Les drones antirusses dévoilés par FakeNews

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Les drones antirusses dévoilés par FakeNews

Encore une fois, il est excellent pour la santé et pour l’humeur de savoir que tout ce qui suit est FakeNews et rien que FakeNews puisque relayés par des réseaux complètement Fake (Tass en l’occurrence, c’est dire/c’est plié), venant d’un président-bidon/gangster douteux et de l’un de ses sbires galonnés et étoilés, – respectivement le président Poutine et le général Novikov, chef du développement des véhicules aériens armés sans pilotes (UAV pour Unmanned Armed Vehicles) à l’état-major général de l’armée russe. Cela dit et après s’être assuré qu’on n’en croirait pas un seul mot, il faut apprécier combien les Russes, apprenant très vite la technique de la communication “ouverte” (en “source ouverte”), se trouvent aujourd’hui à des années-lumière de leurs prédécesseurs soviétiques lorsqu’il s’agit de la description d’opérations militaires dans le détail. Ils ont l’avantage du type “c’est pas d’jeu” de n’avoir qu’à dire la vérité pour développer leur propagande du type FakeNews, avec beaucoup de moyens de renseignement humain et électronique pour substantiver cette vérité-de-situation. Leurs collègues du Pentagone, eux, se contentent du scénario hollywoodien habituel : lorsqu’on leur demande comment il se fait que les terroristes disposent de drones capables de lancer des opérations comme celles du 6 janvier contre les deux bases russes de Syrie, ils rigolent et répondent qu’on peut trouver tout ce qu’on veut “sur le marché”, comme vous et moi. Rendez-vous donc aux Puces pour fabriquer votre Fakedrone...

Effectivement, le 11 janvier on a eu un très grand nombre d’informations venues de la partie russe, sur cette attaque du 6 janvier qui s’est terminée par un désastre pour les soi-disant “terroristes”. (Sept drones abattus, six intercepté électroniquement et pris sous contrôle, trois terminant leurs vols en crash et les trois autres se posant sans encombre sans doute sur la base russe en Syrie de Hmeimim, guidés par les contrôleurs russes.)

La première “source” est rien moins que Poutine, parlant à la presse et donnant des détails extrêmement précis, et insistant sur le fait que les aspects rustiques des drones constituaient un montage, un “camouflage” pour faire croire à des engins fabriqués d’une manière “artisanale”, ce qui n’est absolument pas le cas. Quant au but de l’attaque, il s’agissait également d’un montage pour tenter d’envenimer les relations entre la Russie et la Turquie, en faisant partir les drones d’un point situé dans une zone sous contrôle turc, donc en espérant que les Russes jugeraient qu’il s’agissait d’une attaque réalisée par des groupes contrôlés par les Turcs...

« L'attaque des UAV contre les bases russes en Syrie était une provocation visant à détruire des accords en place, a déclaré le président russe Vladimir Poutine lors d'une réunion avec les médias et les agences de presse du pays. “Il s’agissait de provocateurs, mais ils n'étaient pas Turcs. Nous savons qui ils sont, qui les a payés pour assurer cette provocation et quelle était la somme réelle de la tractation.” “Il n’y a évidemment rien de bon à attendre de cette sorte d’incident. Le but de l’opération était la destruction d’accords existants”, a déclaré M. Poutine.

« Il a précisé à ce propos que ces actions visaient d’une façon générale à saper les relations de la Russie avec la Turquie et l'Iran. “Nous comprenons parfaitement bien [cette manœuvre] et par conséquent nous travaillons ensemble [pour en annuler les effets]”.

» Les véhicules aériens sans pilote utilisés dans l'attaque des bases russes en Syrie avaient leur apparence modifiée pour sembler être d’une fabrication artisanale mais ils étaient équipés de systèmes de haute technologie. “Pour ce qui est de ces attaques, elles étaient assurément bien préparées, nous savons quand et où ces véhicules sans pilote ont été remis aux assaillants, et leur nombre. Ces véhicules aériens étaient modifiés [pour sembler avoir été produits de façon artisanale], – je voudrais insister sur ce fait, – mais il est évident que certains équipements de haute technologie ont été utilisés”. »

Avec le Major-Général Alexander Novikov, chef de la direction du développement des engins guidés, notamment des UAV, on a de très nombreuses précisions d’ordre technique, relayées par le réseau Fake-Tass le 11 janvier. Là aussi, l’accent est mis, dans le détail le plus précis, sur l’aspect de haute technologie des véhicules utilisés, jusqu’à des précisions sur les explosifs utilisés, et l’évocation des pays développant ce type d’explosif, avec mention nominale de l’Ukraine, – ce qui nous ouvre obligeamment la voie à des hypothèses passionnantes... Ci-dessous, une partie importante de l’intervention de Novikov telle qu’elle est retranscrite :

« L'analyse des drones de terroristes capturés en Syrie a montré qu'ils ne peuvent pas avoir été produits de façon improvisée, a déclaré le chef du développement de véhicules aériens armés sans pilote [UAV] à l’état-major russe, le major-général Alexander Novikov.

» “La conception et la production de drones de cette classe est impossible d'une manière improvisée. Leur développement et leur utilisation impliquent des spécialistes, ayant suivi une formation spéciale dans les pays qui fabriquent et utilisent des systèmes avec des véhicules aériens [armés] sans pilote”, a déclaré le général. L'assemblage et l'utilisation de véhicules aériens sans pilote est une tâche d'ingénierie difficile qui exige “une formation spéciale, un savoir-faire dans divers domaines scientifiques et une expérience pratique dans la création de ces dispositifs”, a-t-il déclaré.

