Orechnik’ : confirmation, révolution...

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Orechnik’ : confirmation, révolution...

• Une assez  longue incursion, via un texte récent en plus d’extraits de notre propre vigilance, du côté de la “révolution dans la dissuasion” opérée par les Russes à la lumière du symbole qu’est le missile ‘Orechnik. • Il s’agit de la surprise fondamentale que nous a réservés cette guerre d’Ukraine qui nous semblait si complètement lente, si engluée dans la “lenteur russe” (“l’effondrement russe” pour les neocon qui découpaient la Russie en tranches, type “Au bon beurre” de la stratégie de la communication). • Les Russes ont réussi, silencieusement et sans faire de tralala, à constituer en trois ans l’armée la plus puissante du monde, équipée d’engins que les Occidentaux n’imaginaient même pas devoir développer un jour, estimant que les ONG gangrenant Moscou “feraient le boulot”. • La guerre d’Ukraine n’est pas  loin de son terme, maintenant il va falloir se compter.

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9 juillet 2025 (18H00) – Par bonheur, nous ne sommes pas des experts. Ainsi avions-nous vu venir la révolution stratégique des missiles hypersoniques (déjà signalée théoriquement lors du discours de Poutine de mars 2018) – en pleine application opérationnelle, donc passant du théorique au pratique, dès le 22 mars 2022... Cinq ans pour confirmer et faire entrer dans sa pratique radicale une révolution pour un engin très puissant (après deux autres moins puissants) qui, on va le voir, est aussi bien tactique que stratégique, et aussi bien conventionnel que nucléaire ! C’est un exploit qui laisse les Occidentaux bouche bée sans qu’ils comprennent pourquoi puisqu’ils n’écoutent, ni ne croient un mot de ce que disent les Russes, ni un acte de ce que font les forces militaires et souveraines de la Russie.

A cet égard, et c’est là notre propos, RT.com publie le 8 juillet 2025 un article impressionnant et significatif signé par Dimitri Kornev, expert militaire, fondateur et auteur du projet MilitaryRussia :

« Oubliez le nucléaire. Voici la nouvelle arme de dissuasion de la Russie.

» Pourquoi la Russie n'a pas besoin du nucléaire pour faire valoir son point de vue – et comment Oreshnik le démontre clairement. »

Les experts russes sont donc autorisés à s’apercevoir de quelque chose, – nous parlons de cette révolution stratégique fondamentale. Les experts occidentaux, de LCI au ‘Financial Times’, en sont toujours à guetter les premiers et sinistres craquements vertueux annonçant le changement de régime à Moscou. Chacun ses préoccupations.

Nous allons donner deux extraits importants de cet article d’une longueur respectable, sinon considérable, expliquant ce que l’on peut savoir et dire, du côté russe, concernant ‘Orechnik’.

Note de PhGBis : « Le nom ‘Orechnik’ signifie ‘noisetier’ en russe, comme chacun sait ou devrait savoir il me semble. Les militaires russes ont choisi une nomenclature champêtre dans le domaine arboricole ; d’où ces noms de missiles qui semble (hypothèse) être essentiellement utilisés pour les missiles de la catégorie stratégique supérieure : ‘Topol’ (peuplier), ‘Topol-M’, ‘Osina’ (tremble), ‘Yars’ (une catégorie de frêne), ‘Kedr’ (cèdre). C’est un choix assez original pour des engins qui portaient jusqu’ici des noms guerriers d’origine mythologique de l’Antiquité, voire des religions, ou encore des noms de fonctions militaires de protection : Atlas, Titan, Trident, Jupiter, Satan, Minuteman, Sentinel, etc. »

Suivez le guide révolutionnaire

• La première partie de l’article couvre les circonstances du (des) premier(s) emploi(s) opérationnel(s) d’‘Orechnik’, son fonctionnement avec cette extraordinaire capacité de conserver jusqu’au bout sa vitesse inarrêtable de Mach 10/Mach 11 (16 000-18 000 km/h) ; les conditions également extraordinaire de sa frappe avec des explosions souterraines au bout d’un creusement à des profondeurs de sans doute 150m-200m suite à la puissance de l’énergie cinétique (à Mach 10, l’énergie cinétique est 432 fois celle d’un missile de croisière ‘Tomahawk’ frappant l’objectif à Mach 1) ; enfin des explosions provoquant des secousses telluriques et des formes lumineuses intenses en surface, mais ni bruit, ni dégâts de surface...

