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2851• C’est une thèse de plus en plus répandue jusqu’à devenir rien de moins qu’un constat que le wokenisme (alias wokisme) évolue comme une véritable religion. • A ce constat, nous ajouterions qu’il s’agit bien d’une religion sataniste, s’illustrant par la bêtise et l’intolérance, et réclamant d’urgence un de ces exorcismes chers à Hollywood. • Quoi qu’il en soit et depuis sa sortie sur l’“obscurantisme”, Poutine apparaît de plus en plus comme tout désigné comme exorciste. • Peut-être que la France laïque, qui n’aime rien tant que les religions des autres, devrait le réhabiliter pour l’occasion.
On apprendra avec un certain intérêt, espérons-nous, qu’il advient que, dans certains cas dignes d’intérêt, l’accès urgent aux soins Covid (quand votre vie est en danger) est réglé selon la couleur de votre peau. Cela se passe au Minnesota (État fameux puisque berceau de Saint-George-Floyd), c’est-à-dire aux USA comme cela sans dire. Ce pays n’en finit pas, en vérité, de nous “éveiller” d’une surprise chaque jour renouvelée en fait de barbarie et de cruauté vertueuse, et puis également d’une bêtise sans frein.
Cette pratique récente dans le Minnesota, effectivement bien de notre époque et de son esprit, a été acquise démocratiquement, puisque répondant à des décisions des autorités locales, élues et donc représentatives. Nous sommes dans la plus complète néo-légalité, et nous dirions plus une “légalité religieuse” s’exprimant selon la couleur de la peau qu’une “légalité racisée” dépendant d’une idéologie prétendant répandre à une morale et non à une politique ; parce que cette “légalité religieuse” s’exprime au nom de la couleur de la peau certes, mais aussi au nom du genre (transgenre d’abord) quand l’occasion s’en présente, et tout cela défini par le statut de minoritaires et de “victimisés” qui est défini par cette même idéologie ; et “légalité religieuse” encore puisque le mouvement en question (le wokenisme) affecte des domaines qui ne devraient pas l’être (la pandémie du Covid, chose apolitique selon le sens commun mais extrêmement et hystériquement politisé jusqu’à faire-culte comme l’on sait) ...
Ainsi nous est-il précisé :
« Le département de la Santé de l’État du Minnesota a publié un document qui donne pour instruction aux hôpitaux de pratiquer une discrimination à l'encontre des personnes blanches en veillant à ce que les patients non blancs aient un accès prioritaire lorsqu'il s'agit de traitements COVID-19 potentiellement vitaux.
» L'instruction est contenue dans un document intitulé “Cadre éthique pour l'attribution d'anticorps monoclonaux pendant la pandémie de COVID-19”.
» Elle stipule que “la race et l'ethnicité seules, en dehors d'autres conditions de santé sous-jacentes, peuvent être prises en compte pour déterminer l'éligibilité aux mAbs [anticorps monoclonaux]”. [...]
» “Sur la base de cette métrique de notation, si deux femmes enceintes, l'une noire et l'autre blanche, se rendaient dans un hôpital disposant d'un approvisionnement limité en AcM, la femme noire serait prioritaire car son score serait de six, mais celui de la femme blanche ne serait que de quatre", écrit Kyle Hooten. »
L’aspect religieux du phénomène est mis en évidence par un auteur qui rencontre un grand succès aux USA, John McWhorter, défini par une présentation d’une interview de ‘L’Express’ comme « l’une des figures les plus provocatrices d'une génération d’intellectuels africains-américains qui, à l'instar de Thomas Chatterton Williams ou Coleman Hugues, s'opposent au wokisme ».
McWorthy est professeur de linguistique et de civilisation américaines à l’université Columbia de New York. Son dernier livre est ‘Woke Racism, How a New Religion Has Betrayed Black America’ (en français : ‘Racisme woke : Comment une nouvelle religion a trahi l'Amérique noire’), où le wokenisme s’inscrit clairement comme une religion prétendument faite pour rassembler et défendre la communauté noire (antiracisme) et qui, en vérité, la trahit. Il s’agit bien de “religion” et non de spiritualité et de transcendance, et d’ailleurs pour cette raison, n’ayant donné aucun initié transcendant, aucune doctrine spirituelle, aucun dieu malgré la sanctification, de Saint-George Floyd. « Cet activisme universitaire n'a pas fait naître de nouveaux leaders noirs », constate à cet égard McWorthy, traçant ainsi la limite d’un mouvement dirigé par des individualités qui ont su en faire un bon argument pour leur situation bancaire, avec des connexions plantureuses avec le ‘Woke-Capitalisme’.
