De la trahison à la sécession

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De la trahison à la sécession

• Après bien, des épisodes depuis l’élection du 3 novembre, on constate que rien de décisif ne s’est passé (même pas la mise en place assurée d’un nouveau président). • Plus que jamais comme chaque jour, plus qu’hier et bien moins que demain, les USA (le Système par conséquent) sont à la fois out-of-control dans la situation présente et incontrôlable dans l’avenir prévisible, et donc imprévisible. • Aucune des forces en présence ne semble avoir, ni la capacité, ni même le projet, de tenter d’y rétablir un semblant de stabilité, sans parler de l’ordre et de l’harmonie, dont l’évocation fait sourire. • Le parti républicain est en train de lâcher Trump puisqu’il s’avère que Trump poursuit sa résistance avec des moyens et que le parti estime qu’on a passé les bornes de la légalité-Système : chacun est dans son rôle. • Au reste, Trump & sa bande disposent encore de quelques cartouches . • Du côté démocrate, on commence à dire que l’on se débarrassera vite de Biden-président parce qu’Obama a d’autres plans. • Reste une seule idée saine, qui se devine et se nomme ‘sécession’.

16 décembre 2020 – Le vote des Grands Électeurs (le 14 décembre) était censé être le point d’inflexion, la mise en ordre décisive après laquelle plus personne ne contesterait sérieusement l’élection, à moins d’un acte complètement séditieux que nombre de commentaires et les wokenistes en général qualifient aussitôt avec gourmandise, – cerise sur le gâteau du business as usual, – de “coup d’État fasciste”. Mais non les choses ne sont pas simples, elles sont même diablement compliquées et ne peuvent se ramener à un slogan vieux d’un siècle et usé jusqu’à la corde, sans plus la moindre signification.

Au contraire, tout est neuf, innovant, remarquable dans l’actuel processus de désintégration des USA. Particulièrement, puisqu’il s’agit des USA, il y a l’écrasement de la formidable résistance supposée d’un cadre spécifique, d’un modèle unique, ce ‘modèle américaniste’ pourtant exclusivement conçu pour le conformisme de la pensée et la bienpensance, par le biais essentiellement du système de la communication conçu à la fois comme une néo-ADM qui double la première par de bien autres moyens (‘Armes de Délation Massive’ au lieu de “Arme de Destruction Massive”) et une prison intellectuelle plein de simulacres flatteurs, et d’où l’évasion est censée être impensable parce qu’impossible à vouloir. Ô surprise, le système de l’américanisme qui se croyait structurellement invincible, et le Système par conséquent puisque les USA sont la matrice opérationnelle du Système, se découvre bien piètrement armé pour contenir et réduire le désordre qu’il a lui-même suscité et déchaîné, et qu’il ne parvient pas à parfaitement identifier, ni à comprendre bien entendu qu’il en est lui-même le principal producteur.

Actuellement, plusieurs phénomènes sont installés et en développement, qui contribuent efficacement à poursuivre le travail de désordre et de déstructuration du système de l’américanisme.

• Le premier est le Grand Lâchage des caciques du parti républicain ; lâcher qui ? Trump bien entendu, parce qu’on estime qu’il va un peu trop loin et qu’il est temps de raccrocher. Au reste, on sait que les caciques du parti, les cadres du parti en général, n’ont jamais raffolé de Trump, qu’ils voulaient massacrer durant les primaires, lorsqu’il devint un prétendant sérieux. Bref, on aimerait revenir au bon vieux temps, à commencer par les sénateurs, à commencer par le plus puissant d’entre eux qui est presque le plus rapide à baisser sa culotte puisqu’il est là pour montrer la voie.

« Lors d’un discours au Sénat mardi, le leader de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, est devenu le républicain le plus haut placé à reconnaître la victoire de Biden.

» “Depuis ce matin, notre pays a officiellement un président élu et un vice-président élu. Aujourd'hui, je tiens à féliciter le président élu Joe Biden”, a déclaré M. McConnell.

» Un jour plus tôt, le sénateur du Dakota du Sud John Thune, le sénateur républicain n°2, avait exhorté les républicains du Congrès et de tout le pays à “suivre la (nouvelle) la musique”.