Tout est ici présenté pour nous décrire un système militaire stratégique effectivement révolutionnaire.

« Juste avant l'aube du 21 novembre 2024, une boule de feu a traversé le ciel au-dessus du Dniepr. Ce n'était ni une météorite ni un drone.

» L'explosion qui a suivi – précise, profonde et étrangement silencieuse en surface – a détruit l'immense base de défense de Yuzhmash, dans le sud-est de l'Ukraine. Les images de la frappe se sont propagées en quelques heures, décortiquées par des analystes de sources ouvertes et les services de renseignement. Mais ce n'est que lorsque le président russe Vladimir Poutine l'a confirmé que le monde a trouvé un nom pour ce dont il avait été témoin :

» Capable d’atteindre des vitesses supérieures à Mach 10, de résister à des températures de rentrée atmosphérique de 4 000 °C et de délivrer une force cinétique rivalisant avec celle des armes nucléaires tactiques, l’Oreshnik n’est pas seulement rapide. Il est différent.

» En moins d’un an, il est passé du stade de prototype classifié à celui de production en série, avec un déploiement avancé confirmé en Biélorussie d’ici fin 2025. Son apparition suggère que la Russie réécrit les règles de la dissuasion stratégique – non pas par une escalade contraire aux traités, mais par une stratégie plus discrète, plus subtile et potentiellement tout aussi décisive.

» Qu’est-ce donc exactement que le missile Oreshnik ? D’où vient-il, quelles sont ses capacités et comment pourrait-il remodeler le champ de bataille ?

» Le missile qui a frappé la base de Yuzhmash à Dnepropetrovsk (connue sous le nom de Dnipro en Ukraine) n'a laissé derrière lui ni paysage brûlé ni périmètre aplati. Au lieu de cela, les analystes examinant les images satellite ont noté une zone d'impact étroite, un effondrement structurel sous le niveau du sol et une destruction de surface quasi chirurgicale. Ce n'est pas l'ampleur des destructions qui a marqué, mais leur forme.

» Cette signature laissait présager une nouveauté. D'après les données disponibles et les observations des experts, l'Oreshnik embarque une ogive pénétrante de type cluster, probablement composée de plusieurs sous-munitions à haute densité. La détonation ne se produit qu'après que la charge utile a pénétré sa cible – une conception destinée à maximiser les dommages internes aux infrastructures militaires renforcées.

» Poutine a déclaré que les ogives d'Oreshnik peuvent résister à des températures de rentrée atmosphérique allant jusqu'à 4 000 °C. Pour survivre à une telle chaleur et rester stable à vitesse terminale, la charge utile devrait être encapsulée dans des matériaux composites avancés – s'appuyant probablement sur les récents développements en matière de céramiques thermorésistantes et de structures carbone-carbone utilisées dans les véhicules hypersoniques planeurs.

» L'une des caractéristiques déterminantes du système est sa capacité à maintenir une vitesse hypersonique pendant la phase finale de vol. Contrairement aux ogives balistiques traditionnelles qui décélèrent lors de leur descente, l'Oreshnik conserverait des vitesses supérieures à Mach 10, voire Mach 11, même dans des couches atmosphériques denses. Cela lui permet de frapper avec une énergie cinétique massive, augmentant ainsi la pénétration et la létalité sans nécessiter de charge explosive importante.

» À de telles vitesses, même une ogive non nucléaire devient une arme stratégique. Un impact concentré à grande vitesse suffit à détruire des bunkers de commandement, des sites radar ou des silos à missiles. L'efficacité de l'arme ne repose pas sur son rayon d'explosion, mais sur sa précision et sa puissance de feu. Cela la rend à la fois plus difficile à détecter et à intercepter.

