Kunstler (et moi) perdu(s) dans la forêt

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Kunstler (et moi) perdu(s) dans la forêt

6 décembre 2020 – Une fois de plus, je chipe un sujet RepSit-USA2020 pour mon journal, parce qu’il me concerne directement, moi-chroniqueur et mes angoisses. Je ne suis pas le seul à être dans cette situation, lorsqu’on lit la dernière chronique (de vendredi) de James H. Kunstler. On avait déjà lu la précédente, après d’autres, qui nous offrait une approche assez structurée de la situation, une recherche affreusement difficile certes mais obstinée de la vérité-de-situation du moment.

Cette fois, c’est tout différent et c’est pourquoi ce texte correspond si bien à mon sentiment, et donc à un thème qu’on retrouve souvent dans ce Journal-dde.crisis. Kunstler, JHK, ne s’en cache pas une seconde, et c’est même l’essentiel du sujet : on ne comprend rien, on ne peut rien comprendre, cet extraordinaire désordre où la communication dispense à une vitesse assez proche de la lumière des informations divergentes, contradictoires, folles, renversantes et urgentes, dans un sens, et puis dans un autre, par en-dessous et par-dessus. Vous comprenez alors pourquoi j’écrivais, il y a trois jours : « Cette extrême relativité, et l’extrême rapidité avec laquelle elle se réalise, constituent des facteurs écrasants, absolument épuisants pour la psychologie. »

Le titre initial de Kunstler est « A Hall of Smoke and Mirrors », et j’ai essayé de trouver une image qui rende bien ce qu’il a voulu évoquer, cette équipée de l’observateur qui doit voir pour comprendre, et qui ne peut rien voir à cause du brouillard, et qui, à chaque fois qu’il croit voir quelque chose (parce qu’en réalité il est peut-être aveugle), le voit dans un miroir déformant. Ainsi, je crois et j’espère, le lecteur mesurera précisément l’extraordinaire difficulté de la tâche, et la circonspection, si pas la méfiance avec lesquelles il doit aborder l’information qu’il choisit de lire (aussi bien dans dedefensa.org, certes, puisque même sans esprit mauvais et sans l’hallucination de la ‘servitude volontaire’ qui habite les plumes assurées de mes anti-confrères de la presseSystème, n’importe qui peut se perdre dans la fausseté du miroir déformant).

Qu’importe, je continue mon périple, tout comme Kunstler, avec la meilleure foi du monde puisque c’est tout ce qu’il y a à offrir dans le domaine de notre éthique ; pour le reste, pour l’aspect professionnel, il y a l’intuition et il y a l’expérience, qui sont des garde-fous qui en valent bien d’autres dans cette tempête, mais ne garantissent d’aucune chute ; et surtout jamais, au grand jamais, de certitudes et de péremptoires affirmations sur tel ou tel événement, sur tel prolongement tactique, alors que ma ligne de conduite, ma ‘stratégie’ reste absolument tracée.

Vous voulez néanmoins que je vous embrouille et vous déconcerte un peu plus en donnant quelque précision embrouillée et déconcertantes, que Kunstler ne nous donne pas notamment parce qu’elles sont venues depuis la rédaction de son article ? Voici de quoi...

• Par exemple, le fait que court sur internet la rumeur selon laquelle la directrice de la CIA Gina Haspel, que Kunstler évoque, a été tuée ou blessée dans l’affaire de la station de la CIA de Francfort à propos de la société Dominion ; ou bien a-t-elle été arrêtée, qui sait...

• Quel que soit le destin de l’élection présidentielle dans les jours et quelques semaines qui viennent, une autre bataille se dessine, extrêmement rude et brutale, déchirante et peut-être avec des prolongements terribles, en Géorgie pour l’élection des deux derniers sénateurs. On en est au point où Nancy Pelosi, la Speaker-folle [démocrate] de la Chambre (pas de diffamation dans cette audace de plume, puisqu’ils sont tous fous, que nous sommes tous fous), se demande s’il ne serait pas mieux de décider de l’élection des deux sénateurs à la Chambre, après une session spéciale ; bonne idée, d’autant que les démocrates, même s’ils ont perdu gros le 3 novembre alors qu’on annonçait un triomphe, restent majoritaires.