» “Je comprends qu’il y a des gens qui ont des sentiments appuyés vis-à-vis du résultat de cette élection, mais au final, à un moment donné, il faut suivre la musique”, a déclaré Thune aux journalistes lundi. “Et je pense qu’une fois que le Collège électoral aura réglé la question... il sera temps de passer à autre chose.” »

La grande majorité des sénateurs républicains, y compris ceux qui sont les proches de Trump, comme Lindsay Graham (« Je ne vois pas comment il peut arriver à quelque chose, après ce qu’a fait la Cour Suprême »), suivent cette voie. (On note quelques dissidents, comme le sénateur Ron Johnson, du Wisconsin, un des États contestés, qui préside aujourd’hui une audition sur la question des fraudes.)

On ne peut s’étonner, bien entendu, de cette position de la plupart des sénateurs républicains, qui représentent aussi bien que leurs collègues démocrates, l’establishment. Tous craignent des circonstances sortant de la légalité constitutionnelle (la fraude massive l’étant, par contre, implicitement selon le vote de SCOTUS), et puisque nombre d’entre eux n’ont jamais aimé Trump et ne l’aiment pas plus aujourd’hui, – passez muscade et passez outre.

D’autre part, cette attitude, qui constituerait un coup décisif (même si dans le dos ou “en traître”) en temps normal, a beaucoup moins d’importance aujourd’hui où nous sommes vraiment très loin du “temps normal”. Compte beaucoup plus l’évolution des situations sur le terrain, où les pouvoirs locaux et des États prennent de plus en plus d’importance ; et là, la rupture déjà observée se poursuit, et le camp des antiBiden et des antidémocrates (plus qu’être seulement pro-Trump), est toujours très puissants et n’a pas grand’chose à faire de Washington D.C. Il s’agit d’une perte vertigineuse de crédit et d’autorité du pouvoir central, voire de légitimité bien entendu, qui nourrit par contraste la puissance grandissante et particulièrement importante, jusqu’à lui offrir une sorte de néo-légitimité, d’une dynamique centrifuge renforçant et même adoubant les autorités locales et des États, qui est, de loin, le facteur le plus important de la situation US (on verra cela plus loin).

La Cour Suprême, notamment, a perdu dans cette séquence un incontestable crédit, et peut-être même sa crédibilité. Nombre de commentateurs indépendants et dissidents estiment qu’elle est constituée de “couards” qui ont “trahi” leurs engagements originel. C’est par exemple le commentaire véhément de Wayne Dupree, qui, lui-même Africain-Américain, fait partie de la direction de la ‘Coalition Nationale des Diversités pour Donald Trump’.

« Nous avons soutenu la nomination d’Amy Coney Barrett à la SCOTUS en octobre, lorsque les progressistes gémissaient qu’elle allait voler l’élection du président pour Trump. Alors qu’a-t-elle fait, elle et ses collègues conservateurs, quand ils en ont eu l’occasion ? Ils l’ont trahi, lui et nous.

» Qu'ont donc fait Coney Barrett et les autres candidats, soi-disant conservateurs, choisis par Trump, les juges Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh ? Ils ont lâchement trahi le président qui les avait nommés à vie à leur poste. Sur leur dos se trouvent les bandes jaunes géantes que l’on met aux traîtres. [...]

» Ils n’ont pas volé l’élection pour Trump, comme le craignaient les progressistes, ils sont restés les bras croisés et ont permis aux démocrates de la voler.

» La SCOTUS, le ministère américain de la justice, tous les tribunaux, n’ont plus aucune crédibilité. Tirez-en la leçon évidente et, à l’avenir, ne faites même pas attention aux choix de la Cour suprême. Ne vous passionnez pas et ne vous laissez pas berner, encore une fois : ils vous doubleraient.