» D'un point de vue doctrinal, l'Oreshnik représente une nouvelle catégorie : un missile balistique stratégique non nucléaire. Il se situe entre les systèmes de frappe conventionnels à longue portée et les ICBM nucléaires, avec une portée, une vitesse et un impact suffisants pour modifier les calculs sur le champ de bataille, sans toutefois franchir le seuil nucléaire. »

• L’entrée en scène silencieuse mais terrible dans les entrailles de la terre où l’OTAN et ses formidables Britanniques des MI6 et SAS dissimulent leurs bunkers de commandement en Ukraine et alentour est suivie par une intéressante analyse des plans de déploiement du missile, d’ores et déjà entamé. Ce déploiement passe par un accord extrêmement serré avec les Biélorusses de Loukachenko, qui vont recevoir d’ici la fin de cette année les premiers exemplaires d’‘Orechnik’. La Biélorussie est une formidable plate-forme de tir pour le missile, une plate-forme de tir contre l’Ukraine mais aussi contre  le reste, – et le reste, à 5 000 km de rayon, c’est bel et bien nous.

« Avec une portée minimale de 800 km et une portée maximale estimée à près de 5 500 km, Oreshnik stationné en Biélorussie mettrait à portée de main la quasi-totalité de l'Europe centrale et occidentale. Pour la Russie, il représente une dissuasion avancée non nucléaire. Pour l'OTAN, il introduit une nouvelle classe de menace : ultra-rapide, ultra-précise et quasiment impossible à intercepter, tout en restant sous le seuil de représailles nucléaires.

» Concrètement, cela ouvre également la voie à une éventuelle structure de commandement conjointe russo-biélorusse pour les opérations de missiles hors du territoire russe, une évolution qui officialiserait davantage l'intégration militaire entre les deux États. »

• ... En effet, désormais et alors que l’avancée des forces russes en Ukraine commence à atteindre des segments du pays qui font symboliquement partie de la partie occidentaliste du conflit, les commentaires sur ‘Orechnik’ ne craignent plus d’évoquer des objectifs dans certains pays de l’OTAN. Le théâtre des opérations ukrainiennes est sur le point de prendre ses aises et de s’étendre, et un outil tel qu’‘Orechnik’ ne freine certainement pas cette tendance.

Révolution dans la dissuasion

Vient alors le point central de l’exposé, qui rejoint nos propres observations depuis plusieurs années, qui se résume dans l’observation du développement d’une révolution stratégique avec l’arme guidée hypersonique. Évidemment, ‘Orechnik’ y tient une place centrale parce qu’il a démontré que les dégâts qu’il peut causer exactement sur l’objectif, sans destruction totale et infestée de radiation des territoires collatéraux (avec génocide de civils), équivaut à ce que peut provoquer une arme nucléaire tactique.

« Pendant des décennies, le terme « arme stratégique » a été synonyme d'armes nucléaires – des outils de dernier recours, déployés non pas à des fins d'utilisation, mais à des fins de dissuasion. Oreshnik change la donne.

» En combinant portée intercontinentale, vitesse hypersonique et capacité de pénétration de précision, le système introduit un nouveau niveau de force : un niveau inférieur au seuil nucléaire, mais bien supérieur à l'artillerie conventionnelle à longue portée ou aux missiles de croisière.

» Contrairement aux ogives nucléaires, les charges utiles d'Oreshnik peuvent être utilisées sans susciter de condamnation internationale ni risquer une escalade incontrôlable. Pourtant, leur potentiel destructeur – en particulier contre des cibles militaires renforcées ou des infrastructures critiques – en fait un outil crédible de coercition stratégique.

» C'est là le cœur de ce que l'on peut appeler une “doctrine de dissuasion non nucléaire” : la capacité d'atteindre des objectifs militaires ou politiques grâce à des systèmes conventionnels avancés reproduisant l'impact stratégique des armes nucléaires, sans franchir les limites.

» Dans ce contexte émergent, Oreshnik n'est pas seulement un missile. C'est un prototype de la logique de guerre du futur : suffisamment rapide pour frapper avant d'être détecté, suffisamment résistant pour échapper à l'interception et suffisamment puissant pour influencer les décisions avant même le début de la guerre. »

Ainsi soit-il...

Visible à l’horizon depuis 2018-2022

C’est donc avec la modestie extrême qui nous caractérise et nous pèse comme une lourde carapace de vertu, que nous relevons dans nos colonnes la vigilance avec laquelle nous avons suivi l’évolution des hypersoniques, d’abord dans la théorie, ensuite et très rapidement dans la pratique immédiate. Il est vrai que les Russes n’ont pas chômé.