• Joe Biden, le Mister President-elect, comme dit l’intervieweur sirupeux et frétillant, a réussi à encore plus surprendre son monde qu’il ne l’avait fait jusqu’ici. C’est une performance. Voici donc l’interview, que je vous restitue dans sa langue originale par respect pour les us & coutumes et peut-être pour faire apprécier la difficulté pour l’aveugle dans la forêt des miroirs déformants de s’y retrouver... Mais bon, il y a cette phrase étrange que je vous traduis tout de même et qui fait longuement s’interroger sur la durabilité, l’ambition, l’équilibre & ainsi de suite de ce president-elect hors normes. (En bon élève, on doit se rappeler qu’il s’est déjà défini il y a quelques mois à propos de son éventuelle victoire, comme un “président de transition” qui ne briguerait certainement pas un second mandat.)

... Ainsi, il parle ici de ses rapports prévisibles avec sa vice-présidente, et notamment comment il traiterait une question sur laquelle il serait en désaccord avec elle ; en même temps il introduit Obama, notamment pour affirmer ceci, – qui concerne qui et quoi, son temps de VP lors des mandats Obama, ses rapports avec son VP Harris ? « Et comme je le disais à Barack, s’il y a un désaccord fondamental engageant des principes moraux, je développerai [je simulerai ?] une maladie quelconque et je dirai que je dois démissionner » Voici donc l’extrait en langue originale, présenté par ZeroHedge.com :

« “It's a matter of, the thing, – we [Harris & Biden] are simpatico on our philosophy of government. Sympatico on how we want to approach these issues that we’re facing. And when we disagree, it’ll be just like so far, it’s been just like when Barack and I did. It’s in private, she’ll say ‘I think you should do A, B, C or D,’ and I’ll say ‘I like A, I don’t like B and C, and s’go OK...’
» “And like I told Barack, if there’s a fundamental disagreement we have based on a moral principle, I’ll develop some disease and say I have to resign."
» Biden then goes on to gush over Kamala’s credentials, – saying “The great thing is she has a background in the Senate on intelligence, the intelligence community, she has a background in the Senate on a whole range of things that are gonna be pertinent to what we have to do.
» “It’s a matter of who takes what, when.” »

Voilà pour Joe, sans oublier de citer telle intervention d’un officiel chinois, où les rapports incestueux entre les Biden et la Chine sont évoqués avec gourmandise.

• Par exemple, cet autre point qui peut avoir de l’intérêt, sinon quelque crédit. Il semblerait bien que le surnom de Kraken donné par l’avocate Sidney Powell à ce qu’elle juge être l’opération de kidnapping du vote du 3 novembre par la société Dominion, est aussi le surnom donné à une unité sans aucun doute très spéciale de l’US Army, le 305ème Military Intelligence Battalion, unité secrète de cyberguerre et de renseignement électronique. Ce sont dans tous les cas des indications données par le site canadien GNews.org, dont je ne sais absolument rien, ni du crédit, ni des sources...

« “The Kraken” est le surnom donné dans l’armée au 305e bataillon de renseignement militaire (Military Intelligence Battalion) à Fort Huachuca, en Arizona.
» Nous nous sommes tous demandés ce que signifiait ce terme, ce que signifiait la rumeur selon laquelle un serveur a été saisi dans une installation de la CIA à Francfort, la rumeur selon laquelle des personnes ont été tuées ou blessées lors du raid était-elle vraie, pourquoi est-il important que Sidney Powell soit formé aux procédures des tribunaux militaires ? »

• Enfin, pour terminer, un petit tour chez notre ami le colonel Lang pour voir où il en est. Il vient de visionner la vidéo type-Pieds Nickelés de la bande en train de manipuler  des ballots de vote, dans un bureau de Géorgie.

« Il semble qu’un grand nombre de manips’ efficaces se soient produites dans un certain nombre d’États, mais elles ont été mal et maladroitement réalisées. Une grande partie de ces actes étaient plus ou moins visibles si l’on avait des yeux pour voir. Des chauffeurs de camions ont été chargés de transporter des palettes de bulletins de vote Biden d'un endroit à l'autre. Les bulletins de vote Biden étaient passés dix fois dans des machines à compter. Remarquable !  Des réseaux informatiques magiques !
» Cela ressemble à un complot élaboré par un groupe de gens chargés de diplômes mais pas trop intelligents, assis dans un endroit comme... Brooklyn, par exemple ?
» “On pourrait le faire !”, s’écrie l'un d’entre eux, “On pourrait y arriver !”
» Donc, le concept était génial, mais l’exécution a complétement merdé (langage militaire). Cela va peut-être leur revenir dans le cul (encore du langage militaire). »

Voilà... Maintenant, la parole à James Howard Kunstler, depuis le 4 décembre 2020.

