions en préparation, notamment pour l’augmentation du rayon d’action), et surtout la révolution stratégique qu’il représente et symbolise. Maintenant, il s’agit d’envisager quel usage opérationnel les Russes réservent à ce monstre dont le développement et la production en série se sont faites en un temps-record. Pourquoi les Russes privilégient-ils un déploiement en Biélorussie qui commencera autour de la fin de l’année, et pourquoi aussi rapidement. Il ne s’agit certainement pas de défendre la Biélorussie elle-même ; le dessein est beaucoup plus vaste et l’aspect défensif n’a aucune raison d’être avec ce type de missiles. C’est bien cela :
« La façon dont ‘Orechnik’ est déployé, très en avant, en Biélorussie, a d’autres objectifs que la défense de la Biélorussie. »
Cette phrase est de notre ami Alexander Mercouris, dont on sait l’estime où nous le tenons. Nous nous arrêtons à un passage de sa vidéo du 2 août, quelques minutes consacrées à cet aspect essentiel de l’importance et du possible usage opérationnel de l’‘Orechnik’. Mercouris, après avoir parcouru l’essentiel du dossier, décide de s’en tenir à une source dont il nous dit l’extrême confiance où il la tient, tout en maintenant évidemment le plus strict anonymat.
« Cette source, d’origine russe, m’avait déjà transmis, entre autres, une nouvelle de la plus haute importance qui s’était confirmée. Il y a quelques mois, elle m’avait précisé, concernant la mise au point et la production d’‘Orechnik’, que le premier exemplaire opérationnel serait livré en août 2025. Quand une source vous donne à plusieurs reprises, des informations aussi justes et précises, en même temps d’une si grande importance, vous pouvez considérer qu’il s’agit d’un informateur d’une extrême sureté et considérer tout ce qu’il vous transmet avec le même sérieux. »
Ensuite, Mercouris abandonne son ton grave et confidentiel à propos de “la source” pour préciser avec un luxe extrême d’appréciation d’une prudence presque agressive (!) que ce qui suit ne vient plus d’elle mais de ses propres spéculations personnelles. Dans ce jeu du chat et de la souris de l’information où chat et souris son secrètement alliés et jouent le même jeu, il ne vous est pas interdit de considérer que Mercouris, par souci d’hyper-prudence, fait partie du jeu et prend à son compte des suggestions auxquelles elle (“la source”) n’est pas étrangère. Ainsi développe-t-il ses considérations qui lui sont peut-être propres mais pas assurément.
Reprenons la phrase déjà citée :
« La façon dont ‘Orechnik’ est déployé, très en avant, en Biélorussie, a d’autres objectifs que la défense de la Biélorussie. D’abord, [le premier objectif] est que le missile tient sous son feu les principaux objectifs stratégiques de l’OTAN en Baltique et dans le quart Nord-Ouest de la région. Les performances exceptionnelles d’‘Orechnik’ permettent de toucher ces objectifs en quelques minutes.
» Le second point de vue est de placer ‘Orechnik’ en position de frapper Kiev d’un autre angle de tir que venant de Russie. Par exemple, en attaque conventionnelle, vous pouvez liquider ce qu’il reste de défense anti-aérienne, notamment en frappant l’aéroport principal de Boryspil et en lui infligeant des dommages colossaux. »
Voilà qui a tout l’air d’un plan à double poussée, suivant l’évolution de la situation en Ukraine et l’évolution de la situation en Baltique et autour. Mercouris nous rassure en gloussant avec un ‘Just Saying’ si habituel chez lui :
« Je veux préciser que c’est de la pure spéculation personnelle. Je ne sais absolument pas si les Russes ont un plan. »
Nous ne sommes pas soulagés, nous sommes plutôt assurés que l’on peut s’appuyer sur ces “spéculations” pour développer une approche d’une possibilité de conflit élargi. En fonction de tout ce qui a été précisé comme aménagement de confidences et de prudence, ces quelques phrases valent des tonnes d’articles de la presse anglo-saxonne
Inutile que Mercouris ne nous en dise plus. Ce qu’il présente, – uniquement « de la pure spéculation personnelle », nul n’en doit douter, – nous dit effectivement ce que les Russes pourrait avoir dans l’esprit en fait de futures opérations d’ici la fin de l’année et dans les mois qui suivent.
• D’une part, une accélération (décisive ?) des opérations en Ukraine jusqu’à la tentative de prise de la capitale qui constituerait de facto la fin de la guerre de l’Ukraine.
• D’autre part, les moyens de contrer le plus puissamment possible la possibilité sinon la probabilité d’une riposte de l’OTAN, essentiellement sur le flanc Nord de la Baltique, notamment avec des menaces contre l’enclave de Kaliningrad (voir les déclarations du général Donahue, commandant des forces US en Europe, concernant la possibilité d’une attaque de l’OTAN contre Kaliningrad) et diverses possibilités d’attaque en Baltique, avec des pays de l’OTAN autour de cette mer, qui ont montré jusqu’ici le plus d’agressivité antirusse.
• Bien évidemment, il reste dans ce cas à savoir ce que feront les USA, entre les pressions bellicistes qui seront à leur paroxysme et un Pentagone qui tiendrait sa “revanche” antirusse, et la possibilité du développement d’une opposition antiguerre de plus en plus consistante, paradoxalement de plus en plus envisageable depuis l’évolution (?) tout à fait chaotique de Trump... Et justement, quelle sera la position de Trump, dont l’autorité a été radicalement mise en cause sur ses deux ailes, surtout du côté de sa base MAGA, depuis l’affaire Epstein et ses variations chaotiques concernant l’Ukraine (et la situation au Moyen-Orient) ? Réponse impossible, comme il est impossible de prévoir ce que sera la situation intérieure aux USA dans la période.
Pures spéculations, tout cela, cette fois-ci sans ironie, mais la perception de plus en plus renforcée que la guerre en Ukraine n’est qu’une étape et nullement une fin dans un conflit qui tend à prendre des dimensions extrêmement importantes. Il est assuré, par contre, que dans ces conditions, le facteur que constitue l’entrée en service de l’‘Orechnik’ est au moins aussi important politiquement que militairement. La période qui s’ouvre avec l’entrée en service de l’‘Orechnik’ prend toutes les allures d’un tournant majeur dans l’affrontement civilisationnel.
Mis en ligne le 3 août 2025 à 20H15