» Cet arrêt [contre le Texas] restera dans l’histoire comme l’un des pires depuis Dred Scott en 1857. Ce que dit la Cour Suprême, c’est que chaque État peut désormais agir en violation de la Constitution et de la loi fédérale, et elle restera là à regarder. La Cour n’a plus aucune crédibilité. »

• Dupree étant un chaud et véhément partisan de Trump, on a un peu la température qui règne dans le camp de l’actuel président, qui est celle de la colère, de la rancune et de la perte complète de confiance dans les institutions fédérales. Trump ne reconnaît toujours pas que Biden a remporté l’élection, et il ne cesse de réaffirmer qu’il ira jusqu’au bout de sa contestation. Cette attitude entretient évidemment la tension, mais elle est ardemment soutenu par ses partisans qui restent  très mobilisés.

Il reste des litiges en cours, certains cas à examiner, alors que les résultats de l’examen de la machine Dominion d’un comté du Michigan, montrant qu’il s’agit bien plus d’une machine à frauder que d’une machine à voter et qu’elle a été techniquement programmée pour cela, a introduit une très forte ambiguïté dans le climat général, surtout au regard des attitudes de l’establishment républicain qui se rallie en majorité à Biden. Ce constat concernant la machine Dominion, qui ne dépend plus dans ce cas de la couleur politique d’un juge, va évidemment dans le sens de l’interprétation d’une fraude massive : pourquoi toutes les machines Dominion ne seraient-elles pas techniquement fraudeuses alors que celle-ci l’est structurellement ?

Enfin il reste divers actions possibles dans des domaines contigus à l’élection et qui peuvent jouer un rôle important d’une manière générale :  Trump va-t-il activer une loi qu’il a fait voter en 2018, instaurant un procureur spécial, indéboulonnable par un président, qui aura pour mission d’enquêter sur des interférences étrangères dans les élections US, et évidemment dans celle de 2020 ? Donnera-t-il son pardon à Snowden et à Assange, ou à l’un des deux, comme le demandent nombre d’indépendants et de dissidents ?

• Enfin, on peut jeter un œil du côté des ‘vainqueurs’, et particulièrement du ‘président-élu’, Biden, toussant, trouvant mal ses mots ou bien lançant un appel à l’unité ponctué d’anathèmes contre Trump et les siens... Or, dit-on désormais ou de plus en plus, les démocrates songeraient à éliminer Biden. La thèse n’est pas neuve, vu l’état supposé de Biden, aussi bien dû à l’âge qu’à une possible pathologie : Biden ne ferait même pas son premier et seul mandat (lui-même l’a annoncé), il devrait démissionner avant 2024, peut-être dans un an ou moins d’un an (ou le 22 janvier 2021 ?), ou serait écarté selon le 25ème amendement à cause justement de ses capacités.

Désormais, la thèse, exposée par le très fameux commentateur de droite (dite ‘droite extrême’ pour les vigilants) Rush Limbaugh, est qu’Obama mène la barque démocrate d’une main de fer, et qu’il le fait depuis la fin de son mandat, et il a décidé de ‘liquider’ Biden le plus rapidement possible, pour installer Harris à sa place, et une Harris que Limbaugh tient sans le moindre doute pour une extrémiste de gauche, une wokeniste, une LGTBQiste, etc. (En fait, plutôt une opportuniste allant dans le sens du vent, donc elle sera tout ce qu’on a dit.)

« Si Joe Biden devient le prochain président, ce sera probablement son ancien patron, Barack Obama, qui le renverra personnellement de son poste, a déclaré la star de la radio Rush Limbaugh.

» “Je pense que nous avons suffisamment d'informations sur les Biden pour pouvoir dire sans risque que Biden sera aux ordres de Barack Obama”, a déclaré Limbaugh mardi, lors de son show radiodiffusé aà audience nationale. [...]

» “Si Obama donne le feu vert aux démocrates pour éliminer Biden, il y aura de nombreuses preuves que Biden a menti et qu’il savait que sa famille utilisait son nom et sa position avec sa permission [pour leurs contacts avec des interlocuteurs et investisseurs étrangers, notamment chinois], et si c’est effectivement le cas, alors probablement on trouvera de l'argent non déclaré.” [...]