Dès l’engagement ukrainien du 24 février 2022, ils ont mis l’hypersonique dans la danse au 26ème jour du conflit. Ce n’était pas encore ‘Orechnik’, mais ‘Kinzhal’ comme nommions ce missile aéroporté à usage tactique le 22 mars 2022 :

« Ce que montrent les frappes de ‘Kinzhal’, c’est qu’avec des ogives conventionnelles et des objectifs bien précis, le missile hypersonique devient effectivement, comme l’observait Gouré, une nouvelle arme transformatrice du champ opérationnel conventionnel. De telles frappes peuvent porter des coups gravissimes sinon fatals à des bases militaires, des réserves stratégiques souterraines importantes, – et il n’en manque pas du côté US, avec leur myriade de bases autour de la Russie, en Europe et au Moyen-Orient. On espère que les services d’évaluation militaires occidentaux tireront les conclusions nécessaires de ces frappes, qui sont parfaitement contraires aux sottises de circonstance dont on a évoqué un exemple plus haut. Le missile hypersonique doit être considéré au moins autant comme une arme conventionnelle nouvelle d’une extrême puissante (et alors sa vitesse, avec son énergie cinétique, agit comme un multiplicateur considérable de la force de destruction à l’impact), que comme une arme nucléaire (à ogives nucléaires) très rapide et indétectable mais qui n’a que faire de l’énergie cinétique puisque l’arme nucléaire se déclenche elle-même hors de tout choc d’impact.

» Cela donne un échelon intermédiaire tout nouveau et d’une extrême importance dans l’escalade militaire, entre la guerre conventionnelle classique de haut niveau et la guerre nucléaire. Il s’agit d’un très grave problème pour les forces occidentales, qui doivent très vite (mais avec quel espoir ?) tenter de trouver une parade. Dire que ce facteur « n’a aucun intérêt » sur la situation opérationnelle en Ukraine qui est si poreuse et extensible à d’autres territoires, – dire cela n’a vraiment aucun intérêt ! »

Depuis mars 2018 et le discours de Poutine sur les nouvelles armes hypersoniques, nous avions donc tenu une chronique régulière de l’évolution de la conception et de la perception de ces armes. Puis vint le conflit ukrainien et l’emploi des armes hypersoniques se chargea d’alimenter ces commentaires (exemples du 10 décembre 2022, du 20 mai 2023, du 23 novembre 2024, du 30 décembre 2024, etc.).

Depuis trois ans au moins, il nous est apparu, non plus d’une façon théorique mais d’une façon opérationnelle, que l’arme hypersonique dont ‘Orechnik’ est un exemple tout à fait remarquable constituait une “révolution dans la dissuasion”. C’est bien cela qu’il faut souligner avec force : la démonstration de la révolution est faite opérationnellement, dans une guerre en cours, pour avertir que désormais l’équilibre stratégique est bouleversé. Encore quelques remarques venues du texte « L’hypersonique entre dans la dissuasion », du 10 décembre 2022.

» “Cette remarque rejoint ce que nous avons déjà noté à plusieurs reprises à propos des armes hypersoniques dont la flexibilité extrême (autonomie, emport de charge, vols avec manœuvres et altitudes différentes, extrême vitesse et incapacité d’interception, énorme puissance à l’impact du fait de l’énergie cinétique suscitée par la vitesse) leur donne des capacités de frappe stratégique équivalentes à celle d’une arme nucléaire de décapitation et de destruction ciblée. Notre analyse nous conduisait à considérer l’hypersonique dans toutes ses capacités comme installant un nouvel échelon dans l’échelle de la dissuasion, un échelon où le conventionnel devient aussi important que des frappes nucléaires intermédiaires, y compris stratégiques. (Voir notamment le 22 mars 2022le 23 avril 2022 et le 9 octobre 2022.)

