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59772 novembre 2023 (18H55) – La vague de protestation et de contestation-consternation qui salue le traitement appliqué par l’armée israélienne, spécifiquement l’armée de l’air, apparaît de plus en plus comme concernant quelque chose non seulement de délibéré, mais d’un très, très-ancien, enseignement classique retiré de l’école de la doctrine d’anéantissement développée par les USA. Il s’agit d’une spécialité USAF-LeMay, bien défini par Daniel Ellsberg du temps de l’après-guerre où il côtoyait les asiles du SAC où l’on planifiait la guerre nucléaire...
Ces enseignements furent mis en action par le pape de l’anéantissement, j’ai déjà nommé le général LeMay, particulièrement en 1944-45 au Japon mais après également par prolongation de service. C’est le même LeMay qui servait déjà de modèle à une Tsahalcomplètement américanisée en 2006, avec le succès catastrophique et abracadabrantesque qu’on sait, qui fit dire aux esthètes de la tuerie de masse que l’on n’était pas allé assez fort, et assez loin, et assez vite, et assez profondément, et assez massivement... Il fallait du LeMay aux stéroïdes :
« Dans son ‘House of War’, James Carroll cite LeMay, déclarant (d’après Sherry, ‘The Rise of American Air Power’) à propos des campagnes de bombardement stratégique — au Japon dans ce cas mais il est évident que chaque cible fait l’affaire :
» ‘Nous avions l'intention de rechercher et de détruire l'ennemi où qu'il ou qu'elle se trouve, dans le plus grand nombre possible, dans le temps le plus court possible. Pour nous, il n'y avait pas de civils au Japon, mais que des ennemis qu'il fallait détruire jusqu'au dernier’...»
Cet enchaînement est donc extraordinaire dans cette affaire actuelle Hamas-Israël lorsqu’on se rappelle, – et que je me rappelle encore, les cacophonies de critiques furieuses venues de tous côtés dans les milieux militaires et de sécurité nationale en Israël pour réclamer de très profondes refontes stratégiques et tactiques des forces armées israéliennes après les revers humiliants de l’été 2006 ; – et cela pour en arriver, ô à ma très grande surprise à repasser les plats, et à re-refaire du LeMay aux super-stéroïdes.
Je n’invente rien ni n’extrapole en aucune façon. On l’a déjà lu ces derniers jours, entendu sur CNN, lu et relu dans les colonnes du New York ‘Times’. On s’arrête d’abord à CNN et à l’élégant sénateur Lindsay Graham, l’homme qui massacre plus vite que son ombre et qui gagne toutes ses guerres en multipliant les subtils et impératives suggestions d’envolées-dégelées de bombes, si possible explique-t-il, sur les civils sans aucun doute ni la moindre hésitation bien au contraire ; – mais bon, en souhaitant qu’Israël agisse intelligemment en ne tuant juste un peu-pas trop de civils. Belles nuances de sénateur, enregistrées sous surveillance de deux infirmiers...
« Les États-Unis devraient se tenir aux côtés d’Israël dans sa campagne contre le Hamas, quel que soit le lourd tribut qu’elle impose à la population civile de Gaza, a soutenu le sénateur Lindsey Graham. Il a comparé l’opération militaire israélienne contre les militants à la lutte des alliés contre l’Allemagne nazie et le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale.
» Dans une interview accordée mardi à CNN, on a demandé à Graham s’il existait pour lui un “seuil” [de tuerie], après quoi il commencerait à remettre en question la tactique d’Israël. Le républicain a répondu par la négative, affirmant qu’il n’y avait aucune limite quant à “ce qu’Israël devrait faire aux gens qui tentent de massacrer les Juifs”.
» “Cette idée selon laquelle Israël doit s’excuser d’avoir attaqué le Hamas, qui est intégré à sa propre population, doit cesser”, a insisté le sénateur, ajoutant que c’est le Hamas qui « fait ces victimes – et non Israël”.
» Graham a noté qu’Israël doit “être intelligent” en essayant de “limiter les pertes civiles”. Le législateur a également appelé à l’acheminement de l’aide humanitaire vers “les zones qui protègent les innocents.” »
De quels “innocents” Graham parle-t-il ? Il n’y aucune zone ni aucune personne de ce nom-là dans la campagne et les villes palestinienne alentour et ou qui fleurent la Palestine dérobée à la Terre d’Israël. Par conséquent, on nous rassure dans un article du NYT du jour suivant, à nouveau repris par la vipère-RT : tout se poursuivra selon le plan prévu.
On y apprend en effet que les puissants stratèges israéliens ont découvert un modèle vraiment très, très-bon, pour résoudre leurs problèmes, notamment celui d logement : Hiroshima, modèle 7 août 1945... Ah ça ! Il fallait y penser, les gars.
« Le gouvernement israélien est prêt à tuer un grand nombre de civils afin de vaincre le Hamas à Gaza, et il l’a dit à ses partenaires américains lors de “conversations privées”, a rapporté le New York Times.
» L’administration du président Joe Biden continue de soutenir Israël mais est devenue “plus critique” à l’égard de la réponse du Premier ministre Benjamin Netanyahu au Hamas, en raison de la “crise humanitaire à Gaza”, selon une analyse d’information publiée lundi par le média.
» “Il est devenu évident pour les responsables américains que les dirigeants israéliens pensaient que des pertes civiles massives constituaient un prix acceptable dans la campagne militaire”, a affirmé le New York Times, ajoutant que les responsables israéliens ont évoqué les “bombardements dévastateurs”, y compris l'utilisation d'armes atomiques contre Hiroshima. et Nagasaki, que les États-Unis ont utilisé contre l'Allemagne et le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale.
» Le New York Times a inclus l’article dans son édition imprimée de mardi, où il a attiré l’attention de l’avocat et activiste Steven Donziger.
» “Cela pourrait aider à expliquer l’ampleur massive des décès de civils et d’enfants qui ont lieu actuellement à Gaza”, a noté Donziger sur Instagram. “Cette mentalité pourrait également expliquer pourquoi Israël vient de larguer une énorme bombe sur le camp de réfugiés densément peuplé de Jabalia, à Gaza, et pourquoi il semble cibler les civils”. »
Et c’est ainsi que le Général Curtiss LeMay, du haut du paradis où il trône dans son B-29 revu-B-52, contempla avec attendrissement combien ses progénitures avaient su parfaitement retenir ses leçons de chose. Il glissa à Saint-Pierre, un de ses subordonnés qui lisait paisiblement ‘Les Dernières Nouvelles du Golghiroshima’ :
– Les p’tits anges, et si honnêtes, si scrupuleux ! Tout si bien rangé, pas une ruine qui dépasse ! Retiennent bien leurs leçons, tout de même...
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