» Un logiciel spécial est également nécessaire pour utiliser ces drones, a noté le général. Pour une utilisation efficace [de l’engin], des informations sur les munitions, sur l'emplacement exact de la cible et des paramètres tels que l'altitude, le vol et la vitesse du vent sont requis. Ces informations ne peuvent être obtenues sur Internet, a souligné Novikov.

» De plus, les explosifs des bombes transportées par les drones qui ont attaqué les bases de Hmeimim et de Tartous en Syrie ne peuvent pas avoir été fabriqués dans des conditions de fortune. Il y a plusieurs endroits où cette substance est fabriquée et l’un d’entre eux est l'Ukraine, selon Novikov.

» Les drones attaquant des bases russes en Syrie ont été lancés depuis la zone de désescalade d’Idlib. “L'analyse préliminaire a montré que le principal explosif utilisé dans les bombes était le tétranitrate de pentaérythritol (également connu sous le nom de PENT, PENTA ou TEN), dont le rendement est beaucoup plus élevé que celui de l'hexogène. Il ne peut pas être fabriqué dans des conditions de fortune ou extrait d'autres munitions”, a-t-il dit. Novikov a déclaré que des tests spéciaux étaient en cours dans le but de trouver le pays d'origine.

» Les drones utilisés par les terroristes portaient des explosifs bourrés de roulements à billes, selon Novikov. “Les armes des drones méritent l'attention : ce sont des engins explosifs [spécialement développés pour cette mission] pesant environ 400 grammes et bourrés de composants de frappe – des roulements à billes avec un rayon de frappe allant jusqu'à 50 mètres”, a déclaré le général.

» L’armée russe a déchiffré les données de route des drones qui ont attaqué les bases russes à Hmeimim et Tartous en Syrie, confirmant qu'ils avaient [tous] été lancés depuis un [seul] endroit. “La diapositive montre des données déchiffrées des drones capturés sur leurs itinéraires de vol programmés et réels, et sur les points de largage de munitions. Un des drones était équipé d'une caméra vidéo et [avait pour mission] de contrôler et d’ajuster les frappes si nécessaire”, a déclaré le général. »

Là-dessus, on se doit de reparler de la présence à très bonne portée de la zone de l’opération d’un Boeing P-8A Poseidon, avion très récent de contrôle et de surveillance électronique de l’US Navy, ayant notamment dans ses spécialités la capacité de surveillance, de contrôle et de guidage de drones. L’avion a croisé pendant quatre heures à portée de l’opération, au moment de l’opération. L’hypothèse évidente qu’on a déjà faite ne cesse de se renforcer lorsqu’elle est considérée dans le cadre des précisions techniques et politiques qu’on ne cesse d’obtenir.

Il est évident que c’est ce que les Russes pensent et veulent faire penser avec les meilleures rasons du monde. La précision du Général Novikov sur l’Ukraine n’est probablement pas innocente : c’est un modus operandi assez habituel des agences US pour leurs “coups tordus” (dirty tricks) d’aller chercher du matériel selon des origines diverses, et bien entendu quoi de plus simple que de se fournir chez les amis ukrainiens. Ce qui est intéressant si l’hypothèse est poursuivie, c’est la présence d’un P-8A de l’US Navy, ce qui signifie que la Navy est partie prenante dans l’opération car elle n’aurait pas fourni un tel matériel sans savoir précisément les tenants et les aboutissants de l’opération. Un jeu d’hypothèses intéressant, – hypothèse dans l’hypothèse si l’on suit la filière US, – serait de savoir qui précisément a conçu et lancé cette mission, qui était au courant, si Trump était au courant, etc.

Dans tous les cas, l’activité de communication des Russes est remarquable, un véritable exercice en glasnost offensive qui n’est, ou n’était pas en général d’une pratique courante chez eux. On rapprochera cette attitude de celle de la direction iranienne détaillant ce qui est présenté là-bas comme le complot US pour déstabiliser le régime, à l’occasion du mouvement de rue de fin 2017-début 2018. Dans les deux cas, il faut mettre en évidence, pour bien mesurer le phénomène, l’intervention directe et officielle de personnalités politiques responsables (le ministre de la justice iranien, Poutine) dans ce jeu de dévoilement des manœuvres secrètes. Il pourrait bien s’agir d’une nouvelle approche des pays constamment agressés par les USA, consistant à dire tout haut, officiellement et dans le plus grand détail ce que leurs services de renseignement savent des activités subversives contre eux. Cette méthode est en général évitée, pour ne pas dévoiler les moyens, les orientations et les capacités de pénétration des services impliqués.

S’il s’agit bien d’une nouvelle tendance, elle correspond au constat qu’il est désormais plus intéressant de montrer à ciel ouvert les capacités dont on dispose, plutôt que les dissimuler, en même temps que de telles révélations contribuent à renforcer la perception qu’il existe réellement une politique nihiliste de déstabilisation à l’œuvre, – pour que nul n’en ignore ou prétendent en ignorer. Si l’analyse est bonne, cela marque un durcissement très net de la “guerre de communication” qui domine aujourd’hui tous les affrontements en cours.

En attendant, les Russes ont fait le ménage. Utilisant leur artillerie la plus précise et la plus puissante (sans doute des batteries 2S19 Msta-S autopropulsées tirant des obus à guidage-laser de calibre 152mm), ils ont anéanti les installations d’où avaient été lancés les drones. La probabilité est qu’une unité des forces spéciales russes effectuant un raid d’infiltration a pris en charge le guidage des obus avant de regagner sa base de départ. De ce point de vue purement opérationnel, c’est aussi un signe du durcissement de la Russie qui s’accorde à celui qu’on observe dans la “guerre de la communication”.

 

Mis en ligne le 13 janvier 2018 à 16H09

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