» “...Cela implique la possibilité, dans le cas d’une escalade, de la mise en place et de l’existence d’un échelon intermédiaire entre la guerre conventionnelle de haut niveau et la guerre nucléaire avec son enchaînement quasiment inéluctable du tactique au stratégique (guerre totale d’anéantissement). Dans l’état actuel des forces, cette novation serait au seul avantage des Russes, grâce à leur missiles hypersoniques qui, dans certaines conditions, pourraient frapper avec précision une cible militaire aux USA (bases, centre de commandement, etc.) sans provoquer les dégâts collatéraux catastrophiques d’une frappe nucléaire”. »

L’Ukraine comme révélateur universel

On doit bien comprendre un phénomène contradictoire déclenché à l’occasion de la guerre en Ukraine, à cause de cette guerre, agissant sur cette guerre elle-même mais aussi sur le reste du monde et provoquant un tout-nouveau rangement des forces et des relations internationales, – séparation, regroupement, etc. Ce qui est perçu comme une lenteur certaine des Russes assortie de diverses faiblesses fondamentales, selon notre perception d’une réalité où s’inscrivent un simulacre et des narrative, se révèle dans la réalité opérationnelle exactement l’inverse.

Cette perception, tout le monde en est victime, y compris les opposants, les “guerriers du Samizdat” en Occident, – nous-mêmes comme les autres, si vous voulez, – qui se sont placés pour la séquence de la guerre en Ukraine du côté russe, ou plutôt placés en complet antagonisme avec les antirusses qui écument nos élites et nos directions. (Cela donne le même résultat mais ce n’est pas la même chose.) Nous-mêmes, “guerriers du Samizdat” en Occident, avons cru à la “lenteur russe”, même si nous en avons fait une vertu tout en marmonnant qu’il ne fallait pas exagérer et réclamant une de ces offensives-éclair qui n’est jamais venue.

Nous irions jusqu’à dire que les Russes eux-mêmes se sont surpris. Ils acceptaient bien entendu cette idée de la “lenteur russe” parce que, dans les circonstances où Dieu les a faits, dans ces immenses territoires où le docteur Jivago parvient à retrouver sa bien-aimée au bout de milliers de kilomètres, en pleine guerre civile, la “lenteur russe” est une vertu presque née d’un fatalisme d’origine divine, qui platement ressemble à la tortue du bon monsieur de La Fontaine, – « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ».

Les Russes se sont maîtrisés au niveau de la manœuvre, sur le terrain ukrainien... Ils ont avancé “à la russe”, doucement, presque paisiblement, ne cessant de se regrouper et de se renforcer avant de frapper avec sûreté, tout en assommant continuellement un adversaire bavard, saoul de paroles et de coke, soutenu par des alliés dont les vertus se répartissaient entre la sottise complète et capricieuse (les Français) et la fourberie pratiquée comme un art qui est une drogue (les Britanniques et leur MI6, – who else ?). A côté de cela, les Russes songeaient à transformer leur armée, comme pour s’occuper.

C’est là qu’ils ont surpris tout le monde, y compris eux-mêmes. En trois années de combat où l’on s’occupe en général du terrain et où l’on fatigue son armée, – d’où le canard type-MI6 du million+ de morts russes bidons dont se sont délectés les publicistes occidentaux qui ont pris la plume du journaliste défait, – le journalisme occidental est aussi une des grandes victimes de cette guerre, mort au combat du mensonge, – en trois années disions-nous, les Russes ont forgé l’armée la plus puissante du monde, équipée d’armes dont certaines ont dix ans et plus d’avance sur le piètre “autre côté”, chez les gens de l’Ouest. ‘Orechnik’ (comme symbole) et la révolution de la dissuasion sont les plus beaux fleurons de cette transformation révolutionnaire.

De ce point de vue, les Russes ont vaincu le simulacre et ses narrative dont nous n’avons cessé d’accoucher comme une lapine insatiable pendant qu’ils fabriquaient leurs multiples d ‘Orechnik’. Nous approchons maintenant de moments délicats où l’effondrement interminable de l’Ukraine est à son terme. Bientôt, il va falloir se compter et l’on découvrira que les Russes ont réussi (peut-être, là aussi, à leur propre grande surprise) à rétablir la réalité sur un simulacre aujourd’hui percé de toutes parts.

Bientôt, il va falloir comptabiliser, rationaliser, trouver de nouveaux équilibres prenant en compte cette nouvelle réalité. Cela va faire des vagues. ‘Orechnik’ y est pour beaucoup et les stratèges de nos beaux quartiers, qui tentent de manger leur chapeau pour échapper à l’humiliation, vont devoir obéir à la nouvelle morale d’‘Orechnik’ : chapeau bas, messieurs les Russes !