» “Barack Obama veut qu’un radical de gauche soit président et il savait très bien que ‘Kommie’ Harris ne pourrait jamais être élue présidente toute seule. La seule façon de la faire élire était que Biden la choisisse et qu’on se débarrasse de lui d’une manière ou d’une autre, ou que cela se fasse naturellement. Elle est la VP, elle devient présidente, elle n’a jamais à se faire élire, elle n’a jamais à se présenter devant le peuple américain, et ils ont leur président radical, de gauche et socialiste intégré, et peu importe ce que les démocrates traditionnels en pensent”. »

... Peu importe aussi ce que nous en pensons. Cette thèse est donc connue depuis longtemps, et si elle a ici l’air d’un complot, l’air ne fait pas la chanson. En fait, la thèse n’est pas loin d’être une réalité sans passer par une recherche de vérité-de-situation, parce que Biden est effectivement handicapé et qu’il est bien possible qu’il doive s’en aller ‘naturellement’. Tout le monde le sait, ou bien devrait le savoir avec un peu d’indépendance d’esprit, et en tentant de ne pas trop s’aveugler.

D’autre part, le rôle d’Obama n’est pas non plus une surprise, cela se sent, et on le comprend mieux lorsqu’on le voit dans sa dernière année de présidence. Ce qui renforce ce complot-qui-n’en-pas-un de Limbaugh, c’est effectivement qu’on (Obama ?) puisse craindre que Harris ne puisse se faire élire en 2024 (de toutes les façons, Biden ne se représentera pas), et qu’ainsi soit compromise cette idée d’une présidence gauchisée ; l’élimination de Biden, par la porte de derrière ou par le sort de la nature, est effectivement le meilleur moyen d’avoir cette présidence gauchiste.

Encore une fois, tout esprit indépendant et vigilant le sait depuis que Biden est candidat et cherche une vice-présidente de couleur, et y trouve Harris. On sait aussi qu’elle n’était pas son premier choix, et qu’elle lui a été imposée, ce qui renforce la thèse de Limbaugh, sans en faire un complot.

Cette déclaration de Limbaugh répétant ce que l’on sait déjà comme une sensation complotiste, est bien faite pour accentuer encore la tension, en n’apportant rien de nouveau, mais en mettant en évidence une situation du super-tension à laquelle on s’attend depuis longtemps. Dans le monde de la postvérité, les mêmes simulacres et vérités tournent en boucle, et font monter la tension en terrorisant la psychologie... Leur crise n’est pas proche de finir.

Le Texas discute avec Texit

Pour mieux envisager l’une des issues de la crise générale de l’américanisme qui est de plus en plus évoquée et qui nous paraît la plus probable, il nous paraît intéressant de revenir sur le cas de la Cour Suprême (SCOTUS) qui fait l’objet de la véhémence de Dupree. Pour nous, ce refus catégorique de SCOTUS opposé au Texas, même de seulement examiner sa requête, sur une question concernant le respect de la Constitution par les État, est de loin le plus grave événement de cette séquence de la crise.

La cause de ce refus a été évoquée selon l’argument de SCOTUS sur une question de forme. Notre juriste favori et respecté, Jonathan Turley, a été très discret sur cette affaire pourtant énorme, comme s’il craignait de critiquer SCOTUS, de craindre de mettre en cause l’institution  alors que son premier souci est de préserver à tout prix l’intégrité du système institutionnel US. (Quoiqu’il en pense par ailleurs, du point de vue politique : il n’est pas favorable à Trump et il affirme ne pas croire que les élections ont été fraudées, mais d’une façon qui nous semble manquer de conviction.)

Il parle de cette question de SCOTUS dans un article où il critique férocement les attaques et les demandes de sanction contre des députés républicains soutenant le Texas, de la part du député démocrate Pascrell : « J’ai déjà dénoncé Pascrell pour sa “dangereuse forme de démagogie”. Ce dernier appel montre que la démagogie a atteint un niveau de délire total. »

Dans le même article, il consacre un paragraphe précisément à la requête du Texas devant SCOTUS, sous une forme où il semble faire bon marché de l’“esprit de la loi” et qui montre son désir de protéger SCOTUS de tout discrédit. Le paragraphe est intéressant parce qu’ayant ainsi mis SCOTUS hors de cause, il argumente très fermement dans le sens où il faudrait (où il aurait fallu) effectivement et absolument examiner la requête, implicitement et indirectement en observant que c’est pour éviter des violences et, justement, préserver le cadre institutionnel ; ainsi oublie-t-il un instant l’“esprit de la loi”, pour l’invoquer in fine dans les lignes qui suivent :