Semper Phi – PhG

 

 

Forêt de miroirs déformants dans le brouillard

Si le long mélodrame électoral était un film, vous penseriez à un mélange de ‘Sept jours en mai’, ‘Six jours en octobre’ et ‘Burn After Reading’. Vous auriez alors droit à un plat principal de trahisons diverses au plus haut niveau, avec un accompagnement corsé au goût de la crise des missiles de Cuba et l’angoisse existentielle de la fin du monde qui va avec ; et, pour le dessert, ce serait un fiasco comique de l’incompétence et de la dépravation du gouvernement en déliquescence, selon la recette des frères Coen. Les démocrates, vous le comprenez, sont le parti du chaos ; pourtant la tentative du président Trump d'imposer l’ordre sur cette scène de théâtre a l’efficacité de la voiture d’un clown envoyé vers l’incendie.

Il est presque impossible de se retrouver dans cette forêt de miroirs déformants dans le brouillard que produisent les médias d’information. Les médias [de la presseSystème], captifs de la gauche, ne couvrent pas, ni même ne signalent les nouvelles légitimes qui vont à l’encontre de leur narrative préétablie et bouclée, alors qu’une grande partie des nouvelles alternatives de droite semble émaner du Pays des Entonnoirs. Les faits et les émotions se corrompent mutuellement jusqu’à ce que la vérité elle-même soit annulée, déshonorée et déplateformée. Pendant ce temps, l’autorité se tient en coulisses en se tordant les mains, affectant ainsi une impartialité impuissante.

En voici un exemple : Barr, le procureur général, qui a déclaré mardi à l'Associated Press qu’“à ce jour, nous n'avons pas constaté de fraude d'une ampleur qui aurait pu affecter un résultat différent de l'élection”. Une curieuse remarque, avec tout le poids de l’autorité du ministère de la justice, dans une semaine qui a vu de nombreux spectacles de diffusion de témoignages sous serment de fraude électorale devant des comités des États dont les résultats serrés sont contestés, ainsi que des enregistrements vidéo d’irrégularités de comptage des votes, très vivantes et en pleine action. Peut-être que Barr ne fait que gagner du temps pour ne pas interférer dans les cas que les avocats de Trump porteront devant la Cour suprême. Mais Barr implique ainsi que son FBI, – le bureau d’investigation de son ministère de la Justice, – souffre d’une incompétence épique, dans le style des frères Coen, avec un zeste de malveillance. Bien sûr, cet état de fait est évident depuis quatre ans dans la longue et sale épopée de Russiagate, – cet autre énorme gâchis tueur de légitimité, que Barr semble réticent à résoudre même s’il a fait cette semaine du procureur John Durham son “procureur spécial”. Depuis sa nomination il y a deux ans, Barr a exprimé plus d’une fois dans des discours officiels sa vive préoccupation pour l'intégrité institutionnelle, mais il semble jouer avec elle à un moment crucial de l'histoire politique.

Puis il y a eu l'étrange événement de mercredi à Alpharetta, en Géorgie, au cours duquel les avocats indépendants de l’équipe Trump Sidney Powell et Lin Wood ont conseillé à la foule agitée de boycotter le second tour des élections sénatoriales de janvier, – boycotter, c’est ça ?! Il y a eu beaucoup de cris et de hurlements, au point que Miz Powell a semblé un peu troublée par le manque de tenue. On en déduit qu’ils sont en colère contre les candidats républicains Kelly Loeffler et David Perdue pour ne pas avoir pris publiquement position sur les avatars du vote présidentiel en Géorgie, et surtout pour ne pas avoir protesté contre le gouverneur républicain Brian Kemp et son secrétaire d’État Brad Raffensperger, qui n’ont rien fait à ce sujet dans le mois qui a suivi l’élection. Mais vraiment, à quoi cela sert-il à Wood et à Powell de se perdre dans ce trou à rats ?