‘L’Express’ : « Vous écrivez que ce livre est né durant l'été 2020, face à “la folie de gens voulant défenestrer ceux qui ne pensaient pas comme eux.” Avez-vous craint vous-même d'être emporté par cette vague qui a vu de nombreux universitaires, journalistes ou artistes contraints au départ ou simplement congédiés ? »
John McWhorter : « J’y ai pensé. J’ai d’ailleurs passé les deux dernières années à construire mes défenses, en me disant que si cela m'arrivait, – si j’étais “cancellé”, – je pourrais toujours subvenir aux besoins de ma famille et à l'éducation de mes filles. Évidemment, être noir m'a un peu protégé. Et la réception de mon livre a prouvé que même si l'on voulait s'en prendre à moi, cela ne ferait qu'aider ma cause, car depuis sa publication, des gens qui craignaient de s'exprimer ont recommencé à le faire. »
‘L’Express’ : « Beaucoup n'ont vu, dans ce que vous décrivez comme une purge, qu'une prolongation passagère du mouvement ‘#MeToo’. Pourquoi y voyez-vous quelque chose de plus élaboré ? »
John McWhorter : « Au printemps 2020, les gens souffraient d'isolement à cause la pandémie, tout était à l'arrêt. La mort horrible de George Floyd, qui a d'abord suscité un mouvement spontané dans les rues, a aussitôt été instrumentalisée par les leaders antiracistes. Avec le soutien des réseaux sociaux, leurs injonctions à détruire tous les avatars d'un racisme systémique ont vite provoqué une hystérie collective. Partout, on s'en est pris à des employés, et même à des gens dans la rue, pour un mot jugé offensant, ou même pour un silence jugé douteux. La peur d'être désigné publiquement comme “raciste” ou “suprémaciste blanc” a conduit énormément de gens à se rallier au cri général, à acquiescer comme devant un fait établi que l'Amérique était un pays structurellement raciste. »
‘L’Express’ : « En écrivant qu’un anthropologiste “ne verrait aucune différence entre le pentecôtisme, – mouvement chrétien évangélique, –et la nouvelle forme d'antiracisme qu’est le wokisme”, vous vous êtes attiré bien des foudres. Pour le Washington ‘Post’, par exemple, vous utilisez votre statut de “Noir” pour répandre des arguments conservateurs et “assimilationnistes”. Vous seriez même plus prompts à dénoncer le “règne de la terreur” du wokisme que “les vrais insurgés qui ont attaqué le Capitole [le 6 janvier 2021] et tenté de renverser le gouvernement”... »
John McWhorter : « Oui, je ne suis pas le “bon type” d’intellectuel noir, je suis même un Noir “suprémaciste blanc” sous la plume de ces gens qui ne parlent que d'apocalypse et de fin de la démocratie. Mais je vous pose la question : comment appelez-vous un système où des gens partagent une croyance inébranlable, indiscutable, et qui détiennent une vérité auxquels il faut convertir le monde entier ? Des gens qui ont identifié le péché originel, – être “blanc”, – cultivant une vision apocalyptique où le repentir est bien sûr la seule voie ? Et qui se sont dotés d’un clergé, – leurs maîtres à penser, – identifiant les “hérétiques” pour les éliminer ? Ma réponse est qu’il s’agit d’une religion. »
Cet aspect religieux du wokenisme (wokisme) est de plus en plus reconnu jusqu’à devenir la forme même de ce mouvement, notamment à cause de l’“idéologie” qu’il prétend être, qui renvoie à une morale (à une moraline) et non à une politique, qui fait appel à l’affectivisme et non au jugement politique, qui pratique l’hystérie et dénonce les hérétiques, etc., – sans compter éventuellement la bêtise qui le caractérise, renvoyant à ce qu’une religion peut avoir d’aveugle, évidemment quand elle n’est pas menée par une cause supérieure et transcendante. L’absence complète de spiritualité entretient la bêtise là où il devrait y avoir la foi, – exercice caractéristique d’inversion propre à notre étrange époque.
Le président Poutine, on l’a vu, désigne ce phénomène comme un “obscurantisme”, dans une intervention qui n’est nullement accessoire, qui au contraire a été remarquée comme un des points centraux de sa récente conférence de presse. Le jugement se justifie en soi sans nul doute par les caractères divers de la chose, et il ne contredit absolument pas l’interprétation d’une religion (qu’on rapprocherait alors plutôt de sa variante-“culte”).