« Dès le début de l’affaire de la requête du Texas, j'ai déclaré qu'il était pratiquement garanti qu’elle échouerait du point de vue de la qualité nécessaire pour permettre de statuer. Cela a été le cas hier soir. Cependant, c’est devant les tribunaux que nous devons examiner les affaires alléguant de tels préjudices. Des dizaines de millions d’Américains pensent que l’élection n’a pas été équitable, y compris de nombreux électeurs démocrates. Environ 70 % des électeurs républicains pensent que l’élection a été volée. Ces contestations et préoccupations doivent être portées devant les tribunaux où nous pouvons résoudre les litiges sans violence dans un système constitutionnel. »

Notre conviction devant les positions de cet expert particulièrement objectif et légaliste, et de grande qualité, nous conduit à l’interprétation que Turley pensait que la requête du Texas devait être examiné parce qu’un refus aggraverait la situation, – c’est le cas, selon nous ; mais qu’il a soutenu la position de SCOTUS pour les raisons vues plus haut. C’est être pris entre le marteau et l’enclume, du point de vue du juriste soucieux d’ordre et de droit, et cela laisse alors ouverte la question de l’attitude de SCOTUS : pourquoi a-t-elle pris cette décision abrupte alors que l’enjeu était réalisé comme énorme ? Pourquoi n’a-t-on pas manœuvré comme on sait le faire aux USA, pour résoudre à l’amiable cette obstacle de forme, et vraiment statuer (éventuellement contre le Texas, d’ailleurs) ? Cette attitude effectivement à-la-Ponce-Pilate, n’exonère nullement SCOTUS de soupçons politiques et personnels graves (voir Dupree) et aggrave la situation.

Notre hypothèse pour une réponse est bien la prudence, sinon la couardise, sinon encore plus la terrorisation des ‘Suprems’, moins devant des événements possibles que devant la certitude quasi immédiate d’une réaction d’une terrible puissance destructrice de la machine communicationnelle énorme du Système, et devant la puissance de l’argumentation wokeniste (gauchiste et socialiste pour les trumpistes) que déchaîne le parti démocrate. Pour les ‘Suprems’, il n’y aurait eu qu’une position possible dans le climat de terrorisation des élites-Système : éloigner à jamais, sans même y toucher, en détournant absolument les yeux, cette requête du Texas où il était possible d’envisager la possibilité, – ouf ! – d’une mise en cause du résultat des élections, – même pour rejeter cette horrible et impensable possibilité d’un refus catégorique de l’argument.

C’est dans tous les cas ce que les trumpistes, mais aussi les Texans dans ce cas, ont pour la plupart ressenti, ou ressentiront de plus en plus. C’est au reste notre propre sentiment lié à l'aspect psychologique extraordinairement puissant de la crise. En clair et lorsque l’esprit développe ce sentiment, et peu à peu mais  fermement, on arrive à cette conclusion: ce que nous avons vu avec la farce-bouffe de SCOTUS, c’est une effrayante projection virtuelle, une démonstration en simulateur de ce que deviendra le système judicaire et juridique US sous l’empire de Biden avant son élimination, ensuite et à plein pot des woke-gauchistes de Harris et du manipulateur Obama-le-diabolique (plein de classe diaboliquement).

Dans une époque complètement postvérité, cette supputation ne nous paraît nullement déplacée, quand on l’examine à l’aune de la puissance de la bêtise et de la violence du wokenisme aujourd’hui aux USA. Ainsi, selon la même logique, prendrait-il à certains l’idée de s’éloigner du centre ; dans le chef d’un État de l’Union, cela s’appelle “sécession”.

On ne s’étonnera pas alors que nous parlions maintenant du Texas et de son ‘désir de sécession’ qui pourrait bien vite devenir un ‘urgent besoin de sécession’. Deux auteurs US et anglo-saxons en parlent aujourd’hui, grâce à l’amicale collaboration des Russes (toujours eux !) de RT.com.