Les grandes questions pour Wood et Miz Powell concernent le type de preuves qu'ils apporteront dans un tribunal. Miz Powell, en particulier, en raison de sa relation avec le général Michael Flynn, l’ancien chef de la Defense Intelligence Agency qu’elle défend depuis deux ans, semble disposer d'informations internes au Pentagone, remontant aux origines, à l'histoire et aux activités anormales de la société de Dominion de gestion des votes lors des élections de 2020. Cela inclut la saisie des serveurs de Dominion dans le gigantesque complexe militaire américain situé à l’extérieur de Francfort, où la CIA maintient son centre informatique principal de cyberguerre en dehors des États-Unis. Le général Flynn a été coincé depuis 2017 dans une poursuite pour corruption finalement abandonnée par le DOJ, mais bloquée pendant six mois par le juge Emmet G. Sullivan, même après que le Circuit des inculpations fédérales lui ait ordonné de classer l'affaire.

Mais désormais, Flynn est, par la grâce d’une décision présidentielle, libre de parler et d’agir, et il fait les deux dans des termes surprenants. Mercredi, il s'est joint au général de l’USAF à la retraite Thomas McInerney pour demander au président de déclarer la loi martiale afin d'utiliser les tribunaux militaires pour enquêter et poursuivre la trahison lors de l'élection. Ils ne sont pas les seuls à en parler. Ils allèguent que Dominion Systems, – qui n'est pas une société américaine, – a invité plusieurs nations étrangères à se mêler de ses affaires et, en fait, l'a permis grâce à des connexions à Internet. Il est prouvé que les sociétés chinoises liées à la direction politique du Parti Communiste Chinois sont des investisseurs majoritaires dans la société holding suisse UBS Securities, qui possède Dominion. Et à l’arrière-plan de tout cela se cachent les preuves exposées depuis l'ordinateur portable de Hunter Biden, de transactions de plusieurs millions de dollars pour que la famille Biden représente les entreprises chinoises affiliées au service Intel de la Chine.

N'est-il pas étrange que l’on puisse s’interroger sur le fait que Joe Biden représente un risque pour la sécurité nationale ? Cela vaut-il la peine d’y réfléchir, compte tenu de l’abondance des preuves ? Nombre de personnes de gauche, qui ne lisent et ne regardent que [la presseSystème], ne savent peut-être rien de l'ordinateur portable de Hunter B et des histoires qu'il a racontées ; les médias sociaux ont occulté toutes les nouvelles à son sujet et les médias grand public ont suivi le black-out. Pendant ce temps, le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a donné $350 millions à un projet d’“élections sûres” géré par le Center for Tech and Civic Life (CTCL), un organisme à but non lucratif qui s’est surtout occupé de mettre en place des opérations de collecte de votes démocrates. Pourrait-il être poursuivi pour avoir permis la fraude électorale ? Le FBI lui a-t-il posé des questions ?

Selon une autre histoire, une guerre est en cours entre le Pentagone et la CIA, derrière le brouhaha électoral. Mercredi, le secrétaire à la défense par intérim, Christopher Miller, a annoncé que toutes les opérations spéciales menées par la CIA relèveraient désormais du SecDef, et donc de lui-même pour l’immédiat. En effet, le Président a ordonné le démantèlement des capacités de la CIA à fomenter des troubles, réduisant la mission de la ‘Compagnie’ à l’analyse des renseignements. Cela signifie, par exemple, la fin de la capacité de la CIA à monter des “révolutions de couleur” dans des pays étrangers, – avec l’accusation implicite que les irrégularités permises par le système Dominion peuvent avoir constitué une tentative de révolution de couleur aux États-Unis. Faut-il se demander si l'ancien directeur de la CIA, John Brennan, un militant de gauche et probablement un architecte de Russiagate, a été impliqué dans l'une des opérations électorales ? Si le FBI ne l'interroge pas à ce sujet, qui le fera ? (Réponse : le Pentagone.) Il faut voir aussi du côté de Gina Haspel, actuel directrice de la CIA. Après tout, que faisaient les serveurs Dominion dans la stations de la CIA en Allemagne ?

Les événements se déroulent rapidement sous la surface du travail des audiences en cours dans les États balbutiants, qui portent en grande partie sur les manigances de fraude sur place, concernant les bulletins de vote par correspondance. La Cour suprême va-t-elle se saisir d'une affaire dans les quelques jours qui restent avant la date limite de certification des votes par l'État, mardi prochain ? Trump interviendra-t-il avec une mesure extraordinaire, – la loi martiale, la loi sur l'insurrection, – pour faire avorter l’élection et provoquer une sorte de retour en arrière ? Le pays survivra-t-il à sa propre incapacité à organiser un vote crédible ? Restez avec moi en attendant.

James Howard Kunstler