Au contraire, c’est intuitivement et néanmoins volontairement que la critique russe se fait sur ce terrain à partir d’une parabole tout à fait d’actualité définissant le wokenisme comme un équivalent moral du Covid (un “virus”). La position en flèche prise par la Russie contre le wokenisme, comme face à une religion destructrice, sinon maléfique réclamant un exorcisme, justifie l’affirmation, de plus en plus forte selon laquelle la Russie présente des caractéristique de type traditionnel qui en font une réaction alternative extrêmement hostile, toujours dans ce même domaine du spirituel incluant évidemment le religieux, à ce mouvement marquant l’effondrement civilisationnel occidental. Pour les Russes, le wokenisme est sans aucun doute un mouvement, une religion maléfique, une pandémie de l’esprit comme il convient pour le porteur-viral d’un effondrement de la civilisation vécu comme une pandémie (ce qui donne tout son sens extra-sanitaire et plutôt médiéval au Covid !).
Nous observons cela d’une façon appuyée parce que cette interprétation est aujourd’hui de plus en plus courante. Nous le notions encore récemment (il y a quatre jours, PhG dans son ‘Journal’) et Orlov en parlait dans ses ‘Carnets’ du 8 décembre, évidemment à sa manière ironique mais non moins pleine de la conviction que la Russie a un rôle “spirituellement sanitaire” à tenir.
Preuve de l’extension de la conception, un commentaire de Stephen Karganovic, président du President du ‘Srebrenica Historical Project’, le 12 décembre dans ‘Strategic-Culture.org’ (site mis sur “liste noire” aux USA, ce qui n’étonnera personne), qui développe une approbation circonstanciée de la thèse relayée par Orlov. Cette thèse est déjà ancienne, comme on le sait sur ce site, mais cette présente floraison d’affirmations et de soutiens à la conception qu’elle développe indique bien sa pertinence d’époque, donc par rapport au wokenisme et à l’interprétation qui en est faite d’une religion ; bien entendu et plus que jamais, religion satanique, caractérisée par l’absurdité de la bêtise et l’intolérance d’un esprit hystériquement génocidaire dans sa logique spécifique.
Quelques extraits de l’intervention de Karganbovic :
« Cette “arme”, selon Orlov, est l'étreinte ostentatoire et magnétique de la Russie avec la normalité, ce qui la rend attrayante pour d'innombrables citoyens de l'ancien “monde libre” qui en sont venus à détester la dégénérescence de l'Occident, où ils se sentent piégés. Ils sont à la recherche d'une société alternative, où la décence et les valeurs traditionnelles sont activement affirmées et promues. Pour nombre d'entre eux, politique mise à part, la Russie contemporaine est précisément le type de société qui leur manque dans leur propre pays et qu'ils recherchent désormais ailleurs.
» “C’est un monde auquel de plus en plus d’Occidentaux veulent échapper, laissant derrière eux un paysage marqué par le vandalisme gauchiste et la repentance forcée pour le crime d’être d’une certaine race ou d’oser exhaler du dioxyde de carbone. Ils ne veulent pas se soumettre à l’inquisition impie qui distribue des punitions à ceux qui ne sont pas enthousiastes et ne soutiennent pas la perversité sexuelle, la dysphorie de genre, la destruction des familles traditionnelles et le lavage de cerveau des jeunes. Même s’ils ne peuvent pas s’échapper, ils peuvent se consoler en sachant qu’une réalité alternative plus normale et moins endommagée existe, et ils peuvent secrètement sympathiser avec elle”. [...]
» Comme le remarquait déjà en son temps le visionnaire Dostoïevski, l'Europe (alias l’“Occident” collectif) n'était déjà plus que “le plus cher des cimetières” (дорогое кладбище). Malgré l’inégalité de la résurgence actuelle de la Russie, imprégnée de ses valeurs traditionnelles et, surtout, de l'idéalisme tempéré par le bon sens de son peuple extrêmement talentueux, elle est appelée à devenir l'un des principaux pôles civilisationnels du monde multipolaire émergent où, comme Orlov le fait remarquer à juste titre, l'attraction culturelle jouera un rôle bien plus important que la force militaire brute. »
Mis en ligne le 30 décembre 2021 à 18H50
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