Robert Bridge examine la perspective des ‘conversations” pour le retour de l’indépendance, actuellement en cours au Texas. Bridge met en évidence les formidables différences culturelles entre ce grand État conservateur et les conceptions des démocrates totalement investis par la culture wokeniste, LGTBQiste, ‘racisée’, etc. Il précise qu’il y a surtout la très-grande peur de l’ouverture des frontières aux réfugiés et migrants avec un Biden-Harris chaperonnés par Obama-Saint. Ce que Bridge ne précise pas et qu’affirment avec force certains analystes, c’est qu’il se pourrait bien que les relations du Mexique avec le Texas soient nettement meilleures avec un État indépendante, qu’elle ne le sont dans l’actuelle situation où pèse la toute-puissance des USA.

« Enragés par les résultats de l'élection présidentielle, les républicains voient une vague de progressisme libertaire arriver sous la direction de Joe Biden. Aujourd'hui, les législateurs texans, inquiets de l’immigration mexicaine débridée, veulent un référendum sur l'indépendance.

» Non content de voir l'expression “réalités parallèles” utilisée métaphoriquement pour expliquer l'impasse entre républicains et démocrates, un représentant du Texas demande maintenant la séparation totale du droit de vote américain.

» En plein milieu de l’élection présidentielle la plus importante de l'histoire des États-Unis, le législateur républicain texan Kyle Biedermann s'est engagé à déposer une loi qui permettra aux Texans de faire sécession des États-Unis et de “réaffirmer leur statut de nation indépendante”.

» “Le gouvernement fédéral est hors de contrôle et ne représente pas les valeurs des Texans”, a écrit Biedermann sur sa page Facebook. “C’est pourquoi je m'engage à déposer un projet de loi cette session... pour donner aux Texans un vote pour que l'État du Texas réaffirme son statut de nation indépendante” [...] .

» L’État nommé Lone Star [surnom du Texas] partage une frontière commune de 2 018 km avec son voisin latino-américain de l'autre côté du Rio Grande. Imaginez donc la réaction de nombreux Texans de souche lorsqu’ils ont compris que les démocrates non seulement n'avaient que peu d’intérêt à maintenir la viabilité de la frontière, mais qu’ils avaient même déclaré qu'ils supprimeraient progressivement le service “raciste” de l’immigration et des douanes (ICE) chargé de protéger les Texans contre les arrivées illégales. C'est ici qu'il est un peu plus facile de comprendre ce que Biedermann a pu vouloir dire par un gouvernement décrit comme “hors de contrôle et ne représentant pas les valeurs des Texans”.

» À moins que les États-Unis ne souhaitent voir une autre guerre de sécession possible dans leur avenir, il serait sage pour le parti démocrate de mettre un frein à leurs flatteries envers leur frange radicale, qui ne réussira à faire sauter le pays qu'avec leurs expériences libérales téméraires. Un conseil : quand le Texas parle de sécession, Washington ferait mieux d'écouter. »

• Wayne Dupree, déjà vu, parle de la sécession du Texas directement dans la foulée de ses anathèmes contre SCOTUS... Comme ça se trouve, ce rapport de cause à effet ! Dupree est beaucoup, beaucoup plus radical que Bridge.

« Refuser au Texas, et à d’autres États, de se présenter devant SCOTUS sur une question qui touche directement les plaignants ouvre la porte à toutes sortes d'activités illégales, nocives et malveillantes. En vertu de cette décision de SCOTUS, les États n'ont plus le droit de tenir d’autres États responsables du respect de la Constitution sur des questions qui les concernent tous. Un État comme le Texas n'a pas non plus le droit de défendre son industrie n°1 (le pétrole et le gaz) contre les actes malveillants et frauduleux commis par un petit nombre de bastions démocrates, qui ont l'intention de détruire cette industrie sous l’administration Biden.

» Le gouvernement semble penser que reconnaître la corruption dans notre processus électoral entraînerait un manque de confiance dans le gouvernement. Pourtant, la réalité est qu’en ne reconnaissant pas une fraude claire et évidente, la corruption et le manque d’ordre public sont les causes de l'effondrement des États-Unis d’Amérique tels que nous les connaissons aujourd'hui.

» Nous avons une alternative : une guerre civile ou une Convention Constitutionnelle. Malheureusement, je pense que les tyrans au pouvoir refuseront la Convention. Les Texans parlent sérieusement de sécession. S'ils le font, je prédis qu'au moins 30 États suivront immédiatement et 10 autres dans un délai d'un an.

» Les grandes entreprises financières et technologiques vont immédiatement s'installer au Texas et dans les autres États du Sud, car c’est là que se trouvent les ressources nationales. Le pays se scindera en trois : le centre, le Nord-Est et la côte Ouest. Le Nord-Est deviendra rapidement une nation communiste du Tiers-Monde sans aucun ami, pas même le Canada. La côte Est ne s’étendra qu’à environ 50 miles à l’intérieur des terres. Les parties orientales, la Californie, l’Oregon et le Washington se sépareront. La côte Ouest deviendra un satellite communiste de facto de la Chine, assurant sa destruction à terme.

» Je crains vraiment que les démocrates et l’État profond ne soient sur le point de plonger l’Amérique dans l’Âge des Ténèbres. ».

Ne traduirait-on pas ‘Lone Star’, le surnom du Texas, par ‘Étoile solitaire’, ce qui conviendrait parfaitement à un État qui envisage de faire sécession de la Grande République constellée d’étoiles sur son pauvre drapeau déchirée et installée à l’envers ? (L’installation de la Star-Spanbgled Banner à l’envers sur sa hampe est un signe officiel de très grande détresse, signalant un appel désespéré à l’aide d’une entité liée Etats-Unis dans quelque circonstance que ce soit.)

Nous resterions plus réservés quant à la perspective d’une guerre civile comme argument du débat, d’autant qu’une guerre civile aujourd’hui n’aurait aucun rapport avec 1861 : hybride, asymétrique, fortement communicationnelle, une espèce de ‘guerre civile notablement asymptomatique’ par rapport au modèle-1861. Au contraire, les perspectives d’attraction du Texas pour diverses industries, notamment de haute technologie, sont évidentes (Telsa a commencé ses opérations de transfert de la Californie vers le Texas [Giga Texas]). C’est-à-dire surtout que la situation est trop confuse, trop complexe, trop insaisissable, pour reproduire un schéma type 1861.

Au contraire, le sentiment, l’énergie communicationnelle, la haine ont atteint un niveau largement supérieur à 1861. « Il ne peut y avoir de coexistence pacifique de deux théories de la vie complètement différentes, et aussi des théories de gouvernement, des théories sur la façon dont nous gérons nos affaires, etc. En fait,  je pense que nous tendons vers la sécession. » Ces mots de Rush Limbaugh ont la vertu de la clarté et de la radicalité ; ils étaient dits il y a quatre jours, pour saluer la réponse de SCOTUS à la requête du Texas. Admettons les réserves tout à fait fondées de Bridge, et répondons-lui par ce rappel d’une phrase fameuse, – vraiment dite, inventée, qui sait, mais dès que la légende du récit remplace la réalité, il faut imprimer la légende, comme dit le journaliste au personnage de James Stewart dans ‘L’homme qui tua Liberty Valance’. Cette phrase, celle d’un officier de la Navy à Pearl Harbor le 7 décembre après l’attaque : « Je sais que nous allons gagner cette putain de guerre, mais je me demande bien comment ».

... Cela deviendrait alors : “Je sais que nous allons faire cette putain de sécession, mais je me demande bien comment”... Nous aussi, certes ; mais vous verrez, comme après Pearl Harbor, combien la nation exceptionnelle est capable de tout et dans tout, y compris de se désintégrer selon la tradition nationale. La sécession du Texas est nécessaire parce que, vu l’importance de l’État à l’‘Étoile solitaire’, et sans doute de ce qui suivrait dans l’enchaînement, ce serait vraiment la désintégration des Etats-Unis. C’est bien cela que la métahistoire attend des États-Unis pour achever sa Grande Crise de l’Effondrement du Système.